Le retour sur mon île natale c'était plutôt bien passé. Mon île natale... Je revenais pour la première fois après ces années d'esclavages sur Néthéril, l'île qui avait ravivé le plus de rêve et d'espoir en moi. Combien de fois m'étais-je imaginée à bord des grandes barques le regard rivé vers l'horizon ? Des milliers de fois. Malgré cette joie, mon passé sur ces navires, ravivait en moi également de très mauvais souvenirs. Des images, des odeurs, un lieu qui me laissait anxieuse. Je n'avais d'ailleurs pas la joie d'être en compagnie de ma soeur de coeur ce qui laissait un nouveau vide autour de moi. Nyana avait voulu partir au plus vite de Delimar ce que je comprenais totalement alors que j'avais décidé de rester un peu plus à l'annonce d'une union entre deux personnes à qui je devais énormément. Une petite Gräarh peureuse au milieu de ces gens avait fait de moi la petite souris qui se cachait le plus possible avec sa peur mais qui avait un sourire collé au museau pour cette évènement si spéciale. Je voyais ici encore une note d'espoir et un signe du destin. Rien n'arrivait par hasard et il était ainsi écrit depuis des siècles que mon chemin croiserait ces individus liés. L'amour était différent chez les Gräarhs, si au moins il existait quelque part, il ne l'était pas comme les humains. C'était encore une chose intrigante chez eux. Ils semblaient être capable du pire, comme du meilleur...
J'avais donc rejoins Nyana sur Néthéril. Ma joie avait été immense et un sentiment de nostalgie m'avait fait verser quelques larmes, je l'avoue. Mais mes espérances avait été quelque peu gâché par une peur qui me hantait depuis l'enlèvement. Je n'étais plus Kisaan. Je n'étais plus rien pour les nôtres. Une Ashuddh. Voilà ce que j'étais devenue avec ma soeur de coeur. Après tout ce que nous avions enduré, après toutes nos épreuves pour rejoindre les nôtres, l'accueil n'avait pas été au rendez-vous. Mais qu'est-ce que je m'imaginais ? Plus rien ne nous rattachez ici en fait. Rien à part des souvenirs anciens. Ma soeur de coeur était sincèrement blessée et en colère. Je comprenais son sentiment, elle n'avait plus qu'une chose en tête, retrouver son honneur. Mais moi ? Si je ne pouvais plus pratiquer mon métier d'antan, qu'étais-je ? Pour la première fois depuis des lunes, j'étais perdue. Perdue mentalement, il n'y avait plus de mission, plus de but dans ma vie. Avant, il fallait absolument retourner chez nous afin que nous retrouvions nos tribus et que nous reprenions une vie normale. Encore une fois, j'avais bien été naïve.
Un jour pourtant, Nyana m'annonça une terrible nouvelle. Une vague de danger allait bientôt s'attaquer au domaine baptistrale. Un lieu que je connaissais de nom grâce à Belethar. À cette nouvelle, j'avais demandé à Nyana que l'on y aille. Si les Couronnes de Cendres revenaient, il fallait faire quelque chose. Bien sûr, je n'en savais que trop rien et m'on aide ne serait sans doute d'aucune utilité, mais au moins je soutiendrai ceux qui m'avait sauver la vie, on pouvait le dire. Ma soeur de coeur pourrait se sentir utile et retrouver aussi avec de la chance son honneur et sa valeur.
C'est ainsi que nous étions arrivés assez rapidement au domaine baptistrale. Un lieu que je n'imaginais absolument pas ainsi. C'était immense, paisible et magnifique. Tout ici semblait avoir toucher le bonheur et la paix. On pouvait entendre des chants ou une subtil musique lorsqu'on prenait le temps de marcher. J'étais curieuse d'en apprendre un peu plus sur cet endroit, malgré ma peur pour le danger qui peser ici. Il m'était impossible de tout visiter en un jour c'était certains.
À notre arrivée, nous avions gentiment était accueillies et logées dans un endroit plutôt charmant. Après ces mois passés en tant que Gräarh libre, j'avais souvent encore le reflexe de l'esclave en moi. C'était très déstabilisant. Moi qui étais étonnamment, peu fatigué du voyage, j'étais simplement descendu pour y voir un peu plus clair. L'instinct me gela le sang une demi-seconde lorsqu'une femme m'attrapa l'épaule. Elle avait dû sûrement voir mon étonnement tandis qu'elle lever les bras en signe de paix. Je plaçais alors une main griffu sur mon coeur en trouvant ce réflexe pénible. La femme était une humaine assez âgé de par les rides sur sa peau. Je me calmais peu à peu alors qu'elle me demandais si je savais parler leur langue. J'acquiesçais et c'est ainsi qu'elle me demandais de l'aider sur une tâche que seule un grand individu pouvait faire. J'avais quitté l'humaine avec un coeur gonflé par la chaleur. J'avais été utile à quelqu'un, on ne m'avait pas mal regardé, on ne m'avait pas jugé, rien de tout cela.
Mon sourire se figea lorsque mes yeux perçants se posèrent sur un homme avec des mains baladeuses sur un, semblait-il, voyageur fatigué. J'ouvrais la gueule. Puis la refermait alors que le voleur s'en allait comme s'il ne s'était rien passé. Je ne pouvais rien faire d'une telle situation... j'avais encore bien trop peur de tomber sur un mauvais esprit et celui-là en était un. Mais l'injustice souleva mon sang. Je plaçais ma capuche qui ne ressemblait vraiment plus à rien après tant de chemin et je décidais de suivre le malfrat.
Je n'eu pas beaucoup de chemin à faire avant de le retrouver.
- Excu...excusez-moi sei...monsieur ?
Je voyais l'humain se retourner et être bien surpris de voir un Gräarh. En toute franchise, le voleur n'avait pas l'air d'être un très grand malfaiteur. Il semblait lui aussi être une personne fatigué et ses traits de visages faisait peine à voir. Mon injustice se transforma vite en compassion devant cet homme. Je le saluais d'une manière cordiale et je le regardais avec un regard brillant de gentillesse. Le mal n'était pas partout, c'était un voleur, oui, mais qui étais-je pour juger la vie d'autrui ? Aucun geste agressif ne suivit mon mouvement. Il semblait plutôt choqué.
- Je vous ai vu voler ce pauvre voyageur tout à l'heure. Je ne vous dénoncerez pas ! Ajoutais-je en le voyant reculer à toute vitesse. J'aimerai simplement parler.
Il ne fut pas facile de lui faire comprendre que j'étais sûrement la Gräarh la plus inoffensive de tout l'archipel. Le temps passa et j'avais réussi à comprendre les gestes du voleur. Je me retrouvais donc à nouveau dans une allée principale les mains porteuses d'un petit sac. Je ne savais pas trop comment de part ma compréhension et mon écoute, j'avais réussi à récupérer les affaires du voyageur mais cette impression m'avait en fait énormément touché. Je savais que les pièces que j'avais donné à l'humain ne lui referait pas toute sa vie mais il pourrait au moins soigner sa mère pendant un temps. Une autre histoire s'ouvrait à moi. Je possédais les affaires volées d'un total inconnu qui était, cela se trouvait, déjà partit ailleurs. Est-ce que cela faisait de moi une voleuse ? J'écarquillais les yeux en marchant de plus en plus vite, un noeud à l'estomac. Je l'avais en plus de ça que très peu aperçut. Et si je ne le recroisais pas ?
"Non, Reynagane. Il fallait souffler, se détendre et tout allait bien se passer."
J'envoyais une rapide prière aux Esprits-Liés quand soudain, mon regard s'arrêtait sur l'hominidé voyageur. Un frisson parcourut mon échine alors que je m'avançais vers lui. Et s'il me prenait pour la voleuse ? Trois mètres, deux mètres...
- Mmmmh. Pardonnez-moi voyageur ? Chuchotais-je doucement.
Je tendais timidement mes mains avec ses affaires devant lui en baissant les yeux.
- Je crois que ceci est à vous. Je... peut-être que je me trompe, je suis désolé si c'est le cas...