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¤ Opération pirate ¤

20 Janvier an 1764 du troisième âge

Nathaniel avait fait de sérieux progrès dans l’art du domptage de bête. Les experts qu’il avait fait enlever par Teotl, son fils, avaient prouvé autant leur compétence que leur utilité. Canidé, félidé, mustélidé, à force de travail et de bon conseil l’elfe sombre démontrait posséder un véritable talent en la matière. Le gredin, malgré les préparations pour l’attaque sur Athgalan, la bataille en elle-même et le déplacement de la confrérie sur l’ile du crépuscule des chimères, avait trouvé le temps de perfectionner le dressage de Fabius, son singe. Ce dernier saurait à présent coopérer avec son maitre dans certaines situations. S’introduire dans un bâtiment pour ouvrir la porte, rapporter un objet de valeur avec discrétion quitte à la voler en présence d’un garde, ou encore apprendre à suivre une personne en filature sur une petite distance et venir rapporter la position de la cible à Nathaniel au travers du langage des signes. Le roi de la confrérie sentait que très bientôt il serait en mesure d’amener Fabius avec lui en mission. Des missions ou sa présence pourraient offrir un avantage aux pirates, ou plus encore permettre à l’elfe d’avoir plus de cartes dans sa manche.

Plus le pirate progressait, plus il semblait éveiller un don certain. Malheureusement sa capacité à se faire obéir par les créatures de la nature commença à connaitre des limites. L’un des experts capturés était connu pour savoir dompter les bêtes magiques originaires de l’archipel. Lors d’un entrainement, ce dernier avait fait comprendre à Nathaniel que jamais le pirate ne saurait en mesure d’accomplir ce que lui-même était capable d’accomplir. Que quelque chose lui faisait défaut et qu’il ne serait jamais en mesure de combler ce manque.

Peut-être est-ce parce qu’il se retrouvait confronté à un mur, à une vérité, ou encore en raison des justifications fort déplaisantes du maitre des bêtes que, de rage, l’elfe sombre se jeta sur lui, armé de Catherina, et abattu sa masse avec violence en visant le crâne. Quand bien même l’acte lui apporta un bien fou, le gredin regretta son geste. Il venait de perdre un individu compétent qui devait encore l’aider pour un autre problème. Un problème qui l’attendait depuis plus d’un mois déjà au fond de la salle des coffres de la confrérie.

Depuis sa capture avec Kaiikathal, le serpent qui, pour une raison inconnue, avait un croc contre le pirate, était enfermé dans une jarre elfique. Après les révélations de l’expert, Nathaniel avait été presque tenté de mettre fin au jour du reptile, sachant qu’il ne parviendrait jamais à la dompter, mais quelque chose lui revint en tête. Kaiikathal lui avait dit que cette bête n’était pas comme les autres. Qu’elle n’était pas un serpent ordinaire, sans pour autant être comme les bêtes magiques originaires de l’archipel. La créature semblait posséder une conscience, une conscience bien plus développée que les autres animaux, magique ou non. Un peu comme un bipède. C’est pour cette raison que le gredin ne perdit pas espoir et ne tua pas cette dernière. Il devait encore essayer, encore  jouer l’une des cartes de son jeu. Le gredin avait besoin d’un autre homme, d’un autre individu capable de l’aider à comprendre ce serpent, à savoir ce qu’il voulait, et peut-être même à la dompter.

Au travers du réseau d’espionnage qu’avait commencé à reconstituer Teotl, depuis la perte d’Irina en tant que capitaine des catins, un nom parvint aux oreilles pointues du gredin : Sorel Gallenröd. La nouvelle ne fut que peu plaisante pour le dragonnier. Il s'agissait d'un habitant de Sélénia, or le royaume recherche activement le roi des pirates. L'elfe sombre avait prévu de faire profil bas pour en temps. Et au vu de l’état de la Confrérie en pleine migration, attirer le regard des autorités ne lui apparaissait pas comme une chose sage. Pour un criminel, savoir quand agir et quand rester dans l’ombre détermine pour une part sa survivabilité.

Pour autant, le capitaine des pirates était un homme de défi et un homme qui aimait accomplir son objectif. Être un criminel, c’est aussi savoir prendre des risques. C’est donc sans attendre que l’elfe sombre commença à monter une opération. La cible étant un sélénien, la capturer n'était pas nécessairement. Il savait que négocier ou corrompre les individus du royaume était plus efficace.

Il confia ainsi pour mission à son fils et à ses agents obtenir des renseignements sur Sorel Gallenröd afin d’être en mesure de l’approcher. Position, déplacement, habitude, intérêts. Pendant que lui organisait sa propre infiltration au sein de la ville de Sélénia. L’elfe était pour beaucoup une cible à abattre, le loup qu’il était allait donc devoir ruser pour s’introduire dans la bergerie. Étonnamment, ce fut sans doute la partie la plus facile. Usant de ses propres contacts, il embarqua en haute mer à bord d’un navire marchand appartenant à un bourgeois sélénien qui avait déjà eu l’occasion de traiter avec Nathaniel lorsqu’il était encore capitaine des contrebandiers. L’homme avait pu se débarrasser de l’un de ses concurrents grâce à un accord passé avec la confrérie.

C’est donc accompagné de cinq de ses hommes et à bord d’un navire battant pavillon sélénien que le roi des criminels put débarquer au port d’Azzuréo. Copiant à l’occasion l’esprit du serpent de l’un de ses hommes, il put se transformer pour cacher une apparence qui l’aurait aisément trahi. Une fois à l’intérieur de la capitale du royaume, il ne lui fut guère complexe de rejoindre l’une des caches de la confrérie, dissimulée dans une taverne de la basse ville.

Le loup était dans la bergerie, les moutons ne se doutant pas un seul instant de la présence du prédateur. Mais le carnivore n’était pas ici pour se remplir la panse par un massacre en bonne et due forme. Une seule proie intéressait le gredin. Une proie sur laquelle il obtint bientôt un rapport. Celle-ci avait ses quartiers dans la haute ville et non loin de la frontière avec la basse ville. Ainsi donc le nobliau tenait-il une boutique et vivait au-dessus de celle-ci. Les commerçants sont toujours les plus simples à soumettre, ils tiennent beaucoup trop à leurs biens. Qui plus est, la protection dont bénéficiait l’établissement de la cible était, aux yeux de l’elfe sombre, misérable. Pour une raison encore inconnue, un ou deux brigands gardaient un œil sur l’endroit.

Nathaniel s’interrogea alors. Qu’est-ce qui pouvait bien pousser des criminels à faire cela ? Cherchaient-ils en réalité à piller la boutique ? D’après ce qu’il put apprendre, non. Ces derniers étaient là depuis trop longtemps pour effectuer un simple repérage et reconnaissance des lieux. Dans ce cas, avait-il molesté le patron pour obtenir de l’argent en échange, non seulement de leur sécurité, mais également de leur engagement de ne pas piller l’endroit ? Le chantage était la solution la plus probable. L’elfe sombre tenait néanmoins à en savoir plus. Pour ce faire, il devait interroger l’un des brigands.

La seule véritable difficulté résidait dans l’inconstance de la cible à tenir son commerce. En réalité, cette difficulté pouvait être surmontée. Gallenröd tenait un bazar, achetant de tout et revendant de tout. Il suffisait de convenir d’un rendez-vous pour une vente afin d’assurer que ce dernier soit au lieu et l’heure souhaités.

Le regard du gredin se posa sur la jarre elfique contenant le serpent et qu’il avait fait transporter avec lui. Un large sourire apparut sur ses lèvres alors qu’il vint se saisir d’une feuille de papier pour rédiger une lettre. Son contenu était simple. Il se présenta comme un petit bourgeois souhaitant se séparer d’un objet de son héritage afin d’obtenir une certaine liquidité, qu’il pourrait utiliser afin de payer les réparations du navire de sa compagnie commerciale ayant subi les affres d’une attaque pirate. Il joint également une description sommaire de l’objet. Il s’agissait d’une jarre obtenue de son père qui l’avait lui-même obtenu d’un elfe lors des derniers temps sur le continent d’Ambarhùna.

L’objet possédait le raffinement sans égal de l’artisanat l’elfique de par son origine, était fait à partir d’or blanc, muni d’arabesques argentée et sertie de trois pierres précieuses. Il précisa également que l’objet possédait deux glyphes, mais n’en dit pas plus. Il ajouta qu’il souhaitait négocier avec lui la vente dans l’éventualité où Sorel était intéressé et qu’il fallait convenir, de ce fait, d’un rendez-vous. Nathaniel signa par la suite d’un faux nom et ordonna à l’un de ses hommes de se déguiser en serviteur pour aller porter la lettre, lui indiquant également quelques horaires en semaine si un rendez-vous devait être défini.

L’agent du gredin ne vint que bien plus tard, après avoir attendu longuement la présence Gallenröd dans sa boutique pour enfin délivrer le message. Visiblement, un rendez avait pu être convenu à sa boutique. Ainsi donc, le problème de mobilité de la cible était écarté. En l’attente du jour prévu, Nathaniel ordonna à un autre de ses hommes de se faufiler jusqu’à la boutique pour repérer un des brigands surveillant cette dernière et le capturer. Il ne fallut pas plus de deux heures pour que ce dernier ne soit de retour. L’on jeta aux pieds du gredin ce qui ne représentait à ses yeux qu’une misérable petite racaille. Catherina en main, l’elfe sombre se pencha sur l’homme maintenu au sol et lui demanda son nom. Le jeune brigand et présenta sous le nom de Conni. L’elfe sombre se présenta alors. Il était Nathaniel Eärendil, roi de la confrérie, roi des criminels de cet archipel. L’air s’emplit de gravité et on peut presque entendre le déglutissement de l’humain. L’orque fit alors comprendre à l’humain qu’étant lui-même un criminel, il était donc l’un de ses sujets et lui devait donc obéissance. Et bien sûr qu’en échange de cette obéissance une juste récompense pouvait être apportée.

Depuis sa prise de fonctions, l’elfe sombre déployait tous les efforts pour que les confréries aient le monopole de la criminalité sur l’archipel. Cela commençait par soumettre de gré ou de force les autres organisations criminelles, puis se poursuivait par le recrutement et l’intégration des délinquants.

Ce que lui proposait ici le forban, c’était ni plus ni moins qu’entrer au service de la confrérie. Cela offrait de nombreux avantages, mais il fallait se soumettre à de nombreuses règles. Cependant, plus le temps passait, plus entrer aux ordres de la confrérie devenait un incontournable pour tous ceux souhaitant faire carrière dans les domaines mis au ban de la société. Ca ou entrer au service du marché noir.

Conni saisit très bien la chance qui se présentait à lui, mais il saisit également qu’en faisait cela, il vendait son âme et qu’un retour en arrière n’était pas possible. L’humain apparut donc hésitant et se risqua à demander ce qu’on lui demanderait. La réponse ne tarda pas et elle concernait le maitre des mines. Un silence s’installa, le mutisme de Conni devenant rapidement agaçant aux oreilles de l’elfe sombre qui se mit à prendre ombrage. C’est alors que le brigand commit sa première erreur, vouloir marchander avec le roi des forbans, sans être en position de pouvoir le faire. Nathaniel éclata d’un rire moqueur alors que ce dernier commençait à défendre Gallenröd qui avait su se montrer bon pour lui. Malheureusement, quelques minutes et doigts tranchés plus tard, les convictions et la ferveur du jeune brigand volèrent en éclat. Suppliant pour sa vie et pour que cesse cette torture, il vendu sans vergogne celui qui avait pourtant été bon avec lui, s’engageant obéir aux ordres qui lui seraient donnés …

***

Une poignée de jours plus tard, le moment du rendez-vous se présenta enfin. Conni s’était arrangé auprès des autres brigands surveillant la boutique du maitre des mines pour être celui de garde pour la journée. L’un des hommes du forban avait pris l’humain en filature afin qu’il accomplisse son devoir et agisse en cas de problème. Nathaniel et ses quatre hommes restants se déplacèrent jusqu’à la boutique afin d’arriver à l’heure prévue. Il était prévu que l’elfe sombre entre avec deux d’entre eux, tandis que les deux autres resteraient à l’extérieur, dans l’ombre afin de surveiller et se préparer à agir si nécessaire.

L’heure fatidique arrivant enfin et l’opération put débuter. Conni manqua de faire faut bond, mais au moment de se retourner en espérant peut-être pouvoir fuir le plus loin possible, il remarqua l’agent de Nathaniel qui se tenait non loin de lui et qui, sentant l’hésitation, avait décidé de rappeler la réalité à leur collaborateur. L’humain escalada donc la face de quelques bâtiments afin de parvenir à l’arrière de la boutique et atteindre une fenêtre à l’étage. Il y pénétra avec peu de discrétion, faisant au passage du bruit à l’intérieur, du moins suffisamment pour que le propriétaire des lieux le remarque et enquête sur l’origine du bruit. Après avoir remarqué, l’absence du gérant dans la boutique, Nathaniel et deux de ses hommes entrèrent avec discrétion. L’elfe sombre usant du vol du bourdon pour figer le carillon à la porte d’entrée, afin que celui-ci n’annonce pas l’arrivée de nouveaux clients. Puis, ferma la porte derrière lui, usant de sa clef squelette pour en verrouiller la serrure avant de tourner l’écriteau annonçant la fermeture.

A l’étage, Conni s’effondra au sol, se tenant la main blessée et larmoyant, se préparant à affronter un Gallenröd dont il avait trahi la confiance.

descriptionJ'ai un serpent dans ma botte [PV Sorel Gallenröd] EmptyRe: J'ai un serpent dans ma botte [PV Sorel Gallenröd]

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Pour autant qu’il puisse dire, la boutique était en ordre. Sorel contempla avec une certaine satisfaction l’ordre et la propreté qu’il avait réussi à instaurer dans sa boutique d’ordinaire rangée avec l’efficacité toute relative du chaos organisé.
Ce n’était pas tous les jours qu’il était prit d’une soudaine motivation pour ranger et organiser les choses mais lorsque l’envie le prenait, il ne faisait pas les choses à moitié. Le fait qu’il était coincé sur place, peu importait s’il souhaitait aller faire un tour, avait probablement joué dans sa décision d’arranger un peu les choses.
Quelques clients se présentèrent à l’occasion, des curieux ou des habitués, des gens qui avaient entendu parler de la boutique et s’y étaient rendu soit pour voir de leurs propres yeux, soit pour vendre quelque chose. Les passants qui venaient pour acheter étaient rares, à moins qu’il ne s’agisse de personnes aisées ou nobles, lesquelles pouvaient se permettre plus de choses que le bas peuple. Il n’était pas rare qu’un curieux ou un passant, la mine défaite mais l’oeil encore vif, ne circule à travers sa boutique, ses pas rythmés par le son discret d’un estomac affamé.

Pour l’heure, cependant, Sorel attendait un visiteur un peu plus particulier. Le manque d’or ne se faisait pas seulement sentir pour les bourses pauvres mais les petits nobliaux commençaient également à en faire les frais s’il devait en juger par son rendez-vous du jour. Les réparations d’un navire, surtout si celui-ci s’était retrouvé en proie à une attaque pirate, n’étaient pas négligeables, même pour une bourse d’ordinaire bien remplie.
La description de l’objet qui lui avait été faite indiquait un objet elfique, confirmé par le passif retracé par le propriétaire actuel. Un vase pour lequel Sorel s’apprêtait certainement à payer un certain prix dans l’espoir de le revendre beaucoup plus cher si l’occasion se présentait. Peut-être, songea-t-il avec un sourire en demi-teinte, que le décorateur attitré du château royal songerait à décorer ses couloirs d’un vase ancien… à moins que Sorel ne cherche à contacter quelques elfes désireux de récupérer un bien ancien rattaché à sa race. Il commencerait probablement par là, même si extirper quelques sous au royaume Sélénien en gonflant outrageusement les prix avait un attrait certain.

C’est avec un sourire satisfait que le jeune elfe se retira dans l’arrière de sa boutique où il s’installa avec un épais volume qu’il ouvrit sur ses genoux. Le sujet traité n’était autre que la magie et, plus particulièrement, celle des flux symbiotiques avec lesquels il souhaitait tout particulièrement s’améliorer. Le rendez-vous n’était supposé arriver que d’ici une heure, aussi avait-il tout le loisir de faire ce qu’il voulait en attendant. Il s’était arrangée pour que l’heure choisie soit une où les passants étaient déjà rares d’ordinaires, il ne manquerait ainsi aucune vente potentielle en étant accaparé par sa potentielle acquisition.
Il devrait réellement songer à engager une aide pour s’occuper des lieux en son absence ou, plus généralement, gérer d’éventuels clients lorsqu’il était occupé par une autre affaire. Pour l’heure, ce n’était probablement pas absolument nécessaire étant donné le peu de passage que sa boutique connaissait, un effet certain de la pauvreté qui s’était abattue sur le royaume, mais il y songeait malgré tout. Ne serait-ce que pour peut-être permettre à une personne qui ne méritait pas de souffrir de la famine de pouvoir se nourrir, elle et sa famille. C’était probablement arbitraire puisque, techniquement, il y avait une multitude de ces personnes-là mais Sorel ne pouvait agir qu’à une moindre échelle à moins d’attirer l’attention. Hors, c’était bien la dernière chose qu’il se devait de faire. Il avait déjà été taper du pied auprès du Maître de Guerre de Sélénia, et s’il espérait avoir été relégué en arrière-plan par son jeune âge et son insignifiance, il ne pouvait pas se permettre davantage.

Absorbé par l’épais volume, Sorel fut tiré de son étude par un vacarme à l’étage. Sursautant et se retrouvant debout, la magie prête à répondre à ses ordres, l’elfe tendit l’oreille et entendit davantage de remue ménage à l’étage.
Retroussant le nez sur une expression contrariée, il referma le bouquin et le posa sur son bureau avant de s’emparer de Tor’Shorot et de se diriger prudemment avec les escaliers.

Les possibilités n’étaient pas multiples et avec la famine et la pauvreté qui ravageaient Sélénia, Sorel n’était pas à l’abri d’un voleur désespéré. Le désespoir avait tendance à pousser les gens au pire, il en avait été témoin à Morneflamme, et ne souhaitait pas être démuni face à un potentiel ennemi. Il était en mesure de se débrouiller en cas d’affrontement mais, une fois encore, le désespoir pouvait donner des ailes au plus malhabile des combattants et Sorel n’était pas prêt à se reposer sur la chance. Celle-ci avait tendance à se montrer taquine et malicieuse, parfois de la pire des façons.
Il poussa la première porte sur laquelle les escaliers donnaient avec précaution mais la pièce se révéla vide. Un soulagement certain puisqu’il s’agissait de sa bibliothèque personnelle et que voir ses bouquins calcinés lui ferait probablement beaucoup de peine. La seconde salle, en revanche, révéla la présence d’une figure connue qui avait vu de meilleurs jours.

« Conni ? » s’enquit-il, les sourcils froncés et l’air perplexe.

« J’suis désolé Sorel, je te jure que je voulais pas, » lâcha précipitamment le truand, les mots se déversant hors de ses lèvres plus vite qu’il ne pouvait les former. Il poursuivit, des explications incohérentes à travers des larmes qui coulaient maintenant à flot. « J’suis désolée Sorel, j’suis vraiment désolée, »

L’homme était agenouillé au milieu de la petite pièce. Derrière lui se trouvait la fenêtre ouverte par laquelle il était entré. Un petit meuble avait été bousculé et renversé sur le côté, son contenu s’était éparpillé au sol de même que ce qui se trouvait auparavant au-dessus. Ce qui incluait un vase, sans grande valeur, désormais en morceaux.
Le regard de Sorel revint vers Conni. C’était un voleur d’âge moyen, pas spécifiquement efficace ni très reconnu dans sa branche, il restait une présence agréable et il avait toujours une connaissance intéressante. Il tenait sa main droite contre sa poitrine, comme pour la protéger de tout contact.
Sorel s’agenouilla à proximité du brigand, posant son bâton à côté de lui pour tendre les mains vers Conni comme pour lui demander de lui faire confiance avec son apparente blessure.

« Qu’est-ce qui s’est passé, Conni ? »

Le regard du voleur s’affermit soudain, se concentrant sur Sorel et le regardant droit dans les yeux avec une gravité que l’elfe ne lui avait que rarement connue.

« Fais attention, lui fait pas confiance. Il est mauvais, il est dangereux. Il va t’faire du mal, petit. J’sais pas c’qu’y t’veut mais lui donne pas, Sorel. Lui donne pas. »

Conni se recroquevilla sur lui-même, la fermeté de son regard mollissant à mesure qu’il se renfermait, son expression se faisant plus désespérée.

« Y voulait qu’j’fasse diversion, » souffla-t-il, « j’pense qu’il est là... »

L’elfe blêmit, son regard sur le brigand se faisant instantanément plus dur et plus calculateur. Qui pouvait avoir prit le temps d’observer suffisamment la boutique pour réaliser qu’elle était protégée par son propre réseau de voleurs et autres mécréants ? Qui pourrait en avoir même l’idée, à moins de viser spécifique le propriétaire de la boutique ou un des objets qui se trouvaient à l’intérieur ? Pour autant qu’il sache, aucun des éléments qu’il possédait à l’instant présent ne pouvait justifier de telles mesures. Pas au point de… torturer un homme en lui tranchant les doigts de la main droite afin de le pousser à trahir une allégeance formée volontairement. Au travers d’une manipulation douce, presque amicale, mais ça, Conni n’avait pas besoin de le savoir.
Sorel s’empara de Tor’Shorot et se releva prestement, cherchant déjà des solutions, formant des plans d’évacuation. Il n’avait pas besoin d’une selle pour monter Järn, il lui faudrait juste s’assurer que tout le monde était en sécurité.

« Dehors, » lâcha sèchement Sorel, « On en reparlera plus tard. Sors, » ordonna-t-il à nouveau.

Conni se redressa rapidement avec des gestes désordonnés et se dirigea vers la fenêtre, non sans un dernier avertissement lancé à l’attention du jeune elfe. Une fois certain que le brigand était parti, Sorel se concentra, accumulant l’énergie tout en dessinant avec ses mains une silhouette humaine dans laquelle il insuffla toute l’énergie rassemblée jusqu’à ce qu’un double de sa personne lui face face.
Il esquissa un sourire mutin qu’il retrouva sur le visage semi-consistant de son double.

« Récupère Snö et la petite troupe, prépare un sac de voyage avec les essentiels mais fais ça discrètement. Le tout doit être prêt au départ avec Järn, selle-le si tu peux. »

Son double hocha la tête, l’air déterminé, et considéra la fenêtre ouverte par laquelle Conni s’était déjà esquivé avant de jeter un regard interrogateur à l’invocateur.

« Oui, c’est probablement préférable, mais ne te fais pas remarquer. La discrétion est cruciale, si on veut y arriver. »

Il n’y avait probablement aucune raison de s’inquiéter mais Sorel préférait prévenir que guérir, au pire il allait devoir défaire un sac et rassurer ses compagnons à poil en ayant gaspillé un peu d’énergie, au mieux ces précautions sauveront non seulement sa vie mais aussi celles de ses précieux compagnons.
Une fois certain qu’au moins une partie des choses était prise en charge, si tout se passait comme prévu, Sorel se tourna vers la porte et inspira à fond. Il n’y avait probablement personne à affronter, peut-être que Conni lui avait joué un tour - même si les doigts manquants tendaient à prouver le contraire - mais le fait que l’heure de son hypothétique rendez-vous avec une bourgois en besoin d’or approchait, il doutait qu’il s’agisse d’une coïncidence.

Il descendit les escaliers avec prudence mais aussi avec une forme de détermination, Tor’Shorot fermement tenu dans sa main aux doigts serrés mais au poignet souple.
Il traversa l’arrière boutique où ses bouquins étaient toujours étalés, n’attendant que son bon vouloir pour lui révéler tous leurs secrets, mais d’autres encore l’attendaient. Ceux-là, cependant, n’avaient probablement pas que de bonnes intentions à son égard. L’un d’entre eux était un grand elfe aux longs cheveux blancs, il avait le teint gris mais pas celui maladif des humains. L’intrus, manifestement le responsable, était accompagné de deux autres qui l’encadraient efficacement… et bloquaient tout accès à la sortie. Ou l’entrée. Laquelle était désormais fermée avec l’écriteau indiquant à tout passant que la boutique était, elle aussi, fermée.
Sorel darda un regard mauvais à la clochette de l’entrée, laquelle n’avait trahi aucun son pour l’avertir de l’intrusion.

Laissant un sourire léger étirer ses lèvres, le jeune elfe se posta en face des trois intrus, tenant devant lui son bâton de mage qu’il posa au sol, l’embout en acier claquant sur le sol de pierre.

« Je vous souhaite la bienvenue et vous présente toutes mes excuses pour ne pas avoir été là pour vous accueillir comme il se doit. En quoi puis-je vous aider ? »

Il ignorait si l’un des trois avec la moindre connaissance en magie mais les probabilités allaient certainement dans ce sens. Tor’Shorot n’était pas un objet connu de part sa rareté, mais il n’était pas à l’abri d’un connaisseur malvenu. Imperceptiblement, Sorel souleva son bâton de sorte à ce qu’il n’ait qu’un infime geste à exécuter pour relâcher toute l’énergie brûlante qu’il avait emmagasinée dans le bâton. C’était en soi une menace, un avertissement, mais que peu étaient en mesure de percevoir.

Avec un peu de chance, il n’aurait pas à mettre sa menace à exécution.

Les doigts manquants de Conni, cependant, lui indiquait que cette chance était probablement réduite à peau de chagrin.

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¤ La jarre ¤

Le stratagème autour de la rencontre avait été mis en place. Deux hommes attendraient dehors pour surveiller, dont avait la charge de s’assurer que le dénommer Conni remplisse bien sa mission, à savoir faire diversion. Trois autres, Nathaniel compris, entreraient à l’intérieur de la boutique afin de discuter avec le propriétaire des lieux. Sur son ordre, l’opération se mit en branle. Conni hésita, mais finit par passer à l’action et pénétra par effraction à l’étage afin d’y faire du bruit. Le piège fonctionna puisque l’occupant monta à l’étage. L’elfe sombre et deux de ses hommes en profitèrent alors pour entrer par la porte principale, prenant soin de fermer derrière eux et d’indiquer que la boutique était fermée. Le gredin préférait éviter que potentiel gêneur.

À l’extérieur, Conni finit par ressortir du bâtiment, chassé par l’occupant. Qu’importe, ce qui avait pu se passer en ces murs, qu’importe ce qui avait pu s’y dire, les ordres du roi de la confrérie étaient clairs. Le brigand avait rempli son rôle, il fallait à présent l’éliminer pour qu’il ne devienne pas à gêneur. Il fut donc rapidement pris en chasse. Mais avant de partir, l’homme ayant la charge de s’occuper de Conni remarque que quelqu’un d’autre était sorti par la fenêtre. Contactant alors son comparse également à l’extérieur, il lui indiqua le souci. Les deux se séparèrent alors, l’un allant prendre en chasse le brigand, l’autre allant s’occuper de l’inconnu. La surveillance extérieure du bâtiment était peut-être délaissée, mais il valait mieux cela que prendre le risque de voir la cible s’échapper ou pire voir des renforts débarquer particulièrement les autorités.

À l’intérieur, les hommes des Nathaniel s’étaient déployés afin d’empêcher toute fuite de l’objectif, mais également permettre de garantir la retraite du gredin en cas de soucis. L’elfe sombre, lui, avait déposé la jarre à objet du rendez-vous factice et était parti observer les babioles vendues dans la boutique. L’œil expert du pirate dénicha quelques objets intéressants qui possédaient une certaine valeur, mais rien de plus. Il ne semblait pas avoir d’objet représentant en danger particulier dans la pièce. Cela était pour le mieux. Du bruit se fit finalement entendre dans l’arrière-boutique. Le maitre des lieux revenait. Celui-ci avait en main un bâton et semblait être prêt à s’en servir. Soit, Conni avait donc vendu la mèche. On pouvait difficilement le lui reprocher.

« Je vous souhaite la bienvenue et vous présente toutes mes excuses pour ne pas avoir été là pour vous accueillir comme il se doit. En quoi puis-je vous aider ? »

Les lèvres de l’elfe sombre s’écartèrent pour laisser apparaitre un large sourire révélant ses dents ciselées, si caractéristiques de son personnage et de son esprit-lié.

« Merci à vous de nous accueillir dans votre boutique. Allons allons, baisser votre bâton. Il serait bête de faire quelque chose de fâcheux. Nul besoin d’autant de méfiance ou de défiance. Les méthodes sont certes peu orthodoxes, mais l’objectif reste le même. Je suis ici pour faire une transaction, si on peut dire. Après tout, la jarre elfique est ici. »

Le gredin la pointa du doigt, elle était au centre d’un couloir, non loin du gredin.

« Oh, mais j’y pense. Je ne me suis pas présenté. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Mon visage est placardé dans plusieurs allées de la ville. Je suis le Capitaine de l’Outre-Monde, mais plus souvent  connu sous le nom Nathaniel Eärendil, roi de la confrérie. »

Le regard de l’elfe vint se planter tel un poignard sur la silhouette de Sorel.

« Permettez-moi de vous enjoindre à ne rien faire de stupide. Cela aurait de fâcheuses conséquences si vous veniez à prévenir l’extérieur. De fâcheuse conséquence pour vous, pour votre boutique, mais aussi pour le quartier qui nous entoure et les pauvres âmes innocentes qui l’habitent. Évitons de gâcher des ressources humaines si cela n’est pas nécessaire. »

Nathaniel prit une inspiration puis fit parcourir la magie dans son corps. Il vint user de son sort pour travestir les effets de son esprit du lion. Sa voix devenant alors plus douce aux oreilles des hommes.

« Je vous sens crisper. Détendez-vous un peu et posez ce bâton. Je ne suis pas venu ici pour vous faire du mal, ne me contraignez donc pas à vous faire subir la même chose qu’à ce pauvre Conni. Je suis vraiment venu discuter au sujet de cette jarre. Même si ce qui m’intéresse réellement n’est pas l‘objet en lui-même, mais plutôt son contenu. J’ai ouï dire que vous aviez une certaine fibre avec les animaux, Gallenröd. »

L’elfe finit par faire quelques pas en direction de son interlocuteur, laissant ses mains en évidence.

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Sorel se retint de plisser les yeux à la vue des dents parfaitement taillées de l’elfe sombre, sentant un frisson lui parcourir l’échine.
Il avait fait la rencontre de son lot de personnes dangereuses, une variété de dangers parfois improbables, mais outre les apparences, il y avait quelque chose de plus qu’il se devait de redouter. L’avertissement de Conni lui revint à l’esprit et il régula sa respiration, décontractant son corps autant que possible.

Les premières paroles de l’elfe, clairement plus vieux que lui, firent d’abord incliner la tête à Sorel en acceptation des remerciements mais son expression se teinta d’un certain amusement à la demande formulée sur un ton presque cajoleur. “Baisser son bâton” pouvait se révéler catastrophique pour la plupart des personnes impliquées, mais le criminel l’ignorait probablement. Il ne dit cependant rien, gardant son amusement pour lui-même et ne formulant aucune remarque sur le sujet. Il était probablement préférable de garder tout atout disponible dans sa manche jusqu’au moment opportun.
Gardant le silence et restant à l’écoute des mots prononcés, Sorel esquissa un rictus peu amène à la mention des “méthodes peu orthodoxes”. Il jeta un bref coup d’oeil à la jare mentionnée mais retourna rapidement son attention sur les trois hommes présents dans la boutique.

Il ne put néanmoins retenir un reniflement peu gracieux aux mots suivants.

« Vous savez qu’il vous aurait suffit d’entrer et de me demander la discrétion pour l’obtenir ? Vous avez employé de grands moyens pour vous assurer ma présence et surtout pour pouvoir entrer sans risques… mais ces mêmes moyens employés n’auront pour conséquence que ma défiance. »

Le soupir du brigand fit froncer les sourcils au jeune elfe et les mots suivants, prononcés d’une voix imperceptiblement différente, au moins autant que le pirate en lui-même, lui firent écarquiller les yeux. Sorel baissa légèrement la tête, conservant néanmoins un visuel clair sur les intrus, tentant de masquer la sensation brûlante qui s’était emparée de ses joues. Il prit un moment pour remercier les Esprits pour sa tignasse rousse qui devait probablement masquer la couleur carmine de la pointe de ses oreilles.
Irrité par sa réaction, il ne se retint pas, cette fois, pour plisser les yeux à l’attention du pirate qui se tenait non loin de là, sa silhouette dangereuse revêtant soudainement un attrait auquel Sorel était d’ordinaire étranger.

Il inspira profondément, tentant vainement d’ignorer la sensation d’attirance et l’intérêt tout sauf habituel qui l’attirait vers Nathaniel. Il était d’un naturel curieux mais cet intérêt n’avait rien à voir avec sa curiosité naturelle et tout avec quelque chose qui, d’habitude, ne l’aurait pas troublé outre mesure.

« Avant de vous donner toute réponse, avant de discuter ou de marchander, on va se mettre d’accord sur un point, Monsieur Eärendil, » gronda-t-il à travers ses dents serrées, ses orbes vertes brûlantes d’un feu glacé. « Il n’est nul besoin d’avoir recours à des artifices en ma présence. Pas pour l’instant, du moins, » concéda-t-il avec une brève inclinaison de la tête sur le côté.

Il avança d’un pas, sa posture plus rigide qu’il ne l’aurait voulue et son bâton toujours à un souffle du sol. Lorsqu’il prit la parole, sa voix était ferme, sans inflexion autre qu’une détermination qui ne laissait aucune place au doute ou à la peur.

« Je me fiche d’où vous venez et de ce que vous faites… » A l’exception peut-être de l’esclavage mais Sorel n’en pippa mot, il doutait que le sujet soit pertinent. Pour l’heure, Nathaniel Eärendil se trouvait dans sa boutique et la menace ne pouvait être plus claire. Toute l’affaire puait la manipulation, du message qu’il avait reçu jusqu’à la torture de Conni pour attirer Sorel à l’étage afin de donner libre accès à sa boutique. Le tout, pour l’accueillir en force dans sa propre maison. S’il avait eut moins de contrôle sur lui-même, Sorel en aurait grincé des dents. Pour l’heure, il se contenta de redresser la tête et de ficher son regard dans celui du pirate, ignorant les traces rouges qui coloraient ses joues et brûlaient ses oreilles. « Je vous demanderais simplement de m’exposer la raison de votre présence sans menace supplémentaire ni manipulation inutile. Je suis un marchand, vous avez un bien et j’ai déjà accepté de vous recevoir. Sachez cependant que mon temps n’est pas gratuit et qu’en mutilant Conni, vous m’avez privé d’un élément certes peu intéressant mais qui avait néanmoins son utilité. »

Sa poigne sur Tor’Shorot demeura souple et leste, stable et sans tremblement. Sa posture, raide et tendue, se détendit presque soudainement et il esquissa un sourire d’une politesse absolument parfaite à l’attention de Nathaniel, son regard prenant une apparence débonnaire. Sa voix, lorsqu’il reprit, était d’une douceur simple, comme s’il s’adressait à un client ordinaire et non pas à un criminel de renommée accompagné de deux, peut-être plus, de ses compagnons.

« Si vous souhaitez que je pose mon bâton, je vous demanderais en échange de faire sortir vos compagnons. S’ils n’ont aucun intérêt ni utilité pour cette rencontre, autre qu’avoir l’air menaçant et dangereux, ils peuvent très bien le faire dehors. »

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¤ Mise au point ¤

L’elfe avait fait son entrée dans la boutique, tandis que l’un de ses hommes l’ayant précédé venait déposer la jarre enfermant en son sein un animal fort dangereux. Les deux gardes du corps accompagnant le roi de la confrérie s’écartèrent ensuite pour venir se poster chacun dans un coin de la boutique. Les pirates avaient déjà pris possession des lieux alors que la propriétaire de la boutique faisait finalement son entrée. L’elfe aux cheveux de feu accueillit ses visiteurs, mais il ne s’agissait là que de faux-semblant. Son bâton en main laissant présager qu’il était déjà prêt à se battre face à ce qu’il considérait comme une intrusion. L’elfe à la chevelure d’écume tenta aussitôt de désamorcer la situation … à sa manière bien entendu. Il était celui qui dirigeait cette entrevue et elle irait dans le sens qu’il désirait. Nathaniel alla même jusqu’à user du don du lion pour détendre un peu plus son interlocuteur qu’il sentait particulièrement sur ses gardes. En même temps, le propriétaire de la boutique voyait débarquer chez lui trois individus suspects, dont l’un se présentait comme roi de la confrérie.

« Vous savez qu’il vous aurait suffi d’entrer et de me demander la discrétion pour l’obtenir ? Vous avez employé de grands moyens pour vous assurer ma présence et surtout pour pouvoir entrer sans risques… mais ces mêmes moyens employés n’auront pour conséquence que ma défiance. »

Un léger rictus amusé vint étirer les lèvres du gredin. Qu’il était naïf.

« Je n’ai jamais eu l’habitude de demander quoi que ce soit, à autrui comme, s’il s’agissait d’une faveur que l’on devait me faire. J’ordonne ou j’impose. De plus, cela permet aux autres de ne pas se tromper au sujet de la personne qu’ils ont en face. Votre défiance est donc naturelle, mais vaine, car elle ne m’empêchera pas d’arriver à mes fins. »

L’intonation du lion s’était presque tu dans la voix du gredin, ayant remarqué les réactions que sa présente utilisation avait déjà pu engendrer chez le boutiquier.

« Avant de vous donner toute réponse, avant de discuter ou de marchander, on va se mettre d’accord sur un point, Monsieur Eärendil. Il n’est nul besoin d’avoir recours à des artifices en ma présence. Pas pour l’instant, du moins. »

Le rouquin pensait pouvoir lui imposer sa volonté, ou encore négocier avec lui le déroulement de la rencontre ? Le ton grondant dans la voix de celui-ci aurait pu être amusant, mais Nathaniel y voyait plutôt là une provocation. Une provocation à laquelle il ne put s’empêcher de ne pas répondre. Le plus naturellement du monde, il laissait le don de l’orque l’envelopper. À l’aura séductrice du lion qui entourait le gredin se mêla bientôt celle de terreur de l’épaulard, créant un mélange subtil d’une dangerosité et de fascination. Alors que l’Eärendil avançait, mains en évidence, Gallenröd fit lui aussi un pas en avant. Un pas qui se voulait ferme, déterminé, mais qui parut bien bancal aux yeux de l’elfe sombre.

« Je vous demanderais simplement de m’exposer la raison de votre présence sans menace supplémentaire ni manipulation inutile. Je suis un marchand, vous avez un bien et j’ai déjà accepté de vous recevoir. Sachez cependant que mon temps n’est pas gratuit et qu’en mutilant Conni, vous m’avez privé d’un élément certes peu intéressant, mais qui avait néanmoins son utilité. »

L’évocation du nom du brigand amusa Nathaniel. Ce dernier était déjà mort à l’heure qu’il est. Ses hommes à l’extérieur lui avaient surement déjà réglé son compte, ce dernier étant à présent devenu inutile dans les plans du gredin. Le pirate regrettait la perte de cette vie qu’il estimait presque comme du gâchis. Il aurait aimé le recruter, mais ce dernier n’avait malheureusement pas l’étoffe d’un véritable criminel. Très bientôt, le criminel et le sélénien furent face à face.

« Si vous souhaitez que je pose mon bâton, je vous demanderais en échange de faire sortir vos compagnons. S’ils n’ont aucun intérêt ni utilité pour cette rencontre, autre qu’avoir l’air menaçant et dangereux, ils peuvent très bien le faire dehors. »

Un large sourire vint orner les lèvres de l’elfe sombre, révélant une nouvelle fois ses dents ciselées.

« Je crains que vous n’ayez pas compris la situation dans laquelle vous vous trouvez. Permettez-moi de vous la réexpliquer dans tes termes plus simples. »

Avec la vitesse surnaturelle que lui conférait son bourdon, Nathaniel vint au corps à corps avec Sorel. L’un des gardes du roi de la confrérie, lié à l’hippopotame, créa un large bouclier dans le dos du rouquin. Le gredin vint plaquer son interlocuteur dos contre la plateforme invisible, l’une de ses mains venant se poser sur celle tenant le bâton, l’immobilisant, l’autre venant se saisir du poignet de l’autre main de Gallenröd pour venir le plaquer au-dessus de sa crinière rousse, contre la plateforme invisible. La force surnaturelle du dragonnier lui permit sans grandes difficultés de maitriser physiquement son interlocuteur. Nathaniel vint finalement mettre un pied entre les jambes de Sorel et rapprocher son visage. Le don du lion vint bientôt pleinement transpirer au travers des paroles du gredin.

« Tout cet endroit, et tout ce qui s’y trouve, m’a appartenu dès l’instant où j’ai mis le pied ici. »

L’elfe roux ne faisait pas exception à cette règle. La violation de son périmètre intime par le gredin n’en était qu’une démonstration. Le souffle du pirate venant effleurer l’oreille du boutiquier, ce premier continua sans attendre.

« Dès cet instant, tu n’étais plus en mesure de marchander avec toi. Simplement de m’écouter et d’exécuter le moindre de mes désirs. Dans l’espoir que je reparte ici sans faire plus de dégât que la mort de ce pitoyable voleur. »

À la menace verbale se mêla la menace physique. La poigne de Nathaniel se fit plus forte sur la main de Sorel tenant le bâton, tandis que dans le même temps, la jambe de l’elfe sombre glissait un peu plus avant jusqu’à appuyer contre l’entrejambe de l’elfe roux. Puis, venant murmure contre l’oreille de son interlocuteur, il poursuivit.

« Pardonne la déformation professionnelle de mes hommes, mais ils sont ici en réalité pour une tout autre raison qui leur confère tout intérêt et utilité à leur présence. »

L’Eärendil n’avait en bien entendu besoin de personne pour être menaçant et dangereux.

« Cette jarre contient quelque chose. Quelque chose que j’ai eu beaucoup de mal à enfermer. »

Lentement, l’elfe sombre vint désarmer l’elfe roux.

« Et c’est pour cette chose que je suis présent ici aujourd’hui. Et tu vas m’aider. »

Nathaniel se recula finalement d’un pas en arrière, le bâton de Sorel en main, tandis que le bouclier magique formé par le garde du roi de la confrérie se dissipa, laissant le rouquin tomber en arrière sur les fesses.

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La réplique de son hôte arracha un son à l’elfe, à mi-chemin entre l’exaspération et la moquerie. Il se retint à grand-peine de lever les yeux au ciel, se concentrant sur son but de transmettre ses idées et pensées, même s’il commençait à se douter que le tout tomberait dans l’oreille d’un sourd. Parfois il suffisait d’un juste mot, d’une expression, pour que la situation tourne, peut-être pas à son avantage mais au moins pas à son désavantage.
Le jeune elfe plissa les yeux à la proposition de l’autre de lui “réexpliquer la situation”. La menace n’était pas anodine mais avant qu’il ne puisse se mettre sur ses gardes de façon à pouvoir réagir au moindre mouvement, Nathaniel était déjà sur lui.

Écarquillant les yeux sous l’effet de l’anxiété soudaine que cette proximité dangereuse, Sorel serra les doigts sur Tor’Shorot, son estomac se tordant d’angoisse. Soudain acculé contre une paroi invisible, il inspira soudainement, le poing serré sur ses entrailles se faisant d’acier. A l’instar des doigts qui se refermèrent sur sa main droite, écrasant les siens sur le bois dur du bâton. Retenant à grand peine une grimace, Sorel contempla un instant la possibilité d’écraser son front contre le nez droit du gredin, peut-être pour lui apprendre la notion d’espace vital. Il hésita avant de repousser l’idée, décidé à écouter les explications - aussi tordues soient-elles - du roi des pirates.

Une décision qu’il regretta un bref instant après.

L’attrait qu’il avait senti le remuer quelques instants plus tôt fit un retour en face brutal qui le fit haleter. La mention de possession, de tout ce qui se trouvait dans cette boutique appartenant à l’elfe qui le plaquait sans le moindre égard pour son espace vital, enflamma ses veines et Sorel serra les dents. Il planta un regard défiant dans celui, froid et calculateur, du criminel mais l’attirance qu’il ressentait y brillait malgré lui. La colère ne faisait qu’ajouter au brasier, lequel gagna en intensité lorsque le souffle de Nathaniel lui caressa la nuque et son oreille, sa voix lui asséchant la gorge.
Le mot désir lui fit davantage serrer les dents, une réaction qu’il expliqua par le mélange de douleur de ses doigts écrasés par la poigne du criminel et du genou qui s’était insidieusement glissé entre ses genoux, pressant contre son entrejambe et créant une friction dont il n’avait décidément pas besoin. Il tua un gémissement avant que celui-ci ne puisse passer la barrière de ses lèvres, ses yeux enflammés par la rage autant que par l’envie de se presser contre ce corps chaud et d’écouter cette voix menacer, toute autant que celle de le repousser brutalement et de lui mettre son poing dans la figure.

Ces désirs antagonistes ne faisaient qu’attiser sa colère mais il resta immobile, figé par un mélange écoeurant d’horreur et d’attirance superficielle.

Lorsque l’elfe adulte recula finalement, Tor’Shorot enfermé entre ses doigts, Sorel se retrouva les fesses au sol et le corps aussi brûlant que le souffle igné du bâton de mage. La honte, la rage, l’horreur et l’envie se disputaient la première place sans parvenir à trouver une gagnante à l’affrontement.
Sorel, en revanche, n’avait pas besoin d’attendre la fin du dénouement pour réagir. Il considéra la forme attirante du criminel, s’interrogeant sur l’origine réelle de cette attraction contre laquelle il ne pouvait rien, contre la peur animale qui s’était saisie de lui. Détaillant le corps rompu au combat qu’il avait eut pressé contre le sien à peine quelques instants auparavant.

Rejetant soudain la tête en arrière, Sorel éclata de rire et se redressa lentement, prenant le temps de se frotter les doigts tout en ricanant, hilare. C’était moins de la moquerie qu’un réel amusement, peut-être un rien rendu rauque par l’ardeur qui continuait de chauffer ses veines et d’attirer son regard.
Il secoua la tête, frottant toujours les doigts de sa main droite avant d’adresser un sourire à l’elfe gris. Un sourire qui dévoilait plus de dents que nécessaire, une menace plus qu’un geste cordial. A étudier les animaux et à tenter de les amadouer, il était certain qu’un rien finirait bien par déteindre.

« Vous avez fait des recherches, Mr. Eärendil ? » s’enquit-il d’une voix douce, quoique tremblante.

Un rictus tordit ses lèvres, agacé par les trahisons de son propre corps. Son ventre continuait de se tordre et ses veines de brûler, la sensation fantôme du souffle contre son oreille de le hanter.

« Vous pensez que j’ai joué à la marelle, pour finir scarifié de la sorte ? » continua-t-il, une note de moquerie acerbe teintant le désir qui continuait de l’accabler. Qui le dégoûtait au moins autant qu’il crevait d’envie de retrouver ces mains sur son corps, d’en sentir la pression et les cals qui devaient certainement les orner.

Son regard tomba sur la jar qui trônait toujours au milieu de la pièce, passant brièvement sur Tor’Shorot toujours tenu dans la main du criminel. Quelque chose se trouvait dans cette jar et le roi des pirates avait un intérêt tout particulier pour cette chose. Un animal, s’il devait en croire la remarque précédente concernant son habilité avec les animaux.

« Avez-vous considéré l’option de vous la mettre au cul, Mr. Eärendil ? » proposa-t-il d’une voix doucereuse, son regard retournant se ficher dans les iris sombres de son aîné, un sourire commercial étirant ses lèvres scarifiées. La provocation était ouverte, sans aucune réticence, sans la moindre tentative de la masquer ni d’être subtil.

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¤ Le Serpent ¤

L’elfe sombre avait mis l’elfe roux dos au mur, dans tous les sens du terme. Mêlant menace et plaisir, alliant à la perfection son charisme naturellement, le don de son lion travesti et celui de l’orque, afin de troubler son interlocuteur pour mieux le mener. Détournant suffisamment l’intention de Sorel, et usant de suffisamment de force physique, il retira le bâton de la main du dompteur. La prochaine fois, il ferait mieux d’y apposer un glyphe empêchant quiconque que son possesseur de le tenir. Une bonne manière d’éviter un désarmement brutal. Fort heureusement pour le roi des pirates, peu de monde y pensait, la plupart des gens préférant la puissance à la sécurité. Mais ce n’était pas une critique, lui-même faisant partie de ce groupe. Nathaniel laissa retomber Gallenröd sur les fesses, avant de l’observer depuis sa position debout, supérieure, et recentrer la discussion sur ce qui était réellement important : la jarre et son contenu. L’Eärendil pouvait ressentir le trouble chez son interlocuteur, le combat interne que sa psyché et son corps menaient. Semer la zizanie, la discorde, rien de plus facile pour le forban. Un rire finit par éclater chez le jeune elfe qui se redressa. Ce dernier lui sourit par la suite, révélant ses dents, avant de parler de ses cicatrices. Nathaniel se contenta d’un haussement de sourcils. Devait-il prendre cela comme une provocation ? Une menace ? Une invitation ou encore un concours ? Lui-même avait son lot de balafre dû à ses affaires. Si Sorel avait été plus vieux, sans doute aurait-il pris plus en considération les marques du rouquin. Mais celui-ci était jeune, il pouvait aisément le deviner. Dans quelques années, peut-être, user de ses cicatrices pourrait lui permettre de peser dans la discussion. Mais à l’heure actuelle, il n’en était rien.

« Avez-vous considéré l’option de vous la mettre au cul, Mr. Eärendil ? »

Ce fut au tour de Nathaniel d’éclater de rire, un rire franc. La provocation était grossière et même dans une situation où il n’avait pas l’avantage, le rouquin continua à aboyer. Ce petit commençait à lui plaire. Venant faire tourner le bâton entre ses doigts, le roi de la confrérie des pirates contourna Sorel afin que celui-ci se retrouve entre sa personne et la jarre. Depuis le creux de sa main libre, l’Eärendil vint faire pousser une dague en ivoire. Il joua légèrement avant de la jeter en direction de Gallenröd … non, en direction de la jarre. L’arme de jet fila comme le vent, frôlant le visage du tenancier, tranchant sur son passage une mèche de cheveux, avant de continuer vers sa cible pour finalement atteindre le bouchon du récipient. L’elfe sombre claque des doigts et ses gardes positionnés à deux autres points de la pièce sortir chacun une dague et la plantèrent au sol. Un cercle magique se dessina, résonnant avec la jarre. Un dôme invisible venant se former, enfermant Sorel et l'objet. L’elfe sombre se baissa alors, venant ramasser au sol la mèche de cheveux roux qui avait virevolté jusqu’à ses pieds avant que le bouclier ne se forme. Il la secoua légèrement avant de la porter à son nez.

« Si vous survivez à cette rencontre, je pense que je vais considérer l’option de vous mettre quelque chose de très agréable dans le vôtre. »

L’elfe sombre fit un pas en arrière, sourire aux lèvres, venant jouer avec la mèche de cheveux avant de la ranger dans sa poche.

A l’intérieur du dôme, la dague avait fait son office. Fort habile dans sa visée, l’arme était venue faire sauter le bouchon de la jarre. Celui-ci sauta avant de tomber au sol et se mettre à rouler. La prison de Nhäggini était désormais ouverte. Un sifflement menaçant s’échappa de l’objet alors qu’une tête de serpent commença à en sortir.

« Je sens vos liens. Traitres esprits. Regardez-moi tuer vos protégés. Même dans ce corps je vous ferais payer. »

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Sorel plissa les yeux, méfiant, à l’éclat de rire du pirate. Il ne s’était pas attendu à ce que sa “gentille” provocation provoque l’hilarité en lieu et place de l’agressivité. Pousser les gens à la colère pouvait parfois générer des erreurs, faire oublier… pour autant, le pirate semblait y être complètement insensible. Autant dire que le jeune elfe se sentait progressivement mal à l’aise, un peu moins en sécurité si c’était possible. Il ne se sentait déjà pas bien à l’avantage mais à mesure que le temps passait, le moins il se sentait en contrôle de la situation. Non pas qu’il en ait eut des masses pour commencer mais l’absence se faisait de plus en plus sentir… et son déplaisir ne faisait que s’accentuer.
Retroussant les lèvres sur un sourire qui montrait peut-être une once trop de dents, Sorel passa une main dans son dos, agitant les doigts afin de les assouplir. S’il devait avoir recours à la magie, il tenait à être prêt et à avoir l’avantage de la surprise. Il se retrouvait néanmoins dans une situation qu’il n’avait pas prévue et, surtout, dans laquelle il n’était pas sûr de s’en tirer. Bien que Sorel se soit confronté à différentes situations à travers les années, celle-ci ne faisait écho à aucune autre et les compétences peu développées du jeune elfe ne seraient pas pour lui porter secours. Ce n’était pas non plus ses compagnons à fourrure qui pourraient être en mesure de l’aider et il doutait qu’une ratte apportant gentiment au pirate un dé à coudre puisse l’attendrir suffisamment longtemps pour lui permettre de se carapater.

Prudent, il garda le brigand dans son champ de vision, tâchant de ne pas lui tourner le dos, se ramassant légèrement sur lui-même tout en commençant à considérer l’option de la fuite. Il n’y avait aucun mal à fuire une situation qui le dépassait, surtout s’il était à peu près certain que Järn, Snö et la petite troupe était désormais en sécurité ou, à tout le moins, hors de portée des vilains qui se trouvaient actuellement dans sa boutique. Une fois en sécurité, il pourrait planifier une vengeance à la hauteur de l’affront, le tout avec des intérêts salés.
Il ne s’attendait pas, en revanche, à ce qu’une dague lui soit quasiment jetée au visage. Se décalant légèrement, bien que conscient que la manoeuvre était inutile, Sorel sentit la lame glisser à un souffle de son visage, déplaçant une mèche de cheveux. Il aurait probablement pu s’inquiéter de la menace et des conséquences si, l’instant suivant, les deux brutes qui se trouvaient également dans la pièce s’élancèrent et abattirent chacun une dague au sol.

L’instant suivant, Sorel se retrouvait piégé, du mauvais côté d’un dôme magique créé par le sort en question. Observant autour de lui, l’air inquiet, le jeune elfe fixa le plus âgé en le voyant s’emparer d’une mèche de ses cheveux et la renifler. Sa prise de parole, en revanche, arracha un hoquet outré au Maître des Mines.

« N’imaginez même p- »

Un sifflement derrière lui l’interrompit sèchement et Sorel se retourna pour constater que la jar, auparavant posée sur une table, était désormais ouverte et, de son goulot désormais ouvert s’extirpa la tête triangulaire d’un serpent massif. L’elfe inspira et tourna brièvement la tête vers Nathaniel, prenant le temps de lui jeter un regard noir avant qu’une voix, définitivement pas le sifflement habituel d’un serpent, ne s’élève en provenance de la jar. Sorel se retourna, les yeux écarquillés.
Il n’avait pas eut bien des occasions de pratiquer le graärh, un langage qu’il avait tenu à apprendre malgré la maigre possibilité d’un jour rencontre un membre de ce peuple. Il avait pourtant eut l’espoir et… à l’heure actuelle, c’était une décision qu’il ne regrettait définitivement pas.

Le reptile qui glissa au sol était massif et musculeux, mais, surtout, elle était… d’humeur assassine, semblerait-il. La voix était féminine, pour autant que Sorel puisse dire, et les mots qu’elle prononça n’auguraient rien de bien rassurant pour quiconque était lié à un Esprit-Lié, ce qui correspondait à la plupart de la population.
Le jeune elfe s’accroupit, le regard fixé sur le reptile assassin, l’observant tandis qu’elle le considérait pour un instant avant de s’intéresser tout naturellement à Nathaniel. Sorel ne s’y connaissait pas spécifiquement en Esprit-Lié, excepté les siens, mais il était suffisamment malin pour reconnaître que le gredin devait être lié avec certains d’entre eux pour être en mesure d’user tant de leurs capacités contre lui. Une cible toute désignée pour le reptile.

Cherchant ses mots dans le dialect graärh, Sorel prit lentement la parole avec un accent à couper au couteau :

« Serpent parle le graärh ? »

Le reptile, occupé à siffler rageusement au dôme qui l’empêchait d’atteindre sa proie toute désignée, tourna sa tête triangulaire vers Sorel. Pendant un bref instant, l’elfe regretta d’avoir prit la parole et attiré l’attention du prédateur homicide.

« Je suis Nhäggini, » siffla-t-elle rageusement, relevant son nez pointu, dressant sa tête au-dessus du sol pour s’adresser à lui comme s’il avait besoin d’être davantage impressionné. Il ne parlait pas très bien le graärh mais le comprenait mieux à l’oral. « Je suis graärh… et tu as deux Esprits-Liés. » Nhäggini tourna à nouveau la tête vers Nathaniel, considérant un instant sa proie avant de retourner son attention sur le jeune elfe. « Une proie parfaite en attendant de pouvoir tuer l’autre aux oreilles pointues. »

Pendant un instant, Sorel considéra l’option de grimper sur la petite table en espérant pouvoir gagner un peu de temps. A la place, il fixa son regard dans celui de la reptile, restant parfaitement immobile depuis sa position. Un genou au sol, l’autre relevé contre sa poitrine, il observa le reptile tout en tentant de donner un sens aux mots qu’elle avait prononcé. La voix, bien que reptilienne, était indubitablement féminine… et son grief contre les Esprits-Liés semblait être particulièrement important.
Elle ondula sur le sol, le frémissement de ses écailles à peine perceptible contre le sol de sa boutique.

« Si... » Il n’avait pas connaissance de l’existence du mot “pirate” dans la langue graärh et se fit violence pour ne pas paniquer, restant parfaitement immobile malgré l’avancée de la prédatrice. « oreilles pointues tu veux, » dit-il en désignant Nathaniel d’un mouvement léger, « je peux aider. »

Elle s’immobilisa. Trop proche pour que la menace ne soit pas toujours lourde d’évidence et de promesse de mort, mais suffisamment loin pour que Sorel n’ait pas l’impression de dévisager la mort.

« Parle. »

C’était une occasion en or, une occasion pour négocier sa vie - ou plutôt sa survie - mais également la plus grande occasion qu’il ait de regretter que son graärh soit aussi pauvre. Son éloquence naturelle lui ferait défaut et il ignorait s’il parviendrait à la convaincre comme il aurait pu être - à peu près - certain de convaincre quelqu’un d’autre.
Choisissant ses mots avec soin, tentant de construire ses phrases avec plus de précaution et d’efficacité, il prit lentement la parole.

« Il a usé ses Esprits-Liés contre moi, dans ma maison. » A ses mots, la reptile sembla voir son environnement pour la première fois avant de reporter son attention sur lui. « Avant de me jeter ici, avec toi. En cage. »

Sorel réalisa alors, mettant bout à bout les dernières paroles de Nathaniel, que le serpent avait été enfermé par ses soins. Cela ne pouvait signifier qu’une chose, Nhäggini l’avait probablement déjà attaqué par le passé et Sorel était là pour dompter l’animal. L’elfe ignorait exactement comment elle s’était retrouvé dans le corps d’un serpent mais très clairement son aîné ignorait à quoi, ou plutôt à qui, il avait à faire.
Il fut alors particulièrement difficile pour le jeune elfe de se retenir de quitter l’animal des yeux pour adresser un sourire goguenard à son tortionnaire. Ce dernier venait précisément de lui offrir le moyen de lui mettre une claque en représailles pour ce qu’il venait de lui faire subir. Une vengeance plus rapide que ce à qui Sorel était habitué mais il n’allait pas se plaindre. Pour l’heure, cependant, il se concentra justement à ne pas quitter la reptile des yeux, soutenant le regard prédateur qui ne cillait pas.

« Les Esprits-Liés sont des menteurs, » siffla-t-elle avec rage, ses mots ponctué d’un sifflement plus fort qui laissa entrevoir les crochets qui ornaient sa gueule. « Ils m’ont abandonnée, ils m’ont maudite puis enfermée. Maintenant, » poursuivit-elle plus calmement, une froide détermination s’instillant dans ses mots, « je chasse leurs protégés et ils ne peuvent rien contre moi. »

Sorel se retint de la contredire, ou même de formuler sa pensée mais l’un d’entre eux était actuellement en train d’oeuvrer à travers lui pour l’apaiser. Il doutait qu’un autre aurait pu attirer l’attention de la graärh sans y laisser la vie, pas comme lui. Bien que peu probable, il pouvait presque sentir le nez velouté du cheval lui frôler l’épaule et le soutenir dans cette épreuve. Il se souvenait encore de son apparition, fabuleuse et fantastique, éthérée et pareille à aucune autre et ce souvenir lui insuffla une nouvelle force, une assurance qu’il commençait doucement à perdre.

« Je peux sortir, » dit-il avec conviction. « Pas toi. Pas sans moi. Je nous libère, tu m’aides ? »

« Tu es lié aux traîtres, » fit-elle remarquer, les crochets refaisant une apparition menaçante au dernier mot, craché avec dégoût.

Feignant plus de nonchalance qu’il n’en ressentait, l’elfe haussa les épaules. « Vrai. Moins que lui, plus que toi. Mais je peux sortir, pas toi. Tu me tues ? Tu restes en cage. »

Il s’exprimait avec calme et sans vantardise, sans non plus l’asticoter au risque de l’antagoniser plus qu’autre chose. Il avait besoin de son aide et elle avait manifestement besoin de la sienne, il ne servirait à rien de se la mettre à dos. Surtout qu’en la situation actuelle, il était probablement celui qui avait le moins l’avantage. Elle siffla, la tête triangulaire de la tueuse à un souffle du sien mais il attendit, immobile. Elle pouvait être stupide et décider de le tuer sur le champ mais en l’état actuel des choses, il n’avait aucun pouvoir sur sa décision, il avait déjà donné ses arguments. C’était à elle de faire son choix, alors il resta parfaitement calme, attendant qu’elle se décide.

« Je le tue, je les tue puis je te tue. »

Il avait tout intérêt à prendre la poudre d’escampette pendant qu’elle était occupée avec les trois guignoles qui occupaient sa boutique. Il espérait de tout coeur que son double ait eut le temps d’effectuer les préparations nécessaires à la protection de ses compagnons. Il pouvait monter Järn à cru, cependant.
Alors il hocha la tête et tendit la main, paume vers le haut.

Dardant sa langue bifide, ses yeux luminescents fixés sur lui, Nhäggini glissa doucement le long des doigts de l’elfe, son long corps sinueux progressant le long de son bras, venant s’enrouler autour de ses épaules et de son cou sans qu’à aucun moment ses muscles puissants ne se resserrent dans une étreinte mortelle.
Une fois qu’elle se fut installée, Sorel se redressa sans trop de peine, remerciant la force des elfes pour ce cadeau béni des Esprits. Il s’approcha du dôme jusqu’à s’approcher d’une des étagères qui ornait le côté de sa boutique et tendit le bras. Sa main, sur le point de buter contre la paroi du dôme, se fit intangible et il passa sans effort au travers de la barrière pour fouiller dans une urne d’apparence onéreuse et en ressortir avec une sucette à la cerise. Une façon idéale de faire comprendre au brigand que son joli dôme n’était désormais plus qu’un élément esthétique et inutile, incapable de le retenir plus longtemps. Déballant la sucrerie avec un petit sourire, il se déplaça dans sa prison pour se tenir en face de Nathaniel et fourrer le bonbon dans sa bouche.

« Veux jouer d’abord ? » proposa-t-il à la graärh enroulée autour de ses épaules, lui adressant un regard en coin avec un petit sourire aux lèvres.

« Qu’ils courent, ils n’iront jamais assez loin, » siffla-t-elle, le regard fixé sur sa proie qui se trouvait toujours de l’autre côté du dôme.

« Notre amie ici présente vous propose de courir, si vous tenez à sauver votre peau, » lança-t-il joyeusement autour de sa sucette rouge qui lui colorait la langue. « Elle vous laisse un peu d’avance, sinon c’est pas drôle. »

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¤ Le dilemme ¤


Le bouchon avait sauté, la jarre avait été descellée, la bête venait d’être lâchée. Les hommes de main du gredin vinrent chacun planter une dague dans le sol, les glyphes présents sur ces dernières s’illuminèrent avant de venir courir sur le sol et former une barrière, un dôme magique au sein de la boutique, englobant la jarre, le serpent et bien sûr l’elfe roux. L’elfe sombre avait fait mettre au point cet atout plusieurs semaines auparavant afin de pouvoir confiner le reptile fort hostile si jamais celui-ci parvenait à se libérer, ou si un jour comme celui-ci venait à se présenter. Nathaniel observait Sorel au travers du dôme avec un regard dur, venant jouer avec la mèche de cheveux avant de venir la ranger. Il avait déjà des poupées de prêtes, il lui suffirait plus qu’à la personnaliser un peu pour les faire ressembler à Gallenröd et les lier à ses esprits-liés. Il ferait cela en fin de journée.

L’elfe roux n’eut pas bien le temps d’être offusqué par les derniers propos du pirate qui lui promettait un plaisir inédit s’il parvenait à satisfaire ses attentes. Une motivation supplémentaire pour le gérant de la boutique qui jouait déjà sa vie et même plus en cet instant. Le gredin vint tranquillement s’adosser contre un mur, l’air nonchalant, venant observer dans le plus grand des calmes ce qui allait se produire. Toute son attention était portée sur cet instant. Très bientôt, un échange, un dialogue commença à s’établir entre les deux prisonniers. Le rouquin répondait au sifflement du serpent en graärh ? Étrange que cela. Espérait-il que le gredin ne le comprenne pas ? Bien sûr qu’il comprenait le graärh. Ce fait était nécessaire pour pouvoir comprendre et dominer les esclaves qui venaient de ce peuple, mais aussi les combattre efficacement. C’est la capitaine des esclaves qui lui avait d’ailleurs appris, celle-ci étant une représentante de ce peuple à fourrure. L’accent du rouquin et son parler étaient en revanche terriblement mauvaise, l’elfe sombre espérait néanmoins que le serpent parviendrait à comprendre ce que le vendeur pouvait raconter.

« Alors ? Que dit-il ? »

La voix du gredin sonna comme impérieuse. Il voulait connaitre la teneur des échanges entre l’elfe et le serpent. Après tout ce dernier était censé lui servir d’interprète. Du peu qu’il put comprendre, les deux prisonniers parlaient de lui. Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien manigancer ? Ils avaient l’intention de sortir ? L’Eärendil aimerait bien voir cela. Le marchand avait véritablement la tête dure. Le gredin frappa du talon contre le sol.

« Je veux savoir ce qu’il me veut. Pourquoi n’a-t-il eu de cesse de m’attaquer ? Et comment faire pour faire cesser cette hargne à mon encontre. »

Bientôt, le serpent vint se rapprocher encore plus du rouquin, commençant à grimper sur son bras. Que se passait-il ? Était-ce la fin de l’elfe ? Cette sale bestiole avait de la force. Il l’avait vu briser le bras d’un homme rien qu’en l’étreignant. Le serpent progressa jusqu’à venir enserrer le cou du marchand. Soit, au moins celui-ci aurait le mérite d’avoir une mort rapide, le cou brisé d’un coup sec. Quand bien même le roi de la confrérie regrettait ce fait. Pourtant, Sorel ne trouva pas la mort, bien au contraire. Le serpent s’installa sur l’épaule de celui-ci, sans que l’hostilité ne l’ait quitté. Que prévoyaient ces deux-là. Bientôt Gallenröd se rapprocha de la limite du dôme. Nathaniel plissa des yeux, venant observer ce qu’il comptait faire et se préparant à agir si nécessaire, venant serrer le bâton qu’il avait précédemment arraché de force à sa victime. Bientôt, la main de l’elfe roux passa au travers de la frontière magique comme si de rien n’était. Puis, fier de lui, ce dernier vint se planter remplit d’une soudaine assurance face à l’Eärendil. Toujours de l’autre côté de la protection magique bien entendu.

Le gredin analysa la situation, sans vaciller. Était-il seulement capable de passer lui-même au travers ? Où pouvait-il aussi faire passer le serpent ? Foutu magicien. Et foutu gamin. S’il n’avait pas besoin de lui, l’elfe sombre lui aurait déjà explosé le crâne à l’aide du bâton.

« Notre amie ici présente vous propose de courir, si vous tenez à sauver votre peau. Elle vous laisse un peu d’avance, sinon ce n’est pas drôle. »

Nathaniel haussa un sourcil. Son regard sembla porter derrière Sorel et un sourire défiant vint orner ses lèvres.

« Alors, comptons. Un … deux … »

Soudainement le silence, puis à l’instant d’après, une nouvelle voix se fit entendre. Elle ne ressemblait pas à celle de Nathaniel.

« Trois ! »

Sorel ne se trouvait plus face à face avec Nathaniel, mais face la tête de Conni, plantée sur le bâton qui lui avait été subtilisé quelques instants plus tôt. Du sang s’écoulait de cette dernière, venant couler le long du manche et tomber au sol, les yeux étaient vitreux et la langue pendouillait.

« Messire, je vous avais pourtant dit qu’il était dangereux. Pourquoi ne m’avez-vous pas écoutez ? »

La même voix se fit entendre. Décalant le bâton sur le côté, l’elfe sombre apparut, un large sourire sur les lèvres.

« Maintenant je suis mort, beeuuuuur»

La voix provenait de l’elfe sombre, mais celui-ci ne bougeait pas ses lèvres. Le gredin était en train de faire un tour de ventriloquie et prêtait une voix à la tête décapitée. En retrait, derrière l’elfe sombre, se tenait un homme qui avait entre ses mains un animal, un chat. Sa poigne sur ce dernier était ferme et l’animal fêlait, grondait et gémissait légèrement de douleur en raison de la pression exercée pour le maintenir. Ni la tête ni l’homme ne se tenait là il y a encore une seconde alors que l’elfe s’était mis à compter. Pour cause, Nathaniel avait fait usage du vol du bourdon pour figer dans le temps aussi bien le serpent que Sorel, juste assez pour permettre la mise en scène. Le nouvel arrivant prit la parole.

« Peu de temps après que l’autre vaurien soit sorti, un autre est sorti, il avait les mêmes traits que ce rouquin et il portait avec lui des bestioles. Il n’a pas été bien difficile à rattraper après avoir réglé le compte à l’autre. »

Nathaniel lâcha un soupire, levant les yeux aux ciels et continua à faire parler sa marionnette morbide.

« Les gens cherchent toujours à sauver en priorité ce qui a de la valeur à leurs yeux. Le plus souvent ce sont leurs enfants ou des richesses. Mais des animaux, je dois avouer que c’est une première. Alors ? Que devrions-nous faire ? »

L’elfe sombre rapprocha la tête de son visage et vint lui murmure à l’oreille.

« Oh mais oui ! En voilà une excellente idée. Vont-ils courir assez vite pour empêcher Georges de rompre le cou à ce matou comme il m’a rompu le mien. Ahahaha ! Comptons ! Un … »

Nathaniel remarqua un Sorel bien plus tendu qu’auparavant. Il prit alors la parole avec sa propre voix.

« Vous savez ce que je désire. Alors si vous considérez que votre vie n’a aucune valeur marchande. Je n’hésiterais pas à en utiliser une autre pour parvenir à mes fins. »

La tête … marionnette … non la mariotête reprit la parole.

« Deux … »

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« [...] Et comment faire pour faire cesser cette hargne à mon encontre. »

La question, la demande, formulée sur un ton impérieux qui dissimulait mal une frustration probablement inquiète, arracha une expression incrédule au jeune elfe. Trop occupé à essayer de rester en vie, toute son attention focalisée sur le serpent, Sorel ne répondit pas mais la réponse se formula d’elle-même dans sa tête. « Commencez donc par ne pas être un trou du cul de première catégorie, ça devrait arranger les choses. » Face au jeune elfe, cependant, se trouvait une menace trop importante pour se laisser aller à une telle inconscience. Comme pour confirmer ses dires, le poids du serpent prit place dans sa main tandis que la prédatrice sinuait le long de son bras pour prendre place autour de ses épaules.
Elle était lourde, mais ses anneaux s’étaient naturellement placés de sorte à ne pas le déséquilibrer et il trouvait sa présence étrangement rassurante. Une ancre qui lui permettait de se recentrer sur ce qui était important, à l’instant présent. Outre sa propre survie, il était important qu’il arrive à mettre son pied métaphorique au cul de ce salopard d’Eärendil histoire de le jeter hors de sa boutique et lui passer l’envie d’y remettre les pieds. Peut-être pouvait-il convaincre la reptile de rester à ses côtés, une fois que le pirate et ses sbires n’étaient plus qu’un mauvais souvenir ? Cela nécessitait, pour commencer, de négocier sa propre survie et de trouver un moyen pour qu’elle ne décide pas de le tuer malgré ses deux propres Esprits-Liés.

Pour l’heure, cependant, la question n’était pas là mais se trouvait plutôt sur comment il allait se venger du pirate… et cette question là avait trouvé réponse. Ravi de son plan, Sorel le mit en marche avant de se planter devant Nathaniel, sans prendre une seule seconde le temps de répondre à la demande exigeante de ce dernier.
Le cadet des deux elfes s’attendait à bien des choses, à bien des réactions… mais certainement pas à ce que le pirate se mette à sourire avant de commencer à compter avec un aplomb dénué de la moindre inquiétude. L’apparition soudaine de la tête de Conni, exsangue, les yeux roulés dans leurs orbites et la langue pendante d’entre ses lèvres flasques, était loin de ce à quoi Sorel s’attendait. Blêmissant devant le spectacle grotesque et répugnant, Sorel chercha Nathaniel du regard et le trouva se tenant désormais au côté du bâton, l’air suffisant et très satisfait de lui-même.
Toujours perdu pour les mots, Sorel remarqua un nouvel arrivant et si le choc et l’incrédulité l’avait momentanément laissé sans réaction, la vue qui se présentait à lui balaya tout sur son passage. Un raz-de-marée de rage qui éclipsa la tête décapitée de Conni et l’homme méprisable qui se tenait à côté, ne laissa que le sbire tenant d’une main Snö par la peau du cou. Le grand chat se débattait, miaulant en tentant de se dégager, protestant et manifestant sa douleur. La poigne du pirate, cependant, était ferme et inébranlable. L’homme, après avoir expliqué la situation, employa son autre main afin de maintenir le félin tranquille, le serrant d’un peu trop près, un peu trop fort. L’expression de Sorel se fit de marbre tandis qu’une colère noire lui brûlait les veines.

Sourd aux moqueries prononcées par la tête de Conni, le regard vert d’eau ne quitta pas le pirate qui tenait Snö sans la moindre délicatesse. L’elfe caressa du pouce l’anneau qui ornait sa main, activant le glyphe qui s’y trouvait et projetant ses pensées vers le serpent qui était paresseusement enroulé autour de son cou, supporté par ses épaules.
Les anneaux se resserrèrent convulsivement autour de lui, sans pour autant le heurter, alors que le reptile pouvait désormais percevoir les émotions et les sensations que lui transmettait Sorel. La rage noire et la détermination si éloignée de son habituelle douceur lui était étrangère mais elle était également formée d’un coeur dur et inébranlable. Communiquant avec elle sans émettre le moindre son, Sorel saurait se faire obéir de la redoutable prédatrice nichée sur ses épaules. « Cet homme ne quittera pas ma boutique vivant, » transmit-il, une détermination brûlante de colère habitant chacun de ses mots. « Il mourra en premier. »
La tête de la reptile considéra le jeune elfe, sa langue bifide dardant d’entre ses lèvres écailleuses avant de revenir à l’elfe sombre qui jouait un jeu macabre avec les restes de ce qui fut un ami.

« Il mourra, » accepta-t-elle, ses anneaux se resserrant dangereusement autour de la nuque de Sorel. « Mais n’oublie pas à qui tu t’adresses, protégé des traîtres. »

La caresse coupante des écailles contre la peau sensible et fragile de sa nuque le laissa indifférent, contrairement à la présence chaleureuse et au poids rassurant qu’elle représentait. Toute menace qu’elle profère à son encontre, Sorel lui faisait plus confiance qu’à un autre bipède, à plus forte raison ceux présents dans sa boutique à l’instant présent.
Entendant la reprise du décompte, Sorel quitta à regret l’homme qui tenait Snö pour se concentrer sur Nathaniel, un sourire dur ornant ses lèvres.

« Il semblerait que vous ayez été aussi avide dans la collecte d’Esprit-Liés que dans celle d’ennemis, Monsieur Eärendil, » lâcha-t-il platement.

La tête grotesque et répugnante de Conni continuait d’attirer son regard, renforçant, épaississant le coeur noir qui prenait forme dans sa poitrine. S’il relâchait la chaleur contenue dans le bâton, il pourrait l’anéantir et se débarrasser de cette vue troublante. Mais il risquait également de blesser Nathaniel - quel triste dommage, Sorel ne se le pardonnerait probablement jamais - qui pourrait s’en servir comme excuse pour blesser Snö, ou pire : le tuer. Cela, en revanche, Sorel ne pouvait pas se le permettre.

« Vous pouvez bien négocier ce que vous voulez, je doute que vous trouviez- »

L’elfe s’interrompit brusquement et plissa les yeux, fixant Nathaniel sans ciller. « Ils m’ont abandonnée, ils m’ont maudite puis enfermée. » C’était exactement ce qu’elle avait dit. Mot pour mot. Sorel considéra la tête triangulaire du reptile qui fixait toujours l’elfe sombre, ne quittant pas sa proie du regard, attendant le moment opportun pour frapper.
Sorel n’avait jamais ressenti le besoin ni la nécessité de faire appel à un Esprit-Lié afin d’avoir un lien supplémentaire, préférant laisser ceux-ci choisir s’il était digne de l’un d’entre eux. A l’instar de ce qui s’était passé avec le Cheval qui l’avait choisi spontanément et l’accompagnait depuis… mais il avait connaissance de rituels, il avait lu quelque chose à ce sujet, quelque part. Probablement dans un des rares volumes concernant les Esprit-Liés qu’il avait en sa possession ou qu’il avait trouvé à la bibliothèque. Il ne se rappelait pas du rituel en question mais était certain de son existence.
Était-il prêt à fournir une solution pour sauver les fesses méprisables du mécréant ? Un regard dans la direction de son chat lui donna une réponse immédiate. Sorel n’avait pas besoin d’une victoire instantanée. Il était un elfe, à l’instar de Nathaniel, sa vengeance mettrait du temps à venir mais elle viendrait bien un jour. Peut-être en plusieurs étapes, mais il obtiendrait satisfaction, d’une manière ou d’une autre.

Ses épaules se détendant soudainement, il s’adressa au roi des pirates avec une nouvelle résolution :

« Je suppose qu’à en juger par l’attention toute particulière qu’elle vous porte, vous connaissez un moyen de permettre à quelqu’un d’obtenir un Esprit-Lié ? »

« Cessez de parler, laissez-moi sortir ! »

Les anneaux autour du cou de Sorel se resserrèrent imperceptiblement, une menace muette à laquelle il n’avait pas l’intention de faire la sourde oreille. Jetant un regard à l’adresse de l’elfe qui lui faisait face à l’instar de la tête décapitée de Conni, Sorel projeta une nouvelle fois sa demande de tuer le pirate qui tenait Snö, sans prendre la peine de la formuler. Il n’en avait pas besoin. Si le reptile ne refermait pas ses crocs sur la gorge du malandrin, Sorel mettrait fin à sa vie lui-même, d’une manière ou d’une autre, de ses mains nues s’il le fallait.
Levant une main, le jeune elfe caressa doucement les écailles lisses du serpent.

« Paix, » apaisa-t-il d’une voix ferme, « toi vouloir esprit-lié ? »

Une once de frustration fit son apparition dans le carcan froid de détermination, la pointe légère tentant de se loger et de se frayer un chemin mais Sorel la repoussa sans attendre. Il aurait tout le temps du monde de se pencher sur son dialecte graärh plus tard, s’il réussissait à se tirer de là vivant.
Sur ses épaules, le poids se fit soudainement plus important alors que l’énorme reptile se figeait, son épaisse tête triangulaire se tournait vers lui. Elle se mit soudain en mouvement, claquant ses minces mais puissantes mâchoires à un souffle de son nez avant de siffler avec rage :

« Ces traîtres ! Ils m’ont abandonnée, je tuerais chacun de leurs protégés ! »

« Et si… moyen de redonner un ? »

Les anneaux se resserrèrent convulsivement mais l’elfe ne fit pas un geste pour se défaire de sa prise mortelle, elle se contentait de l’observer avec une intensité dérangeante. Terrifiante. S’il lui venait l’idée qu’elle en avait assez de lui, il n’aurait jamais le temps ni l’opportunité de se soustraire à sa tentative de le tuer, il mourrait. Il ignorait s’il périrait du venin qu’il avait vu suinter de ses crocs ou de ses anneaux puissants qu’il avait accueilli sur ses épaules.
Cependant l’attention brûlante de la reptile se détourna de lui pour se reporter sur Nathanaël.

« C’est possible ? Il peut ? »

« Je demande, » expliqua-t-il platement avant de tourner son regard vers l’elfe sombre, haussant un sourcil à son attention. « Si vous tenez à la vie, j’espère que la réponse à ma précédente question est positive. »

descriptionJ'ai un serpent dans ma botte [PV Sorel Gallenröd] EmptyRe: J'ai un serpent dans ma botte [PV Sorel Gallenröd]

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¤ Négociation ¤

Nathaniel n’était pas elfe à se laisser déstabiliser. Il n’était pas non plus elfe à baisser les armes particulièrement lorsqu’il a encore une carte à jouer ou pire quand il se sait en position de force. Et c’est exactement le cas en ce moment même. Le gredin à la chevelure d’écume ne craignait qu’une seule chose ici : Nhäggini. Par extension, il craignait aussi que du grabuge en ce lieu n’attire l’attention et particulièrement celle des autorités. Mais cette deuxième crainte était bien mineure, l’elfe sombre avait l’habitude d’être poursuivi, il ne s’inquiétait donc pas sur ses capacités à pouvoir s’en sortir. En revanche, face au serpent, il redoutait surtout le prix à payer. Cette sale bestiole était coriace, mais plus que tout, il ne souhaitait pas perdre son emprise sur elle après avoir eu tant de mal à la capturer. De ce fait, la coopération de Sorel se devait d’être présente. De gré ou de force, l’elfe sombre s’en moquait bien. Mais l’impertinence de ce dernier et sa capacité à pouvoir se bercer d’illusions commençait à l’agacer. Il avait la position dominante ici et les gesticulations du rouquin étaient aussi vaines que celles d’un asticot dans le bec d’un moineau. Nathaniel se décida à le lui rappeler une fois de plus avec une prestation macabre à l’aide de la coopération de Connie … ou plutôt de sa tête. Le pirate ne reculerait de devant rien. Il n’avait aucune morale pour le limiter. Il avait un objectif et il l’atteindrait, voilà tout. À partir de ce constat, la lutte était tout bonnement inutile pour sa victime, sauf à engendrer d’inutiles souffrances. Comme celle de ce pauvre chat en train de se débattre. La réaction de Sorel ne manqua pas de plaire au roi de la confrérie. Là, voilà ce qu’il cherchait. Enfin que peut-être ce dernier avait saisi la gravité de la situation. Pour dompter les têtes brûlées, il y a deux méthodes : menace sa vie, ou menace la ceux à qui il tient. Très souvent la première solution suffit, mais il est des individus particulièrement retors.

« Il semblerait que vous ayez été aussi avide dans la collecte d’Esprit-Liés que dans celle d’ennemis, Monsieur Eärendil. »

« Dans les affaires, on se fait toujours des ennemis. C’est quelque chose d’inévitable, alors à quoi bon se soucier de l’inévitable. Mieux vaut se concentrer quant à la façon de les neutraliser. Et puis … cela pimente un peu les choses. »

L’elfe sombre fit signe à l’homme tenant le chat de Sorel de s’en retourner dans la pièce d’à côté.

« S’il se passe quoi que ce soit. Tue-le. »

Si l’ordre était adressé au pirate, il sonnait également comme un ultime avertissement pour le rouquin. Et le ton du gredin laissait transpirer que la récréation était terminée. Ce dernier semblait l’avoir compris car enfin il commençait à réfléchir sérieusement sur le sujet. Avoir un but, celui de sauver son matou, semblait le motiver.

« Je suppose qu’à en juger par l’attention toute particulière qu’elle vous porte, vous connaissez un moyen de permettre à quelqu’un d’obtenir un Esprit-Lié ? »

L’elfe sombre haussa un sourcil. Donner un esprit-lié à quelqu’un ? Oui, il connaissait bien quelque combine, quelque rituel qu’il avait arraché au graärh soit en les interrogeant, soit en pillant leurs villages.

« Si vous tenez à la vie, j’espère que la réponse à ma précédente question est positive. »

Un sourire finit par étirer les lèvres du gredin.

« Il semblerait que vous ayez trouvé un terrain de négociation. Il fallait simplement vous motiver un peu plus. »

Le gredin vint prendre son menton entre deux doigts, commençant à le frotter, semblant réfléchir.

« Vous avez parlé d’un abandon et d’une malédiction. Je suppose que l’abandon concerne les esprits-liés … concernant la malédiction … mh, j’y pense, je n’ai jamais vu d’animal avec un esprit-lié … oh … je vois. Je me disais bien que quelque chose clochait avec ce serpent depuis le début. Serait-ce cela ? La teneur de sa malédiction ? Un corps de serpent. Je ne peux rien faire en qui concerne la malédiction, du mois avec mes ressources actuelles. Mais en ce qui concerne les esprits-liés … Je peux sans doute faire quelque chose. Après tout, qui suis-je ? Je suis le capitaine Nathaniel Eärendil ! »

L’elfe sombre vint de nouveau bouger le bâton sur lequel reposait la tête.

« Georges. Georges ! J’espère que tu te souviens dans quelle poubelle tu as jeté le reste de ma carcasse, car on va avoir besoin d’un cœur. Pas pour toi t’inquiètes, ce n’est pas comme si à ce stade on pouvait encore quelque chose pour toi. Ah-ah-ah. »

Nathaniel finit par saisir la tête de Connie par les cheveux et le retira du bâton, avant de la jeter au sol sur sa droite.

« Cependant ! Mes services ont un prix. Je suis prêt à m’engager à faire retrouver à cette créature un esprit-lié. Mais j’exige quelque chose en retour. »

Le gredin ouvrit son manteau et vint sortir d’une poche intérieure un morceau de parchemin roulé. Sans attendre, il le jeta en direction de Sorel pour que ce dernier le rattrape en vol.

« Je veux qu’elle rejoigne mon équipage. Dans la foire aux monstres qu’est le Maelstrom, elle y aura toute sa place. Elle dispose de capacités qui font d’elle un redoutable adversaire. Je l’ai appris à mes dépens. Je souhaite donc qu’elle les mette à mon service. »

descriptionJ'ai un serpent dans ma botte [PV Sorel Gallenröd] EmptyRe: J'ai un serpent dans ma botte [PV Sorel Gallenröd]

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L’elfe, la colère froide comme une pierre dure au creux de l’estomac, inclina la tête en considérant le pirate avec attention. Il n’avait pas tort, peu importait dans quel secteur, il était inévitable de finir par se faire des ennemis. Sorel était bien placé pour le savoir. Entre son travail comme Maître des Mines qui, si les séléniens devaient l’apprendre, pouvait bien lui coûter la vie, et celui de marchand plutôt compétent qui attisait quelques mauvaises attentions, il était bien placé pour le savoir. Quant à sa dernière phrase concernant la possibilité de rendre les choses intéressantes, Sorel devait admettre, à contre-cœur, qu’il n’avait peut-être pas tort. Le jeune elfe aimait bien embêter son monde mais collectionner les ennemis ne lui plaisait pas plus que cela. Ce qu’il appréciait, cependant, était de collectionner les petites revanches à prendre. Il aimait préparer ses coups, parfois longtemps à l’avance, pour s’assurer d’une réussite, surprendre sa proie. Le méfait avait été oublié, la victoire savourée et sa victime pensait l’affaire close, résolue et rangée. Pour Sorel, ce n’était le cas que lorsqu’il s’estimait satisfait.

Le rouquin suivit le malandrin du regard, le vert de ses yeux aussi froid que de la glace. Celui-ci ne souffrirait peut-être pas de cette habitude. Il n’avait pas l’intention de prendre son temps, il n’avait pas l’intention de le prendre par surprise… S’il devait prendre sa revanche sur cet homme-là, un juste retour des choses ne saurait convenir au jeune elfe. Il ne voulait pas s’en prendre à des innocents, contrairement à ces gâchis d’air et d’espace qui continuaient d’évoluer chez lui, empiétant allégrement sur son territoire.
La remarque concernant la “motivation” de Sorel lui arracha un petit sourire en coin :

« Effectivement, vous avez trouvé une façon efficace pour me motiver, » admit-il facilement, sans cesser de sourire.

Il y avait cependant des motivations à double tranchants et celle que le pirate venait de lui fournir serait particulièrement acérée sur le long terme. Sorel n’oubliait pas facilement et il avait la rancune tenace.
Il ne put retenir un souffle vaguement désabusé aux fleurs que le pirate se jeta sans aucune honte. Le jeune elfe le dévisagea, dépité. Il était à la fois difficile et tellement facile de se faire une idée du pirate qu’il avait du mal à savoir, exactement, où il se tenait par rapport à lui. Bien entendu il y avait la colère sourde qui continuait de le garder droit et faisait travailler une petite partie de son esprit sur les potentiels moyens de se venger. Pour autant, il devait admettre que le mécréant avait du mérite. C’était un déchet mais un déchet qui était parvenu à ses fins… un coup d'œil pour ce qui restait de Conny lui fit cependant reconsidérer quelque peu sa position. Pour Sorel, un bon criminel est un criminel qui n’a pas nécessairement besoin de recourir à la violence ou au meurtre, cela requérait plus d’effort et surtout plus de finesse. Une finesse dont le pirate manquait cruellement. Un vulgaire assassin, donc.

L’intervention de la tête découpée, grotesque et répugnante, lui fit grincer des dents et son regard prit une teinte plus sombre lorsque la tête heurta le sol dans un son sourd et mouillé avant de s’immobiliser. Fort heureusement, Sorel faisait face à l’arrière du crâne et non pas à son visage déformé. Frémissant, l’estomac toujours un peu mal à l’aise, l’elfe observa la suite des événements avec une forme de répulsion. Il y avait une révolte, en lui, à savoir qu’il se laissait avoir aussi facilement mais la sécurité de Snö en dépendait. A travers ses dents serrées, son regard passant de la pièce où s’était retiré le pirate et le félin, Sorel prit la parole à voix basse :

« S’il lui arrive quoique ce soit, malgré mon obtempération... » Trouvant finalement le chemin des yeux de Nathaniel, le jeune elfe n’ajouta rien de plus, laissa la menace en suspend, la promesse, peut-être plus exactement. Il haussa une épaule. Ils y passeraient tous. L’homme qui tenait Snö le premier, il s’en assurerait au travers de la reptile qui pesait toujours sur ses épaules mais l’équipage également. Que tout un chacun apprenne à quel point un pirate sous la coupe de Nathaniel Eärendil ne bénéficiait d’aucune protection qui soit concrètement efficace. Et Sorel s’arrangerait, d’une manière ou d’une autre, pour que quiconque sache combien le “contrôle” du pseudo roi sur ses sujets relevait de la légende plutôt que d’un fait établi. L’équipage était secondaire, ils pouvaient - et finiraient - probablement tous par y passer, Sorel ne les connaissait pas et ils n’étaient pas importants. Nathaniel, en revanche, verrait son chemin pavé de difficultés et d’imprévus. C’était déjà le cas, mais il n’avait pas nécessairement besoin de le savoir.

Il attrapa le parchemin si diligemment jeté dans sa direction et le déroula pour y découvrir un contrat. Incapable de se retenir, le marchand en lui entreprit de décortiquer les paragraphes et indications qui s’y trouvaient ainsi étalés sous ses yeux. Le contrat était bien travaillé… mais clairement pas équilibré. Comme il s’y serait attendu de la part de brigands, le contrat était indubitablement à l’avantage de la Confrérie. Haussant un sourcil à l’attention de Nathaniel, il finit néanmoins par expliquer la situation à la reptile, décrivant le contrat, ce qui y était écrit avec honnêteté et autant de facilité que sa connaissance du langage graärh le lui permettait.

« J’accepte, » susurra-t-elle, sa tête triangulaire orientée vers Nathaniel, goûtant l’air de sa langue bifide. « mais s’il me trompe... »

Songeant qu’elle était la deuxième à mentionner une menace sans en expliciter le contenu, Sorel présenta le contrat à la reptile, lui expliquant ce qui était attendu d’elle, et ne retint pas le léger haussement de sourcil intéressé lorsqu’elle cracha son venin en guise de signature.
Il tendit le parchemin, après l’avoir soigneusement roulé, et le tendit à Nathaniel.

« J’ignore ce que vous avez l’intention de faire avec le cœur de Conny, mais vous irez faire ça ailleurs. Rendez-moi mon chat. »

descriptionJ'ai un serpent dans ma botte [PV Sorel Gallenröd] EmptyRe: J'ai un serpent dans ma botte [PV Sorel Gallenröd]

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¤ Rien qu’un mauvais souvenir ¤

Un terrain d’entente venait d’être trouvé tout compte fait. Il avait fallu se montrer persuasif, mais au final le gredin était arrivé à ses fins, comme toujours. Il pouvait aisément voir la haine et la révolte dans le regard du rouquin, mais cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Il n’avait devant lui qu’un enfant qui ne comprenait ni n’acceptait de reconnaitre la situation dans laquelle il se trouvait. Le gredin et le marchand, les deux ne jouaient pas dans la même cour. Le contrat fut de nouveau tendu à l’elfe sombre qui vint s’en saisir. Il nota la façon dont avait signé le serpent et ne put réprimer un sourire. Venant enrouler le parchemin, il le rangea dans son manteau.

« Cela vous surprendra peut-être, mais je suis un homme de parole. Pour peu qu’un contrat soit signé. Ce qui est le cas aujourd’hui. » Puis désignant la jarre il continua. « Qu’elle retourne à l’intérieur. Mieux vaut pour tout le monde ici qu’une créature comme elle se fasse discrète. Je m’acquitterais de mes obligations le plus vite possible. Dès que Georges aura ramené le cœur. C’est le seul ingrédient manquant présentement. »

Nhäghini, bien que toujours méfiante, quitta Sorel pour rejoindre la jarre et se glisser dedans. L’un des hommes du gredin vint aussitôt placer le bouchon au-dessus et le transporter.

« Nous allons te rendre ton animal et partir sans plus attendre. Les gars, préparez-vous. »

Tous les gardes vinrent se rapprocher de Nathaniel, y compris celui transportant le chat.

« Ce fut un plaisir de faire affaire avec toi, ta rébellion était très excitante. La prochaine fois que l’on se reverra, je ferai en sorte que les choses soient très agréables pour toi. »

Le roi de la confrérie leva ses mains lentement, paume ouverte, doigts tendus et collés les uns aux autres.

«  Un … deux … trois. »

Alors qu’il finissait son décompte, le pirate claqua des mains et vint figer Sorel à l’aide du vol du bourdon. L’heure de partir était venue et au vu du caractère rebelle du rouquin, l’elfe à la chevelure d’écume préférait prendre des précautions pour un départ discret. Sur son ordre, Georges vint placer le félin dans les bras du marchand avant que Nathaniel ne le fige aussi. Puis, sans un bruit et sans un heurt, comme s’ils n’avaient été qu’un mauvais souvenir ou un fantôme, les pirates quittèrent la boutique. En partant, le gredin prit soin de retourner l’écriteau afin de signifier que la boutique rouvrait. Calmement, pour ne pas attirer l’attention, le roi de la confrérie, accompagné de ses hommes, se mêla à la foule, disparaissant dans les ruelles. Au bout d’un peu moins d’une minute, le sort temporel de Nathaniel se dissipa. Le marchand pouvant découvrir avec aise que ses turbulents invités étaient partis et avaient tenu parole.

Il ne restait de leur passage en ce lieu que la tête de Conny, encore tiède.

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