3 juin de l'an 1764
L'après-midi était bien entamé. L'air était chaud, voire suffoquant par moments. Le ciel était sans nuage et le soleil cognait dur sur le crâne des bipèdes qui s'affairaient au sein des différents chantiers de la ville. On entendait, partout, le bruit des marteaux, des burins et des scies. Il y avait quelques cris, aussi. Ceux des contremaîtres, des chefs de chantier ou des ouvriers. Les blessures étaient monnaie courante dans des travaux de cette envergure, mais là n'était pas la raison de ma venue en ces lieux.
Pour construire une si grande cité en si peu de temps, un coup de pouce de la magie était nécessaire. De nombreux mages, ceux qui savaient utiliser le flux de construction, avaient été conviés au sein de la cité en devenir pour user de leur talent. De ce groupe, je faisais partie.
Après avoir passé des semaines près de Portius Regius, à soigner les blessés, une nouvelle mission m'avait été confiée : venir prêter main forte à la construction de la nouvelle Sélénia. L'imbrûlée qui, à mes yeux, portait bien son nom.
J'avais donc quitté le camp et les tentes de soin pour un nouveau camp, au confort légèrement supérieur, mais toujours aussi sommaire. La tâche restait également semblable. Plutôt que de guérir des corps meurtris, il fallait faire jaillir de la terre des routes, des bâtiments ou des objets, selon le besoin. Cela demandait une manipulation extrêmement précise de la trame, tout comme c'était le cas pour des sorts de soin. J'appréciais donc tout autant l'exercice, qui avait la même faculté de me faire penser à autre chose. De plus, la présence de plusieurs mages était une aubaine pour apprendre de nouvelles choses. C'était avec plaisir que je questionnais, apprenais, essayais et recommençais sous les directives de mes pairs plus expérimentés.
" Excusez-moi, je cherche Vex'Hylia Aërendhyl. "
La voix m'était inconnue, mais qu'un humain me cherche spécifiquement au milieu du chantier était intriguant. Je pris, toutefois, le temps de terminer mon sort avant de m'approcher doucement.
" C'est moi. "
Laconique, je m'arrêtais à quelques pas de ce qui semblait être un messager. Ce dernier inspecta ma silhouette de bas en haut, me causant un profond inconfort. Imperceptiblement, je serrais ma prise sur mon bâton et rabattais les pans de ma cape sur mes épaules, masquant ainsi ma silhouette dans le tissu ample.
" J'ai un message pour vous. Tenez. "
De ses mains gantées de cuir, le messager extirpa un pli de la besace qu'il avait à la taille. Une lettre qu'il me présenta avec le sceau de cire vers le haut. Lorsqu'il le reconnut, ses yeux s'ouvrir en grand.
" Eh bien, vous avez des amis haut placés. "
Je fronçais les sourcils d'incompréhension et attirai vers moi, à l'aide d'un simple sort de télékinésie, la mystérieuse missive. Le papier, entre mes doigts, me sembla aussitôt d'une très bonne qualité. Quant au sceau, il était impossible de ne pas le reconnaître. C'était celui de l'Empereur. Je levais les yeux vers le messager, transperçant sa silhouette de mes prunelles volcaniques.
" Je ne saurais que vous conseiller d'éviter ce genre de commentaire à l'avenir. Il y a des oreilles partout, ainsi que des personnes mal intentionnées. "
Je plaçais le pli dans l'une des poches intérieures de ma cape, gardant son contenu scellé pour le moment. Quant au jeune messager, suite à ma rebuffade, ce dernier semblait particulièrement gêné, comme pris sur le fait après une terrible bêtise.
" Heu… Pardonnez-moi, ma dame. J-je m'en vais. "
Et au pas de course, qui plus est, une main sur sa besace pour ne pas en perdre le précieux contenu. Je le regardais s'éloigner un instant puis, en sentant la rigidité de la lettre contre ma poitrine, m'éloignais à mon tour du chantier. Je cherchais de l'ombre quelques minutes, mais surtout un endroit tranquille compte tenu de l'agitation alentour. Cet endroit trouvé, je m'asseyais simplement sur un petit muret et sortais la lettre. J'en brisais le sceau avec assurance et, après avoir vérifié les environs d'un coup d'œil, commençais ma lecture.
Les mots étaient clairs contrairement à la raison de la convocation de l'Empereur. Ce mystère me fit froncer les sourcils, mais qui étais-je pour en questionner ainsi les raisons ? S'il s'agissait d'un entretien au sujet important, il était logique de ne pas s'étendre dans une lettre délivrée par un messager, au cas où celle-ci tomberait dans de mauvaises mains. Le rendez-vous était fixé à la fin de journée, au palais impérial. Ce qui me laissait le temps de prendre un bain pour me débarrasser de la poussière et de la saleté du chantier.
Le bain m'avait fait un bien fou, de même que passer des vêtements propres. Une tresse à quatre brins tombait sur mon épaule, surmontée par la tiare de ma mère et ses bois si particuliers. Pour une rare fois, j'avais décidé de me séparer de ma cape ainsi que de mon bâton. De toute façon, il y avait fort à parier que mon bâton, considéré comme une arme, ait été interdit au sein du palais. Quant à la cape, la chaleur était suffisamment agréable pour ne pas en avoir besoin. Il ne restait donc qu'une tunique elfique pour couvrir mon corps, aux accents principaux bordeaux mais rehaussé de touches de cuir marron, dont un corset.
La missive de l'Empereur était soigneusement pliée et rangée entre les pans de ma tunique, de telle sorte que je fus en mesure de la sortir le moment venu. Sans elle, impossible d'entrer comme cela au sein du palais.
L'imposant bâtiment était l'un des seuls à avoir été terminé, avec les quelques villas alentour des gens haut placé. J'en montais les marches rapidement, levant le nez vers le ciel pour en admirer l'architecture. Ma progression fut arrêtée devenant les larges portes par plusieurs gardes, à qui je montrais la missive de l'Empereur ainsi que son sceau de cire brisé. Les portes du palais impérial s'ouvrirent d'elles même, me sembla t-il, alors que les gardes en faction me gratifiaient d'un "Dame Aërendhyl" qui sonnait agréablement à mes oreilles.
Une succession de visages s'offrirent à moi pour me guider jusqu'au lieu où l'Empereur allait me recevoir. Et plus ce moment se rapprochait, plus je sentais mon anxiété croître. Finalement, une dernière porte s'ouvrit face à moi et on m'invita à entrer, l'Empereur n'allant guère tarder à me rejoindre.
L'après-midi était bien entamé. L'air était chaud, voire suffoquant par moments. Le ciel était sans nuage et le soleil cognait dur sur le crâne des bipèdes qui s'affairaient au sein des différents chantiers de la ville. On entendait, partout, le bruit des marteaux, des burins et des scies. Il y avait quelques cris, aussi. Ceux des contremaîtres, des chefs de chantier ou des ouvriers. Les blessures étaient monnaie courante dans des travaux de cette envergure, mais là n'était pas la raison de ma venue en ces lieux.
Pour construire une si grande cité en si peu de temps, un coup de pouce de la magie était nécessaire. De nombreux mages, ceux qui savaient utiliser le flux de construction, avaient été conviés au sein de la cité en devenir pour user de leur talent. De ce groupe, je faisais partie.
Après avoir passé des semaines près de Portius Regius, à soigner les blessés, une nouvelle mission m'avait été confiée : venir prêter main forte à la construction de la nouvelle Sélénia. L'imbrûlée qui, à mes yeux, portait bien son nom.
J'avais donc quitté le camp et les tentes de soin pour un nouveau camp, au confort légèrement supérieur, mais toujours aussi sommaire. La tâche restait également semblable. Plutôt que de guérir des corps meurtris, il fallait faire jaillir de la terre des routes, des bâtiments ou des objets, selon le besoin. Cela demandait une manipulation extrêmement précise de la trame, tout comme c'était le cas pour des sorts de soin. J'appréciais donc tout autant l'exercice, qui avait la même faculté de me faire penser à autre chose. De plus, la présence de plusieurs mages était une aubaine pour apprendre de nouvelles choses. C'était avec plaisir que je questionnais, apprenais, essayais et recommençais sous les directives de mes pairs plus expérimentés.
" Excusez-moi, je cherche Vex'Hylia Aërendhyl. "
La voix m'était inconnue, mais qu'un humain me cherche spécifiquement au milieu du chantier était intriguant. Je pris, toutefois, le temps de terminer mon sort avant de m'approcher doucement.
" C'est moi. "
Laconique, je m'arrêtais à quelques pas de ce qui semblait être un messager. Ce dernier inspecta ma silhouette de bas en haut, me causant un profond inconfort. Imperceptiblement, je serrais ma prise sur mon bâton et rabattais les pans de ma cape sur mes épaules, masquant ainsi ma silhouette dans le tissu ample.
" J'ai un message pour vous. Tenez. "
De ses mains gantées de cuir, le messager extirpa un pli de la besace qu'il avait à la taille. Une lettre qu'il me présenta avec le sceau de cire vers le haut. Lorsqu'il le reconnut, ses yeux s'ouvrir en grand.
" Eh bien, vous avez des amis haut placés. "
Je fronçais les sourcils d'incompréhension et attirai vers moi, à l'aide d'un simple sort de télékinésie, la mystérieuse missive. Le papier, entre mes doigts, me sembla aussitôt d'une très bonne qualité. Quant au sceau, il était impossible de ne pas le reconnaître. C'était celui de l'Empereur. Je levais les yeux vers le messager, transperçant sa silhouette de mes prunelles volcaniques.
" Je ne saurais que vous conseiller d'éviter ce genre de commentaire à l'avenir. Il y a des oreilles partout, ainsi que des personnes mal intentionnées. "
Je plaçais le pli dans l'une des poches intérieures de ma cape, gardant son contenu scellé pour le moment. Quant au jeune messager, suite à ma rebuffade, ce dernier semblait particulièrement gêné, comme pris sur le fait après une terrible bêtise.
" Heu… Pardonnez-moi, ma dame. J-je m'en vais. "
Et au pas de course, qui plus est, une main sur sa besace pour ne pas en perdre le précieux contenu. Je le regardais s'éloigner un instant puis, en sentant la rigidité de la lettre contre ma poitrine, m'éloignais à mon tour du chantier. Je cherchais de l'ombre quelques minutes, mais surtout un endroit tranquille compte tenu de l'agitation alentour. Cet endroit trouvé, je m'asseyais simplement sur un petit muret et sortais la lettre. J'en brisais le sceau avec assurance et, après avoir vérifié les environs d'un coup d'œil, commençais ma lecture.
Les mots étaient clairs contrairement à la raison de la convocation de l'Empereur. Ce mystère me fit froncer les sourcils, mais qui étais-je pour en questionner ainsi les raisons ? S'il s'agissait d'un entretien au sujet important, il était logique de ne pas s'étendre dans une lettre délivrée par un messager, au cas où celle-ci tomberait dans de mauvaises mains. Le rendez-vous était fixé à la fin de journée, au palais impérial. Ce qui me laissait le temps de prendre un bain pour me débarrasser de la poussière et de la saleté du chantier.
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Le bain m'avait fait un bien fou, de même que passer des vêtements propres. Une tresse à quatre brins tombait sur mon épaule, surmontée par la tiare de ma mère et ses bois si particuliers. Pour une rare fois, j'avais décidé de me séparer de ma cape ainsi que de mon bâton. De toute façon, il y avait fort à parier que mon bâton, considéré comme une arme, ait été interdit au sein du palais. Quant à la cape, la chaleur était suffisamment agréable pour ne pas en avoir besoin. Il ne restait donc qu'une tunique elfique pour couvrir mon corps, aux accents principaux bordeaux mais rehaussé de touches de cuir marron, dont un corset.
La missive de l'Empereur était soigneusement pliée et rangée entre les pans de ma tunique, de telle sorte que je fus en mesure de la sortir le moment venu. Sans elle, impossible d'entrer comme cela au sein du palais.
L'imposant bâtiment était l'un des seuls à avoir été terminé, avec les quelques villas alentour des gens haut placé. J'en montais les marches rapidement, levant le nez vers le ciel pour en admirer l'architecture. Ma progression fut arrêtée devenant les larges portes par plusieurs gardes, à qui je montrais la missive de l'Empereur ainsi que son sceau de cire brisé. Les portes du palais impérial s'ouvrirent d'elles même, me sembla t-il, alors que les gardes en faction me gratifiaient d'un "Dame Aërendhyl" qui sonnait agréablement à mes oreilles.
Une succession de visages s'offrirent à moi pour me guider jusqu'au lieu où l'Empereur allait me recevoir. Et plus ce moment se rapprochait, plus je sentais mon anxiété croître. Finalement, une dernière porte s'ouvrit face à moi et on m'invita à entrer, l'Empereur n'allant guère tarder à me rejoindre.