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descriptionA pas de loup [PV Belethar] EmptyA pas de loup [PV Belethar]

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Nyn-Tiamat - 16 Février 1764


La préparation pour son voyage avait été difficile car l’hésitation était grande, pour ne pas dire réelle. Il avait étudié les animaux à chaque moment libre, à chaque volume croisant sa route. La moindre miette de connaissance qu’il pouvait trouver et grappiller, il s’en emparait avec l’avidité d’un assoiffé en plein désert. Pour autant, s’il se savait théoriquement prêt pour affronter l’épreuve qu’il s’était fixé, il savait également qu’il risquait sa peau.
Outre le climat peu clément de l’île, il devait compter sur les multiples dangers auxquels il allait devoir faire face. Et c’était sans compter la difficulté de l’épreuve en elle-même. Nyn-Tiamat était la terre mère pour bien des créatures géantes et dangereuses, l’environnement ne permettait pas l’erreur et il devait contourner l’une des zones les plus dangereuses de Tiamaranta, à savoir la forêt de Licorok.

La tâche s’était révélée ardue étant donné que la forêt avait gagné du terrain au point de se tenir presque aux portes de la cité, mais l’elfe y était parvenu en se montrant plus prudent que d’ordinaire. Habituellement, la présence d’un danger avait tendance à le rendre curieux et, plutôt que de le rendre prudent, le poussait généralement à s’y confronter. Pour l’heure, cependant, Aldaron avait été très clair sur les dangers et sur l’interdiction réelle d’y mettre les pieds. Et papa, connaissant Sorel après avoir vécu Morneflamme à ses côtés, avait su se montrer convainquant. Bien évidemment, les circonstances de la prison étaient également bien différentes de celles auxquelles Sorel faisait face actuellement et il avait aussi un but bien défini. Il n’avait pas de temps à perdre avec sa curiosité et sa défiance habituelle. Peut-être plus tard, cependant...

Pour l’heure, l’elfe montait un cheval emprunté aux écuries de son père et s’était mit en route pour la toundra de Nyn-Névrast. Il s’était renseigné au préalable et il savait que les animaux qui l’intéressaient étaient susceptibles de s’y trouver. Les montagnes étaient à éviter car les individus les plus vieux et les plus puissants - et par conséquent ceux plus à même de lui résister - s’y trouvaient. Du moins s’il devait en croire les dires à la fois des habitants et des bouquins qu’il avait consulté.
Il s’était renseigné… pourtant il était seul dans la toundra enneigée. Les pistes de rhinocéros laineux étaient bien présentes mais il n’en avait aperçu aucun jusqu’à présent. Il n’ignorait pas que sa recherche ne porterait pas ses fruits immédiatement, qu’il lui faudrait être patient, mais il n’échappa pas à la déception pour autant.

Il chercherait le temps qu’il faudrait.

Toundra de Nyn-Névrast - 18 Février 1764

La chasse aux indices s’était révélé fructueuse… après ce qui avait semblé être une véritable éternité. Camper dans la toundra inhospitalière de Nyn-Tiamat s’était révélé être une expérience particulière et intéressante. Bien que légèrement froide, si Sorel devait être honnête. Il ne regrettait pas d’avoir emmené une fourrure chaude en plus du reste. Peu désireux de s’en défaire, d’ailleurs, il avait celle-ci drapée en travers de ses épaules pour conserver le peu de chaleur qu’il avait réussi à maintenir durant la nuit.
Il avait déambulé au hasard des empreintes qu’il avait trouvées depuis son levé - très tôt ce matin là, faisant suivre sa monture jusqu’à ce qu’un nouveau set ne le fasse s’immobiliser.
Son idée originale avait été de suivre les troupeaux de rhinocéros laineux, sachant qu’il arrivait parfois à sa cible de s’y attaquer, une idée qu’il avait mise en pratique sans grand succès. Jusqu’à présent.

Mettant pied à terre, Sorel s’accroupit pour étudier ce qu’il avait sous les yeux. Une meute de Fenrisùlfr était passée, assez longtemps pour que les empreintes commencent à s’effacer, mais assez récemment pour que même Sorel, pourtant un pisteur peu aguerri, soit en mesure de les repérer.
Etudiant la direction approximative empruntée par la meute, Sorel guida sa monture jusqu’à un arbre esseulé. Il attacha les rênes au tronc tout en s’assurant que si le hongre devait tirer trop fort - en cas d’affolement - le noeud puisse se défaire. Toutes les montures de l’écurie étaient entraînées pour rentrer en cas de problème et il avait toute confiance en la capacité de l’animal à rentrer à la maison s’il devait se détacher. Cependant, peu désireux de risquer la vie de son seul moyen de retour à la maison, l’elfe dessina une forme approximative dans l’air et lui insuffla la vie. La créature, complexe, était en mesure de surveiller mais également de défendre en cas de nécessité. Juste assez pour gagner un temps suffisant pour permettre à la monture de s’échapper si des prédateurs venaient à la menacer.

« Protège le cheval. Si tu vois qu’il est attaqué, défend-le et permet-lui de se sauver. Il doit rester en vie. »

La créature se hissa sans attendre sur la selle de l’animal et s’y installa, ses grandes oreilles lui permettant de capter l’arrivée de n’importe quelle créature ou prédateur. Ses pattes avant dotées de longs doigts lui permettraient certainement de dénouer le noeud plus rapidement qu’en laissant le cheval se défaire de lui-même à force de pression. C’était idéal.
Sorel hocha la tête, satisfait, puis prépara un sac sommaire, se parant uniquement du plus grand nécessaire afin de voyager léger. Resserrant sa fourrure autour de lui pour repousser le froid, il abandonna son cheval et sa création pour s’élancer à la poursuite des fenrisùlfrs dont il avait découvert les traces.

Il trouva un amas désordonnés d’empreintes appartenant manifestement à un troupeau de rhinocéros laineux, le chaos qui régnait indiquait clairement une fuite après avoir repéré la meute de prédateurs.
Prudent, Sorel tendit l’oreille tout en poursuivant sa chasse. Il y avait de fortes chances pour que troupeau et meutes aient disparus depuis belle lurette, il était pas mal en retard, mais il n’était pas à l’abri d’un retardataire ou d’un oublié. Un rhinocéros laineux, aux abois, pourrait lui faire toutes les misères du monde avant que Sorel ne parvienne à l’apaiser. Il ne trouva rien jusqu’à ce qu’un grondement soudain ne le fasse s’immobiliser.

Accroupi au milieu de la neige dérangée et irrégulière, l’elfe tendit l’oreille, attentif sans pour autant se raidir. Il devait rester le plus calme et le plus posé possible afin de ne transmettre aucune alarme. Les grondements poursuivirent, un lent roulement sourd, avertissement à peine masqué et lui donnant tout loisir de repérer l’emplacement de la menace.
Se frottant les doigts avec le pouce, Sorel inspira avant d’expirer longuement, relâchant toute forme de tension avant d’oser se redresser légèrement.

Quelques mètres devant de la lisière de la forêt de Licorok, devant Sorel et dissimulé derrière un amas rocheux, se trouvait un fenrisùlfr. L’animal était ramassé sur lui-même, la tête basse et la menace roulant de sa gorge. Son regard sauvage était rivé sur l’elfe, imperturbable, guettant le moindre de ses gestes avec une attention prédatrice. Pourtant, alors que Sorel était là, devant lui, l’animal ne bougea pas et ne fit pas mine d’attaquer ni de prendre la fuite. Sa meute n’était nul part en vue, introuvable, pourtant ils étaient connus pour évoluer ensemble à tout moment mais celui-ci était esseulé et immobile.
Epuisé, réalisa le dresseur avec un froncement de sourcils. Il était venu pour rencontrer cette espèce, s’y confronter et voir s’il était en mesure de s’en approcher sans finir déchiqueté et mis en pièce par les animaux sauvages. Il ne s’attendait pas à pouvoir faire face à un individu seul. L’individu en question, cependant, représentait manifestement un danger plus qu’un autre étant donné sa condition et, surtout, les circonstances.

Perplexe, le mage contourna légèrement, sourd aux grondements qui s’accentuaient à mesure qu’il se déplaçait, inattentif au regard insistant qui le suivait et l’épiait sans manquer un seul de ses mouvements. C’est alors qu’il commençait à avoir vue sur le flanc de l’animal que Sorel remarqua la raison de son immobilité.
Refermé non pas sur une seule de ses pattes mais sur deux, se trouvaient des pièges vicieux. Les mâchoires mécaniques faites d’acier s’enfonçaient profondément dans le membre, teintant d’écarlate la fourrure blanche striée de bleu. Une colère sourde se referma sur le ventre de l’elfe et il darda sur les machines un regard noir tandis qu’une moue dégoûtée tordait ses traits.

Révulsé, l’elfe se défit de son lourd manteau et de son sac qu’il abandonna en tas sur le sol, la fourrure épaisse rejoignit les autres jusqu’à ce qu’il se tienne en simple tunique dans le froid glacial de Nyn-Tiamat. Frottant ses mains l’une contre l’autre, Sorel les appliqua contre sa poitrine et laissa la magie du feu s’insinuer dans ses membres et lui tenir chaud malgré les basses températures. Inspirant à nouveau, il modifia sa posture jusqu’à ce qu’il apparaisse moins menaçant mais pas faible pour autant, offrant une apparence sûre mais pas dangereuse pour autant. Il n’était ni proie, ni prédateur, se convainquit-il, et il devait apparaître de la sorte. Son instinct de bipède lui donnait envie de lever les mains pour montrer qu’il ne voulait aucun mal à l’animal mais ses connaissances l’avertissaient du contraire. C’était au contraire une agression, une justification d’attaque, qu’il donnerait s’il devait commettre une telle erreure. Forçant par conséquent son corps à se plier à sa volonté, il posa son regard sur la bête :

« Je ne suis pas là pour te faire du mal, » dit-il d’une voix posée, usant du glyphe apposé sur sa chevalière pour communiquer ses intentions au fenrisùlfr.

Les grondements s’amenuisèrent progressivement mais au pas suivant de l’elfe dans sa direction, la menace reprit de plus belle. Peu importait combien il avait l’intention de l’aider, la créature était en danger et le savait. Elle devait se défendre, l’instinct était plus fort que toute la raison que Sorel pouvait souhaiter lui apporter avec ses beaux mots. Soupirant, il se résigna à employer des moyens plus basiques et s’assit à même la neige, espérant avoir suffisamment d’énergie pour sustenter le sort qui le maintenait chaud suffisamment longtemps. Il le ferait le temps qu’il faudrait.

Il était assis, le cul dans la neige qui commençait doucement à fondre à son contact, depuis bientôt une heure lorsque le fenrisùlfr, une femelle avait-il découvert, consenti à s’allonger dans la neige. Son regard mauvais toujours dirigé vers l’elfe mais moins à l’affût. Elle ouvrit la gueule sur une rangée de crocs ivoiriens et Sorel s’efforça de ne pas penser à ces mêmes crocs se refermant sur lui. Il s’approcha quelque peu, rampant dans la neige et s’immobilisant dès qu’elle se tendit, prête à se redresser.

Il lui fallut un certain temps, assez longtemps pour que le soleil commence à atteindre son zénith, avant qu’il ne se retrouve suffisamment proche pour sentir le souffle de l’animal lui balayer le visage. Elle le considérait, ses grands yeux sauvages fixés sur lui. L’animosité s’y était effacé au profit d’une prudence animale. La douleur et la fièvre s’y reflétaient également, ravivant la colère brûlante de l’elfe. Il tendit la main, paume ouverte, et la posa sur son genou. L’animal resta d’abord immobile mais après un certain temps, finit par tendre le coup jusqu’à ce que sa truffe n’effleure le bout des doigts tendus. La truffe était chaude et sèche au toucher et Sorel jeta un regard plus inquiet en direction du piège qui enserrait la patte avant de la bête.
Enhardi par son succès et plus impatient qu’autre chose de pouvoir délivrer la femelle, Sorel tendit la main vers la patte blessée. Il savait qu’une fois celle-ci libérée, il aurait à s’attaquer à la patte arrière qui était également retenue par un piège.

L’elfe avait à peine touché le métal froid du piège que la réaction s’avéra immédiate. Des mâchoires d’un autre genre d’acier se refermèrent sur sa main, lui arrachant un hurlement de douleur. La bête s’était redressée d’un coup sur ses pattes, la pression et le geste soudain faisant raisonner un craquement sac rapidement suivit d’un glapissement de douleur. La fenrisùlfr le relâcha soudainement, le laissant s’effondrer dans la neige tandis qu’elle s’agitait en tous sens. Roulé en boule et tenant son bras endolori contre sa poitrine, Sorel retint une soudaine envie de vomir, la nausée le saisissant à bras le corps.
Il tenta de s’éloigner légèrement afin de se placer hors de portée de la bête, rampant dans la neige glacée mais quelque chose de lourd le percuta entre les omoplates avec un grondement toutefois moins violent. La chose qui l’avait agressée rebondit contre son dos et l’elfe l’entendit se réceptionner dans la neige, identifiable par le doux craquement de cette dernière. Sorel se redressa juste à temps pour attraper de la main gauche un jeune fenrisùlfr par la peau du cou avant que celui-ci ne puisse se jeter à nouveau sur lui.

L’esprit embrumé par la douleur, l’elfe fixa le jeune animal sans le voir, sans parvenir à connecter les éléments, sans comprendre. Son bras droit reposait, inerte, dans son giron tandis que, de la gauche, il tenait l’animal à bout de bras. Il s’agitait, grondant et grognant, tentant de tout son être de se jeter sur Sorel pour lui faire payer un affront dont ce dernier n’avait aucune connaissance.
Non loin de là, de violents vomissements sortirent le mage de sa transe et il jeta un regard vers la femelle pour voir que celle-ci vomissait ses tripes dans la neige, les membres tremblants. Elle s’effondra dans la neige, la gueule ouverte sur un halètement épuisé entrecoupé de grondements menaçants. Elle fixait de nouveau Sorel avec animosité, sans doute parce qu’il tenait son petit, réalisa-t-il en clignant des yeux. I

Il avait désormais trop chaud, plus chaud que lorsqu’il avait utilisé un sort pour combattre le froid. Son front était couvert de sueur, les gouttes perlaient et s’écoulaient sur ses tempes. Il allait devoir s’occuper de son bras mais c’était pour plus tard. Usant du glyphe de sa chevalière, il apaisa en quelques mots le petit fenrisùlfr. Contrairement à sa mère, le jeune se montra particulièrement susceptible à la magie et s’apaisa rapidement, croyant sur parole les intentions honnêtes de l’elfe. Assis en tailleurs dans la neige, son bras maintenu immobile autant que possible, Sorel dessina une forme approximative en serrant les dents lorsque cela envoya des éclairs de douleur jusque dans le bout de ses doigts et de son épaule. Une nouvelle invocation fit son apparition et, à la demande de l’elfe, se dirigea rapidement vers la femelle. Celle-ci, épuisée, fit quelques tentatives de mordre et d’interrompre l’invocation mais chaque essai se solda d’un échec. Rapide et efficace, la petite invocation parvint à défaire le piège qui s’était refermé sur la patte avant de la bête avant de rapidement se déplacer vers celui qui emprisonnait la patte arrière.
Bien que libre, la bête ne fit pas un geste pour se lever et prendre la fuite. Prenant son courage à deux mains, Sorel se redressa sur ses genoux en prenant appui sur sa main gauche, sifflant entre ses dents lorsque le mouvement remua son bras droit. Il s’approcha, constatant que la patte avant était en mauvais état, probablement parce qu’elle s’était violemment débattue, aggravant les dégâts déjà considérable.

Bien que fatigué, Sorel désigna la femelle de la main et, afin de peut-être faciliter les choses, prit le risque de la poser sur le museau de l’animal. Elle réagit à peine, dardant sur lui un regard mauvais mais épuisé. Il diffusa doucement son énergie, sollicitant la chair de l’animal. Sous les yeux de l’elfe, les plaies de la patte avant commencèrent à se refermer lentement. Il regarda sur la patte arrière et constata que la même chose se passait de ce côté là. C’était lent mais en cours et, rapidement, les plaies ne furent que de mauvais souvenirs. Le sang maculait toujours la superbe fourrure blanche mais au moins n’était-elle plus blessée. Pourtant il pouvait toujours sentir la magie drainer son énergie. Un craquement sec lui fit comprendre qu’elle avait probablement brisé un de ses propres os dans son agitation, certainement avant qu’elle ne brise les siens, songea-t-il avec un sourire de travers.

Constatant qu’elle refusait de se lever, probablement afin de récupérer, Sorel décida de s’installer près d’elle et d’attendre avec elle. Il se traîna jusqu’à ses affaires afin de les rapprocher et de s’enrouler dans la fourrure, conscient qu’il tremblait mais il n’aurait su dire si le choc ou le froid était responsable. Probablement une vicieuse combinaison des deux.
Après un certain temps et une fois que l’animosité se fit moins violente dans le regard de la femelle, Sorel s’installa à côté d’elle. Murmurant des mots rassurants tout en se servant du glyphe de sa chevalière, il lui caressa doucement la fourrure, grattant derrière les oreilles et souriant en constatant que cela semblait lui convenir. Dans son giron, le jeune vint se rouler en boule et s'endormit sans demander son reste. Il resterait jusqu’à ce qu’elle se lève et s’en aille.

Il resterait.

descriptionA pas de loup [PV Belethar] EmptyRe: A pas de loup [PV Belethar]

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La Toundra de Nyn-Nevrast était un de ces lieux réputés de l’archipel que Belethar n’avait pas encore exploré.

Son âme de voyageur, ainsi que quelques affaires le poussant à revenir au port de Nevrast l’avait finalement amené à revenir en Nyn-Tiamat en personne. Si quelques ouvriers étaient encore présents en Nevrast pour s’assurer de la stabilité des constructions toutes fraîches, L’Architecte se plaisait à revisiter les lieux qu’il avait construit, tantôt en total anonymat qu’en s’annonçant.

Cette fois-ci, c’était le premier cas qu’il avait choisi : il était simplement curieux de voir ce “nouveau” peuple vampire (qui n’était en vérité pas si nouveau) prendre possession des constructions faites avec Valmys. L’Enwr trouva cela intéressant socialement de voir comment ses constructions étaient exploités : si son travail chez les Pirates avait finalement donné quelque chose de très atypique, là, les Vampires s’attelaient à faire vivre ces quartiers que lui et son rival avaient construits. Comme s’ils tenaient absolument à honorer ce cadeau qu’on leur avait fait, et qu’ils avaient une revanche à prendre sur des vies faites de traques et de haine.

L’Espérancieux avait donc observé cela quelques temps, offrant son aide de temps à autres aux ouvriers encore présents pour assurer la maintenance des bâtiments, avant de partir vers un tout autre genre d’exploration.

Il se servit de son esprit du Pingouin, l’aidant à parcourir des longues distances en peu de temps, et partit à la découverte des étendues glacées de Nyn-Tiamat, et particulièrement cette fameuse toundra dont il entendait tant parler depuis qu’il était arrivé sur l’Archipel.

Cette randonnée improvisée dura quelques jours, pendant lesquels Belethar en profita pour faire le vide avec soi-même, et songer aux différentes choses qui lui était arrivé dernièrement, et particulièrement sa rencontre si partculière avec le Néant. Depuis qu’il avait eu cette fameuse conversation avec Naal en ce jour de Décembre, Belethar se sentait … Changé. Presque comme si ce tatouage qui avait poussé, était passé d’une tâche peu reluisante sur son corps, à une véritable extension de lui même qui prenait plaisir à épouser la forme de son bras et de son cou.

D’ailleurs, le Pater Familias ne le cachait plus du tout, tant est si bien qu’il avait radicalement changé son style vestimentaire pour adopter des tenues plus légères, et qui laissait généralement ce bras et une partie de son torse apparent. En l'occurrence, il portait une de ses tenues de ce genre pendant la randonnée, avec de bonnes chaussures de marche, et évidemment sa cape familiale qui grâce à un glyphe magique l’empêchait de mourir de froid.

Une véritable bonne trouvaille qu’était l’enchanteur roséen qui lui avait permis d’améliorer son accoutrement.

Outre donc ces réflexions personnelles qui permettait à Belethar de se relaxer quelques peu, et de faire le vide (qui lui était désormais si cher) dans son esprit, il eut donc à voir de merveilleuses choses, à savoir une nature qui était très sauvage, et pas ou peu habité par les différentes races qui composaient ce monde.

En tant qu’élève baptistrel, Belethar avait tout naturellement appris à observer et surtout respecter la nature. Il respectait le froid mordant, mais aussi ces troupeaux d’animaux sauvages (dont il se tenait évidemment très éloigné), cette flore riche et également les quelques rares ondes de lumière qui venaient épouser la toundra pour faire de tout ce tableau une harmonie parfaite, et qui aurait sûrement plu à nombre de ces collègues.

Parfois, l’Espérancieux ne comprenaient pas pourquoi certains de ses amis du Domaine y restaient parfois toute leur vie à lire des livres, alors que les plus belles histoires que l’on pouvait vivre était là dehors.

La réponse était probablement, parce que dans la vraie vie, les histoires ne marchaient pas comme dans les contes de fées.

Alors que Belethar continuait son exploration, il finit par se retrouver à la lisière de la forêt de Licorok. S’il savait cette zone particulièrement dangereuse, l’Espérancieux n’était pas fou et faisait en sorte de bien la longer pour ne pas tomber dans tous les maléfices qu’on lui attribuait.

Ainsi, il traversa un petit amas rocheux, et se trouva nez à nez face à un … Non, deux. Fenrisulfs.

Si la réaction de n’importe quel humain censé aurait été de fuir loin, et vite, Belethar fut tenté de rester : non pas parce qu’il n’avait pas peur des bêtes, mais parce que quelque chose l’attirait d’autant plus.

Des pleurs, mais qui ressemblait en tout point à des pleurs de bipèdes cette fois-ci. Le Pater Familias trouva cela étrange, et garda ses distances tout en observant la situation. Il ne fallut pas plus de quelques instants avant que Belethar ne reconnaisse … Sorel Gallenröd.

Et manifestement dans un sale état ! Le Pater Familias connaissait le jeune elfe car il faisait partie de l’entourage proche d’Aldaron, mais n’avait encore jusqu’à là jamais trop échangé avec lui en personne. Disons que cette rencontre aurait pu être une occasion comme une autre, si le rouquin n’était pas recroquevillé en train de pleurer, et ensanglanté.

Belethar inspira longuement, mettant sa phobie des blessures et autres personnes mal en point (et sa peur de se faire manger par un fenrisulf en guise de goûter) de côté. Les missions d’un baptistrel étaient claires : il devait apporter le soin à quiconque était en danger, et Sorel ne ferait pas exception.

L’Espérancieux s’approcha de l’elfe à pas discrets, pour ne pas craindre un potentiel réveil de la nature alentours, qui les metteraient dans une panade encore plus grosse que celle actuelle. Belethar fit un petit signe de salutations rapide à l’elfe (à la vue des circonstances, il négligea éhonteusement tout le protocole social habituel), posa ses affaires, et sortit un nécessaire pour pratiquer les soins. Il était grand temps de se mettre au travail.

“Sorel, que faites vous ici, et que vous est-il arrivé pour que vous soyez … Dans cet état ?” Fit Belethar, réprimant un haut le coeur, alors qu’il examinait rapidement l’état de l’elfe.

“Aldaron ne vous a pas t-il dit que se fricoter à des fenrisulfs pouvait être dangereux ? Dites moi ce qu’il vous ait arrivé dans le détail.” Connaissant le vampire Elusis, il lui avait sûrement fait une réprimande de ce genre, mais Belethar avait besoin de savoir l’origine de la blessure pour mieux le soigner.

Alors que Belethar était plongé dans ses premières observations, l’Enwr ne fit pas attention à la jeune larve qui sortit de son sac. Un petit insecte humanoïde se glissa alors entre les deux protagonistes, et grimpa sur le bras du Pater Familias, cherchant manifestement à se protéger du froid en s’aidant de la cape de Belethar.

L’Enwr eut un petit sourire, avant de préciser, pour Sorel :

“N’ayez pas peur de Nasod, il est inoffensif. C’est un petit karapt dont leur reine m’a confié la responsabilité pour quelques temps … Mais c’est une autre histoire.”

Nasod posa alors son attention sur l’elfe mal en point, et fis un geste avec ses petites mandibules, comme pour le saluer à sa façon.

“Il vous aime bien.”

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Le grondement sourd du petit fenrisulfr qui était à moitié étalé dans son giron fit sursauter Sorel. Pris par surprise, ses sanglots s’interrompirent l’espace d’un instant, le temps qu’il regarde autour de lui pour voir la silhouette solitaire d’un humain. Plissant les yeux à travers les larmes qui s’étaient accumulés dans ses yeux, l’elfe les essuya du revers de sa manche, ressentant avec une grimace combien le froid en avait gelé la plupart et laissé ses joues glacées. Près de lui, le jeune prédateur s’était redressé, le corps pressé contre celui de Sorel tandis que ses yeux clairs restaient fixés sur l’approchant, chaque muscle tendu au point d’en faire une forme dure et crispée.
Reniflant bruyamment tandis que sa main libre revenait caresser le pelage froid de la fenrisulfr adulte, Sorel distingua finalement le nouveau venu. Belethar Espérancieux. L’elfe cilla, clignant des yeux, avant de baisser les yeux sur la gueule massive de la fenrisulfr adulte, puis sur ses pattes désormais soignées à la fourrure maculée de sang. Il n’y avait aucune raison pour que l’apprenti baptistrel se trouve dans les parages, à plus forte raison en dehors des murs de Névrast dont il était responsable de la nouvelle beauté. Avec la participation de Valmys. Que ferait l’Enwr ici ? Sorel avait-il, d’une façon ou d’une autre, récupéré du poison en essayant de libérer la femelle fenrisulfr et était en train d’avoir une hallucination ?

Le son de la neige et du sol gelé sous les pas de l’Espérancieux, cependant, lui fit cligner des yeux à nouveau à l’instar du son des objets que le baptistrel posait au sol, s’affairant devant lui. Contre Sorel, le jeune fenrisulfr émit un grognement profond et se jeta en avant avec la ferme intention de s’attaquer à l’Enwr, la fourrure hérissée. L’elfe le retint de justesse de sa main libre, l’attrapant par la peau du cou avant de le rapprocher de lui.
Les intonations inquiètes de Belethar, entre autres indices, et à l’instar de la réaction de son compagnon, lui confirmèrent qu’il n’était pas en train d’halluciner. La remarque concernant Aldaron fit froncer les sourcils de Sorel, se rappelant effectivement que son père l’avait averti.

« Tout se serait bien passé sur des braconniers n’avaient pas installé des pièges, » bredouilla-t-il avec colère.

Il serra les lèvres mais un nouveau sanglot lui échappa et il reprit machinalement ses caresses.

« J’ai pas pensé au poison, » hoqueta-t-il piteusement.

Contre lui, le jeune fenrisulfr se tendit soudainement, inclinant la tête sur le côté tandis qu’un nouvel arrivant faisait son apparition. La créature était de forme humanoïde et pas bien grande. Pelotonnée contre le bras de l’Enwr, elle était curieuse et intéressante, attirant l’attention de l’elfe. Le petit cliquetis qui lui fut adressé, bougeant de ses mandibules en guise de salutation ou, peut-être, était-ce en train de discuter directement avec Belethar. La conclusion de ce dernier pouvait indiquer que la seconde solution était la bonne. Se sentant un peu vaseux et un peu froid, l’elfe lâcha le jeune fenrisulfr pour adresser un coucou de sa main intacte.

« Je l’aime bien aussi. » Il réalisa avec un temps de retard que l’Espérancieux lui avait posé des questions, l’interrogeant sur ce qui lui était arrivé, sur ce qui n’allait pas. Il ouvrit la bouche et la referma, ne trouvant ni par où commencer ni quoi dire, l’esprit un rien embrouillé par la douleur, le froid et la fatigue d’avoir pleuré. « Elle m’a mordu la main et l’avant-bras… et elle m’a secouée, je crois ? Et elle m’a lâchée. Je crois que j’ai le bras cassé ? »

Il n’était pas en mauvais état, compte tenu de ce qui l’avait mordu. Le poison l’avait probablement tellement affaiblie qu’elle n’avait pas été en mesure de l’attaquer pour de bon et efficacement. Sachant qu’elle était morte peu de temps après s’être allongée pour se reposer, c’était une hypothèse qui pouvait presque faire office de conclusion. Tout de même, sa main et son avant-bras étaient dans un état pathétique et la douleur qui remontait jusque dans son épaule lui donnait la nausée.

descriptionA pas de loup [PV Belethar] EmptyRe: A pas de loup [PV Belethar]

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Aussi discret que pouvait l’être Belethar, cela ne suffisait certainement pas à se faire oublier d’une nature qui avait depuis longtemps investi les lieux au mépris de l’homme, et de toute autre race bipédique d’ailleurs. Et s’il avait blâmer Sorel d’être un inconscient à traquer les fenrisulfrs, il regretta de ne pas avoir assuré ses arrières quand il entendit un grognement d’un prédateur plus jeune non loin.

Il eut un frisson, non pas provoqué par le froid mais bien par la terreur qu’inspirait cet animal qui avait perdu sa mère. Cherchant une solution rapide pour ne pas risquer de se faire agresser, Belethar attendit cependant que son compagnon blessé du jour ne finisse de lui dire comment il s’était mis dans cet état.

« Tout se serait bien passé si des braconniers n’avaient pas installé des pièges »

L’Enwr inclina la tête légèrement. Mais qui pouvait être aussi bête pour poser des pièges dans le territoire des fenrisulfrs ? Ces bêtes très agressives une fois en groupe étaient capables de dévorer en un rien de temps tout ce qui passait sur leurs chemins, alors pourquoi voudrait-on les chasser ? Belethar finit par faire une petite moue et soupira en fermant les yeux.

La bêtise humaine n’était pas le sujet du jour.

« J’ai pas pensé au poison »

L’Enwr resta silencieux, comme un médecin écoutant son patient, et sortit quelques affaires de sa besace qu’il avait avec lui. Une chance que l’apprenti baptistrel ne voyage jamais sans de quoi prodiguer des soins physiques, en plus de ceux magiques. L’état de Sorel était certes assez pitoyable, mais par chance, Belethar était arrivé au bon moment avant que le tout ne dégénère encore plus, surtout si le poison était de mise dans cette affaire.

Une salutations à Nasod plus tard, Belethar eut une idée plus précise du diagnostic à faire, quand Sorel lui décrivait les derniers événements :

« Elle m’a mordu la main et l’avant-bras… et elle m’a secouée, je crois ? Et elle m’a lâchée. Je crois que j’ai le bras cassé ? »

L’Espérancieux eut un petit soupir de soulagement.

“Alors vous n’êtes pas empoisonné vous, n’est-ce pas ? Avez-vous touché à ces pièges ?”

Écoutant sa réponse d’une oreille, Belethar se rapprocha de Sorel, ne laissant presque rien en matière de distance entre eux. C’était un mal nécessaire pour ce qui allait suivre, car il ne voulait pas risquer qu’une intervention de la nature n’aggrave la situation. Il traça ensuite rapidement un cercle dans la neige englobant les deux hommes, et mobilisa la trame pour établir un Sanctuaire digne de ce nom.

Là, Belethar se savait en sécurité. Lui ou Sorel n’auraient pas pu être attaqués, à moins que le Fenrisulf ne s’en prenne directement à la magie même qui composait ce petit dôme de sécurité. Mais dans ce cas, il y avait d’autres problèmes plus urgents à gérer que son ami elfe qui était complètement fracassé.

L’Espérancieux se gratta la barbe d’un air pensif pendant quelques secondes avant de passer à l’action.

Les conditions climatiques assez terribles n’arrangeait pas l’état du patient, L’Espérancieux s’assit en tailleurs et amena gentiment Nasod sur la paume de sa main, puis entre ses genoux. Il se délesta ensuite de sa cape, et s’en servit pour couvrir Sorel.

Belethar allait avoir froid pour quelques minutes, mais il ne pouvait pas en être autrement, car il avait peur que la température n’aide pas au processus de guérison de son compagnon.

L’Espérancieux posa une main sur le front du fils d’Aldaron, et une fois celui-ci réchauffé par les protections magiques de sa cape, il frotta ses mains et décida de passer à l’action. Il prit la petite larve Karapt dans ses mains, avant de la poser gentiment sur la zone affectée par la douleur de Sorel.

Il lui expliqua ensuite :

“N’ayez crainte. Comme je vous le disais, Nasod n’est pas méchant. Il va simplement m’aider à vous soigner un peu mieux …”

Et pour cause, la capacité de transmissions d’informations assez précises du petit karapt pouvait s’avérer assez utile. Aussi, il passa rapidement ses petites mandibules sur le bras infecté de son ami elfe, avant de revenir aussitôt à Belethar, lui aussi manifestement très apeuré par la bête encore en vie qui rôdait à quelques centimètres d’eux.

La petite larve planta ensuite ses petites mandibules dans l’épaule de l’Espérancieux. Le tout était indolore ou presque, semblable à quelques picotements qui venaient lui parcourir le corps. Néanmoins, Belethar vit ensuite avec précision ce que le Karapt lui rapporta.

Effectivement, c’était un bras qui semblait avoir subi de multiples lésions, et peut être que ses os n’étaient pas dans l’ordre exact de ce qu’ils devaient normalement être. Et peut-être que la blessure était infectée. Belethar réprima un haut le cœur, essayant tant bien que mal de combattre sa phobie des malades.

Il était un grand garçon désormais, l’incident avec Maître Kehlvehan datait d’il y a plusieurs années déjà. Il devait braver ce dégoût pour sauver la vie d’un ami. Comme pour se cacher de ces pensées, Belethar occupa son temps en parlant à son ami :

“Je vois. Laissez moi vous dire que c’est une chance que je vous ai trouvé là. Dans n’importe quelle autre situation, vous aurez probablement laissez votre peau ici.”

Et ça n’était pas un mensonge que de dire cela. Que ce soit par blessure, ou à cause des autres animaux sauvages qui auraient vu dans l’elfe affaibli un délicieux goûter. Mais cela Belethar se garda de le dire : Sorel devait suffisamment s’en vouloir pour qu’il n’en rajoute une couche.

“Serrez les dents, l’ami.”

Fit Belethar, alors qu’il tendit sa main vers Sorel, mobilisant une nouvelle fois la Trame pour faire passer son énergie à celle affaiblie du jeune elfe. Un sort de soin physique tout à fait classique, mais compte tenu de l’expertise magique de Belethar, cela suffirait très certainement à remettre l’elfe de plein pieds en un peu de temps.

Compte tenu de son état, cela prendrait certainement plusieurs minutes, voir peut-être plusieurs heures pour que le tout disparaisse complètement.

D’ici là et attendant que son sortilège fasse effet, pour stopper d’éventuels saignements, l’Espérancieux appliqua successivement des compresses sur différentes zones du bras, afin de pouvoir contrôler un peu plus le métabolisme de l’elfe.

“Quand même … Des fenrisulfrs … - Fit Belethar, n’en revenant toujours pas de ce qu’il venait de voir - Vous ne comptez pas en adopter un quand même ?” demanda innocemment l’Enwr, essayant de maintenir un lien avec son patient en attendant que son état se stabilise.

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Maintenu à l’écart par le sanctuaire mis en place par Belethar, le jeune fenrisulfr se pelotonna contre le flanc de sa mère, ses yeux clairs et perçants restant résolument fixés sur les deux bipèdes. Sorel l’observait distraitement, conscient de la proximité inhabituelle du baptistrel avant de répondre d’une voix atone :

« J’ai touché le piège, » il baissa les yeux sur ses mains, observant ses doigts rendus pâles par le froid mais ne vit aucune plaie pouvant indiquer qu’il s’était blessé sur le tranchant des pièges. Il avait à peine eu le temps de le toucher avant qu’elle ne réagisse en l’envoyant paître. L’elfe secoua la tête, « Non, je n’ai pas été empoisonné. Seulement elle... »

Ce qui devrait probablement le soulager. Si le poison pouvait avoir un tel effet sur une fenrisulfr adulte, il n’osait pas imaginer ce qui lui serait arrivé s’il devait en subir les affres également. Il serait probablement mort bien avant que Belethar n’ait le temps de faire quoique ce soit ? Encore que, il ignorait certainement l’étendue des talents du baptistrel, aussi pouvait-il se tromper.
Un poids soudain sur ses épaules le fit sursauter et Sorel quitta ses mains des yeux, notant au passage que la neige s’était teintée d’écarlate, pour regarder Belethar puis la cape qu’il avait gentiment posée sur ses épaules. La chaleur diffuse qui commençait déjà à le parcourir lui fit fermer les yeux de soulagement. Il regretta soudain le confort et la chaleur de la maison de papa, vautré qu’il avait été quelques jours seulement auparavant devant un feu ronflant, enroulé dans des couvertures et des coussins. Il avait eu tellement d’espoir et peut-être des idées un peu trop romancées de son escapade. Il n’aurait jamais imaginé tomber sur un individu seul, les fenrisulfrs étant connus pour évoluer en meute et trouver cette femelle seule avait été inattendu, une bonne surprise à n’en pas douter. Convaincre un individu seul de ne pas l’attaquer était infiniment plus facile. S’il avait trouvé une meute, il serait resté à bonne distance pour les observer sans grand espoir de pouvoir les approcher. Mais au moins savoir qu’ils avaient conscience de sa présence sans pour autant chercher à le prendre en chasse et à le mettre en pièce aurait été une satisfaction en soi. Un accomplissement. Il ne saurait jamais s’il avait réellement progressé. L’état d’affaiblissement de la femelle l’avait probablement conduite à le tolérer davantage que si elle avait été suffisamment en forme pour le pourchasser.

Un contact inattendu sur son bras blessé le fit sursauter mais avant qu’il n’ait un geste malheureux, Belethar l’apaisa rapidement de quelques mots, le rassurant tandis que l’elfe jetait un regard curieux au jeune karapt. Se laissant distraire par la curiosité afin d’étouffer la douleur qui irradiait et pulsait comme un second cœur, Sorel détailla la petite créature du regard. Nasod, de son petit nom, se déplaçait légèrement sans lui causer plus de douleur, ses mandibules s’agitant autour de ses blessures et récupérant manifestement des informations avant de rejoindre Belethar, ses courtes pattes tricotant rapidement, l’air peu assuré. Sorel leva les yeux vers le petit fenrisulfr qui rôdait à la limite du cercle de protection et fronça les sourcils.

« Il n’attaquera pas, » marmonna-t-il, quoique pas très sûr de lui-même. Peut-être qu’un peu avant l’attaque de la femelle, son assurance aurait été plus franche et plus ferme mais à l’instant présent il n’était plus très certain de beaucoup de choses.

L’affirmation de Belethar fit grimacer Sorel qui n’osa pas trop le contredire, probablement parce que le baptistrel avait tout aussi probablement raison. Il préférait ignorer ce fait, cependant, et répondit avec un sourire en coin, un rien plus proche de son attitude habituelle :

« Mais vous êtes là, » fit-il remarquer avec une once de sa bonne humeur usuelle, « et dame la chance ne m’a pas encore oublié. »

Faisant preuve de plus de courage qu’il n’en ressentait réellement et de plus d’assurance qu’il n’en avait, Sorel hocha la tête et serra les dents, détournant le regard tandis que Belethar tendait une main vers lui. Il ne voulait rien moins que de retourner se coucher dans son lit, enroulé dans une couverture chaude, avec un feu ronflant à quelques mètres de sa couche. Le craquement du bois et le souffle du vent dans les pierres, poussant contre les fenêtres de sa chambre, un fond sonore rassurant et réconfortant. Lui qui aimait bien se balader en pleine nature se trouvait soudain le besoin de ne pas s’y trouver. Il regrettait son choix tout en considérant le fait qu’il n’avait probablement pas tout perdu dans son idée stupide. Son regard trouva la forme gauche du jeune fenrisulfr. Il ne le laisserait pas là. Quiconque ayant posé ce piège était susceptible de revenir à tout moment et si le jeune n’était pas déjà mort de faim ou attaqué par d’autres prédateurs avant ça, il serait probablement emmené. Peut-être tué, lui aussi, pour sa fourrure ou pour tout autre chose.
Il pouvait sentir la magie se glisser dans chaque fibre de son corps, dans les muscles et les os. Le déplacement d’un de ces derniers le fit grimacer et il fronça le nez tandis qu’il se concentrait désespérément sur ce que faisait Belethar. La sensation dérangeante et confuse de la magie faisant son office était définitivement plus gênante et perturbante que celle produite par les attentions du baptistrel sur ses différentes blessures ouvertes. La douleur continuait de le faire frissonner, lui donnait l’impression de mourir de chaud tandis qu’il tremblait, moins de froid désormais que la cape lui prodiguait une chaleur réconfortante.

C’était un bordel sans nom et il peinait à s’y retrouver, lui-même, dans ses propres pensées et ses propres ressentis. Il se sentait engourdis, endoloris et fiévreux, de ça, il en était certain.
La question du baptistrel le ramena soudain à la réalité, la distraction disparaissant de son regard pour se faire plus ferme et déterminé :

« Je ne peux quand même pas le laisser là, » s’indigna-t-il. Faisant la moue, il reprit en marmottant avec l’air d’un gamin qui tente de se justifier : « Si la chance m’a mis sur votre chemin, je pense qu’elle m’a mise sur le sien. Je n’ai pas l’intention de l’abandonner à la mort sans rien faire, » il frémit lorsqu’il sentit un nouveau déplacement sensible dans son bras, tout son corps tressaillant en réaction à la sensation désagréable et douloureuse. « Vous avez bien un petit karapt avec vous, » pointa-t-il d’un ton boudeur.

Par ailleurs… il s’intéressa à la petite créature, s’accrochant à peu près à tout ce qu’il pouvait pour ignorer les nouvelles cicatrices qu’il allait probablement récolter de ce jour, sans parler des sensations qui continuaient de l’assaillir.

« Comment communiquez-vous avec lui ? Nasod, c’est ça ? »

Dernière édition par Sorel Gallenröd le Ven 26 Fév 2021 - 15:36, édité 1 fois

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« Non, je n’ai pas été empoisonné. Seulement elle... »

Belethar eut un petit soulagement quant à cette approbation. Il allait évidemment faire le nécessaire pour avoir un véritable diagnostic sur cette affirmation, mais les sensations que pouvait éprouver l’elfe le réconfortait déjà dans ce sens. D’autant que les braconniers devaient être sacrément expérimenter pour avoir réussi à piéger un fenrisulfr de la sorte. Eux qui étaient réputés pour leur grande férocité une fois en meute, pouvant jusqu’à chasser des mythiques dragons … Il n’imaginait pas quel niveau de complexité le poison devait avoir pour mettre hors d’état de nuire une telle bête.

Et pour être honnête, il ne préférait pas se poser la question. En revanche, quant Sorel lui affirma que son petit : “n’attaquera pas”, l’Espérancieux eut quelques doutes, et préféra répondre au fils d’Aldaron :

“Disons que mon envie de finir en pâté n’est pas au beau fixe aujourd’hui. Je préfère me protéger dans ce genre d’opérations délicates. D’autant que les fenrisulfrs ne sont pas vraiment réputés pour être inoffensifs.”

Il adressa un petit clin d'œil à Sorel, avant de se remettre au travail. Car si Belethar faisait des blagues et des sourires, ça n’était que pour mieux camoufler une angoisse qui le titillait de plus en plus. Mais si une goutte de sueur perlait sur son front, il prenait sur lui pour guider la magie au mieux, et faire en sorte que le jeune elfe se remette.

Celui-ci lui fit d’ailleurs remarquer qu’il était chanceux de l’avoir trouvé là. Belethar se contenta d’hocher la tête avec une certaine gravité : Il n’était pas encore tiré d’affaire, mais oui, il avait eu de la chance.

Pour le reste de l’opération, L’Espérancieux retroussa ses manches et entrepris quelques actions pour aider l’elfe à guérir : une fois que le sortilège avait atteint le corps de l’elfe, et que Belethar avait fait le nécessaire pour que celui-ci ne saigne plus, il aida la Trame à soigner efficacement Sorel. Ça n’était pas grand chose, mais les informations que lui avait transmis Nasod permettait d’optimiser l’usage de sa magie : savoir où étaient avec exactitude les plus gros points de souffrance de l’elfe permettrait de dépenser plus d’énergie à ces endroits là, et donc d’avoir une guérison plus rapide.

Toutes ces petites choses qui lui faisaient gagner du temps et de l’énergie, et qu’il ne pourrait pas vraiment faire sans l’aide singulière de sa petite larve. Belethar eut un nouveau petit sourire quand il entendit la réponse de l’elfe quant à la potentielle adoption du fenrisulfr. Il fit ensuite à Sorel :

“Pour être tout à fait honnête, je m’y attendais. Le défi sera de taille si vous désirez vraiment l’apprivoiser … Si tant est qu’on puisse vraiment apprivoiser un fenrisulfr.”

L’Espérancieux fit une petite grimace, alors qu’il se saisit à nouveau du bras de l’elfe, gérant les flux magiques à l’intérieur de son bras. La guérison se faisait lentement et progressivement.

“Mais j’ai foi en vous… “Le maître des bêtes”, c’est ça ? Je suis sûr d’avoir déjà entendu ce surnom quelque part. S’il y a bien quelqu’un qui pourrait offrir la suite d’une vie décente à ce fenrisulfr, c’est bien vous.”

Belethar posa à nouveau le bras de Sorel quand il sentit qu’il n’avait d’autres choses à faire qu’attendre qu’il ne se sente mieux, et se frotta les mains avec une certaine vitesse. Il fallait bien se protéger du froid comme il le pouvait.

L’Espérancieux prêta l’oreille quand il sentit la curiosité de Sorel se porter vers Nasod :

“Comment communiquez-vous avec lui ? Nasod, c’est ça ?”

Belethar eut un petit sourire coquin, se rappelant de sa première rencontre avec la larve, avant d’avoir un petit soupir et de dire :

“C’est une longue histoire. J’ai rencontré ce petit être au Canyon Karaptia, alors même qu’on m’avait séparé de mes compagnons d’expédition. Je m’étais alors caché dans le garde manger de ce peuple, dans une bassine de sucre … Autant vous dire que reluisant comme j’étais au sortir de celui-ci, Nasod m’a tout de suite beaucoup aimé. Ou a plutôt aimé le bonbon géant que je représentais.”

L’apprenti baptistrel eut un petit rire, et Nasod eut un petit mouvement de mandibules significatif, comme s’il semblait partager le sentiment de son maître. Belethar reprit alors son petit récit :

“Il m’a plus ou moins guidé vers la sortie, en me transmettant des informations ainsi …”

L’Espérancieux allia gestes et paroles en intimant Nasod à planter ses petites mandibules sur sa peau, chose qu’il fit prestement. Belethar décrit ensuite le tout à Sorel :

“Cela ne fait pas spécialement mal, c’est comme des petits picotements auxquels on devient coutumier à force. Et de cette façon il me transmets bien des choses : que ce soit le plan du rucher karapt, ou des détails précis sur certaines choses, comme l’état de votre bras par exemple”

Belethar eut un petit sourire, alors qu’il fouilla dans sa besace pour y trouver un petit pot de miel qu’il ouvrit délicatement. Là, il le posa dans la neige, et Nasod s’y rua pour manger son contenu.

“Les karapts sont des êtres particuliers,et depuis ma cohabitation avec ce petit être, j’ai pu m'apercevoir de beaucoup de choses les concernant. Mais bien qu’il ait aujourd’hui l’apparence d’une larve inoffensive, Nasod deviendra bientôt plus grand et plus fort. C’est à ce moment que je devrais le rendre à sa mère, la Reine.”

L’Espérancieux eut un nouveau petit sourire avant de se pencher à nouveau vers le bras de Sorel : celui-ci reprenait des couleurs, et une forme plus adéquate. C’était encourageant. Il fit alors à son patient du jour :

“Comment vous sentez-vous ? Je pense que vous allez bientôt récupérer l’usage de votre bras, mais allez-y doucement tout de même. Voilà longtemps que je n’ai pas soigné quelqu’un, de façon aussi profonde.”

Belethar fit un petit clin d’oeil à l’elfe, et s’ensuivit une petite grimace quant aux souvenirs impérissables de tous ces gens en mauvais états que son maître l’avait forcé à voir. Il était “amusant” d’être un baptistrel, et d’avoir une légère phobie médicale. Mais là était une partie de son serment, alors l’Espérancieux essayait de ne pas ciller plus que cela.

Il se tourna envers le fenrisulfr et interrogea Sorel :

“Vous avez une idée de comment le ramener vers chez vous ? Pourrais-je être utile d’une quelconque façon ?”

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Sorel retint un petit sourire à la réponse du baptistrel. Il devait avouer qu’après sa propre expérience, il devrait probablement être plus prudent - pour ne pas dire plus méfiant - à l’endroit des fenrisulfrs. Pour autant, il semblerait qu’il y avait des leçons que l’elfe allait encore devoir apprendre, à savoir être peut-être un peu moins naïf concernant les animaux. Pour autant, d’entre toutes ses expériences, c’était peut-être une des rares fois où il pouvait dire avoir été blessé par un animal, là où le genre bipède l’avait fait de façon répétée. Les fenrisulfrs étaient cependant un groupe bien particulier qui demandait plus de prudence et de considération qu’un simple loup. Le regard de Sorel dériva sur la silhouette massive de la fenrisulfr et renifla, ses sourcils s’arquant tandis qu’il luttait contre un nouvel élan de tristesse. Il s’agissait probablement autant du choc que de la fatigue, d’ordinaire il était un peu plus en mesure de conserver son calme et une forme de contrôle sur ses émotions.
Il regarda le petit fenrisulfr qui continuait de rôder à la limite de la protection érigée par le baptistrel. Il était bien possible que Belethar ait eu raison d’agir de la sorte. Sorel ne se sentait pas particulièrement menacé, à peu près certain que son habitude d’interagir avec les animaux et sa précédente interaction avec l’animal serait en sa faveur. Le baptistrel, en revanche, ne pouvait pas en dire autant.

Il y avait vraiment quelque chose de dérangeant dans la sensation de la magie sous sa peau. Il vivait d’elle, il en avait conscience. Il la manipulait assez souvent pour savoir que la magie était un élément avec lequel il vivrait et mourrait, certainement, s’il ne mourait pas directement de la patte ou de crocs d’animaux, comme ç’aurait pu être le cas ce jour. Pour autant, il la sentait glisser le long de son corps, indistincte puisqu’il n’était pas celui qui la manipulait mais bien présente. Il pouvait presque imaginer de minuscules vrilles fantomatiques toucher ses vaisseaux et muscles pour réparer ce qui avait été arraché, refermer ce qui continuait de saigner et permettre au sang de l’elfe de rester là où il était supposé se trouver.
Il s’agita néanmoins à la question de Belethar, oubliant un instant cette impression étrangère de ne pas être tout seul dans son propre corps. Pour autant, la réponse du baptistrel le fit s’immobiliser et effaça toute expression boudeuse de son visage. Il leva un regard confus vers Belethar, fronçant légèrement les sourcils :

« D’ordinaire les gens me traiteraient de fou et d’inconscient, » dit-il lentement, son regard cherchant celui du soigneur, se servant de cette soudaine attention pour reléguer au second plan les soins qui continuaient d’être appliqués. Il n’avait qu’une envie, s’enrouler dans une couverture chaude et fourrer son nez dans un oreiller moelleux mais il n’avait ni l’un ni l’autre à sa portée. Son visage se fit progressivement plus doux tandis qu’un sourire étirait ses lèvres et il hocha doucement la tête, prudent, incertain de savoir si Belethar était en train de se payer sa tête. Il était un Baptistrel, c’était impossible, mais l’aspect surréaliste le laissait légèrement incertain. Les paroles qui suivirent manquèrent de remettre de l’humidité dans ses yeux et il les essuya avec irritation du revers de son bras saint. « Il est vraiment jeune, » approuva-t-il avec une once d’enthousiasme, touché et ému par la confiance que le jeune baptistrel plaçait en lui, « ça devrait jouer en ma faveur. »

Il ignorait tout à fait comment il allait rentrer à Sélénia avec un fenrisulfr et éviter un mouvement de panique de la part de ses voisins. D’autant que la taille naturelle de ces créatures impliquait une croissance rapide arrivé à un certain âge ce qui ne saurait pas l’aider. Sa maison serait largement suffisante pour les premiers mois, relativement courts, mais au-delà de cela, il allait devoir trouver un espace plus grand qui pourrait abriter le fenrisulfr ou au moins lui offrir l’espace d’exister sans nécessairement croiser le chemin d’un malheureux.
Cela allait représenter une logistique à laquelle il n’avait pas du tout pensé lorsqu’il avait décidé qu’il ne rentrerait pas seul.

La mention de sucre, cependant, lui fit relever la tête et l’hilarité se lisait sur son visage au moins autant que l’intérêt. Des bassins de sucre ? Il était tellement triste de ne pas y avoir été, de ne pas avoir vu ce dont il s’agissait. Il aurait probablement été particulièrement intéressé, sans parler de l’histoire qu’il aurait pu raconter à Ilhan. Tiens, c’était bien un sujet à aborder à l’occasion, il était à peu près certain que cela intéresserait assurément son ami. A mesure que Belethar racontait son histoire, le sourire de l’elfe s’accentuait jusqu’à ce qu’il ne sourit d’une oreille à l’autre, hilare. Cela tirait un peu sur son épaule et son bras mais son amusement ne décroissait pas pour autant.

« Je peux imaginer comme vous avez dû attirer l’attention de manière… captivante, pour ne pas dire alléchante. »

Malgré l’assurance du baptistrel que cela ne lui faisait aucun mal, Sorel ne put s’empêcher de grimacer quelque peu lorsque le karapt enfonça ses mandibules dans sa peau pour lui transmettre lesdites informations. C’était une façon particulière de communiquer mais honnêtement pas si surprenante. Sorel avait assisté à des échanges tout aussi inattendus et étranges entre divers animaux. L’elfe pencha la tête sur le côté, considérant la petite créature avec curiosité :

« Il a quel âge ? Vous connaissez déjà à peu près son rythme de croissance et la date approximative de sa maturation ? » Il fronça les sourcils, momentanément touché par le fait qu’il allait certainement devoir se retrouver seul une fois que le karapt aura atteint ladite maturité. Ce n’était jamais une perspective réjouissante. Il savait que, lui-même, aurait du mal. Il s’attachait bien trop, bien trop rapidement. Il avait perdu son lot de compagnon, rien de bien surprenant compte tenu de son âge, mais chaque perte avait été aussi douloureuse que la précédente et toujours un crève-coeur.

Cependant, à la question de Belethar, Sorel fronça les sourcils et jeta un regard en coin à son épaule. Il n’avait pas tellement envie de bouger son bras pour savoir où en était la guérison mais ce n’était pas exactement ce que lui avait demandé le baptistrel. Cependant, à part pour dire que la douleur continuait de fourmiller dans son membre. Il remua légèrement son épaule, grimaçant lorsque la douleur s’accentua mais en comparaison avec ce qu’il avait ressenti auparavant, c’était entièrement supportable.

« Si cela fait si longtemps que ça, vous pouvez être fier de vous, » dit-il pensivement, son regard toujours posé sur son bras. Au travers des lacérations visibles à travers ses vêtements, la peau était quelque peu rose et tendre, fragile, mais pour l’essentiel il semblait être en bien meilleur état qu’il n’aurait osé l’espérer. Vraiment, la magie avait quelque chose de fondamentalement utile dans ce genre de situation.

Il releva le petit avec un petit « Hm ? » lorsque le baptistrel l’interrogea sur la manière avec laquelle il avait l’intention de rapatrier le fenrisulfr chez lui. Encore une fois, son plan n’avait vraiment pas été jusque là. Il n'avait aucun plan. Autant pour le Maître des Mines, supposé être réfléchi et capable de planifier les choses comme du papier à musique. Pour le coup, il était bien plus efficace lorsque d’autres étaient concernés, manifestement.
Il secoua la tête avant de hausser les épaules :

« Il est assez petit pour le moment, je suppose qu’en discutant un peu je devrais pouvoir m’arranger pour le faire monter à bord d’un navire. » Il blanchit néanmoins lorsqu’il réalisa qu’il devait, d’ici quelques jours, se trouver sur Calastin pour le mariage d’Autone et Ilhan. Un autre élément qu’il avait complètement omis, semblerait-il. A moins de contacter un mage - peu probable - capable de créer un autre portail, il avait peu de chance de s’y rendre à temps. Ses épaules s’affaissèrent tandis que son regard cherchait la forme à fourrure qui continuait de les surveiller de ses yeux jaunes. « A vrai dire je n’ai pas réfléchi jusque là. Je n’avais pas prévu de réellement croiser un fenrisulfr, moins encore d’en ramener un avec. »

Il avait eu la ferme intention d’en croiser un, ou plusieurs, et de les observer de loin. Enfin, il savait qu’il aurait fini par tenter une approche mais il fallait encore compter sur la chance de tomber sur eux. Là, non seulement il avait croisé une adulte mais il repartait avec un petit. Pas exactement ce à quoi il s’était attendu.

« Si vous avez la moindre idée de comment arriver à Calastin en quelques jours, en emmenant un fenrisulfr de cette taille, je vous serais reconnaissant, » marmonna-t-il sans grande conviction.

Autone n’allait peut-être pas le tuer. Ilhan non plus. Mais Sorel allait certainement s’en vouloir à mort.

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Belethar écouta attentivement son patient improvisé, qui lui expliqua que possiblement dompter un fenrisulfr de cet âge ne serait pas plus dangereux que cela, compte tenu de son âge. L’Espérancieux eut un petit sourire avant de lui dire :

“Moi en tout cas je ne m’y risquerai pas. Mais n’est pas Maître des Bêtes qui veut.”

L’Espérancieux fit un petit clin d’oeil à Sorel, puis vint le sujet de Nasod et les explications qu'apporta l’apprenti baptistrel, qui fit briller les mires de l’elfe, qui avait naturellement quelques questions. Après tout, le Pater Familias le consentait, là n’était pas quelque chose de commun d’avoir un Karapt avec soi.

“Il a quel âge ? Vous connaissez déjà à peu près son rythme de croissance et la date approximative de sa maturation ?”

Belethar se frotta la barbe, songeur : il est vrai qu’il n’avait pas vu le temps passé, mais qu’il avait déjà Nasod depuis quelques mois. Il répondit alors :

“Il est né quand nous avons exploré le canyon des Karapt … Alors je dirais qu’il a … Un mois ? Quelque chose comme ça !”

Il se tourna vers sa petite larve, pour voir si celle-ci approuvait ou pas. Nasod pris un instant avant d’agiter ses petites mandibules et faire bouger son petit corps. Un signe d’approbation que Belethar avait appris à reconnaître. L’Espérancieux se permis de faire la traduction :

“Il est d’accord. Et concernant sa date de maturation, je n’en ai hélas pas la moindre idée … La Reine Danalieth m’a demandé de le rapporter au bout de ses quatre mois, alors j’imagine que cela doit avoir un lien de cause à effet. Mais pour être honnête, je ne connais pas encore tellement l’espèce des karapts pour avoir une idée fixe sur le sujet … Mais je ne serai pas contre à l’idée de passer plus de temps à les étudier.”

Belethar eut un petit sourire envers Sorel, puis la discussion finit par dérivée aux moyens de rapatrier le fenrisulfr directement chez l’elfe rouquin. Celui-ci pris un instant pour réfléchir, avant de se confier à l’apprenti baptistrel sur le fait qu’il n’avait pas initialement prévu de ramener un fenrisulfr avec lui. Là-dessus Belethar lui fit un petit clin d’oeil avant de rire un petit peu :

“Une réflexion bien légitime, si vous voulez mon avis”

Ponctua t-il avec un petit sourire, songeant à tout ce périple qu’avait dû parcourir son compagnon du jour pour en arriver là. Il se frotta la barbe quand vint une autre remarque de la part du jeune elfe :

« Si vous avez la moindre idée de comment arriver à Calastin en quelques jours, en emmenant un fenrisulfr de cette taille, je vous serais reconnaissant »

Belethar fit un petit sourire :

“En quelques jours, dites-vous ? Vous avez des obligations par là-bas aussi ?”

L’Espérancieux était curieux, lui-même devant se rendre à Calastin pour le mariage de son Presque-Frère à Autone. Un événement qui s’annonçait glorieux, puisqu’il était lui-même témoin de mariage d’Ilhan ! Cet honneur lui avait été confié, et Belethar avait bien évidemment accepté et plutôt deux fois qu’une. Ilhan et lui avaient traversé tant de péripéties qu’il ne pouvait pas se permettre de refuser.

“En tous les cas, c’est peut-être votre jour de chance l’ami. Vous ne le savez peut-être pas, mais je dois assister à un mariage sur Calastin dans quelques jours, et si je me suis permis un rapide passage sur Nyn-Tiamat, c’est parce que je peux me permettre de voyager beaucoup plus rapidement que le commun des mortels.”

Belethar s’arrêta un instant, fit un petit clin d’oeil à Sorel, avant de reprendre :

“Je suis spirite du Pingouin. Parce qu’il m’a choisi et donné sa force, je suis entre autre capable de voyager par les mers en solitaire, à une vitesse dépassant très largement les bâteaux les plus performants. Si tant est que vous et votre fenrisulfr aimez bien les sensations fortes, je pourrais peut-être vous prendre avec moi …”

L’Espérancieux pris un air grave un instant : le voyage avec quelqu’un était déjà quelque chose qu’il avait expérimenté, mais effectivement le termes “sensation fortes” portait bien son nom ici : n’importe qui qui n’était pas habitué pouvait perdre la vie s’il s’éloignait trop du spirite.

“Vous serez sur Calastin en un rien de temps, mais vous serez probablement fatigué, et moi aussi. Si d’ordinaire le voyage ne me fatigue pas plus que cela, à plusieurs personnes, c’est quelque chose de différent.”

Belethar posa un instant sa parole, avant de se relever et de dissiper ses sortilèges. Il avait fini de soigner Sorel, qui devrait normalement se sentir mieux. Il reprit après ce petit instant de silence :

“Si vous acceptez, vous devrez faire bien attention à ne jamais me lâcher quand nous voyagerons. Faites également bien attention au petit. Car si vous vous égarez ne serait-ce que d’un pouce de moi, vous finirez emporter par les flots. Et je ne désire pas vous faire de mal.”

L’avertissement était posé. La décision était désormais entre les mains de Sorel.[/color]

descriptionA pas de loup [PV Belethar] EmptyRe: A pas de loup [PV Belethar]

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La réponse de Belethar concernant l’âge de Nasod arracha un petit son enthousiasme à l’elfe. Si jeune ! Et déjà en mesure de communiquer avec aisance avec une créature qui n’était pas de son espèce, d’autant qu’ils travaillaient main dans la main avec une facilité déconcertante. Indubitablement, les karapts étaient des êtres incroyables qui méritaient d’être connus et étudiés.
Pendant un bref instant, Sorel se demanda ce que penserait son père de le savoir sur le point de se jeter dans le canyon pour partager le thé avec d’éventuels karapts. Le tout juste après une rencontre potentiellement désastreuse avec un fenrisulfr qui lui avait presque arraché un bras. Pour sûr, Aldaron serait positivement ravi d’une telle discussion avec son fils.

Sorel pouvait entendre d’ici le long soupir en souffrance de son père.

La mention d’étudier plus avant les karapts alluma un éclat dans les yeux de l’elfe qui hocha la tête :

« Si cela vous va également, je serais intéressé par une telle entreprise ! Et également de noter ce que vous avez pu apprendre à leur sujet. »

Il ne se voyait pas publier un bouquin sur ce qu’il apprenait, il y avait des êtres bien plus savants que lui sur le sujet, des chercheurs qui en avaient certainement appris bien plus par des moyens bien plus efficaces. Après tout, il était certes le Maitre des Mines mais il n’était aussi qu’un jeune elfe marchand. Son regard glissa doucement vers le jeune fenrisulfr qui s’était immobilisé près du cadavre de sa mère, ses yeux jaunes et intenses rivés sur eux, ses oreilles mobiles restant principalement orientées vers eux mais percevant par moment d’autres sons apparemment dignes d’intérêts.

Ils glissèrent vers la discussion toute légitime de la présence du fenrisulfr et de la décision tout ce qu’il y avait de plus discutable de l’elfe de le garder avec lui. Sorel retint un souffle par le nez, partagé entre de l’amusement et un rien de fatigue. Ce n’était pas sa première décision irrationnelle et il assumerait les conséquences comme il avait assumé les précédentes. Il agirait en fonction de l’évolution des choses, si le fenrisulfr se révélait intenable, il reviendrait simplement sur les terres de Nyn-Tiamat pour l’accompagner dans sa croissance et, avec un peu de chance, lui garantir de rejoindre une meute en l’élevant du mieux de ses capacités.
Il y avait cependant une secrète partie de lui-même qui était persuadée de ses capacités à gérer la bête, à pouvoir encadrer les choses de son mieux pour garantir le succès. Aussi moindre devait-il être.

Pour l’heure, cependant, le problème n’était pas tant de contenir les désirs sanguinaires d’une créature prédatrice mais plutôt de savoir comment rentrer à temps pour assister au mariage de ses amis.
La question de Belethar le laissa un instant pantois, prenant un moment avant de réaliser l’ampleur du “aussi” qui trouva rapidement une réponse. L’incrédulité se peignit en toutes lettres sur le visage de Sorel, l’elfe ne cachant pas un instant son effarement. Lorsque le baptistrel se redressa finalement, disspisant les sorts qu’il avait installé autour d’eux pour soigner Sorel, lequel se sentait effectivement infiniment mieux à l’exception du fait qu’il fixait son compagnon humain avec la bouche entrouverte.
Il se mit soudain à rire, d’abord un gloussement léger, saccadé, avant d’éclater dans une expression de joie et d’incrédulité. Il se redressa avec un temps de retard, d’abord avec précaution pour s’assurer qu’il n’allait pas vaciller et retourner s’installer les fesses dans la neige mais tout allait principalement bien.

« Des sensations fortes et un voyage à destination en un temps record ? Pour sûr que je suis de la partie ! »

Il irradiait d’une soudaine énergie que les cernes sous ses yeux et la pâleur de sa peau trahissait certainement.

« Laissez-moi juste le temps de récupérer mes affaires, de me préparer et on peut se mettre en route, je m’arrangerais pour garder le petit tout contre moi, histoire de ne prendre aucun risque. »

Il irait récupérer ses affaires installées sur le cheval et probablement qu’il se servirait du gros manteau pour coincer le fenrisulfr contre sa poitrine et assurer de ne pas perdre la pauvre petite bête en cours de route. Ils devaient seulement retourner chez son père, le temps qu’il récupère ses affaires et qu’il rende le cheval qu’il avait ainsi emprunté, il devait aussi reprendre les trois petits rats à moins que ceux-ci ne se soient cachés dans les fontes de sa selle.

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