7 Juin 1764
Voilà bien deux bonnes semaines que j'étais arrivée à Caladon et vivais avec les Espérancieux. Jamais je n'aurais pu imaginer meilleur accueil venant de la grande famille aussi soudée qu'était celle de Belethar. Je me plaisais grandement à découvrir comment pouvait vivre une telle famille humaine et non pas cette fois-ci au fin fond d'une cuisine à l'odeur d'herbe et de sucre mêlées. Comme promis, je racontais pour mon plus grand plaisir des histoires aux jeunes enfants de la maison. Ces mêmes histoires qui m'avaient bercées plus jeune. On m'accordait souvent des cours improvisés pour perfectionner mon langage de la langue commune et mon accent s'améliorait avec. J'écrivais aussi. Un peu laborieusement mais je notais tout de même une amélioration au fil des jours. J'assistais avec joie au repas de famille et comme je n'aurais pu l'espérer, la gêne des premiers jours s'étaient envolées aussi facilement que les Espérancieux m'avaient accepté parmi eux.
Bien que tout ceci était éphémère, j'en savourais chaque seconde et notais de bien mignonnes anecdotes dans mon petit carnet de voyage. Cette vie là apaisait un peu mes tourments dû à ma décision de quitter Nyana et Néthéril tout entière. Bientôt, je repartirais par de nouveaux chemins en direction de Cordont la Chue ou j'espérais trouver quelques réponses à mes multiples questions. Je ne cachais plus mon ambition ni ma hâte quant à ce qui m'attendait. Encore fallait-il que quelque chose m'attende à l'arrivé. Mais passons les tourments pour une fois.
Aujourd'hui, je m'étais presque réveillée en sursaut face aux retrouvailles qui m'attendaient. L'expression était sans doute démesurée mais je n'avais pu que lâcher une simple larme de bonheur lorsque les jeunes mariés et aussi les deux personnes à qui je devais ma liberté m'avait convié à les rejoindre dans la demeure de Dame Falkire. Dame Avente ? Par les Esprits comment cela se passait-il donc pour les formalités ? « Reynagane, se n'est pas l'heure pour se renverser l'esprit. » C'était un véritable honneur de me rendre chez la femme aux cheveux de feu et son jeune époux au regard perçant.
Si j'avais hâte de les revoir, je gardais une certaine appréhension au fond de moi. Celle-ci grandissait d'ailleurs alors que mes pattes enrubannées foulaient les pavés des ruelles de Caladon. Une épaisse capuche sur la tête, je ne me sentais encore peu à l'aise dans cette ville qui faisait remonter en moi des milliers de souvenirs que je croyais disparut en l'espace de quelques lunes. Alors que je me dirigeais vers le lieu ou j'étais conviée, je prenais de temps à autres un recul brusque sur ma situation. Qu'est-ce que je faisais là, encore, à marcher dans Caladon ? Cette même ville qui m'avait tant fait souffrir. La gräarh qui avait eu cette rage et cette peur en s'échappant de la cité avait-elle entièrement disparut ? Comment avais-je pu si rapidement changer ma vision des choses ? C'était presque... Impensable. Et pourtant.
Le bruit de sabots sur le sol me réveilla et je reprenais alors conscience de milieu qui m'entourait. Levant les yeux pour observer autour de moi, je reconnaissais bel et bien ce lieu. Pas étonnant, j'avais emprunté cette route tellement de fois pour descendre au marché.
Les griffes crispées sur le tissu qui recouvrait ma tête, je reprenais un pas rapide. La tempête lorsque j'étais arrivée en ville paraissait bien loin alors qu'un ciel bleu impeccable s'étalait au dessus de la ville.
Au tournant d'une ruelle, je reconnaissais la grande et belle demeure de Dame Falkire. Et son jardin. Surtout son jardin, pensais-je en échappant un petit sourire tout en revoyant Nyana dans la nuit escalader une grille ou bien encore me pousser fortement dans l'un de ces multiples buissons.
J'arrivais enfin sur le palier de la porte, je soufflais un coup en enlevant doucement ma capuche et alors que j'allais frapper mes doigts frappèrent le vide. Je redressais mes oreilles surprise pour apercevoir une jeune femme qui ne parut pas le moins du monde surprise de voir une gräarh à la porte.
- Bonjour, je... je suis...
- Shäa Reynagane c'est bien cela ? Je vous en prie, entrez.
Tout sourire, l'humaine s'écarta pour me laisser entrer timidement dans la demeure que je reconnaissais néanmoins. Les moustaches frémissantes légèrement de bonheur face à cet accueil, cette même jeune femme me débarrassa de ma grande cape avant de me demander de patienter quelques instants dans une pièce voisine. Je préférais rester debout sous peine de paraître malpolie tandis que mon cœur s'accélérait tant j'avais hâte de revoir mes amis. Riant en silence, ma parole, je considérais la plupart de mon entourage comme des amis, mais c'était peut-être ça la clé de bien des maux.
Bien que tout ceci était éphémère, j'en savourais chaque seconde et notais de bien mignonnes anecdotes dans mon petit carnet de voyage. Cette vie là apaisait un peu mes tourments dû à ma décision de quitter Nyana et Néthéril tout entière. Bientôt, je repartirais par de nouveaux chemins en direction de Cordont la Chue ou j'espérais trouver quelques réponses à mes multiples questions. Je ne cachais plus mon ambition ni ma hâte quant à ce qui m'attendait. Encore fallait-il que quelque chose m'attende à l'arrivé. Mais passons les tourments pour une fois.
Aujourd'hui, je m'étais presque réveillée en sursaut face aux retrouvailles qui m'attendaient. L'expression était sans doute démesurée mais je n'avais pu que lâcher une simple larme de bonheur lorsque les jeunes mariés et aussi les deux personnes à qui je devais ma liberté m'avait convié à les rejoindre dans la demeure de Dame Falkire. Dame Avente ? Par les Esprits comment cela se passait-il donc pour les formalités ? « Reynagane, se n'est pas l'heure pour se renverser l'esprit. » C'était un véritable honneur de me rendre chez la femme aux cheveux de feu et son jeune époux au regard perçant.
Si j'avais hâte de les revoir, je gardais une certaine appréhension au fond de moi. Celle-ci grandissait d'ailleurs alors que mes pattes enrubannées foulaient les pavés des ruelles de Caladon. Une épaisse capuche sur la tête, je ne me sentais encore peu à l'aise dans cette ville qui faisait remonter en moi des milliers de souvenirs que je croyais disparut en l'espace de quelques lunes. Alors que je me dirigeais vers le lieu ou j'étais conviée, je prenais de temps à autres un recul brusque sur ma situation. Qu'est-ce que je faisais là, encore, à marcher dans Caladon ? Cette même ville qui m'avait tant fait souffrir. La gräarh qui avait eu cette rage et cette peur en s'échappant de la cité avait-elle entièrement disparut ? Comment avais-je pu si rapidement changer ma vision des choses ? C'était presque... Impensable. Et pourtant.
Le bruit de sabots sur le sol me réveilla et je reprenais alors conscience de milieu qui m'entourait. Levant les yeux pour observer autour de moi, je reconnaissais bel et bien ce lieu. Pas étonnant, j'avais emprunté cette route tellement de fois pour descendre au marché.
Les griffes crispées sur le tissu qui recouvrait ma tête, je reprenais un pas rapide. La tempête lorsque j'étais arrivée en ville paraissait bien loin alors qu'un ciel bleu impeccable s'étalait au dessus de la ville.
Au tournant d'une ruelle, je reconnaissais la grande et belle demeure de Dame Falkire. Et son jardin. Surtout son jardin, pensais-je en échappant un petit sourire tout en revoyant Nyana dans la nuit escalader une grille ou bien encore me pousser fortement dans l'un de ces multiples buissons.
J'arrivais enfin sur le palier de la porte, je soufflais un coup en enlevant doucement ma capuche et alors que j'allais frapper mes doigts frappèrent le vide. Je redressais mes oreilles surprise pour apercevoir une jeune femme qui ne parut pas le moins du monde surprise de voir une gräarh à la porte.
- Bonjour, je... je suis...
- Shäa Reynagane c'est bien cela ? Je vous en prie, entrez.
Tout sourire, l'humaine s'écarta pour me laisser entrer timidement dans la demeure que je reconnaissais néanmoins. Les moustaches frémissantes légèrement de bonheur face à cet accueil, cette même jeune femme me débarrassa de ma grande cape avant de me demander de patienter quelques instants dans une pièce voisine. Je préférais rester debout sous peine de paraître malpolie tandis que mon cœur s'accélérait tant j'avais hâte de revoir mes amis. Riant en silence, ma parole, je considérais la plupart de mon entourage comme des amis, mais c'était peut-être ça la clé de bien des maux.