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Le 05 Décembre 1763

Cela faisait plusieurs jours que Reynagane et moi nous nous étions séparés. Je lui avais dit de partir devant, mais les événements ont fait que je l’avais perdu… je ne savais pas où elle n’était ni si elle était en danger… Ne pas savoir était un sentiment horrible, je dormais peu la nuit, je marchais faiblement le jour… Si pathétique… Voilà ce que j’étais devenue. Mes ancêtres devaient avoir honte de mon comportement… Je ne méritais même plus de vivre, mon honneur était aussi sale qu’une flaque de boue.

Je continuais de marcher sans me soucier de ce qu’il y avait autour de moi. Mon estomac criait famine et je ne savais pas vraiment où je devais aller. Je faisais probablement route vers une destination inconnue… Même si elle est moi étais lié par ce bracelet que je porte, que je savais qu’on se retrouvera un jour, rien ne me certifiait que ce jour sera plus ou moins proche… Voilà que je me remettais au hasard…

Cherchant désespérément de quoi me nourrir. Je sentais mes forces m’abandonner, mon regard n’était plus aussi vif qu’avant… Mais je continuais tout de même d’avancer, en espérant tomber sur quelque chose, un endroit peut-être, ou de l’aide. Je me fichais complètement de ce que je trouverais, mais j’avais besoin d’un truc qui m’aide a avancer, qui me redonner un peu d’espoir et surtout, que je puisse dormir…

Secouant la tête, je me frappais le visage pour me redonner un peu de courage. Qu’est-ce que j’étais en train de penser moi ? Je dois me ressaisir, je viens d’une grande lignée, il est hors de question que je me laisse faire de la sorte. Reprenant mes esprits, je me cache derrière un arbre, oubliant complètement tout ce qu’il y avait autour de moi. Je ne faisais plus qu’un avec mon esprit, laissant mes instincts primaires sortir. J’étais une grande chasseresse… Je ne devais pas l’oublier !

J’allais me jeter sur une proie, lorsqu’une chose s’approcha de la créature que j’allais chasser. Cette dernière prit la fuite dans un nuage de fumée, nous laissant en tête-à-tête. Je poussais un grognement de frustration, montrant mes canines sans aucune gêne. S’il croyait que j’allais me laisser faire, il pouvait toujours courir…

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Voler n’était pas un problème, surtout dans cet environnement. Les immenses plaines de Calastin offraient à la dragonne une certaine sécurité quant aux obstacles qui pouvaient la rencontrer une fois dans les hauteurs. Cela faisait bientôt deux mois qu’elle avait effectué son premier vol, en compagnie de Lié. Elle avait beaucoup progressé. Ses envols étaient moins chaotiques.
Mais il fallait qu’elle s'entraîne encore ! Se débrouiller n’était pas suffisant pour ses ambitions. Une tête de Nuée se devait d’avoir le plus magnifique des vols, et le plus efficace. Aussi espérait-elle faire naître en Lié ce sentiment de fierté qu’elle appréciait tant il caressait son propre orgueil. Il y avait aussi cette congénère au goût sucré, dont elle espérait obtenir l’admiration, afin qu’elle rejoignît d’elle-même sa Nuée et demeurât à ses côtés. Elle allait chasser pour elle. Car faire apparaître la nourriture était une chose, mais savoir chasser en était une autre, qui démontrait bien des qualités, et assurait qu’aux côtés de la belle des neiges nul ne connaîtrait la faim.

La mère de Nahui avait rêvé de la voir grandir et, dans le présent qu’elle lui avait laissé, ces écailles translucides posées sur les yeux de sa fille, le songe vivait, sous forme de magie. Honorant ce souhait, l’enfant avait pris, avant de s’envoler, une taille d’environ deux mètres au garrot ; un juste milieu pour parcourir d’acceptables distances sans utiliser plus de forces qu’elle n’en gagnerait par son repas. Si cela pouvait, de surcroît, l’entrainer à ce corps qui porterait Lié, cela lui convenait tout à fait.
Ses immenses ailes pourfendaient les airs et les nuages. Le vent glissait le long de ses écailles, caressant son chanfrein et son encolure. Nahui s’appropriait le ciel, maitrisait cette aspiration vers les hauteurs, et l’immensité sous son corps. Ses écailles ressentaient la moindre modification de chaleur, au gré des ombres et reliefs du sol. Paradoxalement, elle avait vite deviné comment chasser. Étendant son esprit, elle cherchait les consciences et présences des êtres en-dessous, s’en servait pour se repérer. Un cervidé avait attiré son attention. Solitaire, adulte, il représentait la proie idéale, simple à attraper par son isolement, mais assez grand pour impressionner Lié et Dragonne-Sucrée.

Nahui entama alors la partie subtile de sa chasse. Elle se surprit elle-même, s’en sortant plutôt bien. La vitesse de sa descente avait été maîtrisée, assez rapide pour potentiellement attraper une proie fuyante, assez lente pour lui permettre d’appréhender le rapprochement avec le sol, et calculer un ensemble de distances : la distance entre ses pattes et le sol, entre sa tête et le sol, entre sa tête et la proie...
Ses crocs claquèrent dans le vide, la proie prenant une brusque accélération et un virage de côté. Il fallut à Nahui ses meilleurs réflexes pour ne pas entrer en collision avec sa concurrence. La présence disposait de peu de magie, était bipède, avec une odeur très distinctif de félin, femelle. Lié-de-Lié avait un ami comme cela, à mi-chemin entre le grand chat sauvage et le bipède. En temps normal, Nahui n’avait rien contre. Mais là, le félin en question en avait après sa proie. Elles n’allaient pas être amies du tout si la féline ne reconnaissait pas la dragonne comme supérieure.
Le grognement de frustration était très clair. Les Grands Chats avaient au moins ceci de bon qu’ils parlaient plus aisément le Langage que les humains, elfes ou vampires. Nahui répondit dans le même langage, avec un grognement rauque d’avertissement qui fit vibrer toute sa gorge. Ses pattes s’étaient lourdement posées sur le sol, faisant trembler celui-ci. Son encolure s’était enroulée, tant pour ne pas heurter la Graärh que pour rappeler combien elle était plus grande, plus forte, combien les droits lui revenaient. Mais elle n’avait pas plus de temps à accorder à cette créature. La proie étaient encore à quelques foulées. La dragonne s’élança au galop, suivant le son de la course effrénée de l’animal, et la trace de son odeur.

Et elle s’élançait si vite, si fièrement, avec tant d’assurance, qu’elle omit que les plaines n’étaient pas que grandes et plates étendues d’herbes. Elles avaient leurs crevasses et leurs buttes, leurs terriers et buissons. Bref, ses pattes s’emmêlèrent dans une crevasses, et elle se retrouva le torse contre le sol, les pattes arrières battant le vide au-dessus de sa tête, avec une blessure profonde à son amour-propre. Sur le coup, elle ne s’en préoccupa qu’à moitié, préférant vite reprendre son envol. Cette méthode-là était peut-être, au final, plus sûre. Aussi se jeta-t-elle d’un coup sur la proie, enfonçant ses griffes entre ses côtes, poignardant son cou de ses crocs, brisant ses hanches sous son poids. Les os émirent un craquement sinistre, la chair déchirée et le sang giclant proposèrent une symphonie plus visqueuse. Un bruit sourd, un nuage de poussière, indiquèrent la chute des corps sur le sol. Le cervidé poussa un brâme qui fut son dernier souffle.

Le repas n’avait pas le goût escompté. Il avait le goût du mal-fait, de la honte, et du douloureux rappel de ce chemin qu’elle devait parcourir, que les autres dragons n’avaient pas à connaître. Rapidement, son esprit se trouva à établir un plan immédiat pour limiter les dégâts, lécher un peu la plaie.
Ainsi se retrouva-t-elle à revenir vers la présence faiblement teintée de magie, à l’odeur féline. Elle avait gagné quelques mètres en plus, afin de pouvoir plus facilement prendre le cervidé entre ses crocs, et le déplacer avec elle. Ses pas étaient lents, prudents, cette fois. Arrivée à la hauteur de cette jeune bipède-là, Nahui déposa sa proie à terre, et mit une patte dessus. Son esprit vint toucher une première fois celui de la féline, tant pour effectuer une sorte de salut poli, demande de consentement, que pour l’habituer à un contact draconique. Après quelques instants, le temps d’une longue respiration, son esprit lui transmit quelques concepts, bruts : elle voulait que la Féline ne communique pas sur ce qu’il venait de se passer dans l’immédiat. Elle voulait savoir si une part de gibier permettait d’obtenir son silence.
Ce disant, elle ne la regardait pas dans les yeux. Sa tête était haute, son regard vide paraissait porté vers l’horizon. Ses ailes s’étaient rabattues. Son museau et ses pattes se teintaient de sang, et son poitrail de terre.

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Aussi blanc que de la neige, aussi scintillant qu'une pierre précieuse, cette créature à la couleur de la pureté venait de compromettre ma chasse. Je pensais que cela se finirait en règlement de compte, que le sang allait couler, même s'il y avait peu de chance que je survive à ce combat, j'aurais défendu mon honneur de chasseresse. Mes grognements s'intensifièrent de plus en plus, faisant presque écho dans le sous-bois. Plongeant nos deux regards dans les prunelles de l'autre, son corps se volatilisa en une fraction de seconde.

Relevant la tête, je ne m'attendais pas à un tel affront. La chose poursuivait la proie qui me revenait de droit, son corps se balança entre les arbres jusqu'à atteindre la petite clairière qui se trouvait non loin de là. Elle galopait, comme si sa vie en dépendait, et moi qui la chassais à mon tour.

Prenant appui sur mes quatre membres, je ne voulais pas la laisser me distancer par une novice. Car oui, je la considérais comme une apprentie, sa technique étais pittoresque, la grandeur ne fait pas tout, il faut du charme, su style, mais surtout, une stratégie. Un faible sourire apparut sur mes babines, lorsque je vois cette dernière s'écrouler à cause d'un trou dissimulé.

J'allais enfin pouvoir la dépasser, mais battant des ailes, une bourrasque m'obligea à m'arrêter une petite minute pour rester accrocher au sol. Je n'avais jamais été aussi proche d'un dragon, je n'avais jamais eu conscience de la puissance de leur muscle... Je devais admettre qu'ils étaient très forts, mais cela n'allait pas m'empêcher de me venger de son insolence !

Le voyant planter ses crocs dans la chair de la bête, je dois me résigner que c'est la fin... Je n'ai pas été assez rapide sur ce coup-là. La loi du plus venait de donner son verdict, et me voilà à continuer mon chemin à la recherche d'une autre proie...

C'est alors que la créature s'approcha de moi en déposant la dépouille de la chose. Son regard était étrange, comme s'il éprouvait un sentiment de honte... Je ne pouvais que comprendre, notre peuple éprouvait la même chose lorsque nous nous blessons aussi facilement, sans avoir combattu. Cela est un véritable déshonneur pour nous.

Pouvais-je pardonner aussi facilement ? Pouvais-je incliner la tête et ronronner pour lui prouver ma bonne fois ? Je ne sais pas... Je ne pouvais me nourrir de cet être que je n'avais pas tué. Mais en même temps, la vie est si précieuse, cette bête venait de donner la sienne pour en nourrir un autre. Tel était la loi de la nature. Ce que mère nature nous offrait, finit toujours par nous le reprendre. Manger, ou être mangé.

Posant un genou à terre, je laissais ma griffe parcourir le corps inanimé du cervidé, plongeant cette dernière dans sa peau en découpant le meilleur morceau pour l'offrir au dragon blanc. Voilà notre accord... En se signe, j'y voyais une potentielle amitié, un faux pas, et même si je devais y laisser ma vie, je tenterais de le tuer...

Il m'offre de quoi survivre, un moyen pour moi de rejoindre ma belle Rey. En échange, j'accepte sa demande et ferme les yeux devant ce que j'ai pu voir.

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Les crocs de Nahui plongèrent dans la chair, attirant cette dernière au sein de l’immense gosier qui était sien en ce moment-là. Le sang et le muscle déposèrent le délice de leur goût contre sa langue et toute la tendresse de leur texture entre ses mâchoires. L’encombrement de sa honte disparut dans sa gorge, au rythme de sa déglutition. Voilà qui était résolu. La satisfaction de la dracène était une aura perceptible à la cantonade, sans même qu’un quelconque lien soit nécessaire.

Alors son attention put enfin se porter différemment sur la créature face à elle. Ses naseaux se dilatèrent, à la recherche d’informations olfactives. Son esprit revint contre le sien, délicatement, à nouveau, pour en appréhender la surface, dans un certain espoir de se réconforter en y trouvant quelque trace plus marqué de sincérité. La Féline créature la satisfit par sa simple nature. Loin des sans-poils et de la distance qu’ils prenaient avec leur instinct, elle n’avait pas en elle ces mille miroirs qui faisaient tant de barrières et de déformations entre la réalité et l’être. Avec une pointe d’affection, Nahui transmit son ressenti à l’habitante première de ces terres : de la reconnaissance, et de l’appréciation pour son être, tel qu’il était.

Elle s’essaya même à singer l’esprit de Lié pour lui montrer en quoi elle était reconnaissante, lui expliquant brièvement que c’était là ce que vivaient les sans-poils ; ainsi furent présentés à celle-qui-partageait-la-nourriture la constitution des envahisseurs. Ils étaient des doutes qui dansaient autour de blessures non-soignées, des milliers d’intermédiaires pour parvenir à d’aberrantes déductions. Les avait-elle vus communiquer ? Avait-elle entendu leurs “mots” ? Savait-elle ce que c’étaient là, ces sons qui, assemblés, créaient des parts de concepts ? Alors que communiquer par le corps et l’esprit était pourtant si simple… Savait-elle que beaucoup pensaient ainsi ?

Les sources d’informations de Nahui étaient certaines, transcendant jusqu’à l’ancestrale mémoire, puisqu’elles était d’empirisme. La dragonne présenta alors à sa camarade une image très précise : celle d’Aldaron, Cendrelune. Avec cette image venait un sentiment très fort, qui tenait lieu de nom dans le coeur de la pâle créature. Cet être était Lié. Leurs existences n’avaient de sens l’une sans l’autre. Preuve en était qu’elle n’était née qu’en sa présence - et qu’elle ne trouverait la mort qu’en son absence. Elle expliqua que Lié était supérieur aux autres bipèdes. Le Lien étendait les êtres, et leurs esprits étaient plus grands. Si un jour Féline voulait accorder quelque respect que ce soit à un bipède, ce devait être celui-ci seulement.

Nahui ne s’était pas mise à communiquer par unique plaisir. Ce qu’elle pouvait ressentir de la Grande Chat l’intriguait. Elle n’était pas Solitaire par nature, celle-ci. Ses pensées s’agitaient d’une recherche, son isolement avait une cause et se teignait de besoin. Alors la dracène tourna l’attention vers sa camarade, pour porter vers elle une question : que cherchait-elle ? Ses pas étaient-ils ceux de l’errance, du bannissement ? S’orientaient-ils vers un objectif ? Elle était une bien étrange créature. Nahui accrochait son esprit au sien, pour permettre à Féline de répondre par simple pensée.
Elle n’avait pas bougé la tête depuis qu’elle avait dû la pencher pour se saisir de son repas. Son regard vide était, de nouveau, porté vers un horizon inexistant.

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La compétition s'effaçait doucement. Le blanc, observait avec attention. Dans ses prunelles, on pouvait voir qu'il cherchait quelques choses. Toute cette tension, qui avait vu le jour quelques minutes auparavant, venait de s'envoler d'un seul coup. Mon honneur était à l'abandon, depuis le jour où ces pirates m'ont arraché à ma terre. Je n'avais plus rien à perdre, et retrouver cette chose si fragile et si importante à nos yeux ne sera pas chose facile.

Aujourd'hui, aussi bien lui que moi, nous nous sommes ridiculisé... Cette pensée me fit sourire, je remarquais que depuis tout ce temps, je cherchais à être parfaite. A me laver de l'affront que j'avais vécu en me laissant kidnapper et vendre au plus offrant. Mais je ne pouvais pas le faire seule... Je pourrais faire tout les exploit du monde, que personne n'en saura rien. Une fois sur le sol de ma terre orangée, je serais pointée du doigt. Des murmures s'élèveront autour de moi, des regards indiscret chercherons à m'appercevoir. La mort aurait était plus honorable, mais j'avais décidé de vivre, pour une obscure raison... Je sais d'avance, que je ne supporterais pas toutes ces choses. Que la colère prendra possession de mon corps, allant probablement jusqu'à la violence, car tel était mon tempérament... Laissont cette partie de côté, car ma terre était encore bien loin. Mon voyage ne faisait que de commencer après tout. Il me paraissait déjà interminable, et en même temps trop rapide.

Secouant légèrement la tête pour chasser les petits insectes. Mes billes ambrées s'enfonçaient doucement dans ceux de cette créature magique. Depuis toute petite, on m'avait appris à les respecter. Malgré tout, j'avais tenté de le provoquer. La faim et ma jeunesse m'avaient poussé à cet affront... Me croire plus forte qu'un dragon... En voilà une belle blague...

Contrairement à ma petite fleur, je n'étais pas aussi superstitieuse que ceux de mon peuple. Et pourtant... Aujourd'hui, j'avais cette sensation... Que cette rencontre n'était pas le fruit du hasard, qu'elle était prévus depuis bien longtemps....

Son esprit effleurait le mien, cherchant sans doute à comprendre mes pensées, à comprendre ce que je faisais ici, loin de chez moi... J'aurais pu partir, reprendre ma route, mais il m'attirait... Cette créature majestueuse m'attirait...

Approchant doucement de cet être particulier, je pouvais sentir son souffle chaud s'engouffrer dans ma fourrure. Ma patte se posa sur son museau et mon front se colla doucement sur ses écailles de neige. Pourquoi est-ce que je faisais une telle chose ? Je ne pouvais pas le dire... C'était instinctif... Comme si j'avais besoin de ce contact pour me redonner un peu de courage et de force pour la suite de mon aventure sur ces terres inconnus. Pour rejoindre Néthéril....

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La créature s’était rapprochée sans intention mauvaise, aussi Nahui n’avait-elle pas jugé pertinent d’éveiller ses réflexes et s’écarter - surtout face à une aussi petite créature. Pourtant, elle eut un léger sursaut mental au contact de la féline contre son chanfrein. Elle n’y était guère habituée. En temps normal, les bipèdes, velus ou non, se contentaient de s’intéresser à elle de loin, leur admiration et leur respect forçant une distance franchissable par une poignée d’élus.
Et elle, la petite chose inconnue, osait braver l’interdit. Nahui considéra l’idée de la repousser sans ménagement, avant de se rappeler qu’elle avait encore quelque silence en jeu. Soit. Elle allait donc rester soigneusement immobile, espérant que l’absence de réponse apporterait suffisamment d’inconfort à la félidée pour qu’elle se souvienne de la subtile différence entre un dragon et une monture. L’un d’eux avait été forcé à ployer l’échine sous le joug des bipèdes. L’autre avait refusé.

Le souffle chaud de la dragonne s’était un instant stoppé. Il reprit, le plus naturellement du monde, sans paraître se soucier des mèches de fourrures qui aurait dû le gêner. Son esprit contre celui de sa camarade de mésaventure parvint à comprendre l’objectif de son errance, sans toutefois en savoir la cause. Néthéril, donc. L’île de la savane et des marais. Nahui en avait un vague souvenir. D’Athgalan elle avait surtout retenir l’odeur, nauséabonde. De la savane elle avait retenu les hautes herbes grouillantes de vie, et le soleil dégoulinant le long de ses écailles. Pour elle, qui était fille de neige, la chaleur était le douloureux souvenir d’un temps volcanique. Elle avait rechigné à quitter la fraîcheur du Domaine, et la sécurité que représentait la proximité de Lié. Seuls ses derniers jours en ces terres l’avaient vue oser quelque chasse.

Elle comprenait l’attrait que pouvait avoir cette part de l’archipel bien plus qu’elle comprenait le désir que pouvait avoir la Graärh de retourner en ses terres, auprès des siens. Aussi sa première réponse fut une sobre approbation : elle aussi aimait chasser et manger. Quelques voix mystérieuses murmurèrent à Nahui qu’elle était face à une situation dont elle pouvait profiter davantage. Voix d’ancêtres, ou voix issues du temps passé avec un spirite du saumon ? Difficile à dire. Dans tous les cas, ce n’était rien qui valait que l’on s’en désintéresse. Tout ce qui pouvait apporter à la dracène était par essence bénéfice.

Se sachant désormais en position de force, la dragonne dégagea délicatement sa tête pour la redresser plus haut, arborant un air outrageusement fier. Ses ailes s’étendirent. Elle rappela à l’âme errante que, pour une merveille telle qu’elle, l’île à la savane à n’était qu’à quelques jours de vol. Quelle chance avait-elle d’avoir croisé sa route ! Mais si elle voulait que la magnanime Nahui lui fasse l’honneur d’un tel dont, il fallait… Il fallait…

Il y eut un instant de flottement, que la dragonne fit passer pour un de ces jeux sociaux dont les bipèdes usaient parfois. La vérité était qu’elle n’avait pas réfléchi à ce qu’elle voulait. Que pouvait-elle obtenir d’un être aussi perdu et démuni ? Que pouvait lui apporter cette petite créature ? Pas grand-chose. Du moins, pas tel quel. Sa réflexion partit vers Lié, et vers leur objectif. Alors elle reprit la “parole” pour proposer à la Graärh cette condition : qu’elle parle d’elle à sa tribu pour ce qu’elle était, à savoir une salvatrice à qui ils devaient reconnaissance ! Ses pensées avaient été portées avec la vigueur des convictions. Elles se firent plus douce pour aborder un simple fait logistique : elles allaient toutes deux devoir se présenter devant Lié, à Caladon, avant de prendre la route. C’était là un nouvel honneur pour elle, car Lié était un être à nul autre pareil. Elle lui promit que sa seule présence suffirait à la Graärh pour comprendre bien des vérités sur son existence et le sens de cette dernière.
Son esprit ouvrit une nouvelle possibilité à l’âme errante. Si tout cela lui convenait… Alors elle n’avait qu’à grimper sur son dos. Cela lui était désormais accordé.

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La blanche était chaleureuse, mais je ne désirais pas garder ce contact trop longtemps. Au fond de moi, j’étais une solitaire, une Graärh défiant les lois ancestrales. Effectuant quelques pas en arrière, je baisse légèrement la tête pour montrer mon respect et l’attention que l’être gigantesque venait de faire preuve à mon égard.

Je ne savais pas vraiment comment lui avouer, que je ne pouvais pas accepter son offre. Que cela me faisait chaud au cœur, mais que j’avais besoin de me prouver à moi-même que je pouvais parvenir jusqu’à cette terre seule… Mon honneur était déjà réduit en cendres, je ne pouvais pas retourner chez moi de cette manière, encore moins si je parvenais à rejoindre cette île avant ma petite Rey.

« C’est une épreuve que je dois surmonter seule. »

Je savais que cela n’allait pas me rendre ce que j’avais perdu, mais si je pouvais rentrer par mes propres moyens. J’avais la sensation que tout sera facile… Que je pourrais garder la tête haute, car jamais je n’aurais abandonné. Je sais que tous leurs regards se poseront sur moi, que chaque être murmura des choses, qu’on me crachera dessus et que le mot chasseuse n’aura plus aucun sens à leurs yeux. Cependant, je savais, je ressentais qu’un jour, ce blason qui m’a été pris me reviendra un jour.

Je me sentais un peu mal d’avoir refusé de la sorte. Je me laissais tomber sur le sol en prenant un morceau de viande dans la gueule. La chair me donner de l’énergie et le fais d’avoir laissé mes pensées naviguer jusqu’à la créature m’avait comme vidé. Je me sentais plus légère. J’invitais la femelle des neiges à se joindre à moi durant quelques instants. Cette rencontre, jamais je ne pourrais l’oublier.

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Nahui se figea, cessant de partager son esprit avec la créature, gardant pour elle la profonde incompréhension qui l’avait saisie. Ç’avait été un présent à nul autre pareil, témoin de la générosité d’une créature rare, précieuse, céleste. Une marque d’appréciation qui était un véritable honneur pour une non-Liée, bien au-delà de la mesure. Les pensées de Nahui étaient vastes, complexes ; pourtant, elle ne parvint à saisir tout de suite la situation dans laquelle elles se trouvaient toutes deux, sur l’instant.

Quand elle comprit, il lui fallut encore un instant pour embrasser le concept, le reconnaître et cesser de chercher en la réalité quelque marque pour en indiquer l’inexistence et convenir bien mieux à sa volonté. Elle n’avait pas même du bout de l’imagination entrevu un instant la possibilité de l’ébauche d’un hypothétique refus. Cela défiait les lois du monde et de la logique. Nahui savait son intelligence bien supérieure à celle de tout ce qui vivait, mais imaginait tout de même que les instincts pouvaient parfois compenser ce que les autres vivants lui enviaient. Nul instinct cependant ne justifiait un refus.

Il y avait bien ces notions d’honneur, d’estime de soi, dont on lui avait jadis parlé. Honnêtement, que valaient de tels détails face à sa proposition ? Plusieurs fois, l’esprit de la dragonne se heurta à ce fait. Alors il s’orienta dans une autre direction : la féline créature pouvait-elle craindre d’ennuyer Nahui, quand bien même la proposition venait d’elle, quand bien même il y avait un prix à payer ?
Alors, la moins pire des hypothèses fut celle qu’elle reconnut. Ce fameux prix ne devait pas plaire à l’errante. Nahui redressa vivement la tête, d’offense et de colère. Elle, la petite créature, la sans-groupe, osait lui refuser son cadeau, par crainte de la reconnaissance qu’il fallait démontrer ? Ignorait-elle que, quoi qu’il advint, le jour viendrait où elle ploierait l’échine devant elle. Elle aurait pu le faire avec la fierté d’avoir un jour eu un geste privilégié de la toute-grande. Mais si elle choisissait une voie vaine qu’était celle de son égocentrisme… Nahui ne pouvait plus rien pour elle.

Elle lui transmit alors, vivement, comme le claquement violent d’une patte énervée, sa colère et son mépris. Elle transmit également une vision sûre qu’elle avait de l’avenir : un jour, les Siens seraient à ses pieds. Et elle, qui lui avait tourné le dos, n’aurait aucun traitement de faveur. Les mots de Liés lui revinrent alors. Elle décida de les marquer dans l’esprit de l’âme errante :

“- Soit vous êtes un Elusis. Soit vous êtes un ennemi des Elusis.”

Se détournant de la féline, Nahui prit son envol, d’un coup puissant de pattes sur le sol. Elle avait quelque frustration à faire passer, quelque violence en elle à déchaîner. Peut-être allait-elle arracher la chair d’un animal. Peut-être allait-elle brûler des prairies. Elle l’ignorait, mais ne voulait pas rester plus longtemps auprès de cette ingrate.
Une part d’elle qui souhaitait l’apaiser jubissait déjà du jour où les adelphes de cette profane imploreraient la clémence qu’elle avait eu aujourd’hui.

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