13 octobre de l'an 9
Stupide bateau ! Stupides vagues ! Stupide mal de mer ! Ces trois phrases tournaient en boucle dans ma tête alors que je descendais du ponton de ce fichu bateau, le plus dignement possible. Ma démarche n'avait en réalité rien de royal, en fait, j'étais courbée comme un ancêtre et je tentais tant bien que mal de tenir mon maigre ventre comme si ca pouvais m'aider à m'empêcher de vomir. Ça et mon teint pâle étaient assez explicite sur mon état actuel pour que les gens aient l'intelligence de s'écarter d'un bon mètre de moi. Et tant mieux, je ne voulais pas qu'ils se collent à moi et que l'un d'eux me détrousse. On ne détrousse pas Cendres impunément !
Maintenant que j'y pensais, c'était vrai que vivre sur un bateau quand on a le mal de mer et la peur de l'eau n'était pas une bonne idée mais bon, il suffisait juste que je ne mange pas trop et que je ne me penche pas sur le bord pour que ça passe. Pourtant ce n'était pas si simple vu mon penchant pour la nourriture, surtout que tout était a porte de mes mains baladeuses. Et c'est pour ça que j'avais eu la bonne idée de me goinfrer en secret dans les réserves. Oui, même les esprits supérieurs comme moi peuvent commettre des erreurs. Je fit quelques pas rapides pour m'éloigner du vieux quai en bois moisi cerclé par la masse sombre et informe de l'eau et je me sentis déjà un peu mieux.
La terre ferme était irrémédiablement mon environnement favori. Plus stable. Moins agité. Et au moins je pouvais y rencontrer des inconnus à piller et des distractions un peu plus variées. Sur le bateau de cet idiot de nain, il n'y avait que son équipage d'incompétents et d'inutiles et on avait vite fait le tour des choses à faire après tant de voyages. Je me mis à déambuler discrètement sur les pontons et les plateformes pourris d'Athgalan. Comme d'habitude, je n'avais pas d'intentions particulières mais j'avais besoin de marcher un peu sur quelque chose de plus ou moins stable après avoir passé tant de jours ballotée par l'eau. Et surtout j'avais besoin d'argent, de satisfaire ma cleptomanie et d'un peu de défi. Bon c'est vrai, surtout de défi pour l'instant parce que je m'étais vraiment fais chier tout ce temps. Je ne devais pas non plus faire n'importe quoi et me faire remarquer, je n'étais pas n'importe où. Pas que j'ai peur de quelque chose, je n'était pas du genre à me laisser impressionner par quoi que ce soit mais je ne voulais pas causer de problèmes a Arakjörn, il était si petit. Heureusement que j'avais la bonté de m'occuper de lui.
Je sentais que petit à petit mon mal de mer passa à mesure que je me faufilais tel une ombre entre les passants. Je subtilisai deux bourses au passage en vitesse. Il ne s'en aperçurent même pas, c'était vraiment trop facile même si j'avais volontairement pris des cibles qui n'étaient pas sur leurs gardes. Je commençais à prendre la main à force de m'entraîner sur les membres de l'équipage en même temps. Mes récoltes n'étaient pas très fructueuses, au total, j'avais seulement volé quelques pièces rouillées et une petite lettre que je m'empressai de lire et de jeter dans le marécage. Moi qui croyais pouvoir passer mon temps, actuellement je m'ennuyais comme jamais. Au vu du temps infect qu'il faisait, la plupart des gens devaient se trouver chez eux ou ailleurs que dehors. J'espérais qu'il pleuve, ça dégagerait sûrement l'odeur salée que je trainais avec moi. Me laver n'était clairement pas assez divertissant pour moi, alors je préférais laisser faire la nature à ma place.
Mes maux de ventre passèrent complètement lorsque je me mis à vomir dans un recoin sombre à l'abri du regard de la foule. C'était loin d'être une attitude gracieuse et distinguée mais au moins c'était sorti sans que je glisse par dessus la corde usée sur le bord du ponton. Et de toute manière, l'odeur de mon vomi ne pouvais qu'améliorer celle de cette satanée ville. C'est donc le coeur plus léger, et surtout l'estomac plus léger que je repartis.
Je m'enfoncais dans le dédale de pontons branlants au hasard en passant toujours des rues où il y avait le minimum de monde. Je ne voulais pas me faire bousculer par des imbéciles sans cervelle et tomber dans la vase boueuse en contebas. Ce ne serait sûrement pas compliqué de retrouver le port pour moi, je n'aurai qu'à suivre l'aire salé de la mer qui me puquais les yeux. Après un certain temps, je décidai de m'arrêter de marcher et m'assis contre un mur en bois suintant d'eau. L'isolation n'était pas une grande facilité dans un marécage. Je croisai mes jambes et m'accoudais nonchalamment sur mes genoux. J'avais l'impression qu'il n'y avait rien à faire par ici. Je fermai les yeux quelques instants.
Tac. Tac. Tac. Quelques personnes défilaient rapidement devant moi en silence. C'est vrai qu'on a pas spécialement envie de se faire repérer à Athgalan, les gens ne sont pas de gentils pêcheurs. Partout autour de moi j'entendais le bois grincer sous le poids de cette ville. Il y avait aussi les bruits discrets du marécage : une onde dans l'eau par ci par là qui prouvaient que nous n'étions pas les seuls ici, le brut poisseux de la vase sur les pilotis. Pas de quoi faire rêver comme fond sonore. Pourtant je n'ouvris pas mes yeux et je repensai à un garçon que j'avais croisé un jour dans une rue. Il chantonnait une mélodie avec lenteur alors qu'un commerçant lui hurlait de déguerpir. Et c'est sur ses quelques notes en boucles que je m'endormis. Je dus dormir une vingtaine de minutes. Mais mon sommeil n'était jamais assez profond pour ne pas que je sente ce qui m'entourait, et à ce moment, je sentais une présence à mes côtés. J'entrouvris un œil sur mes gardes et c'est là que je le vis.
Dernière édition par Alyssa Mayzoll le Dim 3 Sep 2017 - 15:27, édité 1 fois
Stupide bateau ! Stupides vagues ! Stupide mal de mer ! Ces trois phrases tournaient en boucle dans ma tête alors que je descendais du ponton de ce fichu bateau, le plus dignement possible. Ma démarche n'avait en réalité rien de royal, en fait, j'étais courbée comme un ancêtre et je tentais tant bien que mal de tenir mon maigre ventre comme si ca pouvais m'aider à m'empêcher de vomir. Ça et mon teint pâle étaient assez explicite sur mon état actuel pour que les gens aient l'intelligence de s'écarter d'un bon mètre de moi. Et tant mieux, je ne voulais pas qu'ils se collent à moi et que l'un d'eux me détrousse. On ne détrousse pas Cendres impunément !
Maintenant que j'y pensais, c'était vrai que vivre sur un bateau quand on a le mal de mer et la peur de l'eau n'était pas une bonne idée mais bon, il suffisait juste que je ne mange pas trop et que je ne me penche pas sur le bord pour que ça passe. Pourtant ce n'était pas si simple vu mon penchant pour la nourriture, surtout que tout était a porte de mes mains baladeuses. Et c'est pour ça que j'avais eu la bonne idée de me goinfrer en secret dans les réserves. Oui, même les esprits supérieurs comme moi peuvent commettre des erreurs. Je fit quelques pas rapides pour m'éloigner du vieux quai en bois moisi cerclé par la masse sombre et informe de l'eau et je me sentis déjà un peu mieux.
La terre ferme était irrémédiablement mon environnement favori. Plus stable. Moins agité. Et au moins je pouvais y rencontrer des inconnus à piller et des distractions un peu plus variées. Sur le bateau de cet idiot de nain, il n'y avait que son équipage d'incompétents et d'inutiles et on avait vite fait le tour des choses à faire après tant de voyages. Je me mis à déambuler discrètement sur les pontons et les plateformes pourris d'Athgalan. Comme d'habitude, je n'avais pas d'intentions particulières mais j'avais besoin de marcher un peu sur quelque chose de plus ou moins stable après avoir passé tant de jours ballotée par l'eau. Et surtout j'avais besoin d'argent, de satisfaire ma cleptomanie et d'un peu de défi. Bon c'est vrai, surtout de défi pour l'instant parce que je m'étais vraiment fais chier tout ce temps. Je ne devais pas non plus faire n'importe quoi et me faire remarquer, je n'étais pas n'importe où. Pas que j'ai peur de quelque chose, je n'était pas du genre à me laisser impressionner par quoi que ce soit mais je ne voulais pas causer de problèmes a Arakjörn, il était si petit. Heureusement que j'avais la bonté de m'occuper de lui.
Je sentais que petit à petit mon mal de mer passa à mesure que je me faufilais tel une ombre entre les passants. Je subtilisai deux bourses au passage en vitesse. Il ne s'en aperçurent même pas, c'était vraiment trop facile même si j'avais volontairement pris des cibles qui n'étaient pas sur leurs gardes. Je commençais à prendre la main à force de m'entraîner sur les membres de l'équipage en même temps. Mes récoltes n'étaient pas très fructueuses, au total, j'avais seulement volé quelques pièces rouillées et une petite lettre que je m'empressai de lire et de jeter dans le marécage. Moi qui croyais pouvoir passer mon temps, actuellement je m'ennuyais comme jamais. Au vu du temps infect qu'il faisait, la plupart des gens devaient se trouver chez eux ou ailleurs que dehors. J'espérais qu'il pleuve, ça dégagerait sûrement l'odeur salée que je trainais avec moi. Me laver n'était clairement pas assez divertissant pour moi, alors je préférais laisser faire la nature à ma place.
Mes maux de ventre passèrent complètement lorsque je me mis à vomir dans un recoin sombre à l'abri du regard de la foule. C'était loin d'être une attitude gracieuse et distinguée mais au moins c'était sorti sans que je glisse par dessus la corde usée sur le bord du ponton. Et de toute manière, l'odeur de mon vomi ne pouvais qu'améliorer celle de cette satanée ville. C'est donc le coeur plus léger, et surtout l'estomac plus léger que je repartis.
Je m'enfoncais dans le dédale de pontons branlants au hasard en passant toujours des rues où il y avait le minimum de monde. Je ne voulais pas me faire bousculer par des imbéciles sans cervelle et tomber dans la vase boueuse en contebas. Ce ne serait sûrement pas compliqué de retrouver le port pour moi, je n'aurai qu'à suivre l'aire salé de la mer qui me puquais les yeux. Après un certain temps, je décidai de m'arrêter de marcher et m'assis contre un mur en bois suintant d'eau. L'isolation n'était pas une grande facilité dans un marécage. Je croisai mes jambes et m'accoudais nonchalamment sur mes genoux. J'avais l'impression qu'il n'y avait rien à faire par ici. Je fermai les yeux quelques instants.
Tac. Tac. Tac. Quelques personnes défilaient rapidement devant moi en silence. C'est vrai qu'on a pas spécialement envie de se faire repérer à Athgalan, les gens ne sont pas de gentils pêcheurs. Partout autour de moi j'entendais le bois grincer sous le poids de cette ville. Il y avait aussi les bruits discrets du marécage : une onde dans l'eau par ci par là qui prouvaient que nous n'étions pas les seuls ici, le brut poisseux de la vase sur les pilotis. Pas de quoi faire rêver comme fond sonore. Pourtant je n'ouvris pas mes yeux et je repensai à un garçon que j'avais croisé un jour dans une rue. Il chantonnait une mélodie avec lenteur alors qu'un commerçant lui hurlait de déguerpir. Et c'est sur ses quelques notes en boucles que je m'endormis. Je dus dormir une vingtaine de minutes. Mais mon sommeil n'était jamais assez profond pour ne pas que je sente ce qui m'entourait, et à ce moment, je sentais une présence à mes côtés. J'entrouvris un œil sur mes gardes et c'est là que je le vis.
Dernière édition par Alyssa Mayzoll le Dim 3 Sep 2017 - 15:27, édité 1 fois