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descriptionLe rouge des elfes [PV : Ilhan Avente] EmptyLe rouge des elfes [PV : Ilhan Avente]

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=> 14 Mars de l'an 1764 - Cyrène


Le bruit des chevaux agaçait fortement la mère de la nuit qui avait ses créatures en horreurs. Il fallait qu'il pense à l'avenir à doter sa carriole de mur insonorisé pour s'épargner les bruits des sabots battant contre terre et des hennissements imbécilisant des équidés. Le goût amer que lui avait laisser la chasse à la licorne n'y aidait pas, si cela n'avait pas été un grand manque de respect envers sa partenaire Euphémia, Toryné lui aurait demandé de l'aider à concevoir des créatures en verre bien plus esthétique pour le transporter. Cette chère Euphémia par ailleurs s'était montrée très silencieuse depuis le début de leur voyage. Le Cygne savait éperdument pourquoi, il n'avait pas caché leur destination et surtout le but... "Aider" les elfes, ou plutôt les "sauver", Toryné avait eu beau lui présenter la situation sur tous les angles imaginables, la dame du miroir était très en colère. Du peu qu'elle avait accepté de lui confier sur les raisons de son emprisonnement, Toryné pouvait comprendre le ressentiment qu'elle en gardait contre les elfes, cependant il n'était pas question de faire demi-tour. Une âme vertueuse dirait qu'on ne pouvait pas condamner tout un peuple, Toryné parlait plus d'opportunité qui ne pouvait se refuser.

Cependant, malgré le silence de son miroir, son trajet ne fut pas silencieux pour autant. Trois autres vampires partageaient son véhicule, des diplomates du Clan, les meilleurs que le Dalis avaient à offrir. Aujourd'hui cependant il faisait davantage office de conseiller auprès du parangon, tout le trajet avait été comme une grande répétition, rien ne serait laisser au hasard lorsque les enfants de la véritable nuit arriveraient à Ipse Rosëa. Ils partaient avec certain... Handicap disons. L'assassinat de l'archonte par un Elusis ne donnait pas la meilleure image qui soit pour les vampires, image qui n'était déjà pas positive. C'était pour cette raison que Toryné avait décidé qu'une halte à Cyrène serait faite, il fallait faire acte de présence, montrer que le Clan Dalis se dissociait totalement des actes des Elusis, il se devait d'incarner ce visage du renouveau de la nuit. Les Dalis espéraient également pouvoir récolter des informations fraîches de la situation. La petite bourgade était parfaite pour ça, suffisamment proche d'Ipse Rosëa, le clan pourrait d'ailleurs établir leur campement entre les deux villes pour la mise en place de la solution Dalis.

Du moins si les elfes acceptaient la main qui leur était tendue, le doute restait permis. Eiris était le plus septique des quatre personnes présentent dans la carriole. Il ne cessait de répéter que l'orgueil et la fierté des elfes seraient un barrage à leur ambition, que beaucoup trop préférerait le corail à la nuit. Pour cela Eiris avait longtemps insisté pour une escorte composé non seulement de la garde, mais également d'assassin, dans l'optique où il faudrait forcer la main aux Roséens. Cependant le jeune vampire n'avait pas eut gain de cause, les directives de la Mère de la nuit étaient sans appel. Seuls la garde Dalis accompagnerait la délégation par sécurité, mais également pour donner l'impression que le gros du clan était loin de Sélénia. Pendant ce temps, les agents de l'ombre resteraient opérer à Sélénia, la guerre froide contre l'Aîné devait continuer, Ipse Rosëa n'était qu'une étape dans un grand tout. Une grande étape certes, son clan pourrait connaître une grande augmentation en effectif, ce qui aiderait à compenser la prise de Nevrast par les Elusis et doterait enfin le clan Dalis d'une plus grande polyvalence.

Trois coups se firent entendre sur la fenêtre de la carriole. Toryné ouvra la fenêtre, découvrant le visage de son fils Ulrich.

-Nous arrivons devant le pont de Cyrène, mère.

-Parfait, seul nous quatre et les gardes à l'avant du cortège vont rentrer dans la ville. Toi et les autres allées commencer l'installation du camp, je vous rejoindrais à la fin de la journée.

-Très bien mère, que devons nous faire si des Roséens viennent nous aborder en voyant l'installation du camp en votre absence ?

-Insiste bien sur nos intentions pacifiques, dis-leur également que le parangon souhaitera s'entretenir avec la quelconque forme d'autorité en place actuellement. Cependant ne laisse personne rentrer dans le camp et évite tout contact physique. Il ne manquerait plus que nous soyons infecté à nos tours. Le clan avait mis en place de nombreuses dispositions pour éviter tout contact avec les malades, des armures et vêtements qui recouvraient tous le corps et les gardes étaient armées de lances pour éloigner tous malades un peu trop téméraires. Il fallait cependant rester vigilant, Toryné souhaitait endiguer la maladie et non l'inverse.

Sans un mot de plus, Ulrich alla donner les instructions de sa mère et maître. Le cortège Dalis se divisant donc en deux, la grande majorité fit demi-tour pour se rapprocher d'Ipse Rosëa pendant que l'autre traversa le pont pour rentrer dans Cyrène.

C'était... vraiment une petite bourgade pensa Toryné. Et dire qu'il s'y était passé il y a peu des événements marquants de l'histoire de Calastin ici, cela résumerait sûrement l'histoire de Cyrène, avec son passage bien entendu.

Quelques gardes vinrent arrêter son moyen de locomotion, rien de plus normal étant donné la situation de la ville. Entre assassinat récent et la peste du corail, tout passage devait être contrôlé. Bien entendu lorsqu'il se présenta, il put sentir une certaine tension, voilà que les vampires de nouveau venait s'intéresser à leur petit village. Toryné usa de tout son savoir diplomatique pour apaiser un minimum les gardes et peut-être aussi rajouta qu'un autre groupe plus imposant et armé avait établi un camp non loin. C'était grandement exagérer, mais au moins on les laissa passer.

-Il est temps de faire bonne figure désormais.
Murmura Amalis en posant son premier pied sur le sol de Cyrène.

-On sourit, mais pas trop car les crocs peuvent intimider. On parle avec les passants, on se montre intéressé. S'il le faut on précise bien notre désapprobation totale des actes de ces barbares d'Elusis et nous montrons notre profonde peine.


-Cela me rappelle l'époque de la cours du royaume, bien qu'on était mieux reçu généralement.

-Cette époque reviendra bientôt Eiris, en mieux même.
Une promesse à laquelle croyaient dure comme fer chaque Dalis.

Et le petit groupe de diplomate se mit à l'œuvre sur ce bel échange, parcourant Cyrène, jouant le numéro de la patte blanche Dalis. Ils excellaient pour ça, après tout le clan Dalis avaient hérité des diplomates et politiciens du défunt royaume.

Cependant il s'avéra que Cyrène avait quelque chose de bien plus intéressant que de simples petits renseignement. Une chance inouïe, une belle coïncidence, presque même trop belle.

-Avente ? Cria Toryné sans la moindre gêne. Hé Ho ! Avente ! C'est bien vous ? Quel hasard de vous croiser ici mon cher ami ! Oh oui c'était lui, Toryné ne pouvait se tromper sur ce point. Sans plus attendre, d'un pas rapide, Toryné se rapprocha du conseiller Delimarien, se moquant des regards qui convergeaient vers les deux énergumènes. Je ne vous ai pas vu depuis... la bataille contre les chimères ! Vous allez l'air en pleine forme dis donc, l'air de l'océanique vous fait vraiment du bien ma parole. La mère de la nuit attrapa le bras de l'Althaïen, le serrant contre lui. Nous avons beaucoup à nous raconter, j'en suis sûr ! Et plus bas il rajouta, tu tombes à pic cher ami, tu vas pouvoir m'aider...

descriptionLe rouge des elfes [PV : Ilhan Avente] EmptyRe: Le rouge des elfes [PV : Ilhan Avente]

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Il était revenu à Calastin, à dos de dragon, depuis peu, en compagnie de son père, même si dans le plus grand secret. Tous deux s’étaient ensuite séparés avant d’arriver à Cyrène même. Ne serait-ce que pour éviter d’ébruiter la présence d’un membre du clan Elusis dans les environs. Leur dernier coup de maitre sur la ville d’Ipsë Rosea avait assez fait parler d’eux ainsi et ils n’étaient guère les bienvenus depuis. Fait renforcé par le bannissement du clan Elusis prononcé par Sélénia.

Ilhan avait pu rencontrer Kalyna, membre éminent de la Loge, dans Cyrène, la veille. Leur rencontre avait eu lieu à l’auberge, sous l’anonymat pour la mage qui ne souhaitait pas être reconnue de tous. Ce que l’althaïen pouvait parfaitement comprendre. Pour tout avouer, que leur rencontre ne s’ébruite pas encore l’arrangeait. Cela lui permettait de consolider ses appuis et ses soutiens pour le projet fou qu’il avait en tête, avant que la nouvelle ne se répande totalement.

Cyrène avait retrouvé un semblant de calme, même si des renforts divers des autres cités calastiniennes étaient restés, que ce soit pour aider à contenir la maladie ou aider à en trouver un remède et sauver les malades qui pouvaient encore être sauvés, ou encore pour aider à soutenir au ravitaillement de cette cité fort éprouvée. Entre la maladie qui la rongeait et la mort de son archonte, Ipsë Rosea semblait frappée d’une sombre malédiction. Un vaste plan avait été mis en place pour organiser les soutiens et surtout éviter que la maladie se propage. Mais malgré l’activité dont fourmillait Cyrène, la morosité ambiante plombait l’atmosphère et étendait son grand manteau gris, donnant au petit village une austérité des plus sinistres. Certes, peut-être pas autant que lors de sa première visite… Mais Cyrène gardait encore les cicatrices des derniers événements.

Ce calme languissant fut toutefois brutalement chahuté par l’annonce de l’arrivée de vampires. L’émoi fut soudain palpable, et courut le long des rues en une rumeur qui prenait de plus en plus d’ampleur. Des vampires à Cyrène ! Après ce que le clan Elusis avait osé faire ? Quel toupet ! Une rumeur qui manqua tourner en émeute, jusqu’à ce que le nom Dalis se fasse entendre. Pas les Elusis donc. Les Dalis… Et si ce nom suffit à calmer quelque peu les ardeurs belliqueuses de quelques-uns, il sonna l’alerte dans l’esprit de l’althaïen. Il connaissait suffisamment la Mère de ce clan-là pour s’en méfier comme de la Peste de Corail. Il n’était guère rassuré de les savoir en ces lieux, bien au contraire. Car un Dalis dans les parages pouvait signifier complot et trahison en vue. Restait maintenant à savoir de quelle ampleur et envers qui…

La curiosité de l’althaïen était attisée. Il ne pouvait toutefois se permettre de se rendre de lui-même au camp Dalis pour obtenir quelques informations. Et s’il envoya quelques araignées se renseigner, il leur conseilla tout de même une grande prudence. Il se souvenait encore, avec force amertume, de la perte d’Ulrich, proche araignée qui fut sienne il fut un temps. Il n’avait nulle envie d’offrir de nouveau de tels trésors au fourbe parangon. Il ne voulait pas non plus oser une invitation audit parangon, préférant ne pas laisser de trace écrite, quelle qu’elle soit. Il se souvenait assez bien ce à quoi avaient servi certaines de ses correspondances… Elusis avait utilisé ses échanges épistolaires avec l’archonte pour tenter de le faire arrêter. Certes, il n’aurait guère risqué grand-chose, quand bien même fut-il accusé un temps, son innocence aurait vite été prouvée. Mais tout de même… Non, pas d’invitation de sa main donc. Il se débrouillerait pour se faire inviter.

C’est ainsi qu’il prit grand soin à se montrer en vue, au moment même où le parangon jouait les divas en pleines rues de Cyrène. Sans doute le spectacle aurait eu plus de grandeur encore, si la boue ne maculait pas leurs bottes et si les paysans s’attroupant avaient plus les allures de nobliaux. Mais Ilhan devait avouer que la Dalis jouait bien le jeu, malgré le caractère tout rustique et bucolique de l’environnement. Il se réjouit toutefois que Dalis ne soit pas obnubilée par ses spectateurs, voire admirateurs, au point de ne pas le voir, et qu’elle l’alpague… comme prévu.

Ilhan retint cependant une grimace à la manière dont il fut apostrophé, mais se retourna et lui offrit son éternel sourire énigmatique quand ses orbes sombres se posèrent sur elle. Tous les regards se tournèrent vers eux, mais l’althaïen comptait bien à ce que les témoins soient nombreux. Qu’ils puissent tous attester que la rencontre fut initiée par le parangon lui-même, et non par le délimarien. Il ne grimaça pas plus quand la vampire lui attrapa le bras et le serra contre elle, même s’il ne put s’empêcher de légèrement se crisper. Il n’était guère friand de ce genre d’effusion, d’autant plus que tous deux avaient peu échangé ce genre de gestes auparavant.

Pouvoir l’aider ? Vraiment ?

Quand Ilhan fut enfin libéré de cette ferme emprise, il s’écarta légèrement et arqua un sourcil pour toute réponse. Il aurait bien rétorqué qu’encore fallait-il qu’il veuille aider… mais en cet instant il opta pour le silence, son sourire se teintant simplement d’une pointe sceptique. Il trouvait le parangon soudain bien sûr de lui. Mais l’althaïen sentait que se jouait là un moment important sans aucun doute, et qu’il avait peut-être tout intérêt à se parer un tant soit peu de politesse, à défaut de se montrer totalement coopératif, afin d’en apprendre plus et de pouvoir déceler les plans que devait sûrement fomenter la Mère de la nuit.

Dame Dalis, fit-il enfin, tout en offrant un salut digne de ce nom, lui.

Il s’inclina alors, tel un noble devant une autre, ce qui fit un étrange contraste avec la familiarité inusitée du vampire précédemment. Puis se relevant avec grâce, il saisit doucement une des mains du parangon et lui offrit un chaste baise-main, à peine effleuré.

Quelle surprise de vous voir en cette contrée si éprouvée et…

Boueuse, paysanne, rustre, champêtre ? Nombre de qualificatifs lui venaient en tête, mais aucun ne seyait aux humeurs d'ordinaire plus courtisanes du parangon.

En plein désarroi. Je puis en tout cas me réjouir de vous voir toujours aussi élégante et flamboyante, même dans les moments les plus sinistres.

Un sourire taquin glissa sur ses lèvres, alors qu’il relâchait la main pâle.

Quel bon vent vous amène donc en ce village de Cyrène ? Nous avons effectivement beaucoup à nous raconter. Et j'attends toujours que vous honoriez votre promesse…

Ce fameux vin d’elfe tant promis et dont il n’avait toujours pas vu la couleur !

Si ce n’était pas là une invitation ouverte à discourir ailleurs, il espérait bien tout de même que le parangon comprenne le sous-entendu : ils n’allaient tout de même pas babiller ainsi en pleine rue ?!

descriptionLe rouge des elfes [PV : Ilhan Avente] EmptyRe: Le rouge des elfes [PV : Ilhan Avente]

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Pendant un bref instant, Toryné eu l'impression qu'Ilhan allait refuser sa compagnie. Il fallait dire que le conseiller Delimarien s'était toujours montré assez réservé en sa présence, peut-être parce qu'Ilhan, contrairement à beaucoup de personne, réalisait la nature profonde du Cygne blanc. Ou alors tout simplement parce qu'il était vampire ? Quoiqu'il en soit Avente était très certainement plus à l'aise lorsqu'une plume les séparait !

Ilhan était cependant et avant tout chose un homme bien trop intelligent, refuser de s'entretenir avec la mère de la nuit s'était se priver d'information. Une si grande concentration de Dalis à un même endroit, cela signifiait quelque chose, Avente le savait et bon comploteur qu'il était, il allait vouloir fouiner. Très certainement que des espions de l'Althaïen était déjà en quête d'obtenir des informations sur le camp que son clan était en train d'installer à l'heure actuelle. Grand bien leur fasse, Toryné n'avait que très peu à cacher, il était presque trop tard pour arrêter son plan, seul les Roseëns étaient désormais maître de leur destin, en partie du moins.

Il laissa Ilhan parler sans l'interrompre, politesse habituelle, question anodine qui n'en était pas vraiment, c'était ainsi que discutait les adeptes des intrigues et des complots. Cependant Toryné fut légèrement surpris par le dernier commentaire de son interlocuteur. Quelle promesse. Il ne fut cependant pas longtemps pour que son esprit se souvienne de cette fameuse promesse, le vin elfique ! Bon sang Ilhan se souvenait de ça ? Il fallait croire qu'il aimait véritablement ce breuvage. Par chance, Toryné avait des bouteilles de bonne qualité avec lui, il en avait apporté dans une optique où l'alcool serait nécessaires pour certaines négociations.

-Sachez cher ami, je n'oublie jamais promesse et que je les tiens toujours ! Était-ce nécessaire de préciser que c'était un mensonge ? Et il faut croire que la chance est de votre côté, j'ai justement amené avec moi quelques bouteilles de votre précieux nectar ! Toryné se tourna vers son garde qui gardait selon ses directives plusieurs mètres de distance. D'un geste du doigt, il l'invita à s'approcher.

-Mon brave, allez donc me chercher une... Il se tourna un moment vers Ilhan puis sourit, deux bouteilles de vin, vous les trouverez dans le coffre marron de la carriole, et faite vite surtout. Un travail ingrat pour un vétéran certes, ce vampire avait accompagné Toryné lors de la bataille contre les chimères, lors de la chasse à licorne, mais parfois le travail d'un garde se résumait à de petits actes du quotidien pour satisfaire leur seigneur.

-Le temps qu'il revienne, je peux répondre à vos interrogations j'imagine. Vous devez bien avoir une certaine idée concernant ma présence en Cyrène j'imagine, l'assassinat de l'Archonte. Malheureusement cet acte, bien qu'imputable aux Elusis, à terni l'image des vampires du triumvirat et je tiens à rectifier cela. Les Dalis n'ont pas à subir les actes isolés d'un autre clan. Ce n'est cependant pas tout
, cela était davantage une excuse, un écran de fumé temporaire pour son véritable objectif. La peste du corail est un problème qui m'inquiète, comme tous les dirigeants de Calastin et je souhaite en apprendre davantage sur cette épidémie et j'ai par ailleurs... Il s'arrêta subitement de parler, du moins c'était l'image qu'il donnait, car cet arrêt brusque était volontaire.

-Et si vous nous trouveriez un endroit adéquate pour boire à nos retrouvailles ? Mon garde ne devrait plus tarder, nous pourrons alors parler plus confortablement, qu'en dites-vous ? Ce serait donnant donnant, si Ilhan voulait en savoir plus, il allait devoir aussi lui donner ce qu'il voulait. Il n'était pas dans la nature de Toryné que de donner sans recevoir.

descriptionLe rouge des elfes [PV : Ilhan Avente] EmptyRe: Le rouge des elfes [PV : Ilhan Avente]

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Quand le cygne blanc lui assura ne jamais oublier une promesse, l’althaïen retint une grimace et parvint à garder un masque lisse et un sourire poli sur son visage. Il n’en pensait pas moins toutefois, et bénit les Huit d'avoir en face de lui un Tyr et non un Ast. Mais effectivement Dame Fortune semblait être avec lui, et le Dalis semblait être assez prévoyant pour emporter avec lui du vin des elfes. Ce nectar si réputé et devenu si rare… À croire que le fourbe parangon complotait pour corrompre quelques elfes. Ipsë Rosea en comptait un grand nombre, et voilà une bien étrange coïncidence que celle de la présence de Dalis en possession de vin d’elfe, si proche des portes d’Ipsë Rosea… Non, Ilhan croyait peu aux coïncidences. Elles ne pouvaient être que l’oeuvre des machinations bipédiques… ou éventuellement des plans impénétrables des Dieux.

Quand Dame Dalis ordonna toutefois à son garde d’apporter, non pas une, mais deux bouteilles de vin elfique, Ilhan haussa un sourcil marquant sa surprise. Le pensait-on capable de tant d’excès dans son amour pour le vin, au point qu’il serait prêt à s'en saouler ? Certes, sa nouvelle condition de sainnûr l’immunisait sans doute à tout état d’ébriété. Du moins le subodorait-il, n’étant guère du genre à tester ce genre d’état qui était bien trop apte à faire perdre tout contrôle à une personne, et pire même toute dignité. Mais cette condition n’était pas encore connue du plus grand nombre. En tout cas, pas encore du Cygne en face de lui a priori. Il ne savait donc s’il devait être flatté, qu’on lui accorda deux bouteilles d’un nectar si prisé, ou s’il devait s’en vexer. Il préféra la première option, qui seyait mieux à un diplomate de son acabit.

Je suis flatté que vous m’accordiez et votre temps et vos mets les plus précieux, susurra-t-il alors en un sourire énigmatique.

Oui, assurément, il se doutait bien que la présence de Dalis en ces lieux était liée à la mort de l’Archonte. Mais jusqu’à quel point ? Sûrement pour tâter le terrain, s’informer… et voir potentiellement si la place vacante pouvait être ravie ? Lors de son enquête à Cyrène, lors de la réunion de crise, enquête qui avait mené à la mort tragique dudit archonte, Ilhan avait longtemps soupçonné Toryné d’être l’instigateur des troubles qui agitaient et perturbaient tant Cyrène. Jusqu’à ce qu’il réalise que ce complot demandait bien trop de fond pour que Dalis puisse se permettre d’engager deux assassins. Au moins. Toujours était-il que, même si le monarque n’avait pas été lié à ces événements, il en aurait tout à fait été capable. Et maintenant que le clan Elusis était démasqué et écarté de Calastin, le cygne blanc avait toute la place pour fomenter ses propres complots. Oui, assurément, songea l’althaïen, Toryné était ici présent pour ses propres complots, ses propres intérêts. Et même s’il ne mentait pas en cet instant, Ilhan le sentant parfaitement, nul doute que ces fameux complots avaient justement un lien avec l’archonte. Ou plutôt la place d’archonte à prendre.

Restait à savoir comment le monarque comptait s’y prendre. Car on ne pouvait guère prétendre que les vampires étaient les bienvenus en Ipsë Rosea. Même si la cité des mages restait ouverte à tous, elle comptait bien trop d’elfes et d’humains, qui, eux, nourrissaient toujours une certaine méfiance envers le peuple de la nuit.

Ilhan se contenta toutefois de hocher poliment la tête aux paroles du parangon, sans perdre son sourire pour autant. Qu’avait-il par ailleurs ? Le dauphin n’était pas dupe, il connaissait parfaitement cet art rhétorique consistant à laisser son public en suspens, ne pas tout dire, laisser trainer une phrase, laisser planer les mots… pour mieux laisser son interlocuteur s’imaginer mille et une choses. Il connaissait cet art-là pour l’avoir pratiqué maintes et maintes fois lui-même. Loin de s’en affliger ou de s’en agacer, il se contenta donc de hausser un autre sourcil, en une invitation muette, mais patiente, à poursuivre. S’il le désirait.

Que Dame Dalis lui révèle ce qu’il souhaitait trouver en Cyrène par ailleurs lui faciliterait grandement la tâche, il ne se le cacherait pas. Mais quand bien même Toryné déciderait de jouer les petits cachottiers, il parviendrait bien à déchirer le voile du secret grâce à ses fidèles araignées.

Un endroit adéquat, donc. Soit, puisque le parangon le souhaitait. Le seul endroit à peu près décent qu’il connaissait en ce village bouseux était l’auberge ou le temple. Or ce dernier était exclu en ces circonstances. Restait donc l'auberge. Certes, elle ne payait pas de mine de premier abord, mais au moins était-elle un tant soit peu propre. Ses lits ne comptaient pas de punaises au nombre de ses habitants en tout cas ! Ce qui, au vu de ce qu’il avait connu lors de son premier séjour en ces lieux, était toujours un point non négligeable à prendre en compte. Et depuis sa dernière visite, elle semblait avoir tenté de regagner quelques couleurs plus décentes, un semblant de propreté bienvenue.

Si Votre Seigneurie accepte de me suivre, répondit-il alors enfin, tout en s’effaçant légèrement pour lui indiquer, d’un geste altier de la main, l’auberge non loin d’eux. Je pense que vous comprenez qu’en ces lieux, les endroits adéquats se comptent sur les doigts d’une main. Je doute que je puisse vous guider jusqu’au camp délimarien.

Autant dire qu’il préférait éviter une tête coupée… Même si cela ne dérangerait certainement en rien les délimariens. Eux et leur amour des vampires...

Un petit groupement de Delimar était resté en effet, notamment des guérisseurs almaréens, autant pour aider à maintenir la quarantaine imposée, que pour aider à la surveillance de la maladie au sein des habitants de Cyrène. Les guérisseurs almaréens avaient en outre mis leurs savoirs médicinaux au service du bien commun, et avaient trouvé pour les stades les plus précoces de la maladie la possibilité de racler les plaies… voire d’amputer. Certes, ce "remède" n’était pas sans risque, que ce soit pour le patient ou pour le guérisseur, mais il avait le mérite d’exister et d’éviter un tant soit peu la propagation pour les cas les moins avancés. D’autres pistes de remèdes étaient à l’étude du côté des almaréens, mais également, s’il avait bien compris, du côté de Kalyna, secondée de certaines hautes personnalités. Cependant les découvertes en la matière avançaient bien lentement…

Et je doute que nous inviter dans le bâtiment qui a accueilli la Loge en Cyrène soit la meilleure solution. Cette dernière, fort éprouvée, est également bien occupée.

Il guida alors le parangon vers l’auberge. À leur passage, les têtes se tournèrent, les chuchotis s’élevèrent. Et quand leurs pas franchirent le seuil de l’auberge, un silence pesant les accueillit. Nul besoin de Tela pour sentir la curiosité mêlée à un élan de ressentiment à leur entrée. Ilhan était déjà assuré que la rumeur de leur entrevue ferait le tour du petit village avant même qu’ils n’en aient fini. Et il y comptait bien. Cela avertirait le campement délimarien de la présence inopinée du vampire, et qu’il était sur l’affaire. S’il n’était pas pêcheur de poissons, au moins pouvait-il aller à la pêche aux informations.

Aussitôt l’aubergiste s’empressa de venir les accueillir et leur présenta sa meilleure table (et la plus propre) légèrement à l’écart. Même si quelques sorts d’isolement furent aussitôt lancés par le sainnûr. Que leur rencontre se sache, soit, mais il ne tenait pas à ce que tout un chacun entende ce qu’ils auraient à se dire. Il lui demanda également un pichet d’eau et deux verres, ainsi que quelques entremets pour se sustenter. Il n’avait pas réellement faim, mais il préférait toujours manger quand il buvait. Une vieille habitude. Sans compter que la note dédommagerait l’aubergiste du dérangement...

D’un geste élégant, Ilhan tira la chaise de Dame Dalis pour l’inviter à prendre place, puis s’installa à son tour en face du cygne blanc. Le port droit, il lui offrit un sourire teinté d’amusement.

Nous voilà installés dans un endroit… adéquat ?

La question n’était que rhétorique. Il se doutait bien que cela n’avait rien de réellement adéquat. Ni pour lui, ni pour le parangon. Mais en cet instant, il n’avait rien d’autre à proposer.

Je nous ai isolés, vous pouvez donc parler en toute tranquillité. Je suis tout…

À vous, certes pas.

Ouïe, compléta-t-il en laissant trainer ses accents althaïens et son sourire taquin.

descriptionLe rouge des elfes [PV : Ilhan Avente] EmptyRe: Le rouge des elfes [PV : Ilhan Avente]

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Toryné se laissa guider par le conseiller Delimarien qui connaissait très certainement bien mieux que la ville que lui. Une quête ardu pour sir Avente que de trouver un endroit confortable pour une discussion avec la mère de la nuit, Cyrène n'était pas la destination la plus touristique de l'archipel.

-Parangon, corrigea le concerner lorsque son "ami" utilisa seigneurerie pour le désigner, il n'était pour l'heure actuel seigneur de nulle chose et la différence qu'il faisait avec le titre de parangon était, pour la mère de nuit, très important. En revanche seigneur ou parangon, Toryné suivit Ilhan dans cet amas de bois que les habitants devaient sûrement qualifier d'auberge. Il était évident que ce n'était pas le genre d'établissement que fréquentait le Dalis, du moins plus aujourd'hui. Les auberges étaient de bon lieu de rendez-vous pour les espions, un brouhaha constant pour camoufler la discussion, suffisamment de monde pour s'y fondre, cependant Toryné n'était pas un espion et sa flamboyance l'empêchait de passer inaperçu. Cependant il n'y avait très certainement aucun autre lieu pouvant leur permettre de s'asseoir tranquillement pour siroter du vin elfique, le pauvre aubergiste n'allait pas faire de bénéfice avec eux.

Ilhan légitima son choix par le fait qu'il ne pouvait bien évidemment pas amener un vampire dans le camp des Delimariens.

-J'ai bien survécu à un bateau Delimarien et cela malgré votre "sublime" lancé de javelot Avente, fort heureusement pour moi vous êtes un guerrier aguerrie et vous avez touché le vrai ennemi et non moi ce jour là. Le vampire n'en tenait pas vraiment rigueur au conseiller Delimarien, quelque part cela l'amusait même que la plus grande menace pour sa vie durant cette bataille ne furent ni les Glacernois ou les Chimères, mais Althaïen non-guerrier qui ne devait même pas être là.

Après tout cela faisait partie de tout l'intérêt d'Avente, plein de surprise, on ne pouvait pas s'ennuyer avec lui au moins, espérons simplement qu'aujourd'hui cela ne soit pas un nouveau javelot qui vienne lui faire perdre quelques mèches de cheveux.

Ce qui n'était pas surprenant en revanche, c'étaient tous les regards qui convergèrent une nouvelle fois vers eux lorsqu'ils rentrèrent dans l'auberge. Toryné y comptait bien comme l'avait démontré son comportement dès son arrivée à Cyrène, que tous s'imprègnent de sa présence. Bientôt, la solution Dalis se ferait entendre et les premiers échos que feraient les gens de Cyrène joueraient le rôle de tremplin pour son grand coup d'éclat, tout comme Ilhan.

Le gérant de l'établissement s'empressa de leur trouver une table. Très certainement sa meilleure table, du moins elle semblait relativement plus propre que les autres, Toryné éviterait cependant de trop la toucher. Avente eut la décence d'également de commander de quoi se sustenter, malheureusement Toryné ne pouvait pas commander une jeune fille à siroter de son côté, il allait devoir se contenter du vin tout seul. Avente lui tira la chaise dans sa courtoisie habituelle en le traitant en véritable dame, peut-être était-ce pour éviter de rajouter davantage à sa réputation d'homosexuel ? Ce n'était sûrement pas pour cela en revanche que le Delimarien les isola par magie afin que personne ne puisse venir les écouter.

-C'est presque romantique, vous et moi, dans ce si charmant établissement ! Je vous aurais presque proposé de louer une chambre si j'avais la soirée de libre. Répondit-il en lui rendant son sourire amusé. Peut-être la blague était-elle un peu osé, voir déplacé, mais Toryné aimait mettre Ilhan mal à l'aise. Alors pour une fois qu'il l'avait physiquement face à lui, le parangon n'allait pas s'en priver !

-Et bien... Avant que je ne commence, Toryné prit la première bouteille de vin elfique et commença à les servir. Trinquons tout d'abord à nos retrouvailles, à la paix et à l'avenir ! Mais surtout à l'avenir. Ce n'était pas certes pas du sang, mais cela n'empêcha en rien Toryné de finir sa coupe en une traite. Suivez ma cadence Avente, je déteste parler avec un mauvais buveur. Voyons jusqu'où irait Avente pour obtenir des informations. Bon, vous devez sûrement vous douter que je ne suis pas là pour uniquement montrer aile blanche, il faudrait de toute manière bien pour ça. Malheureusement les actes des Elusis n'étaient qu'un grief de plus que les Hommes retiendraient contre les vampires dans la longue liste des rancunes raciales.

Toryné se servit un second verre, s'il avait été humain on aurait pu dire que la mère de la nuit avait un sacré problème avec l'alcool. C'était après tout dans la nature du vampire de sombrer dans l'excès dans presque tous les domaines. Son regard se fit insistant en direction de l'amoureux des chèvres pour que lui aussi se réserve.

-C'est davantage notre cher Ipse Rosëa qui m'intéresse et la maladie qui l'afflige. Calastin est mon nouveau foyer et je m'inquiète par conséquent de son bien-être et de son futur. Il coupa sa phrase en prenant une longue gorgée. Et par conséquent je me suis longuement penché sur la question et... Il se pencha légèrement vers Ilhan. Si je vous disais que j'avais trouvé une solution mon ami ? Un remède contre la peste du corail et cela avant vos chers Almaréens et la Loge. Un grand sourire satisfait se dessina sur ses lèvres. Vous comprenez ce que représente le camp qui s'installe non loin d'ici ? Mais surtout comprenait-il qu'il était trop tard pour envisager un quelconque moyen de l'arrêter ? Du moins encore fallait-il vouloir l'arrêter, peut-être serait-ce le cas une fois que Toryné lui aurait dit ce qu'était le fameux remède. Cependant il n'allait pas cracher le morceau aussi vite.

-Allez c'est votre tour maintenant. Dit-il en termina de nouveau son verre. J'aime l'équité, si vous voulez en savoir plus il va falloir me satisfaire ! Je suis sûr que vous avez des choses très intéressantes à me raconter très cher ! Je suis toute ouïe. Termina-t-il en imitant l'accent Althaïen, sans pour autant imiter à la perfection un véritable ressortissant de cette ancienne cité.

descriptionLe rouge des elfes [PV : Ilhan Avente] EmptyRe: Le rouge des elfes [PV : Ilhan Avente]

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Quand Dalis le reprit sur son titre, Ilhan se contenta d’un hochement de tête, d’une légère inclinaison du buste en une très pâle révérence, le tout accompagné d’un sourire poli. Parangon, soit. Seigneurie n’était en cet instant qu’une formule de politesse et non un titre à part entière, mais il avait appris avec les nobliaux à se conformer à leur désir. Ou caprice. Il avait aussi appris avec Dame Dalis à jongler dans les désignations, tantôt Sir, tantôt Dame, en digne cygne qu’il était… Il ne s’offusqua donc nullement de cette reprise. Mais ne corrigea pas non plus ses propres mots. Ses gestes parlaient pour lui.

À l’évocation du souvenir du fameux javelot de glace, son sourire s’élargit plus encore et se teinta d’une moue moqueuse.

Que voulez-vous je m’entraine chaque jour auprès des meilleurs guerriers. Je subodore toutefois leur déception quand ils m’ont vu vous manquer à un cheveu. Pour un peu, ils festoyaient mon premier vampire tué.

Il se rapprocha dudit vampire avec un faux air de connivence.

Ne leur dites pas que je visais la chimère, ils étaient tous persuadés que je vous visais vous… cher Parangon. Je n’ai pas eu à coeur de les détromper. Même si cela m’a valu quelques déconvenues…

Dont des travaux de caisse. Bon certes, ces travaux-là il ne les devait pas pour avoir manqué le vampire de son tir, mais pour insubordination pour s’être trouvé là où il ne devait pas en désobéissant ouvertement à son Intendante.

dont quelques entrainements intensifs supplémentaires.

Entrainement certes, mais cette fois de son propre chef. Même si, quand sa fragile santé d’humain quadragénaire s’était dégradée, il avait dû freiner ses ardeurs. Et attendre, pour les reprendre plus assidument, de renaitre en immaculé, avec une force renouvelée, même si moindre par rapport à ses paires. Une force qu’il n’avait jamais connue, pas même dans sa prime jeunesse. S’il avait pu renforcer quelque peu son endurance, il savait qu’il ne ferait jamais un bon guerrier et que sa force ne serait toujours que brindille face à celle de bien des vampires, elfes ou autres sainnûr. Peut-être s’était-il un peu amélioré au tir du feutonnere. Un exercice guère difficile en soi et pour lequel il s’était découvert étrangement une plus grande facilité que dans ses souvenirs… un héritage paternel encore ? Peut-être était-il aussi assez souple pour parvenir à parer les coups en combat à mains nues, et sa technique, apparentée à celle des Graärh, même si adaptée à sa morphologie, avait souvent l’avantage de déconcerter son adversaire pour lui donner un minimum d’avantages.

Je suis heureux en tout cas d’avoir épargné votre flamboyante chevelure.

Une chevelure qui ne passait guère inaperçue. Beau monarque dans toute sa splendeur. Un monarque qu’il avait béni de son ornithorynque. Certes, Dalis n’était peut-être pas un allié, mais il n’avait pu s’en empêcher. Il estimait que tout Esprit-Lié qui lui offrait la grâce d’assister à son lien avait droit à ce que ce lien soit béni et protégé. Qu’importe qui était le lié alors.

Romantique, oh comment Dalis y allait soudain ! Seule sa belle Althaïa méritait réellement ce qualificatif ! Ilhan garda toutefois pour lui ses sombres pensées et préféra suivre les facéties du cygne, cachant sous son faux sourire la gêne qui ne manqua pas de le happer. Mieux valait jouer de faux semblant que donner quelque emprise à ce sujet au vampire.

Quel dommage alors, vous allez encore manquer une occasion que je vous montre mes talents d’amant, vous qui vouliez tant en savoir plus à ce sujet.

Sa voix sonna bien trop rauque et grave à son goût, manquant de peu de le trahir. Il bénit toutefois les Huit de ne pas l’avoir fait éhontément rougir et d’avoir réussi à contenir ses traitres filaments qui aimaient tant apparaître lors d’émoi ou de gêne inopiné ou d’émotions un peu trop emportées.

Heureusement le vin elfique fit bonne distraction de cette conversation qui menaçait de tourner grivoise, et l’aubergiste le sauva plus encore de cette mauvaise passe.

Soit, à nos retrouvailles, fit-il alors en levant son verre.A la paix et l’avenir.

Même si la paix… durerait-elle seulement ? Et l’avenir… quel serait-il ? Aussi sombre que ces dernières années, lui semblait-il parfois, dans ses moments les plus moroses. Qui n’étaient pas si rares que cela, à son grand désarroi.

S’il fut surpris que le vampire finisse d’une traite, il n’en laissa rien voir. Il le soupçonnait toutefois de vouloir le rendre ivre à son tour en le forçant à suivre son rythme. Et quel gâchis de devoir boire un tel vin divin de cette façon-là ! Il se permit alors de se délecter d’abord de la première gorgée pour en déguster toutes les saveurs. Puis, lançant un regard provocateur au vampire, il finit son propre verre d’une traite aussi. Bénissant sa nouvelle nature de sainnûr qui semblait lui avoir donné une certaine résistance à ce genre de substances. Il s’en était aperçu quand son ancien remède, donné il y a longtemps par Purnendu, ne lui avait plus procuré aucun effet secondaire, telle cette sensation de manque et d’envie que l’humain qu’il avait été avait pu ressentir parfois quand il avait été à court dudit remède. Tiendrait-il aussi bien l’alcool que le vampire pour autant ? Il n’en avait aucune idée. Il espérait parvenir à ne pas franchir ses limites alors…

Un tel vin ne se boit pas, très chère, répliqua-t-il toutefois, mais se déguste, se délecte, avec lenteur pour laisser toutes ses saveurs envahir notre palais.

Oui, il se doutait bien que le Dalis n’était pas ici par charité et bonté d’âme. Aurait-il enfin le fin mot avant la fin du deuxième verre ? Sous le regard insistant du vampire, bien décidé à tenter de le saouler en rétribution de ces informations (que ne fallait-il pas faire pour servir sa cité !), l’althaïen concéda à se resservir également (il devait encore payer de sa personne !). Et but, littéralement, chaque parole de Toryné. Oui, il avait bien deviné qu’il était ici par intérêt pour la cité de la magie.

Calastin son nouveau foyer ? Voilà qui était intéressant, suggéra-t-il d’un simple haussement de sourcil, se contentant par ailleurs d’écouter sans intervenir. Il serait malencontreux de couper son interlocuteur en pleine confession.

Une solution serait trouvée par le cygne ? En voilà une nouvelle intéressante. Un autre haussement de sourcil, cette fois de l’autre côté, souligna son intérêt. Il sentait avoir la solution à l'orée de son esprit, mais elle peinait à se révéler pleinement. Machinalement il vint faire tournoyer sa pythie dans sa main, d'un geste discret et anodin. Ses yeux se voilèrent légèrement d'une brume bleutée qui disparut bien vite, alors que la solution fulgurait en son esprit. Un long frisson courut dans son dos alors que ladite solution se dessinait ainsi. Une solution certes incertaine, la pythie n'était pas toujours fiable... Toutefois cette solution qu'il pensait deviner prenait là tout son sens.

Il avait appris, peu de temps après les sombres événements de Cyrène, qui avaient vu la mort de l’archonte, que l’immaculation était une solution. Il l’avait appris quand il avait su que Lomion avait été sauvé ainsi. Et donc… en toute logique… la vampirisation pouvait l’être aussi. Il avait déjà entendu pareilles suppositions. Mais personne n’avait osé la proposer véritablement. D’autant plus que le vampire qui mordrait un malade risquerait la contamination aussi… Était-ce la solution que Dalis avait trouvée ? Si oui… comment comptait-il s’y prendre pour ne pas contracter la maladie également ?

Ce que représentait le camp s’installant non loin ? Si la solution trouvée était la vampirisation… ce camp serait le nid des nouveaux nés… assurément. L’armée Dalis prenant sous son aile ses petits oisillons… Fichtre ! Et ce sous le nez et à la barbe des délimariens non loin ! Il fallait une sacrée audace pour oser !  Y avait-il seulement un moyen de l’empêcher ? A cette pensée, Ilhan prit une gorgée, autant pour se laisser du temps pour laisser l’idée couler en lui et la peser sous tous ses aspects, que pour se donner une certaine contenance. Non, a priori, aucun moyen. Si ce n’est une propagande pour convaincre les cibles de ne pas céder au doux chant du cygne. Toutefois… cela ne serait-il pas criminel également ? Fichtre, l’impasse !

Il reposa son verre avec lenteur, un sourire savamment calculé plaqué sur ses lèvres. S'il voulait en savoir plus, il allait devoir lâcher quelques morceaux aussi. Son tour de confession semblait venu...  Restait à savoir quelle confession il allait choisir. Il en avait tant...

Votre ouïe fine n’a sans doute pas manqué d’entendre mes petites aventures. Dont celle que j'ai vécue ici même il y a quelque temps.

Celle-là même qui avait vu la mort de l’archonte. Et la perte de sa main gauche, maintenant noircie et quasi inutile, cachée sous son gant. Peu de gens semblaient au courant pour cette main, ou pour la cause originelle de cette "blessure", il avait en tout cas entendu peu de rumeurs à ce sujet. Mais il ne choisirait pas cette confession-là. Non, une autre lui semblait alors bien plus appropriée...

Pour autant je doute que vous ayez entendu que je nourrissais quelque projet. Un projet qui concerne Calastin, mais plus encore. Tout l’archipel sans doute, si jamais il voit le jour.

De quoi titiller la curiosité de Dalis. Et oui, après tout, il pouvait se permettre de commencer à diffuser la base de son idée, ce projet de protection de la magie. Cela ne pouvait que servir son but si ses paroles se propageaient. Les mots pouvaient être puissants et tourner en boucle dans les esprits, jusqu’à ce que ces esprits les fassent leurs… et les adoptent, les répètent alors. Les mots se propageaient, et les idées se semaient.

Je suis revenu ici pour parler de ce projet avec un partenaire important qui pourrait être intéressé.

Nul autre que la Loge. Dalis avait-il eu vent de sa rencontre avec Kalyna la veille ? Peut-être pas, vu qu’il venait tout juste d’arriver. Et Kalyna avait pris certaines précautions, elle qui était mage d‘exception aimant tant les ombres et la discrétion.

Mais laissez-moi deviner votre fameuse solution… serait-ce… la transformation ? La…

Oui, il allait dire le mot. Allez, Avente, tu peux le faire. Après tout, tu es bien passé par là toi-même. À ce souvenir, il manqua frissonner et dut à ses réflexes de politiciens de le réprimer. Ses orbes sombres durent trahir toutefois son léger trouble, alors qu’ils se mettaient à pétiller d’étoiles d’or.

Vampirisation ? Si oui, comment donc pensez-vous éviter la contamination lors de la morsure ? susurra-t-il de ses accents althaïens.

Soulignant bien chaque mot, pour bien montrer l'art de ce noble parler au vampire qui avait osé écorcher cette douce musique.

Se disant, il vida son verre, se resservit puis proposa, élégamment, de resservir le vampire.


[HRP : avec toutes mes excuses pour ce long délais de réponse. J'espère qu'elle te plaira, sinon surtout n'hésite pas^^]

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