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Le 25/10 1761 à Caladon

Je n'ai pas dormi depuis plusieurs jours. Les nerfs me maintiennent éveiller depuis tout ce temps. Je montre les dents, grogne, cherche à mordre... Mon honneur à disparu depuis qu'on m'a forcée à monter sur ce navire. Des bipèdes aux visages pâles s'approchent de nous. Adossé contre le mur, je vois mes frères et mes soeurs. Tous proviennent de ma terre natale. Seul les plus fort on survécu...

On se défend, on tente de fuir, mais on nous rattrape.. On nous fouette comme si nous étions des animaux de foire. Certain s'approche pour nous voir de plus prêt, d'autre offre un sac de toile faisant un bruit particulier "ding-ding". A l'intérieur se trouve de l'or, beaucoup d'or... Ils nous commercent, leur vendent alors qu'on ne leur appartient même pas...

Pour la plupart d'entre nous, notre dos est recouvert de sang, teintant le sol et les murs. C'est comme un spectacle... Les plus petits bipèdes frappent dans leur main, leur visage se déforme pour afficher ce que nous appelons sourire. Des cris étrange sorte de leur gorge, comme si tout ceci était drôle. La rage et la haine montent de plus en plus.

Les journées sont longues, la nourriture se fait rare et nous offre encore moins de quoi boire. Ils comptent nous affaiblir pour qu'on soit plus docile, mais je ne me laisse pas faire... Je refuse... Malgré tout... Après plusieurs jours, cela fonctionne... Je n'ai plus la force de leur donner des coûts... Si faible... Je suis si faible...

La nuit, des visages pâles encore plus étrange viennent... Ils offrent des petits sac, contenant moins de pièce dedans. A chaque fois, il choisissait une femelle qui le suivait sous un drap suspendu par des bouts de bois et des fils. Je ne comprenais pas vraiment leur coutume, ni même pourquoi après avoir acheté une "esclave" il l'emmenait un peu plus loin... La curiosité m'avait poussé à écouter et observer, comme bon nombre de mes congénères. On se posait des questions... On voyait parfaitement sa silhouette, la femelle était enchaînée et allongé sur le sol, puis la lumière disparue... C'est à ce moment qu'on l'entendait hurler... Les oreilles droites, les pupilles rétrécit... On ne pouvait qu'imaginer sa honte... Le visage pâle lui menotta la mâchoire pour l'empêcher de hurler... Ses attaches étaient bien trop serrées, elle ne pouvait pas se débattre.

Après quelques heures, elle était revenue, la tête roulée dans son cou, elle se cacha en se mettant en boule... Plus rien ne pouvait la déshonnorer davantage.... J'espérais une seule chose... ne pas subir la même chose...

Les jours qui suivirent furent identiques. Par chance, j'avais réussi à garder un peu d'agressivité pour ne pas être choisi... A chaque fois, j'essayais de protéger la femelle qui se faisait choisir, par honneur, mais aussi par solidarité, car à ce moment précis, ça aurait pu être moi... Je me suis reçu plusieurs coups de bâton, au point de m'assommer...

Mais ce jour-ci fut particulier. Car malgré ma fougue pour ne jamais être vendu, le marchand avait tout de même réussi à me vendre un bon prix. Un peu moins que les autres, car sinon il ne m'aurait jamais vendu, mais il a fait un coup de maître, deux Graärhs... Les pattes liées, je grognais de mécontentement alors que le visage pâle nous menait vers notre nouvelle demeure.

Dernière édition par Nyana Valthana le Mar 18 Aoû 2020 - 17:50, édité 1 fois

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Que mes prières soit entendues. Mes Esprits-Liés, je sais que vous êtes contre moi, que vous êtes là pour moi. Je sens tout le courage qui vous enveloppes et vous enivres. Je suis effrayée par la situation, mais je ne peux qu'entendre votre soutiens. Par tous les Esprits-Liés, je regarde les étoiles durant les nuits et je ne désespère pas. Jamais. Si cela doit être mon destin, je l'accepterai sans broncher. Je crois en vous, je ne vous abandonnerai pas. Je remercie le ciel pour votre courage et votre sincérité.

- Qu'est-ce qu'on a là ?

Tout ces bourdonnements. Toutes ces voix que ne je comprend pas.

- Des Graärhs, on les a récupérer il y a plus d'une semaine maintenant. Certains n'avaient pas encore conscience de l'avancée de la piraterie sur le propre terre.

- Il y en pas mal dans cette cargaison.

Arrêtez...

- Tu parles, y'en o po mol qui sont crevés, j'croyais qu'c'était robuste ces bêtes lo.

Arrêtez...

- T'en que ça me remplie les poches, on fait le sale boulot que je sache.

STOP.

Je ne tenais plus debout. Le soleil me brûlait les yeux. Eux qui était resté si longtemps dans l'obscurité des barques flottantes. Est-ce c'est moi qui sent ainsi ? Est-ce que se sont mes bras ? Hébétée. Désorientée. Affamée, assoifée, tout ce que vous voulez. Mais par pitié, cessez de jacasser.
Je tremblais si fort que les premiers pas sur le ponton de bois me paraissait impossible à faire. J'avais compris que nous avions été dépouiller de tout. Les Graärhs qui se trouvaient contre moi étaient pour la plupart affaiblies comme moi, mais leurs regards étaient brûlant d'une haine que je ne pouvais pas avoir la force de porter. Pendant ces instants de totale perdition, je me récitais que j'étais en vie et c'était le principal. Combien se font battre ? Pourquoi nous font-ils ça ? Nous ne sommes pas des animaux. Arrêtez.
Ces quelques jours dans le port de Caladon, que je connaîtrais le nom que bien plus tard, furent terrible pour mon esprit. Les fers de mes poignées me faisaient atrocement souffrir. Des cloques s'étaient formés en partie avec un goût salée dans la bouche. Le soleil de ce monde me détestait. Les sans-peaux arrivés sans un bruit le jour, palpitant de mille mots et de mille pièces. La nuit, les étoiles avaient du mal à me rassurer à cause de ce qui se passait. J'étais dépassée, perdue dans un autre univers. Pourquoi mon corps avait tenu jusque là ? Je l'ignorais. J'ignorais les mauvais regards de ma propre espèce pour m'enfermer dans une coquille vide.

- Et celle-là ? C'est pas un mâle avec sa taille.

C'était le quatrième matin où deux petits regards perfides s'étaient penchés sur mon sujet. Ils parlaient d'une voix couinante et désagréable. Ils parlaient bien trop fort. Arretez.

- Va pas mourrir ?

L'un d'eux venait de me soulever comme si je n'avais été qu'un vulgaire chiffon.

- Il mord pas en tout cas.

- Il m'en faut un costaud.

- Mais une fois qu'elle aura repris du poil de la bête, elle pourra être très utiles, regardez ses yeux. Et ses petits membres, elle fera pas d'mal à une mouche.

Arrêtez.

- C'est d'accord. Mais Monsieur Iyutred voudra qu'elle soit dans un état présentable.

- A ça mon bon monsieur, ce n'est plus de notre ressort.

Les deux étaient partis sans que je ne comprenne un sens. Je les voyais. Les Graärhs quittant le port sans jamais revenir. Il fallait bien que ça soit mon tour.

C'était la peur au ventre que j'avais compris que l'on m'avait vendu. Je quittais le port aux odeurs monstrueuses en compagnies de trois autres Graärhs. Nous étions ballottés dans une cargaison tordue. Je n'osais regarder personne. Les yeux devant mes pattes ensanglantées sans plus aucune énergie. Le véhicule s'était arrêté une première fois. Nous donnant presque paradoxalement un peu d'eau pour nous nettoyer et quelques bouts de viandes pour nous redonner de la force. Un jour à nous rendre présentable, l’effroi sur ma tête. Les autres semblaient si furieux. Puis deux nous quittèrent. Pas vers le doux chemin de la mort mais vers leur nouvel avenir. Il ne restait plus que moi et une Graärh au visage fermé  par la rage. Ballotée, encore et toujours jusqu'à arriver vers le véritable tournant de notre vie. C'était à l'arrière d'une immense demeure qu'on nous avait ordonné de descendre. J'avais regardé le bipède m'enlever les chaînes puis j'avais regardé de la même façon un autre me souder un anneau doré autour d'un bras. C'était sans surprise que j'étais entrée à l'intérieur avec la Graärh bouillonante pour y découvrir une cuisine bourdonnant de Graärhs aux travailles.

- Sa empeste encore la nouveauté ici.

Une Graärh avec une longue cicatrice sur le museau m'avait regardé avec mépris.

- Qu'est-ce qu'on a là ?

- Au travail bande d'incapable !

Il s'agissait d'une Graärh à la voix bien portante.
Elle était arrivé vers nous, les pattes sur les hanches, le tablier enfariné.

- Va falloir manger ma ptite, ici, on se la coule pas.

La Graärh méprisante du début s'était approchée le poil hérissée. Je ne sais pas ce qu'elle voulait, elle regardait la femelle d'à côté avec une hargne incomprise.

- Tala, ferme-là.

Voilà comment je suis devenue une esclave.

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On avance, et nous force à monter sur quelque chose. Le temps défile, on s’éloigne de l’endroit où nous nous trouvons quelques minutes plutôt. Les autres Graärhs descendent au fur et à mesure, puis ce fut notre tour. La femelle rousse était la première à descendre. Je la suivais avec attention, parce que je n’avais pas le choix.

On entra dans l’antre de force, où se trouvait d’autres femelles comme nous. Mais contrairement à moi, elles ne cherchaient pas à s’enfuir… Elles étaient contre nous… Comment était-ce possible ? Comment pouvait-elle faire une chose pareille ?

La mâchoire serrée, je pousse des grognements envers la femelle qui commence à râler. Je pousse la petite qui n’a que la peau sur les os d’une telle force, que je n’avais pas remarqué qu’elle était tombée sur le sol.

Montrant les dents, j’étais à deux doigts de lui montrer de quoi j’étais capable. Elle avait peut-être accepté de souiller son honneur, mais pas moi… Si elle osait encore une fois lever le ton, elle risquerait de voir ses tripes à l’air…

« Qui es-tu pour parler de la sorte ? Tu n’es pas notre Aaleeshaan, alors redescend sur terre, avant que je te fasse avaler ta queue ! »

Je ne comptais pas rester ici toute ma vie, et encore moins ce soir. Lui tournant le dos, je me dirigeais vers al sortit pour prendre le large et rentrer chez moi. Mes chaînes étaient brisées, et je comptais bien fuir d’ici et retrouver ma terre natale. Beaucoup ont dû essayer, mais je serais la première à réussir…

Depuis le temps qu’elle était là, son entraînement avait disparu, enfin en logique. J’avais donc le dessus sur cette femelle et je comptais bien lui prouver si elle désirait me chercher des puces.

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Je ne savais pas quoi dire. Une partie de moi avait envie d'hurler, l'autre partie restait là, s'en rien dire, la queue touchant fébrilement le sol. Alors, cela allait-être ça ma vie ? Etre comme tout ces Graärhs ? Ils avaient pourtant vécu la même chose que moi, comment pouvaient'ils rester là, sans rien faire ? Combien y avait-il de Graärhs travaillant déjà pour ces créatures cruels ? La femme qui se nommait donc Tala avançait toujours malgré les sanctions verbales de l'autre femelle. Sans que je ne comprenne rien, je me retrouvais empoigné par les épaules puis jeter par terre. D'un autre temps, oui, d'un autre temps, je ne me serai pas écrouler ainsi mais je remarquais réellement à quel point mon corps était fatigué. L'autre femelle aux yeux lançant des éclairs lumineux depuis le port avait le poil si hérissé que je ne me serai en aucun cas risqué à la déranger dans son insulte envers Tala. Elle faisait partit des réels Graärhs. Ceux qui savait encore qui ils étaient. Sa voix, son regard, tout dans son attitude me disais qu'elles allaient se sauter dessus dans quelques secondes. Mais non.

J'observais en clignant des yeux la grande femelle sombre s'éloigner vers la porte menant vers la cours d'où on était apparue.

- Tala, tu sors de cette cuisine ! Je crois que Madame t'as demander des courses, alors vas-y avant que mon courroux de s'abatte sur toi !

La Graärh au tablier avait les griffes bien en évidence. Si je me redressais doucement, Tala qui je pensais allait suivre la femelle en rage, se détourna d'elle en levant les pattes vers le haut.

- Elle ne fera pas long feu. J'croyais qu'on était assez chez cette famille de taré. Maya... c'est la dernière fois que tu me donnes un ordre.

Étonnament, cette Maya au tablier enfariné m'aida à me tenir convenable. Elle secouait la tête d'un air excédé.

- La...la...

- La quoi ? s'énerva Maya.

Je montrais d'une griffe la femelle qui sortait par la porte.

- Elle n'ira pas bien loin.

Je me décidais de la rattrapper doucement en l'appelant par... je ne savais quel moyen.

- Reste ! Il faut rester.

Couper par un coup sur l'épaule, on me remettait des vêtements d'une couleur si pâle qu'on avait tout de suite envie de pleurer en les observants.

- Et toi la tigresse ! Avant de t'enfuir pour tomber sur un monde bien plus horrible dans ce coin, je te conseil de manger un bout et de prendre ton service. Si tu veux pas d'explication, toi seule prendras les coups.

Je lançais des yeux ronds à Maya qui me montrait un escalier. Je n'avais pas envie que quelqu'un d'autre ne soit blessé. J'espérais que la femelle sombre ne ferait pas d'imprudence mais je n'avais rien à dire pour ne pas l'enrager encore plus.

***

Je commençais à comprendre les instructions. Je savais ce que je faisais ici. La Graärh qui était arrivé en même temps que moi était toujours là. Les journées défilaient, la vie défilait et rien, plus rien ne m'inspirait vraiment. Je ne parlais à personne. Je mangeais peu, même si mon corps reprenait son aspect véritable. Je travaillais, c'était tout.

Un matin, avant même que l'aube ne pointe son museau, tout le monde était réveillé. À l'époque de mon arrivée, je dormais dans une grande pièce avec de nombreuses autres domestiques. Une grande réception allait avoir lieu ce soir là et tout devait être parfait. J'avais commencé par faire les poussières dans les pièces habituelles, en chantonnant des airs de ma tribu. Il n'y avait personne à part moi et mon plumeau. Ma voix. Oh, s'était bien la même qu'avant, je n'avais pas perdue cette partie là de mon passé au moins. Ma rancune envers mes deux boucles d'oreilles qui signifiaient tant n'avait pas diminué. Tout comme l'envie irréprochable de retrouver Néthéril. Les miens. Qu'étaient-ils devenus ? Ma famille ? Même si nous nous étions séparés pour vivre chacun de notre côté, j'avais très envie de les revoir aujourd'hui. Je ne pouvais qu'espérer que tout irait bien pour eux. Si eux allaient bien, alors se retrouver ici n'était pas important... enfin.

- Tu chantes quoi ?

Mes poils s'étaient dressés soudainement à l'entente d'une petite voix derrière moi. Je ne comprenais pas encore leur langage. Ces humains. Mais je déchiffrais certaines données avec leurs gestes et attitudes.  Crispée, je m'étais retourné les oreilles en arrière. Découvrant une jeune petite femelle avec une longue tignasse blonde perchée sur sa tête. Les petits de la famille que je servais, étaient de véritable monstre. Sauf cette petite. Comment se faisait-il que je ne l'avais pas entendu ? Il n'y avait rien à faire, je ne pouvais bien évidemment pas comprendre, ni même tenter un quelconque dialogue.
L'enfant était resté plusieurs minutes dans le silence froid de la pièce. Son sourire me rendait nerveuse. Mais lorsqu'au bout de sa quatrième tentative de mime pour me faire reprendre ma chanson, j'avais repris mon conte.

Je me souviens très bien de ses yeux rêveurs. Encore maintenant. Mais, inconsciemment, je venais de faire une terrible erreur. Quoique... La véritable rencontre avec Nyana était aussi grâce à ce chant, n'est-ce pas ?


Le soir même, j'étais de service pour cette grande réception.

- Connaissez-vous les chants des lointaines tribus du Sud mon vieil ami. J'ai là une merveilleuse danseuse et ici une chanteuse qui paraît-il serait bien nous satisfaire après cette musique lente.

C'était cet homme qui nous avez acheté. Il s'était adresser à un grand aristocrate au ventre trois fois plus volumineux que sa petite tête. Sur le coup, je n'avais même pas fait de lien sur toute cette histoire. Je me souviendrais pourtant toujours de leurs petits yeux.

- Depuis quand les esclaves savent-ils divertir par le chant et la danse ? Avait rigolé le gros bougre.

C'est pétrifiée jusqu'aux os que je devais depuis ce jour, chanter pour les bons plaisirs de Monsieur.

***

Des jours passèrent, ou j'étais constamment enfermé dans cette bulle sans oxygène. Dommage que ce fameux jour, un plateau de sauce piquante m'échappa pour venir asperger ce même gros homme que lors de ma première représentation. Cette erreur, voilà qui allait changer la donne.

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Rester ? Et puis quoi encore… Je n’allais pas rester dans un endroit à l’odeur pestilentiel… C’est en poussant un long grognement, que je gardais la tête à l’extérieur de l’antre. Nous étions plus grands qu’eux, plus fort, plus rapide… En quoi on se laissait dominer de la sorte ? Notre espèce est puissante, en agissant comme des larbins, nous faisons honte à nos ancêtres…

Je continuais mon chemin vers l’extérieur, allant jusqu’à la barrière d’herbe qui était censé représenter notre clôture. J’allais pour sauter par-dessus et fuir, mais je sentis une chose se mettre autour de mon cou et serrer avec une telle violence que mes griffes sortir naturellement…

Tombant en arrière à cause de la surprise, deux visages pâles avec des poils vers la gueule tirèrent de toute leur force. D’autres bipèdes lancèrent des filets pour me mentir à terre, en immobilisant mes membres pour pas que je les blesse…

Ils m’enfermèrent durant quelques jours dans un endroit humide sans me nourrir pour m’affaiblir, mais cela ne faisait que croître ma haine enver eux… Après avoir passé trois jours dans cette seconde prison, on me laissa sortir en m’enchaînant comme un animal pour que je reste tranquille et surtout, par peur que je blesse des Graärhs, mais aussi leur progéniture.

Les bipèdes avaient reçu l’ordre de ne pas m’approcher, on m’avait mise dehors à couper du bois pour ce qu’il appelait une « maison ». De temps en temps, les femelles me donnaient de la nourriture que je refusais en grognement comme à mon habitude… Chaque soir, je cherchais le moyen de partir, chaque soir, j’échouais et l’on me battait pour me contrôler… Seulement, il y a une chose qu’ils n’avaient pas encore compris, c’est que jamais, l’on ne pourra m’apprivoiser…

Les jours qui suivirent étaient longs… On m’avait placé dans une pièce avec la faible la nuit, en espérant qu’elle puisse m’apaiser et permettre aux humains de me contrôler comme ils le désiraient… Nuit après nuit, je continuais à tenter de fuir, et chaque échec se terminait de la même manière. Je ne lui adressais pas la parole, pas plus aux autres… Je continuais mes tâches la journée, faisant croître ma force physique à force de couper des bouts de bois pour chauffer la maison.

Un jour, d’autres bipèdes étaient venus, on m’avait obligé de rester dans la cuisine avec les autres Graärhs pour ne pas faire de grabuge… La faible qui dormait avec moi était de service ce soir là… Avec le temps, j’avais appris à l’apprécier, enfin un peu, enfin non… Elle me faisait pitié… Oui, c’est ça, j’avais pitié d’elle, de sa faiblesse… Cela m’énervait…

A peine, elle était sortie de la cuisine, qu’un bruit retentit jusqu’à nos oreilles. J’entendais un bipède se lever, hurler des propos que je ne connaissais pas. Pourquoi me suis-je levée ? Ce ne sont pas mes affaires… Mais je l’ai fait, je me suis précipité vers elle… Montrant les dents, alors qu’il tenait la chose, avec laquelle il me frappait, je pris mon élan pour pousser le gros qui était couvert de sauce, laissant mes griffes, parcourir légèrement, sa chair, déchirant sa chemise qui était trop petite pour lui, faisant perler le sang sur le sol. Le poil hérissait, les dents en avant, je n’allais pas me laisser faire…

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- Je vous demande pardon. Oh seigneur, pardonnez-moi.

Les mains en l'air, d'abord ahuris, le gros bout d'homme serra les poings.

Je tremblais, les yeux aux bords des larmes. Il fallait garder prestance et dignité. Le silence n'était que plus pesant dans la pièce. Personne, personne pour me dire quoi faire, pour m'apporter un chiffon, pour venir m'aider. Seulement des petits regards perçants et d'autres de la même forme que les miens plutôt fuyant. Comment j'avais pu ne pas faire attention ? J'étais pourtant toujours concentrée, faire aucune erreur pour ne pas avoir de problème. C'était le devoir de tout esclave. Ne pas décevoir.
Mes gestes paniqués pour enlever la sauce cessèrent tout mouvement. "Ne pas décevoir". Désorientée, totalement, mais une poigne ferme me réveilla à nouveau.

- Excusez-là mon cher ami, tout ceci n'est qu'un vulgaire malentendu. Je vais vous donner un de mes hauts favoris, allons dans mon bureau pour terminer l'accord au moins.

- Vous vous fichez de moi Harrys ? Nous devrions rentrer, venez ma chère, je n'ai pas prévue de conclure quoique se soit ce soir. Il serait temps de dresser ces bêtes où ils finiront par faire chavirer votre navire.

Mon regard croisa une demi-seconde celui de mon maître. Il avait l'air horrifié. Mais... ce n'était qu'un peu de sauce ? Non ? Plus terrifiée que jamais, je me recroquevillais en reculant la tête basse lorsque le gros noble me poussa d'un seul doigt écœuré.

- C'est avec ça qu'on apprend de ses erreurs ? Je vous croyez connaisseur du débourrage des chevaux ? Eh bien vous vous êtes ramollis, c'est une honte, une honte.

Comment mon maître se laissait-il faire de la sorte ?

- Elle sera vivement puni mon ami.

Sans que je ne comprenne plus rien à la situation, une Gräarh plus grande que moi s'interposa, les poils hérissaient, les crocs à découvert et en une seconde, le gros était per terre gémissant des insultes, notre maître totalement désemparé et moi au milieu de la scène. Nyana. Comment ne pas se souvenir du nom de la Gräarh qui était arrivée avec moi. Mais... il fallait absolument faire quelques choses ! Elle ne devait pas prendre pour moi, ce n'est qu'une SAUCE !
Le chaos, la salle était plongé dans le chaos.

Je plaçais une main plus que tremblante sur l'épaule de la femelle sans avoir peur de me recevoir un coup de griffe. Il fallait calmer cette rage. Elle venait à mon aide, c'était à mon tour. Trop tard, le nobliaux se relevait, ou du moins essayait avec sa bedaine le visage devenue bleu. Si le sang lui montait à la tête, il allait falloir faire quelque chose avant qu'elle n'explose.

- Mon amour ! S'était écriée la femelle du gros.  

C'est en hurlant des injures qu'ils quittèrent la pièce. Plus d'humains, seulement un énorme silence.

- Pour...pourquoi avoir... il ne fallait... je, merci.

Tout ce stress me faisait perdre la parole. La porte plus loin claqua et des pas furax s'avançèrent.

- Harrys, que fais-tu ?

- J'ai fait la pire affaire du siècle en achetant ces esclaves entendais-je de plus en plus proche.

Je ne comprenais pas encore tout le langage humain, mais je comprenais au moins la situation. Nyana allait avoir de terrible ennuis et moi avec. C'est avec des yeux complètement terrifié que je me retrouvais par terre par la Gräarh. Maître Iyutred ne se chargerait pas tout seul de Nyana, il en avait peur, cela se voyait sur chaque partit de son corps. Mais c'est lorsqu'il obligea deux autres Gräarhs travaillant dehors à l’attraper que je paniquais à nouveau. Notre maître souhaitait l'emmené dehors sûrement pour l'attacher pendant un temps voir pire. Je ne savais pas quoi faire !

- Arrêtez.

- Nettoies pauvre cruche.

C'était une autre esclave qui me lançait un regard noir.

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On m’attrape, on me traîne dehors, ils sont plusieurs et je continue de grogner avec force… Ils ont peur, je le ressens au fond de moi… Je me retrouve attachée au fond du jardin, bâillonnait comme un animal… Les autres Gräarhs me regardent, ils s’en foutent complètement… Tous des traites… Ils sont tous des traîtres, aucun d’eux ne mérite leur pelisse…

Je tentais de me défaire, mais les liens étaient bien trop serrés… L’homme qui nous avait acheté, s’approcha avec son instrument de torture, il me lançait des regards plus que sombre, il se sentait enfin supérieur à moi… Si lâche… Les visages pâles sont tous des lâches…

Il commença à me fouetter, mais jamais je ne poussai de cris… je me refusais de lui offrir ce plaisir, je serrais les dents alors que le fouet arrachait mes poils, faisant couleur le sang sur mon pelage sombre… Il ne s’arrêta qu’après avoir appliqué une centaine de coups, puis partit en me laissant ainsi, il avait ordonné a ce que personne ne me détache…

Je souffrais, mais mon ego souffrait bien plus encore de ce qui m’arrivait… Les heures furent plus que longue, ma vue se brouillait et la rage l’emporta de nouveau… Un rugissement de colère sortit de ma gorge, je me jurais intérieurement de me venger… De tous les détruire…

La fatigue me gagna peu de temps après, mon sang s’écoulait toujours sur le sol… Quelque chose me réveilla, je sentais quelqu’un, une odeur que je reconnaissais parfaitement, au début, un léger grognement se fait entendre, puis je compris que cela ne servirait à rien… Cela me faisait mal au début, mais doucement, ça me faisait du bien…

« Qu’est-ce que tu fais… »

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Tout se passa très vite. Je passais d'un ouragan dans la pièce à un calme effrayant. Seuls les battements de mon coeur apportaient le vacarme dans la grande salle à manger. Quelques serveuses s'empressaient déjà de remballer les assiettes et les plats. Maya la cuisinière allait piquer la crise du siècle en voyant tout son travail revenir sans avoir été touché. Et moi. Qu'est-ce que je devais penser ? Qu'est-ce que je devais faire ?

Je m'accroupissais, les pattes toujours tremblantes pour entamer le désossage du sol. Cette fichu sauce. Je n'osais pas penser à ce qui était en train de se passer dehors. Une immense culpabilité m'enveloppait au fur et à mesure que je continuais mon nettoyage. je me demandais pourquoi la Gräarh  s'était interposée. Pourquoi ? Elle qui était toujours si en colère. Si vengeresse. Alors que moi, j'étais la pire Gräarh de Tiamaranta. Des voiles surprenantes de mon ancienne vie commencèrent à défiler plus je nettoyais. C'était pas ça la vie que j'avais décidé de mener. La fierté est l'honneur était les deux choses les plus importantes chez notre espèce. Alors qu'est ce qui avait fait que les Esprits-Liés ne m'offrent pas ce privilège comme les autres ? Qu'est-ce qui clochait chez moi ?
Je cessais mes mouvements. Regardant le bout de mes griffes, les membres lourds. Puis les maîtres revinrent. Les esclaves aussi. Sans de Nyana en vue.

Madame malgré son air ahuris et ses manières, n'avait pas souhaité d'autre violence pour le soir, ce qui avait donc était une aubaine pour moi, enfonçant un peu plus ma culpabilité. Comme je me l'étais imaginée, Maya grognait à s'en tirer les oreilles. Je montais une fois le service dans la petite salle froide pour me rouler en boule et lâcher quelques larmes. Puis j'attendais. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil. C'est bien plus tard, alors que j'avais l'impression que l'on me rongeait de l'intérieur que j'ouvrais les yeux décidés. Entourée des petits ronflements autour de moi, je m'enveloppais de mon tissu rouge pour faire ma capuche et je descendais dans un silence que je savais faire, les escaliers. La cuisine était vidée de toute vie. C'était presque surréaliste. Je prenais un tissu qui traînait par là pour le tremper dans de l'eau froide et je prenais le chemin du jardin. Le froid de l'automne dehors me faisait hérisser le poil. Et comme un éclair dans un orage, je ressentais une décharge d'émotion devant la Gräarh qui m'avait aidé. Elle était si mal en point... Et tout était de ma faute... Ma faute.

Je m'approchais doucement d'elle, tel une petite souris et je posais délicatement le tissu sur son dos meurtries. Si elle dormais, son grognement accéléra mon coeur mais je continuais mon travail. Plus je nettoyais ses écorchures et plus je retrouvais des gestes de Kisaan. Mes gestes.

J'essorais un peu le tissu en entendant sa question. La queue et les oreilles basses, je ne répondis pas tout de suite.

- M... Nyana. Je... je ne voulais...pas que... que tu... quelqu'un souffre pour moi... je ne le mérite pas... je suis faible. Mais comment te remercier ? Le courage... que tu as eu ce soir, était très beau. Continuais-je en reprenant mon travail. Je m'en veux... si tu savais. Les marques que tu as là, c'est moi qui aurais dû les avoir. Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?

Je me plaçais devant elle, en m'agenouillant pour pas qu'elle n'ai à lever la tête trop haut. Plongeant mon regard dans le sien. J'y voyais la fatigue et les flammes de la vengeance.

- Merci en tout cas.

Oui... les Gräarhs ne disaient pas ce genre de choses, j'en étais consciente. J'apportais une griffe sur mon coeur et la pointait vers le front de la belle.

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Au mot faible, je me sentis partir légèrement… Un profond grognement sortit de ma gorge… Comment pouvait-elle dire une telle chose ? Pourquoi ? Pourquoi cela devait-il m’arriver ? Moi qui étais une pure Gräarh… Comment ai-je pu tomber sur ce genre de créature ? Aussi maladroite, aussi naïve et tremblante qu’une feuille ?

Si je le pouvais, j’aurais arraché mes chaînes et pris la femelle par la gorge, tout en lui montrant ses quatre vérités… Elle faisait honte à notre espèce comme tout ceux qui se trouvait ici… Jamais elle ne devrait dire une telle chose, elle aurait dû montrer sa force… Moi-même, je ne savais pas pourquoi j’avais fait une telle chose, je venais de me prendre des coups pour elle, alors que nous ne nous connaissons même pas…

« Comment peux-tu dire une telle chose ? »

Mon regard croisa le sien, je ne baissais pas le regard, faisant en sorte de garder le dos droit, pour me faire un peu plus grande. La force de notre peuple ne se tient pas a de simple légende, ni même a notre force physique, c’était bien plus que ça… Pour nous, pour tout notre peuple, je serais prête à me lever maintenant, même à moitié crever, je ne faiblirais pas devant ces bipèdes…

« Qui sommes-nous ? On nous à tous pris, absolument tout… Comment peux-tu accepter tout ça ? Pourquoi ne peux-tu pas te lever et défendre ce qui nous appartient ? Reprendre ce qui nous a été volé ? Protéger notre mémoire de notre sang ! »

La colère me submergea, je n’arrivais plus du tout à me contrôler, mon poil se hérissa sur tout mon corps, ma respiration devenait plus forte et rapide… L’envie de tuer, l’envie de rentrer vivait encore au fond de moi… Mon rythme cardiaque s’accélérait, comme si on venait de m’injecter quelque chose dans le corps. Je forçais de toutes mes forces pour détruire les cordes qui me retenaient, forçant encore et encore. Puis mon regard se porta de nouveau vers la femelle et ma voix se faisait plus forte, comme si je cherchais à la réveiller, à lui faire comprendre son crime et pourquoi je m’énervais contre elle…

« Alors ?! Qui es-tu ? »

Je me fichais si je réveillais tout le quartier, ou même nos maîtres, mais elle devait comprendre ce qui coulait dans nos veines, ce n’est pas n’importe quoi…

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L'agressivité qui se dégagea de la femelle me fit reculer de quelques pas. Je fermais les mains avant de regarder le sol, mes genoux se collant à la terre. Puis je relevais la tête pour affronter son regard. Sûrement de colère, de jugement, de pitié... comme tout les Gräarhs depuis le départ de notre île. Comment pouvais-je dire une telle chose ? "Reynagane, rêves-tu ?"
Mais Nyana n'en avait pas fini avec sa colère et sa haine. Le venin devait sortir de ses veines pour repartir avec les idées clairs.
J'entrecroisais donc mes doigts griffus en inspirant. J'entendais sa peine dans ses propos d'incompréhension et de rage. Tout ce que disait la Gräarh était véridique. Longtemps je m'étais posé ces questions. Dès le départ de notre tribu et l'enlèvement des pirates à vrai dire. On me demandait comment je faisais ?

Je ne le savais pas.

On me demandait pourquoi je n'étais pas en colère ? Pourquoi je ne défendais pas ce qui pouvait l'être ?

Un soupir s'échappait de ma gueule alors que Nyana avait fini. Si mon espèce s'enfonçait dans la rage, qui pourrait nous sortir de là ? On me demandait toujours les mauvaises choses. Mais qui étais-je ? Le vilain petit canard suivit par une étoile incomprise. La réalité était que...j'étais perdue dans un monde bien plus vaste que ce que je pouvais imaginer dans mes plus profonds rêves.

« Alors ?! Qui es-tu ? »

- Protéger notre mémoire. Nyana, les Gräarhs se sont perdu il y a bien longtemps.

Les grands vestiges en étaient la preuve incontestable et le peut que j'avais pu observer m'avait toujours intrigué. La vie en avait seulement décidé autrement.

- Au fond...je suis certaine que chaque chose qui nous arrives était déjà écrit quelque part...tu es en colère Nyana.

Je l'a regardais en penchant légèrement la tête sur le côté tout en affichant mon plus mignon sourire.

- Mais ce qu'il y a là-dedans.

Je lui pointais maintenant une griffe vers son cœur.

- C'est pure et sincère. Je ne vois pas la colère, non. Je n'agis pas ainsi pour me montrer impolie envers notre peuple. J'agis ainsi parce que le monde est déjà noircit par la haine et la colère et je refuse d'y ajouter ma part. L'espoir ne rime pas avec la rage et je préfère croire que sombrer. Qui es-tu me demandes tu ? Je suis Reynagane Shäa tout simplement.

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Disait-elle perdue ? Étions nous vraiment perdue ? A cette révélation, mon sang ne fit qu'un tour dans mon corps, et j'avais tenté de la charger, mais les chaînes m'avait retenu... Pourquoi disait-elle une chose pareil? Oui, j'étais en colère, oui, je voulais me venger plus que tout au monde... Pour notre peuple, pour notre honneur... Elle en avait rien a faire de nos croyances... C'est ce à quoi elle me faisait penser...

Cherchant à la mordre, lorsqu'elle posa sa griffe sur moi, je n'avais plus autant de compassion pour elle qu'avant... Elle me m'était dans un état de colère hors norme... je ne pensais pas être aussi déçus par une de mes congénère, aussi humilier de toute ma vie... Elle ne méritait pas ce que j'avais enduré pour elle... Je ne le compris que maintenant, et pourtant je n'arrivais pas lui faire du mal...

« Tu n'es pas l'une des nôtres... Tu ne le sera jamais... Ce sont ces créatures qui nous ont attaqué, nous vivions en paix, et ils sont arrivé, ils ont massacré bon nombre d'entre nous... As-tu oublié notre histoire ? Ce que nous avons vécu, subit ? Ils se sont imposé, se croyant maître de nos terres ! Il y aura toujours de la haine pour eux, et je les tuerais sans aucune honte... Mais si tu te trouves en face d'eux à ce moment-là, je ne te considérerais jamais comme étant une vraie Gräarh ! Ton Aaseelsan serait tellement déçus de toi... Comment pourras-tu la regarder dans les yeux après ce que tu m'as dit ? Comment verras-tu ton peuple qui se bat jour après jour pour défendre ce qui nous tient à coeur ? Tant de vie perdue pour rien... »

Mon regard qui était remplis de haine se détourna d'elle... Je ne voulais plus la voir, ni même lui parler... Je pensais qu'elle avait un peu d'estime pour nous, pour notre culture, mais non... Je ne pouvais pas dire à quel point j'étais triste, déçus par elle... Ca me faisait plus mal que je ne l'aurais crus. En temps normal, j'aurais ris, car ce la me ferait ni chaud, ni froid, c'était sa décision, mais je compris seulement maintenant, que je m'étais un peu attaché à elle. Et je venais tout simplement de la menacer de la tuer si elle les choisissaient, eux plutôt que moi... Voilà ma vérité, voilà qui j'étais... Une femelle qui voulait rentrer chez elle... Une âme perdue entre deux mondes complètement différent...

« Vas-t'en... je ne veux plus te voir... »

Voilà notre fin... seul le destin nous diras si nous deviendront ennemis ou allié...

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J'écoutais la colère de la Gräarh se déverser autour de moi. Je baissais les yeux petit à petit, hochant la tête brièvement. Tout ce qu'elle disait été vrai. Je me sentais réellement utile en tant que Kisann, mais depuis que l'on m'avait enlevé de tout but, il était vrai que je n'étais plus comme eux. Emballé par la rage et la colère, tous avaient sens doute survécu grâce à cela. Moi, alors que la mort aurait pu venir plus d'une fois m'effleurer, je commençais à me dire que c'était bien la foi et une bonne étoile qui m'avaient sauvé.

Je ne pouvais rien répondre de toute cette vérité. J'avais dit ce en quoi je croyais et jamais, jamais on ne pourrait me retirer mon espoir. Peut-être que les mots de la femelle m'avait éclairé sur un certain point. Le jour où l'espoir en aura fini avec moi, je ne serai plus qu'une coquille vide.

"Vas-t'en, je ne veux plus te voir".

Les oreilles tombantes, j'essorais une dernière fois le tissu taché de sang maintenant, et je me relevais en époussetant ma robe.
M'éloignant, je sentais étrangement mes esprits-liés plus proche de moi en ce milieu de nuit. Voilà qui me réchauffait le coeur. Sans eux, je n'étais plus grand chose effectivement.
Arrivée devant la porte, je me retournais une dernière fois devant cette Gräarh, la tristesse me serrant le coeur. Le chemin allait être long et beaucoup ne pardonnerez pas. Devant cette image que j'avais, j'étais sans doute la Gräarh la plus aveugle de l'archipel...

- Ne perd pas espoir Nyana. Nous retournerons sur Néthéril.

Entrant dans la demeure, je me rendais compte seulement maintenant que mes griffes avaient troué le tissu rouge tant mais mains s'étaient crispées. Oui, je ne serai pas esclave toute ma vie. Et Nyana ne le restera pas non plus. Une grande histoire devait s'écrire, c'était sûr.

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