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descriptionLe Sacre EmptyLe Sacre

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20 Mai 1764, Nuit

La nuit avait toujours entretenu une relation de “Je t’aime, moi non plus” avec le futur Empereur de Selenia. A la fois douce et tranquille, permettant de s’allonger gentiment et de trouver un repos nécessaire à la vie du vieil humain ...

Mais aussi terriblement stressante, culpabilisante, pour Claudius, qui n’avait eu de cesse de s’agiter dernièrement. C’était d’abord les réunions improvisées dans son bureau, au Palais de ce qui fut autrefois la Majestueuse, pour organiser “l’opération triomphe”, afin de destituer la couronne Kohan. C’était aussi les petits regards avant de dormir, les réveils toutes les heures, de peur qu’un assassin Elusis ne vienne lui prendre sa vie ou sa famille.

Mais aussi et surtout un effroyable sentiment de culpabilité, car là où lui et toutes les armées humaines devaient prendre du repos, au contraire, c’était les plans des vampires qui prenaient vie. Les époux Elusis et leurs cortèges mortels. Les Dragons, Les Pirates, Le Marché Noir, et tout ce qui pouvait mordre jusqu’au dernier petit bout de chair de cet Empire en état de décomposition, auquel le Havremont était plus que tout accroché là où même les têtes couronnées avaient perdus espoir, et avaient rejoindre l’autre côté.

Comment pouvait-il en vouloir à Nolan, ou Victoria ? Après tout, la richesse, la sécurité, la grande famille … C’était triste à dire, mais en se faisant vampiriser, ces deux-là ont eu sûrement un destin plus enviable à ceux de nombreux Séléniens.

Claudius soupira. Ce soir-là, il était seul sur le balcon de son Palais, dominant ce qui serait une grande place une fois les travaux de l’Imbrûlée terminée. Il avait quitté son lit discrètement sans réveiller sa femme, pour méditer.

Demain serait une grande journée, il le savait.

Envers et contre tout, et aussi invraisemblable que cela était, ils avaient effectivement triomphé. Mais au fond de lui, Le Havremont savait que ce n’était pas terminé. Ce temps de paix était aussi fragile que du bois devant un grand brasier. Là-bas, loin sur Nyn-Tiamat, l’opposition reprenait des forces, il le savait. Il ne connaissait que trop bien Aldaron pour savoir qu’il n’allait pas en rester là.

Mais si une nouvelle guerre totale devait advenir entre les peuples ? Tous couraient à un conflit qui allait probablement dévasté cet archipel, qui se rebellait déjà suffisamment contre les peuples qui s’y étaient installés.

Le Havremont savait qu’il allait devoir empêcher cela à tout prix, quitte à risquer sa vie, encore.

Claudius soupira et se releva de son fauteuil, marchant vers l’intérieur du palais. Il ne devait pas penser à cela, lui qui aurait droit à tous les honneurs demain ne pouvait se montrer faible. Les mots de son père lui revint : “Les Chefs, Les Empereurs, ne doivent pas être hésitants. Ils se doivent d’être un phare dans la brume, guidant le peuple.”

Le Havremont eut un petit sourire. Ses parents, là où ils étaient, devaient probablement être très fier de leur fils. Lui qui avait juré de mener une vie pour servir l’Empire, allait désormais incarner son Gardien pour cette vie, et toutes celles à venir.

21 Mai 1764, Matin

Marcher à l’intérieur du Palais Impérial fraîchement construit ce matin avait une saveur toute particulière. C’était un véritable microcosme qui vivait là, et aujourd’hui tout s’agitait comme dans une fourmilière. Quand il pouvait sortir la tête de quelques préparatifs, Claudius constatait avec un amusement non dissimulé tout le balais des serviteurs, soldats, et membres de sa famille qui préparaient la grande cérémonie du Sacre, qui allait se tenir dans la journée.

Le Havremont s’était montré particulièrement insistant quant à celle-ci : bien qu’officiellement Claudius ait été choisi comme dirigeant de Selenia dès la bataille des cendres terminée, il fallait envoyer au peuple un message fort. Au peuple, mais aussi aux puissances étrangères qui pouvaient potentiellement avoir des yeux et des oreilles en Selenia pour regarder cette cérémonie.

Même si l’État n’était pas au beau fixe de sa forme, il fallait montrer qu’aujourd’hui, on ferait table rase avec ce qui s’était produit depuis l’arrivée sur l’archipel. Que L’Empire déchu en Royaume n’était plus, voir qu’il n’avait jamais existé. Que toute la puissance de Selenia, et de son peuple, pouvait encore se montrer.

Que cette journée soit un moment de fête pour chaque personne vivant dans cet Empire, qui avait été trahi, bafoué, pillé, lacéré, trop de fois jusqu’à lors.

Alors ce jour était peut-être un jour de dépense pour un Empire qui n’en avait pas besoin, mais cette cérémonie allait être maintenue. Claudius avait bien fait en sorte d’inviter toutes les personnalités notables de l’Empire encore en vie, mais évidemment aussi toute sa famille, et tous les alliés qui l’avaient aidé de prêt comme de loin à obtenir cette victoire si cruciale.

S’était ajouté à cette petite masse de personnes, le peuple Sélénien. En effet, les hérauts n’avaient pas tardé à transmettre la nouvelle une fois celle-ci connue : le 21 mai, l’Empire allait avoir droit à un Sacre comme il n’en avait plus eu depuis quelques années déjà. Ce peuple, bien que fatigué avait répondu en nombre, et n’avait pas tardé à faire le déplacement pour assister aux festivités promises par leur dirigeant.

Du beau monde en somme. Afin de rendre cette cérémonie visible par tous, le futur Empereur de Selenia avait décidé de l’organiser en extérieur, sur le parvis du Palais qui avait un suffisamment grand espace pour y accueillir un grand nombre de personnes. L’organisation avait été finement étudiée, et l’on avait réparti les différents espaces pour séparer invités de marques et autres proches de la future couronne, du simple petit peuple. C’était là une classification naturelle qui faisait en sorte que chacun puisse se mouvoir, et se distinguer par leurs efforts quant à l’établissement de ce nouveau régime.

L’organisation avait fait en sorte que le peuple soit réparti en demi-cercle, autour d’un promontoire en bois installé là, où se tiendrait la suite des événements. Seulement, à ce tableau en construction, il manquait la pièce maîtresse.

Alors que chacun finissait de s’installer, les deux grandes portes du palais vinrent s’ouvrir, laissant place à une grande salle, où les plus proches pouvaient distinguer l’architecture audacieuse qui la composait.

Illustration :


De cette salle, on y vit sortir un grand homme, paré d’une longue cape rouge carmin, et d’une armure dorée. Une armure d’apparat, qui n’avait plus servi depuis un certain temps : l’armure familiale des Havremont. Le futur Empereur des Hommes sortit d’un pas méthodique, étudié, sous les applaudissements fournis de la population.

D’un grand sourire, il salua au loin le peuple, son peuple, venu l’acclamer. Puis une fois plus proche du cercle, Claudius s’approcha pour prendre un bain de foule, et saluer ses plus proches soutiens qui avaient fait le déplacement pour lui.

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- Je vais m'entretenir avec Sir Carcéon, ma Dame, voulez-vous... Souhaitez vous...

- Ne vous dérangez pas pour moi, je vais aller saluer ma famille.

Avara de Havremont lança un petit sourire crispé à son époux qui l'a regardé d'un air tendu. La relation de ces deux là avait toujours eu sa source d'ambiguïté. La jeune femme sentit la pression au milieu de son dos s'évaporer tandis que Marcus s'éloignait de celle-ci en direction de l'homme qui avait attisé son envie de bavarder. Soupirant d'une façon imperceptible de soulagement, Avara reporta son attention froide sur les alentours. Comme la vélocité d'un faucon, elle tournait son visage sur tous les points d'ouverture de la gigantesque nouvelle bâtisse. Parais de perle et de fourrure claire, sa beauté extérieure en ce jour était totalement contraire à son sentiment intérieur.
En effet, Avara n'avait presque pas fermé l'oeil de la nuit. Aujourd'hui entrerait dans l'histoire de tous les récits et malgré les ricanements et les tons joviales de tout ce beau monde, la jeune femme ne serait pas détendue tant que tous ne seraient pas rentré chez eux. Bien sûr qu'elle était ravie et fière de ce jour. Son oncle marquait l'Empire d'un renouveau alors que son Sacre allait débuter. Mais pas détendue au point de ne pas imaginer le pire en ce jour de fête.

Toute la nuit, elle avait retourné dans sa tête tous les points qui pourraient transformer ce jour important en hécatombe. L'Empire avait de nombreux ennemis qui ne cherchaient qu'une chose pour la plupart, une terrible vengeance. Alors pourquoi ne pas frapper le jour le plus marquant qu'était le sacre du futur empereur. Tous les Havremont, haut dignitaire et influenceur mais également une grande partie du peuple étaient réunis dans un lieu restreint. C'était une aubaine ! Il était facile pour un dragon Lié de venir éclater le palais resplendissant de lumière.

La jeune femme avait noté dans un coin de sa tête toutes les zones ou des gardes étaient postés et à son goût, il en manquait. Qu'avait-elle espérait ? Une armée pour le sacre ? Eh bien oui, peut-être. Elle savait au fond d'elle que tout avait été calculé pour que tous ce passe au mieux mais rien ni personne ne pourrait l'a détendre aujourd'hui.

Une cape familière attira son attention dans un coin et c'est à ce moment qu'elle se décida à bouger. Se dirigeant à pas de loup, elle n'arrivait même pas à sourire face à tout ces nobles qui voulait la saluer. « Madame, vous êtes ravissante », « Votre altesse, quelle surprise ! ». Votre altesse... Non elle allait avoir du mal. Saluant toutes ces personnes avec politesse, Avara ne souhaitait que rejoindre le vieil homme au loin. Agacée presque par l'intérêt qu'on lui portait maintenant que son oncle allait être l'empereur. C'était pathétique. Eux, qui l'a regardé d'un œil mauvais autrefois avec son tatouage, son œil et son silence.

La jeune femme se libéra enfin et fit signe à l'homme qui ne semblait toujours pas l'avoir vu. Il s'agissait sans doute du plus grand mage de l'armée, le Grand-Maître Varmang qu'Avara avait suivit longtemps dans de nombreuses batailles de son passé. Si cette homme était des plus respectables, la jeune femme voyait également en lui un ami. Arrivée à sa hauteur, elle dûe s'y prendre à trois fois avant de lui retirer les yeux du vide. Le temps avait passé et le Grand-Maître par son grand âge semblait plus fatigué que jamais.

- Grand-Maître, je suis ravie de vous voir ? Commença t'elle en le saluant d'un air militaire.

Varmang hissa ses yeux grisonnants vers elle et un petit sourire apparu sur son visage plissé.

- Petite Avara... où devrais-je dire...

- Je vous en prie, pas de ça avec moi, par pitié.

La jeune femme reporta son attention sur la foule d'un œil inquiet.

- Pensez-vous que tout va bien se passer ?

- … je pense que cela se passera comme il est prévu que cela se passe.

Avara serra les dents en regardant Varmang. Elle devait s'y attendre venant de sa part. Elle sursauta néanmoins lorsqu'une main se posa sur son épaule.

- Excusez-moi, Sir Varmang, je viens chercher ma sœur.

Se retournant avec surprise, elle découvrit sa plus proche sœur qui lui faisait un grand sourire. L'emportant avec elle vers la foule, Avara n'eut qu'à peine le temps de faire un signe au Grand-Maître qu'il disparut de sa vu.

- Je déteste lorsque l'on me surprend, râla t'elle en chuchotant.

- On ne t'a presque pas vu et tu t'es fait déjà assez remarqué comme ça auprès de certain. Bon sang, notre oncle aurait honte de toi, profite au lieu de t'inquiéter ! Je t'emmène voir notre famille. J'espère que tu as salué notre tante ?

Elle regardait sa grande sœur avec des yeux soudain furieux. Profiter ? Alors qu'il y aurait peut-être un massacre aujourd'hui ?

- Bien sûr que je l'ai salué.

- Fort bien. Cesse de te comporter comme une enfant apeurée !

La foule au loin commença alors un bruit assourdissant. Entourée de Havremont, elle sentait la fierté de tous. Claudius de Havremont apparut enfin au loin vêtu de rouge et d'or. Son cœur, quant à elle s'affolait à chaque pas que son oncle faisait vers le but de tout ceci. Elle serra les poings prête à toute éventualité. Arrivé à leur hauteur, son oncle commençait à saluer tout ce monde.

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La bataille des cendres avait clôturé un chapitre sombre de l'histoire des Hommes. Elle avait marqué la fin d'une dynastie et la mort d'une légende, les poètes, bardes et autres artistes conteraient pendant des centaines d'années, si ce n'est des milliers, le récit de cette bataille, cela le céleste y veillerait.

Cependant, ce n'était pas la fin du chapitre qui importait, mais le début du suivant. Aujourd'hui en serait un avant-goût, ou plutôt une avant-première. Le sacre de l'empereur, de son empereur, serait la scène d'exposition du glorieux avenir qui attendait Calastin et Tiamaranta. Bientôt le monde entier allait comprendre que le choix du Clan Dalis avait été le meilleur choix. Le clan Dalis était désormais des vampires impériaux, ils avaient trahi les ténèbres qu'autrefois ils avaient tous qualifier de maison pour une place dans la lumière. Avait-il des regrets ? Non. Son choix avait été éclairé. L'histoire l'avait prouvé, chercher à conquérir uniquement par la force ne pouvait réussir, les Almaréens, le Tyran Blanc, les Chimères et avant tous ces prétendants, les vampires eux-mêmes. Tous, absolument tous avaient échouer d'une manière ou d'une autre. C'était dans la nature des enfants des déesses que de se battre contre un pouvoir qu'on vient leur imposer. Pourquoi aurait-il suivi un énième conquérant pour ensuite le suivre dans sa chute ? L'immortalité était un cadeau bien trop précieux pour être gâché.

C'était un fédérateur que Toryné voulait, quelqu'un qui pourrait conquérir par la force, mais également par la diplomatie. Victoria s'était montré bien trop faible et manquant finalement d'ambition véritable pour qu'il se rallie à elle, mais Claudius avait su le "séduire". L'ambition, le savoir militaire et un impérialiste comme on n'en faisait plus ! Miser sur le Havremont avait sûrement été le parie le plus risqué qu'il n'ait fait de sa vie, mais le prix en valait les risques et les quelques cheveux perdus.

Aujourd'hui il avait une place de choix dans cette empire naissant ou renaissant, il faisait parti des héros qui avait défendu Sélénia contre l'envahisseur, le preux vampire qui avait trahi sa race pour le bien de cette nation. Cependant sa lutte n'était pas terminée, cette nation devrait être redressée et purger de la gangrène qui la rongeait. Combien de cloporte du marché noir se terrait encore dans l'ombre ? Combien d'opposant, d'anti-impérialiste ou d'espion d'autres nations souhaitaient faire barrière aux ambitions de l'empire ? Et donc aux siennes ? Une longue compagne l'attendait pour défendre les ombres de l'empire.

Et aujourd'hui, plus que jamais, il devait les scruter. L'empereur avait convié le peuple pour son sacre en cette journée du 21 mai, cette journée deviendrait-elle une nouvelle journée nationale pour la nation ? Quoiqu'il en soit c'était un message que cherchait à envoyer le Gardien. Sélénia envers et contre tous tenait encore debout et elle n'était pas chancelante ! Il fallait galvaniser le peuple et impressionner les ennemis. Cependant une telle journée représentait bien entendue des risques, car une attaque aujourd'hui porterait un coup certain au moral... Pour cela Toryné avait pris ses précautions, le clan Dalis étaient venus avec sa garde clanique aux armures arborant multiple couleur toutes très vives, pendant ce temps des vampires avec des tenus plus discrètes se mêlaient à la foule et surveillait le moindre comportement suspect. Ces vampires formaient les bases de son projet, "l'occulus noctic" et aujourd'hui serait une sorte de test pour l'avenir. Chacun de ces Noctis portaient avec eux un petit miroir, grâce à Euphémia Toryné pouvait ainsi voir à travers ses miroirs et communiqués à distance avec les détenteurs.

Il fallait cependant espérer que le test reste un test, Toryné avant très envie de profiter de cette journée pour se pavaner et de continuer d'augmenter son capital sympathie. Pour l'occasion Toryné avait choisi de porter pour la première en fois en public la robe Impériale offerte par la famille Havremont, témoin de l'amitié unissant les deux familles pour la gloire et la puissance de l'empire ! Il était hors de question qu'on salisse ce sublime ouvrage !

L'empereur lui aussi avait sorti ses plus beaux atouts. Une armure dorée, rien que ça ! Qui se mariait parfaitement avec sa cape carmin, couleur de la puissance dans l'empire. Peut-être devrait-il se renommer le Cygne Carmin ? Non, le Cygne Blanc restait un symbole difficilement effaçable.

Lorsque le regard de Claudius vint croiser celui de l'ancien parangon, ce dernier lui adressa un sourire dévoilant ses canines et un regard traduisant un "Alors, heureux ?", mais il n'y avait rien de cynique dans cela, bien au contraire il s'agissait d'un acte purement amical. Lui-même était heureux, aujourd'hui était un jour à célébrer après tout !

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    Almara n’avait connu qu’un seul sacre en près de deux millénaires : le sien. Naal devait pourtant avouer que cela n’avait rien à voir avec celui qui se déroulait aujourd’hui, à Sélénia. Sa royauté avait été définie d’autorité divine et il n’avait jamais acquis de pouvoir par celle-ci. Il avait été désigné comme l’être qui transmettrait la parole de Néant à ses confrères. La royauté, pour les Ambarhùniens, avait un tout autre sens. Celui qui portait une couronne obtenait le droit de gouverner les siens, soi-disant par le droit divins octroyé par les déesses jadis. Mais cela n’avait jamais été le cas. La couronne des Kohans, leur autorité et leur légitimité, avait été fondée sur un mensonge en lequel tout un chacun avait accepté de croire. Et aujourd’hui ? Nulle religion, nulle croyance divine. Un homme était choisi pour les gouverner et cela était un événement assez insolite, pour Naal, dont il ne comprenait pas pleinement la façon de fonctionner. Il s’habituait progressivement à cette idée, bien qu’elle le rebutât et ne faisait que lui rappeler, peu ou prou, ce qu’il avait connu autrefois, sur le continent d’Angellan.

    Et il avait été tué sur Angellan, lui, le roi qui dérangeait. Il avait succombé au milieu des jeux de pouvoirs et de la convoitise que représentait une couronne. Était-ce alors étonnant qu’il n’appréciât pas le moins du monde qu’une homme gouverne d’autres hommes ? Cela éveillait chez lui de si mauvais souvenirs et ce qu’avait connu Ambarhùna, puis l’archipel de Tiamaranta, ne faisait que lui démontrer combien ce système, en lequel tous s’attachait, était plein de vices et d’échecs. C’était avec cette impuissance qu’il observa Claudius apparaitre devant le peuple, acclamé par lui. La dévotion de la foule et sa manière de croire en ce Havremont lui arracha quelques frissons, lui qui était si sensible à l’émotion des hommes. Ils l’aimaient comme on l’avait aimé sur Angellan. Et jusqu’à quand ? Quand serait-il hué par la foule comme le furent les Kohans ? Quand essuyait-il une rébellion comme celle de l’alliance des cités libres ? Il priait pour lui, mais il ne savait que trop bien que lorsqu’un homme dirigeât des hommes, alors tous désiraient sa places et usaient de biens des bassesses à cette fin.

    L’almaréen imita la foule et applaudit, en toute fierté pour cet homme qui avait été au bout de son projet. Aujourd’hui en commençait un autre. La foi de Claudius en l’Empire lui donnait néanmoins de l’espoir. Ce qu’il incarnait d’incroyable et de divin était sa seule issue salvatrice pour marquer les esprits et ne plus être un homme remplaçable par un autre. Il devait être unique. Il devait être divin, tout comme Naal le fut, en Serviteur de Néant unique, avant que le Tyran Blanc ne crée d’autres Serviteurs de Néant. Car dès lors qu’il ne fut plus unique, il fut remplaçable. Et Claudius ne devait pas être cela. Le dévot adressa un sourire, discret, à Claudius en croisant son regard, le laissant profiter du contact de ses plus chers soutiens. Par l’attrait du Monarque, ses mires bleutées furent attirées par la chevelure flamboyante non loin de lui : Toryné Dalis. Il tendit une main de salutation au vampire lorsqu’il fut à épaule collée avec celui-ci : « C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis Naal du Néant. » Et une curiosité, il devait l’avouer. Les Délimariens n’étaient pas le peuple le plus avenant envers les vampires et c’était un euphémisme que d’affirmer ceci. Ainsi, il n’avait pas tant eu l’occasion d’en rencontrer un en chair froid et en os.

    « Choisir Claudius a dû être une déchirure pour vous. » Quant on savait que l’autre partie était l’enfant que Toryné avait fait naître. « Autant qu’un véritable réconfort. Il sait ce qu’il veut et où il va, en toute humilité. Je crois que c’est important de gouverner sans rechercher le pouvoir. Les dragonniers ont l’esprit bien trop déformé par le Lien pour le concevoir, il vous aurait entrainé dans sa chute et sa décadence. Je suis heureux que vous ayez eu la force de rompre avec ce destin tragique dans lequel tout le peuple vampirique va s’engouffrer. Vous vous êtes offert un véritable avenir, ici-même. »

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Claudius ne pouvait s’empêcher d’avoir un sourire aux lèvres, face à cette foule convaincue, et qui comptait bien des personnages éclectiques en son premier rang. Sa famille, un vampire, un almaréen entièrement tatoué, et bien d’autres encore. Tant de personnes qui avaient contribué à écrire l’Histoire de l’Empire ces derniers jours. Tant de personnes qui comptaient pour Claudius.

Il était reconnaissant envers chacun d’entre eux. Il s’arrêta un instant pour tous, discuta, deux ou trois mots, souvent des remerciements.

Cet Empire, il était le sien, mais aussi le leur. L’émotion gagnait le non-coeur de Claudius, pensant à toutes ces fois où il avait levé son fléau pour la gloire de son pays. Qui aurait cru qu’aujourd’hui, les rôles seraient distribués ainsi.

Personne probablement. Mais ainsi était le Destin. Plein de surprises. Encore que ? Le Havremont avait senti son corps changer ces derniers jours. Depuis la Bataille des Cendres, où il avait eu l’impression qu’une projection de sa volonté avait pris possession de son corps. Il se sentait investi d’une nouvelle force, sans pour autant l’expliquer.

Les aléas du destin.

Une fois son petit tour effectué, Claudius monta sur la petite estrade. Il était l’heure de donner au peuple ce qu’il voulait : un discours de Sacre.

“Mes biens chers frères, mes biens chères soeures

C’est avec une émotion non dissimulée que je prends la parole face à vous aujourd’hui. Je suis d’abord ému car il y a encore quelques jours, vous et moi, nous nous battions tous face à la menace vampirique qui envahissait notre territoire.

Achroma Elusis, tel un joueur de flûte, avait envouté notre bien aimée impératrice. Lui et ses bêtes sans âmes venus de la nuit, avaient pris les terres qui étaient les vôtres, dans le seul et unique but d'asseoir sa domination. Dès le premier jour, j’étais contre sa venue, et dès le premier jour je n’ai pas cessé de défendre vos intérêts, séléniens et séléniennes.”


Claudius prit une pause de quelques secondes, ancrant son regard dans ses différents alliés proches qui l’avaient aidé à mener à bien son complot contre l’ancien Parangon, puis il reprit :

“A présent nous sommes à l’aube du dernier jour pour ce Royaume. Ces dernières semaines nous auront apporté ruine, famine et guerre. Je viens aujourd’hui m’engager devant vous pour que nous ayons enfin du pain pour tous, et pour que la suprématie de notre territoire ne soit plus jamais contestée. Oui, c’est le dernier jour pour un Royaume qui a pourri et qui n’était plus que l’ombre de ce qu’il était, et une toute nouvelle ère qui s’avance pour un Empire Sélénien fort, doté de fiers citoyens et citoyennes, et de puissants alliés.”

Claudius s’arrêta un instant, et fut pris d’un sourire irrésistible : quel plaisir d’enfin abolir officiellement cette décision stupide que de renommer ce pays “Royaume”. Pathétiques enfants de Korentin Kohan. Mais le Havremont repris son sérieux. Il avait tant de choses encore à dire au peuple, son peuple :

“De puissants alliés en la présence de la Cité de Délimar, qui nous fait l’immense honneur d’être présent par le biais de ses Citoyens respectés, en ce jour de renouveau pour notre grande nation… Mais aussi une partie du peuple de la nuit, qui a bravé tous les diktats du Parangon Elusis et de son mari. Toryné Dalis s’est libérée de ses chaînes, et a fait un choix, qui j’en suis sûr, restera à jamais gravé dans nos livres d’histoires. Chère Toryné, si vous vous faisiez appelé Mère de la Nuit, je souhaite que chacun d’entre nous vous connaisse comme Dame de l’Aurore aujourd’hui.”

Le Havremont adressa un sincère regard de remerciements à Naal du Néant et Toryné Dalis. Il n’avait pas souhaité nommé Naal, car s’il avait soutenu le Havremont et continuerait certainement à le faire, Claudius savait bien que là n’était pas son réel combat que de voir un nouvel Empire s’élever pour y prendre part. Le Roi d’Almara avait déjà son peuple et son règne, quoi qu’il en dise. Toutefois, s’il fut silencieux à son égard en public, Claudius avait déjà eu l’occasion de remercier plus d’une fois Naal de manière plus privée. Lui, qui avait été rejoint par le Conseiller Avente par la suite, avait été un véritable artisan de la détente entre les deux nations, et fut entre autre une des premières personnes à faire confiance à Claudius.

Cela, le nouvel Empereur ne l'oublierai probablement jamais.

“Vous l’aurez compris fiers séléniens et séléniennes, à l’aube de ce nouveau jour, beaucoup de choses vont changer, et de nouveaux défis nous attendent. Afin de répondre au mieux à ces enjeux, j’ai décidé de réorganiser nos territoires, et de revoir le fonctionnement de notre Empire. Sans toucher à ses fondements et valeurs historiques que nous partageons tous, c’est en ce jour, et en ma nouvelle qualité d’Empereur, que je proclame la toute première Constitution Impériale de notre Empire. Un ouvrage accessible à tous, qui sera comme un corpus de lois de référence, que tout le monde devra respecter. Je viendrais à vous dans les jours à venir pour vous présenter tous les détails de ce projet.”

Claudius eut un petit sourire : ce projet pharaonique méritait à lui seul un discours tout entier, et il eut peur de ne point passionner les foules s’il s’attardait sur toutes les mesures qu’il avait mis en place pour que le territoire de Sélénia exsangue ne renaquisse de ses cendres.

D’un ton assuré il reprit son discours :

“Comme je vous le disais, de nombreux défis nous attendent. Après le temps de la défense de notre territoire, est venu le temps de la reconstruction. Je ferais tout pour vous assurer un avenir radieux. Je serais à vos côtés pour produire des efforts communs. Je défendrais vos intérêts par-delà Calastin quoi qu’il en coûte. Aussi je m’engage ici devant vous à tempérer le conflit avec les vampires de Nyn-Tiamat, en m’entretenant avec le nouveau Prince Noir Aldaron Elusis. Entendons-nous : aucune concession ne leur sera accordée, et nous continuerons de combattre leur engeance. Mais ceux-ci sont repartis sur leur île, pour le bien de tous, ils doivent y rester, et ne jamais revenir.”

Claudius serra les dents, et sentit aux différents murmures qui avait gagné l’assemblée que cette mesure ne serait certainement pas la plus populaire de son mandat. Elle était pourtant nécessaire. C’était un long combat par les mots qui allait s’annoncer avec son ancien ami, mais le Havremont craignait plus que tout un nouvel assaut que l’Empire serait incapable d’encaisser de plein fouet.

Fort heureusement, le nouvel Empereur savait que la réciproque serait vraie. Sans être dans un état similaire, les Elusis mais aussi le Marché Noir qui les avaient toujours soutenus, étaient affaibilis. Le Havremont pouvait aussi compter sur la peur suffisante qu’inspirait Naal du Néant mais aussi les délimariens aux vampires. Une corde à son arc dont il allait se servir, pour faire pression.

Mais Aldaron était un adversaire coriace, et ne connaissait aussi Claudius que trop bien. Un combat de longue haleine allait s’instaurer entre ces deux-là.

Claudius inspira, et tapota du poing sur son pupitre, comme pour invoquer le silence. Il reprit son discours d’une voix claire :

“Depuis mon premier jour au sein de l’Armée, jusqu’à celui-ci, je n’ai eu de cesse de vouloir que la grandeur de ma Nation, plus que tout le reste. Je souhaite que chacun d’entre vous puisse sentir cette flamme brûler en vous, et que l’on vous donne les moyens de réussir si vous apportez fierté et honneur à notre patrie. Aujourd’hui plus que jamais, la solidarité de tout à chacun sera nécessaire pour faire renaître notre nation. Nous nous tenons aujourd’hui au milieu d’une ville qui sera bientôt notre nouvelle capitale : Sélénia L’Imbrûlée, que je m’engage à construire en un an. La Majestueuse a fait son temps, et renaîtra elle aussi sous le nom de Portus Regius.

Je m’engage à vous rendre ce que vous m’avez donné, Peuple de Sélénia. Nous devons à présent nous centrer sur nos terres, et garder le cap. Car de la même façon que nous avons chassé la menace, c’est grâce aux efforts de tous que nous réussirons à nous relever.

Longue vie à Sélénia, vive l’Empire !”

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L'empire serait un flambeau pour ce monde. Il éclairera les dignes et brûlera les autres ! Toryné avait souvent changé de camps et d'allégeance, certain le voyait comme un parasite qui détruisait de l'intérieur son camp pour son propre intérêt voire même par plaisir pervers. Aujourd'hui pourtant Toryné ne cherchait pas un énième bateau à faire couler pour en récupérer les bonnes planches, cette fois-ci il bâtirait un galion insubmersible ! Il n'en serait certes pas le capitaine, le gouvernail appartenait à Claudius aussi longtemps qu'il aurait la force pour combattre les ennemis que lui envoirait le destin.

Et Claudius pouvait compter sur bien d'autre allié, une nouvelle preuve que les Havremont avaient réussi là où avait échoué. C'est du moins la première idée qu'il lui vint à l'esprit en voyant Naal s'approcher de lui. Se rapprocher de Delimar, connaissant la fierté des Glacernois qui composait l'un des trois peuples de la Cité, c'était une belle réussite.

« C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis Naal du Néant. »

Il était assez reconnaissable, bien entendu ne l'avais jamais vu en personne, mais il collait à la description physique qu'on lui en avait fait. Toryné n'avait jamais vraiment parlé à un Almaréen, du moins jamais dans un contexte cordial. Il était assez curieux, surtout un Almaréen avec une foi si profonde pour néant. Le concept de foi était tout bonnement étranger pour Toryné, au contraire il n'appréciait nullement les divinités. Cela était en partie dû à son narcissisme maladif, se dévouer à un être autre que lui-même était difficilement envisageable, mais surtout il ne comprenait pas les déesses. Les vampires étaient supposément des être maudits des déesses, mais lui ne voyait pas la malédiction. L'immortalité, la puissance, une infinité de possibilités à ceux qui savaient jouir du vampirisme, comment pouvait-on concevoir une seule seconde que cela puisse être une punition ? Les déesses ne sont que idiotes indignes d'une quelconque vénération. Néant cependant, en dehors de la guerre contre les Almaréens, Toryné n'en savait que très peu sur le dieu d'Almara.

"Le plaisir est partagé Naal du Néant" répondit-il poliment.

Toryné se fut pris par surprise par la suite du discours du serviteur du Néant. Il ne pensait pas que ce dernier serait aussi direct. Il ne savait pas s'il pouvait parler de véritable confort quant à son choix. Il ne le regrettait pas et pour lui il ne faisait aucun doute que le seul avenir pour les Dalis se trouvaient dans l'empire de Claudius là ou les Elusis les auraient conduit à leur perte. Il avait ce qu'il fallait en tant que Matriarche du Clan et même en tant que mère vis-à-vis de ses autres enfants. Malgré il avait perdu un fils et désormais il était son ennemi le plus dangereux qui avait juré de se mettre en travers de sa route...

L'autre parti de la réflexion de Naal fut assez intéressante. Il savait que les Almaréens n'aimaient pas les dragons, mais il fallait croire qu'il était presque comme l'incarnation du mal pour eux. Toryné évita donc de mentionner qu'il avait joué un rôle majeur pour que Nahui et Cendre-Lune soit unie par le lien... Et qu'il en avait pu en être autrement il aurait bien utilisé ce dragon à ses propres fins. Quoiqu'il en soit il était d'accord sur le fait qu'Aldaron ou Achroma l'aurait entraîné dans leur chute, mais le problème venait surtout des valeurs qu'arboraient les Elusis que du lien avec les dragon. Mais au final Naal avait raison, il s'était offert un véritable avenir avec l'empire.

-Malheureusement, les vampires répètent encore et encore les mêmes erreurs, une quête de puissance ne s'exprimant que par la violence. Ils sont coincés dans le passé, tout comme les dragonniers là où l'empire se tourne vers l'avenir.

Claudius termina son tour et comme tout bon dirigeant s'adressa à la foule. Toryné aussi attendait son discours, les paroles de l'empereur serait les pierres symboliques de cet avenir que l'empire devait bâtir !

Toryné avait deviné les grandes lignes de cette allocution. Claudius rappelait l'ennemi vaincu, Achroma Elusis et sa perfidie. Il rappelait à tous les efforts donnés pour se relever, non sans oublier un petit commentaire concernant ce "royaume".

Puis ce fut le tour des alliées, les Delimariens et, ce qu'il attendait, les Dalis. Les "bons" vampires, ceux qui avaient su changer leur destin et combattre le traditionalisme étouffant que voulait leur imposer les Elusis ! Toryné ne fut qu'encore plus satisfait lorsque Claudius lui attribua le nom de "Dame de L'aurore" un belle coupure avec son titre de Mère de la Nuit qui rappelait encore le triumvirat.

Claudius annonça également la nouvelle constitution impériale, la réorganisation du territoire et les projets de trêve avec les vampires de Nyn-Tiamat. Ce dernier point allait sûrement amener son lot de réfractaire, mais il fallait absolument pouvoir se concentrer sur le renforcement de la nation avant d'envisager un nouveau conflit. Cela était absolument nécessaire si l'Empire voulait s'affirmer comme la plus grande des puissances de Tiamaranta. La suite n'en fut que la promesse, Sélénia l'imbrûlée serait construite en an ? Alors la futur Blanc-Cygne suivrait et si la vision qu'en avait le spirite du Cygne se réalisait, alors elle volerait sans mal le titre abandonné de la majestueuse.

Lorsque Claudius cria "Longue vie à Sélénia, vive l'empire", Toryné fut le premier à lever le poing et à son tour crier à son tour "Longue à Sélénia, vive l'empire !".

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