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24 février 1764 — Nevrast, Nyn-Tiamat

Le temps était agréable, en tout cas pour un vampire qui ne craignait pas la morsure du froid : aucun nuage ne venait masquer le pâle soleil hivernal, le vent sifflait à ses oreilles sans pour autant couvrir le son régulier et apaisant des sabots d’Ombrenuit martelant le sol.

Depuis que la jument était arrivée, par l’intervention de Sorel, Liv passait tout le temps libre qu’il pouvait trouver auprès d’elle, et il avait commencé à essayer d’instaurer une promenade quotidienne, ayant constaté qu’elle appréciait grandement l’occasion de se dégourdir les sabots. Ils étaient encore en train de s’apprivoiser mutuellement, mais un lien avait commencé à se nouer entre eux. Elle reconnaissait sa voix, et même son pas, et avait commencé à gratter la porte de son box avec impatience lorsqu’elle l’entendait entrer dans l’écurie. Il apprenait à communiquer avec elle, découvrait ce qu’elle appréciait et ne tolérait pas. Elle ne s’était, par exemple, pas gênée pour le jeter à bas quelques fois pour lui signifier son déplaisir s’il se montrait un peu trop brusque, et il avait bien vite appris à ne pas discuter avec plus têtue que lui.

La compagnie et les conseils de l’elfe, les premiers jours, avaient été précieux. Ombrenuit avait manifestement une certaine confiance envers lui, et le jeune vampire ne doutait pas qu’il lui aurait été bien plus difficile de se faire accepter sans la recommandation tacite que sa présence lui apportait. Mais bien entendu, ça n’avait pas tout fait, et Liv avait donné de lui-même et s’était énormément investi dans cette relation naissante. Il y avait quelque chose de grisant à parvenir à gagner la confiance d’une créature qui, manifestement, ne l’accordait qu’avec parcimonie.

Les promenades, lorsqu’il s’était senti assez confiance pour s’y essayer, et d’abord sous la supervision de Sorel, avaient beaucoup aidé en ce sens, car Ombrenuit avait de l’énergie à revendre et était ravie de l’occasion de se dépenser un peu. Ils longeaient l’orée de la forêt, évitant de s’y aventurer sur l’instruction expresse et formelle d’Aldaron, et Liv alternait où il la dirigeait, et ceux où il la laissait aller au rythme qui lui convenait. Il avait fallu quelques essais pour qu’Ombrenuit comprenne — ou plus exactement, accepte — que ce n’était pas toujours elle qui décidait, mais la patience et la douceur du jeune vampire semblaient avoir réussi à la convaincre, et elle suivait désormais ses demandes sans regimber.

En l’occurrence, il ne lui fallut que quelques mots lancés d’une voix douce — il préférait la diriger à la voix autant que possible, et elle s’y montrait réceptive — pour qu’elle ralentisse son galop enthousiaste. Le soleil commençait à descendre vers l’horizon, ce qui voulait dire qu’il allait être temps de rentrer s’il ne voulait pas être en retard ! Une légère pression de la jambe aurait dû faire tourner Ombrenuit dans la direction indiquée, mais la jument s’ébroua et continua sur sa lancée, peu désireuse de mettre déjà fin à la promenade. Liv lâcha un petit soupir amusé, et rétorqua d’une voix douce mais ferme :

« Je sais ma douce, mais c’est important, Père compte sur nous. Et puis on ne voudrait pas faire mauvaise impression, n’est-ce pas ? »

Patiemment, il réitéra le geste, et cette fois la monture obtempéra. Il lui flatta l’encolure en remerciement, et la laissa reprendre l’allure qui lui plaisait sur le trajet du retour. Au train où elle allait, ils furent rapidement arrivés. Contrairement à son habitude, il ne prit pas le temps de flâner en ville pour admirer les créations de Valmys. Il prit en revanche, comme toujours, celui de panser soigneusement Ombrenuit après lui avoir retiré son harnachement, et lui offrit une des friandises que Sorel lui avait laissées. Il allait bientôt devoir s’en procurer de nouvelles…
Puis il fit le tour de la demeure pour s’assurer que tout avait été préparé pour l’arrivée d’Ilhan. Son frère avait en effet annoncé son arrivée prochaine, et Aldaron l’avait chargé de l’accueillir. C’était, à ses yeux, une grande marque de confiance, et il espérait s’en tirer honorablement. Il était un peu nerveux, pour tout dire, mais surtout désireux de bien faire. Il y avait dans la façon dont Aldaron parlait d’Ilhan, outre l’amour paternel que Liv lui connaissait si bien, un respect notable qui lui conférait une aura quelque peu… impressionnante, peut-être. Quelque chose, en tout cas, qui lui donnait envie de faire bonne impression, même si, de ce qu’il en avait entendu, il ne doutait guère de sa bienveillance.

La chambre et de la nourriture étaient préparées, y compris nombre de petites pâtisseries et autres douceurs qui avaient été installées dans le salon, tout semblait en ordre. Il ne lui restait plus qu’à se préparer. Il se lava rapidement, prit — exceptionnellement — le temps de se coiffer correctement — sans toutefois parvenir à empêcher quelques mèches rebelles de s’échapper de son catogan — et passa une tenue correcte : des chausses et une chemise noires, bien taillés, rehaussés de discrets filets d’argent. Le tout restait relativement confortable, il n’aurait toujours pas fait sensation à une soirée huppée, mais était nettement plus élégant que ses vêtements habituels. Il boucla, comme toujours, Brise d’Argent à sa ceinture, et nota en s’observant dans le miroir que l’épée se trouvait joliment mise en valeur par sa tenue, tout en la rehaussant agréablement. Le résultat ne lui semblait pas trop mal. Il n’y avait plus qu’à espérer que cela conviendrait.

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Les événements d’Ipsë Rosea en ce début de lunaison avaient secoué tout Calastin et menaçaient de la faire basculer dans un véritable chaos. L’île du croissant avait peine déjà à trouver un semblant d’équilibre, sans cesse agitée de catastrophes en catastrophes. Après les chimères et la renaissance des Couronnes de Cendres dont avait souffert tout l’archipel, la nature même de l’île semblait se rebeller contre ses nouveaux habitants. Le gouffre de Cordont, béance qui balafrait encore le paysage de la petite cité, en était le témoin privilégié et les dangers prenaient un malin plaisir à sortir de son antre les uns après les autres, sous divers noms et diverses formes : les golems en son coeur, les Ékinoppyres qui en étaient sorties, des temples dévastés semblant maudits, et maintenant… la Peste de Corail.

Mais les calastiniens auraient pu s’estimer encore chanceux si leurs soucis s’étaient arrêtés là. Comme si cela ne suffisait pas, complot et manœuvres de l’ombre l’avaient aussi frappé en plein coeur. C’était alors tout l’écosystème politique de l’île, lui aussi bien précaire, qui menaçait de sombrer. Et un homme, ou plutôt un vampire, en avait tiré les ficelles dans l’ombre avec une maestria que le Tisseur ne pouvait que saluer bien bas. Le conspirateur en lui ne pouvait qu’admirer ces machinations et intrigues labyrinthiques. Le diplomate toutefois ne pouvait suivre les mêmes sentiers. L’althaïen se retrouvait alors partagé entre son allégeance à une race qu’il avait toujours voulu défendre toute sa vie durant, la race des hommes, allégeance qui l’attachait alors à Delimar, mais qui parfois menaçait de vaciller, surtout ces derniers temps, et entre son attachement envers le vampire de tous ces complots, à savoir nul autre que son propre père vampirique, Aldaron Elusis.

Il savait que sa position politique l’appelait à s’écrier haut et fort contre de tels agissements, à les condamner au nom de sa cité, pour autant… il n’avait pu s’y résoudre. Alors il s’était tu, s’était muré dans un silence observateur. Et pour observer, il avait observé. Il avait également distillé quelques conseils à Tryghild Svenn, plaidant alors l’apaisement des tensions avant toute chose, avant toute décision irraisonnée et irraisonnable, plutôt que de foncer tête baissée et arme la première. Non, il ne voulait pas de guerre. Et il espérait qu’elle pourrait être évitée.

Ainsi, si son premier instinct lui soufflait d’aller se rendre auprès de son père, de lui parler et d’écouter ce que voulait crier le coeur de ce dernier, son devoir le retint une fois encore. Des décisions avaient dû être prises, pour aider Ipsë Rosea, contenir la maladie et tenter de lui trouver une solution pour que Calastin ne soit pas condamnée elle aussi, puis il avait dû faire son rapport complet au Conseil de Delimar. Février sonnerait bientôt son glas et il n’avait toujours pas réussi à se libérer de ses obligations pour écouter son propre coeur et son âme à l’agonie. Tout son être l’appelait à Nevrast, là où son père s’était réfugié. Tout son être voulait y aller !

Ce n’est que vers le vingtième jour de ce mois maudit qu’il put enfin trouver une solution. Depuis quelque temps déjà, il nourrissait le projet d’honorer sa promesse faite en novembre à un certain Brise-Sort censément mort. Il était plus que temps de le mettre en branle. Il avait donc présenté son projet au Conseil et ne remercierait jamais assez le soutien de Naal dont l’avis avait eu un poids majeur. Certes, ce projet d’alerter contre les usages abusifs de la magie et de proposer un plan d’action à l’échelle de toute l’île, voire de tout l’archipel, allait pleinement dans le sens de la politique de Delimar, et il aurait eu leur aval sans trop de difficultés. Mais de voir un almaréen, l’Oracle, soutenir ce projet, avait permis d’accélérer les choses. En premier lieu, avait-il dit, il lui faudrait trouver des soutiens, de divers grands mages, de la Loge, et des Baptistrels aussi. Et cela voudrait dire voyager… être absent un certain temps.

Une absence qui allait lui permettre alors d’enfin rendre visite à son père, une visite qu’il n’avait que trop repoussée. Aldaron serait sa première visite, son premier soutien il l’espérait. Quand bien même il n’en avait rien dit au Conseil, quant à ce premier contact. Seul Naal était au courant. Naal qui savait tout et qui jamais ne l’avait jugé, jamais ne lui avait demandé de choisir.

Mais, qui disait aller à Nevrast, disait long trajet. Il ne pouvait se permettre de perdre encore près d’un mois de bateau… Heureusement il connaissait un mage exceptionnel maitre en voyage. Ni plus ni moins que son frère. Et il bénissait les Huit de l’avoir inspiré quand il avait offert à son baptistrel de frère, le lendemain de ces sinistres événements en la cité de la magie,TôrMilui, ce bijou d’orfèvrerie destiné à le protéger des douleurs constantes suite aux nuisibles vibrations, et quand il y avait apposé un glyphe de communication pour le lier à son anneau maitre. Un appel à ce dernier, et il était venu le chercher. Ilhan l’avait accueilli comme un seigneur, tel qu’il était à ses yeux. Puis enfin ils étaient partis en direction de Nevrast.

Un froid mordant les avait accueillis, choquant presque l’althaïen plus habitué aux douces chaleurs plus clémentes. Même si son nouveau corps n’était plus aussi sensible à ces atermoiements climatiques, il devait concéder être bien content de bénéficier de la chaleur de sa cape. Son frère se fit un plaisir de lui faire visiter sa création et Ilhan devait bien avouer que la cité avait fière allure. Il n’avait jamais vu son ancienne version, mais de ce que ses araignées lui en avaient décrit, ces nouvelles architectures étaient sans commune mesure avec les épaves inachevées précédentes et  honoraient bien mieux la dignité du clan Elusis. Toutefois, Valmys fut appelé ailleurs et dut alors le laisser seul trouver la suite de son chemin. Le laissant seul… et perdu. Traitre de frère ! Ilhan était sûr que ce dernier l’avait fait exprès et s’apprêtait à jouer au chat et à la souris avec lui. Il erra ainsi quelques instants, tentant de retrouver son chemin, se retenant de faire appel à la magie pour lui indiquer le chemin. Sans doute pouvait-il se repérer seul ? Ou pas… Un instant, il imaginait son frère s’amuser à le voir se perdre plus encore dans ces rues labyrinthiques.

C’était sans compter sur la prévenance de son père… Deux gardes, vampires de leur état, constata Ilhan au silence de leur coeur, vinrent à sa rencontre. Pour l’escorter. Pour sa sécurité. L’althaïen ne se fit pas prier. Sa véritable ascendance n’était peut-être pas connue en ces lieux, pas de tous du moins, et il pouvait être une cible facile, diplomate délimarien à l’allure humaine. Sans compter qu’il n’était pas dit que quelques ennemis du clan Elusis ne rôdent pas encore parmi les ombres, après le coup d’éclat des Elusis pour s’emparer de la cité. Ilhan les suivit donc et fut conduit en la demeure de son père. L’althaïen en admira la somptuosité sans fioritures inutiles, tout en raffinement qui ravissait les sens sans les étouffer sous un amas de dorures tapageuses.

Les gardes le firent entrer et le guidèrent jusqu’à un salon. Puis le saluèrent avec un respect marqué en lui indiquant que son hôte n’allait pas tarder à l’accueillir. L’althaïen trépignait presque d’impatience de revoir, enfin, son père, et cette fois-ci en toute intimité. Là où nul secret ne pourrait s’échapper et où ils pourraient, peut-être, parler à coeur ouvert. Autant que faire se pouvait. Ils avaient tant et tant à se dire ! L’impatience l’étreignait tant qu’il ne céda pas à sa gourmandise habituelle, malgré les mets plus qu’alléchants qui semblaient n’attendre que lui, là, sur la table, le narguant de leur odeur savoureuse. Mais aussi tentateurs étaient tous ces plaisirs des sens, il était incapable pour l’heure de les écouter. Son coeur battait bien trop fort et il peinait à se contenir. S’il n’avait pas été si maitre de lui-même, sans doute aurait-il fait les cent pas pour expulser son agitation. Au lieu de cela, il se posta devant une grande fenêtre à la vue magnifique et plongea son regard noir au loin, inspirant profondément et faisant appel à son mantra intérieur. Quand, enfin, des bruits de pas se firent entendre. Une porte s’ouvrit.

Aussitôt Ilhan se retourna, d’un geste faussement calme et dans un léger tournoiement de cape blanche, un sourire timide étirant ses fines lèvres. Un sourire qui manqua disparaître quand il aperçut la silhouette qui se dessinait alors dans le cadran de porte. Nul père en ce lieu. Non, nulles retrouvailles pour l’heure.

Pas vraiment du moins. La surprise se disputa un instant avec la déception. Cette dernière ne dura guère toutefois. Si son père n’était pas venu de suite, c’est qu’il avait plus urgent à régler. Leurs retrouvailles n’étaient que partie remise. Et Aldaron lui avait envoyé un hôte de marque pour l’accueillir.

S’il avait su que le jeune homme devant lui avait été transformé ? Oui, bien évidemment. Ses araignées avaient eu les yeux et les oreilles acérées. S’il s’était attendu à le voir de ses propres yeux et à rencontrer ce nouveau frère, frère de croc cette fois-ci ? Il l’avait certes espéré, mais n’avait pas voulu trop y compter. Plaisir chassa donc aussitôt déception et la surprise céda sa place à la joie et la curiosité.

Il fit un pas vers le jeune vampire puis s’arrêta net. Il avait été sur le point de le saluer sous son ancien nom, mais… maintenant ce n’était plus le jeune homme qu’il avait pu connaître, ce n’était plus le jeune empereur qu’il avait abandonné. Il avait à la fois si peu changé, et était pourtant tellement différent. Ne serait-ce que ce coeur qui n'était plus tambour battant. Il arborait toutefois toujours une certaine prestance, et son élégance n’avait rien à envier à sa lignée, malgré sa sobriété.

Non, ce n’était plus ce jeune homme qu’il avait pu connaître. C’était son frère, son frère de croc. Et un nouveau nom était sien dès lors. Toutefois… Ilhan n’osa le prononcer, ne sachant trop comment le jeune vampire souhaitait être appelé. Ainsi il fit ce qu’il faisait toujours en ces moments-là, il s’accrocha à ses coutumes althaïennes qui lui permettaient souvent d’aborder les gens tout en douceur.

Il s’inclina alors, portant une main sur le coeur, qui alla ensuite voleter, paume vers le haut, en direction du jeune vampire.

Que la lune guide vos pas, fit-il alors de ses accents chantants.

La salutation habituelle en appelait à l’astre solaire, mais il doutait qu’un vampire l’apprécie réellement. Et pour un fils de Cendrelunes…

Je suis Ilhan Avente, mais je pense que vous le saviez déjà et veniez m’accueillir au nom de Cendrelunes.

Il marqua un court temps d’arrêt, alors qu’il se redressait et reprenait son port noble presque altier.

Au nom de notre père. On m’appelle aussi… Anarórë, ajouta-t-il presque en un murmure.

Anarórë, Lever de Soleil en elfique. Ce nom que son père lui avait donné un jour, il y a quelques mois à peine. Un nom toutefois qu’il entendait bien rarement, un nom qui ne résonnait que dans l’ombre de son coeur, lourd de tant de secrets.

Même si ce nom n’est pas censé sortir de ses murs, ajouta-t-il plus bas encore.

Et attendant que l’autre se présente à son tour.

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À peine avait-il fini de se préparer qu’on vint l’avertir de l’arrivée d’Ilhan. Il se regarda une dernière fois dans le miroir, prit une grande inspiration dont il n’avait nul besoin mais qui l’aidait étrangement à se détendre, puis se pressa vers le salon désigné pour accueillir son frère. La déception, aussi brève fût-elle, qui s’afficha sur le visage du Délimarien n’échappa pas au jeune vampire, mais elle fut bien vite remplacée par un sourire qui lui semblait marquer un plaisir sincère. Aussi Liv comprenait-il aisément que cette déception ne s’était pas adressée à lui, personnellement, mais simplement au fait de ne pas voir celui qu’il attendait.

L’hésitation marquée, en revanche, alors que son frère avait fait un pas vers lui et s’arrêta net, le mit davantage mal à l’aise. Ilhan avait connu Nolan, il ne l’ignorait pas. Cela le gênait-il de voir maintenant devant lui celui qui l’avait remplacé ? De se rendre compte, peut-être, que Liv n’était plus celui-là ? Il ne savait pas trop, tout comme il ignorait quelle relation exactement ils avaient entretenu. Il n’avait pas encore été confronté à des personnes ayant été proches de l’ex-empereur, mais il présumait que si Ilhan était dans ce cas, il pourrait être difficile de ne pas le voir en lui…

Il fut rapidement tiré de ses questionnements par la salutation que lui offrit son frère, qui lui tira un sourire doux. Il avait pris le temps d’étudier, certes assez succinctement, les coutumes althaïennes lorsqu’il avait été informé de sa venue, et il fut sincèrement touché de l’adaptation qu’Ilhan y avait apporté. Gageant qu’un immaculé n’avait pas la même aversion pour l’astre du jour, et que peut-être une salutation de sa terre natale pourrait faire plaisir à Ilhan, il se permit pour sa part de reprendre la formulation originale, espérant bien faire et que son interlocuteur n’en serait pas offensé, après lui avoir rendu de son mieux — il s’était entraîné — son salut.

« Et que le soleil illumine les vôtres. ».

Il hocha simplement la tête pour confirmer qu’il connaissait effectivement l’identité de son invité, et qui l’avait mandaté pour l’accueillir. À la réplique suivante, prononcé à mi-voix, il pencha légèrement la tête sur le côté, l’air curieux. Leur père ne lui avait pas transmis ce nom, mais il avait commencé à apprendre la langue elfique auprès de lui et il en comprit le sens, comme il devina la signification qu’il revêtait pour Aldaron.

Il ressentait dans la voix d’Ilhan la même espèce de mélancolie que dans celle de leur père lorsqu’il parlait de lui. L’éloignement qu’il avait de lui-même décidé lui pesait-il autant qu’il semblait peser à Cendrelune ? Liv ne pouvait s’imaginer, pour sa part, vivre ainsi loin de sa famille, de ses pères, devoir garder le secret de son affiliation qui lui procurait tant de fierté. Ilhan avait-il, là-bas, des gens dont il se sentait proche, un semblant de famille, qui pouvait le faire se sentir autant “chez lui” que Liv se sentait ici ? Il ne pouvait que l’espérer pour son frère.

La dernière phrase fut prononcée sur un ton si bas qu’il lui sembla qu’il aurait pu la manquer, n’étaient ses sens développés de vampire, au point qu’il se demanda brièvement si elle était censée lui être adressée. Dans le doute, il décida d’y répondre néanmoins, d’une voix douce, sur un ton qui se voulait rassurant.

« En ce cas, il n’en sortira pas par ma bouche, mais je serai honoré de vous appeler ainsi tant que nous serons chez nous. »

Il avait du moins présumé que partager ce nom avec lui constituait une autorisation implicite de l’utiliser. Il reprit un ton plus enjoué pour se présenter à son tour.
« Je suis Ivanyr Elusis, mais vous l’aviez déjà deviné. Les membres de la famille m’appellent aussi Liv. »

Si Ilhan savait de toute évidence déjà qui il était, il n’était pas sûr qu’il connaissait son nom. Et en tout état de cause, il voulait surtout lui faire savoir qu’il pouvait également l’appeler par son surnom s’il le souhaitait, sans qu’il s’y sente forcé pour autant. Il tendit le bras pour désigner les fauteuils et la nourriture.

« Mais installez-vous, je vous en prie. Notre père vous prie de l’excuser de ne pas pouvoir vous accueillir lui-même, à son plus grand regret, mais soyez assuré qu’il sera là dès qu’il le pourra. J’espère le remplacer dignement pour vous tenir compagnie en attendant. »

Un sourire taquin dévoila ses crocs pour marquer la plaisanterie de sa dernière phrase. Il comptait bien faire de son mieux pour mettre son frère à l’aise, même s’il ne savait pas tout à fait sur quel pied danser, avec Ilhan. Il n’y avait pas cette connexion presque instantanée, comme ça avait pu être le cas avec Valmys et Sorel. Il ressentait une certaine distance entre eux, mais il ne savait pas trop si elle était mise là volontairement ou non, s’il devait la respecter ou au contraire tenter de la franchir.

À défaut, il opta pour un sujet qui lui semblait relativement inoffensif, pour commencer. Il attendit qu’Ilhan s’installe pour en faire de même, le dos bien droit et la posture parfaite, puis lança poliment, mais avec un intérêt sincère :

« Avez-vous eu le temps de visiter un peu la ville et d’admirer les travaux accomplis par notre frère à votre arrivée ? »

Dernière édition par Ivanyr Elusis le Mar 4 Aoû 2020 - 11:49, édité 2 fois

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Quand Ivanyr lui rendit son salut, Ilhan sentit son sourire s’agrandir et une douce chaleur l’envahir. Son frère de crocs, pourtant à peine né, avait tout de même pris la peine d’apprendre ses coutumes pour les lui offrir dignement. C’était là un geste qui le touchait bien plus qu’il n’aurait voulu l’avouer.

« En ce cas, il n’en sortira pas par ma bouche, mais je serai honoré de vous appeler ainsi tant que nous serons chez nous. »

Là encore, Ilhan sentit une bouffée d’affection. Une impulsion le poussait à aller étreindre ce frère de crocs qu’il connaissait à peine, mais qu’il commençait déjà à aimer. Toutefois sa pudeur le retint, une fois encore, et seuls ses éclats d’or pétillant dans ses orbes de jais parlèrent pour lui.

Oui, il avait entendu ce choix de nom. Ivanyr. Tout en symbolique, fort et marquant. Il fut toutefois heureux que le jeune vampire partage, lui aussi, son surnom avec lui.

Si vous me considérez tout de même de votre famille, je me ferai un plaisir de vous appeler Liv, fit-il de sa voix grave et profonde, laissant ses accents althaïens filtrer. Entre ses murs du moins.

Au-dehors il resterait Ivanyr, tout comme lui-même resterait Ilhan. Un dehors tout en faux semblant. Et une pointe de culpabilité fulgura en son coeur à la pensée que c’était lui qui imposait tous ces faux-semblants. Tous ces secrets. Secret… Tout en lui n’était que secret, dirait-on. Il en détenait un grand nombre, à tel point que parfois il se demandait s’il n’allait pas devenir fou à force de cacher tant et plus tout au fond de son esprit.

Quand Ivanyr l’invita à s’installer, Ilhan ne se fit pas prier. Il défit alors son baudrier qui contenait son fidèle bâton des Huit, alors invisible à l’oeil nu quand il le portait, du moins en temps ordinaire comme à l’instant, et le posa à terre. Puis défit sa cape d’un blanc presque immaculé qu’il posa soigneusement sur le dossier d’une chaise, et enfin défit sa sacoche qu’il posa à terre. Une sacoche lourde de nombreux présents qu’il avait bien hâte de dévoiler.

Votre compagnie est une agréable surprise. J’avais hâte de vous rencontrer et sans doute notre père me connait-il suffisamment pour l’avoir deviné.

Au sourire plein de crocs, Ilhan ne frémit nullement, comme il aurait pu le faire antan. Il ne se sentait pas en danger, pas en ces lieux. Il offrit en retour un sourire amusé à son frère. Un sourire qui, pour sa part, ne dévoila pas de crocs. Et pour cause… il les avait limés. Le prix pour se faire passer humain. Il devait avouer aussi, jeune né qu’il était alors à Delimar, qu’il avait tout simplement suivi l’exemple de certains sainnûrs là-bas.

Enfin, l’althaïen prit place dans son fauteuil, le port digne et noble, sans ostentation pour autant. Un naturel tout althaïen, aux manières raffinées. Le dos droit, les jambes croisées, les deux mains posées sur les accoudoirs en un geste patient et serein.

Je pense que vous n’êtes pas sans savoir que c’est notre frère Valmys qui m’a conduit ici. Il m’a déposé non loin du port, j’ai pu alors admirer un peu son œuvre en effet. Mais je n’ai pas eu la joie de visiter la cité entièrement. Pour tout avouer, notre joueur de frère m’a délaissé en pleine rue… et je me suis quelque peu perdu.

Un sourire amusé étira de nouveau ses traits, par ailleurs impassibles.

Des gardes de notre père sont venus me sauver et m’extirper de ce traitre labyrinthe.

Et peut-être l’avaient-ils effectivement sauvé de quelques mésaventures. Rien ne disait que quelques derniers renégats faustiens ne rôdaient pas dans le coin.

Je n’ai pas eu le loisir de connaître la cité avant ces travaux, mais je dois avouer que l’oeuvre de mon frère et de son ami Belethar ravit l’oeil et les sens, tout en raffinement et ingéniosité. Le port est particulièrement impressionnant et laisse présager une activité florissante à venir.

Ses orbes sombres flottèrent un court instant vers les victuailles, son estomac manquant de grogner à cette vue, mais il n’osa se servir. Son regard revint alors admirer les traits fins et nobles d’Ivanyr. C’était troublant d’observer tant de ressemblance avec le jeune humain qu’il avait connu… tout en y voyant des traits communs avec leur père sans aucune ambiguïté…

J’ai noté aussi cette ébauche de bâtiment inachevé… Une école, semble-t-il selon le nom qui le décrit. J’espère qu’elle aura l’honneur de bientôt voir le jour, fit-il en un sourire taquin.

Ou comment introduire l’un des sujets de sa venue. Oh certes, ce n’était pas le seul, loin de là. La seule envie de voir son père, sa famille vampirique, aurait suffi. Mais il avait aussi maintes sujets à aborder avec son père. Dont le sujet magie.

Puis songeant qu’il risquait de déraper sur des sujets bien trop sérieux pour le moment, alors qu’il ne souhaitait que profiter de cet instant doux avec son frère pour faire pleinement connaissance, il se redressa doucement et décroisa les jambes, puis attrapa sa sacoche.

Mais avant de badiner sur de tels sujets, permettez-moi, mon frère, de vous offrir quelques présents. J’ai longuement réfléchi à ce qui pourrait vous plaire ou vous convenir. Je ne sais si…

Il laissa sa phrase en suspens. Son regard de noir et d’or sonda son frère de façon si intense, qu’il semblait vouloir lire dans ses pensées. Ce qu’il aurait presque pu faire, s’il le souhaitait, grâce à sa fidèle Tela. Mais il se retint et musela sa vile curiosité. Par respect pour son frère de crocs, il ne se jouerait pas à cela, pas sans son consentement du moins.

Il se força alors à décrocher son regard, même si avec difficulté, puis sortit enfin les divers cadeaux. Ce fut d’abord une magnifique tunique roséenne, dans tout l’art de la cité de la magie de Calastin. Il y avait fait graver le sceau des Elusis sur le coeur. Il la déposa sans un mot sur une des chaises. Puis il extirpa ensuite une grande cape, une cape armure, dans tout l’art almaréen, mais chatoyant d’une magie toute vampirique, digne du blason des Elusis. Il avait songé que Delimar rougirait de rage si la cité apprenait ce qu’il avait osé faire de leur œuvre originelle. Mais il y trouvait aussi une certaine ironie, et il n’avait pu s’empêcher cette audace. Dans le plus grand secret, bien entendu. Il la déposa aux côtés de la tunique.

Puis, cette fois à gestes lents, il sortit de sa besace deux petits bijoux identiques, forgés cette fois dans tout l’art althaïen, par l’orfèvre de son ethnie qu’il avait recueilli après les sombres événements de Cordont. Il tendit alors les petits bijoux vers son frère, son regard sombre pétillant d’appréhension et d’impatience.

Ils ont été forgés dans l’art de mon ancienne cité disparue.

Sa voix vibra de nostalgie.

Ils ont été forgés en pensant à vos deux pères, deux inséparables. Je vous laisserai en découvrir la magie qu’ils regorgent, mais… ils devraient vous permettre de garder contact avec quelques personnes chères à votre coeur. L'un est pour vous, l'autre vous pourrez l'offrir à un être qui vous est cher.

Il posa alors les bijoux sur la table devant eux. Sa besace regagna le sol en un discret bruissement de tissu, avant qu’il ne reprenne place lui-même dans son siège, croisant de nouveau les jambes et ses mains se lovant dans son giron, alors que son regard profond sondait les réactions de son frère.

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À en juger par la réaction de son vis-à-vis, Liv n’avait pas fait de faux pas. Au contraire, son frère semblait agréablement touché par son attention. Ilhan — Anarórë — était à bien des égards radicalement différent de Sorel, tout en spontanéité avec sa joie enfantine et son affection démonstrative, mais, attentif à ses réactions, le jeune vampire percevait derrière sa retenue une douceur et une affection tout aussi sincères. Les paillettes dorées qui éclairèrent son regard, rappelant celui de leur père, étaient certes discrètes, mais tout aussi éloquentes qu’une réaction plus expansive. Si une légère nervosité subsistait, soucieux surtout de ne pas involontairement franchir de limite qui aurait mis son frère mal à l’aise, Liv trouvait dans sa présence calme quelque chose d’apaisant.

Il cligna des yeux, perplexe, à la réponse de son frère. “Si” ? “tout de même” ? À la vérité, il ne lui avait même pas effleuré l’esprit que la question puisse se poser. Il était son frère, tout simplement, qu’il fasse partie de sa famille était une évidence. Que le reste du monde doive l’ignorer n’y changeait rien, surtout tant qu’ils étaient entre les murs protecteurs du manoir Elusis et n’avaient pas même à s’en cacher. Il se reprit toutefois bien vite, et se contenta d’adresser à Ilhan un sourire doux, et de hocher la tête en guise de confirmation, s’il en avait besoin. Il serait plus que ravi qu’il utilise son surnom.

Après l’avoir invité à s’installer, Liv pencha légèrement la tête sur le côté, observant d’un air curieux et intrigué son frère se défaire de… quelque chose ? Maintenant qu’il y prêtait attention, il sentait effectivement la magie qui en émanait, parvenait presque à en percevoir les contours… une espèce de bâton ? Il fut tiré de sa contemplation fascinée du sol lorsqu’Anarórë reprit la parole, ramenant son attention sur lui avec un grand sourire, flatté et ravi du compliment auquel il répondit avec une note d’humour dans la voix.

« J’espère dans ce cas me montrer à la hauteur de vos attentes ! »

Sa curiosité fut de nouveau piquée lorsqu’il remarqua l’absence de crocs de son frère, bien qu’il se retînt cette fois de fixer du regard l’objet de son intérêt, tout comme il s’abstint de l’interroger à ce sujet, jugeant la question sans doute un peu trop personnelle pour leur relation actuelle. Plus tard, peut-être. La mention de Valmys, en revanche, lui tira un petit rire amusé, qui pouvait sembler bien peu charitable pour les mésaventures d’Ilhan, bien qu’il n’y eût pas la moindre trace de moquerie.

« Ça lui ressemble bien en effet… Je serai ravi de vous la faire visiter, si le cœur vous en dit et que votre séjour vous en accorde le temps. Je promets de ne pas vous abandonner au détour d’une ruelle et de vous ramener à la maison. »

Il s’était redressé et avait posé la main sur son cœur silencieux, affichant un air faussement solennel sur la dernière phrase. La proposition, en revanche, était absolument sérieuse et sincère. Peut-être était-ce parce qu’il n’en connaissait pas d’autre, ou c’était en partie l’œuvre de l’un de ses frères, mais toujours est-il qu’il aimait sincèrement sa ville, et l’idée de se promener dans ses rues en compagnie d’un membre de sa famille, pour la lui faire découvrir, le réjouissait. Il fut donc d’autant plus ravi de constater que son frère l’appréciait également.

Le jeune vampire pencha de nouveau la tête à la mention de l’école. Il voyait de quoi il s’agissait bien sûr, une construction abandonnée, à peine plus qu’un projet tout juste ébauché en réalité, en lisière de la ville, qui aurait dû devenir une école de magie du temps d’Irina Faust. Il ne faisait guère de doute que CendreLune finirait par en finaliser la construction, lorsque le temps serait venu, mais en attendant c’était rarement un sujet de questions ou d’intérêt de la part des étrangers.

Mais le sujet fut bien vite balayé, la mention de présents prenant Liv de court. Peut-être aurait-il dû s’y attendre, c’était le second frère qu’il rencontrait, et le second à en profiter pour lui offrir quelque chose. C’était une manière de lui souhaiter la bienvenue dans la famille, sans doute, mais il s’en voulut légèrement de ne pas l’avoir anticipé et de n’avoir rien prévu en échange. Il n’eut toutefois guère l’occasion de s’appesantir dessus, intrigué qu’il fut par la phrase laissée en suspens. Il soutint le regard de son frère, le sentit le jauger avec acuité. Il ne s’en montra pas mal à l’aise pourtant, simplement curieux, ne sentant aucune malignité ni désobligeance dans ce regard, simplement une question qui lui échappait.

Puis l’instant passa, et les présents furent dévoilés un à un. Il se leva et s’approcha timidement pour venir admirer la tunique, l’effleurant des doigts sans oser tout à fait la toucher. Elle était superbe, de facture elfique de grande qualité, mais dans les tons sombres qu’il affectionnait plutôt que les couleurs chamarrées que les elfes affectionnaient, portant le blason du Clan au niveau du cœur. Puis apparut une cape qui subjugua son regard, magnifique et chatoyante sans pour autant être ostentatoire. Il crut y reconnaître la description d’une confection Almaréenne, mais avec un tissage bien particulier qui lui était bien plus familier. Il haussa les sourcils, à la fois impressionné et amusé par le culot et l’inventivité de son frère, à qui il jeta un regard et un sourire en coin.

« Il semble que vous sachiez marier les cultures d’une manière que bien peu oseraient imaginer… »

Mais Anarórë n’en avait pas encore fini, et produisit encore de sa besace deux anneaux finement ouvragés. L’émotion dans sa voix n’échappa au jeune vampire, tandis que ce dernier admirait les bijoux qui lui étaient présentés. Il lui fallut quelques secondes, après qu’ils furent déposés sur la table, pour oser tendre la main et se saisir de l’un d’entre eux pour l’observer de plus près. Il ne s’y connaissait guère en orfèvrerie, mais même lui pouvait se rendre compte du travail admirable dont il s’agissait, tout en finesse et en élégance. Mais surtout, il contenait à la fois une part de celui qui le lui avait offert, et des deux êtres qu’il chérissait le plus.

Si le présent de Sorel l’avait ému par la confiance dont il témoignait, ceux d’Anarórë démontraient une attention et un désir de faire plaisir qui le touchaient plus qu’il n’aurait su le dire. C’étaient certes des objets d’une grande valeur, mais aussi et surtout des cadeaux qui avaient été réfléchis et réalisés spécifiquement pour lui ; chacun d’eux dénonçait le soin avec lequel il avait été choisi pour lui convenir, à lui. Et ce alors même qu’ils ne se connaissaient pas encore.

Il avait passé, presque inconsciemment, l’anneau à son index gauche pour en admirer l’effet, et son regard passait maintenant du bijou aux vêtements, puis à l’Althaïen, tandis qu’il restait planté au milieu de la pièce un peu sottement, ne trouvant pas les mots pour exprimer son émotion. Il aurait sans doute eu les yeux au bord des larmes, s’il en avait eu la capacité. Il avait très envie de prendre son frère dans ses bras, mais ce dernier s’était déjà réinstallé sur son fauteuil, et il n’était pas certain qu’il aurait osé de toute façon. Après plusieurs secondes, il parvint enfin à retrouver l’usage de sa voix.

« Je… Ce sont de merveilleux cadeaux. Merci. Je ne sais même pas comment commencer à vous exprimer à quel point… Il se passa la main dans les cheveux, gêné et ému, puis se réfugia dans l’humour pour tenter de se redonner une contenance. Je me sens coupable de n’avoir que d’humbles pâtisseries à vous offrir en retour. »

Dernière édition par Ivanyr Elusis le Jeu 13 Aoû 2020 - 20:28, édité 1 fois

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À l’invitation de lui faire visiter la ville, Ilhan se contenta d’un léger sourire et d’un hochement de tête. Oui le coeur lui en disait, et son séjour prévu serait assez long pour qu’ils puissent passer du temps ensemble tous deux. La décence aurait voulu qu’il réponde une courtoisie, une politesse banale, telle que "tout le plaisir sera pour moi", mais… Il n’avait pas envie de banalité entre son frère et lui. Leur relation n’était déjà en elle-même en rien banale. Il retint donc ses mots. Son sourire s’agrandit encore, se teintant d’une onde moqueuse, au geste théâtral d’Ivanyr. C’était là un côté inattendu… mais des plus intéressants.

Il fut toutefois heureux de déballer ses cadeaux, l’impatience et la hâte de voir les réactions de Liv à ses présents se disputant à l’appréhension. Il n’avait aucune idée des goûts réels du nouveau-né, et espérait n’être pas passé totalement à côté. Les anneaux, notamment, étaient un cadeau des plus osés, car une œuvre totalement créée à son attention… mais s’il n’aimait pas ? S’il ne portait pas de bijou ? Ou n’en voyait aucune utilité ?

« Il semble que vous sachiez marier les cultures d’une manière que bien peu oseraient imaginer… »

Un sourire à la fois taquin et content de lui étira les fines lèvres de l’althaïen. Oh oui, il avait appris de nombreuses cultures et aimaient utiliser le meilleur de chacune et en allier les atouts pour créer l’unique, le meilleur, à défaut de pouvoir créer le parfait. Les althaïens avaient longtemps été bien plus centrés sur leur propre culture, et avaient cette tendance elfique à la lenteur et la sédentarité. Il avait fait exception à l’époque, quand, après son séjour au Domaine, il était parti sur les routes de Gloria, en quête de gloire et d’ascension. Mais il ne regrettait plus ses choix. Ils avaient été siens, et ses choix l’avaient mené sur une voie qui pourrait permettre maintenant à son peuple déclinant et presque disparu de renaitre de ses cendres. La voie de la renaissance, en s’adaptant aux autres cultures, en s’y intégrant, pour en assimiler le meilleur, et y apporter l'excellence de la culture althaïenne par ailleurs. Allier leurs différences, pour construire quelque chose de plus fort, de plus beau, quelque chose d’unique, pour mieux faire palpiter les merveilles d’Althaïa au coeur de chaque culture, chaque cité, puisqu’il semblait compromis de pouvoir recréer leur propre cité. Tel était l’un de ses vœux.

Le compliment de son frère le toucha donc en plein coeur. C’était le signe qu’il était peut-être sur la bonne voie, et pouvait peut-être parvenir à trouver un avenir pour les siens expatriés, eux qui étaient encore apatrides et désespérés.

Mais l’appréhension monta tout de même d’un cran, quand il déposa les anneaux sur la table… et que le silence s’éternisa entre eux. Ces anneaux représentaient tout l’art althaïen. Un grand pan de  leur culture, de leur coutume, de ce qu’ils chérissaient tant : le raffinement, l’art dans toute chose, et la magie. L’hésitation de son frère à s’en saisir insuffla alors une onde d’angoisse et d’inquiétude dans le coeur d’Ilhan. Un coeur qui battait soudain chamade, trahissant un émoi, que pourtant son visage lisse de toute expression se gardait bien de dévoiler.

Et enfin Liv s’en saisit. Ilhan retint un soupir de soulagement, tandis qu’une poigne étreignit son coeur et le contraignit à se calmer un tant soit peu. Il se força à inspirer calmement, le plus discrètement possible. Quand bien même il avait parfaitement conscience que les sens aiguisés du vampire avaient dû entendre et ressentir son trouble passager. Et quand Ivanyr passa l’un des anneaux à son doigt, Ilhan laissa poindre un léger sourire, à la fois soulagé et satisfait, sur son visage. De petits éclats d’or revinrent fleurirent dans ses orbes sombres, alors qu’il dardait son frère d’un lourd regard, comme voulant lire en lui.

Et les mots qui suivirent, rompant enfin ce silence étrange et déroutant, à la fois gênant et hypnotisant, qui s’étaient installés entre eux, agrandirent son sourire et ravivèrent plus encore ses éclats. Son émoi revint en force, le frappant de plein fouet, mais cette fois nulle appréhension ne le flagellait. Non, cet émoi portait le nom de joie, contentement et apaisement, une vague forte, mais douce qui l’enveloppait dans un cocon de soie.

Ivanyr semblait toutefois gêné. En témoignait son geste maladroit de passer sa main dans les cheveux. Un geste qui attendrit presque Ilhan, tant il révélait la jeunesse de son petit frère.

Mais quelles pâtisseries ! répondit aussitôt Ilhan en laissant son regard dériver vers lesdites friandises. Je vois que notre père a trahi l’un de mes petits penchants pour les sucreries et ma faiblesse qu’est la gourmandise, ajouta-t-il d’un air taquin.

Pour autant, leur petit échange de traits d’humour ne semblait pas parvenir à chasser la gêne de son frère ou l’émotion tenace qui les reliait soudain tous deux. En observant ce jeune vampire, à peine sorti du cocon, aux crocs tout juste aiguisés, l’althaïen sentit une onde d’empathie et d’affection le saisir. Son premier instinct eût été de la réfréner, de la taire et l’étouffer dans l’oeuf, de ne pas montrer cet attachement naissant. Mais ses filaments en décidèrent tout autrement pour lui et apparurent lentement dans son dos, en une valse lente et envoutante, invitant presque l’autre dans leurs bras. Quand Ilhan en aperçut les ombres se dessiner traitreusement au sol, il retint un soupir dépité… avant d’entendre une petite voix en son esprit. Une petite voix lui souffler ce que bien d’autres lui avaient déjà dit. Écouter ses émotions. Les laisser parler, les laisser s’exprimer… cesser de les étouffer et les laisser prendre la place qui leur revenait. Les émotions n’avaient rien de néfaste, lui avait-on dit. Et ce "on" incluait d’ailleurs son père vampirique…

Il avait d’ailleurs compris, il y a peu, que ses filaments apparaissaient quand il se sentait partagé entre étouffer ses émotions, tel que le faisait son ancien lui auparavant, et entre les écouter pleinement, comme Naal et Aldaron lui avaient déjà maintes fois conseillé. Et après tout, en ce lieu… ne pouvait-il se permettre de lâcher un peu la bride qu’il s’était lui-même attachée ? Peut-être pouvait-il… ?

Son regard revint alors sur son frère, toujours debout. Sans même prendre garde à la réaction qu’Ivanyr pouvait avoir en voyant soudain ces filaments d’or danser dans le dos d’Ilhan, l’althaïen se leva doucement, à gestes lents. Puis, à pas comptés, s’approcha de son frère. Et toujours aussi lentement, avança les bras vers lui… pour l’enlacer dans une douce et chaude étreinte. Ce n’était pas un geste coutumier pour lui. Même si Naal lui avait donné quelques leçons en la matière. Et il trahissait encore une certaine maladresse, une certaine tension aussi. Même s’il tenta de transmettre dans cette étreinte toute son affection, toute sa tendresse naissante pour son jeune frère.

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Les présents s’enchaînaient sous le regard incrédule de Liv. Anarórë ne répondit pas à sa remarque, mais son sourire et le petit air fier de lui qu’il affichait suffirent à confirmer les soupçons. Et il semblait également avoir touché juste à d’autres égards, qu’il n’avait pas anticipé, car son frère semblait sincèrement apprécier le compliment. S’il n’en comprenait pas toutes les raisons, ce n’était pas très important, il était content de lui avoir fait plaisir, fût-ce involontairement.

Il n’eut guère le temps de s’y attarder de toute manière, car l’avalanche de présents n’était pas terminée. Il sentait la magie émaner de chaque objet, et les deux anneaux plus encore que le reste. Ce ne fut pourtant pas ce qui capta son attention, mais le savoir faire exquis avec lequel ils avaient été réalisés. Tout à sa contemplation, il ne remarqua pas le moins du monde l’émoi qui avait saisi son frère, ni le rythme frénétique de ses battements de cœur durant un instant.

Il ne manqua pas en revanche, lorsqu’il ramena enfin le regard sur lui, le fin sourire et les éclats dorés qui éclairaient son regard, qui tous les deux s’intensifièrent lorsque le jeune vampire parvint enfin à reprendre la parole, quoi qu’assez piteusement, pour tenter d’exprimer toute sa gratitude et l’émotion qui l’étreignait. Le diplomate ne semblait aucunement juger son manque temporaire d’éloquence, pourtant, au contraire, son sourire et son regard doux ne montraient que bienveillance à son égard. Sa plaisanterie ne chassa pas tout à fait l’embarras de Liv, mais elle l’aida toutefois à se détendre un peu, lui tirant un petit rire encore légèrement haché. Il afficha un sourire espiègle, mais il y avait de la tendresse dans sa voix lorsqu’il répondit.

« En réalité, c’est Sorel qui m’a révélé ce secret… »

L’elfe était venu le rencontrer un peu plus tôt, quelques jours à peine après son Éveil, et, entre autres sujets, il lui avait parlé un peu de leur frère. En vérité, il lui avait même explicitement conseillé de le soudoyer avec des pâtisseries ; à l’évidence une excellente suggestion, quoi que maintenant qu’il le mentionnait, il réalisa qu’il n’y avait pas encore touché.

Liv en était à se demander comment relancer la conversation de façon moins maladroite et plus détendue, mais la question n’eut que le temps d’effleurer son esprit avant de lui échapper, son attention subitement happée par les filaments cuivrés qui émanaient du dos d’Anarórë et s’étaient mis à danser dans sa direction. Ça en revanche, ni son père ni son frère ne lui avaient évoqué, et le peu qu’il connaissait sur les Immaculés n’en disait rien non plus. Il n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait, mais il n’en ressentait aucune peur ni inquiétude, bien au contraire. Il souriait doucement, à la fois curieux et captivé par la beauté du spectacle qui s’offrait à lui.

Il se serait volontiers perdu dans cette contemplation, si le mouvement de l’Althaïen n’avait pas rappelé son attention. La tête légèrement penchée sur le côté, il l’observait d’un air interrogateur. Il semblait hésitant, presque… timide ? Ses gestes étaient si lents qu’il fallut un moment à Liv pour deviner ce qu’il avait l’intention de faire. Et malgré tout, il fut presque surpris de sentir effectivement les bras de son frère l’enlacer. Il avait encore en tête les regrets de Sorel quant à “l’appréciation modérée du contact physique” d’Ilhan, il avait pu constater par lui-même la retenue qui lui semblait naturelle, et jamais il n’aurait pu s’imaginer recevoir de sa part un geste aussi intime.

Pour autant, il ne lui fallut que le temps d’un battement de cœur pour répondre à son étreinte et se serrer contre lui, appréciant sa chaleur et sa douceur. Il pouvait sentir son hésitation et sa tension, preuves s’il en fallait que ce n’était pas un geste qui lui était habituel, mais aussi sa tendresse et sa bienveillance ; et tout l’embarras et la nervosité qu’il avait pu ressentir jusque-là fondirent dans la chaleur de l’Immaculé. Ça n’avait pas la spontanéité et l’évidence qu’il avait pu ressentir lors de sa rencontre avec Sorel, mais il y retrouva le même sentiment ; celui de la famille, d’être accepté inconditionnellement, tel qu’il était, d’être à sa place, peut-être. Ce lien intangible, si neuf et pourtant déjà si puissant. Son frère.

Lorsqu’ils se séparèrent, il n’aurait su dire après combien de temps, le sourire de Liv était doux et rempli d’émotion. Il laissa ses mains glisser le long des bras d’Anarórë, comme une manière de maintenir le contact entre eux sans pour autant le lui imposer. Un « Merci » fut tenté de franchir ses lèvres, mais il lui sembla bien trop fade pour exprimer l’étendue de son émotion, et tout ce qu’il aurait pu ajouter trop convenu et artificiel. Alors, comme son frère un peu plus tôt, il laissa plutôt son regard parler pour lui.

À la place, il fit ce qui, il le découvrait de jour en jour, lui était le plus naturel : il haussa un sourcil d’un air taquin, et reprit la parole de ce ton malicieux qui lui devenait caractéristique, mais cette fois teinté d’une onde de tendresse et d’affection.

« Je n’aurais pas espéré un tel gage d’affection avant même que vous ne goûtiez ces fameuses pâtisseries que j’ai fait préparer pour vous. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vous les couviez du regard, mais que vous n’aviez pas encore eu l’occasion d’y toucher ; je m’en voudrais d’ailleurs de vous en priver plus longtemps… »

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Il fut étonné lui-même de son propre geste, de sa propre audace. Pour autant, il n’en regretta rien. Et quand le jeune vampire lui rendit son étreinte, il ne chercha pas à se défaire de cette emprise. Il ne put totalement chasser la légère tension qui l’habitait encore, mais il parvint, tout doucement, dans ses bras certes froids, mais au coeur chaud bien silencieux, à se détendre quelque peu. Combien de temps restèrent-ils ainsi enlacés ? L’althaïen n’aurait su dire. À la fois si longtemps et si peu. Mais comme toujours, toute bonne chose avait une fin.

Avec délicatesse, Ilhan s’écarta donc légèrement. S’il relâcha rapidement le jeune vampire, il sentit les mains de celui-ci couler le long de ses bras, comme pour rallonger un peu le contact ou mieux s’imprégner de lui. Loin de le gêner toutefois, ce geste le fit sourire. Avec tendresse et affection. Tel un grand frère découvrant son cadet. Car oui, maintenant, ils étaient frères. Il devait avouer qu’ils constituaient une étrange fratrie. Entre le doux Baptistrel au coeur pur, qui avait su rompre chez lui toutes ses réticences ou ses appréhensions, le jeune elfe distrait et fort traitre, au point de vendre l’un de ses points faibles qu’étaient les pâtisseries (cela réclamerait vengeance… en temps voulu) et le jeune vampire encore éperdu devant lui… Oui, étrange fratrie. Et pourtant, aussi différents soient-ils, Ilhan sentait qu’ils se complétaient tous à leur manière. Qu’eux tous pouvaient former un bloc puissant et inébranlable, capable de franchir tous les obstacles.

Gêne sembla toutefois étendre tout doucement ses doigts taquins vers eux, alors que l’instant s’étirait dans un silence d’abord confortable, mais se transformant tout doucement en maladresse. Et maintenant ? Et maintenant il ne savait que faire. Enfin si, mais son audace précédente le faisait encore hésiter. Il fit alors ce qu’il savait le mieux faire. Reprendre un tant soit peu le contrôle et appeler le calme en lui. Il inspira donc lentement et discrètement, quand bien même l’ouïe fine du vampire n’aurait pas manqué ce léger bruit, puis expira, tout en rappelant un à un ses filaments. Peu à peu ceux-ci disparurent enfin. Quand bien même, il le savait, ils menaçaient de réapparaitre au prochain moment d’ultime émotion.

Heureusement, ce fut son frère qui parvint à briser l’instant d’embarras. Un sourire taquin et un regard malicieux plus tard, et l’invitation de goûter aux pâtisseries revint sur la table. Ou comment cherchait-on, encore, à le soudoyer et le corrompre par l’un de ses points faibles. Quoique cela ne le gênât nullement en cet instant. En d’autres occasions, ces attentions, aussi appétissantes soient-elles, n’auraient guère suffi à l’amadouer ni même à le faire flancher. Il avait montré à maintes reprises que ses petits penchants n’avaient nulle emprise sur lui dans les moments fatidiques. On ne pouvait aisément le posséder. Et même la torture n’avait pas eu raison de lui. Mais ici, là, maintenant, cette attention le touchait réellement. Il n’entendait nulle intention malsaine. Juste l’envie... de faire plaisir. Ilhan répondit alors par un sourire amusé, et se rassit dans son siège, croisant ses jambes en un geste gracieux, tout en gardant un port droit et noble.

Il faut croire que vos renseignements sont erronés sur les priorités qui peuvent être les miennes, répondit-il, tout aussi taquin.

Mais une taquinerie qui faisait aussi comprendre que son affection, sa tendresse, ce lien naissant étaient bien plus importants que tout autre chose. Plus important même que ces friandises qu’il chérissait tant par ailleurs.

Mais je suis touché de cette attention. Vous avez su viser l’un de mes petits points faibles. Rappelez-moi de… remercier comme il se doit… notre elfe de frère, quand je le reverrai.

Il ne précisa pas comment il voulait le remercier. Mais son regard plein de malice en disait long sur le sujet.

Et puisqu’il avait enfin reçu une invitation en bonne et due forme de se servir (car oui, en althaïen bien éduqué qu’il était, il n’avait attendu que ce signe-là, il aurait été malvenu de sa part de se servir sans l’aval de son hôte), il s’empara d’une des pâtisseries qui lui faisait de l’oeil depuis son entrée. Une petite part de tarte au chocolat. Il ferma un instant les yeux quand la saveur éclata en bouche et retint une exclamation ravie. L’air comblé qui éclaira un instant son visage, même si fugacement, parla sans doute bien plus pour lui. Il rouvrit alors les yeux sur son frère, regrettant l’espace d’un instant qu’ils ne puissent partager cela aussi. Il eut un moment le souvenir de ses retrouvailles avec Sorel, et cette part de tarte qu’ils avaient partagée avant de chahuter dans la fontaine. À ce doux souvenir, un léger sourire nostalgique flotta sur ses lèvres. Lèvres qu’il s’empressa de tamponner doucement d’une serviette, tout en avalant sa bouchée, avant de reprendre la parole :

Je dois avouer qu’il s’agit là de mets exquis. Je doute que vous les ayez préparés vous-même ?

La question était à moitié rhétorique. Il imaginait mal Liv aux fourneaux. Mais après tout… pourquoi pas ? Même s’il subodorait plutôt une tripotée de domestiques qui avaient honoré la commande du jeune vampire.

Je ne peux en tout cas que féliciter ce maitre pâtissier.

Il observa un court instant son frère, tout en savourant une autre bouchée, puis se servit un peu de thé chaud qui fumait encore légèrement et n’attendait que lui. D’un geste, il en proposa à Ivanyr. Après tout, même s’il n’en avait nul besoin, il avait bien connu un vampire qui avait coutume d’en boire de temps à autre… Il but lui-même une gorgée, et reposa sa tasse, d’un geste lent. Son regard songeur dériva de nouveau vers Liv, qu’il détailla, sans ostentation, mais avec réel intérêt.

Si vous-même avez besoin de vous sustenter…

Oui, il lui proposait ouvertement de lui offrir quelques mets plus appropriés aux goûts vampiriques, si besoin, et ce de sa propre personne. Même s’il n’était pas forcément totalement à l’aise à l’idée, il avait suffisamment confiance en cette maisonnée pour savoir que rien ne serait fait qui lui ferait courir un risque.

Mais parlez-moi un peu de vous ? Comment vous sentez-vous ?

Il était assez bien placé pour connaître, comprendre, le possible sentiment d’être perdu qui vous saisissait à votre renaissance, surtout face à la froideur et la violence de ce monde qui évoluait si vite, alors que vous aviez tout à apprendre. Ou réapprendre. Il en avait été ainsi pour lui, jeté dans le grand bain, devant jouer un rôle qu’il connaissait à peine. Mais peut-être, sans doute ?, en avait-il été tout autrement pour Ivanyr ? Mais peut-être aussi n’avait-il aucune envie d’évoquer tout cela, songea aussitôt Ilhan.

Si vous souhaitez en parler toutefois, rajouta-t-il donc rapidement, tout en reprenant une gorgée de thé.

Et en sondant son frère de ses orbes sombres, pétillant légèrement d’or, comme s’il cherchait à lire jusqu'aux tréfonds de son âme.

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Sa petite plaisanterie eut l’effet escompté, tirant un sourire à son frère qui se réinstalla pour enfin déguster les friandises qui avaient été préparées pour lui. Liv en fit de même, adoptant la même posture qu’un peu plus tôt, le port altier, le dos bien droit et les deux pieds au sol, en accord avec la prestance de son invité, bien loin des positions indolentes et décontractées qu’il adoptait naturellement, mais son maintien était désormais plus détendu. La distance qu’il avait ressentie un peu plus tôt semblait s’être envolée, tout comme sa nervosité. Il ne se sentait plus comme face à un inconnu à l’aura d’importance impressionnante, mais bel et bien face à un frère qu’il retrouvait — ou plutôt, découvrait, en l’occurrence.

Anarórë lui répondit sur le même ton, et son sourire amusé dévoila de nouveau ses crocs.

« Je le constate en effet, et je ne manquerai pas de mettre à jour votre dossier en conséquence… »

Il y avait une indéniable tendresse derrière leur échange de plaisanteries, des non-dits qui ne lui échappaient pas, et qui le touchaient plus qu’il ne le montrait. Comme avec Sorel, il était accepté, immédiatement et inconditionnellement, simplement pour ce qu’il était, l’affection fraternelle tissait délicatement ses liens entre eux. Il réprima un petit rire à la mention de l’elfe.

« Je ne doute pas qu’il saura apprécier vos… remerciements… à leur juste valeur… »

Il ne savait pas exactement ce qui attendait leur frère, mais il était plus qu’évident qu’une revanche était au programme… Il espérait simplement que Sorel ne lui en voudrait pas trop de sa petite indiscrétion. Encore qu’il pourrait être amusant de voir ce qu’il ferait s’il décidait de se venger à son tour, bouclant la boucle. Si tel était le cas, il l’aurait bien mérité et accepterait son juste châtiment.

Il guetta avec une attention expectative la réaction de son frère lorsque celui-ci goûta enfin une des pâtisseries. N’étant de toute évidence pas le plus apte à juger, il n’avait guère pu goûter lui-même et avait dû s’en remettre aux conseils qui lui avaient été donnés. À en juger par l’expression de l’Immaculé à sa première bouchée, il avait cependant bien choisi, ce dont il fut ravi autant que soulagé. Il afficha un petit sourire amusé à la question, secouant la tête de gauche à droite.

« Non en effet, je n’en suis que le commanditaire, mais je n’en suis pas moins ravi qu’ils vous plaisent. »

À la mention du maître pâtissier, le sourire de Liv se fit malicieux.

« Si vous souhaitez le féliciter vous-même, nous pourrons passer par sa boutique lorsque je vous ferai visiter la ville… »

Et bien sûr, une fois sur place, il serait dommage de repartir les mains vides… Nevrast ne comportait pas uniquement des vampires, mais ils étaient de loin les habitants majoritaires, et il ne doutait pas que le pauvre pâtissier ne connaisse pas un commerce aussi florissant qu’il aurait pu le faire dans d’autres villes plus… vivantes. Alors, s’il était aussi talentueux qu’Anarórë le laissait entendre, il méritait bien un petit coup de main.

À l’invitation silencieuse de son frère, Liv pencha la tête sur le côté avec un air curieux. Il n’avait pas besoin de boire, pas plus que de manger, mais il ne lui était pas encore venu à l’idée, au cours de sa petite vingtaine de jours d’existence, qu’il pouvait le faire simplement par… goût ? Mais après tout, la vie, et surtout la sienne actuellement, était faite d’expérience, et il continuait d’apprendre tous les jours, tant sur le monde que sur lui-même, alors… Maintenant que l’idée s’était présentée, il lui aurait semblé idiot de ne pas au moins essayer. Avec un sourire enthousiaste, il hocha donc la tête.

Il approcha la tasse de son visage, humant tout d’abord le parfum qu’il connaissait déjà, puis prit une gorgée prudente. D’abord, il sentit la chaleur qui se répandit agréablement en lui. Puis l’amertume le frappa, lui faisant légèrement froncer le nez de surprise, simplement parce que l’odeur doucereuse ne l’y avait pas préparé. Il ne la trouvait pas désagréable cependant, au contraire, et les épices lui offraient un délicieux contrepoint. Il rouvrit les yeux, ne s’étant pas rendu compte qu’il les avait fermés pour mieux savourer, et commenta avec un sourire presque enfantin :

« C’est délicieux ! »

La proposition suivante, en revanche, le prit au dépourvu, et il marqua un temps d’arrêt, clignant des yeux plusieurs fois sous la surprise. Il ne doutait pas d’avoir bien compris ce que sous-entendait son frère, mais il ne l’avait pas vu venir. Décidément, il était vraiment plein de surprises… C’était inattendu, oui, mais aussi… touchant, d’une certaine façon ? Une grande générosité, sans aucun doute, mais aussi indéniable marque de confiance. S’étant rapidement remis de sa surprise, il répondit avec un sourire tendre.

« C’est très aimable à vous, je vous remercie. Mais j’ai déjà… mangé. »

S’il n’avait pas explicité à quel point la proposition l’avait touché, sa voix, sans doute, avait su l’exprimer pour lui.

La question suivante était bien plus conventionnelle — mais non moins sincère, il n’en doutait pas —, Sorel lui avait d’ailleurs posé exactement la même. La différence tenait en ce que, si l’elfe avait connu un vampire nouveau-né en la personne d’Aldaron, Anarórë l’avait vécu, et savait donc exactement par quoi il était passé. Bien que sa situation ait sans nul doute été fort différente, c’était là une expérience qu’ils partageaient. Il apprécia également la prévenance de son frère, qui lui offrit immédiatement une porte de sortie au cas où il préférerait ne pas aborder le sujet. Mais ça ne le dérangeait aucunement d’en parler — même si, comme quelques jours plus tôt, il n’était pas certain d’avoir beaucoup à en dire — aussi se contenta-t-il de hocher doucement la tête pour le rassurer.

Il reprit une gorgée de thé pour se donner le temps de rassembler ses idées et de trouver comment répondre, sans se dérober au regard qui le sondait, comme pour montrer qu’il n’avait rien à cacher ; en tout cas, pas à lui.

« Je commence à trouver mes repères. J’ai la chance de pouvoir prendre mon temps, et de pouvoir simplement être… moi-même, sans aucune attente, sans devoir jouer le rôle de celui que j’étais, ou que d’autres verraient en moi… »

Ilhan, comme Aldaron, avait repris l’identité de celui qu’il était avant sa transformation, et tous les deux avaient ultimement retrouvé les souvenirs de leurs vies précédentes. Pour Liv, c’était différent ; il ne reprendrait pas l’identité de Nolan, et ne cherchait pas à le faire ; il se considérait comme une personne à part entière, indépendante de l’humain qui avait simplement porté le même visage que lui. Peut-être était-ce parce qu’il avait toujours su que lui ne retrouverait jamais la mémoire de sa vie précédente ; Achroma avait été très honnête avec lui dès de début, lui expliquant ce qu’il en était et pourquoi. Mais il ne regrettait aucunement ces souvenirs qui ne lui appartenaient pas, se contentant très volontiers d’en forger de nouveaux.

Il s’était perdu un ou deux instants dans ses pensées, mais revint bien vite à l’instant présent, et reprit avec bonne humeur.

« J’ai encore beaucoup à apprendre, mais je suis on ne peut mieux entouré pour ça. J’ai une famille merveilleuse, qui m’aime, veille sur moi et m’aide de son mieux. J’aurais difficilement pu mieux tomber, et je suis conscient de la chance que j’ai, et que beaucoup n’ont pas. »

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Au mot "dossier", Ilhan sourit de plus belle. Liv tenait-il lui aussi des dossiers, comme le Tisseur tenait ses carnets où il annotait nombre d’informations récoltées sur chaque personne ? Un petit carnet qui ne le quittait guère ou était souvent dans ses bagages, bien à l’abri. Entre les glyphes de protection et le langage codé dans lequel il écrivait, il n’y avait que peu de risques qu’un œil malavisé puisse lire ses notes. En tout cas, cette mention l’amusa et le titilla tout à la fois. Sa curiosité était soudain attisée et il aurait bien posé la question pour l’assouvir, mais une telle question pourrait en entrainer une autre, à son encontre, ce qu’il préférait éviter.

Il préféra donc savourer les mets qu’on avait commandés exprès pour lui. Bien plus de mets qu’il ne pourrait manger. Il était certes gourmet et gourmand, mais il ne mangeait guère beaucoup en une seule fois. Il hocha simplement la tête quand Liv lui proposa de passer chez le pâtissier quand ils visiteraient la ville. Avec plaisir, fut-il tenté de répondre, mais il avait la bouche pleine. Et en bon althaïen bien éduqué, on ne parlait pas la bouche pleine.

Il sourit de plus belle à l’exclamation de son frère alors qu’il goûtait du thé. Il ne lui proposerait certes pas de goûter du gâteau. Il ne savait guère comment les vampires pouvaient réagir au fait de manger de la nourriture autre que du sang. Il savait que les boissons étaient tolérées, pour avoir vu certains vampires s’en délecter, plus par goût que par besoin. Mais la nourriture ? Les vampires ne pouvaient la digérer… il préférait donc ne pas tenter la licorne avec des expériences potentiellement dangereuses pour son frère. Et la confiance que Liv venait de lui témoigner en acceptant sa proposition de thé le touchait profondément, plus qu’il ne voudrait l’admettre. Il espérait bien ne jamais la trahir. Et quand son frère lui répondit avoir mangé, Ilhan hocha simplement la tête tout en reprenant lui-même une part de tarte. Cela lui évita de soupirer d’un certain soulagement à cette réponse.

En tant qu’Ast, sans doute Liv devait-il se nourrir de rêves et de pensées, plutôt que de sang. L’althaïen n’était pas bien sûr de savoir ce qu’il préférait. En un sens, manger rêves et pensées semblait avoir moins d’incidence que le sang et pouvait pallier bien des soucis que les vampires rencontraient. Mais il était lui-même si friand de la protection de son esprit, lui qui avait manqué se faire posséder par deux fois par une chimère et était parvenu, avec force difficulté, à les repousser, que l’idée de savoir qu’on pouvait manger ses pensées était une réelle source d’inquiétude. Même s’il préférait miser sur la confiance envers les siens et sur le fait qu’ils ne violeraient pas ce qui lui était le plus cher en cette enveloppe charnelle qui était la sienne, et qu’ils ne pénétreraient pas son esprit sans son accord. Il connaissait bien trop la sensation de souillure quand on vous prenait une parcelle de vous sans consentement… et espérait que sa famille vampirique saurait respecter cette intimité-là.

Bien sûr en cet instant, il s’était proposé, et s’était préparé mentalement. Mais soulagement ne pouvait être nié. Même s’il entendit parfaitement la note de gratitude dans la voix de son frère quand il déclina son invitation. Il ne put réprimer alors un tendre sourire, tout en avalant sa propre bouchée.

Et attendit en silence, avec une patience calme et posée, que son frère réponde, ou non, à son ultime question. Il la savait délicate, possiblement troublante et dérangeante. Lui-même l’avait esquivé un bon nombre de fois. Il n’avait guère parlé de sa transformation avec quiconque. Elle avait été si forte et si brutale, une lente agonie pour finir en une violente litanie... S’il avait réussi depuis peu à trouver le courage d’en affronter le souvenir, il n’était pas encore parvenu à mettre des mots à haute voix pour en conter le récit à qui que ce soit. Et il n’était pas sûr de le faire un jour, pour tout avouer. Pas de lui-même en tout cas. Il était bien trop prompt au secret.

Mais Liv semblait plus ouvert que lui et lui répondit. Ilhan déposa alors à gestes lents ce qu’il restait de sa tarte, s’essuya mains et lèvres, et écouta avec toute son attention. Gardant toujours un port presque régalien, il croisa les mains devant lui, les bras posés sur les accoudoirs de son fauteuil, et se pencha légèrement en avant, montrant ainsi l’écoute patiente qu’il lui offrait. Ses orbes sombres pétillèrent de légers éclats. Ce qu’il entendait le rassurait. Repères, prendre son temps, être lui, entourage et famille… voilà des mots qui lui réchauffaient le coeur. Cette fois, il ne retint pas le lourd soupir soulagé qui lui comprimait la poitrine. Nulle envie non plus ne le rongea. Chacun avait une expérience différente de leur transformation et de leur intégration dans leur nouvelle vie. Chacun faisait des choix différents aussi. Il était en tout cas heureux que Liv ait réussi à trouver un certain équilibre dans une situation qui aurait pu être difficile pour lui.

Je suis heureux d’entendre cela, fit-il enfin dans un murmure, quand il fut sûr que confession prenait fin. Soutien et réconfort sauront forger ta force pour affronter le monde à venir. Tu as déjà l’étoffe d’un grand personnage.

Et il le pensait. Il trouvait Ivanyr plus apte à diriger, à défaut de réellement régner, que Nolan n’avait pu l’être. Qu’il était ironique de penser cela, songea-t-il avec une pointe de tristesse. Il se permit alors un petit laps de temps tout en détaillant chaque trait de son frère. Ses perles de jais semblaient en redessiner chaque contour, comme pour mieux les imprimer dans sa mémoire.

Et ce n’est pas qu’une question de chance, mais aussi de choix, sans doute, susurra-t-il, son regard décrochant de ce visage et se faisant plus vague.

Un murmure à peine audible, presque plus pour lui-même que pour son frère.

Réalisant soudain ce qu’il venait de dire, il se força à revenir au temps présent et à sortir de sa rêvasserie, pour replonger ses yeux perçants dans les perles limpides du jeune vampire. Bon, certes, il n’avait pas totalement choisi de jouer celui qu’il avait été avant, on le lui avait fortement suggéré à son retour à Delimar. Mais il aurait pu refuser. Il aurait pu aussi choisir de rester au Domaine aussi… si tant est qu’il eût réalisé la transformation qui s’opérait en lui et que ce qu’il avait rêvé avec Aldaron... n’était pas un simple rêve. Beaucoup de si… Mais aussi beaucoup de choix qu’il avait faits. Peut-être n’avait-il pas eu toutes les cartes en main pour décider pleinement, mais il avait choisi certaines choses, certains chemins… Et un, entre tous, relevait de son véritable choix, plein et entier, sans que personne ne l’eût forcé : le choix de recouvrer ses souvenirs. Aussi douloureux cela avait-il été, aussi difficile et laborieux avait été ce chemin, il l’avait choisi, avec résolution et détermination.

Personnellement, cela me rendait fou de lire dans les yeux des gens qu’ils en savaient plus sur ce que j’avais été que moi-même. De percer dans leurs attitudes tant d’attentes, tant de questions, auxquelles je ne pouvais peut-être pas répondre.

Il se redressa légèrement, se rencognant au fond de son fauteuil et balaya l’air d’une main. C’était là une étrange confession qu’il révélait soudain.

Si en tout cas tu as besoin d’en parler, sache que tu trouveras une oreille attentive en ton frère.

Se disant, il porta une main sur son torse, à hauteur du coeur.

Et sache aussi que je suis assez doué pour garder les secrets. Je ferai tout pour que ce que tu me confierais ne sorte jamais d’ici.

Cette fois-ci, il tapota son esprit.

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Le soulagement, presque palpable, qui émanait de la voix d’Anarórë autant que du soupir qu’il avait laissé échapper, surprit Liv. S’il n’avait pas un seul instant douté de la sincérité et de l’intérêt derrière sa question, il n’en avait pas pour autant présumé qu’il s’inquiétait, surtout à ce point, pour lui, et il en fut à nouveau touché. Tout comme il le fut du compliment, inattendu, qui suivit, le prenant tout à fait au dépourvu. Il cligna deux ou trois fois des yeux sous la surprise, avant de retrouver son sourire et de bafouiller un « Merci. » légèrement embarrassé. Il ne savait guère ce qui avait pu, si vite, lui forger cette impression, mais il espérait de tout son cœur que son frère avait raison. Guère par ambition personnelle, mais surtout parce qu’il ne voulait pas le décevoir, ni lui, ni ses Pères.

Il avait noté également, non sans un certain plaisir, le changement de pronom qui s’était opéré, presque naturellement, l’air de rien, comme une barrière supplémentaire qui tombait entre eux, une proximité qui continuait à s’installer discrètement, paisiblement.

Il sentit, à nouveau, le regard de son frère s’attarder sur lui pour le détailler, et à nouveau il se laissa faire, sans crainte ni honte, n’y sentant que bienveillance et affection.

La remarque suivante, qui peut-être ne lui était pas tout à fait destinée, tant il l’entendit à peine alors que le regard de son frère s’écartait de lui, lui fit froncer légèrement les sourcils, soulevant bien des interrogations qu’il ne prononça toutefois pas. Il ne lui semblait pas avoir eu, jusque-là, tant de choix. Ce qui ne le dérangeait pas, pour l’heure, satisfait comme il l’avait dit de sa situation mais aussi sachant qu’il en aurait bien assez tôt à faire pour sa part. Il ne put donc présumer qu’il parlait plutôt de lui-même. Il y avait bien des mystères qui entouraient ce frère, il avait déjà pu le sentir à la façon dont leur père lui en parlait, mais surtout à ce qu’il ne disait pas. Il y avait des ombres et des non-dits, des regrets peut-être, de la mélancolie sans doute, qu’il avait senti de CendreLune alors, et qu’il retrouvait en Anarórë désormais. Une situation manifestement compliquée, qui ne lui appartenait sans doute pas, mais qui l’intriguait, parce qu’elle touchait des personnes chères à son cœur.

Il se tût, cependant, et le laissa reprendre la parole et changer de sujet, l’écoutant en hochant la tête avec sérieux et compréhension. Il lui était arrivé, rarement, d’être pris pour Nolan, et il avait ressenti tout ce que son frère décrivait, fût-ce brièvement. Il n’avait guère apprécié et avait toujours mis fin à la confusion rapidement, voire parfois brusquement. Mais c’avait été, pour lui, l’exception plutôt que la règle. S’il ne pouvait donc pas réellement comprendre ce que c’était que de le vivre à chaque instant, il pouvait du moins l’imaginer. Et l’idée n’était, en effet, guère plaisante.

« Je vois ce que tu veux dire, je crois. J’ai connu ça, un peu, mais j’ai pu y échapper en grande partie. Ici je suis avant tout le fils d’Achroma et de CendreLune, ce qui a son lot d’attentes en soi je suppose, mais au moins je les connais et je sais comment y répondre. Le passé… est moins important. L’avantage d’être principalement entouré de vampires, sans doute. »

Il haussa légèrement les épaules pour ponctuer son propos avant de reprendre une gorgée de thé, peut-être pour se donner une contenance et masquer l’incertitude de sa conclusion. Puisque son frère était passé au tutoiement, il présuma qu’il pouvait en faire de même sans risquer de l’offenser.

Il retrouva son sourire doux à la déclaration de l’Immaculé, retenant un petit rire à la mention de son talent pour garder les secrets. S’il n’avait encore que peu d’éléments pour en juger, il n’avait cependant aucun doute à ce propos, s’étant déjà fait cette impression de lui-même. Mais il n’y avait qu’affection et sincérité dans sa voix quand il répondit, portant également une main à son cœur silencieux puis à sa tête, comme en écho.

« Merci. Et ne doute pas qu’il en soit de même pour toi. »

À son tour, il détailla du regard ce frère si mystérieux et si bienveillant, recelant autant de secrets que de tendresse. Il était étrange de repenser à l’appréhension et à la sensation de distance des premiers instants de leur rencontre, de constater combien elles s’étaient rapidement dissipées. Mais après tout, le lien avec Sorel s’était également tissé très vite, quoi que d’une façon différente. Peut-être était-ce ce que signifiait être une famille. Ou peut-être était-ce simplement ce qu’était la leur. Peu importait.

Peut-être est-ce cette sensation de proximité et de confiance qui poussa une des questions qui lui tournaient dans la tête depuis un peu plus tôt, refusant de s’éclipser, à finalement franchir ses lèvres, teintée d’une certaine inquiétude.

« Est-ce que tu regrettes d’être resté à Délimar ? D’avoir repris le rôle de celui que tu étais ? »

Réalisant, un peu trop tard, l’impression que pouvait donner sa question, ainsi qu’à quel point elle pouvait être intrusive, il écarquilla les yeux avant de les baisser brusquement, pris d’une passion subite pour sa tasse de thé qu’il se mit à touiller distraitement.

« Pardon, tu n’as pas à répondre. C’est simplement… Ça a dû être difficile. Doit toujours l’être, j’imagine. Et la façon dont tu as parlé de choix tout à l’heure… Il releva timidement les yeux, avant d’ajouter : J’espère juste que la vie que tu as te convient. Je ne voulais pas être indiscret, excuse-moi. »

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Oui, il n’était pas bien sûr que la position d’Ivanyr fût plus envieuse en soi. S’il n’avait peut-être pas autant les regards d’attente quant à son passé, ou disons moins que ce qu’Ilhan ou Aldaron avaient pu connaître, il pouvait tout de même lire dans les yeux des autres d’autres attentes. Et au vu de ses parents, elles n’étaient sûrement pas moins lourdes. Mais Ivanyr semblait assez bien le vivre et ce poids ne semblait pas le gêner. Au contraire même, cela semblait le porter à donner le meilleur de lui, à se dépasser pour ne pas décevoir ces hères, et surtout… ne pas décevoir ses pères, assurément. Nul besoin de Tela pour comprendre cela, chaque mot que le jeune vampire prononçait en évoquant ses pères soulignait cette volonté de s’en montrer digne et de se révéler à la hauteur.

Et effectivement, elles étaient peut-être plus faciles à cerner, et ils pouvaient alors trouver les éléments pour y répondre. Contrairement aux attentes que certains pussent porter sur un amnésique ayant tout oublié de son passé… et ne pouvant donc que décevoir ces personnes qui avaient le secret et faux espoir de retrouver l’être qu’elles avaient pu connaître. Car, même quand les souvenirs revenaient, ce qui n’était pas le plus courant en soi, l’on restait différent. On ne parlait pas de transformation pour rien. La vampirisation, et l’immaculation, vous transfiguraient tout entier. Même s’il sentait avoir conservé certains pans de sa personnalité, il voyait bien de subtils changements, d’imperceptibles fluctuations, ne serait-ce que dans ses aspirations les plus profondes. Il ne l’avait pleinement réalisé qu’aux mots d’Autone. Cette femme, si forte et qui lui était devenue si chère, lui avait dit un jour qu’il lui fallait peut-être trouver la personne qu’il voulait être, lui, plutôt que de chercher à être celle que les autres désiraient. Ces mots avaient fait, laborieusement, leur chemin… lui révélant toutefois une âpre vérité qui lui rongeait le coeur.

Être celui qu’il voulait ne lui permettait de suivre aucun des chemins qu’actuellement on lui proposait. Et c’était un lourd dilemme, un cruel choix, qu’il ne parvenait toujours pas à faire. Le pas qu’il ne parvenait toujours pas à franchir. Et, alors qu’il buvait une gorgée de thé, son frère lâcha soudain LA question qui fâche, comme faisant écho au charriot de ses pensées. L’althaïen s’arrêta dans son geste, marquant sans complexe que la question était fastidieuse en soi, lourde d’impact pour lui. Le regard qu’il coula à son frère ne montra toutefois nul reproche. Cette question pouvait être légitime en soi. Il ne répondit toutefois pas de suite et laissa son jeune frère se confondre en excuses.

Des excuses et une offre de retrait qui lui arrachèrent un léger sourire, teinté de tristesse cependant. Il baissa le regard et posa sa tasse sur la petite table en face d’eux, à gestes lents et comptés. Puis, se redressant lentement, il ancra ses orbes de jais dans les perles claires du jeune vampire.

Nul besoin de t’excuser, mon frère, susurra-t-il en un murmure grave et aux accents profonds.

Il laissa un petit grain de temps s’écouler dans le sablier de son esprit, et de sa main non gantée alla caresser la toupie à son poignet. Sa fidèle pythie. Non, il ne ferait pas appel à elle en cet instant pour trouver la bonne réponse, la bonne voie. Car il savait déjà qu’il n’y en avait aucune. Rien ne pourrait adoucir ce qu’il allait dire. Ce qu’il allait révéler. Mais ce geste lui apportait une certaine sérénité.

Indiscrétion a tous ses droits sur cette question, ajouta-t-il en un doux sourire.

Qui disparut bien vite, alors que son visage lisse reprit un air grave et que ses yeux pétillants d’or se voilèrent.

Je ne peux répondre à ta question ni par un oui ni par un non. En effet, je parlais de choix tout à l’heure. Dans mon cas, le choix a été, justement, de ne pas choisir. Du moins pour l’heure.

Car un jour, le choix viendrait, il le savait, il le pressentait. Nul besoin d’oracle pour le deviner.

Si je regrette d’être resté à Delimar ? Il y a des jours où je répondrais non. De ces jours où j’y trouve tant de soutien, un ancrage qui m’a tant aidé à avancer, quand j’y vois dans ma maisonnée tant de bienveillance et d’inquiétude pour veiller sur moi… Et d’autres fois oui. Quand je ne peux partager tous ces moments-là avec ma famille de sang et de crocs, quand je suis si loin d’eux et que je sais que jamais il ne pourront venir en ma maison en Delimar. Delimar et Nevrast sont deux pans de ma vie, de mon être et de mon coeur. Deux pans de moi indissociable, et pourtant… totalement incompatible. Quand je sais qu’un jour ces deux pans se déchireront, mon coeur saigne déjà d’avance. Et le jour du choix, je devrai alors m’amputer de l’un d’eux.

Il baissa les yeux et inspira longuement pour réfréner les émotions qui vacillaient soudain en lui.

Ou des deux.

Car il n’était pas dit encore qu’il choisirait qui que ce soit au final.

Je n’ai pas vraiment choisi la voie de Delimar. J'ai simplement suivie ce qui se présentait à ce moment-là.

Il s’humecta les lèvres, songeant que son frère ne comprenait peut-être pas ce qu’il voulait dire par là. Après tout, il ne savait pas tout le concernant.

Ilhan quitta alors son port régalien, pour s’approcher quelque peu de son frère, et s'assit au bord de son propre fauteuil, les mains jointes devant lui les coudes posés sur ses genoux. Son regard de jais observa un court instant un point sur le sol, alors qu’il cherchait ses mots, puis se releva sur la belle silhouette du petit prince.

Quand notre père est venu me sauver…

Car il s’agissait bien de cela.

alors que j’étais aux portes de la mort, en prise avec les affres de la maladie qui me rongeait de l’intérieur et m’emportait, mortel que j’étais, petit à petit, je n’ai pas réalisé pleinement ce qui se passait réellement. Mon esprit était alors si confus et si lacunaire que j’ai pris tout cela pour un rêve. Et ce l’était en partie d’ailleurs. Je pensais tout simplement avoir rêvé sa venue, son geste, et je pensais réellement mourir. Je voulais juste revoir la Reine qui était mienne…

Il s’arrêta, songeant qu’Ivanyr ne savait sans doute pas qui il appelait ainsi.

Notre... ancienne…

Que ce mot, "ancienne", lui déchirait le coeur. Trahison, criait-il, en songeant à la défection de Tryghild. Et il ne cacha en rien les accents amers de sa voix.

Intendante Tryghild Svenn. Je voulais juste la revoir avant de mourir, lui dire quelques derniers mots, quelques derniers conseils…

Jusqu’aux portes de la mort, il aura tenté de soutenir ce rôle.

Je n’ai compris qu’une fois sur la route… et il était trop tard. Mes borborygmes ineptes devenaient incompréhensibles… et la transformation eut lieu. Ou plutôt…

Il inspira longuement.

Les transformations. Coup sur coup.

La douleur, le flash d’une épée, vrillèrent de nouveau son esprit. Il en chassa les images éhontées d’une volonté farouche, et se força à revenir au temps présent. Son regard trouble se refocalisa sur son frère. Non, il ne se sentait pas encore de parler de cette transformation pleinement. Pas là. Pas maintenant. Pas encore.

Je n’ai alors fait que suivre ceux avec qui j’étais et qui devenaient pour moi des guides dans ce nouveau monde, dans lequel je me sentais complètement perdu. Tant de tentations… tant de violence et d’incompréhension… tant et tant… Je me suis simplement rattaché à ces personnes, tel un naufragé à son bout de bois, pour ne pas couler.

Il offrit un sourire triste à son frère. Il se rencogna finalement dans son siège, reprenant son port droit et digne, tout en attrapant sa tasse au passage. Il but une gorgée de son thé, maintenant presque froid, faisant fi des sensations qui envahissaient ses sens exacerbés, tant ses pensées étaient agitées.

Depuis je ne fais qui suivre le flot de la marée. Je vois divers chemins devant moi se dessiner, en effet, mais mes pas ne parviennent pas à en choisir un. Pas encore. J’ai perdu ma boussole, semblerait-il.

Il posa sa tasse sur l’accoudoir, la tenant vaguement d’une main, et son regard se fit soudain lointain, perdu sur un point invisible au-dessus de l’épaule d’Ivanyr.

Aucun ne semble mien. Aucun ne semble correspondre totalement à ce que mon âme désirerait, à ce que mon être appelle à devenir. Chacun réclame des dûs que je ne peux suivre, auxquels je ne peux adhérer en mon âme.

Le feu et le sang sur l’un… Une haine ancestrale et l’appel de la guerre sur l’autre… Non, cela il ne pouvait les partager et les faire siens. Lentement, son regard revint au temps présent et se posa, avec douceur et force nostalgie, sur son jeune frère.

J'ai l'impression d'être entre deux mondes, sans jamais appartenir à aucun d'eux.

Et cela résumait parfaitement ce qui le tenaillait depuis sa renaissance. Depuis toujours, peut-être, en y songeant bien. Il avait toujours eu cette sensation, d'aussi loin qu'il s'en souvenait maintenant. Même si elle se faisait dès lors plus prégnante encore.

Si j’avais un regret, c’est de ne pas parvenir à choisir aujourd’hui, et de savoir que ce non-choix fait souffrir tant d’êtres qui me sont chers. J’aimerais leur dire qu’il faut du temps, que peut-être je ne peux suivre aucun d’eux, aucun de leurs chemins, et qu’il me faut, peut-être…

Comme disait sa chère femme…

tracer le mien. Cela ne voudra pas dire que je renie mon coeur qui bat pour eux, mais que la voie qui m’appelle est peut-être toute autre, une croisée des chemins… sur laquelle je pourrais être moi, sans renier qui que ce soit.

Douce utopie encore ? C’était là toute la question. Pouvait-il tracer un tel chemin ? Pouvait-il seulement trouver ce qu'il serait ? Car, même si l’idée commençait à l’effleurer, il n’avait toujours pas trouvé les sillons qui en seraient les prémisses…

Il lâcha une légère expiration et offrit un rictus à mi-chemin entre le sourire et l’excuse.

Ce long laïus n’a peut-être pas répondu à ta question. Et j’espère qu’il ne t’a ni blessé ni déçu, car je m’en voudrais de ternir notre première rencontre par des mots malheureux.

Il se redressa de nouveau et reposa cette tasse, qui devenait de plus en plus gênante, surtout alors qu’il ne pouvait manipuler les choses que d’une seule main, sa main gantée étant toujours aussi maladroite, voire inutile, depuis l’incident à Ipsë Rosea. Puis il fit tourner son anneau des murmures autour de son doigt, alors qu’une soudaine idée l’effleurait.

Si ces paroles ne t’ont pas refroidi me concernant, et que, même sachant cela, tu souhaites tout de même continuer à me voir, peut-être pourrais-je…

Il montra son anneau et sa bague Tela, côte à côte, en levant subrepticement sa main non gantée.

ajouter sur un de tes bijoux un glyphe de communication qui nous permettrait de pouvoir nous parler quand bon nous semble, qu’importe la distance et qu’importe l’endroit.

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Contrairement à ce qu’il avait pu craindre, Anarórë ne sembla pas s’offenser de la question de son jeune frère, ni dans son regard, ni dans ses mots lorsqu’il lui répondit. Cependant, la légèreté qui avait pu s’installer dans leur échange s’était définitivement envolée, comme en témoignait la nuance de tristesse qui se démarquait dans le sourire qu’il lui adressait. Liv avait manifestement posé une question difficile, sans doute plus qu’il ne l’aurait cru, et il regrettait quelque peu d’avoir mis son frère face à ce sujet à l’évidence malaisé pour lui, mais il appréciait également la sincérité dont il faisait preuve en choisissant de lui répondre malgré tout.

Silencieux, il laissait à son frère le temps de trouver les mots pour lui raconter son histoire, l’écoutant avec attention et intérêt, mais aussi avec une sympathie non dissimulée. Lui-même ne savait pas, ne pouvait probablement même pas imaginer, ce que c’était que d’être tiraillé ainsi entre deux pans de sa vie, deux parts de soi-même. Sa loyauté envers ses pères était totale, simple et évidente. Mais s’il était jeune, il n’était pas sot pour autant, et il avait tout à fait conscience que cette simplicité venait aussi du fait qu’il n’avait rien connu d’autre. Il n’avait encore jamais questionné sa loyauté, tout simplement car il n’avait jamais eu à le faire. Peut-être la question viendrait-elle à se poser pour lui aussi, un jour, même s’il ne l’espérait pas, et si à l’heure actuelle il ne doutait guère de ce que serait alors sa réponse, il était cependant conscient qu’on ne pouvait jamais savoir ce que l’avenir nous réservait.

Il nota les accents mordants dans la voix de l’Immaculé lorsqu’il mentionna l’intendante Délimarienne, mais ne se permit pas de l’interroger à ce sujet, tout comme il ne lui poserait pas de question sur ses transformations, quand bien même sa curiosité avait été éveillée. C’était de toute évidence un sujet fort douloureux pour son frère, plus encore que le reste de ce qu’il était en train de lui dévoiler. Peut-être déciderait-il de lui en raconter les détails de lui-même, plus tard, lorsque ce serait moins douloureux ou lorsque qu’ils se connaîtraient mieux. Peut-être jamais. Mais il lui appartiendrait d’en décider, quand et si l’heure venait ; le jeune vampire ne permettrait pas de le hâter simplement pour satisfaire sa curiosité.

À nouveau, il ne pouvait qu’imaginer, sans réellement comprendre, ce dont lui parlait son frère. Son chemin, à lui, était certes encore nébuleux, mais pour autant parfaitement évident. S’il n’avait pas encore trouvé de quelle façon exactement, il savait d’ores et déjà que son destin était de servir le Clan, ses Pères, de son mieux. Il n’avait pas, n’avait jamais eu, l’ombre du moindre doute ou de la moindre hésitation à ce sujet ; le chemin était tout tracé, il n’en voyait aucun autre, et cela lui convenait parfaitement. Mais il avait également conscience, malgré ses quelques jours de vie à peine, de ce que cela impliquait. Il savait que le sang, la violence et la mort l’attendaient sur sa route ; il avait vu, déjà, son père trancher les têtes de ceux qui refusaient de jurer loyauté au clan. C’était le chemin du feu et de la force brute, un chemin d’absolu, et il comprenait qu’il ne convienne pas à tous, pas à ce frère dont il avait déjà pu sentir la douceur et la bienveillance.

Il fronça légèrement les sourcils à ce qui lui sembla la conclusion aux propos d’Anarórë, secouant légèrement la tête. Il cherchait encore ses mots pour lui répondre quand son frère le surpris en reprenant la parole, lui faisant une proposition qui le toucha, et à laquelle il aurait voulu répondre immédiatement, ce qu’il ne fit pourtant pas. Il voulait tout d’abord exprimer ce qu’il avait cherché à formuler, ce que lui avait évoqué tout ce que son frère venait de lui révéler.

« Rien de ce que tu as dit ne m’as blessé ou déçu. Au contraire, je te remercie d’avoir bien voulu partager tout ça avec moi. Je suis… désolé que tu aies eu, aies encore, à traverser tout ça, et rassuré et de savoir que tu as au moins, là-bas, du soutien et des gens qui veillent sur toi, sur qui tu peux compter… Je te souhaite te trouver ton propre chemin, celui qui te conviendra et te permettra d’être toi-même, entièrement. Et si je peux faire quoi que ce soit pour t’y aider, j’espère que tu n’hésiteras pas à venir vers moi. Il tendit la main pour prendre celle d’Anarórë, la serrant légèrement tout en lui laissant la possibilité de se retirer s’il le souhaitait. Quelle que soit la voie qui sera la tienne, tu es mon frère, et rien ne viendra changer ça. »

Il resta ainsi quelques instants, le regard rivé dans celui de son frère, espérant lui transmettre toute la sincérité et l’importance qu’il mettait dans ces paroles. Après quoi il retira sa main et baissa les yeux sur la bague qu’il lui avait montrée avant de reprendre la parole d’un ton un peu plus léger, un mince sourire quelque peu embarrassé se dessinant sur ses lèvres.

« Quant à ta proposition, je serais plus qu’heureux de l’accepter, mais je ne crois pas avoir d’autres bijoux que ceux que tu viens de m’offrir… Il hésita un instant, comme pris d’une réalisation soudaine, avant d’ajouter : Maintenant que j’y pense, peut-être que si… Attends-moi là, je reviens tout de suite ! »

Et sans plus de manière, il se leva et s’éclipsa pour se précipiter dans sa chambre. Lors de sa première sortie en ville — sous bonne escorte — il se souvenait s’être laissé tenter par une boucle d’oreille qu’il avait trouvée jolie, puis avait abandonnée dans un coin ne trouvant guère de raison de la porter. Ce pouvait être l’occasion, si seulement il parvenait à remettre la main dessus… Là ! Il finit par la retrouver dans un tiroir, après une brève recherche. Satisfait de sa trouvaille, il revint tout aussi vite dans le salon pour présenter le bijou à son frère.

« Est-ce que ça conviendrait ? »

Dans sa paume ouverte se tenait un bijou en argent assez long, destiné à être porté en haut de l’oreille et qui en recouvrait l’extérieur sur toute la longueur. Les arabesques, finement ouvragées, figuraient un dragon.

Dernière édition par Ivanyr Elusis le Lun 26 Oct 2020 - 18:10, édité 1 fois

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Le soudain silence de son frère à sa proposition l’interpela. Était-il allé trop vite avec son offre de les lier pour communiquer ? Si déception pointa le bout de son nez et lacéra son coeur de ses traitres griffes, il n’en montra rien et se contenta de rabaisser sa main en un geste lent, tout en dignité. Il la reposa sur l’accoudoir, sans lâcher le jeune vampire du regard.

Après un moment qui lui parut une éternité, son frère prit enfin la parole. Non point pour ce qu’il aurait cru, un refus poli. Mais pour rebondir sur ses propos précédents. Il lui laissa prendre sa main, une peau si froide contre sa peau si chaude, dans laquelle il ne sentait aucun pouls palpiter. Si ce toucher lui fut étrange, il ne lui fut pas aussi dérangeant qu’il aurait pu le craindre, et il osa approfondir le geste en serrant doucement cette main qui l’enserrait. L’échange fut bref, un instant éphémère volé à l’éternité, mais émut l’althaïen plus qu’il n’aurait voulu l’avouer. Ce geste, si simple, si anodin d’apparence, lui montrait une acceptation pleine et entière sans jugement.

Et l’acceptation allait jusqu’à se proposition de lien pour communiquer. Une acceptation nuancée, parce que le vampire ne voyait pas d'objet pouvant recevoir le glyphe… Jusqu’à ce que soudain il sembla se rappeler détenir quelque chose qui conviendrait. Ilhan n’eut guère le temps de répondre quoi que ce soit, que le vent ivaniresque s’était déjà engouffré dans les escaliers. L'althaïen se leva alors et alla observer le paysage à la fenêtre, se perdant un court instant dans la contemplation de l’extérieur et admirant l’oeuvre de son autre frère. Il était là, devant la grande baie vitrée, le port droit et altier, les mains jointes derrière lui, quand son jeune frère revint enfin.

« Est-ce que ça conviendrait ? »

Ilhan se retourna d'un geste lent, lui offrant un léger sourire et observa le bijou finement ouvragé. Un bijou d’oreille reconnut-il rapidement. Il approcha sa main non gantée du métal poli, et en dessina du bout des doigts les fines courbes draconiques.

C’est un bijou magnifique, concéda-t-il.

Ce qui, venant d’un althaïen aussi difficile que lui, était un réel compliment.

Oui, cela conviendra parfaitement, ajouta-t-il en relevant les yeux sur Ivanyr.

Puis aussitôt, il apposa sa main sur le bijou et en appela à Tela pour ajouter le glyphe et l’unir à son anneau unique. Il ne fallut guère longtemps. Quelques secondes tout au plus. Et ce fut des yeux pétillant d’or, qu’Ilhan releva sur son jeune frère.

Nous voilà liés, susurra-t-il, d’un sourire taquin.

Aussitôt il invita son frère à reprendre le bijou et à le mettre pour en tester le glyphe puis ouvrit une communication. Ils étaient certes à côté, mais le vampire saurait percevoir sa voix à travers le bijou si cela marchait. Et cela marcha.

Je te préviens, je suis assez sujet à utiliser ce genre de communication.

Ce qui n’était pas peu dire… Son anneau était lié à un grand nombre de personnes et il était souvent en communication avec l’une d’entre elles.

J’espère que tu ne le regretteras pas.

Son sourire amusé s’étira plus encore. Puis, mu par une soudaine pulsion, il leva les bras en une invitation muette à une légère étreinte. Comme pour sceller ce nouveau lien entre eux.

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La précipitation avec laquelle Liv était revenu l’aurait mis à bout de souffle s’il avait eu besoin de respirer. Anarórë prit le temps d’observer le bijou, et se fendit même d’un compliment à son égard qui tira un sourire satisfait au jeune vampire. Il connaissait la réputation de raffinement des Althaïens, et avait pu constater par lui-même le bon goût de son frère en la matière par les somptueux présents qu’il avait apportés.

Liv observa avec le processus, bien qu’il n’y eût pas grand-chose à voir ; il sentit une légère décharge de magie provenant de la bague de son frère, et en quelques secondes c’était terminé ; sa boucle d’oreille émanait désormais de la magie à son tour. Ce qui ne fit que piquer davantage sa curiosité : il s’était déjà intéressé rapidement au fonctionnement des glyphes, et il savait que le processus normal pour en apposer un était bien plus long et difficile. Il était aisé de deviner que cela provenait de la magie de la bague, mais cela signifiait qu’il était donc possible de créer des glyphes qui en créaient eux-mêmes de nouveaux… c’était fascinant !

Il rangea cependant ses considérations magiques et leurs potentielles implications sagement dans un coin de sa tête lorsque son frère lui rendit son bijou, qu’il s’empressa de mettre à son oreille. Un large sourire amusé fendit son visage alors qu’il entendait sa voix à la fois tout à fait naturellement à côté de lui, et à travers sa boucle d’oreille. Un éclair de malice brilla dans son regard à la réplique, à laquelle il répliqua d’un ton taquin et très manifestement teinté d’humour.

« J’ai hâte de pouvoir en profiter… et je pourrai toujours la retirer si tu t’avères vraiment trop envahissant. »

Il était évident qu’il n’envisageait pas réellement d’avoir à en arriver là ; tout au contraire, s’il ne savait pas encore de quoi ils pourraient discuter, ne connaissant pour l’instant guère les intérêts de son frère, il était plus que ravi d’avoir l’occasion de le découvrir, et ne doutait pas une seconde que ce serait passionnant dans tous les cas, ayant d’ores et déjà pu constater la verve délicieuse dont il savait faire preuve.

Il n’eut pas un instant d’hésitation avant de répondre à l’invitation silencieuse de son frère, profondément conscient d’à quel point ce geste, venant de lui, était précieux. La gêne et la tension qui s’étaient invitées dans leur première étreinte semblaient cette fois s’être envolées, fût-ce pour un temps, et Liv savoura cet instant à sa juste valeur. Il se sentait… à sa place, tout simplement. S’il avait déjà pu le constater avec Sorel, cette rencontre avec son second frère ne faisait que lui confirmer combien sa famille, et par extension son clan, était pour lui un pilier fondamental.

Alors qu’ils relâchaient leur étreinte, un mouvement au coin de sa vision accompagné d’un sentiment confus, indescriptible, le poussa à tourner la tête. De l’autre côté de la pièce, comme s’il avait toujours été là, se tenait désormais un grand chien louvetier au poil dru, massif et éthéré. Son regard, profond et intelligent, était rivé sur lui et semblait le juger jusqu’aux tréfonds de son âme, mais sans la moindre trace de menace ou de malveillance. Subjugué, incapable d’en décrocher son regard, Liv s’écarta tout à fait de son frère et s’avança de quelques pas en direction de l’apparition avant de poser un genou au sol, se mettant à sa hauteur. Le chien s’avança à son tour et fit mine de le renifler durant quelques secondes, sembla satisfait, et effleura le front du vampire de son museau. Un clignement d’yeux plus tard, il avait disparu, et Liv se retrouvait seul par terre au milieu de la pièce. Confus et émerveillé, il lui fallut quelques secondes avant de revenir à la réalité et de se tourner vers son frère pour l’interroger du regard.

« Qu’est-ce que… Est-ce que… Tu l’as vu aussi ? »

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Des deux, il ne savait guère lequel serait le plus envahissant à vrai dire. Pas comme s’il pourrait réveiller son frère vampire dans son sommeil, par exemple. Alors que le contraire… Et à l’éclat de malice qu’il entraperçut dans son regard, il craignit le pire l’espace d’un instant. Oserait-il ? Non, tout de même pas… n’est-ce pas ? À cette pensée, Ilhan fronça les sourcils l’espace de quelques secondes à peine, avant que son sourire ne s’agrandisse. Mal lui en prenne de tenter de telles farces ! Si Ivanyr osait interrompre son sommeil de la sorte, et surtout ses voyages en plein monde des rêves, le sainnûr saurait bien se venger, avec tout le raffinement nécessaire en digne althaïen qu’il était. Et si son sourire était toujours enjoué et bienveillant, son regard taquin brillait aussi de mille promesses, si jamais son frère venait à abuser de son cadeau contre lui.

Promesses vite chassées par leur étreinte échangée tout en pudeur et chaleureuse tendresse fraternelle. Une étreinte rompue toutefois par une visite inopinée. Ilhan suivit le regard de son frère et aperçut la belle silhouette éthérée, qui flottait non loin de son frère. Un sourire amusé s’invita de nouveau sur ses lèvres et il dut faire appel à toute sa maitrise pour ne pas céder à l’éclat de rire qui menaçait de le submerger. Il fallait croire qu’il était réellement doué pour voir les liens des Esprits-Liés se nouer… C’était le… cinquième ? Sixième ? Depuis l’incident avec Naal et la baleine il ne comptait plus, à vrai dire, et se félicitait à chaque fois de son choix pour avoir réalisé ce glyphe. L’ornithorynque l’avait béni, et, grâce à lui, il pouvait bénir à son tour tous les Esprits-Liés qui l’honorait d’être le témoin de leur choix ultime.

Son fidèle mantra intérieur lui permit de retenir ce rire qui aurait été plus que malvenu, et de garder une certaine discrétion pour laisser cet instant fort et intime se jouer devant lui. Un instant toujours autant empreint d’émotions, et celui-ci n’en dérogea pas. Ilhan était toujours aussi touché d’assister à de telles scènes et son amusement premier fut vite chassé par le profond émoi qui le saisit, en même temps que son frère.

Resté en retrait jusque-là, ce ne fut que quand le chien disparut qu’Ilhan osa enfin s’approcher d'Ivanyr, resté genoux à terre. Il se pencha sur lui, alors que celui-ci se tournait enfin vers lui, et l’observa droit dans les yeux. Si son sourire taquin avait repris ses droits, ses yeux pétillants d’or trahissaient sa propre émotion.

Oui je l’ai vu aussi, souffla-t-il en réponse au creux de l’oreille de son frère.

Il se redressa légèrement et invita son frère à en faire de même, en lui offrant une main pour l’aider. Pas que le vampire soit réellement impotent au point d’avoir besoin de la faible force du sainnûr qu’il était, mais allez savoir… après le puissant lien qu’il venait de vivre… pour la première fois depuis sa renaissance d’ailleurs. Le premier lien avec un Esprit-Lié était souvent marquant. Du moins, lui, cela l’avait marqué. L’avait subjugué, touché, ému, en un maelström d’émotions et de sensations qu’il peinait encore à décrire.

Je suis content que le chien t’ait choisi. Qu’un Esprit-Lié ait enfin décidé de venir se lier à toi.

Une autre chose qui l’avait marqué : le fait qu’Ivanyr fût "seul" depuis tout ce temps. Seul, sans Esprit-Lié à ses côtés. Son ornithorynque en avait été presque choqué et… triste aussi. Oui, joie chantait maintenant en son coeur pour ce lien enfin formé. Et effectivement le chien, l’esprit de la meute, l’esprit de famille, seyait parfaitement au jeune vampire si attaché aux siens.

Et te voilà béni par l’ornithorynque, ajouta-t-il en un murmure à peine audible, tout en posant une main sur l’épaule de son frère enfin debout devant lui.

Une épaule qu’il pressa doucement. Non pas par peur qu’il ne la broie, il y avait peu de risque qu’il fasse grand mal à un vampire, même si son côté sainnûr lui accordait des forces qu’il n’avait jamais eues en tant qu’humain. Sa pression était plus affective qu’autre chose.

Ce n’est pas le premier lien dont j’ai été témoin et depuis lors j’ai créé un glyphe pour ces occasions uniques en leur genre. Et si fortes en émotions. Ton lien sera dès lors protégé contre toute tentative de le neutraliser. Autant que faire se peut du moins.

Il n’était jamais à l’abri qu’on parvienne à détourner sa protection. Mais au moins était-ce cela de pris.

Il serra de nouveau l’épaule, puis, doucement, avec tendresse et une hésitation tout en pudeur, il attira son frère près de lui, afin de lui enserrer doucement les épaules, pour l’entrainer avec lui.

Allez, viens. Tu avais une boutique de pâtisserie à me montrer, il me semble.

Ou comment détourner la conversation… Et oui, il n’avait pas oublié. On avait parlé pâtisserie, quand même ! Et se disant, il entraina son frère vers la sortie.


[HRP : voilà enfin une petite réponse. Laborieuse, et qui s'est fait désirée, je suis désolée. Toutes mes excuses pour le délais d'attente catkiss]

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Toujours un peu ailleurs, l’esprit encore obnubilé parce ce qu’il venait de voir, Liv prit la main de son frère et se laissa guider pour se relever. Il l’avait vu aussi, ce n’était donc pas un rêve ni une hallucination, pourtant ça lui semblait surréel… magique. Ça n’avait duré qu’un instant, à peine quelques battements de cœur, mais l’émotion intense qui l’avait envahi perdurait. Il lui fallu un instant pour comprendre les paroles de son frère. Le chien ? Choisi ? Un Esprit-Lié ? Un Esprit-Lié ! Un Esprit-Lié venait de le choisir ! Était-ce ce qu’il venait de se passer ?

Oui… Il se concentra, et le sentit, juste là, dans un coin de son esprit. La présence calme et rassurante du Chien, qui veillait sur lui désormais. Qui serait toujours avec lui. Au fond de lui, le vide aux teintes d’améthystes était toujours là, comme il l’avait toujours été depuis son Éveil, comme il le serait toujours sans doute, mais subitement il était moins effrayant, moins envahissant. Il lui manquait toujours une part de lui-même, mais pour autant il n’était plus seul. Oh il ne l’avait jamais vraiment été bien sûr, pas totalement, il avait ses pères et ses frères, sa famille, son clan… Mais c’était différent. Quelque chose qui n’appartenait qu’à lui.

Il essaya de se souvenir le peu qu’il avait lu sur les Esprits-Liés, et notamment celui du Chien. Loyauté, oui, évidemment. Famille aussi ? Quelque chose comme ça. Quoi d’autre… Il ne savait plus. Peu importait. Il pourrait retrouver, en temps utile. Ce dont il se souvenait à cet instant lui suffisait pour le moment. Il était heureux et honoré qu’un tel esprit se soit penché sur lui, l’ait choisi. Bien qu’il ne les eût pas remis en doute un seul instant, cela le confortait dans ses convictions, dans son opinion de celui qu’il se découvrait, encore, être.

Il cilla brièvement, revenant finalement à la réalité et à l’instant présent alors que son frère reprenait la parole. Béni ? Que voulait-il dire ? Son regard interrogateur trouva une réponse avant qu’il ait besoin de formuler la question, alors que l’Immaculé explicitait son propos. Désormais tout à fait revenu à lui-même, Liv afficha un sourire en coin et un regard facétieux, où se lisait cependant une gratitude sincère.

« Décidément tu ne cesses de me faire des cadeaux aujourd’hui ! Méfie-toi, je risquerais de m’y habituer… »

Il se laissa entraîner par l’étreinte tendre de son frère avec naturel, comme si geste leur était habituel, comme s’ils avaient grandis ensemble, comme si ce n’était pas la première fois qu’ils se rencontraient, car c’était bien ce qu’il ressentait, et il lâcha un petit rire à sa remarque.

« Esprits ! Après tout ça, je pense que je vais t’acheter la boutique au complet ! »

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