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15 Février 1764


Sur un balcon du Palais Impérial, Claudius contemplait la ville, bénéficiant d’un des rares instants de calme dont il avait pu profité ces derniers jours. Il se remémorait l’agitation, les révélations, les derniers complots et tout ce qui allaient avec. Le Maître des Armées était d’ordinaire difficilement impressionnable, mais il fallait reconnaître que là, sa capacité à prendre des décisions et à gérer ses émotions avaient été mis à rude épreuve.

Il soupira. Penser Achroma dangereux était une chose, mais savoir tout ce qu’il fomentait, depuis aussi longtemps, et avec le concours de bien des personnes en étaient une autre. Les visions que Naal avait montré au Havremont ne cessait de hanter ses rêves, ces derniers jours : il y voyait une Selenia à feu et à sang, des personnes si pauvres qu’elles venaient à se manger entre elles pour survivre, un Empire qui ne se relèverait jamais de tout ce mal que des multiples personnes lui avaient infligé … Et tout cela pourquoi ? Il ne le savait même plus lui même.

Depuis l’arrivée sur Calastin, on tenait Selenia pour responsable de beaucoup de choses, et si Claudius n’avait pas du mal à comprendre pourquoi certains râles étaient justifiés, il avait du mal à comprendre le sens de la mesure sur les sanctions qui avaient été infligés si brutalement à l’Empire.

En tête parmi celles-ci, tout le trafic qui avait été plus ou moins organisé par Aldaron Elusis avec le concours du Marché Noir, pour siphonner tous les deniers publics de la Couronne, contribuant très largement à la mauvaise gestion de ceux-ci, et créant impitoyablement toute une pauvreté sur la population. Le tout faisait crever la faim à de nombreux innocents qui n’avaient rien à voir avec les conflits propres aux Kohan, ou aux guerres de pouvoirs.

Bien sûr, il avait ses raisons, et bien sûr, l’Empire était loin d’être la blanche colombe immaculée … Mais savoir cela, c’était tout un mythe qui se brisait pour lui. A bien des égards, Aldaron était bien plus qu’un simple ami pour Claudius, parce qu’il entretenait des relations historiques avec sa famille. Il le pensait dès lors incapable de faire cela.

Mais ironiquement, Claudius devait aussi faire son chemin de croix, et apprendre par lui même que à bien des égards, l’Empire puissant qui tenait toutes les autres nations en respect qu’il avait connu n’était plus.

Le Havremont était cependant persuadé que celui-ci n’avait pas disparu à tout jamais. C’est pour cela que ces derniers jours il s’était battu, et avait fait en sorte de rassembler de nombreux soutiens derrière lui : les seigneurs séléniens qui en avaient assez de la Couronne Kohan, les vampires désireux de détruire l’hégémonie d’Achroma, et même ce Naal du Néant à Delimar, avec qui il avait tué Cynoë.

Tuer un dragon, et mettre une gifle à un Empereur était encore quelque chose que Claudius pensait impossible il y a deux mois. Et pourtant, toute cette situation en son pays avait usé ses nerfs jusqu’au bout. Il s’était montré patient, avait essayé d’employer une méthode douce, il avait essayé d’écouter et d’accomplir les volontés de Victoria dans son nouveau règne …

Mais force est de constater que quand la situation était devenue critique, il s’était retrouvé seul contre tous, avec des moyens pour agir qui étaient bien insuffisants. Alors quitte à avancer de la sorte, il avait laissé l’Ire lui parler, et il avait laissé exploser toute cette frustration, cette rage de vaincre qu’il avait laissé s’endormir au fil des années.

Et aujourd’hui, l’Ire venait pour que le Havremont rende ses comptes.

Une ombre gigantesque se fit soudainement sur Selenia, à croire qu’elle avait avalée le soleil lui même, qui dardait pourtant quelques instants plutôt. Claudius leva le nez, et retint sa respiration.

Mort n’était point venu le trouver, mais c’était peut-être pire encore. C’était le résultat d’une provocation que Claudius avait sciemment envoyé aux cieux il y a de celà quelques jours.

Verith, dragon ancestral aux moultes légendes laissait planer son grand voile rouge sur la capitale, créant un mouvement de foule qui saisissait de panique toute la ville.

Le Havremont baissa son regard, et inspira lentement. Le Malheur s'abbatait sur son Empire vaincu.

C’était pour lui qu’il venait, il le savait.

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¤ Aile de mort ¤

Le dragon de l’ire eut l’impression de faire une attaque lorsqu’il apprit la nouvelle. Son souffle était devenu court et son cœur avait manqué un battement. En son sein il sentit un déchirement, comme si une lame venait lui transpercer le palpitant. Tout son corps s’était raidi, ses griffes s’étaient profondément ancrées dans le sol, labourant la terre. Son esprit était venu se brouiller, comme si un énorme coup lui avait été asséné sur le coin du museau. Il avait vu sa vision se teindre de rouge alors que l’or de ses prunelles se couvrait d’une lueur sombre. La tristesse vint étreindre le corps et l’esprit de Verith. Firindal, Aïasil et à présent Cynoë. Trois dragons avaient trouvé la mort en un laps de temps extrêmement court. Après la tristesse, c’est la peur qui saisit le rouge. Le colérique n’avait pas peur pour lui, mais il avait peur pour ses proches, peur pour Keetech, peur pour Nynsith, peur pour Ssaadjith et Nephilith. Puis, comme à l’accoutumer, c’est une rage profonde qui émergea du libre. Son visage qui s’était décomposé en quelques secondes se recomposa aussi vite. Ses sourcils écailleux se froncèrent, son regard devint aussi profond que l’abysse, ses lèvres se retroussèrent révélant une paire de crocs aiguisés. Bientôt la trame environnante se mit à pulser, de plus en plus vite, de plus en plus fort, semblant se synchroniser avec le battement de cœur du rouge. La terre se mit à vibrer. Il allait les tuer … il allait tous les tuer … il allait leur faire payer leurs innombrables affronts …

Dans son dos, Dwëmmer sembla s’activer, cherchant un moyen de calmer la colère de celui qu’elle considérait comme son lié, essayant tant bien que mal de lui masser les écailles. Face à lui, Ther’Zhi apparut, revêtant la forme humaine de l’albinos. Au vu de son expression, la situation semblait lui plaire.

« Pourquoi te mettre dans des états pareils ? Tu ne l’as jamais porté dans ton cœur ? Qui plus est il s’agissait d’un lié ? Ne sont-ils pas tes ennemis ? N’avais-tu pas toi-même dis que tu le tuerais si sa route recroisait la tienne ? Quelqu’un s’en est simplement chargé à ta place, tu devrais le … »

Un rugissement puissant sortit de la gueule du rouge, venant briser la terre face à lui sur un large cône.

« Tais-toi ! Comment pourrais-tu comprendre ? Toi qui n’as jamais eu le moindre amour pour cette race qui fut la tienne autrefois ? Il était peut-être mon ennemi, mais il n’en restait pas moins un dragon. J’ai menacé de le tuer, mais je ne tolèrerais pas pour autant que celle-ci lui ait été donnée par un bipède ! »

Le regard furibond du colérique était pleinement concentré sur l’image du Tyran qui, lui, se contenta de hausser des épaules comme si la furie du rouge ne lui faisait aucun effet.

« Si c’est vraiment ça qui te dérange, alors tue celui qui l’a fait avant toi. Sers-toi des autres bipèdes pour le retrouver. »

Verith s’apprêta à refuser et à envoyer paitre l’albinos, car il ne pouvait décemment pas suivre ce que cet ennemi lui conseillait, mais ce dernier poursuivit avant que le grenât ne puisse répliquer.

« Après tout, n’est-ce pas ce que tu fais déjà ? Avec Kälyna, Saemon, Alford et Sighild ? D’ailleurs, où est cette dernière ? J’aimerais bien la recroiser et lui faire payer la flèche qu’elle m’a plantée dans le dos lors de la dernière bataille. »

Un grondement s’échappa du colérique alors qu’il observait intensément l’image du Tyran. Si un simple regard suffisait à tuer, ce dernier serait déjà mort depuis longtemps.

« Et puis, agir ainsi servirait tes intérêts et serait en adéquation avec tes principes. Si les bipèdes eux-mêmes t’apportent le tueur de Cynoë, ils affirmeraient la position qui est la leur et ne cautionneraient donc pas les agissements d’un membre de leur espèce ? »

Verith grinça des dents. Ther’Zhi avait raison. Cela lui en coûtait de le reconnaitre.

« Soit. »

L’image du Tyran sembla satisfaite et il disparut sans attendre de la vue du rouge. Il avait fait ce qu’il avait à faire et à présent il devait simplement atteindre le moment pour espérer voler un cœur. Il n’y était déjà pas parvenu avec ce graärh.

« Lié, je crois qu’il prépare quelque chose. »

« Je t’ai déjà dit ne pas m’appeler ainsi ! »

***

Verith avait déployé ses ailes et pris sans attendre la direction de Sélénia. C’est Saemon qui l’avait contacté pour lui apprendre la mort de Cynoë le dragon violine. Le Corbeau n’avait malheureusement pas d’autres informations à l’heure actuelle, l’ayant contacté directement après avoir appris la nouvelle. Se doutant que celle-ci se devait d’être portée à la connaissance du rouge. Le colérique avait bien entendu demander à son héraut d’enquêter.

Il fallut plusieurs jours au dragon libre pour rejoindre la cité. Cela lui laissa certes tout le temps de ruminer sa colère, mais surtout d’y réfléchir et de ne pas réagir à chaud comme il avait pu le faire précédemment. S’il avait appris la nouvelle en plein cœur de Sélénia, nul doute qu’il aurait fait bruler la ville dans la seconde qui suivait. Cette possibilité n’était néanmoins pas écartée. Verith pouvait très bien décider d’apporter mort et destruction à la seconde où il verrait le nid bipède, ou encore après avoir entendu les imbécilités des bipèdes.

Le bruit sourd des battements d’ailes du dragon rouge se fit bientôt entendre, tel un orage approchant. Pour autant, le ciel était clair et le soleil haut. Le seul nuage présent était rouge et plein de haine. Verith effectua un piqué et passa très rapidement une première fois au-dessus de la ville, venant se faire engouffrer le vent au travers des nombreuses rues de la ville, celui-ci émettant un sifflement strident, faisant s’envoler quelques étalages et renversant quelques habitants. Puis le dragon effectua un deuxième passage, plus proche cette fois-ci, suffisamment pour faire trembler tous les édifices de la ville. Certains vinrent de couvrir de lézardes, d’autres virent leurs tuiles s’envoler pour retomber plus loin. L’enfant de l’orage prit ensuite de l’altitude et effectua un vol stationnaire, étendant ses larges ailes. Sans attendre il vint manipuler son ombre pour grossir celle projetée par ses ailes. Bientôt, l’ombre des voiles draconique vint recouvrir l’entièreté de la ville, la plongeant dans une légère obscurité.

C’est alors que la voix mentale du dragon résonna au travers de la ville.

« Bipède ! Je suis Verith de l’ire ! Un acte impardonnable a été commis non loin de cette cité ! Le dragon d’améthyste, Cynoë, a été attaqué et tué par vos semblables ! Cela constitue un crime odieux, à l’encontre de ce monde, de la magie et de ma race ! Un tel acte doit être châtié avec une extrême sévérité ! Que vos représentants s’avancent sans tarder, ou je libèrerais sur ce lieu la plus terrible des calamités dont je suis le geôlier ! Vous avez trente minutes ! »

Alors qu’il commençait à retirer son ombre de sa ville, le rouge sentit une vibration parcourir son œil gauche. L’enfant de l’orage le referma par instinct pour venir chasser cette démangeaison d’origine inconnue.

En contrebas, l’annonce de l’avatar de la colère eut l’effet d’un coup de massue. Après quelques secondes d’hébétement, la panique s’empara des habitants de la ville et une clameur commune s’échappa de toutes les lèvres : les ailes de la mort vont s’abattre sur nous.

Verith lui s’éloigna de la ville pour venir se poser à bonne distance, attend que les bipèdes viennent à lui.

« Je n’apprécie pas que tu me qualifies de calamité et encore moins que tu te qualifies comme mon geôlier. N’oublie pas que tu ne peux rien contre moi, Verith.»

« Tu n’as jamais eu le sens du spectacle. »

« Lié, au vu des données déjà collecté, enfermé cette calamité sera difficile, mais pas improbable. »

« Ton jouet graärh semble enfin décider à faire marcher ses circuits plutôt que d’agiter bêtement ses pinces. »

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« Bipède ! Je suis Verith de l’ire ! Un acte impardonnable a été commis non loin de cette cité ! Le dragon d’améthyste, Cynoë, a été attaqué et tué par vos semblables ! Cela constitue un crime odieux, à l’encontre de ce monde, de la magie et de ma race ! Un tel acte doit être châtié avec une extrême sévérité ! Que vos représentants s’avancent sans tarder, ou je libèrerais sur ce lieu la plus terrible des calamités dont je suis le geôlier ! Vous avez trente minutes ! »

Le sang ne fit qu’un tour dans le corps de Claudius quand il entendit la voix grave du grand rouge. Oh non bien sûr qu’il n’attendrait pas les trente minutes pour se manifester, et bien sûr qu’il allait se dévoiler au grand jour comme il l’avait fait il y a de cela quelques jours face au peuple de Selenia dont la colère était encore bouillante.

Cependant cette fois-ci, il ne devait pas parler au peuple. Il devait parler à un des socles de cet univers, un dragon qui avait créé moult légendes, participer à bien des conflits tous à une échelle qui dépassait largement la pensée “primitive” de Claudius, en comparaison à celle du gigantesque et vénérable dragon qui se dressait face à lui, et face à sa Capitale.

Est-ce que à cet instant précis, Claudius regrettait d’avoir suivi le Chasseur du Vide dans cette entreprise de tuer Cynoë ? Peut-être. Mais cette décision avait été le fruit d’une frustration nourrie continuellement depuis le commencement des guerres à répétition, où le Havremont faisait élevée sa voix, sans jamais se faire entendre par les siens qui étaient capable d’agir pour l’Empire.

La vérité était que ce jour là où il avait tué Cynoë avec Naal et ses acolytes, il avait enfin repris en main une situation qui lui échappait depuis bien trop longtemps. Il voulait tourner la page, et faire en sorte que Selenia reprenne sa gloire d’antan. Mais bien entendu, il pouvait se douter qu’une telle réflexion comme justification allait se faire toucher une écaille sans en faire bouger l’autre à un dragon.

Mais Claudius était résigné. Il partait déjà perdant à cause du crime qu’il avait commis, le Grand Rouge l’avait bien rappelé lui même. Tout ce qu’il pouvait espérer maintenant était de pouvoir sauver son peuple, sans qu’il n’y ait de potentielles bavures ou de dommages collatéraux.

Le Maître de Guerre inspira longuement, avant d’aller au plus vite retrouver le dragon de l’Ire. Il avait pris un cheval, et fonçait à travers la ville, au milieu de la clameur et de la panique populaire. Les séléniens le voyaient : certains l'insultait, d’autres l’acclamaient, mais la plupart étaient surtout occupés à paniquer ou étaient plongés dans une grande stupeur à la suite de l’annonce du grand rouge.

Claudius soupira. Il ne pouvait pas les blâmer : quand bien même ces derniers jours avaient montré que son peuple aurait bien besoin d’une éducation dûment donnée, on ne pouvait réagir autrement face à une bête mythique qui devait au bas mot faire la taille du Volcan sur l’île de Tiamat si ce n’est plus, et qui promettait mort et désolation si rien ne se passait d’ici une demi-heure.

Le Maître de Guerre lui-même ne savait pas trop ce qu’il faisait. Il n’avait pas eu de mal à repérer les ailes de la mort, et se dirigeait vers elles au galop … Mais plus il approchait, plus le cheval était réticent, et plus le coeur du Havremont s’accélérait. Il n’avait pas les mots pour décrire cette situation, mais quelque part en lui, il sentait bien que ce qu’il faisait n’était que pure folie.

Les dragons étaient vénérés à un niveau quasi-divin par les hommes sur Tiamaranta comme sur Ambarhùna, alors ressentir leurs colères personnifiés dans ce dragon de l’ire, était quelque chose qui pouvait faire trembler le plus solide des hommes, même Claudius qui avait pourtant connu et commis nombre d’actes inqualifiables dans sa vie.

Mais ces actes, il les avaient toujours fait en suivant une conviction, qui était pour lui presque comme une croyance : son Empire, et l’amour qu’il lui portait. Il avait tué un dragon pour lui, alors il pouvait au moins essayer de parlementer avec un vénérable de la même espèce.

Claudius tâcha de récupérer un peu de confiance en lui, et une fois que son cheval eut fini de galoper car il s’était retrouvé en face du grand dragon, il déclara à voix haute au grand dragon :

“Verith de l’Ire, votre message a été entendu. Je suis Claudius de Havremont, Maître de la Guerre de Selenia, et je suis l’un de ceux qui a tué Cynoë, dragon lié à Nolan Kohan.”

Le Havremont toussota, sentant que sa voix peinait à porter aussi bien que devant les foules : il avait donc décidé de jouer le franc-jeu avec le rouge. Il estima qu’il n’était pas nécessaire de négocier ou d’essayer de le duper, car cela rendrait le dragon peut être encore plus  acerbe.

“J’assume cet acte, et je suis bien conscient de l’honteux crime qu’il représente, et en cela je serais prêt à accepter tous les châtiments que vous voudriez bien m’imposer. Permettez moi simplement de demander une chose à votre Immensité.”

Claudius ferma les yeux un instant, peinant à soutenir longtemps le regard de cette créature qui avait le pouvoir de tous les exterminer en un rien de temps s’il le désirait.

“J’ai préféré achevé Cynoë, car dans l’état où je l’ai retrouvé, il semblait déjà mal en point, confus, en détresse, et surtout à la merci des sujets de notre Empire. Je sais que cela passe bien au-dessus de votre pensée supérieure, mais une révolte a éclaté ici il y a quelques jours.”

Claudius soupira, prenant une petite pause. Il se doutait qu’un dragon pouvait juger cela vraiment important et déterminant, mais il espérait au moins qu’il comprenait.

“Tout le peuple de l’Empire est pauvre depuis plusieurs mois, et a faim. La colère les a pris, et j’ai eu beau essayé de leur expliquer avec tous les mots intelligibles que je trouvais … La vindicte populaire cherchait un responsable. Des discours de prêtre de la Rose Ardente, un mouvement qui milite contre le Lien et ce qu’il représente, ont rapidement désigné Cynoë comme responsable de tous les maux que porte cette terre.”

Claudius eut un nouveau soupir, repensant à ce cuisant échec qu’il avait essuyé au moment de maintenir l’ordre. Mais que pouvait-il faire face à une foule entièrement convaincue, lui et les quelques pauvres soldats qui avaient accepté de le suivre ?

“Je sais que c’est faux. Car le Lien est sûrement néfaste, mais pour autant, il n’est pas coupable de tout. Mais la colère était trop forte, et a poussé le dragon à se retrancher près d’une forêt, non loin de Guet-Vif, un village alentour … J’ai préféré abréger ses souffrances, plutôt qu’il risque de brûler mes semblables innocents.”

Claudius eut une profonde inspiration, avant de finalement aboutir à sa demande :

“Aussi, je vous demande d’épargner ce peuple qui n’avait pas conscience des terribles actes qu’il commettait, car la faim et la colère les tenaillait. Infligez-moi tous les châtiments que vous penserez bon, je suis prêt à les accepter. Mais n’infligez rien de tel à mon peuple, qui n’est rien de plus qu’une victime d’une machination à grande échelle organisé par Achroma Elusis et sa meute de vampires enragés, qu’il appelle Clan.”

Le Maître de Guerre tendit sa main droite vide vers le dragon, en guise de bonne foi : il s’en remettait à son jugement souverain.

Dernière édition par Claudius de Havremont le Mer 19 Aoû 2020 - 20:53, édité 1 fois

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¤ Le voleur de coeur ¤

La mort rouge avait délivré son message. Son ire draconique allait s’abattre sur cette ville pour la purger de son péché. La chance, aussi infime soit-elle, de peut-être y réchapper résidait dans ses représentants. Ils devaient se présenter à lui et rendre des comptes. Peut-être que le colérique ne détruirait pas la ville après les avoir tués. Cela ne dépendrait que d’eux, cela ne dépendrait que de leurs paroles et de leurs actes … mais encore fallait-il que Verith soit prêt à écouter et à voir. Après avoir parlé, semant un vent de panique sur Sélénia, l’enfant de l’orage s’éloigna pour venir se poser plus loin. Son regard vint se braquer sur les portes de la ville, la rage qui l’animait transpirait de tout son être et il pouvait voir sur les remparts les soldats trembler. Leur pitoyable muraille de pierres ne les protégerait pas. Le colérique la briserait d’un seul coup et projetterait les débris sur la ville, avant d’y mettre le feu. Autrefois, sa mère avait attaqué la capitale du royaume humain, Gloria. L’histoire était sur le point de se répéter. Il était plus fort que sa mère ne l’était à l’époque. Il n’avait peut-être pas le don de l’orage, mais le sang de cette prestigieuse lignée coulait en lui. Le temps passa et le rouge commençait à s’impatienter.

« Tu penses qu’ils viendront ? »

« Lié, je ne dispose pas d’assez de données sur cette espèce. Les graärh, eux, seraient venus. L’Aaleeshaan de la tribu serait venu négocier ou aurait envoyé son meilleur guerrier pour vous défier. Cette dernière hypothèse est néanmoins à écarter pour les humains, les informations dont je dispose à ce sujet montrent qu’ils n’usent pas de ce genre de pratique. Extrapolation. Soit ils se présenteront comme tu l’as demandé. Soit ils mobiliseront leurs guerriers pour couvrir la fuite des civils. »

« Ils viendront, cela ne fait aucun doute. Les déesses ne sont plus là, le dragon esprit n’est plus là. Ils sont seuls et livrés à eux-mêmes. Ils s’aplatiront tel des vers. C’est dans la nature des êtres inférieurs. »

« Ils sont méprisables, certes, mais tu les sous-estimes peut-être un peu trop. Lorsque les chimères se sont arrivées, ils ont combattu. »

« Parce qu’ils avaient une lueur d’espoir. Tu le sais mieux que personne puisque c’est toi qui leur as donné en découvrant ce puits dans le volcan. S’ils ont un espoir, ils s’y cramponnent telles des tiques. Mais s’ils n’en ont aucun, ils s’aplatissent. À l’heure actuel, ils n’ont aucun espoir. »

Au loin, les portes de la ville s’ouvrirent, laissant apparaitre un cavalier, seul, lancé à plein galop et semblant venir en direction du colosse de rubis. Était-ce leur représentant ? Le rouge eut un doute. Il lui paraissait bien plus grand que l’empereur auquel était attaché Cynoe. D’ailleurs, en parlant de lui, qu’est-ce qu’il était devenu ? Était-il mort en même temps que le violine ? Le colérique ne pouvait que l’espérer. Quoi qu’il en soit, le rouge serait vite fixé. Vingt minutes s’étaient écoulées lorsque l’humain arriva face à lui.

« Verith de l’Ire, votre message a été entendu. Je suis Claudius de Havremont, Maître de la Guerre de Sélénia, et je suis l’un de ceux qui ont tué Cynoë, dragon lié à Nolan Kohan. »

Le sang du rouge ne fit qu’un tour alors que ses yeux s’écarquillaient. Ther’Zhi éclata de rire dans l’esprit du colérique, tandis que Dwëmmer analysa la scène.

« Ajout de nouvelles données. Face à des réclamations, les humains livrent le responsable … ou peut-être est-ce un bouc émissaire. Analyse. Erreur. Je manque de données pour déterminer la véracité. Le timbre de voix, les tremblements, la sudation, les rictus faciaux et la dilatation des pupilles trahissent une peur réelle. Alerte ! Augmentation de ton rythme cardiaque, lié. »

Les tempes du rouge bourdonnaient alors que son regard s’emplissait d’une lueur cruelle à mesure que le bipède parlait. Ce dernier disait la vérité … du moins presque toute la vérité. Il restait néanmoins l’un des responsables de la mort du dragon d’améthyste.

« Silence ! Tu n’es absolument pas en droit de demander de me quoi que ce soit ! Comment oses-tu me présenter la mort d’un dragon comme un acte de miséricorde ?! Comment oses-tu faire passer la vie des bipèdes avant celle d’un dragon ?! Comment oses-tu me demander d’épargner ceux qui ont eux-mêmes choisi de sceller leur destin en s’en prenant à un dragon ?! Tuer un dragon est un crime inexcusable ! Aussi bien à l’encontre à ce monde, de la magie que de ma race ! Tous ceux y ayant participé doivent en payer le prix. »

Le colérique frappa le sol de sa patte, provoquant une secousse, rugissant de plus belle.

« Je vais bruler cette cité sous tes yeux avant de t’achever et d’aller porter la mort sur tous tes complices ! »

Laissant sa colère exulter, Verith baissa sa garde, cessant de surveiller l’espace d’un instant un Ther’Zhi qui n’attendait que cela. L’image du Tyran se transporta derrière Claudius et fit apparaitre en sa main Volarêa, l’épée avec laquelle il avait autrefois pris le cœur de Néant.

« Merci de lui avoir fait baisser sa garde. »

Ni une ni deux, le legs vint transpercer l’humain dans le dos, au niveau du cœur. La lame de jade ressorti de l’autre côté, mais nulle gerbe de sang ne jaillit. Ther’Zhi dégagea son arme sans attendre, le rubis enchâssé dans la garde se mit à briller alors qu’il extirpa le cœur du meurtrier de Cynoe. L’attention de Verith revint immédiatement sur l’albinos. La trame vibra comme jamais sous l’impulsion de l’esprit du rouge qui vint le fracasser de toute sa rage contre le voleur de cœur. Ther’Zhi prit l’assaut du colérique de plein fouet puis disparut, emportant avec lui sa précieuse acquisition. L’araignée mécanique sauta de Verith, venant retomber au sol avec une certaine agilité, les amortisseurs de ses pattes venant en encaisser le choc. Elle leva ensuite ses pattes munies de capteurs en directeur de l’humain. S’exprimant toujours dans la langue féline, elle déclara.

« Erreur. Je ne perçois plus le moindre battement de cœur. Erreur. Il ne s’agit pourtant pas d’un vampire. Erreur. Il semble manquer la valve principale à cet humain. Analyse. L’humain semble être cassé. Le gêneur a usé d’un phénomène qui m’est inconnu. Collecte de données. »

Un grondement s’échappa du rouge. Il savait exactement ce qui venait de se passer. Verith vint observer le bipède tomber au sol.

« La calamité dont je suis le geôlier semble avoir décidé de ton sort. Ce n’est pas celui que je te réservais. Il est bien trop cruel. Mais peut-être ne mérites-tu rien d’autre que ma cruauté, toi qui défends ce peuple complice. »

Une magie sombre se dégagea du dragon libre, venant ramper sur le sol tel un serpent, pour venir éteindre l’humain et toucher jusqu’aux fondations de son être.

« Tu as couvert ton peuple, tu as voulu le protéger, en tuant un dragon. Cette trahison envers la magie ne te quittera jamais plus. Ce peuple que tu as voulu protéger causera ta perte … ou tu causeras la leur. »

Sur ses mots, la malédiction du dragon de l’ire vint imprégner Claudius. La douleur de la perte de son cœur ne le quitterait jamais. Chaque jour elle le hanterait, chaque jour il la ressentirait, sans jamais pouvoir s’y habituer. Il ne trouverait réconfort et soulagement que dans la repentance de son crime envers autrui. Il serait ambassadeur de la cause des dragons malgré lui. Protègera-t-il son peuple jusqu’à la fin, ou le désignera-t-il comme source de sa douleur ?

Un peu plus loin derrière Claudius, de la magie s’activa. La reine Victoria Kohan apparut, accompagnée d’une faible escorte. Vingt-neuf minutes venaient de s’écouler depuis l’annonce du dragon. Elle arrivait juste à temps. Pour autant la vindicte du dragon n’était pas finie. Il avait puni l’un des meurtriers de Cynoe. Il lui restait maintenant à punir les autres, mais aussi à punir ceux qui n’avaient pas puni les responsables. Victoria se présenta devant le dragon, mais le rouge la coupa rapidement.

« Ce bipède qui se tient devant moi à avouer son crime. Pourquoi a-t-il fallu que je vienne en personne pour que son acte soit puni ? Ne se trouvait-il pas dans vos murs ? Pourquoi n’a-t-il pas été puni ? Votre peuple s’est rebellé et a trouvé un responsable en la personne de Cynoë. Pourquoi n’ont-ils pas été punis ? Dois-je tous vous considérer comme des ennemis des dragons et de la magie ? J’ai tué Fabius Kohan parce qu’il avait exposé les os du Tyran comme un trophée, des os de dragons. Quel sort pensez-vous que je réserve à la représentante d’un peuple qui agresse les dragons et ne punit pas leurs tueurs ? Ainsi qu’à son peuple en lui-même ? Dois-je transforme cette cité en un gigantesque bucher funéraire pour bruler le dépouiller de Cynoe ? Où est-elle par ailleurs ? Remettez-la-moi sans plus attendre ou j’irai la chercher par moi-même, avec les conséquences que cela implique. »

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De toute évidence, les arguments de Claudius vinrent se jeter face à un mur de fer.

Rien ne se passa pendant un instant. Puis le Maître de Guerre dû se boucher les oreilles - et c’était à se demander comment les tympans de Claudius pouvaient encore tenir -, il comprit à moitié les déclarations de Verith tant celui-ci rugissait fort, et provoquait des grandes secousses avec sa patte.

Il vit ensuite une apparition en face de lui faire apparaître une épée, et la lui planter dans le coeur avant qu’il eût le temps de dire ou de faire quoi que ce soit. Aucun sang ne vint éclabousser l’humain, mais la douleur elle était bien réelle, et vint faire tomber Claudius à la renverse.

Par la suite, le poids de la fatigue, de la douleur, de la peur, rendit le Havremont inconscient un instant.

La machine qui disait que « l’humain était cassé », ne disait pas vraiment faux, car même si Claudius ne comprenait pas un traître mot de ce qu’elle disait, il se sentait authentiquement épuisé, et brisé.

Les émeutes, le meurtre d’un dragon, le fait de devoir se séparer de sa famille, sa prise de position contre les vampires, ses multiples tentatives de sauver un Empire qui se sabordait lui-même à de nombreuses reprises, et à présent la colère quasi-divine qui venait à présent le chercher en ses murs et le menacer de brûler tout ce qui se trouvait sur son chemin.

Il n’en pouvait plus, et repris tout juste conscience pour entendre le châtiment de Verith.

« Tu as couvert ton peuple, tu as voulu le protéger, en tuant un dragon. Cette trahison envers la magie ne te quittera jamais plus. Ce peuple que tu as voulu protéger causera ta perte … ou tu causeras la leur. »

Claudius était maudit, au sens figuré et à présent, au sens littéral. Une magie écrasante contre laquelle il ne put rien faire – car il n’avait lui-même que des rudiments en magie et de toute façon il n’était même pas la peine d’essayer de contrer la magie d’un dragon ancestral – vint le posséder, et quelques secondes plus tard, quand le sortilège fut terminé, il sentit cette douleur persistante à la place de son ancien cœur.

En plus de trente cinq ans de bons et loyaux services envers son Empire, Claudius avait été maudit par Verith pour avoir essayer de sauver les siens. A bout de nerfs, le Havremont se recroquevilla, essayant d’oublier la douleur en vain, et pleura toutes les larmes de son corps.

Le Maître de Guerre se trouva bien ridicule, mais c’était le fruit d’un épuisement émotionnel qui n’avait de cesse de le travailler depuis tant d’années. Et encore une fois, s’il ne s’était pas retrouvé là avant tout le monde, le dragon aurait sûrement détruit tout ce qu’il y avait sur son chemin.

Ce n’est qu’après, quand Victoria arriva, que Claudius tâcha de reprendre ses esprits. Il ne lui décrocha pas un mot, car ils étaient en froid depuis la révolte contre Cynoë, mais essaya tout de même de suivre un minimum ce que Verith racontait, bien que ne s’accommodant pas encore vraiment à la douleur.

« Ce bipède qui se tient devant moi à avouer son crime. Pourquoi a-t-il fallu que je vienne en personne pour que son acte soit puni ? Ne se trouvait-il pas dans vos murs ? Pourquoi n’a-t-il pas été puni ? Votre peuple s’est rebellé et a trouvé un responsable en la personne de Cynoë. Pourquoi n’ont-ils pas été punis ? Dois-je tous vous considérer comme des ennemis des dragons et de la magie ? J’ai tué Fabius Kohan parce qu’il avait exposé les os du Tyran comme un trophée, des os de dragons. Quel sort pensez-vous que je réserve à la représentante d’un peuple qui agresse les dragons et ne punit pas leurs tueurs ? Ainsi qu’à son peuple en lui-même ? Dois-je transforme cette cité en un gigantesque bucher funéraire pour bruler le dépouiller de Cynoe ? Où est-elle par ailleurs ? Remettez-la-moi sans plus attendre ou j’irai la chercher par moi-même, avec les conséquences que cela implique. »

Claudius se boucha à nouveau les oreilles, espérant que le grand vacarme passe, n’aidant pas vraiment à la réflexion, mais il n’en était rien. Sur l’instant, Victoria voulut s’exprimer, mais le Havremont décida de parler pour elle, bien qu’il fut essoufflé et tortillant de douleur :

« Nous allons … Faire une loi. Interdisant le séjour de liés et dragons-liés à Selenia … Et chasser ceux présents sur nos terres ... Ainsi plus de problèmes. La tête de Cynoë n’est plus là … Les chasseurs … Ceux qui venaient le tuer … l’ont pris ...  Ça n’ait pas notre œuvre. Je ne sais pas d’où ils … Viennent. Ils étaient nombreux … Le reste de la dé... Dépouille est ... Sur le lieu de sa m... mort. Vous pouvez la prendre … Je voulais juste sau… Sauver … Je suis désolé … Je vous en supplie, épargnez la cité … »

Le Havremont se retrouva encore une fois inconscient, laissant tomber ses bras mollement, et s’étalant brutalement sur le sol.

Pour la première fois dans sa vie, il n’avait plus la force de se battre.

Dernière édition par Claudius de Havremont le Mer 19 Aoû 2020 - 20:54, édité 1 fois

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¤ Nous n’en avons pas encore fini ¤

L’enfant de l’orage faisait face à l’un des assassins de Cynoë. Son regard empreint de colère et de haine. Il voulait le tuer et il l’aurait sans doute tué si Ther‘Zhi n’était pas intervenu. Il aurait brisé son esprit pour y prendre toutes les informations qu’il souhaitait obtenir concernant les bipèdes à l’origine de la mort du violine, avant de l’achever, ou pire de le laisser vivant, mais l’esprit fou et brisé. Le voleur de cœur en avait décidé autrement, au plus grand damne du rouge, qui se devait de faire autrement. Inconsciemment la magie le guida et il vint maudire l’humain à terre. Le voilà qui devait à présent subir un sort moins enviable, et de loin, que celui qui lui était à la base destiné. Son erreur ne le quitterait plus jamais. Peut-être apprendrait-il ainsi ? Verith s’en moquait bien. S’il avait initialement décidé de tuer Claudius, c’était parce qu’il ne voulait pas lui donner la chance d’apprendre de son erreur, parce qu’il ne voulait pas être ainsi un guide pour lui.

L’humain s’était effondré, mais le dragon était bien indifférent à ce dernier à présent. Son attention s’était accrochée sur la reine Victoria qui venait de faire apparition. Juste en temps en quelque sorte. Néanmoins si elle espérait pouvoir échapper à l’ire du rouge maintenant qu’il venait de se défouler sur le Havremont, elle se mettait la griffe dans l’œil. La colère du dragon libre était tel un foyer qui ne s’éteignait jamais vraiment. Le moindre souffle ravivait les braises, et lorsqu’il flambait comme maintenant, il pouvait mettre des mois avant de s’éteindre. L’enfant de l’orage mit la représentante du peuple sélénien devant ses torts. Ne pas avoir su gérer son peuple. Ne pas avoir puni le coupable. Par ses actions ou inactions, elle avait pris une position qui la mettait en opposition avec celle de Verith. Et si ce dernier pouvait en tolérer pour certains domaines, il en était d’autres en revanche où le libre était absolu.

La reine Victoria s’apprêta à s’exprimer, quand le bipède maudit se releva avec grande peine. Sa voix était torturée, son souffle court. La douleur de voir son cœur arraché le secouait encore son corps, autant que son esprit était lui-même secoué par les événements qui lui arrivaient. L’humain proposa une loi, une loi pour empêcher le séjour des dragons liés. Le colérique resta silencieux, réfléchissant dans un coin de son esprit à la proposition. Ce n’était pas une mauvaise idée. Cela maintiendrait à l’écart une partie des dragons de cette contrée. Le rouge avait publiquement accusé le lien d’être responsable de la venue des chimères. La mort de Cynoë était peut-être une des conséquences de ses révélations. Mais quand bien même, elle restait intolérable. Si tuer les liés était la meilleure solution, il l’aurait mise en pratique depuis déjà bien longtemps.

« La proposition peut être acceptable. Au moins cela permettra-t-il de préserver les dragons, aussi liés soient-ils, de la stupidité des vôtres. »

Le regard de Verith revint sur la reine.

« J’ose au moins espérer que vous n’avez pas laissé sa dépouille sans surveillance ! »

La bipède rassembla son courage et son assurance et hoche négativement de la tête.

« Nous ne pouvions et n’osions pas la déplacer. J’ai fait poster des gardes autour afin de la protéger l’endroit, qu’il reste tel qu’il est pour l’enquête, mais aussi pour que personne ne profane davantage le dragon de mon frère. Lui aussi a disparu et … »

« Le sort d’un bipède lié m’indiffère. Je ne punis les assassins de Cynoë que pour rendre justice à la magie, à ce monde et à ma race. Certainement pas pour assouvir les désirs de vengeance des bipèdes. »

Verith baissa le museau en direction d’un Claudius qui venait de s’évanouir.

« Votre cité ne brulera pas. Pas dans l’immédiat du moins. Si un dragon devait de nouveau mourir sur votre territoire, j’offrirais à tous ses habitants un sort bien pire que la mort. Vous allez traquer ceux à l’origine de la mort de Cynoë, tout comme je vais moi-même le faire. Pas un seul d’entre eux ne doit en réchapper. Assurez-vous que tout votre peuple comprend bien la faute qui a été commise et la peine qui flotte encore au-dessus de leurs têtes. »

L’enfant de l’orage revint de nouveau sur l’humain maudit. Il n’en avait pas encore fini avec lui. Le fil d’or attaché à la queue du rouge vint s’animer, s’allonger et s’enrouler autour du maitre de guerre afin de le redresser.

¤ Je n’en ai pas encore fini avec toi, bipède. Réveilles-toi ! ¤

Verith s’adressa directement dans l’esprit du Claudius, venant lui transmettre de l’énergie, suffisamment pour lui faire reprendre conscience et répondre à l’interrogatoire.

¤ Penses-tu pouvoir dissimuler quoi que ce soit à un dragon ? Penses-tu pouvoir me mentir ? Tu vas tout me dire, tout me révéler, sur ce jour maudit qui a vu mourir Cynoë. Tu souhaites sauver ton peuple ? Tu souhaites sauver les habitants de cette cité ? Voilà ton ultime chance. ¤

L’enfant de l’orage enfonça ses serres spirituelles dans l’esprit de l’humain. Il n’avait qu’à penser à ce jour passé pour sauver des dizaines de milliers de vies à présent.

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Claudius sentit son corps être doucement pris autour de quelque chose qui venait le serrer pas très brutalement pour ne pas le briser, mais pas très en douceur quand même. Le Havremont sentit d’abord cette sensation, puis il reprit l’usage de tous ses membres, un par un, avant de finalement ouvrir les yeux … Et de tomber nez à nez avec le grand dragon qui avait mis son museau juste devant lui.

¤ Je n’en ai pas encore fini avec toi, bipède. Réveilles-toi ! ¤

Claudius écarquilla les yeux et fit une légère crise de panique en entendant cette voix dans sa tête, essayant de se débattre pour sortir à cause du stress, mais il se ravisa bien rapidement. Ça n’était pas vraiment le moment de jouer au héros, ou de s’amuser à agacer le dragon de l’ire.

¤ Penses-tu pouvoir dissimuler quoi que ce soit à un dragon ? Penses-tu pouvoir me mentir ? Tu vas tout me dire, tout me révéler, sur ce jour maudit qui a vu mourir Cynoë. Tu souhaites sauver ton peuple ? Tu souhaites sauver les habitants de cette cité ? Voilà ton ultime chance. ¤

Il est vrai que le Maître de Guerre avait peut-être omis certains détails, mais d’une façon générale il avait été plutôt honnête avec Verith. Et en même temps le grand rouge n’avait pas l’air d’être une bonne poire, donc Claudius ne tenait pas spécialement à lui mentir plus que cela. Après tout, c’était triste mais il avait procédé de la même logique au moment de sauver son peuple : il avait sacrifié une vie, sacrée certes, pour en sauver probablement des milliers d’autres.

Aussi, il se servit de ses rudiments de magie qu’il avait appris il y a un certain temps déjà, et à certains aspects plus du tout pratiqués, pour transmettre ce à quoi il pensait au grand dragon.

En vérité, l’effort n’était pas difficile à produire dans la mesure où Verith était déjà bien ancré en lui, aussi devait-il seulement être en communion avec l’esprit du grand colérique, sans aller au-delà du nécessaire pour éviter de titiller le grand dragon qui devait être sensible à bien des égards au niveau du contact avec les bipèdes - si ce qu’on disait sur lui était vrai, en tout cas -.

Ainsi Claudius n’opposa pas grande résistance et retraça tout ce qu’il avait vu, et ce qu’il savait, sur ce jour-là. Il ne s’attarda pas trop sur les détails comme l’état de l’Empire, ou du peuple (bien que ces problématiques soient des soucis récurrents dans l’esprit du Havremont), et montra plutôt à l’esprit du grand rouge l’identité présumé des uns et des autres : en premier vint le Chasseur du Vide, Naal du Néant, et les discussions qu’ils avaient eu entre eux ce jour là, mais aussi ses acolytes, dont Claudius présumait qu’ils venaient de Delimar sans pouvoir toutefois l’assurer. Ils avaient exécuté froidement Cynoë en utilisant des pouvoirs mystérieux, dont le Havremont présumait qu’il s’agissait de forces liés au Néant.

Le Maître de Guerre hésita, mais porta également à l’attention du vénérable dragon ce qui s’était passé ces derniers jours ici,ce qu’avait provoqué la mort de Cynoë, se disant que de toute façon sa situation ne pouvait pas se retrouver pire que celle actuelle. Il montra notamment les images d’Aldaron et d’Achroma Elusis, deux dragonniers liés au profil similaire à Nolan, qui avaient fomenté un complot pour posséder Selenia.

Si les guerres de territoires ne devait pas spécialement intéressé Verith, Claudius mis l’emphase sur ses craintes personnelles : ils avaient congédié les Vampires Elusis hors de leur territoire, les renvoyant à Nevrast, mais connaissant les deux personnes impliquées, Le Havremont se doutait bien que ceci n’allait pas être suffisant.

Il craignait qu’avec cette situation, les deux amants ne reviennent à la charge avec une armée peut être plus forte, et ne créé un nouveau conflit qui embrasera Calastin. Or, précisément deux dragons étaient potentiellement à nouveau impliqué dans des guerres bipèdes, et si le Havremont allait prendre le plus grand soin pour qu’on les épargne, il ne pouvait toutefois garantir leur sécurité face à une guerre qui risquait d’impliquer de très nombreuses personnes.

Claudius espérait que le dragon de l’Ire ne trouve pas cela présomptueux de sa part de lui avoir montré cela, et qu’au moins il réagirait peut être pour donner son avis de vénérable sur des forces que le Maître de Guerre ne connaissait pour ainsi dire très peu. En tout les cas, ces sentiments-là était des inquiétudes bien réelles pour le Maître de Guerre, et vu ce qu’elles concernaient, il estimait cela légitime de l’avoir transmis aux Ailes de la Mort qui se trouvaient face à lui.

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¤ Dernière leçon ¤

Le message de l’enfant de l’orage était passé, du moins il en avait l’impression. Mais avec les bipèdes il faut toujours se méfier, ces derniers n’apprenant jamais vraiment rien. Dans tous les cas, la punition, elle, était passée. Pour autant, le colérique n’en avait pas totalement terminé. S’il avait hâte de retrouver la dépouille de Cynoë pour lui donner les rites que tous dragons méritent, s’assurer de pouvoir punir les autres bipèdes responsables de sa mort était également très important. Dans l’immédiat, la seule piste à disposition de Verith était ce bipède sans cœur. Ce dernier était dans un sale état, pour autant le rouge s’en moquait bien. Les actes de ce dernier avaient conduit aux conséquences d’aujourd’hui, il n’était donc certainement pas en droit de se plaindre. Qu’importe ce que lui infligerait le colosse grenat en ce jour, il ne pouvait qu’assumer. Le dragon remit l’humain en état de répondre à un dernier interrogatoire. Venant l’immobiliser et lui partager un peu d’énergie avant d’ancrer son esprit dans le sien. Très bientôt, il serait tout sur le jour fatidique qui a vu la mort de l’améthyste. Il essaierait de ne pas bruler la psyché du bipède avec sa rage en découvrant les informations qu’il cherchait.

L’humain ne lui opposa pas résistance, en même temps en était-il seulement capable ? Il eut toutefois l’intelligence de ne pas tenter, cela n’aurait occasion que plus de souffrance pour lui, ou pire encore attiser davantage l’ire du dragon. Verith vit alors la colère du peuple, protestant dans la rue. Il vit un agitateur, attiser les flammes de la gronde populaire avec des mots bien choisis. Le rouge eut un profond soupir face à la stupidité plus qu’avérer des bipèdes. Il en vint même, l’espace d’un instant, à douter. Si tout s’était bien passé. Si les Tarenth étaient restés sur Ambarhùna et avaient accueilli les elfes, vampires et humains, seraient-ils vraiment parvenus à accomplir la mission des divins ? Seraient-ils parvenus à guider des races aussi idiotes ? Le colérique s’efforça néanmoins à jeter loin de lui ses pensées lorsque l’individu agitateur capta l’intention de Claudius durant l’émeute. Ce dernier semblait user de pouvoir particulier. Le mot Almaréens vint alors dans l’esprit du maudit. Encore ses suppôts d’un dieu devenu fou ?

Claudius sembla se démener avec l’agitateur, jusqu’à ce que ces derniers soient transportés ailleurs, non loin du dragon violine. Verith assista au combat entre les deux hommes, à leur joute verbale, puis finalement à la trahison du maitre de guerre. Le rouge endura la scène de la mort du lié, sa colère devenant pleinement perceptible à Claudius, aussi profonde qu’un abysse et aussi puissante qu’un soleil. La scène prit finalement fin, mais le bipède sembla vouloir attirer l’attention du colérique sur un élément en particulier. Il voulut l’alerter sur un conflit opposant Sélénia, lui, et deux vampires. Les deux suceurs de sang n’étaient pas inconnus au grand rouge. Le premier avait réussi à faire sortir le rouge de ses gonds, tandis que le deuxième travaillait avec plus ou moins avec Vaea. Mais Claudius insista plus particulièrement sur le fait que les deux hommes étaient chacun liés à un dragon et qu’en cas de conflit, ceux-ci risquaient d’y prendre part, rendant dès lors l’injonction de Verith difficilement réalisable. Un profond soupir s’échappa du rouge. L’histoire, encore et toujours, se répétait. Jamais les bipèdes n’apprendraient, de même que les liés.

¤ Autrefois, un vampire s’est lié à un dragon. Dès lors, une elfe s’est présentée à mes semblables, leur demandant de rétablir l’équilibre dans leur guerre, un déséquilibre qu’elle nous imputait. Une dragonne a alors accepté de lui venir en aide. Cela nous a entrainés dans vos guerres. Je ne répèterais pas l’erreur de mes ancêtres. Ce conflit ne concerne que vous, bipèdes. Rien que vous. Tachez donc de vous montrer plus malin pour une fois de votre misérable existence. Un dragon lié ne participe pas à une guerre par choix, c’est le bipède auquel il est lié qui l’y entraine de force. ¤

Le rouge commença à libérer son éteinte sur le bipède, aussi bien physique que psychique.

¤ Mon avertissement demeure le même. Un cataclysme vous guette. Qu’aucun dragon ne meurt à nouveau sur votre territoire. ¤

Le fil d’or du dragon vint s’enrouler autour de la queue de ce dernier et Verith se redressa avant de déployer ses ailes. De nouveau l’ombre de ses ailes vint s’étendre, allant jusqu’aux remparts de la ville.

« Bipède ! Les conséquences de vos actes empreints de folie vous guettent. L’ombre d’un destin plus funeste encore que la mort plane au-dessus de vos têtes. Ni dieux, ni esprit-dragon ne viendront pour vous sauver une énième fois. Le temps est à la responsabilité. »

L’enfant du courroux et de l’orage se prépara à prendre son envol.

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