21 avril 1674
Sélénia se remettait à peine de l’attaque qu’elle avait subi mais l’agitation fébrile et paniquée qui l’avait habitée depuis le 15 commençait doucement à se calmer. Sorel ne s’était pas immédiatement mêlé aux habitants. Si la plupart étaient soulagés de résider dans l’un des rares quartiers laissés principalement indemnes par l’attaque des vampires, certains, pas aveugles, n’avaient pas manqué de remarquer que l’un des quartiers en question n’était autre que celui où vivait Sorel. L’elfe était connu et apprécié, une personnalité trop solaire pour être ignorée, trop joviale et presque enfantine pour passer inaperçue. Pour autant, cela n’empêchait pas les murmures et les remarques acerbes, l’inimitié à l’encontre d’Aldaron - son père adoptif, à la grande connaissance de tous - avait connu des hauts et des bas.
La plus grande menace avait été durant et juste après l’attaque, bien entendu, et, pas fou, Sorel était resté chez lui pendant ce temps-là, calfeutré dans sa maison en espérant que tout irait bien. Sa boutique avait souffert quelques assauts mais c’était à peu près tout ce qu’il pouvait regretter. Rien n’avait été volé mais il allait devoir faire réparer fenêtres et porte. Il était assez reconnaissant d’avoir laissé Faron à l’extérieur de la ville, dans une zone sécurisée où il savait que le fenrisulfr saurait se nourrir sans pour autant mettre qui que ce soit en danger. L’elfe allait cependant devoir s’assurer de pouvoir garder un contact avec lui pour s’assurer de son bien-être mais aussi et surtout qu’il ne commette pas d’impair pouvant conduire à des problèmes dont l’elfe se passerait bien.
A l’heure actuelle, cependant, les troubles n’étaient plus si majoritaires même s’il devait rester prudent et continuer de s’assurer qu’il ne risquait pas gros en s’aventurant trop loin et au milieu des mauvaises personnes. L’animosité était réelle et ceux qui le connaissaient et qui l’appréciaient étaient nombreux mais il n’en demeurait pas moins qu’il n’était pas prêt à parier sur leur aide si d'aventure il devait se trouver en mauvaise posture.
Il n’avait pas l’intention de se plaindre, l’ire populaire était justifiée et il avait joué une part importante dans ce qui s’était déroulé à Sélénia. Il ne s’était peut-être juste pas attendu à ce que le peuple ne paie un prix aussi gros, à ce que toute la situation prenne une tournure aussi dramatique. Sorel avait beau avoir réalisé pas mal d’opérations par le passé, celle-ci avait eu une ampleur rarement atteinte et avait été une des rares qu’il pouvait presque considérer comme un fiasco.
Il comptait une soeur dans sa famille, désormais. Liv était encore en vie. Aldaron également. Mais Achroma ne pouvait pas en dire autant et Sélénia payait un prix plus gros encore que de voir son économie minée par le marché noir. C’aurait pu être pire, mais les choses auraient pu mieux se terminer également, bien mieux.
Ses yeux verts cherchèrent ceux, mordorés, de son compagnon du moment et il esquissa un petit sourire en coin, un peu mal assuré. Le souffle de l’animal lui caressa la joue et l’elfe leva une main pour effleurer du pouce la joue veloutée, appréciant le poids léger que la créature appuya contre sa paume. Il n’y avait rien de tel que le contact avec un animal pour adoucir la vie et rendre les épreuves plus faciles à surmonter, moins noires.
« Tu te comporteras bien, hm ? » dit-il à voix basse tout en tendant un morceau de maïs qui, comme depuis qu’il avait acquis l’animal, rencontra un franc succès. « Moui, j’ai pas trop de doute sur le sujet. »
Après tout, le caractère était différent de celui de Järn ou d’Ombrenuit. Il savait pouvoir se faire confiance pour gérer un comportement difficile et, après avoir rencontré Liv, n’avait pas trop eu de doutes quant à la capacité du jeune vampire d’y faire face. Il ne connaissait pas suffisamment le maître destiné de l’animal pour en dire autant, même s’il savait que l’animal en question pouvait dévoiler des trésors de détermination également.
Un sourire en coin étira les lèvres de Sorel tandis qu’il attrapait le licol doux qu’il avait installé sur la tête de l’animal et se dirigea vers la petite allée qui bordait sa boutique et qui donnait accès à la rue. L’elfe était l’heureux détenteur d’une cour à l’arrière suffisante pour pouvoir accueillir une petite écurie - seulement deux stalles - et de quoi s’occuper d’un grand animal. Certainement la raison pour laquelle il devait régulièrement emmener Järn en promenade ou laisser l’animal se dépenser en toute liberté à l’extérieur des remparts de la ville.
Alors qu’il débouchait sur la rue, l’elfe jeta un regard aux alentours, avec prudence. Il avait repéré les quelques visages familiers qui indiquaient généralement un mauvais présage et d’éventuelles conséquences fâcheuses mais aucun d’entre eux ne se trouvaient à proximité. Ils venaient de moins en moins souvent, probablement fatigués de leurs tentatives, la rancœur et la haine s’apaisant au profit d’autres sentiments, parfois pas meilleurs pour autant.
Pour autant, c’est un autre visage familier qu’il repéra et qui se dirigeait manifestement dans sa direction, le regard de l’homme croisant rapidement le sien. Incapable de retenir sa réaction, Sorel écarquilla les yeux et jeta immédiatement un regard par-dessus son épaule à la bête, toujours masquée par les murs de l’allée qui débouchait sur la rue. Lui-même n’avait pas grand chose d’engagé dans la rue, incertain qu’il était de sa propre sécurité, les murs de son allée masquant partiellement son corps, ne laissant dépasser que la partie supérieure de sa poitrine et sa tête rousse qui, clairement, devait détonner.
Incertain de l’attitude à adopter, il fit un pas en avant, s’engageant définitivement dans la rue mais gardant la bête masquée derrière le mur, son bras tendu pour la garder à proximité sans pour autant la dévoiler entièrement. L’elfe fit un petit coucou de la main, celle-ci encombrée par Tor’Shorot mais il parvint néanmoins à étirer quelques doigts pour réaliser une salutation acceptable. L’expression de Sorel était à mi-chemin entre la culpabilité et sa bonne humeur habituelle.
« Monsieur Claudius, » l’elfe sursauta en cillant rapidement, « Havremont. Majesté ? » ajouta-t-il en dernier recours, confus et désespéré de s’adresser correctement à son interlocuteur.
Où était son éloquence lorsqu’il avait besoin d’elle, par les esprits !
« J’étais justement en route pour venir vous voir, si c’était possible, » ajouta-t-il avec un sourire incertain.
Il ignorait trop encore à quoi s’attendre. Si Claudius de Havremont en personne se déplaçait pour venir le voir, Sorel ne voyait pas trop comment les choses pouvaient être en sa faveur. L’elfe s’était attendu à une visite, à un moment ou à un autre, qu’il s’agisse de gardes venus le chercher pour l’emmener de grès ou de force ou d’une missive l’invitant à se rendre aux restes fumants du château. Il ne s’était pas attendu à ce que l’homme vienne lui-même lui rendre visite.
Spoiler :
Grand Cerf Impérial (monture)
L'animal est d'une taille rarement rencontrée en milieu sauvage et cela peut certainement s'expliquer par le fait que l'animal est le résultat d'un élevage consciencieux d'un amoureux des cerfs. C'est la première fois, cependant, qu'une telle créature voit le jour. Majestueux à bien des égards, l'animal est couvert d'une robe d'un blanc immaculé, seulement ornée de reflets ivoiriens par endroits, un résultat du plus bel effet. Son port de tête régalien impose le respect et l'admiration mais ce sont ses bois qui attirent le regard, une fois la première seconde de stupeur passée. Ses longs bois d'une couleur claire paraissent presque d'or et si le soleil s'y accroche juste sous le bon angle, chaque nervure se pare alors d'un éclat doré saisissant.
C'est une bête mémorable au caractère brave mais calme, capable de faire face à l'adversité sans perdre son calme, à présenter ses bois et à charger au besoin. Ses longues pattes en font un coursier endurant bien que sa manière de se déplacer puisse déconcerter quiconque habitué à chevaucher un cheval.
Atout : Apprentissage : La monture est capable d’apprendre à obéir à la voix de son maître uniquement, qui peut se passer de rennes.
L'animal est d'une taille rarement rencontrée en milieu sauvage et cela peut certainement s'expliquer par le fait que l'animal est le résultat d'un élevage consciencieux d'un amoureux des cerfs. C'est la première fois, cependant, qu'une telle créature voit le jour. Majestueux à bien des égards, l'animal est couvert d'une robe d'un blanc immaculé, seulement ornée de reflets ivoiriens par endroits, un résultat du plus bel effet. Son port de tête régalien impose le respect et l'admiration mais ce sont ses bois qui attirent le regard, une fois la première seconde de stupeur passée. Ses longs bois d'une couleur claire paraissent presque d'or et si le soleil s'y accroche juste sous le bon angle, chaque nervure se pare alors d'un éclat doré saisissant.
C'est une bête mémorable au caractère brave mais calme, capable de faire face à l'adversité sans perdre son calme, à présenter ses bois et à charger au besoin. Ses longues pattes en font un coursier endurant bien que sa manière de se déplacer puisse déconcerter quiconque habitué à chevaucher un cheval.
Atout : Apprentissage : La monture est capable d’apprendre à obéir à la voix de son maître uniquement, qui peut se passer de rennes.