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descriptionLes plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven] EmptyLes plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven]

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1 mars 1764 — Nevrast

Le bruit du métal frappant le métal résonnait dans la cour du manoir. Brise d’Argent volait dans l’air, éclair brillant à peine discernable. Liv n’était certes pas le plus impressionnant des vampires en termes de force brute, mais il compensait par son agilité et sa rapidité, esquivant et feintant habilement jusqu’à trouver une ouverture, ce qui, au combat à l’épée, s’avérait généralement plus efficace que la simple démonstration de force. Il avait assez rapidement retrouvé un niveau plus qu’honorable dans le domaine, son corps se souvenant des entraînements que lui avait oublié. Ça ne suffisait certes pas à surpasser Damyr, le maître d’armes qui l’entraînait, mais du moins parvenait-il à lui tenir tête sans se ridiculiser.

Après une nouvelle passe d’armes, le plus âgé des deux vampires mit fin à l’entraînement d’un geste, avant d’adresser à son élève un hochement de tête approbateur.

« Très bien. Prends une pause, et on va passer à autre chose. »

Le jeune Elusis salua son maître, et retira la cote de cuir qu’il portait en guise de protection pour l’entraînement et s’étira avec soulagement. Il alla s’asseoir sur un tabouret installé à l’écart à cet effet, et mit à profit le répit qui lui était accordé pour examiner Brise d’Argent, la polir et vérifier son fil avant de la rengainer, déposant avec délicatesse l’arme dans son fourreau contre son siège.

Quelques minutes plus tard, Damyr lui faisait signe qu’il était temps de reprendre, et lui indiquait d’ôter sa chemise, lui-même ayant déjà fait de même. Avec un haussement de sourcil, il s’exécuta et s’avança. Si ni l’un ni l’autre ne craignaient le froid, Liv n’était pas sûr d’apprécier ce qui allait suivre.

« On va voir ce que tu vaux sans ton joli joujou. Essaye de me frapper.

Cette fois, l’exercice était effectivement plus ardu. Si jamais son prédécesseur s’était entraîné au combat à main nue, rien ne revint à sa mémoire musculaire. À chaque fois qu’il tentait de porter un coup, Damyr contrait et ripostait, accompagnant le coup d’un commentaire. S’il retenait manifestement sa force, Liv sentait néanmoins les coups passer. Petit à petit, claque par claque, l’élève améliorait sa posture, ses mouvements, et surtout observait son adversaire pour comprendre ses mouvements, afin de pouvoir essayer de les anticiper. Après quelques minutes de ce traitement, le jeune homme parvint enfin à placer un coup, certes peu impressionnant, mais qui eut le mérite de toucher. Damyr le félicita d’un sourire appréciateur.

« Bien. À mon tour maintenant.

Et ce fut donc au tour de l’élève de contrer et d’esquiver une volée de coups. Il ne s’en sortait pas si honteusement, à vrai dire, même s’il avait conscience que Damyr le ménageait encore à ce stade, mais les coups le forçaient à constamment reculer, et il avait conscience qu’à ce rythme, il n’allait pas tarder à se retrouver acculé. Et il ne faisait guère de doute que cette éventualité n’aurait rien d’agréable pour lui. À défaut d’une quelconque meilleure solution, presque par réflexe, il ouvrit la main juste après avoir paré un coup. Une pierre se matérialisa au sol, juste à l’endroit où Damyr allait poser son pied. Le maître, n’ayant eu aucun moyen de voir ni de prédire l’obstacle, trébucha dessus, et Liv acheva de le mettre au sol d’un rapide mouvement du pied contre sa cheville. Damyr parvint à éviter de justesse à son visage de venir embrasser le sol en se rattrapant avec habileté, mais non sans laisser échapper un « Oof étouffé.

Il lança un regard mi-amusé mi-accusateur à son élève, qui lui tendait déjà la main pour l’aider à se relever en signe de pénitence.

« Joli coup, mais évite de te reposer trop sur ta magie. On ne sait jamais dans quelle situation on peut se trouver, et être capable de se défendre avec ses seuls poings peut faire la différence entre un Vampire et un cadavre… »

Liv hocha la tête en signe de compréhension et d’assentiment. Il comptait bien s’entraîner sérieusement dans le domaine. Mais un autre jour, l’enseignement de Damyr étant terminé pour l’heure. L’élève remercia son maître, le salua, récupéra ses effets et retourna à l’intérieur sans plus de cérémonie. Il jeta un œil à l’heure, et laissa échapper un soupir. Il avait encore du temps à tuer.

Ses Pères étaient en effet fort occupés ces derniers temps, et s’il avait finalement appris pourquoi, et qu’il saluait l’importance de la tâche qu’ils s’étaient fixée, il n’appréciait guère la manière dont ils le tenaient à l’écart des préparatifs, ce qui sous-entendait qu’il n’aurait pas sa place auprès d’eux lorsque le temps serait venu. Il n’avait pas encore abordé la question ouvertement, redoutant que la conversation ne devienne houleuse, mais il arriverait bientôt le moment où il n’aurait plus le choix.

Il décida de se changer les idées et d’essayer de se remonter le moral en sortant avec Ombrenuit. La jument l’acceptait de plus en plus, et semblait même désormais apprécier sa compagnie, et le plaisir qu’elle prenait à courir librement était toujours contagieux pour le vampire.

Comme était devenu son habitude, elle accueillit son entrée dans l’écurie en grattant le sol du sabot et en mordillant la porte de son box tout en soufflant pour montrer son impatience, ce qui parvint à lui tirer un sourire fatigué. En revanche, elle se tenait désormais sagement immobile le temps qu’il installe son harnachement, ce qu’il appréciait fortement après l’obstination dont elle avait montré pouvoir faire preuve les premiers jours.

Dès qu’ils eurent quitté l’enceinte de la ville, Liv relâcha les rênes et laissa Ombrenuit décider de son allure. Et effectivement, pendant quelques instants, avec le vent sifflant à ses oreilles et le battement régulier des sabots, il se sentit se détendre et retrouver une partie de sa bonne humeur habituelle. Mais bien vite, plus vite encore, lui semblait-il, que lors de sa première promenade dans le coin, les ombres de la forêt de Licorock s’étendirent devant lui, et déjà son sourire s’effaça.

Car c’était bien là la source de sa sombre humeur des derniers jours. La forêt, et surtout ce qu’elle contenait. Ce qui faisait qu’il n’avait, pas plus que le reste de l’île, pas pu avoir une seule transe un tant soit peu reposante depuis son Éveil, même quand il n’était pas hanté par le souvenir oublié de Cynoë. Ce que ses Pères allaient partir chasser, sans doute très bientôt. Et sans doute sans lui. Car pourquoi l’exclure des préparatifs de l’expédition, sinon parce qu’ils comptaient le laisser là tandis qu’ils risquaient leurs vies — ou ce qu’il en restait, s’agissant de vampires.

Il n’aimait pas du tout cette idée. Il s’inquiétait. Il voulait aider, participer, les protéger si besoin. Aldaron attendait de lui qu’il trouve sa place dans le clan, mais comment le pouvait-il s’il ne le laissait pas faire sa part, ses preuves ?

Il laissa échapper un nouveau soupir puis prit une grande inspiration, dont certes il n’avait pas besoin, mais qui pourrait l’aider à se calmer. Le voilà qui ruminait à nouveau, alors qu’il était précisément là pour l’éviter. Nul doute que la fatigue, de plus en plus prégnante, jouait sur ses nerfs et sur son moral. C’était, d’ailleurs, l’une des raisons pour lesquelles il n’avait pas encore abordé ouvertement le sujet avec eux. Il craignait de ne pas se maîtriser et d’user envers eux de mots, d’un ton, qu’il regretterait. Mais il regretterait bien plus encore de les laisser partir sans au moins tenter de les convaincre de le laisser se joindre à eux.

Il fut tiré de ses sombres ruminations lorsqu’Ombrenuit ralentit brusquement l’allure. Il chercha du regard ce qui avait pu attirer ainsi son attention, et repéra bien vite l’éclat rose d’un dragon, se dirigeant manifestement dans sa direction. Inconsciemment, il se tendit. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas les dragons, au contraire il avait le plus grand respect pour la Grande Race, mais leur présence lui faisait immanquablement penser à son Lien brisé, au vide insondable laissé par celui qui lui manquait alors qu’il n’en avait même pas un souvenir. C’était la raison pour laquelle il évitait Nahui et Kaalys lors de leurs visites autant que la politesse le lui permettait.

La politesse qui, justement, l’empêchait de tourner bride et de fuir purement et simplement la rencontre qui semblait s’annoncer. À la place, il démonta, tenant Ombrenuit par la bride, et observa le dragon — la dragonne ? — qui s’approchait, prêt à la saluer comme il se devait si, comme il en avait l’impression, elle le rejoignait.

Dernière édition par Ivanyr Elusis le Ven 1 Jan 2021 - 20:27, édité 1 fois

descriptionLes plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven] EmptyRe: Les plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven]

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Shyven voletait au-dessus de Nevrast, soufflant à plein poumons l’air qui l’entourait dans ces cieux où l’on voyait à peine le soleil transpercé les nuages.

Elle arbora un grand sourire. Elle retrouvait avec grand plaisir cette terre qui l’avait vu naître, et sur lesquelles elle avait fait ses premiers pas. Elle trouvait que cela faisait une éternité … Et pourtant seulement quelques mois s’étaient passés. Il faut dire qu’en seulement quelques temps, la dragonne avait déjà tissé de nombreux liens, vécu de grandes aventures, et pris de nombreux engagements.

Mais après tout, tel était la destinée de sa grande race : même si ses ailes étaient encore petites comparées à celle de sa famille, elle devait porter le même fardeau que toute sa Nuée. Shyven avait cependant décidé de quitter l’agitation de Calastin pour un temps.

Suivant les nombreux avertissements des uns et des autres, la dragonne avait suivit son père et la blanche Nahui qui était revenu à Nevrast : cette île n’était pas amicale pour sa race, en témoignait la profanation meurtrière qui avait déjà été faite à Cynoë et Firindal, deux dragons liés.

Cela ramena la rosée à des pensées bien sombres : la situation à Calastin allait sans doute provoquer d’autres nouveaux problèmes pour sa race. De ses quelques mois de vie, elle n’avait jamais vu sa Nuée aussi inquiète. Le père de Shyven, Kaalys, avait tenu à mettre à distance de ces conflits la jeune fille, Nahui lui avait confié que « Lié et Lié-de-Lié parlaient plus que d’habitude ». Et pour qu’elle trouve qu’ils parlaient plus que d’habitude, c’est qu’ils devaient vraiment parler beaucoup. Ou du moins qu’Aldaron s’occupait peut-être un peu moins de Nahui ces derniers temps. Et tel que Shyven avait appris à connaître le lié-de-Nahui, ça n’était pas vraiment bon signe.

Quant à ses grands-parents, Shyven ne préférait même pas trop penser au sujet. A force, la petite opale avait pris en pitié son pauvre grand-père, qui du haut de son immensité, dépensait beaucoup d’énergie à prévenir les bipèdes qu’ils se fourvoyaient, et qui avait aussi des sujets qui semblaient le morfondre, comme le Lien.

La petite opale faisait ce qu’elle pouvait pour le canaliser quand elle le voyait, mais ça n’était pas souvent que cela arrivait. De toute façon, vouloir rendre Verith plus calme était tout comme vouloir vider l’océan avec un seau, une entreprise impossible. Mais tout de même, Shyven trouvait que son majestueux grand-père était souvent très occupé.

Elle se demandait comment ses oncles vivaient la situation. Sûrement que Nephilith et Ssaadjith avaient beaucoup à faire également. Voilà longtemps qu’elle n’avait pas revu ses deux zigotos préférés. La Plume Rose songea au fait qu’il faudrait qu’elle aille leur rendre visite un jour. C’était important de se maintenir proche de sa famille en ces temps troublés.

La jeune dragonne continua ses cercles dans les airs, détaillant la nouvelle ville de Nevrast dans chacun de ses recoins. Il fallait dire que cela avait beaucoup plus de cachet maintenant, comparé aux quatre bicoques en bois qui représentaient la ville auparavant. Le fils-du-lié-de-Nahui avait fait du très bon travail, indéniablement.

Seulement, ce que la petite opale préférait, c’était le grand air, alors elle retourna vers les terres de ses premières bêtises : l’orée de la forêt de Licorok. Alors qu’elle survolait les bois, une présence capta l’attention de Shyven. C’était un bipède sur une-monture-à-bipède.

Elle décrivit plusieurs cercles dans le ciel, essayant de voir de qu’il s’agissait, mais elle ne le reconnaissait pas au premier coup d’œil. Bizarre. Shyven huma l’air au fur et à mesure qu’elle descendait vers lui, bien trop curieuse pour partir maintenant. Il sentait bien le bipède-pâlot, comme beaucoup d’autres en ces lieux, mais ça n’était vraisemblablement pas un bipède-pâlot comme les autres.

Shyven y retrouva de l’odeur du Lié-de-Nahui et du Lié-de-Lié-de-Nahui, sans pour autant expliquer comment cela avait-il pu se produire. Décidant de tirer cette affaire au clair, elle descendit en flèche, avant de se réceptionner doucement, se servant des quelques flocons de neige qui s’étaient tassés non loin du bipède-pâlot et de sa monture-à-bipède comme amortisseur.

Après ce majestueux atterrissage contrôlé, Shyven plia ses ailes et se tourna vers le pâlot-qui-sentait-le-Lié. La petite opale toucha alors l’esprit du bipède, et se présenta :

« Bonjour Bipède-Qui-Sent-Le-Lié ! Je suis Shyven, dragonne libre fille de Kaalys, que vous devez sûrement connaître. Quel bon vent vous amène vers cette forêt ? Vous devriez faire attention, des chèvres dangereuses vivent par ici ! Et elles n’aiment pas être dérangées ! »

Shyven baissa doucement sa tête pour compléter ses salutations. Elle avait sincèrement eu peur que le pâlot que se retrouve dans la même situation qu’elle il y a quelques mois plus tôt. Elle s’était tellement faite brassée par son père, qu’elle ne tenait pas à ce que d’autres risquent d’aller trop profond dans la forêt sans avertissement !

descriptionLes plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven] EmptyRe: Les plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven]

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La dragonne avait cerclé plusieurs fois au-dessus de Liv, lui laissant amplement le temps de l’observer. D’après sa taille, elle devait être assez jeune, sans doute un peu plus que Nahui, et volait avec une grâce certaine. Alors qu’elle se rapprochait, il remarqua qu’elle semblait étonnamment porter des… plumes ? À la réflexion, cette description lui était familière… Était-ce la fille de Kaalys ?

Alors que la dracène amorçait une descente en piqué, il veilla à tenir la bride d’Ombrenuit avec douceur mais fermeté. La jument n’était en effet guère rassurée par la grande créature, et il ne voulait pas risquer qu’elle ne s’enfuie, ou pire, qu’elle ne prenne la dragonne pour une menace et ne tente de l’attaquer, ce qui aurait sans nul doute fort mal fini tant pour la monture que pour lui. Il caressa doucement son chanfrein de sa main libre en lui parlant d’une voix douce pour l’apaiser, et Ombrenuit accepta de rester immobile, grattant toutefois le sol neigeux nerveusement lorsque la dragonne effectua son atterrissage maîtrisé non loin d’eux.

Une fois assuré que la jument se tiendrait tranquille, il laissa filer la bride entre ses doigts, sans toutefois la relâcher complètement, pour se tourner vers la dragonne et s’incliner face à elle avec déférence en guise de salutation. Il se figea cependant dans son mouvement aux mots qui touchèrent son esprit alors qu’elle se présentait. “Qui-Sent-Le-Lié” ? Que voulait-elle dire par là ? Les bipèdes liés avaient-ils une odeur particulière pour la Grande Race ? Voulait-ce dire qu’il l’était encore, d’une certaine façon, malgré… ce qu’il s’était passé ? Malgré lui, les images de l’Améthyste pourchassant ses cauchemars, qu’il était jusque-là parvenu à repousser, envahirent son esprit, et il tressaillit légèrement. Il n’avait pas eu l’intention de les partager avec la dragonne, mais il n’aurait su dire si elle les avait perçues ou non, tant elles s’étaient imposées à lui par surprise.

Il parvint à se reprendre assez vite cependant, prenant une grande inspiration dont son corps n’avait pas besoin mais qui l’aidait à reprendre ses esprits, et se redressa enfin, faisant bonne figure de son mieux. Il dut faire un effort pour se remémorer les paroles qui lui avaient été adressées, et qui lui avaient échappé durant son instant de trouble.

« C’est un honneur de faire enfin votre rencontre, j’ai beaucoup entendu parler de vous. J’ai en effet le privilège de connaître votre père, car il est… lié… au mien. Il avait légèrement trébuché sur le mot, mais reprit comme si de rien n’était en se présentant à son tour. Je suis Ivanyr Elusis, fils d’Achroma et Aldaron Elusis, que vous devez également connaître. »

Il était sur le point de répondre à sa question, mais s’interrompit alors que les derniers mots de Shyven lui revenaient. Il fronça légèrement les sourcils, perplexe, et reprit d’un ton plus hésitant.

« Pardonnez-moi, est-ce que vous venez de parler de… chèvres… ? »

descriptionLes plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven] EmptyRe: Les plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven]

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Shyven inclina sa tête à gauche et à droite, observant la réaction du bipède après les salutations de la dragonne. Celui-ci se comportait bien, ça n’était pas le problème, il avait même calmer sa monture-à-bipède … Cependant la dragonne rose sentait qu’elle avait peut être touché un point sensible, en le qualifiant de “Qui-Sent-Le-Lié”.

Allons, ça n’était un secret pour personne qu’il sentait le Lié-de-Nahui, et le Lié-de-Lié-de-Nahui ! Si elle pouvait le sentir à plusieurs kilomètres à la ronde, c’est que chacun le pouvait ! La dragonne se montra gentille, et caressa son esprit alors que le bipède reprenait son souffle, et semblait chasser des images mentales venues troubler sa conversation avec la Plume Rose.

Elle renifla encore l’air autour d’elle, et essaya de creuser un peu les sensations que le bipède avait senti, voulant définir pourquoi il semblait avoir été perturbé par cette qualification qui n’était dans le fond qu’un sobriquet que Shyven attribuait à chacun des êtres qu’elle rencontrait.

La dragonne gratta un peu la neige, et posa l’arrière de son corps dessus, se mettant en position assise alors que le bipède-pâlot présentait ses hommages :

“C’est un honneur de faire enfin votre rencontre, j’ai beaucoup entendu parler de vous. J’ai en effet le privilège de connaître votre père, car il est… lié… au mien. Je suis Ivanyr Elusis, fils d’Achroma et Aldaron Elusis, que vous devez également connaître”

Shyven plissa les yeux. Oui, le Lié-tout-chaud-de-Papa-tout-chaud, elle le connaissait. Le Lié-de-Nahui également. Cependant … Pourquoi ce Ivanyr trébuchait autant sur le mot “Lié” ?

Voilà quelque chose qui inquiétait la jeune dragonne. Ça n’était pas comme quand son grand-père prononçait ce mot-là, parce que Verith était très énervé … Là le ton était plus … Hésitant ? Comme s’il apparaissait à la dragonne que Ivanyr n’était pas vraiment sûr de lui.

C’était bizarre. L’instinct draconique de Shyven la poussa à résoudre ce mystère qui se trouvait en face d’elle, mais pour l’heure le bipède avait une question, aussi devait-elle y répondre :

“Pardonnez-moi, est-ce que vous venez de parler de… chèvres… ?”

Shyven hocha la tête plusieurs fois, tendit une patte et pointa une de ses griffes vers la forêt :

“Tout à fait ! Des chèvres à trois cornes ! Vous ne voulez vraiment pas les croiser ! Nous avions joué à l’orée de la Forêt avec mes oncles Ssaadjith et Nephilith quand nous étions plus petits, plus jeunes et nous nous sommes fait coursé par ces vils créatures qui voulaient s’en prendre à nous !”

La dragonne émit un petit soupir au souvenir de cette journée. Raconter cette anecdote rocambolesque lui donnait encore le sourire aux lèvres. C’était sa première rencontre avec ses oncles-zigotos préférés, et quelle rencontre ! Elle reprit pour Ivanyr ensuite :

“Heureusement, nous avons été héroïques et affronter la menace bravement, avant de battre en retraite vers Mamie-Montagne Keetech ! Une fois que nous étions auprès d’elle, les chèvres avaient tout de suite changer d’avis ! Vous auriez dû voir leur tête !”

Shyven allia la parole au geste, et transmis quelques souvenirs de la journée au Bipède-qui-sent-le-lié, et notamment l’attaque de Keetech sur les chèvres qui s’étaient traduit par un grand grondement, et une langue de feu pour protéger les trois bébés dragons.

Des yeux de la Petite Opale, elle avait trouvé ce moment fort drôle. Bon, les disputes qui suivirent de son Papa-tout-chaud et de sa Grand-Mère-Montagne un peu moins, mais pour sûr que c’était un souvenir impérissable de son enfance.

La petite opale se dressa à nouveau sur ses quatre pattes, et marcha près du Bipède-qui-sentait-le-lié, respectant cependant une distance entre elle et sa monture-à-bipède, pour ne pas l’affoler.

“Heureusement pour vous maintenant je suis là, et bien plus grande qu’avant ! Je pourrais vous protéger si l’on se fait attaquer.”

Oh certes, s’il était guerrier, le bipède n’aurait probablement pas eu besoin de protection, mais Shyven avait une revanche personnelle à prendre sur ces chèvres. Aussi, si elles ennuyaient la dragonne et son nouvel-ami du jour, elles allaient goûter à la fureur du Tribunal Vivant ! La petite opale intima le bipède-pâlot à la suivre. Après tout, il était en pleine balade, et elle ne désirait pas l’interrompre pour autant !

Elle resta cependant curieuse de l’histoire d’Ivanyr, et vint l’interroger sur une autre question :

“Cela ne doit pas faire longtemps que vous êtes là, si vous ne connaissez pas les chèvres à trois cornes ! Que pensez-vous de Nyn-Tiamat ? Où habitiez vous avant de rejoindre votre Papa-lié-de-mon-papa ?”

La dragonne eut un petit sourire espiègle, alors qu’elle continuait d’avancer tranquillement, pour être au niveau d’Ivanyr. Elle ne cacha pas le moins du monde ses sentiments de vouloir en savoir un peu plus sur son nouveau compagnon du jour. La famille du Lié-de-Papa-Tout-Chaud était si grande et originale !

Dernière édition par Shyven le Mer 9 Sep 2020 - 10:20, édité 1 fois

descriptionLes plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven] EmptyRe: Les plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven]

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Liv haussa les sourcils avec curiosité et amusement à l’anecdote que lui contait la dragonne. Si l’inconfort qui le prenait instinctivement en compagnie du Grand Peuple ne s’était pas entièrement dissipé, il fallait reconnaître que Shyven avait le don de l’apaiser. Il se prit même à sourire doucement devant l’enthousiasme avec lequel elle narrait son aventure.

Son malaise reprit toutefois de la force lorsqu’elle partagea avec lui la vision de son souvenir. Voir par les yeux d’un dragon, étant entouré de deux autres, raviva le sentiment qui le tenaillait au sortir des cauchemars qui hantaient son repos tout en échappant à sa mémoire. Il le réprima cependant de son mieux, se concentrant sur les images qui lui étaient transmises, et sur les fameuses chèvres dont il était question. Il reconnut l’animal dont il s’agissait, et hocha la tête avec un petit sourire.

« Oh ! Oui, je connais cet animal, mais je n’en ai effectivement jamais rencontré. Il n’y en a pas dans la région il me semble, ils vivent plus au nord, du côté des montagnes. Bien sûr, pour une noble créature telle que vous, la distances est insignifiante, mais pour nous pauvres créatures terrestres, cela fait une différence notable. »

Ombrenuit s’était calmée, même si elle ne quittait pas la dragonne du regard. Si, à l’instar de son compagnon quoi que pour des raisons toutes différentes, elle n’était jamais entièrement relaxée en présence de dragons, elle était suffisamment habituée à en côtoyer pour ne pas s’en inquiéter exagérément ; aussi, maintenant qu’il était établi que Shyven était amicale, la nervosité de la jument s’était apaisée. Liv tenait cependant toujours sa bride, au cas où, mais aussi lâchement que possible.

La déclaration de la dragonne lui tira un sourire doux. Il doutait bien que les chèvres tant redoutées ne représente le moindre danger, ni pour lui ni pour Shyven, mais il comprenait bien qu’à l’époque elles avaient dû être autrement impressionnantes pour une si jeune dragonne de sa taille. Mais surtout, il appréciait sincèrement l’intention, et le montra en s’inclinant bien bas dans une révérence parfaite. Il ne savait pas si la dragonne était au fait de ces coutumes toutes bipèdes, mais il n’avait pas non plus de meilleure idée. Il était sincèrement touché qu’elle se soucie de vouloir le protéger, et se demandait si c’était en raison du lien qui existait entre eux à travers leurs pères respectifs, ou s’il s’agissait simplement de son caractère. Elle était, en quelque sorte, de la famille, mais il n’était pas certain que les dragons, surtout libres, aient ce genre de considération envers les bipèdes.

« Je suis extrêmement honoré de me trouver sous la protection d’une si noble dragon créature, je vous remercie infiniment pour votre sollicitude. Alors qu’une pensée se présentait subitement à son esprit, l’inquiétude se marqua dans son regard et barra son front. Cependant, il y a bien plus dangereux en ces contrées que vos terribles chèvres ; et si je ne doute pas une seconde de votre puissance, je vous invite à faire montre de la plus grande prudence si vous deviez venir à croiser une licorne ; elles hantent ces lieux, et sont la raison pour laquelle je n’ai encore jamais eu l’occasion d’explorer la forêt devant laquelle nous nous tenons. »

La dernière phrase avait presque été maugrée, lui rappelant un peu trop incidemment ses ruminations d’un peu plus tôt. Il s’efforça de les mettre de côté cependant ; ignorant si la dragonne était familière avec le concept de licorne il se permit de lui transmettre, de la même manière qu’elle l’avait fait un peu plus tôt, ce qu’il en savait, les images et connaissances théoriques qu’il en avait ainsi que la sombre inquiétude de ses pères à ce sujet.

Les questions de Shyven et l’intérêt charmant qu’elle montrait à son égard ravivèrent un semblant de sourire sur les lèvres de Liv.. Elle était on ne peut plus aimable envers lui, il commençait même à la trouver plutôt attachante, et il avait bien conscience qu’elle n’était aucunement responsable de son malaise instinctif envers sa race. Malaise, d’ailleurs, dont il se rendit compte qu’il n’était pas aussi prégnant qu’à son habitude. Peut-être parce qu’elle était libre et non liée ? Toujours est-il qu’il prit sur lui pour lui répondre avec autant d’aménité qu’elle-même en montrait à son égard. En vérité, il était même un peu amusé par ses questions, et une lueur malicieuse brilla dans son regard alors qu’il répondait.

« J’ai toujours habité ici, mais “toujours” pour moi ne remonte qu’à un peu moins d’un mois… Ce qui fait que je ne connais, pour l’instant, de cette île que Nevrast et ses alentours immédiats… mais j’ai bien l’intention d’en découvrir davantage dès que j’en aurai l’occasion ! D’ailleurs, avez-vous eu l’occasion de voir notre belle ville depuis sa reconstruction récente ? Enfin je ne sais pas si ces considérations architecturales présente un grand intérêt pour vous…  Avez-vous eu la chance de visiter toutes les villes de l’archipel ?  Y en a-t-il une que vous préférez ? »

Lorsqu’il oubliait de bouder, le jeune vampire pouvait se montrer tout aussi intéressé et volubile en questions que son écailleuse interlocutrice…

descriptionLes plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven] EmptyRe: Les plumes peuvent-elles chasser les ombres ? [PV Shyven]

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Shyven constata que l’impression de toucher un point sensible revint quand elle transmettait les souvenirs de la journée à Liv. La jeune Plume Rose enquêtrice observait le bipède d’un air curieux. Si les premières fois qu’elle s’était posée des questions en voyant les réactions du fils de Lié-tout-chaud et de Lié-de-Nahui, elle n’avait pas plus relevée que cela … Shyven se disait de plus en plus que ce Ivanyr Elusis n’allait pas tarder à se faire interroger plus en détail par le Tribunal Vivant.

Elle l’écouta cependant sur sa connaissance des chèvres à cornes : apparemment elles lui revenaient à l’esprit. Ah, tout de même ! Comme quoi, ce bipède n’était pas si ignorant que cela : elle s’en doutait bien, en voyant sa tête de Qui-Sent-Le-Lié ! Après tout, Lié-tout-Chaud et Lié-de-Nahui n’étaient pas du genre à négliger l’éducation, et les connaissances. Seulement ce Ivanyr souleva un point intéressant : apparemment ces chèvres ne vivaient pas au même endroit qu’ils se trouvaient.

Ah bon ?

Pourtant Shyven était sûre d’en avoir croisé par ici … Après tout, les arbres étaient les mêmes là bas, que là où ils les avaient rencontré ! Elle arqua sa tête à gauche puis à droite : après tout peut être que son compagnon bipède-pâlot du jour avait raison. La dragonne rose n’était pas toujours très bonne en géographie, et il fallait avouer que pour eux dragons, cette forêt était autant identique au Nord qu’au Sud : les mêmes odeurs, les mêmes arbres, les mêmes présences de faune et de flore … Quand on survolait le monde en deux battements d’ailes, les distances vous paraissaient tout de suite moins contraignantes.

Toujours est-il, la dragonne appréciait la compagnie de ce bipède. Il semblait avoir la même énergie que Lié-tout-chaud, et la même sagesse et politesse que Lié-de-Nahui. Ivanyr se confondait en révérences quand Shyven disait vouloir le protéger, et voilà un geste qui rassurait bien la dragonne : contrairement à ses semblables bipèdes-moins-pâlots, le Tribunal Vivant fut heureux de voir que certains de leurs espèces respectaient encore les dragons à leur juste valeur.

“Je suis extrêmement honoré de me trouver sous la protection d’une si noble créature, je vous remercie infiniment pour votre sollicitude. Cependant, il y a bien plus dangereux en ces contrées que vos terribles chèvres ; et si je ne doute pas une seconde de votre puissance, je vous invite à faire montre de la plus grande prudence si vous deviez venir à croiser une licorne ; elles hantent ces lieux, et sont la raison pour laquelle je n’ai encore jamais eu l’occasion d’explorer la forêt devant laquelle nous nous tenons.”

En même temps qu’elle écoutait le discours d’Ivanyr, elle recevait les images et connaissances que le pâlot connaissait de cette espèce qu’il décrivait comme très dangereuses. Effectivement, cela revenait à l’esprit de la dragonne. Du moins elle était sûr d’avoir entendu Papa-tout-chaud et Lié-tout-chaud en parler, ce dernier insistant sur le fait qu’il voulait les brûler jusqu’à ce qu’elles n’existent plus.

Une démarche que Shyven trouvait peut être un peu agressive, mais apparemment cette espèce nocive était à l’origine de biens des maux dans cette région. La petite opale comprenait donc que l’on souhaite y mettre un terme.

“Tout vient à point à qui sait attendre, Ivanyr. - fit Shyven dans un premier temps, en se tournant vers le bipède - Je n’ai pas pu prendre mon envol et chasser toute seule, tout de suite. Mon père était toujours là pour m’épauler. Savourez ce que la Balance vous donne tous les jours, car cela vous évitera de faire des bêtises … Et potentiellement de vous faire poursuivre par des chèvres enragées, pour ensuite vous faire disputer !”

Fit-elle à Ivanyr, entendant ses remarques. La course poursuite avec les chèvres restaient un bon souvenir pour elle, mais n’en était pas moins une erreur : si cette forêt était dangereuse, elle n’aurait pas dû y aller, et entraîner avec elle ses oncles. Mais après tout elle ne pouvait pas vraiment s’en vouloir : elle était encore jeune et inconsciente à l’époque, même pour une dragonne. Alors si elle pouvait se permettre de donner des petits conseils à d’autres pour ne pas qu’ils reproduisent les mêmes choses … L’Équilibre du monde s’en porterait certainement mieux.

Shyven resta attentive, et particulièrement quand Liv expliqua son “histoire”, et où il habitait avant de venir à Nyn-Tiamat :

“J’ai toujours habité ici, mais “toujours” pour moi ne remonte qu’à un peu moins d’un mois… Ce qui fait que je ne connais, pour l’instant, de cette île que Nevrast et ses alentours immédiats… mais j’ai bien l’intention d’en découvrir davantage dès que j’en aurai l’occasion ! D’ailleurs, avez-vous eu l’occasion de voir notre belle ville depuis sa reconstruction récente ? Enfin je ne sais pas si ces considérations architecturales présente un grand intérêt pour vous… Avez-vous eu la chance de visiter toutes les villes de l’archipel ? Y en a-t-il une que vous préférez ?”

La Plume Rose plissa les yeux : comment cela “toujours” et “un mois” ? Elle ne comprenait pas. Shyven ne connaissait pas bien tous les bipèdes, pourtant elle savait bien que les bipèdes d’un mois ne paraissaient pas aussi … Adultes ? Du moins Ivanyr avait peut être un caractère enfantin, mais il paraissait déjà bien grand aux yeux de la dragonne. Bizarre bizarre … Mais pour l’heure elle mit ses questions de côté, ne sachant pas trop comment aborder la chose :

“J’ai effectivement vu votre nouvelle ville pas plus tard que tout à l’heure, je me suis permise de la survoler, Papa-tout-chaud m’ayant informé des changements ! Effectivement, elle est nettement plus impressionnante qu’avant, vous avez fait du bon travail !”

Shyven eut un petit sourire : ce qu’elle ne disait pas, c’est que ça n’était pas bien difficile de faire pire qu’avant : la dragonne ayant vécu pendant longtemps dans une grotte n’avait pas des attentes très élevées, mais là … C’était bien pire qu’une grotte. Elle était quelque part contente que l’on offre à ce peuple de nouvelles maisons, car la situation était clairement injuste pour eux.

“Et pour répondre à votre deuxième question … J’ai été en personne à Caladon, j’ai suivi Papa-tout-chaud aux alentours de la capitale de Selenia, et désormais je connais la nouvelle Nevrast … Mais je dois bien avouer, Ivanyr, que pour moi malgré tout l’effort que vous vous donnez pour dresser des édifices toujours plus grands, rien ne vaut pour moi le confort d’un bon nid douillet, et la présence de Papa-tout-chaud !”

Elle eut un petit rire, presque pour elle-même : effectivement, l’Elusis avait raison. C’était peut être son côté “animal” qui ressortait, mais Shyven ayant toujours vécu dans des abris que les bipèdes jugeraient sûrement d'inconfortables … Disons que la dragonne appréciait le confort dont les bipèdes pouvaient parfois faire preuve, et elle en tenait l’époque où elle avait séjourné chez Paoele à Caladon qu’elle avait beaucoup apprécié … Mais pour la plume rose, tout ceci n’était que du superflu. Elle était aussi bien dans une grotte, à l’abri.

“Dites-moi Ivanyr … Qu’est ce qui vous perturbe chez moi ? Vous ai-je contrarié ?”

La question tombait comme un cheveu sur la soupe, et posa un grand silence momentané dans leur petite conversation. Si au fur et à mesure de leur échange, Shyven commençait à comprendre ce qui pouvait tracasser le pâlot, elle était soucieuse de ne pas trop le brusquer non plus … Sans pour autant ne pas lui tirer les vers du nez.

Elle avait décidé d’adopter cette approche pour essayer de briser la glace, dans cette région pourtant si enneigée. Elle espérait qu’Ivanyr lui donne les raisons de ses craintes, ou de son attitude étrange.

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Shyven ne sembla guère convaincue lorsqu’il lui expliqua que les redoutables chèvres qu’elle avait évoquées ne vivaient pas dans la région. Cela n’avait rien d’étonnant, pour elle les montagnes ne se trouvaient qu’à quelques battements d’ailes, elle n’avait pas lieu de distinguer une région de l’autre, la forêt était la forêt.

Elle écouta en revanche avec attention son avertissement concernant les licornes — et sembla avoir apprécié sa révérence de remerciement — et remarqua manifestement la mauvaise humeur qui était venue teinter sa dernière phrase, à laquelle elle répondit avec bienveillance et sagesse. Liv douta qu’elle eût bien compris la source de sa frustration, ne disposant pas des informations nécessaires pour tirer les conclusions justes conclusion, mais ses conseils n’en restaient pas moins appropriés.

Il devait en effet prendre son mal en patience, et apprendre à marcher avant de pouvoir courir. Et même s’il s’entraînait beaucoup, il n’était encore qu’un nouveau-né qui avait beaucoup à apprendre. Que ses Pères ne veuillent pas l’emmener dans une mission dangereuse relevait du bon sens. Ça n’en était pas moins frustrant, et il n’allait pas moins détester le moment où il les verrait partir en le laissant en arrière… Mais peut-être pouvait-il faire l’effort de comprendre les raisons de leur décision.

Il se promit de garder les conseils de la dragonne en tête, et d’y réfléchir plus avant à tête reposée. En tout état de cause, il était touché qu’elle prenne la peine de les lui donner, et de la bienveillance dont elle faisait preuve à son égard. Sa dernière phrase lui tira même un petit éclat de rire, et s’il répondit quelque peu de mauvais gré, au moins était-ce avec le sourire.

« Vous avez raison, chaque chose en son temps, je devrais me montrer plus patient. Et j’ai effectivement beaucoup de choses à savourer… autant éviter les chèvres enragées ! »

La suite de la conversation se montra plus agréable, Shyven l’interrogeant sur lui-même et Liv y trouvant une occasion de parler de sa ville bien-aimée. La dragonne se montra perplexe lorsqu’il évoqua la durée de sa présence dans la région, ce qui n’était sans doute pas étonnant : elle ne devait pas être très familière avec les vampires et leurs “naissances” pour le moins particulières. Pourtant, elle ne l’interrogea pas à ce sujet, peut-être parce que son interlocuteur ne lui en laissa pas l’occasion, lui retournant déjà des questions à son tour.

Il se rengorgea lorsqu’elle complimenta Nevrast. Bien que lui-même n’y soit pour rien et n’ait aucun mérite dans sa reconstruction, il aimait sincèrement sa ville, et était toujours heureux de voir qu’elle était admirée et appréciée à sa juste valeur. Il écouta la suite avec tout autant d’attention et d’intérêt, et réalisa par la même occasion son inadvertance : il avait raisonné en bipède, mais bien sûr la dragonne devait trouver bien moins d’intérêt aux villes et aux constructions bipèdes qu’aux grands espaces ! C’est donc avec un petit sourire contrit et un léger rire d’auto-dérision qu’il répliqua :

« Bien sûr, je n’avais pas réfléchi. Peut-être alors avez-vous un endroit préféré, plutôt ? »

La question qu’elle lui adressa ensuite le pris en revanche totalement au dépourvu. Certes, il ne s’était guère montré subtil, et s’il avait fait de son mieux pour ravaler son malaise, il n’avait pas été très efficace à le dissimuler, mais pour autant il ne s’était pas attendu à devoir aborder le sujet de manière aussi directe. Cela étant, maintenant que le sujet était sur la table, il ne pouvait décemment pas la laisser sans réponse, d’autant moins si elle pensait être responsable. Embarrassé d’être ainsi pris sur le fait, et d’avoir pu donner une fausse impression à la dragonne, il se passa une main dans les cheveux tout en répondant, cherchant ses mots.

« Absolument pas, et je vous prie de me pardonner de vous avoir donné cette impression ; vous n’êtes en rien responsable. Tout au contraire, vous êtes absolument charmante et je trouve votre conversation des plus agréable. C’est simplement que… j’ai tendance à être… mal à l’aise… en présence de dragons. »

Ce n’était, vraiment, pas un sujet qu’il avait envie d’aborder, ni maintenant ni jamais s’il pouvait l’éviter, mais en l’occurrence, conscient que sa réponse n’en était guère une, et que Shyven risquait à nouveau de se faire des idées qui n’avaient pas lieu d’être, il se fit violence afin d’expliquer du mieux qu’il pouvait, soit avec beaucoup de difficulté :

« J’ai… été Lié. Au dragon Cynoë. Je ne m’en souviens pas exactement c’est… un peu compliqué. C’était avant que je sois qui je suis, avant de devenir un vampire. Mais même sans souvenir je le… ressens toujours. Son absence. C’est… Après quelques secondes, il haussa les épaules, comme renonçant à trouver ses mots, et ramena son regard, qu’il avait laissé dériver tout en parlant, sur la dragonne. La plupart du temps, j’évite d’y penser, et ça va. Mais la compagnie d’autres dragons me le rappelle et j’ai tendance à… perdre mes moyens. Mais vous n’y êtes pour rien, et je suis sincèrement désolé de vous avoir fait mauvaise impression. »

Il n’avait pas voulu, pas pu, préciser ce qu’il était advenu de Cynoë, gageant que la dragonne devait être au courant, ou à défaut serait capable de deviner ce qui se cachait derrière son silence.

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La conversation tourna rapidement, mais pas de la manière dont l’aurait pensé la dragonne rose.

Shyven constata qu’Ivanyr était plein de gentillesse et d’écoute envers sa compagnie draconique du jour, ce qu’elle ne pouvait qu’apprécier. Après tout, le jeune vampire semblait empreint d’un grand questionnement, et la (plus si) petite dragonne ne pouvait que compatir en son sens.

Elle même ayant traversé cette période dans sa courte vie, elle s’identifiait assez facilement au jeune vampire : la vie du Tribunal Vivant qu’elle incarnait était une vie remplie de questions, et si elle avait peu à peu appris à vivre avec, trouvant du sens à chacune d’elle via l'Équilibre, cela lui avait pris du temps.

Peut être qu’il fallait qu’Ivanyr trouve son aspiration, pour que son esprit soit illuminé à son tour et que sa vie devienne plus simple.

Elle y songea, tout en répondant aux questions du jeune vampire. Si elle avait un endroit préféré ? Certainement, et elle lui fit savoir : la petite opale avait beaucoup vécu en montagne, et dans des montagnes non loin d’ici : la chaîne de Nin-Daaruth était sans conteste son endroit préféré de tout l’archipel. Mais quand on y réfléchissait, cela n’avait pas grand chose d’étonnant. Elle y avait fait ses premiers pas, et perchée sur ces hautes montagnes, elle se sentait pleinement vivante, et supérieure à tous les bipèdes qui était obligé de laisser ces parties du monde connue en paix.

Bien qu’elle n’était pas de base une fervente porteuse du discours de comme quoi les dragons étaient une race par essence supérieure à tous les êtres qui composaient ce monde, elle jugeait que cela était bon de le rappeler dans ses actes et ses dires. Shyven savait être tolérante, sans pour autant être naïve pour ne pas tomber dans des situations où elle faisait trop confiance aux bipèdes.

Car cet excès de confiance pouvait aboutir à des situations regrettables, et Shyven compris que c’était ce qui agitait Ivanyr depuis le début, après qu’il eut dévoilé être mal à l’aise en présence des dragons :

“J’ai… été Lié. Au dragon Cynoë. Je ne m’en souviens pas exactement c’est… un peu compliqué. C’était avant que je sois qui je suis, avant de devenir un vampire. Mais même sans souvenir je le… ressens toujours. Son absence. C’est… La plupart du temps, j’évite d’y penser, et ça va. Mais la compagnie d’autres dragons me le rappelle et j’ai tendance à… perdre mes moyens. Mais vous n’y êtes pour rien, et je suis sincèrement désolé de vous avoir fait mauvaise impression.”

Shyven arrêta sa petite marche, et baissa la tête. C’était une nouvelle assez inattendue. Et rendait la chose encore plus compliquée, dans la mesure où le fils de Lié-tout-chaud, ne semblait pas se souvenir de qui son dragon était.

La dragonne rose gratta le sol, pensive. Elle savait que le comportement de Cynoë avait été maintes fois discutées dans sa famille : Verith en tout particulier, semblait très franchement le détester. Mais la mort de l’un des leurs était toujours une terrible nouvelle pour tous les dragons.

Shyven estimait que l’on ne pouvait pas vraiment en vouloir à Ivanyr pour les actions de son lié, d’autant qu’en l’état actuel des choses, il ne pouvait s’en souvenir. La première réaction de la dragonne fut d’étendre une des ses ailes, et de tapoter doucement l’épaule du vampire avec, prenant bien garde de ne pas l’éborgner au passage avec une de ses écailles.

Kaalys lui avait dit que cela pouvait leur faire plaisir. Elle fit alors au jeune vampire :

“Je comprends. Mais vous savez, Ivanyr, vous n’avez pas à rougir de votre passé, ni à vous sentir mal à l’aise en notre présence.”

Elle replia son aile à soi, avant de reprendre une petite marche, et de se retourner vers le bipède et sa monture :

“Le Lien est un vaste sujet à débat, pour nous autres, pour tout ce qu’il crée et détruit. Si vous voulez mon humble avis, vous autres bipèdes, vous devriez continuer à le considérer comme une Bénédiction. -Shyven prit une rapide pause, avant de développer son argumentaire- Que l’un des nôtres vous estime suffisamment digne d’intérêt pour se pencher sur un bipède comme vous est un Présent, un Honneur qu’il convient chaque jour de remercier.”

Shyven se redressa sur ses quatre pattes, et leva la tête pour venir confronter le regard d’Ivanyr. Elle savait que les mots prononcés étaient forts, mais le Tribunal Vivant aimait bien ce jeune vampire. S’il semblait réceptif à ce qu’elle disait, elle comptait l’aider à se remettre sur le droit chemin :

“Je ne vous demande pas de faire une prière tous les jours à notre race, bien entendu, mais au moins restez digne, et fier, comme nous. Vous êtes l’enfant de deux dragonniers, vous l’avez été vous-même. Que pensez vous que Cynoë dirait en vous voyant ainsi ?”

Et si c’était les souvenirs qui manquaient, Shyven partagea les bribes de ce qu’elle pouvait trouver à son sujet via sa mémoire draconique. Le Tribunal Vivant n’avait jamais connu l’Améthyste personnellement, mais elle pouvait au moins aider Ivanyr de cette façon.

“Vous avez pu monter un dragon, alors si vous n’avez pas de souvenirs, concentrez vous sur les sensations. Comment vous sentiez vous, quand vous voliez avec lui ?”

Là encore Shyven aida Ivanyr. Les sensations étaient quelque chose de plus aisément transmissibles, alors elle décolla rapidement dans le ciel, et se mis à décrire des petits cercles dans le ciel, tout en envoyant tout ce qu’elle sentait au jeune vampire. Cela faisait peut être beaucoup, mais elle voulait qu’il se rappelle de cette sensation de puissance, de liberté, du vent qui passe dans les ailes et dans son cas, les cheveux.

“Vous n’êtes pas fait pour monter, fils d’Achroma et d’Aldaron.” Fit la dragonne, en pensant à sa monture actuelle.

Shyven revint vers le bipède, planant légèrement au dessus de lui, avant d'atterrir en face de lui :

“Vous êtes appelé à voler. Souvenez vous-en et redressez vous fièrement.”

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C’était la première fois que Liv évoquait à qui que ce soit ses tourments, et si c’avait été difficile, et remuait beaucoup de choses qu’il préférait généralement ignorer, c’était également, à son étonnement, un certain soulagement, comme si un poids avait été retiré de ses épaules. Il observa la dracène qui semblait réfléchir à ce qu’il venait de lui dévoiler, conscient qu’il s’agissait d’une révélation de poids, par bien des aspects.

Le Lien était sujet de fort clivage, tant parmi les bipèdes que parmi les dragons, et si Shyven était la fille de Kaalys, lié à son propre père, elle était également la petite fille de Verith. Liv ne le connaissait pas personnellement, mais il n’ignorait pas les positions plus que tranchées du Grand Rouge sur le sujet. Pour autant, il ne redoutait pas la réaction de la dragonne, qui n’avait montré jusque-là que bienveillance à son égard ; il était simplement curieux des pensées que sa confidence semblait lui causer.

Il fut étonné du contact de l’aile sur son épaule, mais offrit à la dragonne un mince sourire de remerciement, appréciant le geste. Lorsqu’elle reprit la parole en revanche, il pencha légèrement la tête sur le côté, attentif mais perplexe. Il ne pensait pas avoir à en rougir en effet, et son malaise n’avait rien à voir avec de la honte ou de la culpabilité. C’était plutôt comme un souvenir douloureux qui remonterait, mais dépouillé du souvenir pour ne laisser que la douleur, confuse et lancinante. Sans doute était-ce là un concept que la gent écailleuse, si éloignée des préoccupations des humbles bipèdes, ne pouvait pas tout à fait saisir. Néanmoins, elle tentait de le réconforter, et il apprécia l’intention.

La suite manqua de lui tirer un sourire narquois qu’il ravala de justesse, parvenant à conserver une expression neutre. Les dragons n’étaient pas connus pour leur humilité, il était bien placé pour le savoir, ne serait-ce que grâce à la fréquentation de Nahui, qui n’était pas la plus modeste de ses congénères. Et si en réalité il était d’accord sur le fond de ce qu’elle disait, ayant lui-même le plus grand respect pour les dragons, en l’occurrence il ne considérait pas que cela s’appliquait à lui. L’Honneur qu’elle mentionnait, et qu’il reconnaissait parfaitement à sa juste valeur, n’était pas sien : Nolan avait été un Dragonnier, pas lui.

Mais comment lui expliquer ? Pourrait-elle même comprendre ? Il en doutait. Même parmi les siens, ce rejet de son ancienne identité, cette séparation nette qu’il faisait entre Nolan l’humain et Ivanyr le vampire, était une particularité et pouvait soulever la curiosité voire l’incompréhension. Il se garda donc de l’interrompre, la laissant continuer en soutenant son regard lorsqu’elle vint le river dans le sien.

Elle avait raison sur un point cependant : il était le fils de deux dragonniers, et il ne leur faisait pas honneur en se comportant de la sorte, il en avait bien conscience. Mais il ne s’agissait pas d’un choix de sa part, simplement d’une réaction qu’il ne parvenait pas à contrôler…

Que dirait Cynoë ? C’était une bonne question, à laquelle il n’avait malheureusement pas la réponse. Il ne l’avait pas connu, pas lui, il ne savait quasiment rien de l’Améthyste en dehors des tragiques circonstances de sa mort. Il était sur le point de faire une remarque à ce sujet, mais à l’évidence Shyven y avait pensé elle-même, car subitement des images et des pensées assaillirent son esprit. Cynoë. C’était à la fois douloureux et étrangement réconfortant. Comme si soudainement le dragon prenait corps, cessait de n’être qu’un concept théorique et l’ombre qui poursuivait ses cauchemars pour devenir… des souvenirs. Pas les siens, certes, mais c’était déjà quelque chose.

Puis la douleur se fit plus lancinante, tant figurative, dans son cœur, que littérale, dans sa tête. Il n’était pas censé avoir ces souvenirs, son père les avait bloqués pour une bonne raison, et quelque chose en lui semblait comme lutter contre cette intrusion. Il les voulait pourtant, s’y raccrochait comme à un filin de survie, comme si c’était la chose la plus importante au monde, comme si ces souvenirs volés avaient le pouvoir de combler le vide qui le rongeait depuis son Éveil.

Puis ce fut terminé, et la dragonne reprit la parole. Avait-elle perçu la lutte intérieure qui l’avait agité ? Il n’en savait rien. De l’extérieur, rien n’en avait été visible, si ce n’est peut-être une raideur dans son expression. Shyven s’envola, et il la suivit du regard, jusqu’à ce qu’elle partage à nouveau avec lui, cette fois des sensations plus que des images. Il n’y pas de lutte ni de douleur cette fois, alors il se laissa porter, fermant les yeux pour mieux ressentir ce qu’elle lui offrait.

Il avait déjà volé, lui-même, lorsque ses pères et lui avaient quitté Sélénia, mais il n’était guère en état d’en profiter alors, en pleine fuite, tout juste éveillé. Il s’en souvenait, mais de manière confuse et trouble, imprécise, et les sensations que Shyven partageait avec lui ravivait éclaircissait ces souvenirs. Mais pas seulement, quelque chose d’autre lui revenait, ou tentait de le faire, de façon diffuse, comme un rêve vaporeux qui s’effilochait alors qu’il tentait de se le rappeler, mais qu’il ressentait vivement. Le vent dans ses cheveux. La fraîcheur des nuages. Les terres qui défilaient, si loin en bas. L’horizon infini. La liberté, totale et sans limite. Des sensations oubliées, mais à la fois si familières.

Il rouvrit les yeux, surpris et confus, lorsqu’elle reprit la parole. Pas fait pour monter ? Que voulait-elle dire par là ? Il l’observa atterrir, à la fois interrogateur et admiratif de la majesté de ses gestes, puis son regard s’éclaira lorsqu’elle précisa sa pensée. C’était un constat simple mais sans appel, indiscutable dans la conviction paisible avec laquelle il a été prononcé. Elle affirmait avec certitude et comme une évidence. Et alors qu’elle le disait, il le ressentait au plus profond de lui.

Il avait retrouvé son sourire, et il inclina doucement la tête dans sa direction, l’ironie du geste ne lui échappant aucunement, avant de relever la tête et de fixer son regard dans le sien. Il resta silencieux quelques instants, le temps de remettre un semblant d’ordre dans ses émotions et dans sa tête, de calmer tout ce qu’elle avait évoqué en lui et de revenir à la réalité, de retrouver les pieds sur terre. Il lui en faudrait davantage, plus tard, pour démêler tout cela au calme, prendre le temps de réfléchir à tout ce qu’elle avait dit et montré, et savoir quoi en faire exactement, ce qu’il était capable d’en tirer pour évoluer dans la bonne direction.

« Vous êtes pleine de sagesse, et je ne saurais vous remercier assez d’avoir eu la bonté de la partager avec moi. Il me faudra sans doute un peu de temps pour les appliquer au mieux, mais je promets de ne pas oublier vos conseils. Si rencontrer l’un des vôtres est toujours un honneur, vous m’avez apporté bien plus que je n’aurais su l’espérer, ni même que je ne réalisais en avoir besoin, et je veillerai à en faire bon usage, et à me montrer digne de la considération dont vous m’honorez. »

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