«Quelques heures après le passage des Couronnes de Cendres»
C'était le chaos. Le pur et mortel chaos dans le Domaine Baptistrale.
Les derniers enchaînements s'étaient passés à une telle vitesse que mon esprit n'arrivait pas à tout mettre au clair. En plus de la fatigue et de la peur qui agrémentait le tout, j'avais du mal encore à discerner le réel face au cauchemar.
Volatilisé en un claquement de doigts, le passage des Couronnes de Cendres n'avait laissé derrière lui qu'un lourd et long silence perturbé par des hurlements ici et là. Le baptistrel Valmys avait plongé son corps tout entier dans la lave tandis que Belethar et Florence avaient arrêté l'écoulement de la rivière de feu juste avant qu'elle ne détruise tout sur son passage.
De mes petites pattes fatiguées, j'étais aller porter secours à tout ceux qui en avait besoin. Tremblante comme pouvait l'être mes deux petits Esprits-Liés épuisés par l'effort.
D'un regard embrumé, j'avais courut à la vue de ma tendre et belle Nyana où le sang coulait de ses entailles. Elle était là. Elle avait survécu. Je n'oublierai pas la chance qu'ils nous avaient encore une fois était donnée. Je le savais... Un jour, il faudrait payer la dette.
Les minutes s'écoulèrent, où je me retrouvais plongée dans le passé des guerres de mon peuple. Tout ces blessés, qui nous lançaient des regards de supplices pour avoir eux aussi, la chance de vivre. Je ne pouvais certainement pas me reposer face à toute cette douleur.
Les heures passèrent donc, aux lits de fortune de tout ces malheureux qui étaient de plus en plus nombreux. Certain retrouvait des proches. D'autre n'avaient pas cette chance. À ma petite échelle, je rassurais comme je le pouvais, chantant des berceuses aux plus jeunes qui attendaient le retour de connaissances.
Lorsqu'un calme pesant venait à s'installer, je marchais en traînant les pattes, un regard porté vers ma sœur de cœur qui était bel et bien en vie. Je pris à ce moment là une pause pour calmer mes propres enflements sur ma peau. Certaines pierres avaient fait quelques dégâts sans être bien grave. Je changeais un bandage sur mon bras puis reprenait le chemin pour rejoindre les autres.
Mes pas se stoppèrent pourtant en voyant un petit chat assis bien droit dans un coin plutôt sombre. Me faufilant d'un pas plus précipité en ayant reconnu le félin capable de se changer en tigre de Florence, je plaçais une patte sur mon museau en voyant apparaître à son tour le corps allongé de la femme à la force mentale immense. Que faisait-elle ici ? Si la jeune femme souhaitait un coin tranquille, le lieu n'était peut-être pas très confortable, ou bien... était-ce plus grave ?
Je m'accroupissais auprès de Florence en jetant un regard inquiet vers le petit félin qui croisa mes pupilles. Si elle dormait, je ne voulais pas la déranger, mais je préférais tout de même en savoir plus sur son état, soudainement très inquiète pour sa santé.
Une gourde attachée à ma ceinture, je faisais couler un peu d'eau sur une patte pour la poser sur son front.
- Florence... M'entendez-vous ?
Je regardais ses plaies, le cœur s'accélérant. Il lui fallait de l'énergie, et vite. Sûrement exténuée pour avoir dévier la rivière de lave, je cherchais avec des gestes calmes mais tremblants une petite poudre qui pourrait peut-être l'aider à ouvrir les yeux.
- Ne vous inquiétez pas Florence, tout vas bien, vous avez le droit de vous reposer.
On m'avait toujours appris à murmurer quelques mots encourageant, même si votre patient n'était pas capable de vous entendre.
Reprenant mes recherches de poudres pour plus tard, je commençais à me saisir de la nuque de la jeune femme pour la mettre dans une position plus confortable. Au moins, la guerrière des foudres avait encore une respiration qui n'appelait pas à s'alarmer.
- C'est Reynagane, je vais m'occuper de vous. murmurais-je doucement.