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¤ Otarie qui rira le dernier ¤

8 mars an 1764 du troisième âge

Nathaniel était à bord de son navire, le Maelstrom, amarré au port de Nevrast. L’elfe sombre se trouvait plus précisément dans sa cabine, de loin la pièce la plus luxueuse du bâtiment. Le forban se tenait devant l’une des bibliothèques que comptait la pièce. Les étagères de celle-ci n’étaient toutefois pas pleines de livres. Oh certes, il devait bien y en avoir deux ou trois, des livres rares, peut-être même uniques, que le gredin avait volé ou arraché des mains de redoutables adversaires. Autre élément qui détonnait par rapport aux autres bibliothèques de la pièce, celle-ci était munie de vitres. En effet, l’Eärendil se tenait, ni plus ni moins, devant sa vitrine de trophée. Tout ce qui se trouvait à l’intérieur, l’elfe sombre y tenait particulièrement. On ne trouvait dedans pas que les preuves de ses victoires. Se dressaient également derrière les vitrines les preuves de ses méfaits. De récentes acquisitions avaient obtenu leur place sur l’étage. Tout d’abord un doigt, enfermé dans un bocal et semblant flotté dans un mystérieux liquide. Ce dernier avait été arraché à un certain conseiller délimarien qui avait fait l’erreur de résister au roi de la confrérie. Un peu plus haut, les éléments les plus récents : une corne scintillant et un sabot sombre comme la nuit. Il s’agissait bien évidemment de trophée issu de sa chasse à la licorne. La première, il l’avait lui-même arrachée au cadavre de la bête. Le second lui avait été offert, si on peut dire, par un graärh pas comme les autres. Pour cause, ce dernier se trouvait dans le collimateur de l’elfe sombre, et lui avait blessé par deux fois le genou.

Presque religieusement, Nathaniel avait retiré la poussière de chacun de ses trophées, se remémorant par la même occasion les conditions dans lesquelles il les avait obtenus, avant de refermer la vitrine et se diriger vers la sortie de la cabine pour rejoindre le pont. La plupart de ses hommes étaient aux repos, tandis que d’autres montaient la garde. Qu’ils se reposent tant qu’ils le peuvent pendant que le Maelstrom n’a pas repris l’océan, car très bientôt ils le regretteront. Les pirates étaient en guerre, en guerre avec la légion de Néthéril et elle ne prendrait fin qu’avec la destruction de celle-ci. Et si le roi des pirates n’était pas au front, cela changerait sous peu. Alors qu’il s’avançait sur le pont, l’elfe sombre surprit la conversation de deux pirates. Ces derniers étaient appuyés sur le bastingage et semblaient désigner quelque chose tout en parlant de leur capitaine. L’elfe sombre tendit légèrement l’oreille, piqué par la curiosité.

« Tu ne trouves pas qu’il ressemble à notre capitaine ? »

« Si, son regard fait froid dans le dos. »

« Qu’est-ce qui  me ressemble ? »


Nathaniel s’était glissé jusqu’à eux, les surprenant dans leur conversation. Les deux hommes sursautèrent et se retournèrent. Surpris ils balbutièrent avant de pointer du doigt quelque chose en bas. L’eau autour du navire avait gelé, formant des plaques plus ou moins épaisses. Sur l’une d’elles se trouvait une petite otarie à fourrure. Cette dernière était blanche, à l’exception de ses yeux où le pelage était taché de noir. L’animal leva la tête, en entendant du bruit, observant les bipèdes d’un regard innocent.

« Vous trouvez que j’ai l’air de ressembler à quelque chose d’aussi petit et d’aussi innocent ? Je ne pensais pas souffrir d’un problème d’image auprès de mon équipage, mais cela peut s’arranger très facilement. »

Instinctivement, l’elfe sombre glissa sa main jusqu’au manche de Catherina, faisant ainsi peser sur les deux hommes la menace d’un crâne défoncé. L’un d’entre eux reprit la parole, tentant de se faire le plus convaincant que possible, et invita le pirate à regarder. Il se saisit alors d’un morceau de l’encas que les deux pirates étaient en train de partager et le jeta en direction de la bête. Le regard de celle-ci suivit la nourriture puis changea. Avec férocité, l’animal se jeta sur la pitance, venant la réduire en charpie avant de la dévorer.

« Oh … je vois. Je préfère ça. C’est vrai qu’il peut y avoir quelque point commun. Allons voir cela de plus près. »

Nathaniel se dirigeant vers le ponton afin de quitter son bâtiment. Il fit le tour de ce dernier, jusqu’à arriver du côté où il pouvait observer l’animal. Ce dernier était néanmoins beaucoup plus loin depuis à cet emplacement. Malheureusement, le gredin ne pouvait pas prendre le risque de s’avancer davantage. La surface de l’eau était certes gelée, mais la glace n’était pas assez épaisse. L’Eärendil pouvait le déterminer d’un seul coup d’œil. S’il mettait un pied dessus, il tomberait aussi tôt à l’eau et l’idée de piquer une tête par une telle température ne l’intéressait que très peu. Soit, s’il ne pouvait aller à l’otarie, alors l’otarie viendrait à lui. Usant de sa maitrise de l’eau, Nathaniel vint déblayer un chemin entre lui et l’animal puis attira tranquillement la plaque de glace sur laquelle se trouvait ce dernier. La jeune otarie vogua lentement jusqu’au pirate, jusqu’à se retrouver nez à nez avec celui-ci.

La bête se mit sur ses gardes à s’apprêta à prendre la poudre d’escampette, jusqu’à ce que l’elfe sombre parvienne à capter son intention avec un geste de la main. Il tenait entre ses doigts un petit morceau de nourriture et il commença à apprivoiser l’animal. Dans le dos du gredin s’approchait des hommes. Bien entendu, il les avait remarqués. Il s’agissait des propres hommes du gredin, ces derniers venaient sans nul doute faire lui faire le rapport des combats sur Néthéril.

descriptionUne traque sans fin [PV Asolraahn] EmptyRe: Une traque sans fin [PV Asolraahn]

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Les voiles couvraient le port de leur rideau sombre et coloré. Des centaines de mâts se dressaient au milieu de la baie, du beaupré jusqu’au mât de misaine : les plus grands navires se trouvaient là, ancrés dans le havre, fermé par le cap et les brise-lames. Plus éloigné du centre portuaire, on trouvait amarrer ça et là des embarcations plus modestes, parfois même franchement petites. Au-delà encore, aux limites de la ville et de ses bâtiments en tuile d’obsidienne, les plages accueillaient encore quelques petites barges qui se pressaient en ligne sur le sable.
A l’extrémité d’un promontoire rocheux, que le ressac flagellait à souhait de ses vagues couvertes d’écume, le phare de Nevrast s’élevait. Une flamme éternelle et bleutée illuminait son sommet ainsi que les eaux en contrebas, jusqu’à des dizaines de lieues dans le lointain.

Asolraahn savait où il allait. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne tombait pas sous le charme. Bien qu’il ait eu quelques affaires dans la région, le géant opalin avait toujours cherché à éviter cet endroit. Toute cette pierre, cette noirceur et la monotonie qui en découlait avaient le don de l’ennuyer. Il n’y avait là rien qui puisse lui fouetter le sang ou l’inspirer. Les Graärhs étaient habitués à mettre de l’âme et de l’amour dans leur wigwam. Le tissu de l’un était cousu avec la laine d’un animal vaincu lors d’une chasse, tandis que celle d’un autre était ornée de motifs contant des exploits guerriers ou des légendes. Ces demeures étaient bâties dans la pelote de leur histoire, dans le fil de ce qui avait construit la vie du Graärh qui y habitait.

A Nevrast, on ne racontait qu’une seule histoire : la fuite d’une race déchue, forcée de s’installer loin de sa terre natale. Bien que le port ait subi des changements drastiques ces derniers temps, le problème restait le même. Asolraahn était bien incapable de différencier la bâtisse d’un meunier, de celle d’un chasseur. Les tavernes étaient à peine plus accommodantes que des tombeaux, et les ruelles se ressemblaient toutes. Elles creusaient les galeries tentaculaires de ce port labyrinthique. Le seul point positif était le centre de Nevrast, rappelant la forme d’une faucille, très souvent fréquenté et pouvant servir de boussole entre les différents quartiers de la ville portuaire. Dans le cas contraire, il aurait été bien incapable de retrouver son chemin. Même à l’aide de ce district, Nevrast conservait cette figure de méli-mélo qui lui seyait bien peu.

Mais Asolraahn, comme de juste, savait néanmoins où il allait. Cela se voyait, même pour les gens extérieurs. Il avait d’abord cette démarche, digne des limiers, de celle qui indiquait que son possesseur avait un but en tête et de la suite dans les idées pour y parvenir. Si on ne faisait pas attention à la démarche, alors c’était le regard : Il trahissait une nervosité palpable. Le félin se repérait de loin dans les rues du port avec son pelage. Sa silhouette se détachait du décor. Aucun Graärh, encore moins un chasseur, n’apprécierait cette situation. De l’opinion des vampires, cela voulait sans doute dire que ce géant était ici par choix, et pour une bonne raison.

Ils avaient à moitié tords.

Asolraahn s’arrêta en apercevant la baie au loin. Il fit halte près du complexe portuaire et posa une patte sur la façade d’un atelier à artimon. De ce poste d’observation, il était couvert par les docks, les chantiers navals, les conserveries, les entrepôts, les halles et les marchés. Le port de Nevrast avait cette particularité d’être vivant à toute heure du jour comme de la nuit. On entendait des clameurs et on percevait le vif remue-ménage qui y régnait, comme si une légion fêtait la cérémonie des volants. Ca lui convenait parfaitement. Il ne souhaitait ni attirer l’attention, ni s’approcher des navires pour le moment. Il n’en avait pas vraiment besoin de toute façon.

Ce qu’il cherchait oscillait royalement sur les flots, les voiles ballottées par le vent. A cette vue, Asolraahn émit un grognement rauque. Ca ne lui arrivait qu’en de très rares occasions. C’en était une belle. Le Maelstrom était toujours amarré au port. Il était quasiment impossible de ne pas le remarquer. Cette folie de sans-poils était bâtie avec quatre énormes mâts et autant de voile cuivrée ondulant dans le ciel nocturne. Sa coque noire rappelait au géant opalin le ventre d’un dragon, et en plus solide encore. Il avait fière allure, le bougre, plus que n’importe quelle frégate dans la baie. Il dominait les environs plus sûrement qu’une tour, semblait prendre la pose pour attirer les regards comme un prince orgueilleux.

« A la hauteur de son maître. » miaula Asolraahn.

Des lueurs chaudes se distinguaient sur les trois étages du navire de guerre. A n’en pas douter, l’essentiel de l’équipage était au repos. Le félin ne pouvait entendre les ricanements et les cris de là où il se perchait, mais il ne doutait pas qu’on y avait goulûment et bruyamment le contenu de plusieurs tonneaux à l’intérieur. Curieux, tiens. Les pirates ne sacrifiaient pas aux traditions pour la chasse à la licorne d’il y a quelques jours. D’ordinaire, il lui semblait que tout prétexte était bon à prendre pour un marin de faire la fête. Des pirates qui battaient la semelle n’avaient pourtant rien d’étonnant. C’était peut-être le calme avant la tempête. Quels maudits projets avaient-ils en tête ? Le géant opalin observait le navire avec un air suspicieux. Il fallait toujours se prémunir des illusions, car les apparences pouvaient être trompeuses. Si Asolraahn avait appris quelque chose au cours de ses voyages, c’est que rarement les choses étaient telles qu’elles semblaient être, et les pirates, jamais.

Lorsque la nuit tomba complètement, l’expression sur le visage du géant opalin changea. Il se mit en marche, profitant de la pénombre qui atténuait la vigilance. Il franchit les docks sans faire attention aux quelques paires d’yeux qui l’inspectaient avec méfiance. C’était des vampires. Pas sans danger, mais sans intérêt pour lui. Il attendit tout de même que les quais se vident avant de se diriger vers la rade. A plusieurs centaines de mètres du navire qu’il convoitait, il se jeta à l’eau tête la première.

Il nagea lentement, tâchant de ne pas créer de remous dans les vagues qui auraient tôt fait de le trahir aux yeux des sentinelles. Asolraahn inspira avec douleur. L’eau était glaciale même pour lui. Sa fourrure ne pouvait le protéger d’une telle température et sa cape lui était inutile dans un milieu marin. Il avançait dans le silence de son supplice, gardant à l’esprit ce qui l’avait conduit jusqu’ici, jusqu’au seuil de la demeure de ses ennemis. Taar’Melaah était peut-être toute proche. Lors de la chasse dans le bois de Licorok, le géant opalin avait senti le vent charrier l’odeur de sa fille l’espace de quelques secondes. Il allait alors en compagnie de compagnons peu communs, lui-même se masquant dans un déguisement inhabituel. Durant près de deux jours, il avait réussi à se faire passer pour un maître trappeur de leur équipée, avant que le combat contre la licorne ne révèle son subterfuge aux yeux de tous.

La chasse de la licorne était désormais terminée, mais l’odeur de sa fille emplissait encore sa truffe d’espoir. Il l’avait cherché pendant si longtemps et avait parcouru tant de fois les îles que ses recherches avaient fini par ronger son existence et mettre à mal ses plans. Cette nuit était peut-être la dernière à passer dans l’ignorance. Elle était peut-être là, prisonnière du Maelstrom, à quelques mètres de lui. Il devait en avoir le cœur net. Il en avait besoin. Et ainsi, abandonner au port était hors de propos.

Et il ferait dans l’originalité cette fois. Il avait décidé que se jeter à bâton tiré dans les crocs d’une centaine de pirates armés jusqu’aux dents était une idée somme toute idéale si son désir premier était de mourir. Le félin restait donc plutôt discret. Il était plutôt habile pour sa taille. Son passage à travers les frégates se fit sans accroc et sans bruit. Asolraahn nageait en se laissant porter par le courant. Il sentit une odeur de brûlé, de souffre et de bières. Il vit alors la coque menaçante du navire de guerre. A mesure qu’il approchait des lueurs, il devina que la réelle difficulté commençait maintenant. Peu importait qu’il soit plus silencieux qu’un mort, n’importe quel pirate l’apercevrait aisément dans la lueur des lanternes. Le géant opalin plongea sous l’eau, se rapprochant de son but. La distance était considérablement plus grande que ce qu’il avait traversé naguère. Et pas moins dangereuse. Asolraahn continua quand même. Il avança en ligne droite et suivit la ligne du ponton relié au Maelstrom. Les pieux qui le soutenaient étaient dans un état exécrable ; Ils étaient couverts d’une espèce de moisissure infâme et empestait l’algue. En entendant du mouvement arrivant dans sa direction, le félin se força toutefois à l’inaction :

« Oh … je vois. Je préfère ça. C’est vrai qu’il peut y avoir quelque point commun. Allons voir cela de plus près. »

A l’inaction, s’ajouta également le calme dans la liste des obligations. Car Asolraahn aurait pu reconnaître cette voix même en étant sourd. Le roi des pirates traversait la passerelle de son navire et arrivait dans sa direction, s’arrêtant sur le ponton à quelques mètres, juste au-dessus de lui. L’envie titillait le géant opalin de briser les lattes et de l’engloutir sous l’eau. Il se retint et demeura figé sous le ponton. Le félon était dans ce qu’il appréciait appeler son élément. Il faudrait se montrer patient. Asolraahn se félicita de sa contenance, car à peine avait-il eu cette pensée que d’autres pirates venaient rejoindre le capitaine.

Le félin ne pensa pas se mouiller en supposant qu’il allait peut-être en apprendre davantage sur leur plan à présent…

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¤ Rapport de guerre ¤

L’elfe sombre se tenait accroupi sur l’un des pontons de Nevrast non loin duquel se trouvait son bâtiment. S’il n’y avait pas les lumières accrochées aux navires pour éclairer la zone, nul doute que l’elfe serait plongé dans la plus profonde des obscurités tant le Maelstrom faisait de l’ombre, dissimulant les quelques rayons lunaires qui parvenaient à grande peine à traverser un ciel plein de nuages ou encore la luminosité du phare. Face au gredin se trouvait une otarie à fourrure bien innocente que deux de ses hommes avaient comparée à leur capitaine. Il faut dire que l’animal disposait d’une pigmentation blanche, à l’exception de deux taches d’un noir profond entourant ses yeux. Pour autant ce n’est pas cette singularité physique qui avait attiré l’attention des deux pirates, mais plutôt le comportement de la créature qui s’était jetée sur la nourriture comme l’on se jette sur une proie. Ce n’est que trop tard que le gredin comprit que cette comparaison pouvait être péjorative à son égard. En effet, en tant que lié au lion il disposait d’un appétit féroce. Était-ce l’appétit ou la férocité qui avait fait tiquer les deux pirates ? Nathaniel se tourna légèrement, quittant des yeux l’otarie pour venir jeter un coup d’œil en hauteur, là où se trouvaient les deux forbans. Il leur lança un regard noir dont il avait le secret et il sentit d’ici les genoux de ceux-ci trembler.

Progressivement, le regard de l’elfe revint vers la créature marine, sentant cette dernière venant lui mordre les doigts pour se saisir de la nourriture, le roi de la confrérie ayant cessé de l’agiter de gauche à droite. Nathaniel écarta sa main, venant laisser la bête saisir la nourriture et la dévorer. Le pirate sourit légèrement et en profita pour venir poser sa main sur la tête de la bête, la caressant. Celle-ci se laissa faire, avant de venir s’y frotter, pour finalement se reculer rapidement quand elle remarqua la présence de deux individus dans le dos de l’elfe qui l’interpelèrent.

« Capitaine ? »

Le gredin roula des yeux puis tenta de retirer à lui l’animal.

« Oui ? Vous ne voyez pas que je suis occupé ? »

« Eh bien … c’est que c’est important. Vous nous l’avez vous-mêmes indiqué la dernière fois. Nous venons vous faire le rapport des combats sur Néthéril. Les nouvelles sont bonnes. »

L’humain semblait enthousiaste, beaucoup trop, et se laissa dépasser par cela.

« Nous avons déjà anéanti trois tribus, et nous avons mis aux fers la quasi-totalité de la population de deux autres. Ca nous fait cent-un esclaves environ, de quoi combler plus de moitié des pertes engendrées par les préparatifs d’Athgalan et … »

Le vampire à côté de l’humain lui donna un violent coup de coude dans les côtes pour le faire taire.

«Tais-toi ! Voyons qu’est-ce qui te prend de parler de ça ici ! »

Le vampire observait d’un air furibond son collègue qui venait de prendre conscience de son erreur. Il tenta rapidement de se fondre en excuse, mais fut interrompu par Nathaniel.

« Silence. J’apprécie ton enthousiasme, mais les affaires de la confrérie doivent rester secrètes. Particulièrement celle visant à faire payer l’impudence de nos ennemis. »

L’Eärendil se redressa, s’étirant quelque peu en arrière, avant de jeter un regard mauvais en direction de l’humain.

« Je m’assurerais que tu subisses un châtiment approprié. »

Pendant ce temps-là, la petite otarie qui était restée sur le bloc de glace à observer les bipèdes parler, sentit du remous non loin et sauta à l’eau. Sous la surface aquatique, elle remarqua quelque chose non loin, quelque chose de grand. Elle s’en approcha doucement, jusqu’à sortir hors de l’eau et se retrouva nez à nez avec un graärh immergé. Ce dernier se trouvait sous le ponton où discutaient les bipèdes. De par la fourrure de ce dernier, elle confondit d’abord avec l’un des siens, de grand modèle certes, et commença à vouloir jouer avec lui.

descriptionUne traque sans fin [PV Asolraahn] EmptyRe: Une traque sans fin [PV Asolraahn]

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La guerre entre Vat’Aan’Ruda et les pirates avaient laissé les deux camps dans un état effroyable. Asolraahn le savait pour avoir ramené la légion jusqu’à la savane de Stymphale. La Kamda Aaleeshaan, ses lieutenants, les chefs de clan, et bon nombre de Graärhs qui avaient contribué à lui forger sa terrible réputation avaient disparu, enterrés dans les ruines d’Atghalan la Perfide ou au cœur d’un vaste désert de silence. Les esclaves étaient tombés de la même façon, frappés par une malédiction du roi félon qui avaient creusé au plus profond de leur être et les avaient réduit en bouillie pour vaseux.

Mais les écumeurs des mers avaient eu leur propre perte. Pas seulement des hommes, mais aussi des terres : Les marais boueux d’Athvamy, déjà bien triste domaine dans lequel résider, n’étaient plus leurs. Forcés de fuir par la poigne implacable de Vat’Aan’Ruda, ils avaient dans leur folie vouer leurs derniers instants sur Néthéril à préparer la destruction de leur propre cité, ceci afin d’occasionner par une vengeance vicieuse le plus de dégâts sur leurs ennemis. Le résultat avait été un massacre terrible dont personne n’était ressorti gagnant.

« Les pirates ont perdu la bataille », chuchotait-on alors sous les huttes en peau de smilodon et dans les venelles du camp. « Partis loin pour ne jamais revenir » proclamait les Aaleeshaan lors des cérémonies et des rassemblements, tandis que l’effroyable forfait des pirates qui avait anéanti tant de vies se transformait peu à peu en un autre mythe sanguinaire inscrit sur la tapisserie des Esprits, et que les derniers vestiges de la Perfide s’engloutissaient dans les marécages.
Les shikaaree qui avaient participé à cette bataille n’étaient pourtant pas dupes. Ils feignaient tout bonnement d’y croire parce que c’était plus sain pour leur clan. Le temps où les pirates n’étaient que des pillards et de banals chercheurs de trésors sur les mers était révolu. Le prix du sang qui avait été payé lors de la bataille à Atghalan avait révélé combien ils étaient devenus organisés et puissants, se couvrant sous une même bannière noire flottant sur le mât de leurs navires. Les mots des chefs de clan n’avaient aucunement rassuré Asolraahn. Ni maintenant, ni jamais.

Ce soir, sous le ponton du Maelstrom, il découvrait qu’il avait eu raison de craindre le retour des pirates. Leur haine était éternelle, tout comme leur désir de vengeance.

Qu’ils débutent déjà leurs assauts sur les petites tribus côtières était plus qu’inquiétant. La légion était-elle au courant de ce qui se tramait ? Peut-être pas. Peut-être même ne se doutait-il pas que le danger était plus grand encore que quelques raids au sein de l’île. Ce ne serait pas la première fois que les pirates agiraient en traître pour les prendre à la gorge. Cela changeait beaucoup de choses. La légion était en péril. Asolraahn devait prévenir la nouvelle Kamda Aaleeshaan. En espérant qu’il y en ait une prête à écouter et à se battre. Il devait les préparer à la guerre. Le géant opalin ne pouvait laisser Nathaniel infliger à la légion qui l’avait accueillie et nourrie la pleine mesure de sa psychose…

Le géant opalin sentit soudain quelqu’un ou quelque chose lui chatouiller la patte. Un remugle s’empara de ses narines et avant même qu’il ne puisse réagir, une petite otarie plus blanche que la neige bêla dans sa direction. Sa queue batifolait d’excitation et créa un remous dans l’eau. Asolraahn l’observa abasourdi avant de comprendre que la bestiole cherchait à jouer avec lui. Bon sang ! Elle allait le faire repérer alors qu’il se trouvait juste en dessous du roi pirate et de quatre de ses comparses. Il s’élança, un peu piteusement cela dit, et attrapa maladroitement la tête de l’otarie avant de la plonger dans l’eau en espérant la calmer

Le félin n’était pas un expert des animaux, et ses connaissances boudaient doublement quand il s’agissait des animaux marins. En règle générale, son esprit anciennement nayak ne se préoccupait que de ceux qu’il pouvait chasser et ceux que l’on pouvait dompter. S’il en avait su plus, ou s’il avait été présent pour observer l’otarie dévorer le bout de viande plus tôt, il aurait pu s’attendre à ce qui se déroula ensuite.

Mais la surprise, lorsque l’otarie mordit par réflexe dans sa patte, fut pour le moins total.

Asolraahn répliqua par un coup porté sur sa tête, mais il était trop tard. L’un des pirates entendit le cri de la bête et avança lentement au-dessus du ponton. Il s’accroupit et regarda en dessous. Voir un Graârh opalin sous l’eau en train de secouer une otarie ne devait pas être dans ses habitudes car l’homme écarquilla les yeux. Asolraahn prit appui sur l’un des pieux en bois et profita de sa surprise pour lâcher sa première proie et se jeter sur lui. Ce dernier tenta de dégainer son arme mais le géant opalin fut plus rapide. Il l’attira dans les eaux profondes et plongea avec.

Leur lutte sous-marine dura quelques brèves secondes. Après quoi, les griffes du félin tranchèrent la gorge du pirate. En même temps qu’elles réduisirent la victime au silence, elles libérèrent un nuage de sang autour d’Asolraahn. Instinctivement, il garda sa respiration et entreprit de se diriger vers les quais. Il ne pouvait pas combattre l’équipage du Maelstrom tout entier. Il lui fallait fuir.

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¤ Otarie Géante ¤

Le regard dangereux du gredin venait de se poser sur le pirate qui, sous le coup de son enthousiaste, avait beaucoup trop parlé, ignorant alors qu’il venait de révéler un secret crucial à l’ennemi. L’elfe sombre lui assura qu’il subirait une punition à la mesure de sa faute, mais ce que le roi félon ignorait encore c’est que la seule pénitence du pirate serait une morte rapide. Alors que Nathaniel s’apprêtait à faire signe aux deux hommes de le suivre afin de poursuivre cette conversation à bord du Maelstrom, du remous se fit entendre. L’elfe sombre regarda alors l’eau et nota l’absence de la présence de l’otarie. Est-ce elle à l’origine de ce grabuge ? Non, elle était bien trop petite pour cela.

« Qu’est-ce que ce …. ?! »

C’est la voix alarmante du vampire qui attira l’attention de l’elfe sombre, l’amenant à poser son regard sur lui, juste à temps pour voir une créature géante sortir de l’eau pour le saisir et l’emporter avec lui. Qu’est-ce que c’était que ça ? Une otarie ? Non c’était bien trop gros ! Une des bêtes des mers peuplant les côtes de Nyn-Tiamat ? Possible, il n’en avait cependant jamais entendu parler. Non, ce n’était rien de tout cela, et le pirate s’en rendit compte lorsqu’il vint instinctivement copier l’ornithorynque à sa ceinture. Cette chose était dotée d’esprit-lié ! Les informations s’entrechoquèrent dans son esprit : une bête massive et toute blanche à fourrure, les esprits-liés du chat et du sanglier. Il avait rencontré un tel individu il y a peu : le graärh d’opale.

Nathaniel vit l’eau se teinter de rouge et sans attendre il vint bruyamment faire claquer sa langue contre son palais. Usant du don de l’écholocation de l’orque, il repéra l’individu et sans attendre vint manipuler l’eau. L’elfe sombre enferma Asolraahn dans une bulle d’eau, avant le sortir de la mer et l’envoyer se fracasser contre la coque de son navire. Le félin retombant alors sur le pont. L’humain à côté de l’elfe sombre avait été dans un premier temps surpris par la soudaine attaque, mais c’était par la suite ressaisi pour se mettre en position de combat. Toutefois, il n’aurait pu s’attendre que le coup viendrait de son allier le plus proche. L’Eärendil forma une dague à l’aide de son narval et vient le planter sous la gorge du malheureux, lui transperçant par la même occasion la bouche. Un gargarisme sanglant s’échappa du pirate qui s’effondra au sol en se tenant la mâchoire avant de mourir en se vidant de son sang.

« Dire que j’avais seulement prévu de te couper la langue pour t’apprendre à la tenir. Il fallait malheureusement que quelqu’un t’entende. »

Un soupire s’échappa du roi de la confrérie alors qu’il secoua sa main pour en chasser les quelques gouttes de sang qui étaient venues la maculer.

« Voilà deux hommes de plus que je perds par sa faute, graärh. Je vais finir par me demander si avoir un homme tel que toi à mon service vaudrait tous ceux que j’ai déjà perdus. Mais ça, nous allons le savoir très rapidement. »

L’elfe sombre prit une grande inspiration et d’une voix puissante hurla.

« AUX ARMES ÉQUIPAGE DU MAELSTROM !! »

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Le géant opalin traversait les flots à vive allure. L’eau gelée venait poncer sauvagement ses chairs, sans toutefois l’arrêter. Il naviguait entre les pirogues et les frégates de la baie, profitant de leur ombre pour prévenir les javelots pirates. Il avait vu les licornes en faire la douloureuse expérience à peine quelques jours de cela, et il n’avait pas l’intention de s’y frotter.
L’heure n’était pas à la fatigue.

Sa vie dépendait de sa détermination à remonter le plus vite possible hors des quais pour rejoindre une des places du port. D’ici, il pourrait se faufiler dans les allées sombres et distancer la majeure partie de l’équipage du Maëlstrom. Pour cela le temps comptait. L’ennemi avait perdu toute aberration et s’était maintenant mis en tête de faire de son poil un nouveau trophée. Il était déjà à ses trousses ! Et la chasse était lancée. Le vent vint soudain fléchir sous la courbe des eaux : Asolraahn eut un sursaut de surprise. Une vague s’annonçait. A tâtons, il chercha des yeux le mur de la digue. Il releva la tête et alors ce fut le moment où la vague s’enfla pour former une boule d’écume autour de lui et le sortir de l’eau. Le félin rugit. Il eut juste le temps d’alpaguer un peu de cet air qu’on lui volait avant d’être complètement happé dans la sphère marine. Hagard de fatigue et ahuri par le piège magique qui s’était refermé sur lui, il battait des pattes pour atteindre la surface. Son bâton trancha dans cette dévastation flottée qui prenait l’espace mais rien n’y faisait.

Le choc contre la coque d’un navire lui coupa le souffle, mais la sphère le libéra au même moment. Il se releva, son énergie attisée par les vociférations autour de lui. Il déchanta rapidement, en comprenant que ledit navire était en réalité le mât de misaine du Maëlstrom, le vaisseau amiral des pirates. Par les Esprits ! Il était loin d’être tiré d’affaire. Il prit appui sur une de ses pattes et se releva lentement. Il jeta des regards noirs autour de lui. Jusqu’à tomber sur celui qui l’intéressait tout particulièrement. Le roi pirate matérialisa soudain une dague devant lui, mais ne la dirigea pas contre lui. Il se retourna et transperça la gorge de l’homme à ses côtés. Il s’agissait de celui qui avait parlé trop vite et trop fort, songea le félin. Une stupeur mêlée à un profond dégoût le saisit en voyant le flot de sang s’écouler sur le pont. Voilà encore une belle preuve de la philosophie corsaire : tailler les frères de la côte qui vendaient la mèche. Qu’à cela ne tienne, le félon eut vite fait de revenir à lui :

« Voilà deux hommes de plus que je perds par ta faute, graärh. Je vais finir par me demander si avoir un homme tel que toi à mon service vaudrait tous ceux que j’ai déjà perdus. Mais ça, nous allons le savoir très rapidement. »

Il hurla un ordre, et les pirates commencèrent à affluer sur le pont. Il en pleuvait, de la marmaille de matelots. Asolraahn scruta les nouveaux arrivants. Il les toisait fixement, sans rien laisser au hasard. Sans même montrer qu’il avait vu la lampe à huile non loin de l’attroupement. Les pirates se tenaient en demi-cercle entre lui et le félon. Il y avait des vampires, des elfes, mais surtout des hommes, grands et larges d’épaules. Leur grondement d’excitation avait quelque chose d’agaçant. Rien d’impressionnant toutefois.

La charge de l’un d’entre eux ne tarda pas à le lui prouver. Le bougre était jeune, les cheveux en bataille barbouillés de sueur et une barbe mal taillée. La lueur dans son regard trahissait l’envie de faire couler le sang, et de devenir riche grâce à la mort du félin. Ce dernier bloqua son coup de gourdin avec son bras, puis l’éventra sèchement d’un coup de bâton. Il l’attrapa par la chemise, le souleva avant de le balancer par-dessus bord.

Sur le pont, ce fut l’effervescence. Un autre voulut le taillader sur le flanc. Asolraahn souleva le bâton à l’horizontale pour parer le coup meurtrier et le catapulta plus loin d’un revers de la patte. Il retendit le bâton pour pointer son extrémité vers de potentiels agresseurs. Son expression avait viré à la sauvagerie incarnée, due à la saveur effroyablement familière du danger mortel qui rôdait près de lui. Il était une bête traquée et cette idée le rendait furieux. Il baissa le regard sur ses pattes qui tenaient le bâton : elles tremblaient comme si elles étaient gelées. Il remarqua du coin de l’œil que des pirates s’armaient de javelots et n’allaient pas tarder à le cribler comme un hérisson. Toute sa colère se concentra sur le roi qui se tenait derrière.
Il cracha des mots humectés d’aigreur :

-On n’a rien à faire ensemble, bouffeur d’agrume. On n’a pas été fait avec le même sang, le même magma. De la gueule et du bois mouillé, c’est tout ce que tu as. Tu empestes la morgue. Tu veux savoir si m’attraper vaut le coup ? Mais viendras-tu agiter tes basques pour essayer de me mettre le filet ? Non, tu préfères que d’autres s’en chargent. Allez, petit pirate. Tu te rappelles à quoi sert ta masse, non ?

Soudain, son corps reprit vie. Avec des gestes amples, il leva son bâton au-dessus de lui et en appela à ses pouvoirs sylvestres. La branche s’agrandit jusqu’à fracasser le verre de la lanterne au-dessus. L’huile contenue dedans se transforma en un rideau de feu qui éclaboussa le pont en un torrent infernal. Les pirates reculèrent avec maladresse en se couvrant le visage. Asolraahn fit de même. Un craquement fit vibrer ses tympans et remuer ses coussinets. Il écarquilla les yeux, craignant d’avoir brisé un gréement qui était en train de s’effondrer sur lui. La vérité était pire : un javelot avait heurté la rambarde. Aveuglés par les flammes, les pirates n’avaient pas renoncé à son pelage et tiraient au jugé dans l’espoir de l’atteindre.

Il était temps de prendre le large. Asolraahn avait déjà une petite idée de la suite des évènements. Il bondit vers les voiles à foc et grimpa sur le gaillard d’avant. Un éclair blanc surgit dans sa vue ; il se cabra, esquiva au dernier instant une lame qui passa à une griffe de sa gorge. Ses griffes justement, qui raclèrent contre le visage de l’impudent, lui arrachant chair et hurlement de douleur. Il prit alors appui sur le haut-dehors, rugit en se jetant vers l’avant. La baie était couverte de frégates. Pourtant, ce fut in extremis qu’il atteignit un navire jouxtant le Maëlstrom. Il atterrit en souplesse et ne se retourna pas. Car il savait que les pirates le suivaient.

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¤ Poursuite ¤

La marée venait d’apporter au capitaine de l’outremonde un trésor fort particulier. Un trésor dangereux, difficile à saisir. Un trésor que le gredin désirait obtenir … ou à défaut que personne d’autre ne puisse obtenir. Un grand graärh à la fourrure d’opale, proche de l’écume, tel était l’objet de convoitise du roi de la confrérie. A plusieurs reprises ce dernier avait essayé de convaincre celui-ci de le rejoindre. Il aurait pu en prendre grand soin. Malheureusement, l’animal ne semblait pas sensible aux avances de Nathaniel. Le pirate avait pourtant l’art et la manière de parler aux gens et de dompter les bêtes. Mais celle-ci n’avait de cesse de lui résister. Qu’avait-il bien pu faire pour mériter cela ? Oh, il en avait bien une vague idée, mais on pouvait difficilement lui reprocher ses actes. Après tout, ses actes n’étaient que la conséquence des erreurs d’autrui. Il faut donc être sacrément borné pour qu’une personne reproche à Nathaniel les erreurs dont elle est elle-même responsable. Et le félin blanc semblait particulièrement borné. Ayant grimpé sur le pont de son navire, l’elfe sombre avait hurlé l’ordre à ses hommes de se saisir du graärh. Il souhaitait le capturer vivant, mais il se doutait que cela ne serait pas une chose aisée. Il espérait pouvoir compter sur ses hommes pour qu’ils abiment le moins possible ce spécimen. Certains membres de l’équipage du Maelstrom vinrent se mettre entre l’elfe et le graärh, avant de passer à l’attaque. L’Eärendil se recula un peu, venant observer les premières passes d’armes, un léger sourire aux lèvres. Il observa le Trand combattre, analysant son style afin d’en déterminer les faiblesses. L’adversaire était puissant, certains en firent rapidement les frais. Bientôt, un changement de stratégie s’opéra. S’en prendre à lui au corps-à-corps semblant risquer, un combat à distance semblait être à privilégier. Très vite, les pirates commencèrent à se saisir de javelot. Et puisqu’on commençait à lui porter moins d’attention, le félin vint s’adresser directement à l’elfe sombre toujours en retrait. C’est un rire franc qui se dégagea de Nathaniel. On le provoquait ? Voilà qui était fort amusant. Pensait-il être en mesure de se confronter à lui ? Pensait-il que c’est parce qu’il avait réussi à lui porter un coup au genou lors de leur première rencontre qu’il avait le dessus sur lui ? Non, l’elfe sombre ne lui avait jamais montré ses prouesses martiales et il pouvait s’en estimer heureux.

« Je ne te savais pas si presser de finir dans le même état que cette licorne que nous avons chassée. »

Nathaniel faisait bien entendu référence à l’animal dont il avait massacré la tête à coup de bouclier, l’achevant alors. Le gredin ne souhaitait pas la mort d’Asolraahn, aussi préférait-il éviter d’en arriver à lui exploser le crâne. Le félin parvint à repousser les pirates sur lui en venant user des pouvoirs de son bâton. Il éclata une lanterne, libérant les flammes sur le pont. L’elfe sombre plissa des yeux, n’appréciant guère que l’on fasse des dégâts à son bâtiment, quand bien même ceux-ci étaient grandement négligeables. Le Maelstrom aurait tôt fait de se régénérer de quelques brûlures. Un des pirates les plus loin, peu impressionné par les flammes, commença à jeter un javelot au travers du rideau ardent, loupant de peu sa cible. Semblant comprendre qu’il ferait mieux de disparaitre, le félin se jeta dans la mêlée afin de rejoindre les cordages et prendre de la hauteur afin d’aller vers l’avant du navire. Mutilant au passage l’un des pirates. Nathaniel gronda face à ce spectacle et se décida à agir. Il sifflota et Fabius qui avait entendu le raffut sur le pont vint immédiatement à lui. Le petit singe grimpa sur l’épaule de son maitre et l’elfe vint déposer quelque chose dans la poche de sa chemisette avant de lui faire signe de rattraper le félin. Observant au loin le manège du graärh, l’elfe sombre s’employa à prévoir ses mouvements et sa trajectoire. Il avait l’intention de s’échapper, de fuir le Maelstrom et de mettre de la distance. Compréhensible, il savait ne pas avoir l’avantage ici. Pendant que ses hommes étaient occupés à courir après le félin, Nathaniel se dirigea vers l’un des mâts du Maelstrom. Il saisit une corde et vint faire tomber un contrepoids. Le gredin fut soulevé dans les airs s’en allant rejoindre les hauteurs. Il lâcha finalement la corde pour se réceptionner sur l’une des vergues. Usant de son agilité surnaturelle, il se déplace sur celle-ci pour arriver à se rapprocher du bâtiment jouxtant le Maelstrom et sauta en avant pour se réceptionner sur la vergue en face et continuer son chemin, cherchant à prendre de vitesse le félin depuis les hauteurs et hors de son champ de vision.

Dans le même temps, Fabius suivait de près Asolraahn. Usant de sa petite taille et de son agilité de singe pour se déplacer facilement à l’aide des cordages, se rapprochant autant que possible. Une fois à portée, ce que Nathaniel avait placé dans la poche de sa chemisette se décida à agir. Nhäggini bondit hors du tissu, reprenant sa taille normale. Le serpent imposant tout croc dehors venant chercher à mordre sa proie.

descriptionUne traque sans fin [PV Asolraahn] EmptyRe: Une traque sans fin [PV Asolraahn]

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Le navire sur lequel il était retombé appartenait manifestement à des elfes plus habitués à pêcher le poisson d’un fleuve qu’à guerroyer sur les gréements. Un premier était occupé à jeter des litres de poissons dans un tonneau, deux autres tentaient de recouvrir une cargaison avec une bâche bien trop petite, et un dernier récurait le sol spongieux du navire. Lorsqu’ils virent arriver une immense bête au pelage opalin, brandissant un bâton de plus de six mètres de long, ils lâchèrent tous ce qu’ils avaient dans leurs mains, du saumon à l’odeur aigre pour les uns, une banne crasseuse pour les autres, avant de s’écarter vivement de son chemin en poussant des cris aigues.

Mais Asolraahn ne faisait pas attention à eux. Leur surprise, ainsi que toute forme d’irritation de leur part, n’avait pas d’importance. Car derrière lui, des hommes, elfes et vampires cherchaient à lui raccourcir le pelage. Il luttait pour rester lucide, respirant lentement et profondément, conservant ce qui lui restait d’énergie pour fuir. Il n’avait pas le droit d’échouer. Les Graärhs de Néthéril étaient en danger. Les pirates avaient levé des forces pour s’acharner sur les petits clans isolés de la légion. Bientôt, le félon lancerait une véritable offensive et balaierait ce qui resterait des Garals.
Son esprit vagabonda, remontant le temps. Il se revit, la première fois qu’il venait à Néthéril, errant dans le camp de Vat’Aan’Ruda pour rencontrer la Kamda Aaleeshaan. Cette expérience avait grandement modifié le point de vue d’Asolraahn sur ses cousins du Sud. Il avait vu les couleurs chaudes et l’énergie enivrante qui avaient émané de ces lieux, contagieuses et belles. Il avait vu des graahron bondir et jouer, des kisaan artisans et façonniers montrer des étoffes chatoyante, des tapisseries de feu et des mosaïques délicates : l’activité avait attiré un mélange de son et d’images si riches qu’il avait eu l’impression de n’être qu’un résident de plus dans leur village ; les odeurs du ragoût à la tomate avaient chatouillé ses coussinets ; Les danseurs et les combattants l’avaient impressionné, et le souvenir des rires des graahrons était encore chaud en lui, plus chaud encore que leur soleil.

Ce peuple était aujourd’hui proche de l’anéantissement. Peut-être n’était-il même pas encore au courant de ce terrible destin à venir. Le géant opalin avait le devoir de les aider.

Et il avait le devoir de ne pas mourir des mains des pirates cette nuit.

Ceux-ci justement réussirent à  se dégager un passage par le haut-dehors du Maëlstrom. Plusieurs silhouettes émergèrent soudainement du navire. Elles étaient rapides et surtout nombreuses : il s’agissait de la crème des forbans de l’archipel. Toutefois, Asolraahn remarqua l’absence de pirates sur les quais. Pas très futé comme stratégie, mais c’était une bonne chose pour lui. Il allait pouvoir jouer des mâts et naviguer entre les gréements des navires afin de filer par la baie.

Au même moment, l’esprit-lié du Chat miaula un avertissement dans ses pensées. Le félin sentit une présence derrière lui tandis qu’il bondissait entre les caisses de poissons. Il plissa les yeux, mais un nuage sombre passa devant la lune, et la petite créature qui venait à lui disparut au moment où sa besace s’ouvrit. Un temps infime lui permit de s’accoutumer à la nouvelle noirceur, et il vit soudain un petit singe avec une sacoche vide qui virevoltait sur les cordages comme s’il s’agissait de branches, pour finalement arriver jusqu’à la rambarde du pont. Ce qu’il vit bien moins vite, ce fut un tentacule vert sombre qui fila en gigotant jusqu’à sa gorge. Le géant opalin s’esquiva en faisant un pas de côté à une vitesse phénoménale. Sa masse ne fut plus qu’un tourbillon de poil blanc sur le pont. Trop tard, hélas. Le tentacule  s’écroula sans toucher sa gorge, mais dans sa chute s’agrippa à l’une de ses grèves de Fenrisúlfr laineux. Un sifflement furieux retentit. Asolraahn comprit soudainement que la créature ayant surgi de la besace était en réalité un énorme serpent, tout croc sorti et prêt à le mordre vicieusement pour lui inoculer son venin. Il rugit en sentant le poids du reptile qui retenait son tibia. Il ralentit l’allure pour se débattre avec rage. Le géant opalin était fort, mais la créature lui donna du fil à retordre. Il se retourna prestement et le frappa alors d’un coup sec de son bâton pour le décoller de sa protection. Sa grève libérée le fit trébucher. D’un mouvement fluide, il exécuta une roulade vers l’avant avant de se réceptionner sur la rambarde.

Des cris lui parvinrent de tout côté, s’ajoutant au branle-bas de combat qui avait pris la frégate de pêcheur. Le ciel se dégagea soudainement et la lueur de la lune lui permit de distinguer facilement les pirates s’agitant comme des déments derrière lui. Ils étaient lourdement armés et portaient des torches qui illuminaient le port d’une lumière bien peu commune pour le terreau des vampires. A présent plus proche de lui, les flammes étaient devenues de petits danseurs de feu qui sautillaient, se cabraient, faisaient des pirouettes menaçantes vers le ciel. Asolraahn feula en se dirigeant vers le Beaupré de la frégate. En ne voyant que des pieux de bois, il prit de l’élan et bondit sur l’un d’eux. Mais ses réflexes et son agilité laissaient fortement à désirer. La structure vacilla en se faisant percuter par le géant opalin. Au même moment, ce dernier s’élança sur un autre pieu, puis un troisième. Ses pattes provoquaient un son mat et lourd lorsqu’il atteignait un sommet et sautait sur un autre. Arrivé devant l’appontement, il laissa le pieu de bois s’effondrer sous son poids pour atteindre la berge. Ses griffes creusèrent des sillons dans le ponton qui pencha dangereusement dans les fonds marins. Il chercha des yeux le pilotis le plus stable et tendit la patte pour l’empoigner. Il se releva lentement, prenant garde à ne pas tomber. Le félin ne souhaitait pas plonger à nouveau dans l’eau traîtresse que le roi félon pourrait user à son avantage.

Il se trouvait maintenant sur une passerelle étroite. Il avait réussi ! Cependant, il remarqua avec consternation que certains pirates étaient aussi, sinon plus, agiles que lui. Et plus légers aussi. Leur mouvement était d’une dextérité sauvage et les pieux de bois ne s’effondraient pas sous eux. Peut-être était-ce des vampires. En tout cas, leur mine indiquait une volonté manifeste de faire des prochaines minutes de sa vie un véritable enfer. Mieux valait les dissuader de le suivre dès lors qu’ils se retrouveraient sur les docks.

Asolraahn se servit de son bracelet. Une lueur verdoyante et furtive l’illumina lorsque d’un revers de la patte, il lâcha une nuée de spores vénéneuses sur sa position avant de déguerpir sur la baie, espérant distancer le gros des pirates dans le nuage de spores. Il observait les pirates venir, mais gloussa en ne voyant pas le félon parmi eux. Il y avait, à n’en pas douter, peu de chances que le bouffeur d’agrume ait osé participer à la traque…

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¤ Poursuite II ¤

L’équipage du Maelstrom venait de se mettre en chasse, pourchassant Asolraahn par tous les moyens afin de le rattraper et de le livrer à Nathaniel. Le félin ne devait pas s’échapper. Si l’elfe sombre préférait l’obtenir en vie, il serait prêt à pardonner celui qui le ramènerait mort … à condition que celui-ci lui présente un bon taxidermiste ou un bon fourreur. Le plan du roi des pirates primant sur son intérêt envers le graärh. Les plus agiles tentaient de le poursuivre en sautant d’un navire à l’autre avec leur propre moyen. Les autres accostaient et couraient à travers le port espérant peut-être parvenir à lui barrer la route. L’elfe sombre, lui, faisait partie de ceux ayant décidé de le poursuivre d’un navire à l’autre. Mais le plan du gredin était tout autre. Envoyant dans un premier temps Nhäggini et Fabius, les deux animaux travaillèrent de concert. Le serpent s’était fait tout petit pour se glisser dans l’une des poches de la chemise du macaque, qui lui, disposant d’une grande agilité usait de ses propres moyens et chemins pour rattraper le grand félin bien moins agile et donc rapide que lui dans cet environnement. Une fois à portée, Nhäggini bondit hors de la poche du singe, reprenant sa taille normale, sur Asolraahn. Le félin esquiva l’assaut, mais la bête maudite parvint à s’enrouler autour de l’une de ses jambes. Ses anneaux commencèrent à se rétracter, comptant bien lui briser la jambe si elle en avait la possibilité avant de le mordre. Sentant son rythme ralentir, la boule de poils décida de régler le problème en assénant un coup de bâton sur le museau de l’animal qui libéra alors son étreinte. Le géant d’opale parvint à poursuivre sa route, mais après avoir été quelque peu ralenti.

Si cela ne suffisait pas pour que les membres de l’équipage derrière lui rattrapent, c’était largement suffisant pour Nathaniel qui n’avait eu de cesse de gagner du terrain depuis les hauteurs. En dessous de lui, il pouvait voir le félin pataud sauter d’un pilotis à l’autre avant de finalement se réceptionner sur une passerelle. Alors qu’il l’observait, Nathaniel vint se saisir d’un cordage qu’il trancha d’un coup sec avec une dague avant d’entamer son ultime course au sommet des vergues. Arrivé à l’extrémité de cette dernière, l’elfe saute dans le vite. Sa main se referma alors fermement sur le cordage qu’il avait tranché. Alors que le gredin tombait en direction du sol, la corde vint le retenir et la voile du navire sur lequel il se trouvait se déploya avec fracas. L’elfe sombre fit alors un arc de cercle et arriva à grande vitesse en direction de la position du félin d’opale qui était en train de libérer un nuage. Par réflexe, Nathaniel prit sa respiration et souleva son foulard pour se le mettre au-dessus du nez. Une seconde plus tard, le roi de la confrérie passait au travers du nuage et lâchait la corde, se retrouvant projeté droit en direction d’Asolraahn. Il poussa un hurlement digne d’un abordage et percuta de plein fouet le graärh.

Alors que les deux se retrouvaient projetés à cause de la vélocité du pirate, Nathaniel tenta d’agripper son opposant. Ses mains ne parvinrent cependant qu’à lui arracher quelques brins de fourrure avant de le lâcher. Les deux individus vinrent traverser le mur de bois du bâtiment d’en face, provoquant un terrible fracas et soulevant un nuage de débris. Une vive douleur ramena l’elfe à lui, choquer par le valdingue. Il se releva avec peine, venant surement de se briser une côte ou pire. Remarquant qu’il n’y avait personne avec lui, il chercha du regard une piste ou le chemin par lequel avait pu fuir sa proie. Il crut voir quelques gouttes de sang, mais n’était pas en mesure de poursuivre la traque par lui-même. L’elfe sombre pouvait entendre les membres de son équipage, non loin, tenter de dissiper le nuage de poison.

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Le géant opalin leva un œil las autour de lui. Il ne vit que des décombres, et lorsqu’il leva la tête, comprit qu’il se trouvait dans une pièce délabrée. Que s’était-il passé ? Il poussa un gémissement et se roula en boule en tenant à deux mains son ventre. Il sentait son corps trembler d’efforts et se rappela qu’il était pourchassé. Mais il ne se rappelait pas pourquoi il avait atterri ici, ni comment ! Il cligna des yeux à nouveau et tourna la tête. Il entendait du bruit au loin et son pelage opalin frissonna. Alors il se rappela que la traque était loin d’être finie.

En se relevant, tout lui revint. Il avait réussi à semer les pirates sur les pontons de la baie, mais en rejoignant les quais, il avait senti une douleur atroce dans son dos. Depuis combien de temps était-il sonné ? Qu’importe, il avait perdu un temps précieux ! Il bondit entre les gravats, sauta et s’agrippa au rebord d’un mur, grimpa et sortit du bâtiment. Asolraahn fut un peu surpris : il sentait une violente douleur là où on l’avait percuté, pourtant il sentait son sang couler à un autre endroit. Peut-être était-il plus mal en point que ce qu’il pensait au départ. Mieux valait ne plus se battre avec les hommes du félon ce soir.

Hélas, on ne lui permit pas ce luxe. Le nuage de spores qu’il avait jeté en travers des quais pour couvrir sa fuite vint à s’évaporer. Des hommes en noires en sortirent et l’aperçurent dans les ruines. Ils se lancèrent à ses trousses. Certaines silhouettes s’agitaient avec une vivacité spectaculaire ; ils s’agissaient d’elfes. Ils étaient deux et avaient l’intention manifeste de se tailler une part de sa croupe afin d’entrer dans les bonnes grâces de leur roi. Asolraahn se jeta dans la ruelle au moment où un javelot filait sur sa crinière. Il se félicita de ne pas avoir perdu de vue son bâton après sa dégringolade et de le tenir malgré son état. Il n’aurait pu revenir en ces lieux dans les prochains jours pour le récupérer. A dire vrai, il ne risquait pas d’y mettre les pattes avant un long moment.

Une secousse le poussa vers l’avant et le fit trébucher. Un elfe avait réussi à l’atteindre dans le dédale des rues et venait de le frapper de son poing. Le félin se débattit avec rage ; d’un geste vif, il cogna de son coude contre la fine silhouette et se libéra. Trop tard.
L’elfe le fit basculer d’un crochet en plein dans son épaule et lui décocha aussitôt un crochet du gauche au niveau de la tempe, sur l’oreille. Mais le crâne du géant opalin était solide. Il chancela, mais ne tomba pas. Le visage tuméfié, il chargea l’elfe, le percuta de son épaule blessée et termina la rixe d’un coup de patte bien senti sur son visage. Son bras lui parut soudain plus léger, mais dans le feu de l’action, il ne se posa pas de questions. Il chercha à nouveau à s’enfoncer dans l’ombre des bâtiments.

Une lame fondit sur lui. Le géant opalin roula sur le sol et se laissa emporter par son élan. Jusque sur le poing de son adversaire. Droit dans ses coussinets. Le sang jaillit :

-Cadeau de la part de Thorvond, dit l’humain d’une voix rauque, en levant à nouveau son épée. À présent, voici le mien.

Asolraahn le saisit soudain par un pan de son caftan mouillé. Il cracha le sang qu’il avait dans sa gueule, aveuglant le pirate, le fit tourner et le balança au sol dans un râle. Cette fois, le félin se dégagea avec colère et sortit par un portail qui palpitait dans la clarté laiteuse de la lune. Des voix retentirent derrière lui, l’une, plus forte que les autres, emplissait ses oreilles :

-Arëlan, attends-nous ! Regroupons-nous sur la promenade….

L’écho des voix se tut. Asolraahn semblait tiré d’affaire. Pourtant, un soupir de frustration et d’amertume souleva sa poitrine, lorsqu’il avisa son bras. Pas à cause du sang qui se trouvait sur sa blessure, mais à cause de ce qui ne s’y trouvait pas : Le bracelet de sa fille avait disparu. Il n’y avait plus que les traces de son passage et le poil recourbé là où il le portait. Le géant opalin refoula le sentiment de perte affreux qui l’étreignait. Il poursuivit sa route et quitta les quais d’un pas chancelant.

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¤ Fin de la traque ¤

La manœuvre audacieuse, folle, ou encore suicidaire de Nathaniel venait de se retourner contre lui sans savoir s'il avait pu en tirer un quelconque fruit. Un nuage de poussière dominait le bâtiment dans lequel il avait été projeté après avoir percuté Asolraahn. En d'autres circonstances, c'est l'océan qui aurait amorti sa chute, mais dans le cas présent, c'est à terre qu'il se trouvait et c'est contre une table en bois qu'il avait fini son voyage. Une vive douleur lui traversait le buste, sentant, sans pouvoir le préciser encore à quel point, qu'il était blessé. La seule chose qu'il pouvait encore espérer était que ces hommes se dépêchent d'arriver sur les lieux pour poursuivre la traque, car lui n'était plus en mesure de le faire. Dans la poussière, l'elfe crut parvenir à distinguer une silhouette imposante. C'était sa proie ! Ainsi il était encore en état de se redresser. Ce dernier sembla chancelant et se hâta de quitter les lieux sans attendre. Merde ! Il allait parvenir à lui filer entre les doigts à ce rythme-là. Bientôt, des pirates firent irruption dans la pièce et découvrir l'elfe sombre en train de se redresser avec difficulté, se tenant le flanc et du sang coulant de sa bouche.

« Ne restez pas planter là comme des cèpes ! Il est parti par là. »

Le gredin indiqua du bout du doigt la direction dans laquelle il avait vu pour la dernière fois le félin s'échapper. Puis, il vint saisir le bras de l'un d'entre eux avec force.

« Non, toi tu restes. Retourne au navire et alerte le médecin au plus vite. »

Le roi de la confrérie étouffa un grognement de douleur avec un juron. il avait l'impression d'avoir un morceau os qui lui chatouillait le poumon. Nhäggini ne tarda pas à arriver, accompagné de Fabius.

« Maitre, je vais aller le tuer de ce pas ! »

« Non, tu vas m'escorter jusqu'au navire, avec Fabius. Il était venu pour moi initialement, il peut encore rebrousser chemin et vouloir prendre ma tête quitte à perdre la sienne. D'autres membres de mon équipage se chargent de poursuivre la traque. »

Un sifflement désapprobateur s'échappa du serpent qui finit par prendre sur lui pour se mettre à ramper auprès de l'elfe boitilleux. Lentement, mais sûrement, se tenant le flanc, le gredin s'en retourna vers le Maelstrom. Il fut rejoint en chemin par trois pirates dont un doué d'un savoir magique en médecine. Nathaniel finit par arriver jusqu'à sa cabine et retirant son haut laissa le médecin de bord commencer à le soigner.

« Toi ! »

Le gredin désigna du doigt l'un des individus présentS.

« Dans cette commode, tiroir de gauche, celui du bas. Sors le sac et amène-le-moi. »

Le pirate s'exécuta et sorti un sac en lin du meuble pour le déposer sur la table devant le criminel monarque.

« Vous ne devriez pas vous agiter pendant vos soins, restez tranquille capitaine. »

Le gredin se contenta de maugréer face à la recommandation afin de la repousser comme on le ferait avec le dos de la main. Ouvrant le sac, l'elfe commença à fouiller et en sortit une poupée à l'effigie d'un graärh. Un petit ricanement s'échappa du gredin, bien vite entrecoupé de grognements de douleur.

« Je savais bien que ce n'était pas une erreur d'en préparer en prévision de ce jour. »

Nathaniel posa sur la table deux poupées de chiffon représentant Asolraahn, puis ouvrant finalement une main, il laissa tomber sur la surface une poignée de poils qu'il avait arrachés sans le vouloir en agrippant au guerrier du nord. Murmurant des paroles en elfique, le pirate roula les morceaux de fourrure, venant former une bourre qu'il coupa ensuite en deux, venant en mettre une dans chacune des effigies.

« Si ces crétins ne parviennent pas à l'attraper, je me contenterais pour aujourd'hui de cet ajout à ma collection. Mais la prochaine fois, il ne m'échappera pas. »

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