23 mai 1764.
" C'est l'aube. "
Je dressais la tête, lentement. Le gamin qui venait de parler, Ronan, s'était levé en direction du soleil levant. Dans sa main gauche, il tenait encore un linge maculé de sang. L'autre, propre, était posée sur sa hanche. Il était fatigué, en déduisis-je.
Gamin à mes yeux mais jeune homme à ceux des autres. Des blessés, des soldats, des civils. Un jeune humain, les yeux bruns, les cheveux blonds. Il s'y connaissait peu, mais faisait preuve d'un grand dévouement dans le secours aux blessés. Une aide qui ne pouvait se refuser. À mon tour, je me relevais donc. Mon dos protesta. La main droite autour de mon bâton, je m'en servais comme soutien. J'étais resté accroupi auprès des blessés bien trop longtemps.
À mon tour, je posais mon regard volcanique sur le soleil qui pointait lentement à l'horizon. Le ciel était teinté de rouge et d'orangé, de très belles couleurs. Cette beauté de la nature contrastait fortement avec le lieu où je me trouvais... Entourée de blessés et de morts.
" Vas te reposer. "
Ronan se tourna vers moi, l'air surpris. Quoi de plus normal, pensais-je alors. Je ne parlais pas beaucoup, préférant me murer dans le silence en dispensant mes soins. Parler était une distraction. Une perte de temps. Je fronçais les sourcils et cela suffit au jeune homme pour déguerpir. Il n'oublia pas de déposer le linge qu'il tenait avant. Je l'observais alors s'éloigner, la démarche incertaine. J'avais bien fait de le renvoyer. La fatigue causait des erreurs. Et nous ne pouvions pas nous le permettre.
Désormais seule, je laissais un léger soupir m'échapper. Je n'avais dormis que quelques heures, préférant mille fois ma tâche aux cauchemars que le sommeil me réservait, cruel. Comme Ronan, il aurait été plus sage d'arrêter, mais la simple idée de fermer les yeux me glaçait le sang. Et si ce n'était pas des cauchemars, mille questions me tenaient éveillées. Presque toutes se rapportaient à Siel. Mon tendre Siel. Penser à lui fit aussitôt naître en moi le chagrin. Je tremblais soudainement et tenta de réprimer les larmes qui ne demandaient qu'à s'échapper. J'y parvins, la lèvre inférieure tremblante, avant de me mettre à marcher. Marcher me faisait du bien. Toujours appuyée sur mon bâton, je parcourais les allées du camp. Un camp aux allures militaires, ou les plus graves blessés de la Bataille des Cendres recevaient encore des soins.
Je m'arrêtais à la lisière du campement. Derrière moi me parvenaient des sanglots, quelques gémissements. Des cris, aussi. Ce n'était pas le lieu le plus sympathique qui fut. Encore davantage dans l'état psychologique qui était le mien. Mais occuper mes mains était ce qu'il me fallait. Je n'aurais jamais supporté de tourner en rond. Sans doute comme Kyla était-elle même en train de le faire.
Je levais les yeux, appuyée de mes deux mains sur mon bâton. Face à moi, dans la lueur du nouveau jour, se dressait l'ombre de Sélénia. Une cité, en quelque sorte, encore fumante.
Mais soudain, un craquement sur ma gauche me fit baisser les yeux. Je tournais mon regard volcanique dans la direction du bruit, les cheveux au vent. Le soleil, encore en train de se lever, vint m'éblouir aussitôt. Je levais donc ma main gauche, la positionnant de façon à cacher l'astre levant. Malheureusement, malgré cela, la silhouette qui approchait m'apparut à contre-jour.
" C'est l'aube. "
Je dressais la tête, lentement. Le gamin qui venait de parler, Ronan, s'était levé en direction du soleil levant. Dans sa main gauche, il tenait encore un linge maculé de sang. L'autre, propre, était posée sur sa hanche. Il était fatigué, en déduisis-je.
Gamin à mes yeux mais jeune homme à ceux des autres. Des blessés, des soldats, des civils. Un jeune humain, les yeux bruns, les cheveux blonds. Il s'y connaissait peu, mais faisait preuve d'un grand dévouement dans le secours aux blessés. Une aide qui ne pouvait se refuser. À mon tour, je me relevais donc. Mon dos protesta. La main droite autour de mon bâton, je m'en servais comme soutien. J'étais resté accroupi auprès des blessés bien trop longtemps.
À mon tour, je posais mon regard volcanique sur le soleil qui pointait lentement à l'horizon. Le ciel était teinté de rouge et d'orangé, de très belles couleurs. Cette beauté de la nature contrastait fortement avec le lieu où je me trouvais... Entourée de blessés et de morts.
" Vas te reposer. "
Ronan se tourna vers moi, l'air surpris. Quoi de plus normal, pensais-je alors. Je ne parlais pas beaucoup, préférant me murer dans le silence en dispensant mes soins. Parler était une distraction. Une perte de temps. Je fronçais les sourcils et cela suffit au jeune homme pour déguerpir. Il n'oublia pas de déposer le linge qu'il tenait avant. Je l'observais alors s'éloigner, la démarche incertaine. J'avais bien fait de le renvoyer. La fatigue causait des erreurs. Et nous ne pouvions pas nous le permettre.
Désormais seule, je laissais un léger soupir m'échapper. Je n'avais dormis que quelques heures, préférant mille fois ma tâche aux cauchemars que le sommeil me réservait, cruel. Comme Ronan, il aurait été plus sage d'arrêter, mais la simple idée de fermer les yeux me glaçait le sang. Et si ce n'était pas des cauchemars, mille questions me tenaient éveillées. Presque toutes se rapportaient à Siel. Mon tendre Siel. Penser à lui fit aussitôt naître en moi le chagrin. Je tremblais soudainement et tenta de réprimer les larmes qui ne demandaient qu'à s'échapper. J'y parvins, la lèvre inférieure tremblante, avant de me mettre à marcher. Marcher me faisait du bien. Toujours appuyée sur mon bâton, je parcourais les allées du camp. Un camp aux allures militaires, ou les plus graves blessés de la Bataille des Cendres recevaient encore des soins.
Je m'arrêtais à la lisière du campement. Derrière moi me parvenaient des sanglots, quelques gémissements. Des cris, aussi. Ce n'était pas le lieu le plus sympathique qui fut. Encore davantage dans l'état psychologique qui était le mien. Mais occuper mes mains était ce qu'il me fallait. Je n'aurais jamais supporté de tourner en rond. Sans doute comme Kyla était-elle même en train de le faire.
Je levais les yeux, appuyée de mes deux mains sur mon bâton. Face à moi, dans la lueur du nouveau jour, se dressait l'ombre de Sélénia. Une cité, en quelque sorte, encore fumante.
Mais soudain, un craquement sur ma gauche me fit baisser les yeux. Je tournais mon regard volcanique dans la direction du bruit, les cheveux au vent. Le soleil, encore en train de se lever, vint m'éblouir aussitôt. Je levais donc ma main gauche, la positionnant de façon à cacher l'astre levant. Malheureusement, malgré cela, la silhouette qui approchait m'apparut à contre-jour.