27 Mai 1764
Cela faisait deux semaines que Rey avait quitté cette contré, partant à l’autre bout de l’océan… Je n’avais toujours pas réussi à accepter son choix de partir de la sorte, elle qui était si fragile… Si gentille… Elle finirait croquer en une fraction de seconde et personne pour la protéger de ces sans-poils… J’avais laissé ce que j’avais de plus précieux en ce monde aux mains de ce dominant qui semblait avoir les mêmes désire que notre grand Tribyonn. La paix ou quelques choses de similaire. Était-ce possible ? Comment savoir ? Il est si facile de mentir, de tromper les autres. Je ne parvenais pas à avoir pleinement confiance…
La peur de la voir disparaître me rendait plus faible que je ne le pensais… Pour palier à ce sentiment, cette chose qui ne devrait pas exister durant ce temps lourd et aléatoire, je me suis mise en quête de devenir plus forte, d’assurer cette protection qui jadis me faisait tant rêver. Elle devait disparaître de mon esprit, pour que je puisse me concentrer sur ma tâche nouvelle.
Encore une fois, j’avais retrouvé cette créature. A la même heure comme chaque jour, mais cette fois c’était différent. L’on avait attendu… Pourquoi ? Alors que j’étais plus lente qu’avant, elle aurait pu m’obliger à m’agenouiller de nouveau, avec une facilité déconcertante. Lorsque mon regard croisa le sien, j’avais compris à ce moment, qu’il n’y avait pas de réelles victoires, lorsque l’adversaire n’est pas prêt. La bête sauvage marchait de long en large, poussant des grognements pour que je parte probablement. Par moments, elle secouait la tête en poussant de longs sifflements avec ses naseaux.
Reprenant mes esprits, mon regard devint plus intense, laissant derrière moi tout ce que je pouvais éprouver, cette peur qui m’animait et qui me donnait envie de plonger dans l’eau pour la retrouver… Pourquoi me rendait-elle aussi chèvre ? Je ne me reconnaissais plus, et cette fougue, qui vivait en moi, semblait disparaître, ou alors s’accroître ? C’était étrange, je ne comprenais plus ce que je pouvais ressentir à cet instant…
Cette rage nouvelle, qui n’est pas vraiment mauvaise, elle me procure quelque chose de nouveau, une adrénaline plus amère… Un rugissement retentit, le signal de ce nouveau combat, de ce nouvel affrontement amical ? Je ne savais pas si on pouvait le considérer comme tel, car l’on finissait à chaque fois plus blessé que le jour précédent. Mais parfois, j’avais l’impression de ressentir de la joie dans nos échanges. C’était devenu un rituel, et il semblerait qu’on prenait plaisir à se faire souffrir, comme pour se remettre dans le droit chemin. Qui peut savoir ?
Ma mâchoire transperça sa peau et inversement. Nos corps roulèrent dans la poussière, teintant ma pelisse pour me fondre dans la savane de Néthéril. Combien de temps cela dure ? Je ne saurais pas le dire, car pour moi, les secondes me faisaient mourir. Mais durant ce laps de temps, j’ai pu respirer de nouveau, sortir la tête de l’eau et oublier ce qui me faisait souffrir. Devant les autres, je gardais la tête haute, je ne devais pas faiblir, pour honorer ma famille. Pourtant, il était si bon de se lâcher, d’exprimer sa colère, ses craintes à cette créature, même si le silence reste roi entre nous, j’ai l’impression que nous communiquons à travers le sang et la sueur…
Notre matinée s’achève comme à chaque fois, je repars après l’avoir salué, et nous savons que dans un futur proche ce rituel recommencera. Un sourire s’affiche sur mes babines un faible sourire alors que je m’approche de l’océan. Cela ne la ramènera pas, mais depuis son départ, je prenais soin de m’y rendre pour contempler l’horizon, avec cet espoir de la voir débarquer. Mes pas me guident doucement, je sens de plus en plus l’air marin, cette odeur salée qui nous prend aux tripes. Elle s’engouffre dans mon pelage, me faisant frissonner.
Lorsque j’arrive, je m’agenouille instinctivement. Observant le bleu de l’eau qui reflète le soleil, poussant les nuages pour qu’ils brillent de mille feux. Mes prunelles se perdent dans ce paysage qui à chaque fois semble différent. A travers la clarté, j’ai l’impression que sa silhouette se dessine dans les nuages, qu’il se déplace pour former son portrait dans le ciel. Pourquoi es-tu partis ? Toi qui as su me dompter… Reviendras-tu un jour ma lumière ? Jour après jour, j’attends de pouvoir te serrer de nouveau contre moi et que nos cœurs ne fassent plus qu’un…
La peur de la voir disparaître me rendait plus faible que je ne le pensais… Pour palier à ce sentiment, cette chose qui ne devrait pas exister durant ce temps lourd et aléatoire, je me suis mise en quête de devenir plus forte, d’assurer cette protection qui jadis me faisait tant rêver. Elle devait disparaître de mon esprit, pour que je puisse me concentrer sur ma tâche nouvelle.
Encore une fois, j’avais retrouvé cette créature. A la même heure comme chaque jour, mais cette fois c’était différent. L’on avait attendu… Pourquoi ? Alors que j’étais plus lente qu’avant, elle aurait pu m’obliger à m’agenouiller de nouveau, avec une facilité déconcertante. Lorsque mon regard croisa le sien, j’avais compris à ce moment, qu’il n’y avait pas de réelles victoires, lorsque l’adversaire n’est pas prêt. La bête sauvage marchait de long en large, poussant des grognements pour que je parte probablement. Par moments, elle secouait la tête en poussant de longs sifflements avec ses naseaux.
Reprenant mes esprits, mon regard devint plus intense, laissant derrière moi tout ce que je pouvais éprouver, cette peur qui m’animait et qui me donnait envie de plonger dans l’eau pour la retrouver… Pourquoi me rendait-elle aussi chèvre ? Je ne me reconnaissais plus, et cette fougue, qui vivait en moi, semblait disparaître, ou alors s’accroître ? C’était étrange, je ne comprenais plus ce que je pouvais ressentir à cet instant…
Cette rage nouvelle, qui n’est pas vraiment mauvaise, elle me procure quelque chose de nouveau, une adrénaline plus amère… Un rugissement retentit, le signal de ce nouveau combat, de ce nouvel affrontement amical ? Je ne savais pas si on pouvait le considérer comme tel, car l’on finissait à chaque fois plus blessé que le jour précédent. Mais parfois, j’avais l’impression de ressentir de la joie dans nos échanges. C’était devenu un rituel, et il semblerait qu’on prenait plaisir à se faire souffrir, comme pour se remettre dans le droit chemin. Qui peut savoir ?
Ma mâchoire transperça sa peau et inversement. Nos corps roulèrent dans la poussière, teintant ma pelisse pour me fondre dans la savane de Néthéril. Combien de temps cela dure ? Je ne saurais pas le dire, car pour moi, les secondes me faisaient mourir. Mais durant ce laps de temps, j’ai pu respirer de nouveau, sortir la tête de l’eau et oublier ce qui me faisait souffrir. Devant les autres, je gardais la tête haute, je ne devais pas faiblir, pour honorer ma famille. Pourtant, il était si bon de se lâcher, d’exprimer sa colère, ses craintes à cette créature, même si le silence reste roi entre nous, j’ai l’impression que nous communiquons à travers le sang et la sueur…
Notre matinée s’achève comme à chaque fois, je repars après l’avoir salué, et nous savons que dans un futur proche ce rituel recommencera. Un sourire s’affiche sur mes babines un faible sourire alors que je m’approche de l’océan. Cela ne la ramènera pas, mais depuis son départ, je prenais soin de m’y rendre pour contempler l’horizon, avec cet espoir de la voir débarquer. Mes pas me guident doucement, je sens de plus en plus l’air marin, cette odeur salée qui nous prend aux tripes. Elle s’engouffre dans mon pelage, me faisant frissonner.
Lorsque j’arrive, je m’agenouille instinctivement. Observant le bleu de l’eau qui reflète le soleil, poussant les nuages pour qu’ils brillent de mille feux. Mes prunelles se perdent dans ce paysage qui à chaque fois semble différent. A travers la clarté, j’ai l’impression que sa silhouette se dessine dans les nuages, qu’il se déplace pour former son portrait dans le ciel. Pourquoi es-tu partis ? Toi qui as su me dompter… Reviendras-tu un jour ma lumière ? Jour après jour, j’attends de pouvoir te serrer de nouveau contre moi et que nos cœurs ne fassent plus qu’un…