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15 février 1764 — Demeure Elusis, Nevrast, Nyn-Tiamat

La matinée touchait à sa fin lorsque Liv regagna sa chambre, Achroma venant de le libérer à la suite d’une de leur leçon, l’aîné ayant d’autres tâches qui l’appelaient. La petite famille était arrivée quelques jours plus tôt à Nevrast, et le jeune vampire y cherchait encore ses marques. L’attention diligente de ses Pères le gardait généralement fort bien occupé, mais il arrivait, comme c’était le cas à présent, qu’il ait quelques instants de libres, dont il ne savait pas nécessairement que faire. Non pas qu’il s’ennuyât pour autant, mais ses pensées mettaient l’occasion à profit pour tourbillonner, comme incapables de se poser et de simplement réaliser.

Au moins n’avait-il pas faim pour le moment. Apprendre à maîtriser sa Faim, à l’empêcher de le dominer, était sans doute l’un des enseignements les plus difficiles qu’il avait à apprendre, et il lui faudrait certainement encore bien du temps auprès d’Aldaron pour parvenir à se contrôler complètement, mais il y parvenait encore plus difficilement lorsqu’il était seul, si bien qu’il avait commencé à vérifier mentalement son état à chaque fois que son emploi du temps se libérait. Au cas où.

Comme à chaque fois qu’il passait devant son miroir, il s’arrêta un instant pour s’observer, presque surpris de se reconnaître. C’était loin d’être la seule chose dont il n’avait pas encore tout à fait pris l’habitude, mais c’était peut-être celle dont il avait le plus conscience. Peut-être, justement, le peu de temps libre dont il disposait ne lui avait-il guère laissé l’occasion d’apprendre à se connaître, toujours est-il qu’il ne s’y était pas encore fait. Pas seulement à son apparence mais à… eh bien, lui, en somme. Quoi que ça puisse vouloir dire. Il commençait à s’en faire une idée, certes, mais elle était toujours imprécise, floue par endroit, incertaine.

On ne pouvait pas parler de changement, pas exactement, puisqu’il n’y avait pas d’avant. Du moins n’y en avait-il pas pour lui. Adaptation semblait un mot plus approprié. Voilà, il lui fallait encore s’adapter à lui-même. En réalité, cela ne l’inquiétait pas vraiment ; il ne doutait pas que cela finirait par lui venir, d’autant que ses Pères étaient là pour le guider. C’était simplement un sentiment quelque peu perturbant en attendant, mais cela passerait. Voilà pourquoi il ne s’attardait guère dessus, et se concentrait plutôt sur tout ce qu’il avait à apprendre d’autre — et les Esprits savaient s’il avait de quoi faire !

D’ailleurs, son moment d’introspection fut rapidement interrompu par quelques coups frappés poliment à sa porte, suivis à son invite d’un serviteur quelque peu confus.

« Pardon de vous déranger, Maître Ivanyr, mais messire Sorel Gallenröd se trouve à l’extérieur et vous fait mander. »

Il ne fallut qu’un instant à Liv pour retrouver le nom dans sa mémoire, et son visage s’éclaira d’un sourire joyeux tandis qu’il congédiait le serviteur. Son frère ! Il ne le connaissait pas encore personnellement, mais leur Père lui avait déjà parlé de lui et, comme le reste de sa famille, il avait grand hâte de le rencontrer. Avait-il fait le voyage depuis Sélénia rien que pour venir le rencontrer ‽ Quelle gentille attention !

Brise d’Argent battait à son côté tandis qu’il courait presque dans les couloirs pour aller à sa rencontre — bien qu’il n’ait pas la moindre inquiétude pour sa sécurité dans l’enceinte de la maison familiale, il se sentait toujours plus à l’aise d’avoir son épée sur lui, sans trop savoir pourquoi — quand une interrogation subite lui fit froncer légèrement les sourcils. Pourquoi donc restait-il dehors ? À la façon dont leur Père en parlait, il ne faisait pas le moindre doute qu’il était le bienvenu dans la demeure familiale et, s’il ne faisait pas erreur, Sorel était un elfe et non un vampire, le climat de Nevrast à cette période de l’année ne serait pas des plus clément à son égard.

Soucieux de ne pas le faire attendre plus que nécessaire, surtout avec cette nouvelle considération en tête, il pressa le pas jusqu’à se trouver dans la cour, où il ralentit enfin, subitement en proie au doute. Comment devait-il s’adresser à lui ? Était-il étrange de vouvoyer son frère ? Risquait-il de prendre offense s’il le tutoyait d’emblée ? Devait-il le prendre dans ses bras ou le saluer de loin ? Quel était le protocole, lorsqu’on rencontrait pour la première fois son frère ? Voilà une leçon que ses Pères avaient omise…

Finalement, avant les derniers mètres qui les séparaient, il se planta un peu gauchement devant Sorel qui tenait son cheval en bride et, la confusion se mêlant au plaisir sincère de cette rencontre, il lança en souriant de tous ses crocs, le ton taquin mais légèrement incertain :

« Vous ne devriez pas rester dehors par ce temps si vous ne voulez pas finir aussi froid que moi. »

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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Son sac sur l’épaule et sur le départ, Sorel s’entretint des derniers détails avec Tania, la jeune humaine avec laquelle il avait conclu un contrat. Elle s’occuperait dorénavant de la boutique pendant l’absence de l’elfe, l’avait déjà fait à quelques occasions et s’était montrée plus que capable bien que peut-être peu à l’aise avec la population qui parfois passait faire un petit coucou. Quelques mises au point avaient été nécessaires après la première rencontre quelque peu mouvementée de Tania avec Etienne. L’humain à l’apparence peu recommandable qui s’était présenté à la porte, espérant partager une boisson chaude avec Sorel et peut-être s’entretenir sur quelque sujet du jour avait été fort surpris de se faire jeter comme un malpropre par une jeune femme au tempérament de feu. Cela n’avait pas empêché Tania de chuchoter d’un air inquiet au sujet d’un visiteur de basse extraction, interrogeant Sorel sur la fréquence de telles rencontres.
Il dû avoir recours à plus de diplomatie qu’il ne l’avait imaginé afin d’expliquer à la jeune femme qu’Etienne avait probablement l’air dangereux - pas seulement l’air, pour être honnête, mais qu’il ne présentait cependant aucun risque pour la boutique et ses occupants. A moins que l’un d’entre eux ne soit un visiteur mal intentionné.

Pour l’occasion, il avait fermé boutique et fait le tour de la ville avec la jeune femme afin de la présenter à certains de ses… amis les plus surprenant mais, plus important encore, afin de présenter Tania aux malandrins afin de s’assurer que ces derniers ne se méprennent pas en la voyant tenant boutique à la place de Sorel. A la fin de la journée, épuisante pour eux deux, elle savait à peu près à qui elle pouvait faire confiance si d’aventure l’un d’entre eux devait se présenter à l’entrée de l’établissement.
Elle s’était par ailleurs trouvé un gardien en la personne d’Etienne. D’abord bougonneux et peu désireux de revenir sur le terrain après s’être fait maltraité de la sorte, il avait fini par changer d’avis et, Tania avait-elle informé Sorel, décidé qu’il surveillerait la boutique lorsqu’elle en serait responsable. De là à savoir s’il ne faisait pas confiance à la jeune femme ou avait décidé qu’il la protégerait si nécessaire, Sorel était incapable de le deviner ou ne ressentait pas le besoin de s’en inquiéter.

Une fois certain que tout était en ordre, il se glissa hors de la boutique et s’éloigna tranquillement. La journée était encore matinale et il ne croisa pas grand monde, essentiellement parce qu’il s’en tenait aux rues et ruelles peu fréquentées, à l’affût et surtout à l’écoute du bijou qu’il portait près de son oreille. Il l’avertirait si quiconque, à proximité, avait la moindre intention peu recommandable à son sujet. Peu désireux de seulement se fier aux avertissement du glyphe, cependant, Sorel attendit de rejoindre une des ruelles les moins utilisées et s’y enroula dans sa cape des ombres. Il patienta de longues minutes, attentif, l’oreille tendue. Dix minutes puis vingt s’écoulèrent sans que le moindre bruit de pas ne trouble le silence naturel à la vie citadine, désireux d’être certain, il attendit davantage encore puis se glissa comme une ombre jusqu’à l’extrémité de la ville de Sélénia. Une fois arrivé, il s’éloigna jusqu’à revenir dans l’enceinte de la ville et entrer dans une maison sommes toutes banale.
Il y fut accueilli par un silence tendu mais trouva la personne qu’il était venu chercher. Le mage l’accueilli d’un hochement de tête et lui indiqua où se placer. Il n’était pas nécessaire de s’entretenir plus longtemps que nécessaire, ils avaient déjà pu échanger des tenants et des aboutissants.

Sorel se tint, immobile et comme figé au milieu de la pièce, en contraste total avec son attitude habituelle constamment en mouvement. L’air sérieux et la capuche de sa cape relevée afin de dissimuler ses traits, l’elfe hocha de la tête à l’attention du mage. L’homme, muet et l’air sombre, écarta soudain les bras, les mains crispées comme les serres d’un rapace, il les rapprocha lentement devant lui jusqu’à ce que ses mains se trouvent l’une en face de l’autre. Un portail surgit juste en face de Sorel dans un son sourd, presque inaudible, semblable au rugissement lointain d’une cascade, un appel d’air. Remuant les lèvres en un remerciement silencieux, Sorel passa le portail sans un regard en arrière et se retrouva dans une maison inhabitée qui sentait encore l’odeur du neuf.
Esquissant un sourire en constatant qu’il contemplait là l’oeuvre d’Aldaron, Sorel ajusta son sac sur l’épaule et quitta la maison vide d’un bon pas et avec le plus grand naturel. Il se glissa dans les rues de Névrast, s’enroulant étroitement dans sa cape pour se protéger du froid. Il portait un manteau en dessous qui remontait haut sur sa gorge mais cela n’empêchait pas l’air glacial de mordre ses doigts et de lui piquer les oreilles.

Il repensa un instant avec regret aux conseils de Tania de se couvrir davantage compte tenu du froid mordant de Nyn-Tiamat. Il pensait sérieusement que cela lui suffirait amplement mais il avait manifestement sous-estimé les températures hivernales.
Accélérant le pas en espérant pouvoir se réchauffer, il navigua avec une aisance toute relative entre les rues du port jusqu’à atteindre l’écurie qu’il recherchait. L’heure s’était avancée pendant son trajet d’un bout à l’autre de Sélénia et le milieu de matinée approchait à grand pas aussi se permit-il de toquer à l’entrée et de glisser la tête par l'entrebâillement.
Divers chevaux passèrent la tête, curieux et les oreilles orientées vers lui, et Sorel leur adressa un chaleureux coucou de la main. Une forte odeur de paille, d’équidé et de cuir imprégnait les lieux mais cela n’avait rien d’étonnant pour un vendeur de cheval. Passant l’encadrement de la porte, il chercha du regard la jeune femme qu’on lui avait indiqué et la trouva un peu plus loin, occupée à graisser une selle neuve.

« Bonjour ! » lança-t-il avec bonne humeur, la faisant sursauter.

Il lui adressa un grand sourire et accompagna ses paroles d’un geste amical qu’elle mit quelques secondes à imiter.

« Je pense que vous m’attendez, vous avez réceptionné un cheval il y a deux jours et je viens le récupérer. »

A peine eut-il achevé de s’expliquer que la jeune femme le foudroya du regard, le nez retroussé et la bouche tordu en une expression noire.

« Foutu canasson s’il en est ! » jura-t-elle, faisant sursauter Sorel à son tour. « La saloperie a mordu l’écuyer que j’ai envoyé le chercher et j’ai dû me déplacer sur les quais. Croyez-moi que les marins n’étaient pas ravis d’avoir été ralenti pour un sac à puces ! »

Sorel se ratatina sur place, se tordant les lèvres de culpabilité avant de se racler la gorge.

« Je pensais avoir mentionné qu’une personne douée avec les chevaux été requise pour sa récupération. Avec de l’expérience et des compétences. »

Le regard noir qu’elle lui jeta lui fit esquisser une moue boudeuse et il fourra les mains dans les poches.

« Figurez-vous que j’ai autre chose à faire et qu’avec mon seul garçon d’écurie incapable de faire la moitié des tâches qui lui sont assignées, c’est encore pire. J’exige une compensation ! La bête a également détruit une de mes stalles à son arrivée. »

Sorel fronça les sourcils et darda un regard d’un vert glacé sur la silhouette menue de la jeune femme.

« Si vous aviez écouté mes recommandations que je vous avais communiquées bien avant son arrivée, votre garçon d’écurie ne souffrirait pas d’une blessure qui aurait pu être évitée et votre charge ne serait pas aussi importante qu’elle l’est désormais. En cela, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous et à vous seule, par conséquent vous ne recevrez aucune compensation de ma part. Je vous accorde que la destruction du box me revient, cependant j’estime une personne de votre compétence capable d’éviter de telles pertes et m’en souviendrai à l’avenir. »

Le dernier mot tomba avec le poids d’une décision peu amène et la jeune femme blanchit, la pénombre de l’établissement masquant à peine son expression à la fois stupéfaite et peut-être un rien nerveuse.
Après quelques secondes de silence, elle hocha la tête et indiqua le box où était installé l’animal et Sorel le rejoignit en quelques pas.

« Je souhaiterais également acquérir l’équipement nécessaire. De bonne facture, ne m’insultez pas. »

Il ouvrit la porte de la stalle, ignorant le bruit de la jeune femme tandis qu’elle s’éloignait pour aller chercher ce qu’il avait demandé. L’animal qui lui rendit son regard avait des yeux intelligents et une stature imposante qui avait de quoi intimider le plus affirmé des hommes mais Sorel se contenta de sourire. Avec une petite inclinaison de la tête, presque timide, il tendit la main vers la jument et, bien qu’elle eut un geste brusque, ne recula pas. Doucement elle appuya le bout de son nez contre le bout de ses doigts et Sorel s’enhardit, la caressant doucement le long de son nez jusqu’à la tenir sous la tête, caressant le creux qui s’y trouvait.
Un sabot lourd claqua sur le sol dénudé de paille - preuve s’il en était qu’elle avait gratté le sol d’impatience, accumulant toute la paille vers le fond de son box - et elle s’approcha jusqu’à ce que sa grosse tête ne s’appuie contre la poitrine fine de l’elfe. Se pliant avec joie à la demande muette, il la caressa, ses doigts longs et fins glissant sur le poil lustré de l’animal, le long de son encolure, grattant la houpette qui lui retombait sur le front.

« Tout va bien, je suis là maintenant, » lui chuchota-t-il, appuyant sa joue sur la tête de l’animal. Elle émit un son bas et releva la tête en entendant le bruit de pas de la jeune femme.

Evitant de justesse de recevoir un coup et de se mordre la langue, Sorel se retint d’esquisser une grimace et maintint une expression peu amène.
S’emparant de la selle, l’elfe la présenta à la jument et - avec son accord - harnacha doucement mais efficacement la monture. Elle se plia presque docilement à la manoeuvre, claquant parfois le sol d’un sabot impatient ou montrant parfois les dents, les oreilles plaquées vers l’arrière. « J’ai bientôt fini, » la rassura-t-il à voix basse, un chuchotement apaisant.

Une fois fait, il paya la marchande pour l’équipement, les quelques jours qu’avait passé la jument à l’écurie ainsi qu’une somme qu’il estimait suffisante pour couvrir les réparations du box endommagé.
Sans un regard en arrière il s’éloigna, prenant immédiatement la direction du domaine d’Aldaron. Il avait à la fois hâte de rencontrer son nouveau petit frère mais aussi envie d’échanger avec Aldaron afin d’en savoir plus, si son père le lui permettait bien sûr.

Un nouveau petit frère ! La nouvelle lui était parvenue par hasard et à peine quelques temps avant qu’il ne soit prévenu directement par un autre moyen, les circonstances étaient peut-être peu joyeuses mais il n’y avait rien de plus réjouissant que l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille. Aldaron devait être aux anges d’avoir un enfant qu’il pouvait appeler le sien par droit, sans parler du fait qu’il partageait la parenté avec son inséparable.

Il aurait peut-être dû amener un cadeau pour Aldaron et Achroma, songea-t-il soudain avec une pointe d’anxiété. Avec une petite plainte nerveuse, il reprit son chemin, se rapprochant du corps puissant de la jument afin de profiter de la chaleur qu’elle dégageait. Névrast était définitivement plus froid qu’il ne l’avait escompté.

***

Il attendait à proximité de l’entrée de la demeure, suffisamment en retrait pour ne pas que quiconque sortant se retrouve nez à nez avec une monture peu commode et au coup de sabot facile mais suffisamment proche pour que Liv soit en mesure de le voir et de le trouver. Tapant du pied en se dandinant d’un pied sur l’autre dans l’espoir de se réchauffer, Sorel adressa un regard en coin à la jument.

« Faut que tu sois gentille, » lui indiqua-t-il à voix basse, peu d’ordre dans sa voix mais une indication, peut-être renforcée. « Soit assurée cependant, » continua-t-il, « je n’ai pas l’intention de t’abandonner à n’importe qui. »

Elle renâcla, balançant la tête de haut en bas avant de tirer sèchement sur les rênes en jetant la tête vers le haut, arrachant un sourire à Sorel. Il tendit une main et lui caressa le bout du nez, ignorant les lèvres qui bougeaient par instinct pour lui attraper les doigts.

Rapidement il entendit un bruit de pas et, curieux, les yeux grand ouverts, il guetta l’entrée du bâtiment pour voir Liv en sortir. Peu vêtu - non qu’il en ait besoin - il se dirigea à grandes enjambées vers eux et Sorel fut incapable de retenir un grand sourire et de faire coucou d’une main au vampire nouveau-né.
Liv avait l’allure athlétique, vêtu sans fioriture et une épée lui battant la jambe - une jolie épée, Sorel ne put-il s’empêcher de remarquer. Ses cheveux blonds, mi-longs, étaient retenu en un catogan et ses grands yeux bleus brillant dans la lueur désormais haute du soleil. Le paysage glacé de Névrast lui convenait à merveille, le sol recouvert d’une fine pellicule de givre.
Finalement arrivé, Liv se planta devant Sorel et, avec un grand sourire qui ne cachait rien de ses crocs de vampire, le salua avec humour et bonne humeur. Incapable de se retenir, l’elfe ricana et cacha sa main libre dans la proche de son manteau, se balançant d’avant en arrière sur la pointe de ses pieds, l’air enjoué. Ses yeux pétillants détaillèrent Liv de la tête aux pieds et il fit la moue, un sourire joueur étirant ses lèvres :

« Pour quelqu’un de froid, vous m’avez plutôt l’air chaleureux, » déclara-t-il avec l’air d’un gosse ravi de sa bonne blague. « Avant d’aller plus loin, peut-on se tutoyer ? Si cela convient, évidemment. Je ne verrais aucun inconvénient à vous vouvoyer… mais je suis susceptible de commettre une erreur à l’occasion, » avoua-t-il, cette fois-ci avec une moue embarrassée. Il n’avait aucun mal à vouvoyer quelqu’un d’autre mais le tutoiement lui venait plus naturellement, surtout lorsqu’il était question de quelqu’un de proche. Et faisait-on plus proche qu’un frère, aussi récent était-il ?

Frémissant de joie et d’excitation, il sortit sa main libre de sa poche et en battit l’air, excité :

« Oh, oh ! Avant de rentrer et d’aller me cuire auprès du feu en espérant dégeler mes pieds et le bout de mes doigts, je voudrais te souhaiter la bienvenue, » lança-t-il avec bonne humeur avant d’ajouter « Et te présenter mon cadeau de bienvenue, » continua-t-il en faisant avancer la jument d’un pas.

L’animal considérait Liv, la tête haute et le regardant de toute sa hauteur, sa stature peu commune et son allure presque terrifiante.

« Si tu es d’accord, j’aimerais qu’elle soit tienne. Je l’ai récupérée il y a peu et elle va certainement demander un peu de travail pour s’accoutumer à toi mais je peux t’accompagner, j’ai l’intention de rester quelques jours et je me débrouille pas mal avec les animaux. Cependant, » poursuivit-il, son ton de voix auparavant humble, peut-être un peu timide quant à l’idée de se vanter, surtout qu’il y avait bien meilleur que lui, se teinta d’une once d’acier et de fermeté, « je te rends responsable de son bien-être et te fais confiance pour faire preuve de respect et de bienveillance. Je ne prends pas ça à la légère, » Son visage, auparavant sérieux, se fendit soudain d’un nouveau sourire enjoué et il reprit avec enthousiasme. « Mais je suis sûr que tout ira pour le mieux ! Alors ? Qu’en penses-tu ? »

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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Au premier regard Sorel pouvait sembler impressionnant, avec les nombreuses cicatrices qui lui marbraient le visage. Mais tout dans son expression et son attitude démentait la moindre notion de menace, de son sourire avenant au geste de salutation qu’il adressait à Liv. Il semblait assez jeune, environ de son âge ou un peu moins — pas en nombre d’années bien sûr, mais celles-là ne comptaient pas vraiment. Il était emmitouflé sous d’épaisses couches de vêtements, qui ne semblaient pas tout à fait suffire à le protéger du froid dont le jeune vampire n’avait qu’à peine conscience, ce que ce dernier ne manqua pas de pointer avec humour.

La réaction enjouée de l’elfe, le regard qu’il posait sur lui, observateur mais emplit de bienveillance et de bonne humeur, achevèrent de mettre Liv à l’aise. Il laissa échapper un petit rire à la réponse de Sorel, amusé tant par la réplique en elle-même que par son petit air fier de lui, inclinant légèrement la tête en guise de remerciement au compliment sous-entendu.

C’est avec un plaisir non dissimulé, et même un léger soulagement, qu’il opina du chef à la question suivante, ravi que la question protocolaire soit réglée. Même s’il venait tout juste de le rencontrer, il se sentait déjà proche de Sorel, et était certain que le tutoiement lui viendrait aussi plus facilement.

« Bien sûr, avec plaisir ! »

Liv s’apprêtait à tourner les talons pour conduire son frère au chaud avant qu’il ne gèle sur place, mais manifestement Sorel n’en avait pas encore fini. Le vampire accueillit la déclaration avec un sourire teinté à la fois de gratitude et d’amusement — il appréciait le geste et l’intention du fond du cœur, mais ne pouvaient-ils pas faire ça au chaud ? — puis afficha une mine surprise à la mention d’un cadeau, avant de se figer en un masque d’incompréhension stupéfaite, son regard passant frénétiquement de l’elfe à la jument que, de toute évidence, il était en train de lui présenter.

« C’est… je… Pour moi ‽ »

Il n’y avait guère prêté attention jusque-là, plus intéressé par son frère que par ce qu’il avait logiquement présumé être sa monture, mais c’était une bête magnifique. Haute, elle dépassait Liv de quelques centimètres au garrot, affichant une stature imposante qui dégageait la puissance. Sa robe sombre, d’un bleu presque noir, lui évoque le ciel nocturne. Tandis qu’il l’observait avec un air de chouette ahurie, la jument entreprit de s’occuper en s’attaquant à la manche de l’elfe qui lui tenait la bride, dévoilant ce faisant des crocs pointus et acérés.

Alors seulement, le cerveau d’Ivanyr daigna se remettre en marche. Le nom lui vint sans qu’il n’ait souvenir de quand il l’avait appris, et un sourire revint éclairer son visage et dévoiler ses crocs, comme en écho à ceux qu’il venait d’apercevoir. Offrir une jument vampirique à un vampire… Quel cadeau approprié ! Une idée qui ne manquait pas de mordant…

Il s’approcha lentement, prudemment mais sans peur, avec assurance mais délicatesse, en se décalant instinctivement pour approcher la jument par le côté et non de face. Saurait-il s’en occuper ? Savait-il même monter à cheval ? Sûrement, Nolan Kohan avait certainement reçu des cours d’équitation. Et sinon, il apprendrait. Tout en écoutant son frère, lui glissant un regard et un sourire alors qu’il lui proposait de l’aider à l’apprivoiser, il tendit la main pour laisser la jument le renifler, sans forcer le contact. Une simple présentation polie pour l’instant, en attendant de pouvoir faire plus ample connaissance, après quoi il recula d’un pas pour rendre à la monture son espace vital.

Il reporta son attention sur Sorel, et se redressa inconsciemment à la mention de sa responsabilité dans une posture presque militaire, hochant la tête d’un air solennel montrant qu’il prenait ces paroles avec le plus grand sérieux.

« Je prendrai le plus grand soin d’elle, et je ferai en sorte de me montrer digne de la confiance que tu m’accordes. »

L’élan de solennité s’effaça bien vite devant l’enthousiasme contagieux de son frère, et un sourire radieux revint éclairer son visage. Ce qu’il en pensait ? Il se sentait comme un enfant — du moins imaginait-il que c’était ainsi que se sentaient les enfants, après tout lui-même ne l’avait jamais été — il manquait de mots pour exprimer l’étendue sa joie et son émotion. Que son frère, qui ne le connaissait pas jusqu’à il y a à peine quelques minutes, ait non seulement pris la peine de venir le rencontrer depuis Sélénia, mais en plus en prenant la peine de lui apporter un si beau cadeau, doublée d’une telle preuve de confiance ? Il en était touché au-delà de ce qu’il pouvait exprimer.

Sans y réfléchir, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, il s’avança, veillant toutefois à ne pas faire de geste brusque pour ne pas effrayer la jument, et serra son frère contre lui dans une étreinte qui transmettrait mieux que n’importe quel discours toute la gratitude et la joie qu’il ressentait.

« Merci, du fond du cœur. Ça me touche plus que je ne saurais le dire. »

Après quelques secondes, il relâcha son étreinte et recula d’un pas, sans toutefois briser complètement le contact entre eux.

« Maintenant on ferait mieux d’aller te mettre au chaud avant que tu ne te transformes en statut de glace ! Je ne crois pas que Père apprécierait beaucoup la décoration… »

Il tourna les talons et se mit en marche, tenant son frère par le bras, mais ne dirigea pas leurs pas vers l’entrée de la demeure. Avant toute chose, il fallait bien sûr aller installer sa monture — sa monture ! — dans ses nouveaux appartements personnels. Il jeta un regard à la jument par-dessus l’épaule de Sorel. Il mourait d’envie d’aller la toucher, d’enfouir son visage dans son encolure, mais il avait bien conscience qu’il allait d’abord devoir gagner sa confiance avant de mériter qu’elle tolère une telle familiarité de sa part, aussi se contenta-t-il de ramener son regard sur son frère, et de demander joyeusement :

« Est-ce qu’elle a déjà un nom ? »

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L’accord de Liv quant à la possibilité de le tutoyer, en toute simplicité, mit Sorel plus à l’aise qu’un long échange de bonne humeur contenant des vous et des politesses à n’en plus finir. Le respect était une chose que Sorel appréciait mais le vouvoiement tendait à mettre une distance entre les gens à laquelle il était particulièrement sensible. Soulagé de ne pas avoir à s’encombrer de ces formalités, il sentit ses épaules se détendre, lui qui n’avait pas eut conscience de les avoir contractées à l’entente du premier vous.
Le vampire nouveau-né s’apprêtait à tourner les talons, clairement dans l’intention de le guider à l’intérieur ou tout au moins de retourner s’abriter, mais Sorel le retint en attrapant le coin de la manche de Liv du bout de ses longs doigts.

Le sourire vaguement amusé de Liv se transforma rapidement en expression stupéfaite à mesure que Sorel explicitait la raison pour laquelle il l’avait interrompu. Lui qui semblait auparavant à l’aise avec les mots et l’échange oral semblait avoir perdu l’usage de la parole ou, à tout le moins, comment former une phrase compréhensible composée d’un sujet, d’un verbe et d’un complément.
Amusé, presque goguenard quant à l’expression de poisson hors de l’eau du vampire nouveau-né, Sorel lui laissa tout le loisir de détailler du regard la monture qu’il lui apportait. Il entendit le frottement d’un sabot contre le pavé suivi par un mouvement du coin de l’oeil mais, confiant, l’elfe ne s’y intéressa pas outre mesure. Un choix qu’il regretta lorsqu’il sentit les lèvres de la jument attraper le bout de sa manche avant d’entendre le son reconnaissable entre mille d’un vêtement qui crache et qui se déchire. Grimaçant, Sorel toucha le nez de l’animal du bout de son doigt et haussa les sourcils à son attention.
Peu concernée par la tentative d’attirer son attention, la jument lui accorda à peine un regard avant de poursuivre sa lente destruction du vêtement, faisant plisser les yeux au jeune elfe. Le Maître des Mines releva la main dont la manche était attaquée jusqu’à ce qu’il croise le regard de la belle à la robe sombre.

« Je doute qu’il s’agisse d’une nourriture adaptée, » lâcha-t-il d’une voix traînante avant de tirer légèrement sur sa manche sans la quitter du regard.

Avec un souffle roulant, elle laissa la manche s’échapper, non sans faire retentir un dernier crissement de vêtement en détresse.
Alors qu’elle relevait la tête pour s’intéresser à autre chose, peut-être retourner à l’observation du nouveau venu, elle renâcla légèrement, un son court mais dépourvu d’animosité. Liv, prudemment, s’était approché de la jument en se décalant légèrement pour ne pas se trouver dans son angle mort et la stresser inutilement. Son approche était lente sans pour autant être prudente comme le serait celle d’un prédateur, mais respectueuse. Sans entrer dans l’espace vital de l’animal, il tendit la main, offrant une opportunité sans pour autant la forcer ou l’imposer.

Sorel nota avec un élan de fierté et de plaisir que Liv, gardant sa main tendue à l’attention de la jument, reporta néanmoins son attention sur lui afin de laisser le choix à l’animal sans pour autant la presser en gardant un contact visuel avec elle.
Curieuse, la belle d’ombres tendit le cou sans s’approcher, son nez de velours effleurant d’abord la main tendu. Elle souffla, remuant les lèvres comme pour attraper les doigts, cherchant probablement une friandise offerte ou juste intéressée à l’idée de mâchouiller quelque chose d’autre qu’un vêtement sans saveur, avant de se redresser complètement.

Tout en laissant le loisir à Liv d’observer sa nouvelle compagne de vie, Sorel entreprit de mentionner ce que son “cadeau” impliquait, notamment la responsabilité mais surtout ce qu’une telle offre représentait pour lui. Les animaux étaient importants, en ce qui le concernait, et il éprouvait énormément d’affection pour eux, qu’ils soient sauvages ou domestiqués. Ou l’espèce d’entre deux qui pouvait survenir à l’occasion.
Plus que la posture presque militaire de Liv, ce furent ses paroles qui tirèrent un sourire à Sorel et il inclina la tête.

Excité à l’idée de partager l’expérience avec le vampire nouveau-né, Sorel ne s’interrogea pas plus que cela lorsque Liv s’approcha doucement, sans geste brusque - toujours conscient de la menace que pouvait représenter la jument - pour venir étreindre l’elfe.
D’ordinaire, souvent plus tactile et plus ouvert que les autres, Sorel était à l’origine du moindre contact, de la moindre étreinte, de la moindre preuve physique d’affection. D’abord trop surpris pour bouger, Sorel fondit presque dans l’étreinte avant de la rendre avec affection, enfouissant son nez dans les mèches blondes de Liv. Il tenait toujours d’une main la bride de la jument, la tenait légèrement éloignée pour éviter une morsure, surtout compte tenu de la race du cheval, mais avait enroulé son bras gauche autour du vampire.
Les paroles de Liv arrachèrent un sourire doux à Sorel qu’il conserva jusqu’à ce que le plus jeune ne s’éloigne et Sorel fit la moue. Il fut soulagé néanmoins de pouvoir conserver une once de contact avec le vampire, attrapant la main du jeune homme dans la sienne avec un sourire de joie simple.

La remarque de Liv lui arracha un bref rire tandis qu’ils se dirigeaient, bras dessus bras dessous, vers l’écurie. Il sentait la curiosité et l’intérêt sincère que ressentait Liv à l’égard de la jument et cela ne fit qu’accentuer la bonne humeur de l’elfe.

« Elle en a un, » confirma-t-il avec un hochement de tête et un regard dans la direction du nouvel immortel. « Mais je pense qu’un nouveau nom lui fera le plus grand bien, on a tous besoin d’un nouveau départ. »

Ils entrèrent dans l’écurie et Sorel les mena à un box libre près duquel il plaça la jument… et tendit la bride à Liv.

« Je vais la deseller et pendant ce temps-là, tu vas la rassurer. Si tu as déjà une idée de nom définitif, utilises-le de façon répétée. Un ton rassurant, apaisant et gentil sera le plus adéquat, » indiqua-t-il avec un sourire encourageant. « Une fois que j’aurais fini, tu la guideras dans le box et tu lui retireras son filet, toujours en la rassurant avec la voix. Je te guiderais, » le rassura-t-il gentiment.

Le danger, avec un cheval vampirique, était de s’inquiéter en priorité des crocs de l’animal en oubliant ses autres armes tout aussi, sinon plus, dangereuses. A savoir les coups de sabot ou, et plus particulièrement dans le cas de cette jument, leur taille et leur poids. Déseller l’animal ne serait pas difficile pour Sorel, il était celui qui l’y avait placé pour commencer, mais il devait compter sur la bonne volonté de Liv pour garder l’animal de bonne humeur et surtout calme.
Il avait bien l’intention de guider le jeune vampire à travers les étapes pour retirer le harnais de l’animal, à moins que Liv ne se sente pas assez en confiance pour le faire de lui-même, auquel cas Sorel saurait s’en charger. L’idée était de commencer à habituer la jument à la présence et surtout à la voix du vampire nouveau-né. Nul doute, cependant, qu’appartenir à la même race - d’une certaine façon - faciliterait les choses. Sorel était apprécié, plus certainement toléré, mais il ne doutait pas qu’un lien plus fort se ferait entre la jument et Liv.

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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Le jeune vampire eut un instant d’inquiétude en percevant l’absence de réaction de son frère à son étreinte. S’était-il montré trop familier ? Il n’avait pas réfléchi l’ombre d’une seconde, le geste lui avait tout simplement semblé naturel sur le moment, mais il était vrai qu’ils ne se connaissaient, en réalité, que depuis quelques minutes, avait-il outrepassé l’intimité de l’elfe ? L’avait-il offensé, bien involontairement, par sa présomption et son impulsion ?

Mais ce ne fut que l’histoire d’un instant, pas même assez long pour lui laisser le temps de s’écarter et de présenter ses excuses, avant que Sorel n’enroule à son tour un bras autour de lui et n’enfouisse même son le visage dans ses cheveux avec affection, laissant l’appréhension de Liv s’évaporer en un instant. La chaleur de l’elfe, qu’il sentait malgré ses épaisses couches de vêtements, avait quelque chose d’apaisant, de… pas réellement “familier”, non, car c’était pour lui la première fois qu’il connaissait un contact de ce genre, mais de naturel, oui.

Il n’avait guère de point de repère ou de comparaison pour savoir si c’était là une chose étrange ou tout à fait normale, mais c’était pour lui une espèce d’évidence ; ils étaient frères, et il le ressentait, comme il ressentait le lien qui se tissait entre eux alors qu’il venait tout juste de se rencontrer. Il avait ressenti un peu la même chose — quoi que d’une manière différente — avec Valmys, dont il avait pu faire la connaissance à travers leurs discussions grâce à la pierre de communication de leur Père, et qu’il avait déjà hâte de pouvoir rencontrer en chair et en os. En irait-il de même pour tous ses adelphes ? Il l’ignorait, mais ne pouvait que l’espérer, se réjouissant à l’avance de découvrir cette grande famille dont il faisait partie.

La moue de l’elfe n’échappa au vampire, qui laissa échapper un gloussement amusé devant son adorable mine d’enfant boudeur, mais maintenir le contact entre eux sembla suffire à le consoler et lui rendre le sourire. Sans la moindre trace de gêne ni d’hésitation, il laissa la main de Sorel glisser dans la sienne tandis qu’ils se mettaient en marche, et qu’il l’interrogeait sur le nom de la jument.

La réponse tira au vampire un sourire en coin — il ne savait pas si son prédécesseur avait eu besoin d’un nouveau départ, mais Liv en était certainement un : non seulement amnésique comme tous les vampires, mais, contrairement aux autres, incapable sans doute à jamais de recouvrer la mémoire, il était plus que quiconque devenu quelqu’un d’autre — mais aussi un regard curieux, sans être inquisiteur.

Il était bien sûr intéressé par l’histoire de la monture, comment son frère l’avait « récupérée », mais aussi intrigué sur les implications de la réplique pour Sorel lui-même. Se comptait-il parmi les gens qui avaient besoin d’un nouveau départ ? La formulation le laissait aisément penser, mais il en savait si peu sur lui qu’il aurait été bien en peine d’en juger. Pour autant, il n’avait aucune intention de le presser de questions, s’il avait raison ce serait quelque chose qu’il laisserait l’elfe lui confier quand et si il le souhaitait. Lui-même n’avait pas grand-chose à partager, après à peine 10 jours de « vie » — si l’on pouvait dire, pour un vampire… — mais il avait envie d’apprendre tout ce que son frère voudrait bien partager.

Mais ils auraient bien le temps pour tout cela, et pour le moment l’heure était venue de se concentrer sur tout autre chose, car ils arrivaient à l’écurie. Liv saisit machinalement la bride que Sorel lui tendait, hochant la tête à ses instructions. Ça lui paraissait dans ses cordes. Veillant toujours à ne pas se placer dans l’angle mort de la jument, il l’observa de nouveau, sa robe de ciel nocturne, ses sabots puissants couleur de ténèbres, son regard sombre et intelligent, et son nom lui vint naturellement, sans qu’il ait à le chercher.

« Je pense que je vais t’appeler Ombrenuit. Qu’est-ce que tu en dis ? Ça te plaît ? »

La jument détourna son attention de Sorel, en train de s’affairer, et tendit les oreilles vers Liv en laissant échapper un souffle sonore entre ses lèvres. Le vampire décida de faire comme si la marque d’attention était un acquiescement et continua :

« C’est vrai, ça te va très bien. Tu es très belle, Ombrenuit, est-ce que tu le sais ? »

Il parlait d’une voix douce et basse, s’efforçant de son mieux d’adopter un ton rassurant et amical. Il souriait de tous ses crocs, un sourire joyeux et sincère, simplement heureux à l’idée que cette magnifique jument soit à lui. Même s’il avait conscience qu’il allait lui falloir du temps pour gagner sa confiance et se faire accepter par elle — et il était bien décidé à faire tous les efforts nécessaires en ce sens —, lui l’aimait déjà.

« Moi je m’appelle Liv. J’aimerais devenir ton ami. Tu veux bien devenir mon amie, Ombrenuit ? »

Tout en continuant de parler, il approcha sa main libre, paume bien à plat, des naseaux de la monture, la laissant le sentir à nouveau. Elle le renifla avec intérêt, et chatouilla sa paume de ses lèvres, peut-être à la recherche d’une friandise. Prudemment, attentif aux signaux de la jument pour éviter toute réaction négative qui pourrait mettre Sorel en difficulté, il approcha sa main, assez lentement pour laisser à Ombrenuit l’occasion de se dérober, jusqu’à effleurer ses naseaux. Il remonta sa main en une lente caresse sur le chanfrein, et la belle se laissa faire. Ça ne voulait certes pas dire qu’elle allait le laisser monter sur son dos aussi facilement, mais c’était déjà une victoire !

Sans retirer sa main, Liv reporta son regard vers Sorel, qui revenait vers lui une fois sa tâche accomplie, lui adressant un sourire radieux.

« Je crois qu’elle m’aime bien ! »

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L’aisance avec laquelle le contact entre eux était accepté installa une douce chaleur dans la poitrine de l’elfe. La sensation d’être accepté, pas juste toléré, lui permit de se détendre et peut-être de ne plus avoir à se surveiller chaque fois qu’il tendait la main pour toucher, même momentanément, afin d’initier un contact, même bref. Une connexion dans la douceur, sans violence ni désir de détenir, de posséder en asseyant une forme de supériorité. Une forme de domestication de l’autre, en apprivoisant, en testant les réactions qu’un simple contact pouvait éliciter. Sorel n’avait pas seulement besoin d’apprivoiser les animaux qui croisaient sa route, il domestiquait également les bipèdes en tout genre avec une sorte d’hésitation d’enfant, incertain si l’adulte dont il tirait la jambe de pantalon allait le manger, le gronder ou les deux.
Cette fois-ci avait une différence notable. Liv avait initié le contact avec franchise, un contact né d’une simple expression d’un sentiment. Sorel était tellement habitué à être le seul à réagir spontanément de cette façon-là qu’il avait été momentanément désarmé. Lui qui se surveillait toujours pour ne pas initier le contact de trop, ne sentait plus le besoin de contrôler chacun de ses gestes. Du moins tant qu’il restait en la présence de Liv.

Content de laisser sa main nichée dans celle de Liv, caressant doucement du pouce la peau du jeune vampire, il souriait avec la simplicité d’un plaisir tout naturel.
Doucement, ils se mirent en chemin vers l’écurie qui contenait les chevaux d’Aldaron et ceux de ses visiteurs du moment, et Sorel savoura l’aisance inattendue avec laquelle il pouvait se comporter en présence de Liv. Il s’attendait à un petit vampire avide de vider l’elfe de ses pensées, de ses aspirations, prêt à se défendre si nécessaire. Il s’attendait peut-être à une personne confuse pour qui amadouer la jument deviendrait un premier but qui n’aurait rien à voir avec tout l’entraînement imposé et requis par le simple fait d’être l’enfant de croc d’Aldaron et Achroma. Un cadeau qui donnerait peut-être un sens plus doux à tout ce qui devait être nouveau pour le nouveau né. Il s’attendait à beaucoup de chose mais il n’avait jamais osé espérer la possibilité de pouvoir trouver quelqu’un comme Liv. Au sourire facile, à la blague aisée et sans méchanceté, désireux de conduire Sorel en sécurité, au chaud, là où l’elfe pourrait réchauffer ses membres transis par le froid. Mais, surtout, sans a priori sur le contact physique, même parfaitement capable et désireux de l’initier lui-même. Le nombre de gens qui appréciait peu le contact, l’acceptait avec parcimonie, était conséquent mais pas énorme pour autant… ceux qui l’évitait en réponse à des trauma personnels, surtout après les guerres et événements passés, l’étaient bien plus et Sorel ne savait jamais à quel groupe ses interlocuteurs appartenait. Liv n’était rien de ceux-là, il n’avait rien non plus de ce à quoi s’attendait Sorel et la surprise, bien que grande, ne pouvait égaler le plaisir qu’il en retirait.

La jument ne serait pas juste le but d’un être désoeuvré, perdu dans une nouvelle vie, un nouveau corps, mais, à en juger par la réaction de Liv, un réel cadeau qui serait chéri et chouchouté. Pas juste par devoir mais parce que le vampire semblait être quelqu’un qui débordait d’affection et en mesure de l’offrir sans réserve à qui s’en montrait digne.

Parvenus à l’écurie, Sorel entreprit d’expliquer ses intentions à Liv afin qu’il ne soit pas pris au dépourvu mais, surtout, pour qu’il puisse se préparer à ses prochaines tâches. Il n’y avait rien de pire que de jeter un éventuel néophyte - peu importait que Nolan ait eut l’habitude des chevaux, son propre étalon, Nolan n’existait plus - avec un cheval susceptible de mal réagir tout en lui donnant des instructions à la dernière seconde. La nervosité de l’un pourrait s’ajouter à celle de l’autre et créer une véritable catastrophe capable de blesser l’un et l’autre de manière irrémédiable. Le tout en rendant impossible toute relation à moins de travailler plus dur et plus longtemps qu’il n’aurait été nécessaire si aucune erreur n’avait été commise dès le départ.
S’attaquant aux sangles de la selle avec des gestes mesurés, sans brusquerie ni précipitation, aussi bien pour apaiser la jument que pour laisser le temps à Liv de s’habituer à elle et elle à lui, Sorel tendit l’oreille. N’ayant pas tellement besoin de se concentrer sur sa propre tâche tant il connaissant les gestes malgré la sellerie étrangère, Sorel se concentra sur les mots et l’intonation du jeune vampire et ne pu retenir un sourire et un hochement de tête approbateur.

Le ton était doux, les mots coulaient des lèvres de Liv avait aisance et sans hésitation, sans agressivité ni précipitation. Le nom collait bien, la changerait probablement de son précédent, ce serait tout un apprentissage de lui apprendre à répondre à un nouveau nom mais c’était probablement pour le mieux. Cela forcerait également Liv à se concentrer sur cette tâche, en plus des autres, pour s’attirer les bonnes faveurs de la jument. Encore qu’il ne s’agirait probablement pas du plus difficile, ce titre reviendrait plutôt à l’amener à accorder sa confiance à un autre.
Sorel ne l’avait probablement pas, pas tout à fait, pas complètement, mais Liv allait devoir l’obtenir à force de travail et de persévérance. Curieux, Sorel jeta un regard en coin au jeune vampire pour le découvrir souriant de tous ses petits crocs, l’air ravi et joyeux. L’elfe frissonna de bonheur et sentit ses joues lui faire mal tant il souriait. Sorel ne put retenir un petit son amusé à la question innocente de Liv, probablement des mots qu’il aurait lui-même pu prononcer à un animal qu’il aurait été en train d’essayer d’amadouer.

Il était en train de retirer la sangle ventrale après l’avoir décrochée de la selle lorsque le jeune vampire s’adressa à lui avec entrain et Sorel se tourna vers lui, son visage s’éclairant d’un grand sourire qui se teinta d’un rien d'espièglerie :

« J’en ai déduis la même chose lorsqu’elle n’a pas essayé de te manger à l’instant où elle t’a vu. » Son sourire s’adoucit légèrement, plus doux toujours, et il hocha la tête en direction de Liv. « Tu te débrouilles très bien, ta voix reste une indication majeure de ton état d’esprit et de tes intentions. Elle est intelligente et comprendra certains de tes mots mais ta voix, ton intonation et ton corps seront tes principaux moyens de communication, » expliqua-t-il. « Penses-y toujours, ne laisse pas ta voix mentir si ton corps doit te trahir et inversement. De même, si tu te mens à toi-même, elle, elle saura la vérité avant toi alors sois toujours honnête avec toi-même lorsque tu es avec elle, ça pourra t’éviter bien des déboires et des blessures. »

Il gratouilla affectueusement l’encolure de la jument et déposa la sangle sur la porte du box près duquel ils s’étaient installés. Il rejoignit Liv devant la jument, Ombrenuit, se rappela-t-il avec une petite pichenette mentale et se positionna derrière le jeune vampire.

« Tu as instinctivement évité de te placer dans son angle mort et c’est vraiment bien, » remarqua-t-il avec une note d’approbation dans la voix,« mais l’idéal, » poursuivit-il en plaçant ses mains sur les hanches de Liv pour le décaler légèrement sur la droite « C’est de rester de son côté gauche, ta droite à toi donc. »

Il tapota gentiment la poignée de l’épée qui battait le côté de Liv et inclina la tête pour jeter un regard à son compagnon, un sourire léger étirant ses lèvres :

« Tous les chevaux sont éduqués ou dressés, selon comment tu approches la choses, pour être approché par leur gauche à cause de ça, faudra que tu me la montres, par ailleurs, elle a l’air jolie. C’est un conseil, » reprit-il plus sérieusement mais toujours avec douceur, « pour tous les chevaux. Certains sont plus frileux et ont tendance à ne pas apprécier d’être approché par leur droite, certains prennent ça pour de l’inexpérience et ils sont loin d’être bête, du coup ils testeront plus le cavalier. »

Ravi de pouvoir initier un contact sans crainte d’être mal apprécié, Sorel attrapa doucement la main droite de Liv et la guida jusqu’à l’encolure d’Ombrenuit.

« C’est une zone sensible, » indiqua-t-il tout en repliant ses doigts pour gratouiller la robe soyeuse de la jument, invitant Liv à en faire de même. « C’est un endroit sûr pour les câlins en général, certains chevaux ont d’autres préférences et tu devras trouver les siennes mais commencer par l’encolure est généralement un pari sûr. Si tu veux j’ai pris des livres sur les chevaux que je pourrais te prêter, comme ça tu pourras en savoir plus et faire tes propres expériences. L’idée c’est de toujours garder un oeil sur les oreilles, elles te diront tout ce que tu as besoin de savoir sur son état d’esprit et ses intentions. Respecte ce qu’elles te disent et rien de terrible ne devrait t’arriver. »

Il se recula un peu et laissa Liv avec sa nouvelle camarade de câlins. Attrapant la selle neuve qu’il avait récupéré pour Ombrenuit, il la souleva sans effort et la posa avec toutes ses boucles et harnachements sur la porte du box. Il leur faudrait lui trouver une place adéquate mais ce serait pour plus tard.
Une fois terminé, il recula de quelques pas et indiqua le box à Liv avec un petit sourire encourageant.

« Maintenant diriges-la gentiment dans le box. Ne la tiens pas nécessairement à la bride, beaucoup le font et ça marche bien mais c’est une tenue un peu agressive, seulement utile si tu dois la retenir fermement. Tu peux passer les rênes par-dessus sa tête et la tenir approximativement à trente centimètre de la bride pour la guider derrière toi. »

Il guida gentiment les étapes pour que Liv puisse la faire entrer dans le box pour ensuite retirer les boucles du harnais, comment le faire passer sans faire de mal aux oreilles sensibles et retirer le mors en toute délicatesse. Sorel précisa de toujours avoir une main, en se déplaçant autour d’Ombrenuit, en contact avec elle afin qu’elle sache exactement où il se trouve et qu’elle ne soit jamais surprise, au risque d’un coup de sabot ou d’un bottage en règle. Une fois le harnais correctement retiré en toute sécurité, Sorel fouilla dans les poches de son manteau pour en retirer un petit sac qu’il tendit à Liv.

« Des friandises spécifiquement conçues pour elle, tu peux lui en donner une - ou deux - pour lui faire plaisir et la récompenser de son bon comportement. » L’elfe esquissa un sourire de connivence et ajouta : « Avoir de la technique, c’est bien, mais le soudoiement ça marche aussi. »

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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« Effectivement, c’était déjà un début encourageant ! répondit le vampire avec un ricanement amusé »

Il se rengorgea de fierté au compliment de Sorel, tout en écoutant attentivement les indications qu’il lui donnait, hochant la tête pour marquer son écoute. Ne pas mentir, au moins avec les mots, il était déjà en train de l’intégrer quasi inconsciemment de par ses conversations avec Valmys, afin de ne pas blesser involontairement le Baptistrel. Bien sûr, il s’agissait là de quelque chose de différent, plus profond que les simples mots, mais d’une certaine façon c’en était une sorte de continuité. Il n’y aurait sans doute pas pensé de lui-même, et il appréciait grandement de recevoir le conseil, mais en soi il ne pensait pas qu’il aurait à trop se forcer pour le respecter.

Il hocha de nouveau la tête à l’approbation de l’elfe quant à son placement — dont il n’avait pas eu réellement conscience jusqu’à ce que son frère le souligne — et se laissa docilement décaler sur le côté. Il ne tiqua même pas lorsque l’elfe tapota Brise d’Argent, alors qu’il était à peu près certain, bien qu’il n’ait guère eu l’occasion de l’expérimenter, qu’il ne l’accepterait pas venant de n’importe qui. Il s’agissait du tout premier cadeau qu’Aldaron lui avait fait et, outre le sentiment de sécurité qu’elle lui procurait lorsqu’il la portait, elle lui était très précieuse. Mais en l’occurrence, il se sentait parfaitement en confiance et ne se sentit absolument pas dérangé par le geste, se contentant de noter mentalement avec un certain intérêt l’intimité complice qui s’était si rapidement et si naturellement installée entre eux.

Il se laissa faire de tout aussi bonne grâce lorsque Sorel lui prit la main, n’ayant pas à se faire prier pour gratouiller Ombrenuit avec le plus grand plaisir, et la jument ne semblait pas mécontente non plus de toute cette attention. Le jeune vampire enregistrait avec la plus grande attention tous les conseils de Sorel, et accepta volontiers les livres qu’il lui proposait. Il ignorait tout à fait l’étendue de son ignorance ou de ses connaissances sur le sujet, mais à tout le moins les ouvrages l’aideraient-ils à tirer de sa mémoire lacunaires les souvenirs qu’il en avait, et il avait certainement encore des choses à apprendre, ça ne pourrait donc que lui être bénéfique. Il voulait vraiment faire les choses le mieux possibles, et toutes les ressources le lui permettant étaient les bienvenues.

Liv suivit avec confiance les indications de son frère pour faire entrer la jument dans son box, puis pour lui ôter son harnais. À la vérité, les gestes lui venaient presque d’eux-mêmes en même temps que l’elfe le guidait, ses mains sachant manifestement ce qu’elles faisaient pour l’avoir effectué maintes fois. Lui ne s’en souvenait pas mais, à l’évidence, son corps, si. Il appréciait toutefois que les directives de Sorel lui permettent de les enregistrer consciemment sans se contenter de se fier à ses mouvements automatiques, tout comme il appréciait l’assurance qu’il trouvait dans cette connaissance innée. Alors qu’il retirait la bride sous le cou d’Ombrenuit, il ne manqua pas l’occasion de lui accorder quelques gratouilles sous le menton, et gagna manifestement quelques points de sympathie supplémentaire par son initiative.

Une fois sa tâche effectuée avec succès, il prit le petit sac que lui tendait Sorel, et le gratifia d’un regard taquin et d’un sourire en coin.

« Comme offrir une monture à son nouveau petit frère pour gagner son affection… »

Dans d’autres circonstances, ses mots auraient pu passer pour une accusation, mais il n’y avait dans sa voix que la taquinerie la plus affectueuse. D’ailleurs, il ne se fit pas prier pour participer au soudoiement, glissant deux friandises dans sa paume ouverte qu’il tendit à Ombrenuit. La jument accepta l’offrande de bon cœur, et Liv lui offrit une dernière caresse sur le chanfrein avant de s’éloigner du box, non sans récupérer le matériel de harnachement, qu’il déposa sur un banc un peu plus loin. Il faudrait lui trouver une place plus définitive, mais pour l’instant l’éloigner des crocs acérés de la monture suffirait. Une fois les mains libres, il prit le bras de son frère en continuant son chemin vers la sortie. Il ne manqua d’interpeler le garçon d’écurie au passage, pour lui expliquer la situation de la nouvelle monture de la demeure, et qu’il s’occuperait d’elle personnellement, ne laissant aux palefreniers que la seule tâche de vérifier qu’elle ait bien toujours de quoi boire et manger. Il aurait d’autres arrangements à mettre en place, bien sûr, mais cela pouvait attendre ; il y avait pour l’instant d’autres choses plus urgentes à régler.

« Maintenant allons te mettre au chaud ! »

Il ne leur fallut que quelques instants pour rejoindre la demeure. Liv les mena jusqu’à un petit salon confortable, où il invita son frère à se débarrasser de son épaisse tenue tandis qu’il s’affairait à allumer un feu dans la cheminée.

« Tu dois avoir faim après ton voyage ? »

Fort opportunément, un domestique passait diligemment s’enquérir de s’ils avaient besoin de quoi que ce soit, le jeune vampire l’envoya donc quêter un repas chaud aux cuisines.

« Au fait, Père est-il prévenu de ton arrivé ? Il sera ravi de te voir ! Un petit sourire navré se dessina sur ses lèvres avant qu’il n’ajoute : Pardon, je devrais te laisser t’installer avant de te harceler de questions… »

Aldaron était occupé pour l’instant, mais il ne manquerait certainement pas de venir accueillir son fils adoptif lorsqu’il aurait connaissance de son arrivée. Mais à la vérité, Liv était assez content de pouvoir profiter de son frère “pour lui tout seul” pour encore un moment.

Le vampire défit Brise d’Argent de sa ceinture pour s’installer dans un fauteuil, laissant le plus proche du feu à Sorel afin qu’il puisse profiter au mieux de sa chaleur, et une fois qu’ils furent tous les deux installés confortablement, se rappelant de la remarque de l’elfe dans l’écurie, lui tendit l’épée dans son fourreau afin qu’il puisse l’observer en attendant que son repas lui soit servi.

« C’est le premier cadeau que Père m’a fait. “Une épée de la lune pour un fils de la nuit”. Je l’ai appelée Brise d’Argent. »

Il avait très envie d’assaillir son frère de question, curieux de tout savoir sur lui, mais c’était là une des rares choses qu’il ait à partager sur lui-même en échange, et il lui semblait poli de commencer, puisque Sorel s’était montré intéressé.

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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Sorel serra les lèvres pour retenir un grand éclat de rire mais ses yeux brillaient de joie malicieuse à la réplique de Liv concernant le soudoiement appliqué à d’autres qu’aux chevaux.
Une fois certain qu’il ne risquait pas d’effrayer la jument par de grands éclats bruyants, il esquissa un grand sourire qui découvrit ses dents, l’air ravi et sans remords :

« Je ne vois absolument pas où tu veux en venir, » lança-t-il d’un ton chantant, sans prétendre de faire montre d’innocence.

Il observait Liv faire avec attention, ravi de le voir se débrouiller avec efficacité. Il avait retiré le harnais sans aucune difficulté, épargnant les oreilles qu’il traita avec la plus grande gentillesse. Sorel ignorait où finissait la mémoire musculaire et où commençait le simple fait de suivre ses instructions, mais d’une manière ou d’une autre, tant qu’Ombrenuit était bien traitée, il se fichait éperdument de l’origine du bon traitement.
Ravi de voir la jument accepter les friandises sans rechigner, Sorel se détendit pour de bon, sentant toute tension s’évanouir et abandonner son corps.

Ombrenuit était entre de bonnes mains, Liv était aussi bien intéressé par l’idée de partager une relation de confiance avec elle que de simplement obéir à la demande de Sorel. Si l’elfe ne lui avait rien demandé, il était à peu près sûr que Liv aurait traité la jument avec la même attention, le même dévouement.
Souriant comme un enfant à qui l’on aurait offert un sac plein de bonbons, il se laissa conduire par le vampire nouveau-né sans opposer la moindre résistance, resserrant simplement sa prise sur le bras de son nouveau frère. Tout ce qu’il regrettait, cependant, c’était l’absence de chaleur corporelle. Liv était froid et n’aidait en rien la sensation glacée qui s’était emparée des extrémités de Sorel et des frissons légers qui secouaient le reste de son corps.

Les instructions données au palefrenier ne firent qu’accentuer le sourire de l’elfe et il tapota avec approbation la main froide de son petit frère. Rien de mieux, pour approfondir une relation, que de s’occuper personnellement de son cheval. Nettoyer, nourrir, abreuver, brosser, c’étaient autant de petites tâches qui allaient faire de Liv un élément naturel de l’environnement d’Ombrenuit. Une présence normale, à ne pas craindre ni redouter, bien au contraire : c’était une présence à attendre avec impatience et gourmandise, avec satisfaction.

« Je dois admettre qu’il commence à faire frisquet, » avoua-t-il avec un petit sourire contrit.

Frisquet ne commençait même pas à décrire à quel point il avait impatience de pouvoir se pelotonner près d’un bon feu ronflant.
Ils arrivèrent rapidement au niveau d’une pièce dans laquelle l’âtre était éteint mais Liv s’attaqua rapidement à relancer les flammes tout en lui indiquant de se dévêtir. Retirant rapidement sa cape, Sorel tapota gentiment l’épaule du nouveau-né, le faisant légèrement reculer pour ne pas le blesser. Il ouvrit soudainement la main, créant une flamme vive au creux de ses doigts, qu’il jeta sur les bûches que venait d’installer Liv.

Rapidement, la petite flamme gagna en intensité et Sorel entreprit de se défaire de son lourd manteau couvert, par endroit, de flocons ou de poils figés par le froid. Il drapa son manteau à proximité des flammes mais pas trop proche pour autant et, ignorant le fauteuil que lui avait pourtant laissé Liv, il s’assit à même le sol, offrant son dos aux flammes ronflantes.

« Je suis affamé, » confirma-t-il avec un hochement de tête, « Précise que c’est pour moi, » ajouta-t-il un peu plus fort lorsque Liv s’aventura hors de la pièce pour attraper un domestique de passage, « ils sauront quel genre de plat préparer. »

Arrondissant le dos comme un chat satisfait, Sorel émit un ronronnement tandis que la chaleur qui se lovait contre son dos commençait doucement à se répandre au reste de ses membres.

« J’ai envoyé un petit message pour l’avertir, » confirma-t-il avec un petit hochement de tête, « mais j’ai conscience qu’il est aussi très occupé, je le verrais en temps voulu. Y’a pas de mal ! » s’exclama-t-il avec un large sourire à l’attention du vampire, « J’aime ça, c’est intéressant et apaisant. Parle et questionne autant que tu veux, »

Lorsque Liv fit mine de lui tendre l’épée, Sorel tendit immédiatement les mains, agitant les doigts avec intérêt et presque impatience. Rapidement, il put enrouler ses doigts autour du fourreau de l’arme, sentant la facture délicate. Il la posa sur ses genoux, caressant le fourreau avec délicatesse avant de tester la poignée pour dévoiler quelques pouces de lame dont il admira le tranchant et la robustesse.
«[color:5cd9=”Khaki”] Une épée de la lune pour un fils de la nuit. » La mention le fit sourire, c’était une phrase qui ressemblait bien à leur père, en effet.

« Elle est vraiment belle… et son nom lui va comme un gant. Je ne suis pas un bon bretteur mais je sais reconnaître un objet de valeur quand j’en vois un. » Il ne savait peut-être pas manier une épée, mais il en avait racheté et examiné suffisamment pour pouvoir reconnaître une arme de valeur, que ce soit son esthétique ou son efficacité réelle en combat.

Il rendit l’arme à son propriétaire légitime avec un sourire, étirant son dos comme pour exposer le plus possible de lui-même aux flammes sans pour autant se brûler ni risquer d’offrir sa crinière rousse au feu ronflant.

Il y eut un grattement discret à la porte et Sorel, indiquant à Liv de rester assis, se leva rapidement pour aller récupérer le plateau repas qu’on lui avait ainsi apporté. Il remercia gentiment le domestique, souriant et agitant la main en guise d’au revoir. Il rentra, refermant la porte derrière lui avec son pied et retourna s’installer sur le tapis épais et moelleux qui se trouvait devant l’âtre. La cloche révéla un repas végétarien, composé d’une entrée froide en petite quantité mais surtout un plat chaud qui fit grogner l’estomac de l’elfe, une généreuse miche de pain accompagnée d’un fromage… et un dessert gourmand pour lequel il aurait certainement eut à se battre avec Ilhan pour le conserver. Avec pour seule solution la nécessité de partager le dessert.

« Je suppose que tu as déjà un entraîneur attitré ici ? Comment ça se passe depuis ton réveil ? Comment tu te sens ? » s’enquit-il sincèrement, son regard posé sur la jeune silhouette de l’humain devenu vampire.

Curieux, il l’était, mais affamé, il l’était aussi. Il arracha une poignée de pain et s’attaqua à son repas avec appétit mais également avec mesure, attendant et écoutant les réponses et réactions de son compagnon.

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L’euphémisme tira un petit rire amusé au vampire. Il se serait volontiers serré contre son frère pour l’aider à se réchauffer, s’il l’avait pu, mais il n’avait hélas aucune chaleur à offrir. Fort heureusement, ils furent bien vite rentrés à l’abri, et Liv s’affaira bien vite à faire naître un feu réconfortant pour l’elfe. Il s’interrompit presque immédiatement toutefois, sous le geste de Sorel, et s’éloigna docilement. Il lui jeta un regard curieux, qui se mua bien vite en un sourire amusé. C’était effectivement une méthode bien plus efficace !

Il avait lui-même commencé à apprendre la magie auprès de son père Achroma, dont il avait apparemment hérité un certain talent, pour le plus grand plaisir de ce dernier, et il avait un goût indéniable pour sa pratique. Cependant, il était tempéré par l’enseignement d’Aldaron sur les conséquences d’une sur-utilisation de la magie, qui le poussait à un usage raisonnable, prenant l’habitude de s’en passer s’il le pouvait. Pour autant, ce n’était là qu’une philosophie qu’il s’appliquait à lui-même, et il ne lui serait pas venu à l’idée de blâmer son frère d’user d’un petit sort pour son confort.

Une fois la requête d’un repas chaud envoyée vers les cuisines, le jeune vampire s’assura que leur père était bien averti de l’arrivée de son fils adoptif — sans quoi il se serait empressé d’y remédier — avant de réaliser que peut-être l’elfe voudrait d’abord se réchauffer et se reposer avant de lancer une conversation. Mais son frère le rassura bien vite, avec la bienveillance qui semblait lui être si caractéristique, à laquelle il répondit avec un sourire et un sourcil haussé, presque un air de défi. “Autant qu’il voulait”, vraiment ? Sorel ne savait sans doute pas dans quoi il s’engageait avec ce genre de déclarations, Liv était capable de lui poser un millier de questions sans même devoir s’arrêter pour respirer.

Mais avant toute chose, il n’avait pas oublié la requête faite un peu plus tôt, aussi, après avoir défait Brise d’Argent de sa ceinture pour s’asseoir, ne manqua-t-il pas de la tendre à Sorel pour qu’il puisse l’examiner. La réaction, adorablement enfantine, causée par le geste lui tira un petit rire amusé tandis qu’il s’installait enfin à son tour. Ayant noté que son frère avait décidé de s’asseoir par terre, il ne fit pas davantage de manière et se permit de s’avachir proprement en travers du fauteuil, une jambe nonchalamment posée sur l’accoudoir.

Ba-boum. Ba-boum. Dans le silence relatif qui s’était installé, le battement de cœur de l’elfe enfla aux oreilles du vampire. Il l’entendait depuis son arrivée, bien sûr, en arrière-plan, mais tout à l’excitation de cette nouvelle rencontre, il n’y avait pas prêté attention. Jusqu’à cet instant. Là, au calme, sans rien d’autre pour capter son attention, la palpitation régulière se faisait soudain hypnotisante, envoûtante, réveillait son instinct. Faim. Inconsciemment, sa langue passa sur ses lèvres, dévoilant ses crocs, comme s’apprêtant à se délecter du nectar chaud et plein de vie.

La voix de son frère le ramena à la réalité, il cligna des yeux et s’ébroua légèrement pour chasser ces pensées parasites, espérant que Sorel n’avait pas remarqué sa brève perte de contrôle, ou au moins qu’il n’en serait pas mis mal à l’aise, avant de répondre avec un sourire un peu hésitant, d’une voix peut-être un peu plus rauque qu’elle n’aurait dû l’être.

« Merci. »

Son ton n’était peut-être pas apte à le montrer pleinement, mais il appréciait sincèrement le compliment ; il avait longuement réfléchi pour trouver un nom digne du présent de son père. Quelques instants supplémentaires, et il était de nouveau pleinement maître de lui-même. Avec certes un léger retard, mais un enthousiasme renouvelé, il ajouta : « C’est vrai que tu as une boutique ! Tu dois voir passer des tas d’objets fascinants ? » tandis qu’il tendait le bras pour récupérer son épée, qu’il posa soigneusement près de lui.

Le repas de Sorel fut apporté, et Liv veilla cette fois à ne pas laisser son instinct profiter de l’interruption pour reprendre le dessus et se remettre à considérer son frère comme un casse-croûte potentiel. C’était également une part de l’enseignement qu’Aldaron lui prodiguait, mais il avait encore du travail à faire pour se maîtriser parfaitement…

Il hocha la tête à la première question, laissant son frère finir de parler avant de répondre.

« J’ai un maître d’armes, Damyr, mais je n’ai eu qu’une seule séance avec lui pour l’instant. J’ai aussi beaucoup de leçons d’Achroma et d’Aldaron. Énormément de choses à apprendre. Ça se passe… bien ? Je suis encore en train de prendre mes repères je suppose. Ça ne fait que quelques jours… »

Il haussa les épaules, l’air de dire qu’il ne voyait pas quoi dire de plus. Il en était encore à s’ajuster à sa nouvelle vie, mais il n’en avait pas d’autre avec laquelle il aurait pu faire de comparaison. Il faisait de son mieux pour prendre ses marques, en n’ayant jamais rien connu d’autre. Ne voyant rien à ajouter sur le sujet, il considéra que c’était donc son tour de poser les questions, bien qu’il répondrait évidemment volontiers si jamais Sorel en avait d’autres.

« Tu viens de Sélénia c’est ça ? J’y ai été, en quelque sorte, mais je n’en ai pas vu grand-chose… Il fronça légèrement le nez au vague souvenir qu’il en avait. Il avait été transformé là-bas, mais il était à peine Éveillé que ses pères et lui avaient dû fuir pour Nevrast, qui lui semblait de fait un endroit bien plus agréable. Tu étais déjà venu à Nevrast, depuis les travaux ? Qu’est-ce que tu en dis ? Je n’ai pas vu comment c’était avant, mais en tout cas j’aime beaucoup ce que Valmys en fait. Tu dois le connaître, non ? »

Il y avait une note certaine de fierté et d’affection dans la manière dont il parlait de leur frère et de son travail. Il ne connaissait peut-être rien d’autre, ou quasiment, mais il était en tout cas évident qu’il aimait sa ville.

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L’enthousiasme de Liv raviva pleinement celui de Sorel et il battit des mains d’un air excité mais fut interrompu de délivrer davantage d’informations puisque son repas se présenta presque aussitôt et il alla le récupérer.
Alors qu’il attaquait son repas, rangeant ses éventuelles expériences avec les bizarreries de sa boutique, Sorel interrogea le jeune vampire sur ses quelques jours de vie et ce qu’il avait expérimenté jusqu’à présent. Il était difficile d’imaginer ce que cela pouvait représenter pour quelqu’un de se retrouver du jour au lendemain, sans souvenir, avec un corps d’adulte. Sans compter les regards dans l’attente, dans l’expectative. Sorel avait connu ça avec Aldaron. Ce visage qu’il avait connu pendant tant et tellement d’année, avant et après Morneflamme, pouvait afficher les mêmes expressions, à l’identique… mais pas toujours aux moments attendus, pas toujours de la façon attendue.
Doucement, lentement, Sorel réapprenait à connaître son père adoptif, s’adaptait de la même façon qu’il s’était adapté à toutes les situations dans lesquelles il s’était un jour retrouvé. La situation d’Aldaron, à l’époque, était bien différente cependant avec des conséquences parfois plus importantes. L’ancien elfe avait conservait presque l’intégralité de ses connaissances d’avant son changement, s’était vu confronté aux attentes des uns et des autres sans être, parfois, en mesure de les rencontrer. Il devait retisser des liens qu’il avait parfois eut pendant des décennies, des liens parfois aussi important que l’air qu’il respirait.

Liv, d’une certaine façon, avait la chance de pouvoir reprendre de zéro sans que personne ne formule d’attente que son ancien lui aurait pu ou dû rencontrer. Il était Liv et évoluerait en tant que Liv, du moins tant qu’il resterait à Névrast.
Sorel avait déjà rencontré Nolan par le passé, a tout le moins de loin et l’avait côtoyé au travers d’Aldaron à bien des égards. Mais lui et Liv étaient deux entités différentes et il se gardait bien de faire le mélange entre les deux.

Alors que le nouveau-né lui exposait son emploi du temps habituel, Sorel ne pu retenir une grimace qui se transforma en un sourire un peu tordu.

« Tu te débrouilles à merveille, » rassura-t-il gentiment. « J’ai rarement rencontré des nouveaux-nés qui se débrouillent aussi bien que toi. Je dois cependant admettre que je n’en ai pas rencontré beaucoup, » avoua-t-il avec un petit sourire. « Tu dois être sacrément occupé avec tout ça, tu as quand même du temps libre pour toi ? »

Sorel enfourna dans sa bouche un morceau de pain encore chaud avec un peu de fromage et émit un petit son satisfait, machouillant joyeusement, content de s’asseoir à même le sol en compagnie de son petit frère avec un repas chaud et consistant sur les genoux. Il savait que dehors il faisait froid, pouvait sentir le froid de la pièce autour de lui, mais cela n’en rendait que la chaleur du feu plus délicieuse.
Liv se lança alors dans une petite fournée de questions qui tira un grand sourire au jeune elfe. Il lui en coûtait presque de rester assis, à manger, alors qu’il ne voulait rien moins que de sauter sur ses pieds et de faire les cents pas en illustrant ses propos avec forces gestes et illustrations.

Les questions de Liv firent pauser Sorel. L’elfe considéra son repas avec hésitation avant de poser le plateau à côté de lui afin d’orienter tout son corps dans la direction du jeune vampire. Une lueur intense brillait dans les yeux du jeune mage.

« Ce que notre frère et Monsieur Espérancieux ont réalisé ici tient de l’oeuvre d’art, » déclara-t-il avec conviction.

Incapable de se retenir plus longtemps, il entreprit de décrire Névrast avant que le port ne soit rebâti par les deux architectes. Il commença par l’impression d’abandon que dégageait la ville auparavant, à quel point ses rues, guères plus que de simples percées au milieu des maigres bâtiments, étaient désertes ou habitées d’âmes errantes sans conviction. Il décrivit l’odeur, celle qui commençait par la brise marine qui soufflait, parfois teintée de celle, imperceptible, indescriptible, de la neige. Une odeur qui, à mesure qu’on approchait des tas de planches qu’on avait l’audace de considérer comme des maisons, se faisait prenante. L’odeur de bois humide, de bois pourri, imprégnant chaque mètre carré de la zone tant qu’on restait à proximité des maisons qui se délabraient plus vite que les habitants ne pouvaient les réparer. Il mentionna la pauvreté et le désordre avec des gestes, décrivant combien l’allure des passants allait de paire avec celles des maisons qui n’en avaient guère que le nom.

« Ce qu’ils ont fait.. » Sorel secoua la tête avec un petit haussement d’épaules, la malice revenant briller dans ses yeux avec une admiration sans honte, « ils ont donné envie aux gens de vivre, pas seulement de survivre au jour le jour et au gré des tuiles qui pouvaient bien leur tomber sur le coin du nez à la moindre bourrasque. Au sens propre comme au figuré. »

Reprenant son plateau sur les genoux et reprenant plus tranquillement son repas.

« Sélénia a été construite alors que l’empire était en mesure de payer pour les constructions, les travailleurs. Ca a été vite fait et bien fait. Mais ses habitants commencent à me faire penser à ceux de Névrast avant que Valmys et Monsieur Espérancieux ne leur rendent espoir. La colère et la vindicte en plus. » Il fit une pause, considérant une carotte bien cuite dans laquelle il croqua, savourant son repas même si celui-ci commençait quelque peu à avoir un goût plus amer. « Les vampires n’ont cessé de se battre depuis leur création, pour autant que je sache. Ils ne sont pas habitué ni n’ont besoin du luxe ou du confort. Ils s’adaptent. Les humains en revanche… »

Il retint un soupir et tenta de se concentrer sur la dernière question du nouveau né, laquelle lui tira un sourire doux.

« J’ai mis longtemps à avoir la chance de rencontrer Valmys. Nous n’étions jamais au même endroit au même moment et je n’ai pas souvent l’occasion de venir voir papa. »

Il attrapa un bout de pain et récupéra la sauce qui se trouvait dans le fond de son plat.

« Alors, comment trouves-tu cette nouvelle famille ? As-tu rencontré Eléonora ? Je suppose que tu as déjà vu Valmys ? » demanda-t-il avec un air chafouin.


Dernière édition par Sorel Gallenröd le Mar 4 Aoû 2020 - 11:00, édité 1 fois

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L’enthousiasme de Sorel à la mention de sa boutique n’échappa au jeune vampire — il aurait été difficile à manquer, au demeurant — mais il fut interrompu avant de pouvoir se lancer par l’arrivée de son dîner, et finalement la discussion partit dans une autre direction. Même si Liv était légèrement déçu, trouvant le sujet nettement moins intéressant, il se prêta au jeu de bon gré et répondit aux questions de son frère du mieux qu’il pouvait. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas parler de lui, simplement qu’il… n’avait pas grand-chose à en dire. Pour le moment. Cela viendrait, il n’en doutait pas une seconde, mais il avait le temps.

Le compliment lui tira un sourire en coin teinté d’ironie — apparemment l’elfe ne s’était pas rendu compte qu’il avait été brièvement considéré comme en en-cas potentiel, ce qui était tant mieux — mais sa voix portait une affection sincère lorsqu’il répondit.

« C’est que je suis très bien entouré. »

Ses pères le guidaient et l’aidaient énormément, et il n’imaginait pas s’en sortir aussi bien sans eux. Il essaya brièvement de les imaginer, eux, les puits de sagesse et de connaissance aussi ignorants qu’il l’était pour l’instant, luttant avec leur instinct… mais l’image était si éloignée de ce qu’il connaissait qu’il ne parvint même pas à se le figurer. Il fallait dire qu’Achroma était vampire depuis plusieurs siècles, et CendreLune, s’il avait été transformé bien plus récemment, avait recouvré la mémoire d’Aldaron. Essayer de les comparer avec sa situation n’avait pas vraiment de sens.

Il haussa de nouveau une épaule à la question suivante, cherchant ses mots pour essayer d’expliquer son point de vue.

« Je n’ai pas vraiment… mieux à faire, pour le moment. J’aime apprendre, et j’en ai besoin pour… savoir quoi faire de moi. Et savoir ce que ça veut dire “moi”, aussi. Je sais que j’aime la magie que j’apprends avec mon père. Que j’aime m’entraîner à l’épée. Avec le temps, je trouverai d’autres choses qui me plaisent, des passe-temps qui m’intéressent… l’équitation, par exemple. Il lança à Sorel un clin d’œil, avant de reprendre plus sérieusement. Mais en attendant ça me convient bien d’avoir un emploi de temps bien rempli, et de profiter de la chance que j’ai de pouvoir être aussi incroyablement bien guidé. »

Et puis ce n’était pas comme s’il était tellement capable de se reposer, quand il en avait l’occasion… Mais ce n’était pas là un sujet qu’il avait envie d’aborder, aussi dirigea-t-il plutôt la conversation sur un sujet bien plus intéressant à ses yeux : Nevrast ! D’après la lueur qui brillait dans le regard de Sorel, c’était également un sujet qui l’intéressait.

Liv hocha solennellement la tête à la déclaration de son frère. Il ne pouvait pas faire la comparaison, mais ce qu’il voyait de la ville actuellement lui suffisait pour partager cet avis. Il écouta, fasciné et un peu horrifié, la description de ce qu’était la ville avant l’intervention des deux baptistrels. On le lui avait déjà évoqué, bien sûr, mais pas de façon si détaillée. Il fronça le nez, tentant d’imaginer ce qu’avait pu être la vie des vampires locaux alors. Il s’affligeait de ce que des vampires — de ce que quiconque, en réalité — ait eu à vivre dans de telles conditions, mais dans le même temps la fierté brillait dans son regard à l’idée de ce que son frère, et, plus indirectement, son père, avaient accompli : rendre sa dignité à un peuple que le reste du monde avait abandonné, mis au ban. Il ne le découvrait pas, bien sûr, son père lui en avait déjà parlé, mais la description vive et précise de Sorel rendait le tout plus… concret, plus réel en quelque sorte.

Liv pencha la tête avec curiosité à la mention de Sélénia. Ce n’était pour l’instant pas un sujet qu’il connaissait bien, même s’il ne doutait pas que son père lui en parlerait plus longuement à l’avenir. Mais pour l’heure, s’il écoutait attentivement, le sujet semblait douloureux à Sorel, aussi décida-t-il de ne pas le creuser plus avant. D’autant qu’un autre, bien plus cher à son cœur, fit son apparition. Le jeune vampire afficha un sourire malicieux en répondant à la première question.

« Je n’aurais pas pu espérer mieux ! Il secoua doucement la tête pour la suite, reprenant avec davantage de sérieux, mais toujours la même bonne humeur pleine d’affection. Tu es le premier que je rencontre en chair et en os. J’ai discuté avec Valmys, mais je ne connais pas encore les autres. Tu les connais ? Ils sont comment ? »

S’il avait envie de tout savoir sur Sorel, il en allait de même pour le reste de ses adelphes. CendreLune parlait de ses enfants avec la même affection, et chacun de façon unique, mais Liv sentait de sa part, pour des raisons différentes, une certaine distance envers Ilhan et Eleonnora, aussi était-il très intéressé d’entendre parler d’eux par une autre personne.

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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Sorel esquissa un sourire de connivence à la mention de l’équitation, reposant à côté de lui son plat désormais presque terminé à l’exception du dessert qu’il préférait encore attendre avant de consommer. Le sucré se préservait pour mieux se savourer.
Il hocha la tête à la conclusion du nouveau-né, conscient du challenge que représentait le fait de n’avoir aucun souvenir, aucune conscience ni connaissance de soi-même. Plutôt que de revenir sur le sujet qui semblait être relativement… compliqué pour Liv, le jeune elfe se concentra plutôt sur la partie qu’il préférait. Et maîtrisait plus efficacement.

« Ma partie préférée dans l’équitation, c’est la relation avec le cheval. Un jour je te présenterais Järn, » proposa-t-il, quoi qu'avec circonspection. L’étalon n’était pas exactement le genre d’animal qu’on présentait dans l’intention de partager une relation. Järn était un animal dangereux au caractère parfois imprévisible, mais peut-être que Liv pourrait en apprendre. « Parfois ce sont les plus difficiles qu’on apprécie le plus, » déclara-t-il avec un sourire tordu, « ceux qui nous jettent dans la boue à la première occasion ou qui nous mâchouille la manche jusqu’à en faire des confettis, » acheva-t-il avec un regard équivoque pour sa manche détruite par les crocs et les dents de la jument.

La conversation se poursuivit sur d’autres sujets et, enthousiasmé par la question de son petit frère, Sorel entreprit de décrire Névrast telle qu’elle avait été avant l’intervention des deux architectes. Il y avait tant à dire qu’il peinait à retranscrire toute la réalité du triste port que la ville avait été auparavant.
Désormais elle resplendissait, nouveau joyau découvert dans un écrin de nature sauvage. Le port n’avait rien à envier à celui de Caladon, l’inverse s’avérerait probablement vrai dans un futur proche, cependant. Connaissant les compétences d’Aldaron, il ne tarderait pas à trouver un moyen d’attirer les marchands et leurs bateaux aux cales alourdies de marchandises. Névrast était en passe de devenir le nouveau port d’attache de Sorel, ce qui allait représenter plus de difficultés que Caladon, à bien des égards.

Vint le sujet des adelphes de la famille et encore une fois, la réaction de Liv tira un grand sourire à Sorel. Il trouvait un caractère plutôt semblable au sien en la personne du jeune vampire. Il avait la même liberté d’expression, la même aisance et le même désir de jouer sans la moindre mauvaise intention.
Pour autant, la question de Liv le rendit, prétendûment, perplexe. Inclinant la tête sur le côté et considérant le vampire avec curiosité, il ne répondit pas immédiatement aux questions enthousiastes et curieuses du nouveau-né.

Ce n’était pas qu’il n’avait pas compris la question, il savait maintenant depuis quelques temps qu’Ilhan faisait partie de la famille, au même titre que Liv, par exemple, mais peu nombreux étaient ceux au courant. Il se devait de garder le secret et de le protéger autant que possible et pour aussi longtemps que cela s’avérait nécessaire. Hors la question de Liv ne devrait, théoriquement, que concerner Eléonnora mais l’usage du pluriel lui mettait la puce à l’oreille. Son petit frère était-il déjà au courant de son lien fraternel avec Ilhan ? Ou s’agissait-il d’une autre personne qu’Aldaron aurait adopté sans que le jeune elfe ne soit au courant ? Les deux étant tout aussi probable l’un que l’autre, il serait dangereux de se jeter tête la première, sans aucune précaution ni prudence, et de dévoiler des informations avec lesquelles on lui avait fait confiance.

Peu désireux, cependant, d’user des mêmes trucs et artifices qu’il aurait utilisé avec n’importe qui d’autre, Sorel ne modifia pas son expression. Il ne fronça pas les sourcils ni n’afficha une expression perdue ou confuse. Il se contenta de considérer Liv avec curiosité et attention, mais sans l’intensité parfois dérangeante qui pouvait être la sienne.

« Je pourrais effectivement te parler d’Eleonnora, quoique de façon succincte car je n’ai eut l’occasion de la rencontrer qu’une fois, mais tu emploies le pluriel ? » s’enquit-il, usant d’une légère intonation curieuse.

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Sans la moindre surprise, Sorel ne manqua pas de réagir à la mention de l’équitation, tirant un nouveau sourire amusé à son jeune frère. Il aimait manifestement beaucoup les animaux, et c’était un réel plaisir de l’écouter en parler, tout comme de le voir interagir avec. Järn, donc, était de toute évidence son cheval ; Liv se demanda s’il avait d’autres animaux. Une question à ajouter à toutes celles qu’il avait à lui poser. La remarque lui tira un petit rire amusé, et il lança un regard éloquent à la manche de son frère avant de répliquer d’un ton malicieux :

« Et je vois que tu m’as apporté la meilleure que tu aies pu trouvé dans ce domaine. »

Il pressentait en effet qu’il allait se retrouver plus d’une fois à terre avec sa nouvelle compagne, mais la perspective ne l’inquiétait manifestement pas outre mesure. Si c’était le prix à payer, il s’en acquitterait volontiers ; cela n’en rendrait leur relation que plus particulière et les marques d’affection qu’elle pourrait lui donner plus précieuses.

La conversation se poursuivit jusqu’à revenir sur le sujet de la famille, et le temps d’arrêt que marqua l’elfe aux questions de Liv lui tirèrent un haussement de sourcils curieux. Toutefois, il comprit ce qu’il en était avant même que son frère ne reprenne la parole, en se rendant compte qu’il n’avait mentionné qu’Eleonnora dans sa question, alors que le jeune vampire avait, tout naturellement, inclus Ilhan dans les siennes. Ce qui était parfaitement logique : lorsque CendreLune lui avait parlé du Sainnûr, il avait bien précisé le secret qui entourait ce lien, tout en lui indiquant qui était au courant. Liv savait donc qu’il pouvait en parler librement, mais Sorel, de son côté, n’avait pas de moyen de savoir ce qu’il en était. La formulation qu’il employa pour l’interroger, sans confirmer ses paroles ni pour autant chercher à les nier, attesta qu’il voulait avant tout vérifier ses soupçons. Liv afficha un sourire en coin et prit un air faussement mystérieux pour lui répondre.

« C’est que j’avais espéré que tu pourrais me parler d’Ilhan aussi. Il laissa échapper un petit rire avant de retrouver son ton habituel, précisant malgré tout, au cas où Sorel ait besoin d’être rassuré : Père m’a dit que tu étais au courant, quand il m’a parlé de lui. »

De toute évidence, il n’avait pas pris la moindre offense des précautions dont faisait preuve Sorel à son égard. Au contraire, il trouvait tout à fait louable le soin qu’il mettait à protéger un secret qu’il ne lui appartenait pas de révéler, même envers une personne a priori de confiance. Lui-même se morigéna quelque peu de ne pas avoir été plus attentif à ce sujet, même s’il était absolument certain que ce détail ne lui aurait pas échappé s’il n’avait pas déjà su pouvoir en parler avec lui.

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Le jeune elfe émit un reniflement amusé alors que sa posture se détendait imperceptiblement. Se frottant doucement les mains, à la fois pour s’occuper et pour se réchauffer un peu, Sorel jeta un regard alentours avant de se lever.

« J’ai rencontré Eléonnora une fois et c’était il y a... »

Une éternité. Avant Morneflamme, réalisa-t-il. Pour autant, cela ne faisait que quelques années, et pas beaucoup avec ça. Morneflamme s’était abattue sur sa vie et avait tracé un sillon profond et enflammé qui divisait celle-ci en un “avant” et un “après”. L’abysse était si profond qu’il n’était pas sûr de pouvoir un jour en voir le fond ni en apprécier toutes les conséquences.
Il réalisa qu’il s’était momentanément immobilisé dans sa quête muette et reprit son chemin pour s’emparer de quelques coussins épais et moelleux avant de draper une couverture sur ses épaules et de revenir s’installer près du feu.

Il se racla la gorge avec un léger froncement de sourcils, s’affairant sans trop oser regarder Liv de peur de trahir son trouble momentané. « Euh… Un certain temps ? On était encore en Ambarhùna. Une brève rencontre à Gloria. Papa m’en parlait souvent quand il allait la voir, il s’est occupé d’elle et l’a vue grandir. Je pense que les choses sont un peu plus compliquées maintenant. Pour le coup, je ne saurais pas trop t’en dire plus. »

Tout en parlant, expliquant ce qu’il savait d’Eléonnora, il avait arrangé les coussins à proximité du feu et les avait positionnés de sorte à, si Liv en avait l’envie, il puisse se joindre à lui. Une fois satisfait de son petit arrangement, il se pelotonna au milieu des coussins et s’enroula dans la couverture avec un son proche d’un ronronnement de contentement.
Il croisa le regard de son frère et esquissa un petit sourire de gosse innocent qu’on retrouve dans un château fort constitué de tentures et de coussins organisés autour de deux chaises stratégiquement positionnées.

« J’adore faire ça, » expliqua-t-il avec une petite moue, avant d’enfoncer son nez dans la texture douce de son nouveau cocon de tissu, dans lequel il s’enfonça jusqu’à ce que seule sa tête soit visible. On l’imaginait bien se couvrir jusqu’aux yeux s’il en avait l’occasion mais il devait parler et même si Liv avait certainement l’ouïe fine avec sa nouvelle condition de vampire, Sorel trouvait cela légèrement impoli.

Pelotonné dans son petit nid, il s’interrogea sur la façon de décrire Ilhan afin de pouvoir donner une idée à son petit frère. Il y avait tant à dire et à expliquer, à exprimer, mais pouvait-il tout dire à Liv. Au moins ce qui était publiquement connu et ce qui, par conséquent, restait l’essentiel de ce qu’il avait à dire.

« Je l’ai rencontré pour la première fois pendant la scission de l’empire humain, entre Korentin et Fabius Kohan... » commença-t-il avec un petit sourire.

Il entreprit de décrire, succinctement, la façon dont il avait fini par travailler main dans la main avec Ilhan et comment, de là, un certain lien s’était noué. Qu’il s’agisse d’une confiance née d’un travail commun, dans un même but, et le fait de pouvoir compter sur une autre personne avec l’assurance d’être aidé, soutenu d’une manière ou d’une autre. Il mentionna quelques anecdotes un peu plus personnelle comme ces fois où, alors qu’ils espionnaient ou qu’ils attendaient un quelconque événement, ils dégustaient des gourmandises pour passer le temps. Sans compter la fois où Sorel s’était à moitié étouffé avec une part de tarte alors qu’ils étaient occupé à comploter dans un endroit relativement peu sécurisé. L’expression d’Ilhan et la nervosité d’être repéré alors que Sorel était en train de faire de son mieux pour s’étouffer en silence… le tout suivi d’une bonne poilade à deux, une fois certains qu’ils n’étaient pas en danger immédiat. Il raconta le tout, baissant la couverture de sorte à pouvoir gesticuler et imager ses propos avec ses mains, usant de tout son corps pour s’exprimer. Du moins autant que la station allongée le permettait.

Il se tut un instant, un sourire jouant sur ses lèvres. « Ilhan est génial, si ce n’est pour son appréciation modérée du contact physique, » dit-il avec une petite moue. « Si tu as des questions, n’hésites pas surtout. Ce sera peut-être plus facile. »

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L’interruption de l’elfe intrigua son jeune frère, qui lui lança un regard interrogateur, mais demeura silencieux. Plus brève, elle aurait pu passer pour une tentative d’estimer la durée en question, mais elle s’étira, Sorel arrêta jusqu’à son mouvement, l’air perdu dans de sombres pensées. Il semblait que se plonger dans le passé ait fait remonter de mauvais souvenirs, et si Liv ignorait lesquels, il estima préférable de ne pas poser la question, laissant à son frère le temps qu’il lui faudrait, malgré sa curiosité. La rencontre avec Eleonnora s’était-elle si mal passée ? Ou était-ce tout autre chose ?

Sorel finit par reprendre son mouvement et la parole, mais ne souhaitait manifestement pas évoquer ce qui l’avait tant troublé. Liv respecta son silence et fit comme si de rien n’était, prêtant moins d’attention à ses propos — qui ne lui apprenaient pas grand-chose qu’il ne savait déjà — qu’à ce qu’il était en train de manigancer avec les coussins… Un sourire doux se dessina malgré tout sur ses lèvres à la mention de leur père, qui se fit légèrement narquois sur la fin de la tirade. Compliquées… oui, c’était également l’impression qu’il en avait, mais il n’en savait pas davantage, et n’en apprendrait manifestement pas plus aujourd’hui. Bah, il verrait bien plus tard, ce n’était pas si important.

Il fronça légèrement les sourcils, observant la réalisation de son frère d’un air intrigué, avant que ce dernier ne s’installe et que la réalisation n’éclaire son regard et lui tire un gloussement amusé. Il n’avait jamais eu l’idée de ce genre de choses — eh bien, il n’avait guère eu de temps à lui depuis son Éveil pour pouvoir l’envisager, à vrai dire — mais il aimait beaucoup l’idée. Il se coula nonchalamment de son fauteuil et vint s’installer près de Sorel, s’asseyant en tailleur sur le tas de coussin qui avait été laissé à sa disposition avec un sourire appréciateur.

« Je comprends pourquoi ! »

Il se demanda brièvement ce que dirait leur Digne et Sérieux Père lorsqu’il les rejoindrait enfin, les trouvant tous les deux à même le sol… Mais puisque ça semblait être une habitude de l’elfe, sans doute ne serait-ce pas la première fois pour lui. En tout état de cause, il doutait qu’il en serait excessivement fâché. Et s’il l’était tout de même un peu, ils parviendraient sans doute à l’amadouer…

Confortablement installé, il écouta Sorel lui parler de leur frère avec un petit sourire attendri, éclatant même franchement de rire à l’anecdote de la tarte. Il y avait une telle affection et une telle tendresse dans la voix de son frère quand il en parlait, que soudainement Ilhan lui sembla un peu moins impressionnant, un peu moins… inatteignable, peut-être. Un peu. Il restait quelque peu nerveux à l’idée de le rencontrer, lorsque le moment viendrait, mais il se faisait une meilleure idée de la personne qu’il était, et dont il avait hâte de faire la connaissance par lui-même. La dernière remarque lui tira un petit rire amusé.

« Personne n’est parfait… »

Il réfléchit quelques instants, se passant la main sur le menton, mais il n’avait pas vraiment de question précise à poser sur leurs adelphes, il désirait simplement de quoi pouvoir s’en faire une idée, ce que Sorel lui avait apporté, au moins en ce qui concernait Ilhan. Il ramena son regard sur son frère, s’apprêtant à répondre, quand une idée lui vint, éclairant ses yeux d’azur et son sourire d’une lueur sournoise et espiègle.

« Une seule… est-ce que tu crains les chatouilles ? »

Tout en parlant, il avait vivement glissé une main sous la couverture, n’attendant pas de réponse pour tester par lui-même.

Le chahut fraternel qui s’ensuivit dura quelques minutes, avant que Liv ne décide de laisser un répit à Sorel pour le laisser reprendre son souffle. Lui-même n’en avait pas besoin, et ça lui semblait un avantage un peu trop injuste. Lorsque Sorel fut de nouveau en état de parler, il reprit, avec un peu plus de sérieux, mais l’intérêt brillant dans ses yeux.

« Tu allais me parler de ta boutique, tout à l’heure ? »

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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L’accord enthousiaste de Liv ne fit qu’accentuer le plaisir de Sorel dont le sourire crût jusqu’à en avoir l’air presque douloureux. Alors que le jeune vampire s’installait en tailleurs près de lui, l’elfe s’approcha en empruntant la technique de la chenille jusqu’à se tenir tout proche, appréciant manifestement la proximité physique.
Confortablement installé et au chaud, appréciant le contact de la couverture enroulée autour de lui, Sorel entreprit de décrire Ilhan et de le présenter à Liv, usant aussi bien de ses mains que de ses mots.

La remarque du nouveau né quant à la perfection entachée d’Ilhan arracha un gloussement à Sorel.

« Il reste une personne qu’il est bon de connaître. Tu verras, » ajouta-t-il en levant les yeux vers Liv, « il est vraiment gentil et généreux. Et puis, si tu restes anxieux, rappelle-toi mon conseil concernant Ombrenuit. Il fonctionne aussi sur les gens et avec Ilhan il n’y a rien de plus efficace qu’un petit quelque chose sucré. Tu as l’embarras du choix entre les sucreries et les pâtisseries. »

Une fois satisfait du portrait qu’il avait dépeint de son frère, lui qu’il pouvait désormais considérer de la sorte, Sorel proposa de répondre aux questions que pouvaient avoir son nouveau petit frère. Tant de nouveaux compagnons ! songea-t-il avec excitation. Venant de tant d’horizons différents, tant de pensées différentes.

La réponse de Liv, cependant, lui fit marquer un temps d’arrêt, le temps que la question - autant interrogation que menace de la pire espèce - ne prenne tout son sens. Ouvrant la bouche sur une exclamation muette, Sorel tenta de s’extirper du piège dans lequel il s’était lui-même embourbé, à savoir la couverture étroitement enroulée autour de lui.
Se tortillant de son mieux pour essayer d’échapper aux chatouilles impitoyables, Sorel finit par se contorsionner pour essayer d’infliger le même sort à Liv en représailles. Il était certes plus grand que le jeune vampire mais cela n’offrait que plus d’espace à ce dernier pour le tourmenter. Particulièrement sensible, le jeune elfe passait plus de temps à se tortiller dans l’espoir d’échapper aux impitoyables chatouilles qu’à tenter de faire subir le même sort à son petit frère.

A bout de souffle, le ventre douloureux et les côtes fourmillantes, Liv finit par le laisser tranquille et Sorel se laissa tomber au sol, respirant bruyamment avant d’éclater de rire, l’amusement faisant pétiller ses yeux verts clairs.
La question de son frère lui arracha un souffle amusé alors qu’il tentait toujours de retrouver son souffle et frottait son ventre d’un geste absent. Méfiant quant aux mains bien trop agiles de Liv, Sorel tenta néanmoins de retrouver une position confortable. Se rapprochant subrepticement une fois sûr que ses flancs endoloris et sensibles n’étaient pas menacés d’un nouvel assaut.

« Elle ne paie pas de mine, » commença-t-il avec un air songeur. « La devanture est toute simple mais jolie, on peut deviner ce qu’il y a à l’intérieur, juste assez pour attiser la curiosité mais pas suffisamment pour dévoiler tous ses secrets. »

Il jeta un regard mutin à Liv, comme si cette description ne convenait pas seulement à la boutique. On pouvait beaucoup en dire, au sujet de Sorel, et peut-être que cela pouvait correspondre mais seulement jusqu’à un certain point.

« Je récupère et rachète à peu près tout ce qui m’intéresse, l’étudie et le revends si je ne souhaite pas le garder. Parfois des gens ont besoin d’argent et viennent chez moi revendre leurs affaires. Il arrive que cela occasionne quelques… acquisitions particulières. » Il prit un air songeur avant qu’une idée n’éclaire son visage, ou plutôt un souvenir. « Il y a quelques temps, j’ai récupéré une main finement ouvragée, je pense certainement sculptée dans du marbre blanc veiné de gris. Magnifique. Certainement une main de femme, probablement créée dans le but de tenir les bijoux de madame lorsque celle-ci ne souhaite ou ne peut pas les porter. Je l’ai achetée, examinée puis mise en vente. »

Il ne put retenir un petit rire silencieux qui le fit légèrement grimacer lorsque cela contracta ses abdominaux déjà malmenés.

« Un jour, en ouvrant la boutique, j’ai découvert qu’un joli bracelet de nacre et d’argent enserrait le poignet. Je n’y ai d’abord pas prêté grande attention et puis quelques jours plus tard, une chevalière en or ornée d’un rubis trônait sur le majeur, bien trop large mais néanmoins magnifique. J’étais perplexe. Une autre fois, c’est un sac de billes que la main tenait au creux de sa paume. » Il ricana, cachant son hilarité derrière sa main. « Un petit sac en cuir contenant du tabac, un vieux bouton mais néanmoins très joli. J’ai continué à faire des découvertes improbables jusqu’à ce que je vois un visiteur penché sur elle, passant ses doigts sur le marbre sculpté et… au moment de retirer sa main, les longs doigts fins et agiles de la petite maline retenir la bague qui ornait son doigt sans qu’il ne remarque quoique ce soit. Evidemment, il me fallait plus d’informations alors j’ai attendu les prochains visiteurs et j’ai observé. Parfois, elle arrivait à voler directement dans une poche ou elle chipait au passage d’un badaud. Elle était d’une dextérité fantastique, c’était un véritable spectacle pour les yeux. Un peu moins lorsqu’un visiteur se rendit compte que ma boutique était le seul endroit où il était passé et que la bague de fiancaille récemment achetée avait mystérieusement disparue pour se retrouver miraculeusement au doigt de la petite voleuse. »

Voyant l’engouement et l’intérêt de Liv, Sorel réfléchit quelques instants. Il en avait des histoires à raconter, ce n’était pas comme si sa boutique ne voyait pas de drôles de bonhommes passer presque tous les jours. Sans parler de sa petite toile de brigands éparpillés autour de sa boutique pour la protéger, qu’il soit là ou pas. Il avait sa propre réserve d’histoires drôles et d’anecdotes bizarres ou hilarantes mais il cherchait des choses plus représentatives de ce qu’il pouvait vivre parfois. Peut-être juste moins ordinaires que le passant qui se retrouve avec un objet inestimable, tentant par tous les moyens de justifier comment il était entré en sa possession.
Un souvenir lui revint et il renifla, à la fois amusé et toujours vaguement endoloris.

« Une fois je me suis retrouvé avec un miroir - honnêtement j’ignore comment, je ne me rappelle pas avoir accepté d’acheter cette horreur mais je suppose que je l’ai trouvée drôle. Il était d’argent, son contour sculpté pour représenter les vagues et, par endroit, des hippocampes dont on avait décoré les yeux de saphirs. Magnifique. Une oeuvre d’art. » Il esquissa un rictus, amusé malgré lui, hilare malgré tout. « Dommage qu’il ait la mauvaise habitude d’insulter quiconque y trouvait son reflet, moi inclus. Il pouvait imiter la voix de n’importe qui à partir du moment où il avait eut l’occasion d’entendre la voix en question. Crois-moi, j’ai cru entendre certaines intonations familières plutôt surprenantes. C’était absolument hilarant… jusqu’au jour où un personnage peu recommandable a passé la porte et que ce foutu miroir a décidé d’emprunter ma voix pour l’agonir d’injures. Disons que ça n’a pas été une partie de plaisir, surtout qu’en voulant prouver mon innocence, cette saloperie a décidé de changer de voix histoire de bien me mettre dans la mouise. »

Il plissa les yeux en se remémorant le sale quart d’heure qu’il avait passé. Son expression se mua en une moue narquoise assez rapidement cependant :

« Un homme est venu, une fois, a trouvé le miroir absolument stupéfiant et idéal. Un cadeau pour sa belle-mère, m’a-t-il indiqué. J’imagine qu’il ne devait pas la porter dans son coeur, » conclut-il avec une expression hilare.

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Sorel se défendit de son mieux du fourbe assaut de son frère, et tenta même de contre-attaquer, mais le soin avec lequel il s’était enroulé dans les couvertures le désavantageait bien trop pour qu’il puisse constituer un réel adversaire… Le jeune vampire n’avait pas souvenir de s’être autant amusé, mais dans son cas ça ne voulait pas dire grand-chose. Mais il n’en appréciait que davantage ce moment, eux deux riant côte à côte, l’amusement manifeste de son frère à bout de souffle, et qu’il partageait. C’était un sentiment agréable et naturel, presque comme s’ils avaient grandi ensemble et se connaissaient depuis toujours. Ce qui, dans son cas, n’était somme toute pas si éloigné de la réalité. Pour autant, il avait également encore tout à apprendre sur lui ! Et c’est pourquoi il relança la conversation sur sa boutique, se rappelant la joie dont il avait fait preuve la première fois qu’elle avait été évoquée.

Voyant le regard méfiant de son frère, Liv leva les mains en gage de paix, ce qui sembla suffire à rassurer Sorel qui se rapprocha avant de prendre la parole. Le début de la description tira un sourire à Liv, qui haussa bien vite les sourcils à la suite. Le regard mutin que lui lança Sorel suffit à confirmer l’idée qui lui était venue que sa dernière phrase pouvait sans doute aussi s’appliquer à l’elfe lui-même.

Il écoutait avec curiosité l’histoire de la mystérieuse main, se penchant en avant à mesure que son intérêt grandissait, si bien qu’il finit allongé à son tour, sur le ventre, les coudes confortablement appuyés sur le tas d’oreillers et les mains soutenant sa tête, le regard attentif et captivé fixé sur Sorel. Il pouffa à l’élucidation du mystère, puis de nouveau à la conclusion de l’histoire, qui toutefois n’était pas tout à fait terminée selon lui.

« Au moins il a pu récupérer sa bague ? Mais qu’est-ce qu’est devenue la main voleuse ‽ J’imagine que tu n’as pas pu la garder en boutique après toute cette histoire ? »

La seconde anecdote était tout aussi savoureuse et drôle, et s’il se retint de rire des malheurs de son frère, ce ne fut qu’avec difficulté. Il fit preuve de moins de retenue à la conclusion, se permettant cette fois d’éclater de rire.

« Je suis sûr que ce présent a dû grandement améliorer leur relation… »

Si les histoires étaient amusantes, il y avait surtout une grande tendresse dans la voix de Sorel lorsqu’il en parlait. Il aimait sa boutique, cela se voyait et s’entendait. Liv espérait trouver un jour une telle vocation, quelque chose où il pourrait se sentir aussi… à sa place, que son frère semblait l’être. Il avait le temps bien sûr, et il avait beaucoup à apprendre avant ça, mais c’était un but qu’il s’était fixé.

« Ta boutique a l’air vraiment incroyable ! Il faudra que je passe la visiter un jour ! »

Bien sûr, à l’heure actuelle ce n’était pas exactement un projet réalisable, puisqu’il n’ignorait pas être interdit de séjour à Sélénia, mais ça ne l’avait pas empêché de l’évoquer avec entrain et conviction. Les choses changeaient, les situations évoluaient… qu’il ne puisse pas le faire pour le moment ne signifiait pas que ce ne serait jamais le cas. Ou qu’il ne trouverait pas un moyen de contourner les problèmes…

La tête légèrement penchée, il considéra son frère, qui avait environ son âge — quoi que l’un devait avoir près d’un siècle et l’autre seulement quelques jours — et qui gérait son affaire — ainsi que d’autres affaires moins avouées du Marché Noir, s’il avait bien compris — seul et loin de sa famille, avec une certaine admiration dans le regard. Pourrait-il en faire autant, le temps venu ? Il était dans l’ordre normal des choses que les enfants prennent leur indépendance et quittent leurs parents, paraît-il, pourtant il ne parvenait pas à s’imaginer vivre si loin de ses Pères. Était-ce seulement dû à la récence de son Éveil, ou est-ce que ça faisait partie de son tempérament ? Seul le temps le dirait… Il reprit la parole d’un air un peu pensif, sa curiosité cette fois teintée de sollicitude.

« Ce n’est pas trop dur, d’être tout seul là-bas, loin de ta famille ? »

Peut-être qu’au fond sa question n’avait guère de sens, tant la famille était éparpillée aux quatre coins de l’Archipel, mais elle en avait pour lui, à tout le moins, qui n’avait rien connu d’autre que la vie à Nevrast auprès de ses Pères.

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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A la question de Liv concernant le devenir de la main voleuse, le jeune elfe serra les lèvres pour masquer un grand sourire, adressant un regard innocent à son petit frère.

« Je ne pouvais décemment pas la vendre, tu comprends. » Il fronça les sourcils, prenant un air tellement sérieux qu’il en était ridicule. « Qui sait ce qu’un malandrin malavisé pourrait en faire, peux-tu imaginer ? » Il secoua la tête, affichant toujours cet air faussement sérieux. « Je l’ai bien évidemment gardée, » conclut-il en hochant la tête d’un air entendu.

Le commentaire du jeune vampire à l’égard de la relation - a priori idéale - entre un gendre et le cadeau de ce dernier à sa belle-mère, le fit éclater de rire à son tour.

« Je me dis que si cette dame a une once de bon sens, elle aura trouvé un moyen de le revendre. Je pense que le contour du miroir à lui seul peut valoir une certaine fortune. »

Il inclina la tête afin de pouvoir regarder Liv dans les yeux, affichant l’expression d’un renard satisfait qui aurait trouvé le chemin parfait pour se rendre au poulailler.

« Crois-moi qu’en voyant l’intérêt tout particulier du monsieur, j’ai moi-même empoché une somme très satisfaisante. »

Sorel avait le don d’estimer, à l’attitude, l’intérêt d’une personne pour un objet. L’observation des vêtements, de la posture et de l’attitude pouvait parfois indiquer, également, le milieu d’origine et les moyens pécuniers du visiteur en question. Par conséquent, ses prix pouvaient varier d’un acheteur à un autre, toujours dans l’intérêt du jeune elfe. Ce n’était pas pour rien qu’il avait ouvert une telle boutique, à Sélénia, dans un emplacement stratégique. Juste assez dans les beaux quartiers pour attirer le beau-monde tout en étant suffisamment proche des coins plus malfamés pour permettre aux visiteurs moins avantagés de venir trouver satisfaction sur ses étagères.

La boutique de Sorel voyait un public large, un panel varié de visiteurs. Ce qui satisfaisait sa curiosité et son besoin de rencontrer diverses personnalités, n’importe qui. Uniquement avoir à faire avec des nobles épuisait très rapidement l’éventail des possibilités. En ayant accès à tous les types d’habitants de Sélénia, le hasard avait souvent de quoi le surprendre. Parfois pas de façon positive mais l’elfe n’y voyait aucun inconvénient, bien au contraire.

L’envie de Liv de lui rendre visite pour voir, de lui-même, la boutique, lui tira un sourire d’une incroyable douceur. Sorel se pelotonna un peu plus près du nouveau-né, comme si l’idée, la simple envie de son nouveau petit frère de venir le voir le réchauffait.

« N’importe quand, tu es le bienvenu. Je te ferais visiter si tu veux, et peut-être que je te laisserais voir pour vendre un ou deux trucs, t’expliquer un peu. Ou étudier certains objets que j’ai récupéré et pas encore démasqué. Ce que tu voudras Liv, ma maison est ta maison. En tout temps. »

Sorel n’était pas sans savoir que les vampires et, plus particulièrement, les Elusis n’étaient pas - ou plus - les bienvenus à Sélénia mais cela ne l’avait que rarement empêché de n’en faire qu’à sa tête. Et puis, ce genre d’interdiction finissait toujours par se défaire. Les humains avaient tendance à vieillir vite et à disparaître plus vite encore, leurs lois étaient changeantes à l’image de l’humeur des mortels. Les choses changeraient bien assez vite pour permettre à Liv de lui rendre visite sans crainte. Sorel avait des années devant lui, tout comme Liv. Il refusait d’envisager que quoique ce soit puisse arriver à l’un ou l’autre des membres de sa famille, lui inclus. Il avait traversé Morneflamme, il en verrait d’autres et il ne pouvait imaginer pire que cette horreur. La pensée, bien que fugace, laissa planer une ombre, brève, sur le visage du jeune elfe.

La question de Liv, en revanche, le fit se recroqueviller quelque peu, ses sourcils s’inclinant d’un air… pas tout à fait inquiet, pas tout à fait à l’aise non plus.

« Si, » avoua-t-il avec une once d’amertume. « Certains jours plus que d’autres. Mais c’est devenu une habitude plus qu’autre chose. J’ai endossé ce rôle depuis longtemps maintenant… » Il inclina la tête, fouillant sa mémoire même s’il savait déjà exactement depuis quand cette position était la sienne. « J’ai décidé de rester en arrière pour la première fois pendant la scission entre les humains. Je suis resté du côté de Fabius pendant que papa restait avec Korentin, pour pouvoir soutenir la rébellion. Depuis... c’est devenu quelque chose que je sais faire alors je le fais. » conclut-il avec un haussement d’épaules.

Il leva les yeux vers le plafond, considérant celui-ci comme s’il détenait quelque chose dont Sorel avait besoin.

« J’ai besoin de compagnie, je ne suis pas quelqu’un qui peut vivre seul et s’en contenter. Mais maintenant j’ai Tania qui m’aide à la boutique et des visiteurs qui y viennent, des gens du quartier que je connais. Ca aide. Mais papa me manque souvent, Valmys et Ilhan aussi. C’est pour ça que j’essaie de venir le plus souvent possible, » finit-il avec un sourire à l’attention de Liv.

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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La réponse de l’elfe quant au devenir de la main voleuse tira un gloussement amusé et un sourire entendu à Liv.

« Bien sûr, c’était la seule solution raisonnable pour éviter qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains, tu n’avais pas le choix… »

La boutique de Sorel semblait fascinante, et Liv avait très envie de la découvrir de ses propres yeux. Une envie partagée par son frère, à en juger par la façon dont il vint se pelotonner contre lui et lui sourit avec douceur. À l’évidence, aucun des deux adolescents ne considéraient l’interdiction de séjour du clan Elusis à Sélénia comme un obstacle dissuasif à leur projet… L’impétuosité de la jeunesse ne se laissait pas arrêter par de si menus détails, surtout lorsque cette jeunesse était celle d’un elfe et d’un vampire. Qu’étaient les lois humaines, si brèves et changeantes, face aux siècles qu’ils avaient devant eux ?

La réponse de Sorel attendrit le sourire qui ne quittait pas Liv. Il était touché par les dernières phrases, dont il ne doutait pas une seconde de la sincérité. Mais la précédente avait allumé des étincelles d’excitation dans son regard. Identification ! Il connaissait, et c’était même un exercice qu’il affectionnait ; révéler les mystères dissimulés dans les glyphes, comprendre leur fonctionnement et leurs effets, c’était passionnant ! C’était une des premières choses qu’il avait appris à faire, à sa demande, bien qu’il s’agisse d’une magie assez avancée.

« Oh oui, je pourrai t’aider à dévoiler les secrets des objets mystérieux et obscurs ! »

Il était moins sûr de lui en ce qui concernait jouer les vendeurs, mais si son frère lui faisait confiance pour tenir ce rôle, il ferait comme toujours de son mieux pour s’en montrer à la hauteur. Et ça pourrait être amusant !

Son enthousiasme s’estompa cependant alors qu’il se prit à imaginer la solitude de son frère. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas vu passer l’ombre sur son visage, mais il ne put manquer sa façon de se recroqueviller et la mine qui s’afficha sur son visage à la question qu’il avait posée sans vraiment y penser, et qu’il commençait presque à regretter. Il s’en voulait un peu d’avoir abordé un sujet qui attristait si manifestement Sorel, mais d’un autre côté ce n’était pas quelque chose qu’il souhaitait ignorer. Tout au contraire.

Le jeune vampire le considéra avec une admiration renouvelée, en l’imaginant quitter sa famille pour se trouver entouré d’ennemis, au nom de la rébellion. Aurait-il pu en faire autant s’il avait été à sa place ? Sans doute, réalisa-t-il, si c’avait été la chose à faire pour aider au mieux son père. Mais ça ne l’attristait pas moins que Sorel ait eu à le faire. Objectivement, il avait plus d’un siècle de plus que lui, mais d’une certaine manière, il était aussi plus jeune, en réalité. Il fut pris d’une féroce envie de le protéger, pas seulement des dangers et des ennemis, mais aussi de la solitude et de la tristesse, de tout ce qui pourrait le blesser d’une façon ou d’une autre.

Liv était rassuré d’entendre qu’il avait au moins des gens sur qui il pouvait compter, là-bas, mais ça ne remplaçait pas la famille bien sûr. Naturellement, sans plus y réfléchir ou hésiter que précédemment, il se laissa rouler sur le côté pour se retrouver dans le même sens que son frère, qu’il entoura de son bras tout en se lovant contre lui aussi près qu’il le pouvait.

« Je viendrai te voir aussi souvent que je pourrai. »

Il y avait dans sa voix un semblant d’excuse, pour avoir assombri leur conversation jusqu’alors si joyeuse, mais aussi la conviction d’une promesse muette.

descriptionCadeau de bienvenue [PV Sorel] EmptyRe: Cadeau de bienvenue [PV Sorel]

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A l’approbation tout à fait justifiée de son petit nouveau frère, Sorel gloussa, l’amusement brillant dans ses yeux verts. Effectivement, cet artefact pouvait tomber entre de mauvaises mains mais celles de Sorel étaient-elles les meilleures pour autant ? Probablement pas. Après tout l’objet faisait, par moment, une réapparition sur ses étagères en guise de décoration qui, parfois, lui rapportait plus que ses ventes de la journée. Mais c’était uniquement lorsqu’il avait un visiteur particulier, rarement quiconque en manque de moyen. Sorel pouvait se montrer roublard mais rarement aux dépens de ceux qui ne pouvaient pas se le permettre.

La mention des mystères à élucider dans sa boutique alluma une étincelle d’excitation dans les yeux de Liv et Sorel prit note de cet intérêt. S’il suffisait d’amasser quantité d’objets complexes à identifier pour satisfaire son compagnon, il allait certainement se retrouver prochainement avec un stock improbable d’objets divers et variés. Il s’assurerai au préalable d’abord qu’aucun d’entre eux ne représentait un danger quelconque pour la santé de Liv. Quitte à le tester dans un premier temps, au moins un minimum. Juste pour être sûr. Il ne pouvait définitivement pas permettre à son petit frère d’être blessé par sa faute. Encore moins chez lui. Peu importait que Sorel soit en mesure de lui venir en aide et de le guérir si besoin, l’éventualité d’une blessure devait être réduite au minimum, elle était inacceptable pour commencer.

Liv, cependant, se déplaça, arrachant un regard d’abord inquiet de la part de l’elfe, ne désirant pas encore perdre le contact qu’il venait tout juste d’initier mais l’inquiétude s’évanouit presque aussitôt qu’elle s’était manifestée. Un sourire éclairant soudain les traits de Sorel, celui-ci se pelotonna au plus près, nichant son visage contre l’épaule du nouveau-né vampirique sans en ressentir la moindre appréhension.
Ravi de leur nouvelle position, Sorel sembla se coller autant que faire se pouvait, enchanté qu’il était d’avoir découvert quelqu’un qui semblait être en mesure d’initier quelque contact physique avant lui.

« Quand tu veux. Sois juste prudent, préviens-moi si tu peux que j’arrange ton arrivée. »

Les agents du marché noir n’avaient pas vocation à être utilisé de la sorte mais Sorel avait plus d’un tour dans sa manche et d’autres atouts qu’il pouvait utiliser si nécessaire. Peu importait l’effort et les moyens à employer pour parvenir à ses fins, si et quand Liv voudrait le rejoindre à la boutique, Sorel serait prêt à l’accueillir.

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