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    Ses deux fils n’avaient pas mis longtemps à s’entendre. Cela ne l’étonnait pas. Liv était d’un naturel conciliant, en pleine découverte et acceptation de ce monde. Sorel était d’un naturel avenant, particulièrement généreux. Aussi Aldaron ne fût-il pas étonné lorsqu’on lui indiqua qu’une nouvelle monture avait rejoint ses écuries. Il calma son propre cheval, lorsqu’il descendit et lui retira son harnachement. Isilëel avait beau être courageux, la forêt n’était pas sans danger. Les vampires et les pirates préparaient une expédition pour mettre un terme à ces licornes et à ce qui tourmentait les âmes de Nyn-Tiamat. Partir en observation avait le don d’effrayer son cheval, mais il ne manquait pas de le rassurer, une fois rentré, en remerciement de sa collaboration.

    Des tours de garde, en bois, avaient été montées pour surveiller la forêt qui progressait de jour en jour. Ils avaient perdu leur influence sur Calastin et avaient été obligés de se retrancher ici, à Nevrast. Ils ne pouvaient pas se permettre d’avoir un refuge dangereux. Ce qui se passait dans la forêt allait devoir cesser. Le dragonnier appela Nahui. Il avait cru distinguer quelque chose, au cours de son excursion et désirait voir cela du ciel. L’envol avait toujours cet effet salvateur sur lui, cette sensation enivrante d’être libre, si puissante. Nahui le lui confirmait, il y avait bien une sorte de nexus magique dans cette zone : les flux y étaient plus intenses. Il n’osa s’en approcher seul, bien que Nahui soit particulièrement robuste. Mais sans doute aucun irait-il en cette direction s’il avait à chercher quelque part.

    Le retour ne fut pas de tout repos. La tempête de neige qui s’était levée dans cette zone empêchait Nahui de voler et ils durent se poser à l’orée de la forêt, à l’abri des sapins, le temps que cela se calme. Ce qui ne manqua pas d’attirer les gardiennes licornes. Si les deux liés ne tentèrent pas leur chance dans un combat, ils durent éliminer une horde de loups envoyés par la forêt pour défendre le territoire. La lame des Elusis perça les chaires avec une efficacité qui s'améliorait de jour en jour. L’ast rentrait à Nevrast en vie, mais avec une épée ensanglantée et une belle griffe au niveau de l’épaule qui avait arraché son armure de cuir. Il retira celle-ci et la donna à réparer. Lorsqu’il entra chez lui, il vit, en passant devant la porte ouverte du salon, ses deux fils dans les bras l’un de l’autre. Un sourire ému lui passa rapidement sur les lèvres alors qu’il s’arrêtait en chemin, oubliant presque la malchance dont il avait été victime.

    Il était bon de retrouver un tel foyer. L’Ast s’efforçait à fonder une famille, un clan soudé et fier et certains de ses enfants ne rechignaient pas à le suivre dans cette vocation : « Je crois que je ne vais pas avoir besoin de faire les présentations. » fit-il, dans un ersatz d’humour enrobé de fierté, signalant par l’occasion sa présence. « Je suis heureux de te voir ici, Sorel. J’espère que tu as fait bon voyage. » Réalisant que sa tunique ensanglantée attirait le regard et les questions silencieuses, il expliqua : « C’est déjà cicatrisé, mauvaise rencontre à l’orée de la forêt. Je vais… Je vais me changer et je reviens, vous m’attendez ? » Il ne tarda pas à disparaître à l’étage, le temps de se changer et nettoyer la blessure qui avait, en effet, déjà bien cicatrisé et pour cause ! Il était un vampire. Le peuple de la nuit n’exhibait pas ses blessures. Peut-être était-ce la raison pour laquelle on les prenait pour des monstres.

    Propre, il revint auprès de ses fils sans tarder : « J’ai cru voir l’ombre d’un nouvel équidé, aux écuries. Je me trompe ? » demanda-t-il en invitation implicite à lui conter leur rencontre, alors qu’il prenait place dans un fauteuil, avec cette même droiture régalienne qui le caractérisait tant. Ses mires verdoyantes se posaient alternativement sur Liv et Sorel, lequel des deux allait se lancer le premier ?




Dernière édition par Aldaron Elusis le Lun 16 Nov 2020 - 21:04, édité 1 fois

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L’arrivée de Sorel avait été une agréable surprise pour Liv, et la rencontre à proprement parler l’avait été plus encore. Le lien s’était très rapidement et tout naturellement créé entre eux et, après un détour par les écuries pour y installer la nouvelle résidente généreusement amenée par l’elfe, les deux frères s’étaient installés au salon, où ils avaient rapidement fini avachis sur une pile de coussins à même le sol, lovés l’un contre l’autre. À les voir ainsi, il était difficile de croire qu’ils venaient à peine de se rencontrer, donnant plutôt l’impression de se retrouver après une longue séparation.

C’est ainsi que les trouva CendreLune, en pleine conversation. Loin de s’offusquer de leur position fort peu digne, le patriarche vampirique sembla s’attendrir de les voir déjà si proches, se manifestant d’une remarque teintée d’humour à laquelle Liv ne manqua pas de répondre d’un ton malicieux.

« J’ai fait de mon mieux pour l’accueillir avec toute l’hospitalité due à l’un de tes fils. Je n’ai pas eu beaucoup d’efforts à faire à vrai dire… »

Sans se relever tout à fait, il s’était relevé pour répondre, et l’amusement et la joie de voir son père se dissipèrent alors qu’il remarqua le sang qui tachait sa tunique. L’inquiétude brilla dans son regard, mais CendreLune répondit à sa question avant même qu’il ne la pose, le rassurant quelque peu. Il n’avait qu’une connaissance théorique des dangers de la forêt, lui-même ayant l’interdiction expresse de s’en approcher spécifiquement pour cette raison, mais puisqu’il disait que c’était déjà cicatrisé et semblait ne pas vouloir inquiéter ses fils, Liv ne pouvait que lui faire confiance.

Il lança un regard qui se voulait rassurant à son frère tandis que leur père s’éclipsait. Le temps qu’il revienne, Liv s’était relevé pour de bon et s’affairait à remettre un semblant d’ordre dans la pièce — sans pour autant défaire le fort de coussins si confortable, s’assurant simplement qu’on puisse y circuler librement. À la mention de la jument, son visage s’éclaira d’un large sourire, et il répondit avec un enthousiasme presque enfantin.

« Tu es allé la voir ? Elle est magnifique ! Il faudra qu’on te la présente. Je l’ai appelée Ombrenuit. Sorel me l’a offerte. Il glissa un regard de gratitude à son frère, avant de revenir à son père en précisant : Il dit l’avoir “récupérée” mais il ne m’en a pas dit plus… »

À ses mots, son regard revint se poser sur l’elfe, plus longuement cette fois, l’incitant silencieusement à leur donner plus de détails.

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Tout accaparé qu’il était par son frère, pelotonné tout contre lui, dans la chaleur confortable et rassurante d’une pièce sûre dont l’écho craquant d’un feu ronflant dans l’âtre ajoutait une note hivernale du meilleur effet, Sorel n’entendit rien de l’approche d’une personne pourtant importante au delà des mots. En entendant la voix de son père, le jeune elfe sursauta et inclina la tête vers l’arrière jusqu’à pouvoir entrevoir la forme d’Aldaron se tenir dans l’encadrement de la porte. La joie de le voir explosant comme un petit feu d’artifice dans sa poitrine, Sorel se retourna dans son cocon de couverture dans lequel il s’était enroulé jusqu’à pouvoir voir son père à l’endroit.

« Papa ! »

Il était en train de faire coucou de la main, excité et ravi qu’il était, lorsque son regard tomba sur l’écarlate qui teintait la tunique d’Aldaron, autour une déchirure qui n’était pas de petite taille. L’angoisse se resserra comme un étau sur son ventre et sa poitrine et il se redressa à moitié sur ses avants-bras mais le ton rassurant d’Aldaron l’immobilisa. Il leva vers son père un regard interrogateur, soucieux.
Il lui arrivait encore d’oublier que CendreLune n’était pas juste un surnom mais une réalité. Son père était un vampire avec tout ce que cela impliquait, incluant une guérison particulièrement rapide. Le soulagement lui coupa les bras, à défaut de lui couper les jambes, et il se laissa retomber, appuyant son menton sur ses mains jointes.

« On va t’attendre, » confirma-t-il avec un hochement de tête, restreignant son envie de se lever et de suivre Aldaron comme un poussin, pour s’assurer qu’il prenait bien soin de lui-même et qu’il n’allait pas disparaître au détour d’un couloir.

Le regard de l’elfe resta fixé sur la porte entrebâillée un instant plus longtemps que nécessaire avant qu’il ne se tourne vers Liv, les sourcils toujours arqués par l’inquiétude. Le regard rassurant de Liv lui fit ravaler sa nervosité et il esquissa un sourire pour indiquer qu’il allait bien - ce qui ne serait vrai que lorsqu’Aldaron reviendrait et serait à nouveau dans son champ de vision. Tangible.
Lorsque son frère se releva dans le but de remettre de l’ordre de la pièce, Sorel esquissa une moue déçue avant de s’extirper à regret de son amas de couvertures et de coussins pour lui donner un coup de main. Il s’empara notamment de son plateau repas désormais vide pour le placer hors du chemin avant de se pencher et d’attraper une couverture pour l’enrouler autour de ses épaules et de reprendre leurs activités.

La pièce était à peu près en ordre lorsqu’Aldaron passa à nouveau l’encadrement de la porte? Sorel se tourna vers lui, l’observant attentivement, scannant chaque centimètre carré visible à la recherche d’une blessure ou d‘une trace de sang. Il n’en trouva aucune et laissa ses épaules se détendre à nouveau, s’enroulant plus étroitement dans sa couverture qui le faisait presque disparaître à l’exception de sa tête rousse.
Un grand sourire étirait ses lèvres à la mention de la nouvelle habitante des écuries mais son expression se teinta d’une once de fierté mutine à la question muette de son nouveau frère. Se redressant d’un air plein d’importance, tentant de prendre une expression mystérieuse - rapidement réduite à néant par sa couverture et sa satisfaction presque enfantine :

« Un bon elfe ne révèle jamais ses secrets ! » lâcha-t-il avec une joie non dissimulée.

Son regard revenant vers leur père, le jeune elfe se déplaça jusqu’à venir s’asseoir aux pieds d’Aldaron, reposant son dos contre le fauteuil sur lequel il était assis, son épaule pressée contre la jambe du vampire. Il inclina doucement sa tête jusqu’à la reposer sur le genou d’Aldaron, inspirant doucement et se gorgeant de l’odeur propre à son père, quoique désormais différente depuis sa transformation.

« Tu m’as manqué, » murmura-t-il, conscient qu’il serait entendu malgré tout.

Bien loin de lui l’idée d’être actuellement en présence de deux prédateurs, particulièrement d’une variété qui pouvait totalement faire fi de son immunité, il était surtout en présence de sa famille. Aldaron était rentré, blessé mais en vie et il allait désormais mieux, la plaie n’était qu’un mauvais souvenir. Il se tourna sur le côté, pressant ses jambes contre celles du vampire pour pouvoir lever la tête vers ce dernier, un sourire de renard étirant ses lèvres :

« J’ai l’intention de profiter de ma présence ici pour approcher un fenrisulfr de près. »

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    L’enthousiasme de Liv à lui présenter Ombrenuit lui faisait chaud au cœur, heureux de voir un tel rayonnement de bonheur sur le visage de son enfant. Quelle qu’en fût la raison, tant qu’il y avait un sourire sur ces lèvres, le père qu’il était s’en trouverait satisfait. Et il fallait dire que Sorel avait le don de transmettre son amour pour les animaux à d’autres. L’ast n’était guère friand de ces petites bêtes à poils, bien qu’il ne rechigne pas son lien avec sa propre monture, alors il était heureux que d’autres montre à Liv ces choses que lui ne pouvait lui montrer. Ainsi Ivanyr découvrait le monde sous un autre prisme que celui de ses pères. Il se l’appropriait non pas comme une extension de ses parents, mais comme un être dont on avait ouvert librement la pensée et qui avait pu tester et apprivoiser ce qui lui plaisait véritablement.

    Il s’asseyait alors que son dernier né interrogeait Sorel sur la manière dont il avait acquis la jument. Ce à quoi l’elfe répondait en inventant un dicton parfaitement adapté à la situation. Le dragonnier railla avec amusement : « Evidement, un bon elfe ne révélera jamais avoir outrageusement arnaqué un pauvre sélénien sans défense, cela ne lui fera pas une bonne image. » Il eut un sourire en coin, plus invectif : « Quoique… » Penchant la tête sur le côté pour ponctuer sa phrase, Aldaron n’était pas bien certain que cela lui donnerait une si mauvaise image que ça, du moins à ses yeux. Au contraire même, la Triade était fière du travail en profondeur que menait Sorel dans le Royaume Humain. Cela leur serait très bientôt utile, à plus forte raison qu’Havremont avait mis à mal l’image que le clan Elusis s’était efforcé à fonder dans le cœur des séléniens.

    Il laissa l’elfe roux s’installer près de lui. Jadis, il aurait été bien assez tactile – et même tactile pour deux – pour l’étreindre ou passer ses doigts dans la chevelure de son fils, par geste affectueux. Mais Morneflamme l’avait changé, ainsi que sa nature vampirique. Les contacts n’étaient plus autant son fort et il restait plus souvent qu’à son tour dans une réserve régalienne. Dans la prison, les contacts furent souvent synonymes de mort en devenir mais là où Sorel avait guéri de cette peur, se servant de ces témoignages d’affection pour sortir de cette spirale anxieuse, Aldaron lui, gardait quelque peu ce retrait corporel. Cela n’empêchait pas son âme d’apprécier sa proximité. « Tu m’as manqué aussi, je ne te vois pas aussi souvent que je le voudrais. » Et pour cause : Sorel était souvent à Sélénia et Aldaron y était à présent interdit de séjour à la fois parce qu’il était un Elusis et parce qu’il était un Lié.

    Aldaron resta néanmoins figé, cligna des yeux, incrédule, lorsque Sorel parla d’approcher un Fenrisulfr de près. Il blaguait ou il était tombé sur la tête ? Son regard coula vers lui, cherchant des réponses dans son expression. Et lorsqu’il réalisa qu’il entrait dans le cadre de la seconde option, il poussa un soupir en laissant son corps retomber dans le dossier du fauteuil. Il bascula la tête en arrière, contre le haut du rembourrage, mirant le plafond : « Ah… Je suppose que c’est le moment où j’argumente en te formulant des dizaines d’injonctions à ne pas faire cela, toutes aussi raisonnées les unes que les autres et où tu finis par n’en faire qu’à ta tête et y aller quand même ? » Il arqua un sourcil, pencha à nouveau la tête vers Sorel pour croiser son regard et constater à quel point il disait juste, n’était-il pas ? En désespoir de cause, il leva les yeux vers Liv : « J’ai le rôle du père moralisateur dans cette scène, tu veux bien jouer le rôle de frère qui repend la bonne parole ? Les fenrisulfrs ne sont pas de gentils petits chiens qu’on peut dresser. »

    Il montra la blessure disparue en témoignage : « Je sais qu’il a l’habitude des bêtes sauvages mais celles-ci sont particulièrement coriaces… A plus forte raison que les licornes s’en servent pour garder leur territoire. Elles les manipulent et ces loups n’ont plus le comportement d’un animal lambda. Ils sont imprévisibles, coordonnés… » Il coula son regard vers Sorel : « Je n’ai pas envie d’organiser tes funérailles. Je t’aime. Et ça coûte cher un bûcher. »

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Le nouveau-né afficha une moue boudeuse devant la réponse évasive de son frère, alors qu’il avait espéré en apprendre davantage sur l’histoire d’Ombrenuit. Une moue qui se mua rapidement en mine amusée à la réplique de leur père. De toute façon, s’il était bien un peu déçu, ce n’était pas comme s’il se sentait capable d’en vouloir à l’elfe… Surtout pour si peu.

Restant tout d’abord en retrait, il observa avec un intérêt curieux les interactions entre Sorel et CendreLune. C’était la première fois qu’il voyait son père avec un autre de ses enfants, l’ayant jusque-là eu “pour lui tout seul”. Il aurait pu en ressentir de la jalousie, mais il n’en était rien. Au contraire, il appréciait de les voir ensemble, de voir la tendresse qui liait ces deux êtres chers à son cœur. L’espace d’un instant, il se prit à s’imaginer à quoi ressemblerait une réunion de la famille entière, avec tous ceux qu’il ne connaissait pas encore.

Après ses quelques instants d’observation, un petit sourire flottant sur ses lèvres, il se décida à les rejoindre, prenant à côté de Sorel la même position que lui, profitant à la fois de sa chaleur et du contact de leur père. Une ombre se glissa furtivement dans son regard et affadit son sourire en entendant leur échange. Il avait pensé à ce que ça pouvait être pour Sorel de se retrouver seul si loin de sa famille, mais guère à ce que ce pouvait être pour leur père d’avoir tant de ses enfants si loin de lui, et de ne pas pouvoir les voir quand il le souhaitait. Au moins l’avait-il lui, désormais, même si bien sûr ça ne compensait pas pour les autres, mais à tout le moins il était à ses côtés, et il comptait bien y rester.

Ces sombres considérations s’évanouirent instantanément face à la déclaration de Sorel, sur qui il fixa un regard écarquillé tout en bafouillant de surprise :

« Tu quoi ??! »

Il n’y avait pas dix minutes que le vampire s’était juré de le protéger contre vents et marées, et voilà déjà que son frère prévoyait de se jeter littéralement dans la gueule du loup… Il jeta un regard éperdu à leur père, qui mit davantage de temps à prendre la parole mais qui fort heureusement — et comme à son habitude — se montra bien plus éloquent que lui. Liv hochait la tête avec conviction devant ses arguments, tout en devinant, comme leur père l’avait d’ailleurs lui-même souligné, qu’ils ne suffiraient probablement pas à convaincre l’elfe de renoncer à son projet.

« Père a raison, c’est trop dangereux, et de ce que tu m’en as dit, tu seras à peine capable de te défendre s’ils décident de s’en prendre à toi. Si tu y vas, je t’accompagne. »

Une déclaration lancée avec une conviction bien audacieuse pour un jeune vampire qui était tout juste autorisé à sortir de chez lui. Mais il semblait avoir opportunément oublié ce détail pour l’instant ; et après tout, il avait déjà démontré ses capacités au combat, sa solution était donc parfaitement logique. Du moins de son point de vue…

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Le commentaire d’Aldaron concernant la façon dont Sorel avait pu s’emparer d’un cheval vampirique lui arracha un éclat de rire et il donna un gentil coup de coude à la jambe de son père en guise de représaille. Il ponctua son geste d’une moue :

« Si, » commença-t-il en insistant consciencieusement sur le mot, « c’était comme ça que j’avais obtenu Ombrenuit, un Sélénien n’a rien à faire avec un cheval vampirique de toutes façons. »

Les circonstances qui avaient menées à son acquisition d’Ombrenuit, pour l’heure, ne regardait que lui même si, par extension, il devrait peut-être en parler avec Liv un jour. Le plus tôt serait peut-être le mieux puisque le vampire était celui qui allait nouer une relation privilégiée avec elle. Peut-être devrait-il envisager plus sérieusement de discuter avec Liv, songea-t-il, son regard se portant vers son nouveau petit frère.
La réponse d’Aldaron à sa déclaration lui arracha un petit sourire, un peu triste. Il était quand même parfois difficile de concilier sa vie familiale et celle qu’il menait à Sélénia. A plus forte raison dernièrement, étant donné des circonstances et des derniers événements. Liv vint s’installer à ses côtés, le rejoignant aux pieds de leur père et Sorel échangea un regard et un sourire avec son frère avant qu’il n’incline la tête en annonçant l’idée qu’il avait eu récemment. Elle avait fait son petit chemin et même s’il avait prit le temps de la considérer - quelques minutes, c’était quand même de la considération, après tout - elle s’était finalement bien ancrée.

La réaction de Liv, cependant, le fit sursauter et il tourna un regard incrédule et surpris vers son petit frère. La question d’Aldaron, concernant son comportement futur, lui arracha néanmoins un sourire un rien mutin. Cela correspondait plutôt pas mal à son attitude habituelle et il en avait assez conscience pour ne pas protester ni réfuter.
Il croisa le regard d’Aldaron sans essayer de l’esquiver, plutôt sûr de son coup et pas mal certain qu’il était en mesure de le faire sans y laisser sa peau. Il n’avait jamais rien fait d’aussi franc et d’aussi périlleux, s’arrangeant toujours pour rester prudent et raisonnable. Avec l’acquisition de sa chevalière qu’il avait fait glypher dans un but bien précis, il pensait être en mesure de tenter l’aventure sans y laisser la vie.
La conclusion d’Aldaron, cependant, sur le prix estimé d’un bûcher funéraire le fit éclater d’un rire surpris. L’intervention de Liv le fit sourire et hausser un sourcil, son sourire se transformant doucement en une expression tendre.

« Je vous aime, » lâcha-t-il avec affection. « J’ai mûrement réfléchis ma décision. » Inclinant la tête pour jeter un regard à son père, il ajouta à son attention, de la fierté dans la voix et une émotion claire dans les yeux : « L’Esprit-Lié du Cheval m’a récemment choisi, je pense qu’il me sera d’une aide précieuse. J’ai également fait faire une chevalière pour m’aider et me protéger, » continua-t-il en présentant la bague qui trônait à son doigt.

Il baissa les yeux vers son petit frère et le pointa du doigt, l’air une once plus sérieux :

« Et toi, » continua-t-il un peu plus fermement, « tu ne viendras pas. Tu es un prédateur, » ajouta-t-il sur le ton de l’explication, « tu te mettrais en danger plus qu’autre chose, en plus de rendre les choses potentiellement plus difficiles. »

Que les licornes aient, cependant, un effet voire un lien quelconque avec les fenrisulfrs soulevait une question et un intérêt auquel il n’avait pas pensé. Son idée initiale de tenter d’en approcher un, peut-être pas nécessairement d’aller au contact pour ne pas tenter le mauvais sort plus que nécessaire, venait de prendre une autre direction. Il doutait cependant de pouvoir se joindre aux bêtes d’assez prêt pour en apprendre davantage, voire élucider le lien que ces créatures pouvaient avoir avec les licornes, et réciproquement. Mais peut-être qu’il croiserait l’une d’elles… encore qu’il s’agissait probablement d’une très mauvaise idée.
Là où les fenrisulfrs restaient des animaux, les licornes se trouvaient dans un tout autre registre… encore que… L’elfe considéra un instant l’anneau qu’il avait au doigt, s’interrogeant sur l’effet que l’Esprit-Lié du Cheval et la Chevalière pourraient avoir sur une licorne. Là où il avait déjà des doutes quant à ses chances s’il devait faire face à une meute de fenrisulfr, il pensait au moins pouvoir s’en sortir en se confrontant uniquement à l’un d’entre eux. Il pourrait alors concentrer toute son attention, tous ses efforts, sur un seul individu et s’adapter à son comportement là où une meute demanderait bien trop d’effort. Mais une licorne ? Il s’agissait d’un animal énigmatique au sujet duquel peu d’informations existait… mais un animal néanmoins.

Il cligna rapidement des yeux, repoussant l’idée dans un coin de son esprit pour y revenir plus tard. Probablement très prochainement, songea-t-il avec intérêt. Sorel croisa le regard de Liv et d’Aldaron, souriant :

« J’ai trop de choses à faire pour mourir, » lâcha-t-il finalement avec un sourire de renard. « L’intérêt d’une expérience est d’en revenir pour en apprendre, je n’ai pas pris cette décision à la légère. » Il ajouta après une seconde d’hésitation et avec une petite moue : « Pas trop, en tout cas. »

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    Au moins, il pouvait compter sur Ivanyr pour jouer le jeu. Son dernier-né avait été estomaqué par la volonté de Sorel que d’aller faire ami-ami à un animal aussi dangereux qu’un fenrisulfr. Lui au moins, il avait la tête sur les épaules. Lui, au moins, il savait reconnaître qu’Aldaron avait raison, que Sorel, pas plus qu’un autre, ne saurait se défendre face à ses bêtes féroces. Lui au moins, il était sage, il… Quoi ?! L’accompagner ?! Il ne manquait plus que cela ! L’Ast se frotta l’arête du nez, mi-dépité, mi-désespéré. Il comprenait pourquoi il avait mis si longtemps à devenir père : ça n’était pas de tout repos. Vraiment pas. Surtout quand, de toutes évidences, il avait adopté des enfants qui participaient au concours de celui qui serait le plus suicidaire ! Ils avaient pensé à son petit cœur de père ? Certes, il ne battait plus mais quand même ! Il serait capable de se remettre à pulser tant on lui en faisait voir des vertes et des pas mûres !

    Heureusement, Sorel eut l’intelligence de refroidir ses ardeurs… Ce qui était très étonnant de sa part vu sa capacité à se mettre lui-même en danger ! Si bien qu’Aldaron ne savait trop s’il devait le féliciter ou non. « Tu peux te préparer de la manière dont tu le souhaites. La mort frappe si elle le veut, et il n’y a rien que tu puisses y faire. Face à un danger si grand, tu risques de ne plus rien apprendre du tout, une fois mort. Tu es faillible, comme nous tous. Il s’agit alors de mesurer le danger auquel tu es prêt à t’exposer et approcher un fenrisulfr n’est pas une activité raisonnable. C’est trop dangereux pour le gain que tu pourrais en tirer. » Parlait-il alors à un mur ? Certainement. « Tu es encore bien jeune pour avoir mûrement réfléchi une décision. J’appelle cela davantage l’élan d’une jeunesse impétueuse qui se sent le besoin de ressentir le frisson de l’aventure. » Et il ne pouvait pas le blâmer. Jeune elfe, Aldaron avait été pareil, sinon pire. Il avait été la connerie incarnée, et ce, plus tardivement qu’il ne l’aurait dû. Il n’était pas étonnant que Sorel, qu’il avait partiellement éduqué, soit de la même veine. Il récoltait les fruits qu’il avait semé et il en avait des verts et des pas mûrs.

    « Evite d’aller dans la forêt. Nous sommes en train d’organiser une battue pour mettre un terme aux affres des licornes. En attendant, il vaut mieux ne pas y mettre les pieds : les bêtes n’agissent pas comme des bêtes là-bas. Elles sont manipulées, unies et intelligentes. Il sera moins risqué d’aller vers inlandsis. Et par ‘moins risqué’, je sous-entends qu’en courant très vite, tu auras peut-être une chance de survie. » Dans la forêt, les bêtes travaillaient de concert avec une vivacité déroutante qu’il était bien rare d’en ressortir vivant, à moins d’être accompagné d’un dragon ou d’avoir une magie redoutable. « Si tu es en danger de mort, je le saurai. » finit-il par affirmer, afin de clore ce désaccord impossible à aplanir. Aldaron avait, dans ses enchantement, de quoi savoir si l’un de ses petits risquaient de rencontrer une mort imminente. « Je viendrai te chercher. » Si cela se passait aussi bien que Sorel l’espérait, alors Aldaron n’aurait pas besoin de le secourir. Dans le cas contraire, il ne mettait pas longtemps à tomber en transe et à envoyer un double de lui-même auprès de son enfant.

    « Car je vais bientôt avoir besoin de toi en vie, à Sélénia. » D’un sort, il isola la pièce afin qu’on ne puisse pas les entendre devant cette discussion qui prenait des teinte sérieuse. « Lorsque nous aurons stabilisé Nevrast, nous allons nous rendre à Sélénia. J’ai besoin d’un endroit où les vampires pourraient se cacher. Et créer une diversion qui paralyserait l’armée le temps de… Nous occuper de Victoria Kohan. Tu as une idée ? » En parlant devant Ivanyr, il ne doutait pas qu’il attirerait la curiosité de son fils à qui il avait déjà refusé qu’il participe à la battue contre les licornes. Mais pour Sélénia, il comptait bien lui dire oui, si son dernier-né manifestait sa volonté de s’investir pour leur clan. Ce serait pour lui un moyen d’adoucir le refus, en orientant son attention vers un autre but. Au fond, les Séléniens n’étaient que de vulgaires humains. Rien qu’un vampire de son ascendance puisse défaire avec aisance.

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Manifestement, l’argument de Sorel ne convainquit guère Liv. Selon lui, il valait justement mieux être un prédateur plutôt qu’une proie. Ou, à tout le moins, dans le cas de l’elfe, en avoir un de son côté, au cas où les choses tourneraient mal. Au vu de la réaction de leur père à sa précédente tirade, il jugea cependant plus sage de garder sa remarque pour lui, se contentant d’afficher une petite moue dubitative.

Du reste, leur père ne semblait guère plus convaincu par le reste des paroles de l’Elfe, comme en témoignait sa réponse. Et pourtant… ne venait-il pas de lui accorder son autorisation à mots couverts ? Suffisait-il donc de se montrer assez obstiné qu’il se laisse convaincre ? Ou à défaut, du moins, qu’il abandonne la bataille, ce qui certes ne revenait pas tout à fait au même mais donnait le même résultat. S’il avait su que c’était aussi facile… Liv haussa un sourcil, avant de se renfrogner à la mention de la battue. Donc, Sorel était autorisé à partir à la rencontre de dangereux prédateurs, seul, simplement parce que ça l’amusait, tandis que lui ne pouvait même pas se rendre utile en participant à la battue sous bonne garde et haute supervision. Ça ne lui semblait pas très juste…

Sa mine boudeuse se dissipa cependant alors que le changement de sujet éveillait son intérêt. Sélénia ? Il sentit le sort que son père avait lancé, et en devinait sans trop de difficulté le but. Il se demanda brièvement s’il allait, encore une fois, devoir ronger son frein à rester cloîtré à la maison sans rien pouvoir faire pendant que sa famille se mettait en danger ; mais le fait était que CendreLune abordait le sujet ouvertement devant lui, et non derrière des portes closes. Ou, plus exactement, Liv était cette fois du bon côté de la porte. C’était loin d’être anodin. Son père aurait eu amplement d’occasions de prendre Sorel à part pour lui en parler, s’il avait décidé d’en parler devant Liv, ça ne pouvait pas être un hasard.

Liv s’était redressé, écoutant attentivement les propos de son père, puis la réponse de Sorel. Ce n’était, après tout, pas à lui qu’on s’adressait, il ne se serait pas permis d’interrompre la conversation pour la ramener à lui. Il laissa donc son frère prendre la parole avec intérêt, et attendit patiemment qu’il finisse pour s’exprimer à son tour.

« Et moi, comment puis-je vous aider ? »

Il ne demandait pas exactement si il pouvait participer, mais au moins posait-il la question plutôt que de faire d’audacieuses affirmations convaincues, ce qui était sans doute un progrès.

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Sorel resta silencieux quant aux remarques sur les risques encourus. “Il suffisait d’une fois” pour que tout parte vers le sud et qu’il ne marche plus parmi les vivants, peut-être que courir après un - voire plusieurs - fenrisulfr était un grand risque mais l’elfe se savait incapable de rester là sans fourrer son nez dehors et aller à la rencontre des grands prédateurs. Ce n’était pas seulement sa curiosité, c’était une envie et un besoin. Il aimait son confort et la chaleur réconfortante de sa maison, il adorait s’enrouler dans une couverture au coin d’un feu tout en appréciant le moelleux d’un coussin. Mais il aimait également l’air libre qui circulait hors des villes et cités, il adorait tout autant s’installer dans les branches d’un arbre et observer l’oiseau qui viendrait s’y poser tandis qu’un cerf errait en contre-bas, rapidement rejoint par le reste de sa harde.
Peut-être que lorsqu’il était à Sélénia ou à peu près n’importe où ailleurs qu’à Nyn-Tiamat, il était facile de résister à la tentation… mais maintenant qu’il était là, son regard ne pouvait pas s’empêcher d’errer vers les pics enneigés où il savait pouvoir trouver l’une de ces créatures.

Lorsqu’Aldaron, en désespoir de cause et probablement conscient que ses mises-en-garde étaient passées par une oreille et ressorties par l’autre, finit par lui donner quelques conseils. A commencer par le fait d’éviter la forêt. L’elfe fit la moue. Il était de toutes façons peu probable de trouver l’un de ces animaux dans la forêt même, celle-ci se prêtant peu aux mouvements d’animaux aussi large… Il tenta de glisser sous le tapis de sa propre conscience la mention de l’investigation. Un elfe seul ne pourrait pas résoudre tout ça, peu importait sa curiosité, surtout sans aide. Si Aldaron n’allait pas l’empêcher de se mettre en route pour la toundra de l’île, il n’allait pas protester aux quelques règles qu’il lui imposait.
Il remua néanmoins, aux pieds d’Aldaron, tandis que son esprit prenait la direction des licornes. Comment étaient ces créatures ? Quel était leur comportement, leur façon de fonctionner, étaient-elles grégaires ? Ou plutôt solitaires ?
Il se frotta les cuisses de la paume de ses mains, essayant de repousser ses interrogations tout en se concentrant sur ce que proposait Aldaron. Pour manifester son accord, Sorel hocha la tête :

« Je resterais en dehors de la forêt, » affirma-t-il facilement, convaincu de tenir sa promesse mais refusant de la formuler de la sorte pour ne pas s’enfermer si d’aventure les circonstances venaient à le forcer à y mettre les pieds. Il fronça néanmoins les sourcils à la mention d’Aldaron venant à son secours, appréciant peu le fait de mettre en danger son père. C’était probablement quelque chose susceptible de le faire changer d’avis. L’aurait fait changer d’avis s’il n’avait pas eu autant confiance en lui-même.

La transition d’Aldaron, cependant, le tira entièrement de ses réflexions et son expression se fit plus sérieuse tandis qu’il hochait à nouveau la tête, observant le geste de la main du vampire. Il se redressa, attentif, et si la demande de son père lui fit légèrement écarquiller les yeux tout en lui donnant conscience de l’ampleur de la demande, il ne dit d’abord rien. Il songea aux voisins qu’il avait à Sélénia et qui pouvaient pâtir de sa réponse, des pertes que le royaume subirait mais repoussa ses considérations pour se concentrer sur la logistique. Il avait un travail à accomplir et les émotions et sentiments ne devaient pas entrer en ligne de compte.
S’asseyant en tailleur, il baissa les yeux sur ses mains jointes dans son giron, les sourcils froncés. Il écarta quelques possibilités lorsque la proximité avec le château rendrait toute l’opération inutile. L’emplacement devait être suffisamment éloigné pour que les forces ne puissent pas rentrer trop rapidement si la diversion ne suffisait pas. Il y avait notamment des boutiques intéressantes dans des endroits aux rues tortueuses qui pourraient compliquer la tâche à l’armée et rendre toute manœuvre plus difficile encore.
Il compta sur ses doigts mais les possibilités qu’il avait à l’esprit commençaient à s’accumuler et s’il y en avait bien moins de dix, c’était bien trop.

Sorel secoua la tête :

« J’en ai même plusieurs, » lâcha-t-il, une once de gravité dans la voix, « mais j’aimerais d’abord y faire un tour pour prendre compte des éventuelles complications et avantages. Je connais Sélénia mais pas aussi bien que nécessaire. Si tu le veux bien, je t’enverrais un message dès que j’aurais pris ma décision, qu’en penses-tu ? » proposa-t-il, faisant référence à son Esprit-Lié qui lui permettait d’envoyer un petit mot.

Il pencha la tête sur le côté avant d’ajouter : « je pourrais même dessiner une carte, si nécessaire, pour te rendre compte des éléments importants. »

Son regard, calculateur, observait sans voir tandis qu’il réfléchissait. Oui, il y avait plusieurs options, certaines probablement meilleures que d’autres mais à l’instant présent il n’avait pas toutes les cartes en main. C’était une décision qu’il fallait mûrement réfléchir.
Des localisations qu’il avait conservées, il en rejeta une nouvelle qui se trouvait à proximité de trop de personnes susceptibles d’entendre ou de surprendre quoique ce soit. Si les vampires étaient efficaces, ils n’étaient pas à l’abri d’une erreur et tout devait être pris en compte afin d’écarter toute chance d’échec.
Il entendit une voix familière et cilla, levant les yeux vers Liv qui demandait à son tour de quelle façon il pourrait se montrer utile et Sorel fronça légèrement les sourcils, penchant la tête sur le côté. Il ignorait les capacités de son petit frère, peut-être avait-il des compétences dont il n’avait pas encore connaissance et qui pourrait se révéler utile dans le plan de leur père. Quelque part, une pointe incisive lui fit remarquer qu’il s’agissait de son petit frère et Sorel se retint d’intervenir. Aldaron connaissait Liv certainement mieux que lui et ne laisserait pas son fils se mettre en danger de façon inconsidérée.

Incapable de retenir sa curiosité, il se tourna vers Aldaron à nouveau et ajouter avec curiosité : « Qu’as-tu en tête pour la reine ? »

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    Il resterait en dehors de la forêt ? Malgré l’affirmation, Aldaron demeura remarquablement peu convaincu que tout cela finirait bien. Sans être pessimiste ni même réaliste, il était surtout un père et ce rôle lui donnait, bien quelquefois, du fil à retordre. Il ne s’étonnait pas, alors, qu’il ait abandonné Celeborn avant même sa naissance. Tant de responsabilités et de préoccupations, cela pesait sur ses épaules comme un fardeau qu’il avait fini par accepter maintenant qu’il possédait un certain contrôle sur le monde. L’argent était le nerf de la guerre et il savait que son influence lui permettrait même de récupérer un enfants pris en otage par des pirates ou de les sortir d’une quête au fenrisulfr insensée. Il ne s’était pas senti prêts, autrefois, car il n’avait pas cet empire de l’or capable de résoudre bien des impasses. Le pendant à cela était qu’il devait être atteindre d’une sorte de pathologie de la paternité. A moins que ce ne soit les déceptions qui viennent les pousser à rechercher l’enfant parfait ? Sage, doué et capable de ne pas se mettre dans des embrouilles plus grosses que lui ? Son regard verdoyant se posa sur Liv, silencieusement. Au moins celui-ci ne lui avait pas encore fait subir trop de mouron… Bien qu’il ait tout de même parler de suivre Sorel dans sa quête au gros loup quelques secondes plus tôt. Le soucis des fratrie, c’était que parfois l’un emportait l’autre dans sa bêtise ou pire… ils complotaient à deux pour la faire dans son dos.

    Il pourrait sûrement écrire un livre sur la paternité, tout en se fustigeant d’y succomber tant de fois vu les cheveux blancs que cela lui donnait… Mais il devait avouer, qu’envers et contre tout, il appréciait les instants comme celui-ci, où il avait à ses côtés deux de ses fils, juste parce qu’il les aimait.  C’est en se consolant sur cet éléments positif qui changea e cours de la conversation pour l’orienter sur Sélénia. « Très bien. » répondit-il à Sorel lorsque celui-ci lui promis d’investiguer davantage avant de lui faire part de sa réponse. Pour l’heure, il n’était pas pressé. Sorel connait bien mieux Sélénia que lui, bien que l’Ast en eut pris l’habitude ces derniers mois. Depuis qu’il avait monté le Marché Noir et que celui-ci avait pris de l’ampleur, il avait appris à déléguer certains choix et certaines décisions à des personnes plus apte à le faire et Sorel s’occupait des mines. Il savait où cela était risqué pour les fratries et où des opportunités étaient à prendre. La question de Liv ne le surpris pas le moins du monde : il savait que son enfant avait envie d’agir pour son peuple et son clan. Il avait été éduqué ainsi et ses propres aspirations s’en trouvaient compatibles. « En allant chercher ta sœur. » répliqua-t-il avec un doux sourire en coin : « Du moins la sœur qui était tienne lorsque tu étais un humain. Elle aimait beaucoup Nolan et le tenait en admiration. Si elle doit se débattre, son cœur l’enjoindra à ne pas te frapper… Et à plutôt s’en prendre à ton acolyte, puisque vous serez deux. »

    Il eut un sourire en coin : « Mais je gage que Nathaniel saura se débrouiller. Nous allons voler celle qu’on appelle ‘le joyau de Sélénia’ et nous n’aurons pas mieux dans tout l’archipel, pour dérober une pierre précieuse que le Roi des Voleurs en personne et le frère tant aimé du dit joyau. » Son regard perça celui d’Ivanyr comme pour jauger de son appréciation du plan ou de ses freins : « T’en sens-tu capable ? » Il eut un sourire en coin, amusé : « Certains diront que je n’apprends pas de saines choses à mon fils et que je ne lui fais pas côtoyer des bonnes personnes… Mais quand je vois que lorsque j’oriente mes enfants vers de saines choses, ils décident d’aller chasser le Fenrisulfr… Eh bien disons que j’essaies une autre approche. J’expérimente une autre piste. » railla-t-il en coulant un regard amusé sur Sorel. Il ne lui en voulait pas : il aimait plaisanter et le railler. « Nous n’avons pas l’armée pour attaquer Sélénia. Prendre sa reine et lui faire ployer le genou est notre seule option… Pour le moment. Car si elle refuse, nous comptons bien repartir avec une armée de nouveau-nés fraichement mordus… Les éduquer, les former. Et revenir. » Il glissa un regard sur Liv : « J’ai besoin de toi pour jouer le gentil, la voix douce qu’elle écoutera pour que nous n’ayons pas à faire la guerre. Je jouerai le méchant et tu seras le gentil frère qui lui manque tant. »

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S’il s’était à moitié attendu, en posant sa question du bout des lèvres, à se voir essuyer un refus net et définitif, il eût le plaisir de constater que ce ne fut nullement le cas. La réponse, cependant, quelque peu cryptique, lui fit hausser un sourcil perplexe. Sa sœur ? À sa connaissance, Eleonnora n’avait aucune raison de se trouver à Sélénia. En avait-il une autre ? Il était pourtant presque sûr que non. Certes, il ne connaissait pas encore toute la famille, et l’arbre généalogique était pour le moins… touffu, mais tout de même…

La réponse vint bien vite d’elle-même, alors que son père précisait sa pensée. Victoria, bien sûr. Pas sa sœur, celle de Nolan. Voilà un plan qui semblait audacieux, ce qui éveilla à la fois sa curiosité et son intérêt. Et assurément un gage de la confiance de son père en ses capacités.

Il pencha légèrement la tête de côté d’un air interrogateur à la mention d’un acolyte, puis fronça légèrement les sourcils. Il ne connaissait pas Nathaniel, mais il n’était guère enclin à lui faire confiance par défaut. Pour commencer, il ne faisait pas partie de la famille ni du clan. Et puis, c’était un pirate. Liv n’était pas encore bien sûr de savoir ce qu’il pensait à ce propos. Mais c’était également un allié de son père, et il avait en revanche toute confiance en son jugement à lui. S’il lui semblait pertinent de l’envoyer en mission avec le roi des forbans, c’était qu’il avait ses raisons. Et puis, l’idée d’avoir quelqu’un sur qui détourner les éventuelles récriminations de la reine ne lui déplaisait pas. Il répondit à la question de son père sans une once d’hésitation, avec assurance et un sourire plein de crocs.

« Sans aucun doute. Je suis heureux que vous m’offriez enfin l’occasion de faire mes preuves. »

Il réagit d’un sourire amusé à la remarque suivante, sans toutefois y répondre, comprenant qu’elle ne lui était pas adressée, et se contenta de glisser un regard vers le concerné.

L’annonce suivante, en revanche, le fit se redresser davantage, son intérêt à nouveau piqué. Une armée… C’était là encore une idée audacieuse, mais qui lui plaisait. Nevrast était une ville magnifique, depuis que Valmys et son ami l’avaient rebâtie, mais elle était indéniablement… vide. Les conflits vampiriques, qu’ils n’avaient certes pas vécu mais dont il connaissait l’histoire, avaient laissé leur marque, et le clan, la race elle-même, manquait cruellement de forces vives… ou mortes-vives, en l’occurrence. Du sang frais, sans mauvais jeu de mot, serait assurément une bonne chose.

Il répondit à son père avec un sourire qui parvenait à paraître à la fois innocent et prédateur.

« Je sais me montrer gentil. »

Il n’appréciait que modérément l’idée de jouer le rôle du frère de Victoria, comme tout ce qui le rapprochait de Nolan, mais si c’était nécessaire, il ne doutait pas de pouvoir le faire. Et peut-être n’aurait-il pas besoin d’en arriver là, du moins pas explicitement… Il suffisait qu’elle voie en lui ce qu’elle voulait voir pour qu’il puisse en jouer selon ses besoins.

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La mention d’une soeur fit lever les yeux de Sorel vers son père, perplexe. Un bref coup d’oeil à son nouveau petit frère lui fit réaliser qu’il n’était pas le seul à s’interroger. Pour autant lorsque la révélation se fit, si Liv se fit pensif et enthousiaste, Sorel se contenta de rester songeur et prudent. Attrapant une couverture à proximité, il l’enroula autour de ses épaules et se pelotonna à l’intérieur de sa douceur, rassemblant les coins sur sa poitrine pour créer une boule sur laquelle il pouvait enrouler ses bras et reposer son menton.
Victoria était un élément très bien gardé, d’autant que la grogne populaire n’avait fait qu’accentuer le besoin de protection autour de sa personne, qu’elle en ait conscience ou non. Le château, lui-même, était bien gardé et demanderait une organisation rigoureuse et une forme d’ingéniosité. La question se posait quant à qui aurait les compétences et les connaissances nécessaires à une telle entreprise.

La réponse d’Aldaron, avant même que le jeune elfe ne pose la question, le fit se raidir et son visage se tordre malgré lui de déplaisir. Il cacha le bas de son visage dans la couverture mais les yeux de Sorel trahissaient sa colère. Il remua, tentant de retrouver une once de confort mais la tension qui s’était logée dans son corps rendant la tâche plus compliquée que prévue. Sa rencontre avec le roi des pirates était encore toute fraîche, à l’instar de ses conséquences.
Il était certain que l’elfe sombre avait plus d’un tour dans sa manche mais il était difficile de dire dans quelle mesure ces tours ne finiraient pas par se retourner contre eux, pour une raison x ou y. D’autant que si Sorel avait bien saisi les mots d’Aldaron, Liv serait le comparse de Nathaniel dans cette entreprise, ce qui n’était pas rien. Il n’était pas certain d’apprécier de laisser la sécurité de son petit frère entre les mains du pirate. D’un autre côté, Aldaron connaissait le mécréant mieux qu’un autre, aussi était-il possible qu’il ait de bonnes raisons de lui faire confiance. Comme d’ordinaire, sur ce genre de sujet, le jeune elfe s’en remettait au jugement de son père, mais son sentiment plus que négatif n’en restait pas moins fort.

A la remarque qui lui fut glissée sans trop de discrétion, Sorel haussa les épaules sans faire montre du moindre remord même s’il avait toujours une inclinaison pour écouter son père et renoncer à son expédition. Il savait qu’il irait, mais il y avait toujours aussi ce besoin d’accéder aux conseils et demandes de son père sans poser de question. Le charisme naturel d’Aldaron avait un effet certain sur ceux qui l’entouraient et Sorel n’était pas exception. Il savait juste qu’à l’instant où il mettrait le pied dehors, il jetterait toute prudence aux orties et s’élancerait comme une andouille dans la première congère venue pour voir si c’était aussi froid qu’on le prétendait.
La mention d’une armée de nouveaux-nés quittant Sélénia pour rejoindre les rangs de Névrast, cependant, fit légèrement tiquer le jeune elfe. Combien croiserait-il de ceux qu’il connaissait et qui le regarderaient sans le reconnaître ? Il ignorait l’étendue du plan d’Aldaron et ne doutait pas que celui-ci devait être parfaitement planifié mais l’entreprise était d’une rare envergure ce qui pouvait donner lieu à d’importantes conséquences et n’ayant pas toutes les cartes en main, il peinait à avoir même une vague idée de celles-ci. Outre que tout pouvait tourner à vau-l’eau et qu’il se retrouverait en première ligne pour y assister.

« Tu as l’air d’avoir déjà pas mal réfléchis au sujet, » dit-il lentement, songeur. « Tu as une date en tête ? » s’enquit-il en levant les yeux vers son père, interrogateur.

Dès son retour, il serait alors important qu’il se dépêche de trouver le lieu le plus approprié tout en s’arrangeant pour que les recherches nécessaires soient effectuées pour déterminer tout risque éventuel. Selon la réponse d’Aldaron, il aurait une marge de travail plus ou moins grande qui permettrait un résultat plus ou moins exhaustif ou efficace. Enroulé qu’il était dans ses couvertures, Sorel fourra de nouveau son nez dans le tissu, réfléchissant.
Son frère serait aux premières loges aussi, songea-t-il avec un bref coup d’oeil pour Liv, il n’avait pas le droit à l’erreur. Ce qui l’amenait à penser…

Fronçant légèrement les sourcils lorsque les derniers mots de son père lui firent réaliser un autre élément, il leva à nouveau les yeux vers Aldaron :

« Tu seras là, » lâcha-t-il sans prendre la peine de formuler cela comme une question, ce n’en était pas une. Aldaron serait là, au même titre que Liv pour convaincre Victoria de ployer le genou, de gré ou de force. C’était une action qui nécessiterait beaucoup de préparation et surtout des participants de confiance capables de se montrer efficace. C’était une attaque d’envergure, une décision lourde qui n’était pas à prendre à la légère. Aldaron et Achroma y pensaient certainement depuis un petit moment.

La participation de Nathaniel, en équipe avec Liv, continuait de lui déplaire foncièrement, cependant.

« Combien de vampires souhaiterais-tu dissimuler, exactement ? »

Si trop nombreux, peut-être deux emplacements seraient nécessaires, selon la réponse d’Aldaron, la liste des lieux possibles serait probablement plus courte encore et permettrait un meilleur repérage. Il aurait peut-être dû poser la question plus tôt mais il ne s’était pas attendu à une attaque de cette envergure. Une poignée de vampires pouvait être dissimulée à peu près n’importe où. Une force suffisante pour permettre un assaut tel que celui dont parlait Aldaron, cela nécessitait un nombre bien différent et par conséquent une adaptation de ses propres idées, le cas échéant.

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    Bien qu’il ignorât si l’absence d’hésitation dans la réponse de Liv était le fruit d’une décision mûrement réfléchie ou un élan du cœur, il était toutefois certain que cela était de la satisfaction à pouvoir enfin être utile pour leur peuple. Un vampire avait naturellement de la fougue et l’envie d’agir et si Liv avait été un nouveau-né jusque-là, il savait suffisamment se contenir, à présent. La preuve en était qu’il ne sautait pas à la gorge de Sorel, même sans le vouloir. Il fallait dire que les Ast étaient remarquablement différents de leurs confrères. Ils n’avaient pas besoin de sang, éloignant là l’aspect bestial de leur alimentation. Ils étaient des extensions des licornes, ou quelque chose de cet acabit. Il était donc normal que leur esprit soit plus solide. Le clan Elusis serait vigoureux et illuste à bien des égards. Et comme ils n’allaient pas combattre une Licorne, Aldaron se satisfaisait de pouvoir emmener avec lui son dernier-né.

    « Je suis heureux de pouvoir te l’offrir. Ce n’est pas dans mes habitudes de restreindre mes enfants. Que ce soit toi ou Sorel… La vie pousse à se mettre en danger et c’est à travers lui qu’on se sent vivre avec une puissance phénoménale. Je ne suis juste pas rassuré au sujet des licornes… Je ne sais pas ce que sont ces créatures. Si j’étais certain de pouvoir les maîtriser, je t’aurais emmené avec moi. Je vous aurais emmené tout les deux si vous l’aviez voulu. » Mais là, il ne pouvait pas se permettre un si grand risque. Et un risque était grand, aux yeux d’Aldaron, quand il dépassait ses capacités de contrôle. Il adressa un sourire doux et désolé à ses deux garçons. Il espérait qu’ils comprennent que ses restrictions n’étaient pas imposées de gaité de cœur. Enfant, il avait eu du mal, lui aussi, à rester dans le cadre qu’exigeait son propre père et son peuple de naissance. Il savait la douleur que cela causait alors… Le faire subir à ses propres enfants ne le mettait pas à l’aise.

    Un sourire étira ses lèvres lorsque Liv souligna par l’exemple qu’il pouvait se montrer gentil. « Cela sera parfait. » Oui, il n’en doutait pas. Il savait que Victoria était une femme bien jeune, et toute Reine qu’elle était, son affection pour Nolan serait un atout pour les Elusis. A plus forte raison qu’ils seraient en état de prendre la ville par la force une fois que les nouveau-nés seraient prêts. Une certaine satisfaction machiavélique traversa son regard d’émeraude en mirant ce dont son fils était capable de feindre, à mi-chemin entre l’innocence et la prédation. « A la mi-avril, probablement. Cela te sera-t-il suffisant ? » répondit-il à l’elfe. Il savait que le maître des mines était capable de travailler même dans l’urgence, en apportant une solution adéquate pour le Marché Noir.

    Il porta son attention sur Sorel à la question qui n’en était pas une. Il serait là, sans être véritablement là, en vérité : « Nous serons sur la Vagabonde, avec Achroma. Tant que nous ignorerons si leur tueur de dragon est dans les parages, nous resterons en dehors du combat. Sauf si le besoin s’en fait sentir… Mais il n’y a pas de raison à cela. Les Séléniens ont déjà du mal à se rassembler derrière leur Reine, alors sans elle… » Ce serait le chaos complet et ils évoluaient dans le chaos. Evidement, Aldaron était pas sans savoir que Claudius rassemblait des hommes derrière lui… Mais à quel point ? Saurait-il seulement embarquer le peuple avec lui quand on voyait le fiasco que cela avait été, lorsqu’il avait fallu calmer les Séléniens de la gronde contre Cynoe ? « Une trentaine de vampires tout au plus. Nous simulerons la propagation d’une peste pour que les gens n’approchent pas les mordus. Il faudrait un endroit dont les gens se désintéressent. Dans le quartier du petit peuple, par exemple. Si les ‘contaminés’ sont trop importants, cela risque de rameuter l’armée trop vite. » Or, il voulait avoir le temps que les nouveau-nés s’éveillent et fassent assez de ravage pour que l’armée dans son entièreté soit appelée en renfort, laissant la voie libre pour l’enlèvement de Victoria.

    « Si cela se passe mal, il est possible que le Marché Noir ait à plier bagage. Il est aussi possible que certains n’aient pas le temps de partir. J’ignore comment cela va se passer. Nous nous sommes fait beaucoup d’ennemis à Sélénia. J’avais déjà eu à contrer des assassins, rien qu’en était nommé Bourgmestre de Caladon… Autant te dire qu’aujourd’hui, mes ennemis sont assez nombreux pour se liguer contre moi. Et pas que mes ennemis, d’ailleurs. Eleonnora est un problème que je peine à contenir et orienter, malgré mon emprise sur le Conseil. Si la situation se dégrade, je serai obligé de la destituer et d’y placer quelqu’un de plus dévoué. » Comme Autone. Il y avait entre la petite rousse et lui, un lien unique, un combat commun qu’on appelait ‘survivre après Morneflamme’. Il posa un regard lourd de sens sur ses deux fils : « Nous sommes dans une situation précaire. Si nous échouons, la situation deviendra plus précaire encore. Alors… Tache de mettre tes affaires en ordres, Sorel. Il est possible que tu aies à fuir. Tu comprends ? Je sais que tu adores le danger… » railla-t-il et un sourire amusé illumina brièvement son visage avant qu’il ne s’assombrisse à nouveau.

    « Toi aussi Liv. Il y a beaucoup de personnes que je vais devoir mordre ou tuer pour les écarter de notre chemin. Cela fait beaucoup d’ennemis… Et d’amis... A évincer. » Il avait grandi avec les humains. La situation actuelle lui était intolérable… Mais avait-il le choix ? Il était trop engagé pour pouvoir reculer.

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Liv ne put retenir une petite moue de se dessiner sur son visage face aux explications de son père. En réalité, il comprenait ses raisons, du moins la partie rationnelle de lui-même, mais il ne pouvait s’empêcher malgré lui de se sentir vexé et mis à l’écart. Néanmoins, il savait désormais que cela ne durerait pas, et cette simple conviction suffisait à apaiser sa petite blessure d’orgueil, vite panser par la gratitude et l’excitation de cette mission à venir.

L’approbation affichée par son père suffit à lui faire tout à fait oublier son ressentiment concernant les licornes, et son sourire, quoi que toujours plein de crocs, se fit sincère et radieux. Il appréciait de constater la confiance que son père plaçait en lui, et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour s’en montrer à la hauteur.

Il laissa par la suite Sorel reprendre la direction de la conversation, écoutant avec intérêt questions et réponses, apportant toute son attention au plan en train d’être dressé, quand bien même une partie ne le concernait pas directement. Son intérêt fut piqué encore davantage à la mention d’Eleonnora, cette sœur qu’il ne connaissait pas encore, et des problèmes qu’elle causait, mais il demeura silencieux. L’inquiétude chiffonna quelque peu son expression à la mention que l’elfe aurait peut-être à plier bagage après l’opération. Il savait combien son frère aimait sa boutique, ils en avaient justement parlé tout juste quelques minutes plus tôt, et il espérait qu’ils n’auraient pas à en venir là. Tout comme il essayait de se convaincre que son frère serait en sécurité, et ne risquerait pas davantage…

À la mention de son nom, le jeune vampire se contenta de hocher la tête, avec conviction et détermination. Il ferait ce qui devrait être fait, il ne décevrait pas la confiance que son père avait placée en lui. Il devinait, ou supposait, le tiraillement que cela pouvait causer en lui, sachant qu’il avait vécu si longtemps parmi les humains ; il n’ignorait pas l’affection qu’il leur portait, ou du moins, qu’il avait pu leur porter. Liv n’avait pas ces états d’âmes ; il ne connaissait que le Clan, et le protéger était pour lui tout ce qui comptait. Sans nul doute, c’était plus simple et plus facile pour lui, et il se sentait quelque peu désolé pour son père qu’ils doivent en arriver là. Mais il savait également que, pour lui aussi, le Clan passait avant tout, et qu’il ferait ce qu’il fallait pour le protéger et assure son avenir.

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Il devait admettre que foutre le nez dehors et le pied dans la forêt du Licorok où il savait que des créatures bien particulières existaient exerçait une pression sans précédent sur le jeune elfe. Il était, après tout, juste à côté. Il lui suffisait de quitter la ville, quelques temps de trajet et il sentirait bien rapidement l’ombre épaisse et fraîche des arbres le couper du soleil. Bien entendu, le risque de croiser le chemin d’une créature différente qui pourrait bien le mettre en danger, sans compter l’option où il tombait directement sur une licorne, était grand. Et si courir après un - ou plusieurs - fenrisulfr(s) représentait déjà une entreprise suicidaire, la forêt se trouvait certainement une étape au-dessus.
Il était certainement plus sûr qu’il reste en dehors de toutes ces histoires. Qu’il rentre à Sélénia assez rapidement pour qu’on ne se doute pas forcément de là où il s’était rendu, même si la suspicion et les doutes pouvaient bien naître de sa disparition momentanée. D’une manière ou d’une autre, il y avait bien des raisons pour lui de ne pas trop s’attarder. A commencer par le mariage d’Autone et d’Ilhan, qui devait avoir lieu dans quelques jours à peine.

Il finit par hausser une épaule et tapoter gentiment le genou d’Aldaron, levant vers lui son nez sur lequel s’entrecroisaient cicatrices et taches de rousseur :

« Ne te fais pas de mouron, papa. C’est frustrant et pas toujours très agréable mais on, » il jeta un regard dans la direction de Liv pour guetter sa réaction, s’assurer qu’il ne commettait pas d’impair en parlant en leur nom alors qu’il pouvait faire erreur. Ils se connaissaient depuis peu après tout, et si l’elfe se sentait à l’aise, ce n’était peut-être pas le cas de Liv. Il était facile pour Sorel de s’entendre avec à peu près tout le monde, pourvu que l’autre partie s’y investisse également et il était aisé de dire que Liv s’était offert sans hésiter. La dernière chose que voulait l’elfe était de faire un faux pas. Rassuré par son frère, il reprit avec plus d’assurance, sa main toujours sur le genou d’Aldaron, il tapota à nouveau mais cette fois du bout de son index, comme pour réitérer sa réassurance : « On a conscience que tu fais ça pour nous. »

Pour être tout à fait honnête, à commencer envers lui-même, il y avait une ferme évidence entre un refus catégorique de la part d’Aldaron et une mise en garde teintée de “tu devrais pas”. A l’image de celle qu’il avait présentée lorsque Sorel avait annoncé sa brillante idée d’aller passer faire la causette aux fenrisulfrs. Il y avait certainement une marge indicative si Aldaron laissait Sorel quitter le manoir dans le but d’aller croiser un - ou plusieurs - fenrisulfr(s) mais qu’il refusait de les laisser passer la lisière de la forêt de Licorok. En cela, le jeune elfe préférait s’en remettre à son père. Et puis, il fallait bien admettre que si Sorel voulait réellement y foutre les pieds, il finirait bien par le faire, d’une manière ou d’une autre. Cette fois-ci ferait exception, il devait d’abord trouver les fenrisulfrs, ensuite se rendre d’une manière ou d’une autre au mariage d’Autone et d’Ilhan. Il avait beaucoup à prévoir… selon l’issue de l’expédition qu’ils allaient mener dans la forêt, peut-être l’elfe aurait-il l’occasion de s’y rendre plus tard.

Écartant ses considérations - pour le moment - il se replongea dans les manigances qui entouraient la prochaine prise de Sélénia. Peut-être cela lui permettrait également de retrouver un semblant de normalité. Si les vampires s’emparaient du royaume humain, Sorel ne se sentirait plus tiraillé entre deux mondes, désireux d’aider les deux tout en étant occupé à tirer dans les pattes de l’une des deux au profit de l’autre. Ce n’était probablement pas idéal.
Il posa quelques questions et hocha la tête lorsqu’Aldaron lui indiqua la date approximative à laquelle il pensait lancer l’opération.

« Largement, j’ai pris l’habitude de me balader dans les différents quartiers, il ne devrait pas être bien compliqué de repérer l’élément le plus propice à l’opération. »

Il était préférable de garder Nahui et le dragon d’Achroma en sécurité, approuva-t-il à nouveau en acquiesçant, convaincu qu’il s’agissait assurément de la meilleure façon d’opérer. Cela préserverait également ses pères du danger et lui ôtait une inquiétude du tableau, il pouvait effacer l’élément et en ajouter un autre, cependant.
Il émit un petit souffle amusé à la mention de la supposée peste dont ils allaient se servir pour écarter les soupçons, appréciant l’idée générale qui avait le mérite d’offrir une zone de départ favorable, pourvu que rien ne vienne interrompre le processus. Son expression, cependant, se fit plus chiffonnée lorsqu’Aldaron mentionna l’éventualité que le Marché Noir ait à disparaître et à quitter Sélénia. Il avait déjà de la peine à ne pas trop penser aux gens qu’il connaissait et qu’il ne reverrait probablement pas si les choses tournaient mal. Luttant avec l’espoir que tout se déroulerait pour le mieux et que le sang versé se limiterait au strict minimum. Imaginer qu’il allait devoir quitter Sélénia, ses rues pavées et son peuple lui retournait l’estomac. Peut-être y avait-il un côté positif, à savoir qu’il se rapprocherait de sa famille, mais il trouvait s’être profondément attaché à Sélénia au fil du temps passé à vivre là-bas.

Le problème que posait Eleonnora, cependant, ne fit qu’accroître le poids et les épaules de l’elfe fléchirent légèrement, bien malgré lui, tandis qu’il s’enroulait plus étroitement dans sa couverture, comme cherchant le réconfort. Il hocha la tête, son nez s’enfonçant davantage dans le tissu doux de la couverture :

« Je m’arrangerais pour être prêt, » marmonna-t-il tout bas, sa voix partiellement étouffée par le tissu. « Mais si je le peux, j’essaierai de rester. »

Il y avait tant à Sélénia qu’il ne voulait pas perdre. Sorel n’avait peut-être pas réalisé qu’il s’était creusé un trou là-bas. Sa boutique n’était qu’une façade, initialement, mais après être resté si longtemps dans sa petite vie de marchand, réalisant ses tâches de Maître des Mines comme s’il s’agissait d’une autre vie, parallèle et sans lien, comme si le Maître des Mines n’avait rien à voir avec Sorel Gallenröd.
L’elfe émit un petit son amusé au sous-entendu peu discret de son père, levant les yeux vers lui, reconnaissant pour la distraction.

« J’essaierai d’être le plus prudent possible, » promit-il. « Mais si je pars, je ne partirais pas seul, » prévint-il avec un regard pour Aldaron.

Il y aurait Tania à emmener, pour commencer, sa famille aussi si possible. Autant de choses et de départs difficiles à organiser dans des circonstances loin d’être idéales.

Il trouverait.

Préparerait le terrain avec son efficacité coutumière. Il avait plus d’un tour dans sa manche et il aurait tout le temps du monde pour préparer les portes de sorties et les plans de secours au besoin. Il avait des gens dont il pouvait se servir, les sécuriser afin de ne pas griller leur couverture tout en ayant la possibilité de leur offrir un échappatoire si l’un d’entre eux devait ne plus se sentir en sécurité.
Il allait peut-être récolter un bout de pied dans le tibias pour ce qu’il s’apprêtait à dire mais à l’instant où Sorel ouvrit la bouche de brefs couinements le réduisirent au silence et trois petites ombres passèrent la porte comme de sombres éclairs qui grattèrent la pierre en rythme pour venir se réfugier dans les plis et replis de sa couverture. Suivant du regard la progression de Linou, Pathou et Nathou, Sorel resta un instant bouche bée avant qu’un serviteur de la maisonnée ne déboule dans la pièce, un énorme balais à la main, l’air prêt à en découdre :

« V’nez par ici un peu que j’vous-... oh. »

Stupéfait, Sorel mit un instant avant d’additionner la présence du balais, tenu fermement par le servant, et les trois boules de poils réfugiés dans son giron. Fronçant les sourcils brièvement, une expression qui ne dura qu’un instant, il s’adressa au nouveau venu d’un ton poli :

« Je peux savoir ce que vous aviez l’intention de faire avec ce balais ? »

Pendant une seconde, l’humain sembla sur le point de rougir, son expression embarrassée pour une seconde avant qu’il ne reconnaisse le jeune elfe, roux, qui le regardait très directement. Lorsque le rouge s’arrêta de s’étendre sur les joues de l’humain, il tourna brutalement au blanc et pendant une seconde, Sorel le prit en pitié mais les trois petites boules de poil serrées contre lui tremblaient de tout leur petit corps.

« Je-mh-c’est à dire que je les ai vu et-mh, » bafouilla-t-il, son regard passant soudain de Sorel à Aldaron avant qu’il ne perdre le peu de couleur qui lui restait, ressemblant soudain aux êtres dont il s’occupait de la demeure.

Hochant la tête, le maître des mines répondit calmement : « Dans mes quartiers, vous trouverez un livre ouvert traitant des rongeurs. Je vous autorise à me l’emprunter afin de vous éduquer à leur sujet, vous découvrirez qu’ils méritent mieux que votre mépris. Veillez également à prendre quelques leçons de nettoyage, la façon dont vous tenez votre balais est tout à fait inadaptée à son usage premier, » lâcha-t-il froidement.

L’humain n’avait certainement jamais eu d’activité martiale, pourtant il prit une position presque au garde à vous avant de s’éloigner précipitamment, fermant très, très, très doucement la porte derrière lui.

« Je me demande si j’aurais dû le menacer, » s’enquit-il pensivement.

Il haussa une épaule, songeant qu’il rendrait probablement une petite visite à cet homme plus tard. Il y avait une éducation à refaire, semblerait-il, et quelques questions non posées qui nécessitaient de trouver réponse.
Le jeune elfe souleva la couverture dans laquelle il était enroulé. Un petit museau pointu fit immédiatement son apparition, reniflant les lèvres de Sorel comme très intéressé par le goût qui s’y trouvait toujours et l’odeur alléchante d’un bon repas, malheureusement passé depuis bien longtemps.

« Bonjour à toi aussi, Pathou. »

Dans son giron, deux autres petits rats étaient bien contents de rester invisibles aux deux autres prédateurs présents dans la pièce. C’était dire leur frayeur d’être poursuivis par un balais assassin, tenu par un géant qui se déplaçait avec la discrétion d’un rhinocéros laineux ankylosé, qu’ils se soient réfugiés chez lui alors qu’il était en présence de vampires.

« Des présentations s’imposent, je suppose. Papa, Liv, je vous présente Pathou, Nathou et Linou. »

Il pointa du doigt chaque petit animal en le nommant, caressant la femelle lorsqu’elle manifesta l’envie d’être papouillée.

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    Il se souvenait, en son temps, combien les rues de Gloria, puis celles des Caladon, lui étaient devenues habituelles, tant il déambulait, insouciant à ses débuts, moins après Morneflamme, dans les ruelles de ces belles villes. Cela avait été un atout considérable pour le Marché Noir et Sorel avait le même œil, à mi-chemin entre l’explorateur hasardeux et l’homme d’affaire. Il saurait trouver, Aldaron n’en doutait pas un instant, aussi acquiesça-t-il de la tête pour toute réponse. Quant à sa volonté de vouloir rester à Sélénia, il pouvait le comprendre et stratégiquement, sa position était préférable ainsi. Il se doutait qu’il n’y avait pas que de la stratégie derrière ces mots, mais aussi et surtout, une part émotionnelle qui se cachait en dessous. Sorel aimait le peuple humain. Aldaron aussi l’avait aimé. Mais la désillusion était pernicieuse et commençait sérieusement à ronger son enthousiasme. Ils étaient éphémères. Si cela représentait un bel attrait parfois, leur vision à si court terme épuisait l’affection qu’il leur portait. Ils n’étaient que des enfants, ingrats pour beaucoup, si prompts à réitérer les mêmes erreurs. Il n’avait pas d’enfant éphémère : ses enfants à lui apprenaient et retenait.

    « Je comprends que tu t’attaches aux humains. » Au fond, Sorel, comme Aldaron, n’avaient pas trouvé leur place chez les elfes. Les humains avaient été leur terre d’accueil. La désillusion viendrait, avec le temps et les épreuves. Probablement que Sorel passerait par là, un jour… Même si l’Ast ne lui souhaitait guère : c’était assez douloureux. C’était chez les vampires qu’il avait trouvé un intermédiaire entre les humains et les elfes. Moins lent que le beau peuple, sans être aussi stupide que les humains. Le sourire qu’il lui adressa en retour était assez triste. Son regard se voilait de regrets : non, vraiment, il n’y avait rien que bon chez ces humains. Mais comme Ilhan, Aldaron ne cherchait pas à lui imposer son point de vue. Ilhan s’était rendu compte par lui-même combien l’humanité était ingrate : elle oubliait les bons services de l’athaïen pour sa cité au premier soupçon de corruption. Il avait eu le bonheur de sa marier à Autone… Et par conséquent, gagnait le droit d’être regardé de travers à Délimar. Combien de temps avant qu’il ne soit mis dehors ?

    L’humanité été ingrate. Sorel s’en rendrait compte un jour. Aldaron le laisserait apprendre cela par lui-même. « Nevrast t’accueillera, toi et tous les tiens si tu en as le besoin ou l’envie. » Sur cela, la porte s’ouvrit à la volée. Le dragonnier fronça les sourcils devant cette intrusion non consentie. Depuis quand ses domestiques se permettaient un pareil comportement. Comportement qui fut promptement grondé par Sorel lui-même et pour cause : les animaux pourchassés étaient les siens. Ce n’était pas faute, pour Aldaron, d’avoir spécifié que ses enfants, en particulier Sorel et Valmys, se présentaient régulièrement avec des animaux divers et variés ! Il fusilla l’aide de maison du regard avant de revenir vers son fils qui lui présentait ses acolytes. Les vampires et les animaux ne faisaient pas bon ménage, si bien que l’Ast ne tenta pas de les approcher outre mesure. Il tâcha néanmoins de passer une soirée plus détendue avec ses enfants, sur des sujets moins sérieux que l’invasion de Sélénia à venir.

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