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descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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3 Mai 1764 - Matin

Le soleil était proche de son éveil, le ciel se teinté doucement de rouge, comme pour honorer la mémoire de cet être nocturne. L'air frais de Mai s'abattait doucement sur cette terre qui était devenue mienne il y a plusieurs mois. J'avais trouvé en ce lieu un abri, une nouvelle raison de vivre en méditant toujours autant sur ma colère passé. Je me retrouvais doucement, au fil des jours, je m'épanouissais de nouveau, retrouvant un sourire chaleureux, et peut-être un jour, mais vieille habitude...

Mon devoir de nourrice n'était pas de tout repos par moment, surveiller ces êtres sans poils, qui pour certain possède encore l'esprit de jeune enfant par moment. Le danger est présent partout, autour de nous, et personne ne peux nous dire, de quoi demain sera fait. J'ai appris à les aimer, à les connaître pour mieux veiller sur eux et leur offrir ce dont ils ont besoin.

Foulant la terre, je me frayais un chemin jusqu'à la demeure de celui qui portait le titre de dominant pour moi, j'avais encore du mal à faire la différence comme les sans poils, ma vision des choses restait inchangé au vu de la hiérarchie qu'adoptait mon peuple.

Pour ne pas perdre de mon ancien apprentissage, bien souvent, je m'entraînais comme mon père me l'avait enseignait. Cela me faisait du bien, reproduire les gestes de nos arts de combat, cela avait à mon sens un effet thérapeutique, lorsqu'ils sont exécutés plus lentement. C'était ma manière d'honorer le défunt, bien qu'en fuyant, j'ai abattu le déshonneur sur mon sang...

Le chemin jusqu'à la grande salle me semblait plus court que d'ordinaire, et avant que je n'arrive, une odeur inconnue hérissa mon poil. Légèrement penché sur l'avant, les oreilles plaquées sur le crâne, j'avançais prudemment jusqu'à la source de cette odeur particulière. Je vis un sans poils dans la pièce, et ce qu'il faisait m'interpellait plus qu'autre chose... Les oreilles en avant, la tête légèrement penchée sur le côté, je me posais des questions, sur ce qu'il faisait...

J'approchais doucement, sans cacher ma présence, les yeux, légèrement plissés, certains mouvements me rappelait, quelque chose, mais d'autre semblait... Mis en compote, réduisant en poussière cet art si magnifique... Une véritable torture... Un grognement sortit de ma gueule, pour montrer mon mécontentement, puis rabattant mes oreilles vers l'arrière, je mis en position défensive devant cet étranger à l'odeur bizarre...

« Qui êtes-vous ? Que faites vous en ce lieu ? »

Cette demeure appartenait à mon nouveau maître et je ne pouvais tolérer que des étrangers viennent jusqu'ici... Et encore moins ce en ce jour particulier...

descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyRe: Pense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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La Vagabonde était arrivée à Nevrast le matin même. Les préparatifs pour les funérailles du Prince Noir décédé avaient déjà été commencés, sans tarder. Ainsi était le deuil chez les vampires, d’autant plus pour un Prince Noir dont la succession devait se faire avec imminence sous peine de chaos absolu. L’althaïen en lui en était bouleversé, eux chez qui les rites, d’autant plus funéraires, avaient hérité de la langueur elfique, et pour lesquels les célébrations de tels adieux duraient près d’une semaine. En sa belle cité d’antan, une bougie était allumée pour le défunt et une longue prière était accordée aux Déesses devant le bûcher, presque toute une nuit durant. Mais ici, en ce lieu, surtout pour le presque incroyant qu’était le défunt, cela aurait été sans doute déplacé. De même qu’en temps ordinaire les hommes althaïens se rasaient et que tout althaïen proche se coupait une mèche de cheveux à jeter dans le bûcher, comme pour accompagner cette âme qui s’envolait dans son long voyage. Mais là encore… ces gestes ne seraient sans doute pas compris. Par son père, très certainement, mais pas par les autres vampires. Ici en ces lieux, en ces instants, ces rites n’avaient pas lieu d’être et risquaient même de mettre en porte-à-faux son père.

Il connaissait peu le défunt, et pour autant il aurait aimé lui rendre hommage. Mais il devait taire ses instincts romantiques et se contenterait de lui rendre hommage et prières plus tard, dans l’intimité de sa cabine sur la Vagabonde. Cabine qu’il fut tenté de ne pas quitter jusqu’au moment fatidique desdites funérailles, qui devaient avoir lieu le soir même. Il n’avait aucune envie de laisser son fils, Aranlith, qu’il peinait tant à quitter, ou même à confier. Même s’il savait qu’il devrait s’y résoudre, tôt ou tard.

D’ailleurs il avait dû faire venir Dihya, grâce à sa chère Olorëa, pour garder l’enfant lors des funérailles. En effet, toutes les personnes au courant de l’existence de l’enfant souhaitaient s’y rendre dans la soirée, Florence aussi s’il avait tout compris. Il avait aussitôt pensé à la jeune althaïenne qui avait été sa pupille depuis si longtemps et était devenu tel un second de confiance, au point qu'il avait songé à faire d’elle le prochain tisseur, si jamais… Toutefois, confiance ou pas, quand elle arriva, il lui fit tout de même prêter serment, que tout ce qui lui serait révélé et tout ce qu’elle verrait, entendrait, ou comprendrait sur ce bateau devraient rester un secret absolu, sous peine de perdre sa magie. Maitre mage qu’elle était, au potentiel sans doute bien supérieur, elle y était vivement attachée. Elle prêta le serment sans poser de question. Confiante qu’elle était en lui. Et il l’avait scellé d’un doux sourire presque paternel… puis lui avait révélé ce qu’il en était et la mission qui lui était confiée. Aussitôt, la commande de lait de chèvre qu’il lui avait demandé d’apporter dans le même temps prit tout son sens, lut-il dans le regard vif et intelligent de la jeune femme. En attendant de trouver mieux, ou même une nourrisse pouvant allaiter, ce palliatif les sortait d’une impasse délicate pour nourrir l’enfant...

Il n’avait donc aucune envie de quitter son fils. Non, aucune. Toutefois… il songea qu’il serait judicieux de profiter de ce petit arrêt à Nevrast pour récupérer quelques effets qu’il avait laissés dans la chambre que son père lui avait attitrée. Il avait pensé ne pas en avoir besoin, mais ils pourraient finalement s’avérer fort utiles… tel ce peigne à chat qu’Olorëa raffolait tant. Il dut se faire violence pour confier l’enfant à Dihya le temps de ce petit temps mort.

C’est ainsi qu’il se rendit dans la demeure d’Aldaron, sous petite escorte que son père lui avait attitrée pour le protéger. Alors qu’il rassemblait ces quelques objets oubliés, il reçut soudain un appel de son anneau. Un agent de Caladon. La frégate venait enfin d’être livrée, avec un petit mot d’accompagnement, à son destinataire, ce jeune pêcheur du nom de Zev Mersur. Pêcheur qui l’avait sauvé d’un probable funeste plongeon, lors de la terrible tempête qu’ils avaient essuyée juste avant d’arriver sur l’archipel. Ilhan avait souhaité le remercier, et n’ayant eu d’autres occasions, il avait songé à ce bateau, qu’il avait alors commandé à Delimar même. Une frégate dans tout l’art lyssien et délimarien, parmi les plus rapides bateaux. Il l’avait ensuite envoyée à Caladon… pour la faire forger dans un alliage particulier, avant d’en faire, enfin, cadeau au pêcheur. Cette commande avait mis plus d’un an à être réalisée, commande non prioritaire sur les chantiers navals de Delimar… mais voilà enfin qui était chose faite. Un doux sourire se dessina, tandis qu’il remerciait son agent et coupait la communication.

Enfin il redescendit, et, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre la garde l’attendant dehors, pour regagner la Vagabonde au plus vite, il aperçut la salle d’entrainement. Magnifique salle d’entrainement, il devait en convenir. Elle était digne des meilleures carrières d’entrainement de Delimar. Curieux, Ilhan se laissa tenter et y entra. Il caressa tout d’abord les divers équipements du bout du doigt, de sa main valide… il n’était guère amoureux des armes, oh non, ni même de cet art martial. Toutefois… il était vrai que depuis son arrivée sur la Vagabonde il n’avait plus pris le temps d'effectuer ses entrainements quotidiens. Lui qui avait travaillé si dur pour se forger une endurance minimale, à défaut de pouvoir devenir un véritable guerrier… Et il y avait toujours ce mode de combat Graärh qu’il tentait de développer à la mode humaine. Ou plutôt sainnurienne, le concernant…

À cette pensée, il laissa alors tomber le sac qu’il tenait, défit cape et baudrier qui l’encombreraient, et commença ce qui avait constitué son entrainement quotidien depuis plusieurs mois maintenant. D’abord ses fameuses danses méditatives qu’il avait eu l’habitude de réaliser sur les plages de Delimar, et ce depuis son temps humain, puis les étirements nécessaires avant tout exercice physique, et enfin les mouvements qu’il avait appris de cette méthode Graärh, mouvements adaptés à sa morphologie, comme le lui avait montré son précepteur de ce peuple à l'époque. Le mode de combat qu’on lui avait montré était un mode de combat Graärh essentiellement défensif, destiné à retourner les forces de l’adversaire contre lui. Même une brindille de paille comme lui était alors censée pouvoir faire face au plus forcené des combattants. Si tant est qu’il parvienne à faire preuve d’agilité et de précision. Car ce mode de combat se basait surtout sur cela : la précision, la vivacité de réaction et l’agilité. Mais sans queue, ni griffes, certains mouvements étaient plus… délicats pour une anatomie humaine. De même que certaines projections de coup de pied : là où un Graärh pouvait se contenter de sauter pour se propulser, lui devait tourner sur lui-même pour prendre un certain élan et gagner assez de force dans son assaut sauté. (*)

Il en était là de son petit exercice, à moitié essoufflé, quand il entendit soudain un grognement. Tout à sa concentration, il n’avait pas entendu le pas feutré s’approcher. Aussitôt il se retourna, les jambes fléchies et les bras en position d’attaque défensive devant lui, pour faire face… à une Graärh. Déjà en position défensive, elle aussi. Oh, oh… voilà qui se gâtait. Que faisait cette Graärh ici ? Et surtout qui était-elle au juste ? Et sa garde qui était au-dehors !

« Qui êtes-vous ? Que faites-vous en ce lieu ? »

Langue Graärh. Qu’il comprit sans peine, lui qui avait étudié ce mode de langage.

Il lui aurait bien retourné la question, mais estima le mécontentement et la méfiance grandissante de la Graärh sur le point de frôler un niveau dangereux. Ces oreilles en arrière, ce poil légèrement hérissé… Il avait vécu quelque temps parmi les Graärh et avait beaucoup appris sur eux. Assez pour facilement décrypter leur langage corporel.

Je m’appelle Ilhan Avente, répondit-il d’une voix grave et profonde, usant également de cette langue Graärh.

Même si ronronnement et grognement ne pouvaient faire partie de son registre, il savait pouvoir se faire un tant soit peu comprendre. Son ton calme et posé ne trahissait par ailleurs en rien la tension latente. Il ne se départit pas de sa position défensive pour autant, en profitant pour repositionner quelque peu son pied arrière, comme pour copier la position de son adversaire. Après tout, tout enseignement était bon à prendre, même dans les moments qui ne semblaient pas s’y prêter.

Il commença également à tourner légèrement. Une technique qu’il avait souvent vue dans les arènes de Delimar, quand deux adversaires se jaugeaient avant d’attaquer…

Je suis…

Devait-il le dire ? Après tout, ici, en cette demeure, un certain nombre le savait déjà. Son secret commençait à ne plus l’être vraiment. Il s’éventait, comme il s’y était attendu. Si lui-même prenait l’initiative de la révélation, peut-être pourrait-il au moins contrôler le flux de cette rumeur… Rumeur, il aimait tant jouer avec les rumeurs. Au point d’en avoir créé un glyphe. Mais non il n’userait pas de ce glyphe sur ce sujet. Pas tant qu’il n’en saurait pas plus et tant qu’il pourrait l’éviter.

Un proche d’Aldaron Elusis, maitre et seigneur de ce lieu. Je suis l’un… de ses fils vampiriques.

Ces derniers mots ne furent que susurrement au vent. Mais les Graärh avaient l’ouïe fine.

Je venais récupérer quelques affaires et me suis dit qu’une petite séance d’entrainement ne serait pas un mal. Puis-je maintenant vous retourner vos questions ?

Non il ne révéla pas être sainnûr au final. Ses sens Graärh lui feraient comprendre qu'il était maintenant d'essence différente que les autres membres vampires du clan Elusis...

[(*) Avec un ancien joueur de Graärh, maintenant parti, nous étions parti pour ce mode de combat sur un style Kung-fu Shaolin ou approchant, plutôt orienté wing chun]

descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyRe: Pense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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Le bipède, c'était à son tour mit en position de défense. Je le regardais sans baisser le regard, une légère grimace sur le visage, alors que je percevais quelques erreurs... Ce qu'il fit me surprit, car il corrigea de lui-même sa posture en imitant la mienne. Yeux dans les yeux, la tension étaient palpables... J'attendais qu'il réponde, tout en gardant la distance qu'il y avait entre nous, je ne devais pas me comporter comme un animal, sautant sur tout ce qui ne porte pas l'odeur du clan...

Le sans poil, commença par se présenter, parlant fortement, et de manière sur de lui. Une attitude qui montre son courage, mais aussi son innocence si on peut dire... Je devais tout de même me méfier, car tout pouvait arriver, les jours spéciaux comme celui-ci sont souvent en proie de trahison, et mon rôle était de protéger ce sang si particulier...

La voix de l'homme résonna de nouveau, il se présenta comme étant l'un des nombreux enfants de mon Seigneur. Mes pupilles devinrent plus fines, mon coeur se met à battre rapidement, alors que ma posture devient complètement molle... Malgré ses dires, il ne semblait avoir aucun trait vampirique, mais il ne ressemblait pas non plus, véritablement à un humain... Un mélange spécial ? Je ne me pose pas tellement de questions, posant un genou à terre, la tête et les oreilles baissées. J'avais un peu honte d'avoir menacé l'un de mes protégés, je n'avais pas été assez attentive, j'aurais du mieux me renseigner sur chaque enfant, car même si mon devoir portait essentiellement, sur les deux derniers, j'étais tout de même au service de chacun d'entre eux...

« Je me nomme Nessraya, je suis la gardienne de la progéniture de mon maître. »

Restant agenouillée devant mon nouveau prince, je n'osais plus me relever, ayant était déplacé à son égard... Qu'allait-il arriver par la suite ? Je n'avais pas prévu une telle chose... Du sang, oui, mais pas finir à plat ventre pour m'excuser d'avoir osé défier l'un de mes protégés...

« Veuillez me pardonner, je...ne savais pas qui vous étiez...»

Il était en soit mon supérieur, et contrairement aux autres petits, je préférais attendre qu'il me demande de me relever... Il semblait assez inoffensif, par son physique et sa technique qui demandait encore un peu de travail... Mais maintenant que j'étais à sa merci, les choses avaient complètement changé pour ma part... L'une de mes pattes glissa sur un os que j'avais accroché à mon équipement, mes pupilles se fermèrent doucement, alors que je serrais avec force cet objet qui peut semblait assez insignifiant pour les autres, voir peut-être même plutôt tordu, si l'on connaît les origines de cet os... Mais j'y mettais une certaine force, tout en faisant attention de ne pas le briser. Si cela devait être ma fin, alors je voulais le serrer une dernière fois avant de perdre mon dernier souffle...

descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyRe: Pense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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Ilhan restait aux aguets, prêt à réagir. Piètre combattant peut-être, mais il avait l’agilité, la magie et les Esprits-Liés pour lui. Il avait rapidement compris, lors de ses entrainements, que, tel Daëvyyd et Gauliäth, il devait user de ruse et d’artifice pour affronter les géants de guerre qui foulaient ce monde. Cette technique Graärh était l’un de ses artifices, user des forces de l’autre pour les détourner à son avantage… une fois qu’il la maitriserait.

Prêt à réagir donc. Il ne s’était toutefois pas préparé à ce que ses paroles aient un tel effet sur son vis-à-vis. Et quand la Graärh mit soudain un genou à terre, Ilhan mit un petit temps à réagir. S’il parvint à garder ses traits lisses de toute expression, fidèle masque de marbre de politicien, sa surprise dut se trahir par la fixité soudaine de son corps, alors qu’il gardait encore sa position de combat devant la Graärh à genou. Cela ne dura que quelques secondes à peine, mais ce fut quelques secondes de trop qui montraient que la féline avait réussi à le désarçonner quelque peu.

Fugace désarçonnement qui ne dura guère cependant, fort heureusement. Bien vite il reprit ses esprits, et surprise laissa place à contrition. Voir un Graärh, un membre de cette race si fière et qui pourrait être si forte, si dangereuse, s’ils avaient su faire montre de plus de coalition, se plier devant lui de la sorte le mettait presque mal à l’aise. Là encore, il jugula sa gêne bien rapidement, la balayant de son esprit vers des rivages plus éloignés, et reprit contenance en moins de temps qu’il n'en faut pour dire dragon. Aussitôt, il baissa sa garde et abandonna sa posture de défense. Le port droit, digne, tel un prince qu'il n'était pas vraiment, il s’avança aussitôt vers la Graärh. Nessarya, disait-elle. Gardienne des enfants Elusis donc. Voilà qui était intéressant.

Il s’apprêtait à répondre, quand elle ajouta des excuses. Il s’arrêta un court instant puis reprit un pas. Un autre. Le son de ses bottes faisant écho au tic tac de son esprit, alors qu’un lourd silence les enveloppait de sa chape de plomb. Quand enfin il arriva devant la Graärh, et qu’il fut assuré qu’elle ne lui mentait pas et qu’aucun piège ne l’attendait, il s’agenouilla doucement devant elle. Il chercha alors son regard pour s’ancrer dedans.

Nul besoin de s’excuser pour accomplir votre devoir… Nessraya, fit-il en un murmure.

Se disant, il attrapa, avec force précautions, une des pattes griffues de la féline, puis l’invita d’un geste à se relever, en même temps que lui.

Et surtout nul besoin de s’agenouiller devant moi. Je suis heureux de vous savoir la gardienne des enfants d’Aldaron.

Il hésita un court instant, puis se décida à s’inclure dedans. Après tout, ne venait-elle pas de le faire elle-même en cet instant en s’inclinant devant lui ?

De vous savoir aussi ma gardienne, ajouta-t-il alors avec un fin sourire. Mais je préfère vous voir debout, en position de combat, plutôt qu’à genou.

Il se pencha légèrement vers elle, étonné d’ailleurs de la dépasser légèrement –  d’ordinaire les Graärh étaient bien plus grands que lui – et murmura sur un ton de fausse confidence :

Avouez que pour défendre la progéniture d’Aldaron, il est plus pratique de le faire debout.

Il lui offrit un petit clin d’oeil pour lui faire comprendre qu’il plaisantait, conscient que les gestes étaient tout aussi importants que les mots dans la langue Graärh. Il ne pouvait ronronner, battre de la queue ou jouer des oreilles pour appuyer ses mots, mais il avait bien d’autres signaux.

D’ailleurs… parlant combat… Comme vous avez dû le voir, je tente, laborieusement, d’apprendre une technique de combat rapprochée, venant des Graärh. Ils m’ont parlé d’une technique qui me conviendrait, moi qui suis adepte de la méditation et de la danse méditative. Le Graärholïn, un mode de combat plutôt défensif, où la maitrise de l'esprit est aussi importante que celle du corps, destiné à utiliser les forces de son adversaire pour les retourner contre lui et à utiliser des points précis de pression pour le maitriser au besoin. Peut-être connaissez-vous cette technique de combat ?

Nombre de Graärh semblaient la connaître. En tout cas quasi tous ceux qu’il avait rencontrés et avec qui il en avait parlé. Et des Graärh, il en avait rencontré beaucoup. Au point de devenir assez à l’aise avec leur langue.

J'essaye de m’y entrainer. Mais seul, sans un maitre pour veiller à un enseignement digne de ce nom dans cet art, cela m’est difficile de réellement progresser. D’autant plus qu’il me faut adapter nombre de mouvements à…

D’un geste de la main, il désigna sa fine silhouette de sainnûr, tout en se reculant d’un pas.

ma morphologie.

Certes, il aurait pu apprendre une technique humaine, ou du moins ambarhùnienne ou almaréenne, plus adaptée à sa morphologie d’ancien humain. Mais aucune ne lui avait vraiment convenu. La lutte n’était pas faite pour lui, le rapport de force jouait toujours à son encontre. Du moins dans un combat à la loyale. La technique Graärh, si elle avait ces désavantages dont il venait de parler, lui permettait au moins de pouvoir, à terme, mettre réellement à profit ce qui était ses seuls points forts physiques : son agilité et une fine perception, alliées à un esprit de fer pour faire montre de maitrise.

Il mit alors une main sur le coeur quand il ajouta, le plus sérieusement du monde :

Je serai honoré si vous acceptiez de m’apprendre quelques petites choses à ce sujet.

Ou comment tenter d’établir un lien avec ce nouveau membre du clan Elusis, même si pas de sang, et mieux en apprendre sur la Graärh qu’Aldaron avait choisie pour ses enfants.

descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyRe: Pense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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L’homme que je devais protéger resta quelques secondes à sa place. Puis doucement, j’entendis des bruits de pas. J’avais fauté, et j’en avais conscience, il était donc légitime que je sois puni pour mes actes. Heureusement pour moi, cela n’avait pas été plus loin et c’était une bonne chose. Jamais je ne me serais remise d’avoir pu faire du mal à l’un des héritiers. Il réduit la distance, mais l’atmosphère est légère et douce. Il s’accroupit à son tour, ma tête se relève légèrement, alors que nos deux regards se croisent finalement. Les oreilles toujours plaquées contre mon crâne, il me prend la patte, et je peux sentir une faible chaleur agréable à travers cet échange. Il m’invite à me relever, après avoir dit qu’il était heureux de faire ma connaissance. C’était dans des circonstance bien ironique, mais au moins, les présentations étaient enfin faites.

Je me redresse, me mettant debout de toute ma hauteur, qui est assez pittoresque par rapport à la sienne, mais je ne m’attardais pas à ce détail. Depuis longtemps, je savais que la taille ne faisait pas le Shikaaree, j’avais prouvé ma valeur par d’autres moyens, même avec mon ossature qui est plus fragile que la moyenne pour mon espèce. Malgré tout ceci, j’avais grandi et j’avais évolué en apprenant de nouveau certaines bases pour les adapter à mon "handicap" si l’on peut dire.

Le bipède me remet rapidement en confiance, par ses gestes et ses paroles. Je pouvais sentir que c’était sincère et cela me faisait du bien. Je ne pouvais pas rêver meilleur devoir que de servir cette famille, et commençait même à me demander ce que pouvais reprocher notre peuple à celui de la nuit… Comme partout, il y a des hauts et des bas, des idéaux incompris, mais j’avais fini par trouver ma place au sein de l’obscurité.
Ma queue bougea légèrement, mes oreilles étaient revenues à leur position d’origine et mon regard qui exprimé une honte était plus joyeux. Le pardon m’a été accordé et je ne pouvais rien demander de plus.

« Je vous remercie jeune prince. Je suis heureuse de vous compter parmi mes protégés, vous pourrez toujours faire appel à moi, je suis à votre disposition. »

J’inclinais la tête en posant ma patte sur le cœur pour le remercier du plus profond de mon cœur. Même si nous venions de culture différente, je voulais enseigner la mienne et apprendre la leur en échange. Nous devions nous entraider pour mieux survivre et comprendre les autres. C’est une chose logique, mais qui n’est pas toujours compris par l’extérieur, car pour certain, notre manière de faire et la mieux et celle des autres peux être un outrage.

Un léger ronronnement sortit suite à sa petite farce, et il m’expliqua son petit problème d’entraînement. J’avais tout de suite compris qu’il avait du mal, rien qu’en le voyant et c’était assez…Horrible par moments, je ne pouvais pas me mentir… Mais on ne peut pas devenir excellent en une journée, cela demande du temps et de la concentration, comme beaucoup de choses. Mon cœur se mit à battre rapidement, lorsqu’il me demanda un peu d’aide. Je me sentais vraiment heureuse de voir que ma culture était une chose qu’il cherchait à comprendre. Je compris à cet instant, que nous avions beaucoup en commun et que probablement, de grande chose pouvez arriver.

« Je serais heureuse de vous enseigner jeune maître. Surtout, que niveau taille, je suis peut-être la Graärh la plus apte à vous montrer ce que vous pouvez faire. La force est une chose élémentaire, mais bien souvent, l’on oublie que la nature peut contrer beaucoup de chose, chaque geste possède son contraire, pour équilibrer l’être. »

On avait un peu de temps avant que les choses ne commencent, et je tenais à lui faire profiter de ce temps en une chose qu’il désirait faire. Peut-être que cela apportera un peu de douceur à ce deuil… L’invitant à me suivre au milieu de la salle. Je le saluais, car dans chaque combat, il était important de saluer son adversaire. Parfois, il fallait le percevoir un peu comme une danse.

« Le souffle est la clé de tout, vous devez maîtriser les battements de votre cœur, contrôler votre respiration. Lorsque vous porterez votre coup, votre souffle doit se couper, et ainsi, vous obtiendrez la force nécessaire pour retourner celle de votre adversaire contre lui-même. Cela demande du temps et de la pratique, mais vous m’avez dit que vous aimiez la méditation, de ce fait, cela sera plus facile. »

Un sourire sur les babines, je me mets en position devant lui, pour commencer le premier enchaînement.

« Une fois chaque mouvement maîtrisé, vous pouvez les personnaliser en allant à votre rythme. Malgré que ce soit un combat avec beaucoup d’enchaînement connu, c’est cette personnification qui en fait son charme, certain irons plus doucement, d’autre auront à certains moments bien précis, une montée en puissance. Avant toute chose, vous devez maîtriser les positions, avoir le bon angle, le but n’est pas de vous fatiguer, car le combat peut durer dans le temps, tout est précieusement calculé pour que l’énergie dépensé soit minime. Vos paumes doivent être ouvertes et les doigts resserrés, n’offraient aucune possibilité à votre adversaire pour qu’il vous achève plus rapidement. Les bras doivent être légèrement fléchis en pensant bien à maintenir votre garde au niveau du bassin, prêt à bloquer toute attaque venant par le haut ou par le bas. Pour avancer, le pied arrière doit faire le premier mouvement, vers l’avant, et seulement après l’autre suit. C’est ainsi qu’il faut se déplacer, vous devez avoir la sensation de vous enraciner dans le sol, ne faire plus qu’un avec ce dernier. Tout ce qui vous entour peut être votre allié, mais aussi votre ennemi. Le regard toujours droit, il ne doit rien exprimer… Vous devez tout oublier durant ce moment, ne plus entendre le bruit, il n’y a plus que vous et l’autre…»

descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyRe: Pense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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S’il fut heureux qu’elle acceptât de l’aider à apprendre ce mode de combat Graärh, un simple sourire en fut le témoignage. Oui, il le concédait, la force était une chose élémentaire. Et même la force la plus exceptionnelle pouvait être contrée. Le tout était de trouver son pendant et de l’appliquer.

Il la suivit donc quand elle l’invita à se remettre au milieu de la salle, au sol tapissé pour sans doute amortir certains chocs. Il la salua à son tour, imitant ses gestes à la perfection, même si de façon bien sainnurienne, lui qui n’était pas Graärh et n’en avait pas la morphologie. Il dut se contenir pour lui offrir le salut althaïen, qui lui était si instinctif, comme ancré en lui.

La clé, le souffle. Une clé qui lui serait d’une grande aide, lui qui avait appris depuis si longtemps à maitriser son souffle, justement. Maitriser les battements son coeur en maitrisant sa respiration… Oui, cela faisait sens. Il avait déjà maintes fois expérimenté cela, même si dans des circonstances tout autres, comme lorsqu’il avait dû faire face à celui qu’il trahissait tout en lui parlant droit dans les yeux… Il écouta donc les conseils avec avidité, hochant parfois la tête pour montrer qu’il comprenait et prenait note en son esprit.  

Maitriser les positions… Oui, cela aussi faisait sens. Quand il pratiquait sa danse méditative, il en était de même. Et avec le temps, effectivement, il l’avait ensuite personnalisée, l’avait adaptée à son rythme, sa propre morphologie, ses faiblesses et ses atouts… Il imita avec attention tous les gestes qu’elle lui montrait, même si bien rapidement il dut en adapter certains à sa morphologie de non Graärh. Le regard droit… ne rien exprimer… aussitôt son regard sombre devint aussi lisse que de l’onyx, aussi insondable que la plus sombre des nuits. Ne plus entendre le bruit… Il n’y a plus que l’autre et lui… L’autre et lui…

Et bientôt la danse commença, entre cet autre et lui. Une danse qu’il se surprit à apprécier bien plus encore, tant elle recelait de racines communes avec la danse méditative qu’il pratiquait depuis près de deux décennies… L’enracinement au sol, maitriser ses appuis pour mieux maitriser ses mouvements, chaque pas devenant une ancre pour le suivant, tout en souplesse pourtant, porté par un bassin stable, bien posé, pour une stabilité à toute épreuve et une coordination tout en agilité… Oui, ils dansaient soudain. Et s’il ne maitrisait pas encore parfaitement tous les mouvements qu’elle lui montra, et encore moins tous les enchainements, il commençait tout de même à se sentir nettement plus à l’aise. Ses mouvements acquerraient plus de fluidité, dans la confiance de l’enracinement, et dans l’allégresse de la danse. Il lui sut gré quand il la sentit retenir ses coups pour ne pas le blesser et quand elle prit la peine d’amortir chacune de ses chutes.

Mais bien vite, le souffle se perdit. Il avait beau maitriser sa respiration, ses battements de coeur, il manquait d’endurance. Depuis combien de temps avaient-ils ainsi dansé dans ce ballet effréné ? Il n’aurait su dire, tant il avait perdu le cours du sablier, porté qu'il était dans l’euphorie. Il dut toutefois se rendre à l’évidence, ses mouvements perdaient en précision et son souffle menaçait de devenir erratique. Ses muscles tremblaient quelque peu, et bien vite ses jambes ne le porteraient plus s’il s’entêtait à continuer. Il dut alors rompre leur chorégraphie et rendre les armes.

Je crois, fit-il en un souffle, son Graärh se faisant aussi plus hésitant, que le temps de cet… entrainement… arrive… à son terme.

Ses mots hachurés étaient plus criants encore de sa fatigue que leur propre teneur. Se disant d’ailleurs, il rejoignit le premier mur et s’y adossa, pour bien vite s’y laisser glisser et se laisser choir au sol, en position assise, en tailleur. Peinant à reprendre son souffle et tentant de faire appel à ses mantras intérieurs et de méditation pour calmer cette respiration cacophonique.

Quand il fut enfin apte à parler sans rendre l’âme davantage, il releva ses orbes sombres, bien moins sombres toutefois que lors de leur petit échange, sur la Graärh.

Je vous remercie grandement Nessraya. Je n’oublierai jamais cet enseignement qui, j’en suis sûr, me sera précieux. Même s’il me demandera ensuite un certain entrainement pour le maitriser et en être digne…

Il tenta de se relever, même si ses jambes étaient encore flageolantes, et reprit la parole, alors que sa gorge sèche se récriait contre la soif.

Je ne sais comment vous remercier. Que pourrais-je vous offrir en échange ?

Il eut soudain une idée. Que pourrait-il lui donner qui soit un équivalent de ce qu’elle lui avait offert ? Un certain savoir. Et quel savoir semblait-elle manquer et qui pourrait grandement lui être utile ? Parler et comprendre la langue commune des bipèdes non Graärh…

Peut-être… J’ai cru deviner que vous ne parliez pas, ni ne compreniez, la langue de mes paires. Voudriez-vous que je vous en enseigne quelques éléments ?

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Le jeune prince se débrouillait très bien, adaptant les mouvements à sa morphologie. J'avais oublié que par le biais de nos corps de félin, nous avions une souplesse plus importante, que celle des sans poils. Ce n'était pas parfait, mais plus les minutes défilaient, plus un rythme s'installa. Ce qu'il y avait de beau dans cet art, c'est qu'il était agréable à l'oeil nu lorsque tout est exécuté parfaitement.

Nous étions rentrés dans une sorte de transes, allant plus vite, puis doucement, je faisais attention d'arrêter mes coups pour ne pas blesser mon protégé, il serait regrettable qu'il finissent blessés par ma faute en ce jour de deuil. Lorsque je parvenais à le mettre à terre, je faisais de même amortissant sa chute, puis l'aidant à se relever. C'est en combattant que l'on peux devenir un véritable guerrier.

Malgré que mon visage n'exprimait aucune émotion, j'étais plus que fière de mon élève, nous étions littéralement tombées dans une danse unique. L'on avait réussi à se coordonner, tout en restant imprévisible, c'était une véritable petite merveille dont je n'étais pas prête d'oublier.

Doucement, une certaine fatigue se fit sentir, jusqu'à ce que le corps de mon apprenti tombe de fatigue. Sa respiration avait commencé à se détériorer depuis quelques minutes et le voilà à bout de souffle. Pour ma part, j'allais aussi finir par m'arrêter, pour reprendre ma respiration.

Le voyait s'adosser à un mur, pour ensuite finir par s'asseoir, prenant le temps de réguler sa respiration, avant de reprendre la parole. Un sourire s'afficha sur mes babines devant ses propos, j'étais plus que comblé d'avoir pu apprendre un peu de ma culture à l'un de mes princes.

« Ne me remerciais pas mon jeune prince, c'était un honneur de m'entraîner avec vous. Je serais heureuse de continuer lors de vos prochaines visites. »

Dans un sens, c'était mon devoir, mais c'était aussi un privilège et un plaisir que d'offrir de ma personne pour accroître leur connaissance. Je ne vivais que pour eux et leur sécurité, je devais donc les aider à se défendre lorsqu'ils sont loin de moi...

Puis ce qu'il dit par la suite me toucha de plein coeur. Il désirait m'offrir quelque chose en retour, et je n'eu pas le temps de dire que ce n'était pas la peine, qu'il me proposa d'apprendre quelques mots dans leur langage. Actuellement, ce qui m'aidait à communiquer était le bracelet, mais j'étais grandement limité parfois.

M'approchant du prince pour m'asseoir en face de lui, les oreilles droites, laissant apparaître un ronronnement amical. Je le fixais d'une lueur de curiosité.

« Un simple sourire m'aurait suffi, mais je ne peux refuser votre proposition. J'ai très envie d'apprendre votre langue. »

descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyRe: Pense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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Quand elle lui proposa de continuer lors de ses prochaines visites, Ilhan se contenta d’acquiescer en silence, en un sourire. Oui, cela lui plairait aussi. Il n’était certes pas un combattant, du moins pas de ces combattants-là. Lui, ses combats, il les menait dans l’ombre et les intrigues. Il sentait au fond de son âme qu’il ne deviendrait en tout cas jamais un réel guerrier prompt à se jeter dans la bataille. Mais apprendre à se défendre, a minima, ne serait pas du superflu. Il était plus que temps qu’il ne dépende plus des autres pour sa sécurité.

Ilhan la regarda alors s’asseoir en face de lui, et aurait presque pu se laisser bercer par le léger ronronnement qu’elle laissa échapper. Il acquiesça de nouveau, son sourire s’agrandissant encore.

Vous pouvez avoir les deux, répondit-il alors, d’un ton taquin. Le sourire et l’apprentissage de notre langue.

Il pouvait très bien commencer à lui apprendre la langue commune sans support. Après tout, c’était bien ainsi que l’on apprenait aux jeunes enfants. Mais il se souvint du petit carnet Graärh qu’une ancienne connaissance lui avait offert et qui lui avait permis de faire un bond en avant dans l’apprentissage de cette langue. Ce carnet contenait des recettes notamment, lecture certes fort peu intéressante pour quelqu’un comme lui qui ne cuisinait pas, mais les recettes avaient eu l’intérêt de comporter la traduction en langue commune, sans compter toutes les autres annotations du carnet et les quelques autres récits. Il avait pu ainsi comparer les mots, les tournures de phrase aussi. Cette langue à l’écriture cunéiforme était plus complexe qu’on ne voulait bien le croire, d’autant plus qu’elle s’accompagnait en fait de tout un lexique non verbal que les bipèdes comme eux ne pouvaient imiter.

Un petit instant, je vous prie, fit-il alors.

D’un geste élégant, il leva la main, et en appela à la télékinésie pour faire venir le petit carnet vers lui. Il aurait certes pu se lever et aller le chercher. Il aurait certainement dû procéder ainsi, et devait même prier pour que Vaea ou autre inquisiteur ne traine pas dans le coin pour le foudroyer de ses reproches. Ou pire. Mais dans son état de fatigue, ses muscles criaient bien trop à l’agonie pour qu’il leur inflige le supplice de monter et descendre des escaliers. La magie était, en cet instant, bien utile et une aide précieuse, à sa faible endurance.

Le carnet arriva bien vite et il le réceptionna d’un geste, un geste légèrement raide, tant il sentait la fatigue le crisper. Il l’ouvrit alors, et le tourna vers Nessraya.

Ce carnet m’a été offert par l’un des vôtres, il y a quelque temps. Il était issu de la Légion de Néthéril et nous avions fait connaissance alors qu’il venait d’arriver en Calastin, et qu’il cherchait à entrer dans notre cité pour nous avertir d’un danger imminent…

Le danger au sujet des Couronnes de Cendres qui étaient revenues…

Il laissa un court instant flotter, son regard se voilant quelque peu alors que sa mémoire se jouait en lui. Il se souvenait encore de cet instant, où on l’avait mandé, parce qu’un Graärh détenant de nombreux équipements magiques souhaitait entrer en Delimar sans un seul sou pour payer la taxe. Quand Ilhan avait appris l’importance du message dont il était porteur, il avait alors payé sa taxe et l’avait fait entrer. Il l’avait même accueilli ensuite chez lui… et une étrange amitié était née, source de nombreux échanges. Ils avaient beaucoup appris tous deux sur leur peuple respectif.

Revenant soudain au temps présent, les orbes sombres d’Ilhan se posèrent de nouveau sur Nessraya, et il lui offrit un rapide sourire teinté d’excuse pour ce petit égarement.

J’ai appris les rudiments de votre langage avec lui, mais ce carnet m’a permis de me perfectionner ensuite. Même si je ne maîtriserai jamais tout le panel de votre langage corporel qui y est associé, j’en maitrise maintenant assez bien le parler.

Il l’invita à tourner les pages.

Comme vous le voyez, ce carnet contient des textes en langage Graärh et en langage commun. Je ne sais si vous maitrisez l’écrit cunéiforme de votre langage, mais si oui, ce carnet vous sera aussi précieux qu’il l’a été pour moi.

Mais il était temps de passer aux choses sérieuses.

Mais nul besoin de lui, pour commencer, fit-il, tout en l’invitant cette fois à fermer le carnet et à le regarder. Ce que je vous propose c’est de désactiver votre glyphe de traduction à mon signal. Je vous dirais ensuite un mot en Graärh puis son équivalent en langage commune. Nous commencerons d’abord avec des mots qui vous seront utiles, puis selon votre vitesse d’apprentissage, nous pourrons tenter quelques phrases sans doute. Êtes-vous prête ?

Quand il reçut l’assentiment de Nessraya, il lui indiqua alors de désactiver le glyphe de traduction, et la leçon commença. D’abord des mots de salutation. Il lui apprit aussi le mot "maitre", qu’elle semblait tant priser pour appeler les Elusis, ainsi que "Prince Noir", "princesse", "prince", "clan"… ces mots précieux qui auraient une signification forte pour elle.

Combien de temps dura la leçon ? Il n’aurait su dire… mais déjà son ventre grognait famine...

descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyRe: Pense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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Le jeune maître était rempli de surprise, il m’avait proposé d’apprendre à parler leur langue et je n’avais pas pu refuser, de plus, que cela provenait d’un des fils de mon grand Seigneur. L’homme leva légèrement sa main, je me demandais ce qu’il faisait, puis compris en voyant un livre apparaître, ou plutôt voleter jusqu’à lui. La fatigue était si grande qu’il ne parvenait même plus à marcher pour aller chercher un livre. Je m’en voulais légèrement, je n’aurais pas dû laisser l’entraînement durant au niveau du temps, c’était une erreur, de ma part…

Il commença à m’expliquer d’où provenait l’ouvrage, sa petite histoire qu’i m’interpella. Il me parlait de Graärh provenant du sud, il y avait une certaine rivalité entre le nord et le sud, et cela ne datait pas d’hier, c’était plus vieux et ancien qu’on pouvait l’imaginer… Les pâtes molles…

Mais cela ne devait pas affecter ce petit moment que je partageais avec mon jeune prince. Il voulait me l’offrir, pour que je puisse apprendre leur langue. J’étais plus qu’émue de cette gentillesse envers moi, je ne pouvais qu’apprécier ce geste, car je voulais vraiment apprendre et pourquoi communiquer avec tout le monde sans ce bijou.

Il me proposa de faire une sorte d’exercice, d’apprendre certains mots sans le livre, jute en écoutant sa voix et retenir les mots qu’il allait prononcer. Hochant la tête pour lui montrer que j’étais prête et lorsqu’il me le demanda, je m’exécutai. Désactivant mon bracelet, les mots de sa langue qu’il prononça devenaient du charabia dans mon esprit.

Je devais me concentrer, et écouter chaque mot, puis, les répéter du mieux que je pouvais. J’étais heureuse, car je prenais tout ce qu’il me disait vraiment à cœur. Retenant du mieux que je pouvais chaque chose, car il avait su me déchiffrer en commençant par ceux qui me tenait vraiment à cœur. Cela prendra du temps, mais je ferais tout mon possible pour parler à ce nouveau peuple qui est le mien sans mon bracelet. Le temps défila, sans passer devant mon visage, j’étais si absorbé que je finis par me réveiller lorsque l’estomac de mon prince cria famine. Les oreilles droites après avoir secoué légèrement la tête devant se bruit sortit du fond de l’estomac de mon petit-maître. Mon corps se releva rapidement, je ne devais pas faillir à mon devoir et sans attendre un mot de sa part, par instinct de mère, je me suis précipité pour aller récupérer de quoi nourrir l’héritier.

J’étais revenu quelques minutes après mon départ précipité en lui tendant quelques fruits que j’avais récupéré pour apaiser sa faim.

« Manger jeune maître, vos muscles ont besoin de reprendre des forces. »

descriptionPense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente] EmptyRe: Pense Graärh pour te battre comme nous [PV - Ilhan Avente]

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Faim. Oui il avait faim. Pas de cette faim dévorante qui envahissait les vampires jusqu’au plus profond de leur esprit et de leur être. Mais faim tout de même. Un faim qui commençait à le torturer au point de l’empêcher de se concentrer plus avant. Tant et si bien qu’il manqua sursauter quand la Graärh se releva d’un bond… et partit.

Partir ainsi ? Sans autre cérémonie ? Il fronça un instant les sourcils, décontenancé. Puis, n’y tenant plus, il fit appel à Tela pour tenter de comprendre ce comportement étrange, cette soudaine désertification lors de leur échange. Sens du devoir, volonté de protection et détermination à prendre soin des siens le frappèrent alors de plein fouet. Tout en le rassasiant un peu aussi. Cet héritage de ses transformations lui permettait au moins de pouvoir assouvir son appétit insatiable en toute occasion, même quand aucun aliment n’était à portée de main. Aucun aliment interdit du moins. Car magie l’enivrait toujours de ses terribles attraits et il bénissait alors le jour où le destin lui avait offert Tela, lui permettant d’étancher sa soif sans céder à la vile tentation de goûter, savourer, une énième fois, cette douce substance nommée magie.

Et il attendit. Car il savait que Nessraya reviendrait. Elle était partie lui chercher quelque chose, afin de subvenir à son besoin, en bonne protectrice qu’elle était. Il se redressa toutefois, laissant un temps à ses jambes de se remettre de quelques fourmillements. Il n’eut guère longtemps à attendre, que la Graärh revint avec une poignée de fruits, à l’odeur alléchante et au toucher aussi doux que tentateur.

Merci, Nessraya, fit-il avec une petite inclinaison du buste pour marquer sa satisfaction. Votre dévouement n’a d’égal que votre honneur à nous protéger.

Il s’empara alors des fruits, ses yeux pétillants toujours de chaleur et d’une certaine gratitude. Oui, nul doute qu’avec une telle chasseresse aux côtés des enfants Elusis, leurs ennemis n’auraient qu’à bien se tenir. Son sourire se teinta alors d’un rictus appréciateur et presque prédateur. Leurs ennemis… Nombreux, certes, mais qui feraient de plus en plus pâle figure face aux nombres d’alliés qui se rassemblaient toujours en plus grand nombre autour du clan. Un clan qui ne cessait de s’agrandir. Et qui, tout comme sa Toile, étendait ses fils dans tout l’archipel, parfois sans même que le monde ne s’en rende compte. Il n’y avait qu’à considérer le secret qui avait perduré un temps concernant sa propre filiation…

Mais l’heure n’était pas à ses songeries, et il se força à revenir au temps présent. Il croqua dans un fruit, se forçant à manger avec calme et dignité et à taire son avidité, tout en tendant un autre à sa complice du jour.

Vous aussi, vos muscles ont besoin de forces, fit-il avec un sourire de connivence, après avoir avalé sa bouchée.

Une autre, encore une autre, et bientôt le fruit fut fini. Il se pencha alors sur ses affaires. L’heure de partir et de retrouver son fils avait sonné, semblerait-il. Il remit sa cape, son baudrier, puis son sac dont il ajusta la sangle et à qui il offrit une étrange caresse. Caresse qui était bien entendu destinée au petit félin caché dans le sac, qui n’aimait guère le quitter, mais qui, si peureuse, préférait rester calfeutrée dans la sombre sécurité de la sacoche…

Je vous remercie pour ce moment partagé. Je n’oublierai pas votre apprentissage et tenterai d’y faire honneur en m’y entrainant assidument. Peut-être un jour… parviendrais-je à combattre dignement tel un Graärh.

Autant que faire se pourrait, toutefois, considérant ses maigres prédispositions au combat.

Il s’inclina de nouveau devant Nessraya, lui offrant de nouveau le salut d’Althaïa.

Que le soleil guide vos pas, Nessraya. Et qu’il nous accorde de nous retrouver bientôt.

Puis, se disant, il tourna les talons. Direction le port où l'attendait son enfant. Son fils.

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