Ici on est pas des têtards [PV - Rakesh]

9 Avril 1764

Voilà cinq jours que nous avions terminé d’affronter les couronnes. La veille, nous avons eu une réunion avec Sir Avente et d’autre créature avec qui nous avons affronté Lolupata. J’avais réussi à me reposer suffisamment, mais mon corps était encore courbaturé. Cependant, malgré les quelques douleurs, je ressentais un surplus d’énergie que j’avais besoin de dépenser. Était-ce à cause des évènements ? L’adrénaline ne cessait de couler dans mes veines à chaque fois que je pensais à ce qui s’était passé.

Dans quelques jours, deux ou trois, je retournerais dans la légion avec ma petite Rey. Mais actuellement, j’avais besoin de trouver quelque chose, ou alors, chasser quelque chose… C’est ça… J’avais besoin d’aller au-delà de mes limites… Jusqu’à ce que mes poumons sortent de mon corps !

Naviguant dans le domaine, il y avait encore des dégâts, peut-être mettre ma montée d’énergie, pour arranger un peu les dégâts et apporter mon aide. Il y avait tellement de chosee à faire, que je me perdais dans tout ceci.

Soufflant fortement, je commençais à prendre des rochers pour les jeter plus loin, continuant ainsi, car je ne savais pas vraiment ce que je pouvais faire actuellement. Je ne voulais pas trop m’éloigner de ma sœur de cœur… Elle qui est si fragile, j’avais déjà dû être loin d’elle, lorsqu’il y avait Lolupata, et je me suis sentis soulagée en la voyant saine et sauve. Je remerciais sans cesse les Esprits-Liés d’avoir pris soin d’elle.

Le soleil était à peine levé, que me voilà à jeter des cailloux dans tous le sens pour dégager le passage, ou je ne sais quoi. En réalité, je ne savais pas trop ce que je faisais, mais je le faisais avec une telle ardeur, que je riais de moi-même.

L’attaque des couronnes de cendre avait laissé le domaine dans un piteux état et si Rakesh se désolait de ne pas avoir pu assister à l’affrontement ni avoir l’occasion de rencontrer l’une d’entre elles, il n’en était pas moins heureux qu’il n’y ai pas plus de victimes. Depuis la fin des affrontements, il avait apporté son aide là où elle était nécessaire, passant d’un blessé à un autre, participant à l’effort général de reconstruction. Il ne disposait pas des compétences magiques de baptistrels capables de reconstruire ce qui avait été détruit avec une aisance déconcertante, mais il pouvait aider. Il ne se ménagea pas une seconde mais ce matin-là, après avoir passé une nuit complète au côté d’un blessé, il finit par se diriger vers l’extérieur. Tenant son bâton à la main, son inséparable sacoche battant sa hanche, il s’extirpa de la caverne mais alors qu’il s’apprêtait à gagner les étendues libres qui entouraient le domaine, un rocher s’écrasa à ses pieds, manquant de peu écraser l’un de ses précieux orteils.

La surprise arracha un miaulement surpris au voyageur qui fit un bond de côté, le poil soudain hérissé, ses quatre oreilles repliées vers l’arrière. Sa queue battant l’air d’exaspération, il se tourna vers l’origine de l’énorme rocher et ne fut guère surpris d’y retrouver Nyana Valthana en personne. Il l’avait connue toute petite, avait raconté des histoires à Rey pendant que la ténébreuse rôdait autour de la petite tente, refusant de s’adonner à de telles graärhonillages.

Irrité, le museau de Rakesh se replia légèrement tandis qu’il fixait Nyana, l’air blasé et vaguement agacé :

« Hey, Nyana, fais un peu attention, » l’interpella-t-il dans leur langue natale.

L’intégralité de son langage corporel exprimait irritation et il était toujours aisé de repérer la frayeur qu’il avait ressentie une seconde auparavant, visible avec son pelage toujours légèrement hérissé. Sa queue se balançant moins frénétiquement qu’une seconde plus tôt, il observa avec curiosité ce qu’elle faisait, là où elle se trouvait, et inclina la tête sur le côté, sa longue crinière parée de tresses ornées de perles glissant, les perles s’entrechoquant dans un petit concert de bois.

« T’as perdu quelque chose ? » s’enquit-il, perplexe.

Dernière édition par Rakesh Taradhish le Lun 20 Sep 2021 - 17:59, édité 1 fois

Alors que je continuais mon petit défi personnel, une voix attira mon attention. En relevant la tête je reconnu assez facilement le graärh, un souffle puissant et légèrement rancunier ce fait sentir. Roulant légèrement les yeux, je finis par poser ma pierre sur le sol, elle s’écrase lourdement, alors que je m’approche du mal plus âgé.

Je me souvenais que beaucoup de petit était à ses pattes pour écouter les histoires qu’il avait à raconter. Je me souvenais aussi, que je préférais défier mon jumeau, que ce soit à la course, jusqu’au défi les plus stupide, comme celui qui peux arracher le plus de poil… Encore maintenant, j’avais l’impression d’être un enfant devant le mal, qui montrer son ennui concernant ce que je faisais…

Mes oreilles se plaquèrent légèrement sur mon crâne, juste quelques instants, avant de reprendre leur place. Quelle idée de passer par ici en même temps… Il faut toujours que ça tombe sur moi ce genre de chose…

« Rakesh… Tu n’as pas changé depuis la dernière fois que je t’ai vue. »

Je m’approche encore un peu, puis m’arrête à quelques mètres, environ deux. Je pousse la pierre qui a failli lui exploser le crâne s’il avait fait un ou deux pas de plus. Grace aux esprits-liés, il ne lui était rien arrivé…

« Tu l’as échappé bel, on dirait. J’étais en pleine séance de musculation, après ce qui s’est passé, je me suis habitué à toute cette adrénaline, et ça me manque. »

Je pouvais presque rire a ce qui venait de se passait, mais j’essayais de rester neutre pour ne pas trop le vexer… Il fallait l’admettre, c’était assez drôle comme situation. Mon regard resté fixé sur le mâle qui avait failli finir avec des pattes palmées, et rien que l’image en tête, je ne pus me retenir de glousser légèrement. Moi qui suis si mature en temps normal, me voilà en train d’imaginer un graärh-chat…

Le souffle irrité de la femelle déclencha un sentiment d’hilarité chez Rakesh. Se retenant de rire ou même de sourire, il ne put malgré tout pas réprimer une légère inclinaison de ses babines, trahissant son amusement. Elle était si sérieuse, si déterminée, si pleine d’une attitude revancharde et impatiente. Il y avait comme un souffle de familiarité, un sentiment d’appartenance qui glissa dans le vent en même temps que l’irritation de Nyana.
Il ne réagit pas à l’expression peu agréable de ses oreilles, le graärh se contentant de garder ses propres oreilles très nettement orientées vers elle, ouvertes et calme, un sourire étirant toujours ses babines malgré l’expression peu amène qu’elle lui offrait.

A sa remarque, Rakesh haussa les épaules, désinvolte et peu concerné par sa remarque. Il aurait pu le prendre comme un reproche, peut-être même comme une insulte, il se rappelait bien du manque total d’intérêt qu’elle avait exprimé pour les histoires qu’il avait raconté. Cela ne l’avait jamais bien dérangé, ses mots étaient destinés à ceux que cela intéressait. Il partageait son souffle pour voir les yeux des graärhons s’arrondir de surprise ou de peur, il racontait pour les entendre s’extasier ou s’exclamer. Si Nyana n’y avait jamais ressenti le moindre intérêt, c’était son droit et il n’avait pas sa place pour la juger. Après tout, d’eux deux, elle était certainement celle qui se rapprochait le plus de l’idéal graärh. Ou tout du moins de ce que la légion attendait de chacun d’entre eux.

Il renifla, son regard tombant sur le rocher qui aurait bien pu lui atterrir sur le haut du crâne s’il avait eu moins de chance et il hocha la tête, sa crinière ornée de perles de bois cliquetant au geste :

« On peut dire ça je suppose... »

Rakesh secoua néanmoins la tête en la considérant avec attention à la suite de sa remarque. Elle était si pleine d’énergie et d’envie d’en découdre, d’avancer, de s’endurcir. Nyana n’avait pas changé, si ce n’était qu’elle avançait fermement sur le chemin qu’elle s’était tracé, le regard rivé vers son but. Il n’avait que peu d’intérêt pour devenir plus fort, satisfait dans le simple fait de vivre et de survivre de la façon qu’il l’avait choisi. Son but était d’en apprendre plus, d’en savoir plus… et de découvrir pourquoi son peuple avait choisi d’oublier pour se protéger.
Lorsque le regard de la femelle tomba néanmoins sur ses pattes - fort heureusement intactes, un son amusé échappa à la grognonne avant d’évoluer en un gloussement on ne peut plus réel. Incapable de se retenir, tout en n’oubliant pas qu’il avait bien failli finir dans la tente des blessés à son tour, cette fois de l’autre côté du miroir, il ricana à son tour.
Pourtant, alors que son regard retrouvait le rocher qui avait manqué l’aplatir, il reprit en levant vers elle un regard interrogateur :

« L’adrénaline te manque donc tu jettes des cailloux ? » s’enquit-il, perplexe.

Il n’était pas moqueur… juste réellement confus. Peut-être ressentait-elle autant de joie, au cœur d’un affrontement, que lui lorsqu’il crapahutait dans la poussière d’une vieille grotte oubliée. Cela le laissait quelque peu pensif puisque lui-même ne ressentait absolument aucun intérêt à combattre qui que ce soit, à moins qu’il ne s’agisse d’une bagarre amicale. Il avait participé à de nombreuses bagarres du genre avec Vindhyä. Peut-être que cela lui manquait mais il n’avait pas encore retrouvé, ni eu envie de retrouver, l’intimité qu’il avait partagé avec elle. Et puis, il fallait bien le dire, aucune femelle n’avait ressenti ce besoin non plus.

Dernière édition par Rakesh Taradhish le Lun 20 Sep 2021 - 17:59, édité 1 fois

Le regard posé sur le mâle, les oreilles légèrement courbées vers l'arrière du crâne devant l'amusement de Rakesh... Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines, augmentant ma température corporelle, et faisant légèrement gonfler mon poil... Je ne supportais pas ce genre de comportement, même s'il n'y avait rien de mal, et encore moins lorsque je ne parvenais pas à contrôler mes propres pulsions...

« Aurais-tu peur de te mesurer à moi Rakesh ? »

La question fut directe, mais j'en avais besoin, d'une part pour me sentir en vie, et d'autre part, parce que bien trop de choses tournaient dans mon esprit, que j'avais besoin de ma canaliser, d'oublier en faisant n'importe quoi... L'énergie cumulait était devenu une véritable bombe, tous mes sens était éveillé et en alerte maximale...

Le sang devait couler, encore un peu, fuir de mon corps pour m'apaiser et me calmer... Cela peut sembler suicidaire, voir même complètement stupide, mais pour ceux qui possédaient un sang aussi brûlant que le mien, c'est un besoin nécessaire, une liberté que l'on recherche pour fuir nos chaînes.

Alors Rakesh, accepteras-tu mon défi ? Ce n'est qu'une question de temps, et plus les secondes passes, plus je me sens monté en impatience... Ma queue balaye la poussière, la faisant s'incruster dans ma pelisse grisée, il ne manquait plus que je piétine sur place, mais cela n'était qu'une question de temps avant que cela n'arrive.

Je devais admettre, que plus, je l’observais, plus je me posais des questions, un grand nombre de notre espèce changé, oubliant ce que nous étions et ce que nous sommes, devenant des être bien trop doux et calme, sans vouloir verser le sang… Cela me rend triste de voir que notre peuple faibli de la sorte, et j’espérais pouvoir lui offrir un nouveau souffle avec de futurs guerriers pour nous protéger. Le sang ne cessera jamais de couler, c’est une vérité universelle et j’espérais pour lui, que son mode de vie lui permettra de survivre le plus longtemps possible…

La soudaine attitude belliqueuse de la graärh fit hausser un sourcil au grand mâle, incertain quant à ce qui avait bien pu déclencher une telle réaction chez Nyana. Son propre poil, instinctivement, se gonfla, sa crinière se hérissant sur sa nuque et sur le sommet de son crâne. Ses doigts se resserrèrent sur le bois de son bâton, son pouce caressant le matériau comme pour se rassurer par sa présence. Il n’était pas un bon combattant, ce n’était tellement pas sa spécialité, tellement pas ce qui l’intéressait, mais il était clair dans l’attitude de la femelle qu’elle cherchait ostensiblement l’affrontement, ne cherchait même pas à le cacher. Sa queue fouettait l’air, remuant le sable et la poussière, teintant sa fourrure de pâles couleurs, contrastant nettement.
Il tâcha de se détendre, son regard fixé sur elle, prudent et peu amène :

« Tu es bien présomptueuse, Nyana... » gronda-t-il à voix basse.

Il était plus grand qu’elle, plus large aussi, sa silhouette fine et délicate contrastait avec celle, épaisse de Rakesh. Il n’était pas sans savoir qu’il s’agissait là d’une impression trompeuse, il ne commettrait pas l’erreur de se laisser berner. D’autres avant lui étaient tombés dans le panneau et avaient eu bien du mal à s’en relever. Son temps dans la tribu remontait quelque peu mais il doutait qu’elle se soit ramollie, bien au contraire, à la voir pelleter les rochers pour se détendre, pour évacuer de l’adrénaline qu’elle ne pouvait exprimer autrement. Il était clair qu’elle avait poursuivi son chemin, droit devant, sans rien laisser entraver sa progression.
Rakesh s’était légèrement grandi, étoffé, comme pour l’impressionner, la faire reculer, lui faire reconsidérer sa soudaine attitude. Il n’était pas un combattant mais il avait eu à apprendre aussi et il n’avait pas survécu dans la nature, livré à lui-même, sans y laisser quelques touffes de poils et improviser pour éviter certaines situations dangereuses en intimidant plutôt qu’autre chose.

Il sembla se détendre soudain, abandonnant toute prétention d’intimidation au profit d’une attitude débonnaire et désinvolte qu’il accompagna d’un haussement d’épaules peu concerné, sa queue se déplaçant paresseusement :

« J’ai vu plus impressionnant que toi, p’tite. Si tu veux en découdre, tu peux juste le dire. »

Il ignorait encore tout à fait s’il l’accepterait, il ne se sentait guère d’humeur belliqueuse, moins encore d’en venir aux mains mais peut-être qu’un peu d’entraînement pour se remettre dans le bain ne lui ferait pas de mal. S’il savait pouvoir faire confiance à son bâton, il savait aussi que les dangers qui menaçaient l’archipel ne s’arrêteraient pas parce qu’il indiquait ne pas avoir envie de se battre. S’il devait tomber sur des pirates, il doutait fortement qu’ils passent leur chemin sous prétexte qu’il avait des tendances non-violentes plutôt prononcées pour un graärh.
Son regard bleuté se posa sur Nyana et il se demanda ce qu’elle pouvait bien penser de lui. Rien de bien folichon, à n’en pas douter, elle qui considérait l’honneur et l’affrontement comme parts entières de sa vie, comme plus important que sa propre vie. Peut-être ses pensées ressemblaient-elles aux autres, rien de bien surprenant après tout. C’était lui l’anormal, le bizarre, pas l’inverse.

Il tapota le sol du bout de son bâton, indécis.

Dernière édition par Rakesh Taradhish le Lun 20 Sep 2021 - 17:59, édité 1 fois

Le félin était sage, on ne pouvait pas lui reprocher ça, mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir défié devant cette sagesse… Probablement à cause de mon jeune âge, de mon impulsivité… J’ignorais complètement le pourquoi du comment, mais j’avais envie de le pousser dans ses retranchements, comme pour que nous redevenions des êtres primitifs, oubliant tout ce qui faisait de nous des être affaibli par le temps, revenir aux origines, parfois, c’est une nécessité pour ce souvenir de qui on est réellement…

Je m’approche encore un peu, fronçant des sourcils, remuant le museau, en soufflant bruyamment. Je savais qu’il tentait de me dissuader en gonflant son pelage, mais la brutalité me manquait bien trop, et je voulais aussi voir s’il avait plus de gras que de muscle… Une curiosité malsaine dirons-nous…

Mon corps s’arrête à une bonne distance du mâle, je le fixe dans les yeux, puis me baisse rapidement, pour faire tomber son bâton à l’aide de ma patte arrière. Prenant une position de défense, car je ne voulais pas qu’il trouve une excuse à la noix, comme quoi, je ne lui avais pas laissé le temps de réagir, ou de comprendre la situation. En même temps, je dois prendre soin de ses vieux os… C’est un peu vexant, mais il n’en saura jamais rien dans un sens…

Gardant une garde haute, observant chacun de ses mouvements, ma respiration se régule, s’affaiblir, en l’attente de la riposte du mâle. Je n’attendais que ça et par conséquent, je ne désirais pas attaquer, attendant patiemment, prête à riposter si j’en avais la capacité, ou alors me manger une belle correction et dans ce cas, je me ferais aussi petite qu’une souris… Ce serait vraiment honteux, mais revoir les bases pour lui, ça ne pouvait pas lui faire de mal, et moi cela m’amusera un peu.

« Montre-moi… »

Le grand mâle observa la plus jeune approcher, un air de défiance clair et évident sur son museau. Elle n’était peut-être pas belliqueuse et ne cherchait pas à le tuer ni à lui faire du mal, mais il était indéniable qu’elle n’avait pas l’intention d’en rester là. La queue de Rakesh battit l’air, partagé entre impatience et irritation. Elle voulait se battre pour prouver qu’elle en était capable, pour se débarrasser d’un trop plein d’énergie pour lequel elle ne trouvait aucun exutoire. Il voulait jouer et l’asticoter, rire et danser en l’embêtant du mieux qu’il pouvait.
D’un coup, pourtant, elle agit. Vive comme l’éclair, sa patte arrière frappa son bâton, lui arrachant des mains et l’envoyant voler dans les airs où il rebondit sur le sol de pierre. Boudeur, Rakesh fit la moue en regardant son précieux bâton rouler un peu plus loin et s’immobiliser. Il mémorisa l’emplacement, tâchant de son mieux de repérer des éléments essentiels comme la distance entre différents points pour s’assurer de le retrouver plus tard puis se tourna vers Nyana.

Ô la petite avait l’intention de lui en faire voir de toutes les couleurs, c’était une telle prétention de sa part. Il était clair qu’elle était plus forte mais il avait l’expérience pour lui. Le mâle ignorait depuis combien de temps elle avait été tenue éloignée de sa tribu mais il parcourait Néthéril et les îles depuis un petit moment maintenant, survivant dans un milieu hostile en ne se reposant que sur ses propres capacités. Qu’il s’agisse de tactiques élaborées ou de tromperies malicieuses, il s’en était tiré et il n’allait pas laisser une petite peste prétentieuse le titiller sans réagir.
Il entrouvrit la gueule sur une réplique cinglante en réponse à la provocation claire de la graärh, l’air peu amène et bien décidé à en découdre à son tour mais les mots moururent sur ses lèvres sombres. Ses pupilles s’écarquillèrent tandis que ses oreilles s’orientaient lentement vers l’arrière dans une position clairement inquiète et intimidée. Sa queue, auparavant remuant dans un mouvement de balancier impatient, ralentit lentement jusqu’à s’immobiliser complètement. Ses lèvres entrouvertes ne se refermèrent pas tandis que ses yeux se fixaient sur un point loin derrière Nyana. Il semblait suivre la menace du regard, son pelage s’épaississant à vue d’oeil.

« Nyana, attention ! »

Il attendit qu’elle esquive, qu’elle fasse le moindre geste, le moindre mouvement. Qu’elle le croit ou non, elle allait certainement essayer d’éviter. Par prudence, par méfiance, et même si elle restait en garde, il comptait bien sur une once de surprise.

Rakesh se jeta sur elle avec un rugissement qui se transforma en un gloussement de joie. Il allait se battre, à pattes nues, sans aucun doute, mais si elle avait l’intention de prendre l’échange au sérieux, ce ne serait certainement pas son cas à lui. Il en avait eu des échanges de pattes avec sa compagne à l’époque, à rouler dans la terre et à se mordre et se griffer pour jouer, à bondir et se tacler sans merci tout en grondant et grognant, les expressions guerrières s’achevant souvent sur un éclat de rire. Il jouerait avec elle, il en apprendrait certainement de Nyana qui se battait pour vivre, et peut-être qu’elle en apprendrait de lui. Mais s’ils allaient en venir aux pattes, il avait la ferme intention de s’éclater. Si elle tenait à prendre ça trop au sérieux, il ne l’en empêchait pas… et peut-être qu’il allait l’agacer, ce qui ne ferait qu’accentuer son propre amusement. Rakesh était un sale gosse, après tout, et il aimait aussi emmerder son monde une fois de temps en temps.

Dernière édition par Rakesh Taradhish le Lun 20 Sep 2021 - 17:58, édité 1 fois

Le félin me connaissait depuis mon enfance, bien qu’il soit disparu durant un moment, je n’avais pas changé depuis mon enfance, et lui non plus en un sens, l’on vieilli, s’assagit peut-être, mais l’on ne peut jamais vraiment changer… C’est dans nos gènes et rien ni personne ne peut nous rendre différents, c’est encré en nous…

Je pouvais lire dans ses gestes, lire dans son regard, tout comme il me comprenait par mes mouvements et ma respiration… Notre peuple, aussi écarté qu’il soit du monde moderne, une connexion vit en nous, une chose qui nous lit et qui ne peut s’éteindre…

Le canidé bicolore fait gonfler son poil, il montre sa supériorité au niveau de sa masse musculaire. Mais pourquoi trembler ? L’adrénaline, c’est ce qui nous prouve que nous sommes vivants, et quand bien même, je n’étais pas très proche de lui, je l’estimais tout de même, il a fait partie de ma tribu… Je sais ce que c’est que de voir des regards remplis de reproche et de dégoût, mais mon cœur et mon âme restera à tout jamais au sein de la tribu dorée…

Il s’élance, j’ai eu l’impression d’avoir vu un sourire fendre ses babines, mais ce n’est peut-être qu’une illusion. Le garal n’est pas un combattant, je doute qu’il prenne du plaisir à vraiment s’entraîner. Les plus jeunes, ceux qui sont trop petits pour comprendre la vie, et qui malgré tout, il joue pour s’endurcir, rendant leur pelage identique à celui du sable de notre terre si chaleureux. Je ne pense pas me tromper en pensant que le félin préférait s’amuser que vraiment s’entraîner, échanger des coups, pour apprendre de nos faiblesses et aiguiser nos sens.

Un léger ronronnement sort de ma gorge, il ne dura qu’un faible instant, mais assez longtemps pour que le mâle puisse l’entendre. J’esquive sa première attaque, puis riposte en prenant une position défensive, me reculant de quelques pas en me baissant légèrement, pour poser une patte avant sur le sol, ma queue s’enroule autour de ma patte arrière, les oreilles en arrière, le poil légèrement gonflé. Cela pouvait être qu’un simple échange et jamais je ne pourrais assez le remercier pour avoir accepté cet échange corporel.

La femelle ne se laissa pas berner, même pas pour un instant. Il entendit le bref ronronnement qu’elle émit alors qu’il s’élançait pour la déstabiliser et il sentit quelque chose se détendre dans sa poitrine. Nyana et lui ne seraient jamais pareils et ne partageraient probablement jamais beaucoup, ils étaient bien trop différents. Mais lui donner ce qu’elle demandait ne lui coûtait pas grand-chose - sinon quelques bleus - tant que la violence restait seulement de surface. La bagarre avec les graärhons était fréquente, c’était aussi bien un jeu qu’un apprentissage et il s’y pliait aussi souvent qu’ils le voulaient. Nyana était une adulte, à bien des égards, mais elle appréciait toujours autant de sortir les griffes et de feuler tout en roulant dans le sable pour un combat.

Elle repoussa son assaut sans difficulté, prenant aussitôt une posture défensive, le corps agile et prêt à se détendre dans une attaque fulgurante. Rakesh sourit malgré lui, une once de fierté pointant sous son appréhension légère. Il avait quelques compétences au combat à mains nues, souvent plus à l’aise à employer ses griffes que toute autre arme mais il s’en tenait souvent au bâton. Il risquait moins de blesser son adversaire s’il pouvait le tenir à distance et se contenter de lui taper dessus jusqu’à lui faire rebrousser chemin.
Nyana avait cependant exclu l’utilisation du bâton, aussi se positionna-t-il avec un soupir, plaçant ses pattes de façon à offrir une garde décente. Il rentra les griffes, cependant, hors de question de la blesser. Même par mégarde.

« Puisque tu veux jouer, jouons. »

Rakesh avait beaucoup de patience… pour ce qu’il voulait. L’aspect jeu de cet affrontement ne serait pas autant présent qu’avec un jeune graärh et il le regrettait déjà. Il lui ferait plaisir, indéniablement, mais il attendait avec impatience le moment où il pourrait s’étirer et se prélasser au soleil.
Les pattes ouvertes, prêtes à parer toute attaque venant de la femelle, il réduisit rapidement la distance qui les séparait et feinta d’un coup rapide de la patte gauche en direction de l’épaule de Nyana. Sa patte droite, cependant, fusa vers les côtes de la femelle, doigts repliés en un poing serré.