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descriptionRencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara] EmptyRencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara]

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18 juillet 1764
Entre Sélénia l'Imbrûlée et Portus Regius - demeure de Vex'Hylia

La journée était belle et s’était annoncée ensoleillée dès que le soleil s’était levé, dévoilant un ciel d’un bleu uniforme, parcouru de nuages blancs cotonneux et paresseux. L’air sentait bon l’été et il y avait indéniablement quelque chose de joyeux au sujet de ce jour-là en particulier. Les derniers jours avaient été particuliers, à commencer par le retour depuis Merhaagen à cheval, avec bien plus de compagnons qu’il n’en avait eu à l’aller. Avara, Vex et lui s’étaient séparés aux portes de la cité. Le voyage leur avait permis de discuter et de s’entretenir sur bien des sujets, que ce soit leur expérience dans le petit village à proximité de Délimar et tout ce que cela pouvait et avait impliqué, ce qu’ils avaient découverts et ce qu’ils avaient vécu. Pendant quelques jours, l’elfe avait été notamment incapable de rester à proximité du campement lorsqu’il fallait faire cuire la moindre viande, l’odeur lui soulevant l’estomac et la vue lui rappelant désormais divers souvenirs. Les restes calcinés du garde se superposaient désormais à Morneflamme et ce qu’il y avait vu et subi. Il avait eu bien moins de mal à supporter la vue des restes déchirés du couple, probablement parce que s’il n’avait aucun goût pour la viande, il était néanmoins habitué à la côtoyer, ne serait-ce que pour nourrir les prédateurs. A commencer par Faronlyss. Lequel les suivit à bonne distance bien qu’avec une attitude plus que revêche. Ce qu’ils avaient accompli, tous les deux, durant l’affrontement contre les Rôdeurs n’était pas passé inaperçu et si les humains gardaient une distance respectable de sécurité, ils faisaient désormais confiance à Sorel pour contrôler le fenrisulfr suffisamment bien pour garantir leur sécurité.
Durant le trajet, Vex, Avara et lui s’étaient également entretenus sur une possible rencontre une fois arrivés à Sélénia. Ils avaient la ferme intention de se reposer, un calme bien mérité après l’agitation folle qu’ils avaient connus près de Délimar puis de se retrouver, l’esprit plus clair. Deux jours après leur arrivée, c’était aujourd’hui et si l’elfe devait être honnête, il l’avait attendu avec une patience toute relative.

Debout avec le soleil tel un enfant impatient, Sorel s’était préparé dans une tenue adaptée pour ses prochaines activités. La boutique n’ouvrirait pas avant quelques temps. Il avait une avance considérable sur la journée mais il saurait en faire bon usage.
Suivant une routine bien installée, il s’occupa de ses animaux, les nourrissant et les brossant en cas de besoin, jouant avec eux tout du long. Au moyen d’une pelote de laine, d’un bouchon quelconque, d’un petit caillou ou de la surface réfléchissante d’un objet brillant pour faire courir les petits rats et le Snö, entre autres. Une fois satisfait de l’installation de ses compagnons, l’elfe retourna à l’intérieur et se lava consciencieusement les mains, un fin sourire étirant ses lèvres tandis que quelques souvenirs remontaient à la surface. Il commença à débarrasser le plan de travail et à préparer ce dont il allait avoir besoin, l’excitation lui donnant comme des ailes. Il virevolta d’un endroit à un autre, oubliant la moitié des éléments et devant revenir les chercher dans un gloussement amusé.

Tania arriva une heure avant l’ouverture de la boutique et le rejoignit. Le spectacle qui l’accueillit lui arracha un éclat de rire, l’hilarité claire sur son visage en forme de coeur. Rapidement, sans attendre la moindre demande de sa part, elle lui apporta son aide et mit la main à la pâte également, s’impliquant dans son projet sans une once d’hésitation et avec un enthousiasme qu’elle ne chercha pas à cacher. A deux, ils terminèrent rapidement et parvinrent même à faire plus qu’il n’avait prévu.
Une fois satisfait de ses préparations, Sorel rejoignit sa chambre pour sélectionner une tenue plus adaptée. Il hésita un moment avant de se décider pour une chemise simple couleur crème légère, une veste longue verte ceintrée à la taille et marquée par une ceinture d’un vert plus foncé. Le pantalon, marron, était fonctionnel et confortable et se terminait dans des bottes d’équitation faites sur mesure. Il ajouta son inséparable cape et, satisfait de l’effet, s’assura qu’il n’y avait aucun faux-pli avant de se diriger vers la sortie. Il récupéra ses effets dans un baluchon qu’il tint précautionneusement avant de se rendre dans l’arrière-cou. Là, il prépara Järn. Il se rappelait précisément des indications de Vex pour se rendre chez elle, lieu de rendez-vous pour retrouver ses camarades.

Laissant la boutique aux bons soins de Tanial, Sorel se mit en route, tenant toujours son précieux fardeau avec précaution et naviguant l’étalon dans les rues de la ville. Pour l’heure, tout était calme et il n’eut à faire face à aucune affluence et pu se diriger sans difficulté. Il quitta l’enceinte de ce qui s’appelait désormais Portus Regius et prit la direction de la maison de la saînuur, s’engageant sur le petit chemin comme tracé pour guider les éventuels visiteurs jusqu’à elle.
Il avait compté sur le temps de trajet et arriva un petit moment avant l’heure prévue, arrivant en vue du grand arbre qu’elle lui avait décrit à une allure tranquille. Ce qui lui laissa tout loisir de détailler du regard l’architecture indéniablement elfique qui s’était formée à même l’écorce. Une maison comme si l’arbre lui-même avait décidé d’abriter des âmes, s’y tordant, s’étendant, s’étirant comme de la pâte à modeler selon la volonté de l’architecte responsable. Les lèvres entrouvertes sur un “oh”, les yeux brillants d'émerveillement, Sorel guida Järn avec les genoux, orientant son corps pour accompagner sa monture vers la maison dans l’arbre. Un rire enfla dans sa poitrine qu’il laissa échapper dans un gloussement silencieux, les sabots de l’étalon ne faisant aucun bruit sur l’herbe grasse et verte qui tapissait les lieux. Incapable de retenir un large sourire, comme un enfant qui aurait fait une blague et tentant vainement de garder son sérieux, il prévint Järn qu’il allait parler fort pour ne pas le surprendre. Lorsqu’il prit la parole, sa voix était suffisamment haute pour qu’un elfe puisse l’entendre sans qu’il n’ait à crier :

« Vex ! » Il y avait une indéniable trace de joie et d’amusement dans la voix du jeune elfe au moins autant que d’excitation à l’idée de pouvoir monter tout là-haut, de voir l’horizon mais aussi de pouvoir courir sur la structure de bois. Il était heureux qu’il se tienne sur le dos de Järn, autrement il aurait été en train de trépigner d’impatience. « J’apporte une offrande mais j’espère qu’il y a un escalier pour monter, autrement je crains qu’elle n’arrive dans un piètre état. »

Il regarda autour de lui, les immensités vertes et libres qui entouraient la maison de la saînnur et se demanda si, peut-être, cela ne lui conviendrait pas mieux ? Il avait si longtemps vécu avec les humains qu’il n’envisageait rien d’autre que leurs maisons, leurs bâtisses, comme lieu de vie pour lui. Mais peut-être qu’il pouvait envisager quelque chose comme cela à la place… Peut-être en plus grand pour permettre à ses compagnons de le rejoindre ? Soudain, l’image de Snö ou d’un des rats glissant sur la rambarde et tombant dans le vide d’une telle hauteur lui traversa l’esprit et il se ravisa. A moins que la maison ne soit bien plus basse que celle-ci. A une hauteur plus… modérée.

« Et je me demande où je vais bien pouvoir laisser Järn... » marmonna-t-il avec un regard à la ronde.

Encore qu’il avait assez confiance en lui-même pour songer à simplement retirer le harnachement de l’étalon et le laisser rôder dans les parages. Un sifflement de sa part suffirait à l’appeler tant que l’animal restait suffisamment proche pour pouvoir l’entendre. Le connaissant, il n’avait donc pas grand chose à craindre.

descriptionRencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara] EmptyRe: Rencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara]

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J'ouvrais un œil paresseux, puis un second, et les refermais aussitôt. La journée s'annonçait belle, comme en témoignaient les rayons du soleil. Ils me caressaient le visage, réchauffant mon être tout entier, en passant au travers d'une vitre tout en évitant agilement le fin voilage qui m'offrait d'habitude un peu d'intimité. Je soupirais d'aise, tendant le cou pour m'offrir à la délicieuse caresse tout en repoussant la fine couverture qui me couvrait alors au pied du lit. J'en étais certaine, les veinules cuivrées qui couvraient mes bras, mes épaules et ma nuque luisaient légèrement sous la lumière du matin.
Je m'étirais comme un chat, tendant les bras derrière moi, pliants les doigts de pied, puis me laissais retomber mollement sur le couchage, ramenant mon bras droit au travers de mon buste dénudé. J'en sentais les formes poindre et me tournais sur le flanc droit, me recroquevillant en observant la place vide à mes côtés. Je soupirais longuement en observant le second oreiller.

Était-ce le fol espoir de retrouver Siel qui m'avait fait concevoir un lit aussi grand, pouvant aisément nous accueillir tous les deux ? Je fermais les yeux un instant, tentant de me remémorer la caresse de ses mains sur ma peau. J'en étais incapable. Tout comme j'avais de plus en plus de difficulté à me remémorer le son de sa voix ou la fragrance de son parfum. Cette dure constatation me fit rouvrir les yeux et me lever d'un bond, comme si ce lit était soudainement devenu aussi brûlant que les braises d'un feu mourant.

Mourant... Comme mon coeur depuis de longs mois. Plus encore depuis l'annonce de l'Empereur. Je savais Siel en vie, en quelque sorte. Mais sans souvenir de moi, de nous. Ou même de sa fille ou de sa vie passée. Le néant. Et je n'étais pas prête, pas encore, à affronter ce néant, au risque de m'y perdre également. En cela, ma dernière aventure au petit village de Merhaagen avait été un remède contre mes plus sombres pensées. M'occuper l'esprit était encore la meilleure chose à faire pour ne pas être avalé par la noirceur.

*
**
Me laver et m'apprêter chassèrent mes sombres pensées. J'étais désormais focalisé sur la journée qui m'attendait ainsi que sur la visite que j'allais recevoir. De Merhaagen, je ramenais une nouvelle amitié, moi qui étais d'ordinaire un loup solitaire. Un jeune elfe, Sorel, qui me faisait parfois penser à ma propre fille. Sans doute, s'entendraient-ils, d'ailleurs, s'ils arrivaient à se croiser. Et, il y avait Avara. Devenue une femme forte, douée. Et belle, me dis-je en ajustant ma propre tenue. Plus une enfant, cela était certain.

Pour elle, j'avais d'ailleurs une surprise. Un cadeau, si elle le voulait, qui se trouvait posé sur ma table de chevet depuis quelques jours. Un onguent que j'avais confectionné moi-même, guidé par l'esprit du raton laveur. La petite boite en fer, tout ce qu'il y avait de plus simple, renfermait la médecine pouvant guérir, j'en étais certaine, son œil aveugle. Je comptais bel et bien lui offrir aujourd'hui. Ce qu'elle allait en faire ensuite ne dépendait que d'elle.

Face à mon miroir, je terminais de tresser ma longue chevelure. Une tresse en épis, à quatre brins, qui retombait lâchement sur mon épaule droite, ainsi que plusieurs autres petites tresses ornaient de petits anneaux finement travaillés. Les ondulations naturelles de mes cheveux y apportaient un certain volume. Si je n'allais pas à la cours de l'empereur, je recevais tout de même sa nièce.

Quant à ma tenue, il s'agissait avant tout d'un pantalon marron et, par-dessus celui-ci, une légère tunique verte. Légère à la fois par l'étoffe, mais également par la portion de peau laissait à découverte. Les veinules qui parcouraient mes bras, mes épaules ainsi que mon cou étaient clairement affichées, se mêlant aux taches de rousseur qui constellaient ma peau depuis toujours. Le tout n'était pas sans rappeler les arbres qui entouraient ma demeure. Puis, la chose étant courante lorsque j'étais chez-moi, je restais pieds nus. Il n'y avait rien de plus agréable que fouler la terre sans la moindre chaussure. La caresse de l'herbe et le contact avec le bois me rappelait sans cesse mes jeunes années, ravivant de délicieux souvenirs.

Apprêté, je quittais enfin ma chambre, refermant délicatement la porte derrière moi.

La petite mezzanine était partiellement éclairée. Au-dessus de ma tête, percée dans le plafond cathédrale, un puits de lumière laissait filtrer les rayons du soleil. Ceux-là, encore timides, se perdaient dans les poutres apparentes qui soutenaient la charpente. Face à moi, je posais la main droite sur la barrière de racines noueuses qui me séparait du salon, en contrebas, et laissait les doigts de mon autre main caresser les feuilles de lierres et de vignes qui descendaient du plafond. Je me penchais ensuite au-dessus de la rembarde, posant mon regard sur le petit bassin en contrebas dans lequel terminaient les feuilles suspendues.

Un léger sourire étira mes lèvres et je descendais de la mezzanine en empruntant l'escalier à ma droite, celui-là formant une courbe délicate en suivant le tracé du mur extérieur.

La pièce principale était un salon bordé de large fenêtre. L'une d'elles était un vitrail enfin terminé. Du sol au plafond, on retrouvait ce même bois clair, typique des arbres alentours. Les seules touches de couleur provenaient donc du mobilier, lui aussi confectionné par ma magie. Du bleu, du marron, du vert et du orange, par touches délicates, habillaient ainsi ma demeure. Sous la mezzanine, où se trouvait l'unique chambre, j'avais pris soin de placer une bibliothèque. Elle prenait toute la largeur du mur et deux fauteuils attendaient d'accueillir d'avides lecteurs. Les rayonnages, quant à eux, c'était garni avec le temps, mais de nombreux étagères étaient encore vides. J'étais certaine, toutefois, que cette bibliothèque allait plaire à Avara, que je savais être une avide lectrice.

Je pris le temps de boire un thé, assise sur la balançoire qui trônait au milieu du salon. Un élément qui pouvait être jugé enfantin, mais qui me plaisait particulièrement. Les cordes de chanvres qui retenait la simple planche de bois se perdait parmi les poutres. Ma tasse fumante à la main, je me balançais doucement au rythme des battements de mon propre cœur, perdue dans mes pensées.

*
**

Ce n'est que plusieurs heures plus tard que je sortais à l'extérieur, foulant la terrasse qui faisait le tour de la maison. Perché si haut dans les arbres, j'avais cette sensation de pouvoir disparaître à tout instant parmi les feuillages qui s'agitaient mollement plusieurs mètres au-dessus de ma tête, portés par le vent chaud de l'été.

« Vex ! »

L'Éclat de voix, venant du contrebas, me fit me pencher par-dessus la balustrade, mes doigts fermement enroulés autour des racines noueuses. La chevelure rousse de Sorel se détachait parmi les arbres tandis qu'il avançait sur sa monture.

« J’apporte une offrande mais j’espère qu’il y a un escalier pour monter, autrement, je crains qu’elle n’arrive dans un piètre état. »

Cette fois, je riais franchement en me redressant. L'escalier qui permettait de monter s'enroulait autour du tronc qui soutenait ma maison, il n'y avait qu'à l'emprunter pour grimper jusqu'ici en toute sécurité. J'en descendais quelques marches pour que Sorel m'aperçoive et soit capable de me rejoindre.

« Grimpe, je t'en prie. Indril, ma jument, ne doit pas être très loin. Tu peux le laisser paître en toute tranquillité si ce n'est pas un fuyard. » lui dis-je en faisant référence à sa propre monture, un bel étalon.

Je regagnais les hauteurs, laissant le jeune homme me rejoindre tranquillement.

« Je suis heureuse de te revoir. As-tu fait bonne route ? »

Juste à côté de la porte d'entrée, une table ainsi que trois chaises attendaient sagement d'être utilisés. J'y avais déposé une théière fumante, trois tasses ainsi qu'une petite boite, remplie de délicieux biscuits elfiques. Ceux-là même que j'avais servis à Messire Avente lorsqu'il était venu.

« Veux-tu boire quelque chose en attendant Avara ? J'ai fait du thé et des biscuits. »

Hop, la 'tite tenue de Vex :

descriptionRencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara] EmptyRe: Rencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara]

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La crinière flamboyante de Vex fit une soudaine apparition, en contraste clair comme en plein jour sous la canopée verdoyante qui lui offrait un fond d’une beauté naturelle qui lui donnait l’impression qu’une fleur s’enroulait autour de son coeur et s’épanouissait. Son dernier passage chez les elfes devait dater d’un peu trop longtemps, ou peut-être qu’il avait oublié, les deux univers étaient si diamétralement opposés qu’il avait du mal à réconcilier les deux. Et pourtant la maison de Vex se tenait là, à deux pas d’une cité humaine, petit bout du monde elfique, comme une pièce de puzzle s’accrochant à une œuvre inattendue mais y trouvant tout naturellement sa place.
Son interpellation avait au moins eu le bénéfice d’attirer l’attention de la saînuur mais lorsqu’il poursuivi son dialogue, il l’entendit éclater de rire et la fleur prit de l’ampleur, s’épanouissant comme une paire d’ailes qui s’enroulèrent autour de son coeur, douces et délicates, apaisantes comme seule la compagnie de personnes positives pouvaient en créer.

Il hocha la tête rapidement et descendit de selle, tenant avec précaution son précieux fardeau qu’il posa au pied de l’arbre avant de rejoindre Järn.

« Ca devrait aller, il a plutôt l’habitude de rester autour, » indiqua-t-il avant d’entreprendre de retirer le harnachement que portait l’étalon, profitant de l’occasion pour lui administrer quelques gratouilles bien méritées. A l’attention du mâle, il poursuivit tout bas : « Si tu te comportes bien, je saurais me montrer reconnaissant. »

Järn releva la tête, son nez velouté entrant en contact avec la joue du jeune elfe. Si ce dernier ne s’était pas reculé légèrement à la dernière seconde, le contact aurait été un peu plus dur et percutant, mais c’était ça aussi, avoir une relation avec Järn. L’amour vache, l’attention de tous les instants et un jeu peut-être un petit peu dangereux. Sorel tira légèrement sur une mèche de crin en représailles avant de guider sa monture vers l’étendue herbeuse qui entourait le grand arbre et le laissa s’éloigner tranquillement. Il resta un moment immobile au pied de l’arbre, observant la silhouette sombre et élégante de son ami avant de se pencher et de récupérer son paquet pour grimper l’escalier qui s’enroulait autour du tronc.
Il prit son temps, remerciant les huit pour l’endurance naturelle des elfes qui rendit l’expérience moins douloureuse que s’il avait été humain. Sorel n’était pas un grand sportif, ce n’était pas non plus un combattant expérimenté ni quelqu’un qui entretenait une forme physique irréprochable. L’entretien courant de ses animaux et ses fréquentes excursions dans la nature, en revanche, lui permettaient d’entretenir une forme correcte voire satisfaisante.

Parvenu sur la terrasse qui entourait le tronc, offrant une base confortable à la bâtisse, il offrit un large sourire à l’elfe et hésita un instant. Il se dandina d’un pied sur l’autre, à la fois ravi d’être accueilli de la sorte. Le thé fumant lui donnait envie de se pelotonner dans une des chaises, de peut-être quémander une couverture pour s’y enrouler, les gâteaux lui donnaient envie de grignoter… c’était si confortable et agréable, il en aurait presque pleuré.

« La joie est partagée ! » Il déposa doucement son fardeau sur l’assise d’une des trois chaises, se tourna vers Vex et reprit avec un petit sourire : « Le trajet s’est bien déroulé, Järn n’a tenté de mordre que deux personnes et demi et j’ai trouvé sans difficultés grâce à tes indications. »

L’air un petit peu gêné, une infime lueur d’espoir brillant dans ses yeux, il ouvrit les bras avec un rien d’hésitation dans une claire invitation pour un câlin qui pouvait, pourtant, être interprétée différemment comme un simple geste englobant les environs immédiats:

« Je prendrais volontiers du thé et des gâteaux, je meurs de faim ! »

Il avait possiblement oublié de manger avant de partir, tout occupé à ses préparations et à la perspective de revoir ses deux amies. Si Vex refusait le câlin, il n’en prendrait pas ombrage même s’il apprécierait clairement l’occasion, lui qui était si tactile et qui se retenait fréquemment d’imposer cela aux autres en gardant ses mains pour lui autant que possible.
Avara ne tarderait probablement pas, encore que si elle tentait de semer ses éventuels gardes, il était possible que cela lui prenne quelque temps.

descriptionRencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara] EmptyRe: Rencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara]

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C'est par un air marin déjà chaud que Avara de Havremont fut réveillée ce matin là. Ou plutôt le touché d'un simple baiser sur son front avant d'entendre une porte se refermer peu de temps après. Une seconde. Puis une autre avant que son regard mauvais se pose vers le voile transparent qui dansait au gré du vent au bord de la fenêtre. La jeune femme se tournait dans l'autre sens en poussant un gémissement digne d'une NON Dame avant de comprendre. La fraîcheur du matelas à ses côtés l'interpellèrent pour lui faire enfin lever le nez de son coussin tandis que de son œil flou elle comprenait que son époux venait de partir.

La veille, elle avait dû être présente dans leur demeure à Portus Regius pour un grand repas entourés de d'une multitude de personnes importantes dans les hautes lignes commerciales ou seul Marcus avait des connaissances digne de ce nom à ce sujet.

La vie d'Avara ne s'était pas arrêté depuis plusieurs mois déjà et chaque nuit lui semblait devenir de plus en plus courte. Il n'y avait pas à dire, il y avait eu ses recherches à Délimar, puis cette histoire des plus étrange à Meerhagen avant sa promotion de capitaine. Il y avait une chose à être simplement la nièce de l'Empereur, noble et femme du monde, mais il en était une autre d'être nièce de l'Empereur et capitaine Sélénien. Cela c'était d'ailleurs fait bien sentir au fil du repas de la veille. Là ou les hommes d'habitude vaquaient à leurs occupations et bavardages peu intéressant pour Avara, il y avait hier eu de plaisant changements : des regards discrets, curieux et bien évidemment respectueux. Enfin la jeune femme commençait à avancer dans le sens qu'elle et elle seule souhaitait.
Elle revoyait encore la tête de sa mère et de ses sœurs à son retour de Délimar. Dommage qu'il n'y ait pas eu une peintre pour y faire un jolie portrait de ces visages ; Avara se serait fait un malin plaisir à les encadrer.

Sans perdre une minute, Avara sortit du lit pour se précipiter vers la porte de la chambre et y descendre les premières marches pour apercevoir en contre-bas Marcus sur le palier de la porte.

- Tu ne m'as pas réveillé articula t'elle en lui lançant un regard noir.

Le jeune homme fit volte-face doucement pour la regarder un long moment sans rien dire.

Avara pinça ses lèvres en commençant déjà à tapoter de ses doigts la rambarde de l'escalier. Ils se connaissaient depuis qu'ils étaient enfants et tout le monde était d'accord pour dire qu'il n'y avait jamais eu un véritable amour entre eux deux. À vrai dire, c'était un mariage arrangé comme tous et Marcus et Avara était étonnement très similaires dans leur façon de pensée. Alors pourquoi cela n'avait jamais fonctionnait ? Sûrement parce qu'il y avait mariage « arrangé » dans l'histoire.  Surtout que la jeune femme était chanceuse d'avoir eut un homme presque du même âge qu'elle et plutôt beau garçon, mais quand bien même. Le fait de ne pas pouvoir avoir d'enfant avait aussi eu sa part de malaise et encore une fois, son époux ne l'avait lâcher. En même temps, nièce de l'Empereur il y a de quoi faire quelques sacrifices...

- Tu as besoin de dormir Avara. Mais j'aurais dû, pardonne-moi.

Elle était une enfant. Une enfant qui n'oserait jamais dire à ce moment précis la tristesse qui l'envahissait malgré le fait qu'il n'y ai pas d'amour à véritablement parlé entre eux. Car si ils s'étaient revus quelques jours, Marcus s'en allait pour un long et périlleux voyage vers Néthéril sur des lignes de commerces attaquaient bien trop souvent par des pirates. Si Avara avait une passion secrète pour cette faction, elle savait aussi qu'il y avait des « bons » et des mauvais pirates. Elle ne sentait déjà pas ce voyage étrange mais encore moins en sachant que Marcus partait pour plus d'un mois sur les mers.
La jeune femme encore pied nus descendit l'escalier avant de s'agripper au cou de son époux pour une dernière étreinte au goût étrange.

- Malgré... enfin tu sais. Tu as intérêt à revenir en un seul morceau.

C'est avec un léger sourire sur le visage de Marcus qu'Avara le quitta des yeux. De nouveau seule dans la grande demeure, la jeune femme se perdit des minutes interminables dans une réflexion debout au milieu de la pièce en petit robe de nuit. Mais le soleil était déjà haut dans le ciel et le cri d'une mouette dehors l'a réveilla brutalement de ses rêveries. Le soleil. Déjà haut dans le ciel. Par les sept ! C'était une journée encore bien chargé aujourd'hui, mais :

- Arrête de te morfondre pauvre fille !

Et c'est ainsi qu'Avara grimpa les marches deux à deux un sourire bien plus rayonnant que celui d'il y a quelques minutes. Oh, elle pouvait encore rester une enfant pour aujourd'hui vu qu'elle retrouvait ses plus grands amis.

***

Le bruit des sabots sur le chemin sec résonnait alors que le petit groupe s'éloignait de la ville. Pour être honnête, Avara avait un peu oublié l'heure exacte du rendez-vous. Elle espérait en tout cas ne pas être en retard.

Faisant une petite grattouille sur l'encolure de Philane, Avara ne se gêna pas pour regarder tour à tour les gardes qui l'escortait jusqu'à la demeure de Vex'Hylia. Est-ce que cette garde rapproché était insupportable ? Oui. Est-ce qu'elle avait l'habitude ? Mais bien sûr ! Est-ce que son rang de capitaine surpassait le fait d'être de la famille impériale ? Pas du tout. Quel échec.  Enfin bon. Ce n'étaient pas de mauvais bougres et ils aimaient au moins faire d'amusante course à cheval ce qui n'était pas désagréable pour la blonde. En parlant de cheval, c'était la première fois qu'elle grimpait sur cette petite jument alezane et son pas énergique avait fini de réveiller Avara.

Les minutes s'écoulèrent encore pendant un temps interminable avant que la maison de son amie ne pointe le bout de... sa branche ?
Une bourrasque balaya ses longs cheveux et ses deux longues tresses alors qu'elle relevait le menton pour voir le mieux possible la demeure de Vex dans un majestueux arbre.

Il ne lui fallut pas longtemps pour voir que Järn broutait déjà en compagnie d'Indril et Avara prit tout de suite une mine boudeuse. Voilà qu'elle était en retard. C'était sûr. Mais alors c'était sûr ! Bravo, elle pouvait être fière, super.

Prenant le trot pour arriver plus vite, Avara sentait malgré elle, l'excitation monter rapidement en sachant qu'elle allait bientôt revoir Sorel et Vex. En sachant en plus le fond de cette réunion. Hiii elle avait hâte. Mais pour l'heure, elle était en retard.

Bien plus proche maintenant, Avara distingua alors deux silhouette sur une terrasse perchée et elle ne pu s'empêcher de balancer son bras, avec grâce et délicatesse, évidemment.

- Comment ça, c'est déjà l'heure du thé ? S'exclama t'elle enfin à porté de voix avec une mine brillante sur le visage. Je suis absolument confuse, j'espère ne pas vous avoir fait trop attendre, déclara t'elle ensuite en descendant de cheval tandis que les gardes faisaient de même. Et bonjour. Oui c'est bien de dire bonjour ajouta t'elle doucement à elle-même.

Avara laissa soin aux gardes de se débrouiller avec les montures et dû si prendre à deux fois pour ne pas faire monter tout le monde là-haut.

Enlevant ses gants blancs avant de se diriger vers le grand escalier qui entourait le tronc, Avara était incroyablement stupéfaite par l'architecture de la demeure. Certes, elle avait vécu longtemps avec les Elfes mais revoir une maison pareille dans un endroit un peu perdu valait le détour.

- Sorel, j'espère pour toi que tu n'as pas encore ramener une bestiole étrange là-haut le taquina t'elle, un peu sérieuse quand même. Je peux me joindre à vous ?

Étrange question et bien inutile puisque la blonde avait déjà commençait à monter les premières marches en essayant de reprendre un faciès neutre, mais... avec de tels personnes à ses côtés et une telle annonce qui les attendaient, la chose devenait bien vite difficile.

descriptionRencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara] EmptyRe: Rencontre au sommet (des arbres) [PV Vex & Avara]

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J'offris un sourire au jeune Elfe, l'invitant d'un geste à s'approcher de la table. À s'y asseoir confortablement en attendant notre amie commune. Et quel était cet objet que transportait le jeune homme ? Un fardeau précieux étant donné le soin qu'il mettait à le transporter, puis à le poser sur l'une des trois chaises libres. Ma curiosité était piquée au vif, mais j'étais bien trop gênée pour lui demander ce que c'était. J'allais finir par le savoir tôt ou tard, sinon à quoi bon emporter cela avec lui ? À moins que Sorel eut dans l'idée d'aller ailleurs après notre rendez-vous.

Je riais, une main devant mes lèvres, en imaginant Järn essayer de mordre quelques passants. Quel animal au caractère de cochon, songeais-je alors. Puis je le vis ouvrir les bras, englobant les environs. Mon propre regard se tourna vers la frondaison. Il était vrai que cet endroit était beau, me rappelant à de nombreux souvenirs.

« C'est une invitation à une étreinte, pas à regarder le ciel. »

Je sursautais à l'entente de cette voix si soudaine, sortie de nul part. Un soupire, dans mon dos, me fit brièvement tourner la tête. Elle était encore là, avec sa chevelure sombre, ses yeux améthyste et sa tenue guerrière. Une invitée non désirée qui, j'en étais certaine, se plaisait à me faire peur de la sorte. Je lui lançais un regard noir, oubliant l'espace d'un instant le respect que j'avais pour la princesse elfique dont le fantôme me hantait. Celle-ci haussa un sourcil, peu impressionné, et indiqua Sorel du menton.

Tout cela n'avait duré qu'un instant. Sentant le regard d'Orfraie Ataliel dans mon dos, je m'approchais de Sorel et l'étreignis, accédant ainsi à sa demande implicite. Je n'avais jamais été une grande adepte de ce genre contact avec des personnes que je connaissais depuis peu de temps, mais, finalement, ce n'était pas si terrible. C'était même agréable. Et je n'avais pas envie de blesser Sorel, il était si gentil.

Je quittais l'étreinte, faisant un pas en arrière. Mon fantôme ne fit aucun commentaire, mais un sourire satisfait flottait sur ses lèvres. Elle s'était assise sur la troisième chaise libre, juste à côté de moi. Et la vision de sa silhouette éthérée me fit frissonner. La journée avait pourtant bien commencé, sans elle dans les parages. C'était un exercice difficile d'ignorer sa présence. Ou en tout cas, de ne rien laisser paraître. Mais la princesse était sympathique et évitait de trop s'imposer lorsque je n'étais pas seule. Elle n'avait jamais été quelqu'un de méchant de son vivant, alors pourquoi l'être dans la... non mort ? Parcequ'elle n'était pas morte. Pas encore. C'était elle, de sa propre bouche, qui m'avait expliqué où elle se trouvait et dans quel état. J'avais fini par déduire que temps qu'elle serait dans la glace, l'Ataliel allait avoir la capacité à me visiter de la sorte. Je pouvais toujours retirer l'anneau à mon doigt, mais l'idée m'effleurait à peine l'esprit. Je m'étais habitué à sa présence et il me rappelait mon tendre époux.

Et, en toute honnêteté, sa puissance était satisfaisante. C'était agréable à sentir.

« Assis toi, je t'en prie. »

Je nous servais le thé, jetant un coup d'œil à mon fantôme qui n'avait pas bougé d'un poil. Son regard croisa le mien et je détournais les yeux, mal à l'aise. Je préférais me concentrer sur le thé, afin de ne pas en mettre partout.

« Et voilà. Avara ne devrait pas tarder. Enfin, je l'espère. »

Et comme pour me donner raison, j'entendis au loin les bruits de sabots frappant le sol meuble. Je me penchais par-dessus la rambarde, une main sur les racines noueuse, pour apercevoir le sol en contrebas. C'était bien Avara, qui nous saluait de loin. Toute en retenue, je lui offrais un petit signe de main, souriante, avant de me redresser.

« Point d'attente, Votre Altesse. » répondis-je d'un air taquin, alors qu'elle m'était pied à terre.

J'avisais sa garde en fronçant le sourcils. Je ne tenais pas à voir ces hommes monter ici. J'avais invité mes deux amis dans mon intimité, mais pas eux. Avara dut lire dans mes pensées, car elle délaissa ses gardiens au pied de l'escalier et en gravit les marches seule.

« Évidement. Monte. » répondis-je à sa question, disparaissant de sa vue en contrebas. Je rejoignis de nouveau Sorel tandis que Avara montait les nombreuses marches qui la séparaient de ses amis. « Je t'ai servi du thé. Et il y a des gâteaux. »

Je m'approchais de la troisième chaise, sur laquelle mon fantôme personnel était assise. Je fronçais les sourcils en croisant son regard, espérant silencieusement que celle-ci se lève pour me laisser la place. Mais, trop lente à réagir à mon goût - et parce que regarder une chaise vide devait être vraiment bizarre d'un point de vue extérieur - je m'asseyais sur ses genoux. La silhouette éthérée disparue aussitôt pour réapparaître à quelques pas, les bras croisés, un sourcil haussé.

« Vraiment ? »

Je l'ignorais du mieux possible, mon regard posé sur Avara qui s'approchait.

« Tu as fait bonne route ? J'avais imaginé que tu aurais semé tes gardes. Ceux-là sont plus coriaces que d'habitude ? » lui demandais-je, une lueur amusée au fond des yeux. « Je sais que nous avons beaucoup à parler, » je me raclais la gorge. « Mais il y a quelque chose que j'aimerais te donner en premier lieux, si tu le veux bien. »

Je tendis la main et saisis, sur la table, une petite fiole. Cette même fiole qui s'était trouvée dans ma chambre pendant plusieurs jours.

« Je suis un spirite du raton-laveur, » commençais-je en croisant le regard de Sorel. Avara devait se souvenir de cette information, mais l'elfe ne le savait sans doute pas. « J'ai confectionné ce baume pour toi, » expliquais-je en me tournant de nouveau vers la blonde. « Tu peux l'utiliser maintenant... ou le garder pour un autre jour. Si tu l'appliques sur la paupière close de ton œil aveugle... Tu devrais recouvrer la vue. » expliquais-je sans détour. « J'ai récemment acquis un glyphe qui m'a permis d'accroître les pouvoirs de mon esprit-lié et de concevoir ce soin. Sans cela, j'en aurais été incapable. Raison pour laquelle je te l'offre qu'aujourd'hui. »

Je lui offrais également un sourire et fis glisser la petite bouteille vers la blonde, attendant sa réponse.

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Sorel ne put retenir un sourire de fière satisfaction, à l’image d’un gosse qui aurait réussi à faire rire une grande personne ou une personne importante pour lui, lorsque Vex dissimula son hilarité derrière sa main. Järn était un étalon au caractère bien trempé qui ne manquait pas de rendre la vie de l’elfe pleine de piment - parfois lorsqu’il n’en avait vraiment pas besoin - et lui offrait souvent l’occasion de détendre une situation critique. Ou de l’empirer, selon l’interlocuteur.
Un peu hésitant, il poursuivit en offrant, à demi-mot, un câlin à Vex en espérant que l’ancienne elfe accepterait mais prêt à n’en rien faire. Il l’observait sous ses cils roux, partagé entré insécurité, espoir et résignation lorsqu’il la vit sursauter soudain. Venait-elle de réaliser ce qu’il proposait et cela venait de la piquer ? Une supposition qui se vit momentanément contredite lorsqu’elle tourna légèrement la tête, son regard se perdant quelque part derrière elle. Interloqué, Sorel la détailla du regard, ses bras retombant lentement le long de ses flancs. Elle ne cherchait pas la fronde des arbres, ne scrutait pas les branches ni les environs, son regard était fixé sur quelque chose de bien précis. Quelque chose situé à quelques pas d’elle, définitivement pas juste à côté mais pas non plus à une grande distance.

Sorel avait été un espion, pour un temps, l’était toujours techniquement. L’était à l’instant présent, songea-t-il avec un pincement au cœur. Discrètement, il glissa prudemment son pied légèrement sur le côté, s’assurant de ne pas gratter le sol ni faire le moindre bruit. Il déplaça son poids d’un pied sur l’autre, parvenant à gagner quelques maigres centimètres pour le déplacer d’un endroit à un autre. Juste assez pour, peut-être, entrevoir ce qui avait ainsi fait sursauter la sainnûr. Rien. Ce qui l’avait sursauté, ce n’était rien. De l’air, du vent, des troncs d’arbres et des feuilles. Lorsque Vex releva enfin les yeux vers lui, à peine quelques battements de coeur après son sursaut, la mage de guerre réduisit la distance qui les séparait et le serra contre elle. Le pincement au coeur de l’elfe se transforma en un déchirement et il regretta amèrement d’être plus grand que Vex. Lui qui aurait voulu se blottir contre elle, fourrer son nez dans son cou et l’enlacer jusqu’à se sentir en sécurité, il se retrouva à poser sa joue contre le haut du crâne de Vex, fermant les yeux pour apprécier la sensation. Les bras fins et graciles de la mage enroulés autour de lui, les quelques mèches de cheveux échappés de sa natte lui chatouillant le nez, son parfum délicat et familier. Lorsqu’elle fit mine de s’éloigner, Sorel l’étreignit brièvement un peu plus fort, juste à peine, avant de la relâcher et de s’écarter avec un petit sourire en coin, reconnaissant. Masquant la soudaine lame qui s’était glissé entre ses côtes pour lui chatouiller le coeur.

Il était resté à Sélénia parce qu’il pensait pouvoir apporter des informations, une aide, à son père. Parce que même si sa couverture était malmenée, il pouvait encore rattraper les choses, recoller les pots cassés et recoudre les éventuels trous. Il y avait également le fait qu’il avait construit sa vie ici, plus qu’il n’avait eu le temps de le faire où que ce soit ailleurs jusqu’à présent. Il avait tissé des liens, plus profonds qu’il ne l’avait estimé. Lui qui pensait avoir un contrôle parfait sur ses relations pour que celles-ci ne dépassent jamais une certaine limite. La limite qui le forcerait à faire un choix auquel il ne voulait jamais être confronté, la limite entre quitter les lieux sans un regard en arrière avec un arrière-goût triste et désagréable mais gérable. Plus le temps passait, plus il se demandait s’il ne l’avait pas dépassée, cette limite. Et si c’était le cas, il était en présence d’une des personnes vers qui il avait fait le pas de trop. S’il n’y en avait qu’un seul.
Repoussant sans grande efficacité cette ligne de pensée là, il s’assit à la place qu’elle lui indiqua et enroula presque aussitot ses mains autour de la tasse dans lequel elle versait du thé. Il scrutait le visage de l’elfe et vit son regard se diriger brièvement dans une direction avant de revenir à sa tâche. Il ne prit pas le risque de regarder dans cette direction, se contentant de baisser les yeux vers sa tasse désormais remplie de liquide chaud. Il caressa du pouce la texture du récipient, laissant la chaleur se diffuser dans ses doigts, dans la paume de ses mains jusque dans ses avant-bras. Il avait soudain envie de rentrer et de se pelotonner devant sa cheminée et de se morfondre un peu, ou peut-être d’aller jouer dans la nature avec les animaux, de fourrer son nez dans le poil d’un cerf ou d’un autre animal.

Il hocha silencieusement la tête à la constatation de Vex indiquant qu’Avara arriverait probablement bien assez tôt. A croire que la troupe qui les rejoignait n’attendait que cela pour débarquer car à peine le voeu de la sainuûr échappait ses lèvres que le tambour battant d’une troupe au trot parvenait à leurs oreilles.
L’elfe et sa compagne relevèrent la tête. Abandonnant sa tasse de thé à regret mais son cœur, quoique toujours chatouillé par une aiguille traîtresse, se sentit pousser des ailes à l’idée de retrouver l’humaine. Un grand sourire fendit son visage tandis qu’il se pressait contre la rambarde à côté de Vex. Là où elle se contenta d’un petit geste de la main, toute en élégante retenue et distinction, Sorel oublia tout en la matière. Se dressant sur la pointe des pieds - ce dont il n’avait absolument pas besoin du haut de son mètre quatre-vingt dix - il agita le bras en l’air à l’attention de la blonde qui trottait dans leur direction. L’exclamation d’Avara trancha l’air, un rien plus forte que nécessaire pour leurs oreilles d’elfes mais tout aussi bienvenue. Il laissa l’allégresse d’être en compagnie de ses amies le gagner, s’en servit pour faire battre en retraite le nuage sombre du doute, leur lumière repoussant son ombre.

« Avara ! » s’écria-t-il, juste assez fort pour être entendu d’Avara sans pour autant assourdir la pauvre Vex à côté de lui.

Alors que la nièce de l’empereur descendait de cheval et retenait ses gardes, les empêchant de la suivre dans les escaliers, il se pencha un peu vers la sainuûr, un drôle de sourire retors aux lèvres et murmura à son intention :

« Je suppose que si un fenrisulfr venait à surgir et à les faire déguerpir, ou  à les manger, cela ne ferait que me jeter dans les ennuis jusqu’au cou ? » lâcha-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Il posa un coude sur la rambarde et posa son menton dans la paume de sa main, son regard traînant sur la troupe qui avait suivi Avara jusque là. Il ne les détestait pas, à proprement parler. Mais l’expression d’Avara indiquait clairement qu’elle n’était guère satisfaite de se voir suivie de la sorte, même s’il s’agissait du lot d’une personne de son rang. Par moment, il se surprenait à n’avoir aucune hésitation à faire disparaître quelqu’un si cette personne devait peindre une teinte peu agréable sur un tableau qu’il appréciait. Mais il s’agissait de gardes. Et ce n’était pas bien, se rappela-t-il. Il fronça les sourcils et s’ébroua comme pour s’extirper de cet état d’esprit étrangement froid et sourit en voyant Avara grimper les degrés jusqu’à eux.
La remarque d’Avara, tandis que la jeune femme grimpait les escaliers, lui fit faire la moue et il jeta un regard boudeur à son précieux fardeaux.

« Si c’était un animal, il serait un peu plat, » fit-il remarquer juste assez fort pour être entendu par l’humaine.

Il eut envie de faire une blague, lui qui avait des rats… plapla. Sa propre bêtise lui tira un rire de nez qu’il étouffa bien rapidement tandis qu’il rejoignait les deux femmes. Il récupéra son précieux fardeau qu’il posa sur ses genoux tandis qu’Avara s’installait et que Vex… agissait encore bizarrement. C’était à croire que le jeune elfe avait posé un coussin péteur sur la chaise ou que celle-ci était affublée d’une assise en ronce. La sainuûr s’assit du bout des fesses sur la chaise, avec beaucoup d’hésitation et Sorel ouvrit la bouche avant de la refermer et d’orienter son attention sur autre chose, à commencer par l’intervention de Vex qui changea habilement le sujet.
Gardant le silence pour laisser à Avara le temps et l’occasion de réagir, de faire son choix ou de se laisser un temps de réflexion, Sorel déposa sur la petite table où ils étaient tous les trois installés son précieux fardeau. Il dénoua le tissu pour dévoiler une tarte aux pommes caramélisées avec des amandes effilées. La croûte en était délicieusement biscuitée. Dans un petit récipient rectangulaire se trouvaient les délicieux gâteaux aux caramel, de chocolat fourrés au caramel et à la praline qu’il avait notamment dégusté pendant un événement particulier, quelques mois auparavant. Il n’allait certainement pas en parler avec Avara ou avec quiconque présent ici mais la pensée lui traversa l’esprit avant qu’il ne la fasse disparaître entièrement, l’écrasant méthodiquement. Si quiconque devait un jour écouter ses pensées, les dragonniers ne courraient pas les rues mais il n’était à l’abri de rien, il avait tout intérêt à garder un contrôle d’acier sur celles-ci.

« Il ne s’agit pas d’un animal, » déclara-t-il avec condescendance, levant le nez avec l’apparence de la fierté blessée et hautaine, « ce sont de délicieuses offrandes pour les deux incroyables jeunes femmes que je suis supposé rencontrer aujourd’hui. » Un sourire étira lentement ses lèvres tandis qu’il baissait le nez, quittant l’apparence de noble offensé pour celui, canaille, de sale gosse des rues et effronté : « V’les auriez pas vues par hasard ? »

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Thé ? Gâteaux ? De quoi faire emmètre un petit gargouillis de satisfaction à l'estomac d'Avara. Plus qu'une marche et enfin la nièce de l'Empereur pouvait voir de son unique œil ses fidèles amis de plus prêt. D'un sourire guilleret, la jeune femme plaça ses gants blancs derrière sa ceinture et entamait une manœuvre pour enlever sa cape de voyage.  
Avara fronça les sourcils une seconde en jetant un coup d'oeil intrigué vers Sorel alors qu'il s'enfonçait dans une de ses petites plaisanteries. Sans mot dire, le regard de la blonde se posa sur la fameuse tarte de l'elfe roux et elle ne pu retenir un pouffement de surprise en voyant ses « offrandes » ratatinés.

- Eh bien ma foi, si cela se mange, je crois bien que je vais en entamer une avant que les deux incroyables jeunes femmes ne débarquent dans le coin ! 

Un regard taquin lançait vers son ami et Avara laissa sa cape sur la rambarde avant de prendre place dans l'un des fauteuils de la terrasse pour souffler un coup avant de répondre au question de Vex. Une Vex légèrement agité ce qui n'avait d'ailleurs pas échappé à l'oeil de la jeune femme.
Fronçant de nouveau les sourcils lorsque son amie tenta, oui, tenta de s'asseoir dans un fauteuil à côté du sien, Avara ouvrit la bouche toujours avec un regard perplexe au dessus de son nez mais ne déclara rien pour autant.

- La route, hum plutôt rapide et tant mieux. Il va faire une de ses chaleurs encore aujourd'hui, ma peau va se transformer petit à petit en une tomate sèche... Enfin bon, Avara lança un regard noir vers Vex'Hylia sous le ton de l'amusement lorsque celle-ci évoqua la présence des gardes avec elle. Les déesses savaient à quel point la nièce de l'Empereur détestait la présence quotidienne d'une garde, inutile elle en était persuadée. Ils ne sont pas coriaces, se sont des, des, elle ne pouvait pas dire « moules », elle n'en avait ni le droit ni la nécessité, se sont de gentils gardes qui ne font que leur travaille souffla t'elle en décrispant son visage colérique.

Levant une main comme pour chasser un moucheron invisible, Avara cessa tout mouvement en voyant Vex'Hylia reprendre un ton plus sérieux en prenant une petite fiole du bout de ses longs doigts fins.  Le visage de nouveau aussi fermé qu'à son habitude, la blonde posa ses deux mains sur ses jambes tout en écoutant la bouche fermée son amie parler.
Lorsque Vex eut finit, Avara ne parla pas pendant des secondes qui lui semblèrent être des minutes entières. Jonglant entre la fiole, puis Vex, puis de nouveau la fiole avant de lancer un petit coup d'oeil en coin vers Sorel. Vex'Hylia, cette elfe qu'elle connaissait depuis longtemps maintenant avait confectionné seule, sans que personne ne lui disent rien, une chose auquel jamais Avara n'aurait songé pouvoir modifier dans sa courte et unique vie. Combien de temps étaient passés depuis que son œil droit ne plonge dans les profondeurs de l'obscurité ? Et quand bien même, était-elle capable de vivre de nouveau avec cette faculté ? Elle qui avait réussit à trouver un certain équilibre à vivre ainsi. Du plus loin que remontait sa mémoire lors de cette fameuse bataille, Avara avait toujours engloutis sa honte. Honte d'avoir perdu la vue. Honte d'avoir perdu bien d'autre chose encore.

Une main remontant inconsciemment sur son ventre, Avara se força à joindre ses doigts entre eux alors qu'elle sentait quelques larmes se rapprocher dangereusement de ses yeux. Il était hors de question de se laisser aller. Elle avait tenue de longues années, elle tiendrait encore aussi fortement que possible.

- Excuse-moi, chuchota t'elle avant de se racler la gorge pour reprendre de la force. Mon silence doit te paraître si long, ce n'est pas ce que tu crois. Je n'arrive pas à trouver les mots, rien que l'idée que tu ai fait tout ce travail pour moi, ça me... ça me fait quelque chose.

Pour désamorcé, Avara lâcha un rire avant de secouer son visage.

- Bien sûr, il n'y a qu'un mot à dire à tout ceci, c'est merci.

La blonde dénoua ses doigts crispés pour prendre la fiole dans ses mains

- C'est plus qu'un cadeau, je … ne m'attendais pas à cela.

L'envie de tenter l'expérience tout de suite faisait tambouriner son cœur derrière sa poitrine si fort qu'il était prêt à s'arracher de son corps. Devait-elle ? Oserait-elle . En était-elle au moins capable ? Tant de questions pour un simple geste.

Avara lorgna une longue minute encore la fiole. Par pitié, que ses amis désamorce la chose et vite. Sorel, elle avait besoin d'une bêtise amusante sortant de la bouche de son ami. Là tout de suite, maintenant.

- Ça paraît si bête. J'ai tant souhaité retrouver la vu de cet œil que maintenant que tu m'en offre l'occasion, je suis effrayée à cette idée. Avec tout ça, vous allez me perturber sur ce que j'ai à vous dire, renifla t'elle bruyamment.

Et puis elle était vraiment bête.  Soudain prise de recul, Avara déboucha la fiole avec un excès de confiance venant de seules les déesses savaient, la blonde attaqua le baume en prélevant une noisette avant de se l'étaler sur son œil vert en pinçant les lèvres par la manœuvre peu agréable.
Osant à peine penser aux battements de son cœur, le remède était en train d'agir. En gardant les yeux fermés, Avara claqua ses mains entre elle en se redressant.

- Faites-moi penser à autre chose, Vex'Hylia, je... Sorel, donne moi un bout de tarte s'il te plaît. Des pensées, hum si eh bien si je sais ce que je peux dire. J'avais une très grande annonce à vous faire, enfin c'était plus de l'ordre d'une miraculeuse idée que nous avons ébauché avec mon oncle et je souhaiterai sincèrement que vous vous joigniez à moi pour ce projet fou.

Elle ne s'était pas imaginer annoncer cette nouvelle les yeux fermés mais tant que la peur lui tenailler les entrailles, elle resterait dans l'ombre.

- Sorel, Vex, j'aimerai que vous m'aidiez, avec vos esprits aussi différents que sincère, à fonder la toute première académie magique de l'Empire. Un endroit ou tout les jeunes de l'archipel pourraient venir s'instruire, apprendre et approfondir leur connaissances afin d'éveiller les esprits de chacun. Une académie sur l'histoire de la magie, sur l'alchimie, sur les connaissances des plantes, animaux.

Avara fit une pause en ne pouvant s'empêcher de sourire en imaginant les yeux émerveillés de Sorel à ses côtés. Combien de temps avaient elle attendue de leur révéler ce projet ? Bon certes elle avait les yeux fermés, d'accord, et alors ?

- L'utilisation des sortilèges, des soins enfin... je crois que vous m'avez compris souffla t'elle la voix chevrotante presque émue.

Cette attitude qui faisait monter en elle une colère d'orgueil se laisser submergé par l'excitation et la peur. Expirant une ultime fois, Avara décida d'ouvrir les yeux pour voir le visage de ses amis. Et pour la première fois depuis des années, aucun voile obscur ne vînt entacher sa vision.

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J'ignorais à la fois le regard scrutateur de mon fantôme, mais également le questionnement que je pouvais lire dans ceux de mes deux compères. J'avais conscience d'agir étrangement. Mais comment pouvais-je leur dire que je voyais et parlais avec une (presque) morte ? Voulais-je seulement leur révéler ce secret ? J'avais toute confiance en Avara pour ne pas se servir de cette donnée contre moi, mais Sorel... Mon regard se posa sur ce dernier. Je connaissais le jeune homme depuis peu, et même si j'avais la sensation que nous étions des amis de longue date lorsque j'étais près de lui, je ne pouvais oublier ce fait.

Mais mes pensées furent troublées par Avara. Par son silence, plus précisément, qui faisait croître en moi un grand inconfort. Avais-je dépassé les limites en lui offrant ce présent ? Peut-être venais-je de raviver des souvenirs enfouis, douloureux. C'était sans doute cela, me dis-je en l'observant poser une main sur son ventre, les yeux brillants, puis croiser ses doigts pour tenter de contrôler ses mouvements involontaires. Je m'apprêtais à ouvrir la bouche pour lui présenter mes excuses lorsque, me prenant de court, la jeune femme s'exprima enfin.

Finalement, un doux sourire étira mes lèvres. Je posais un autre regard sur Avara, si vulnérable à l'instant. J'avais très envie de la prendre dans mes bras, mais la table qui nous séparait m'en empêchait. Alors, à la place, j'étirais le bras pour poser ma main sur les siennes, toujours nouées.

« C'est à cela que servent les amis. » répondis-je simplement, balayant ses propos d'un geste de la main. Cela ne m'avait rien coûté, si ce n'était du temps et de la concentration. Et j'étais très heureuse de faire ce présent à la jeune femme.

J'entendais son cœur battre très rapidement. C'était un écho, comme des tambours, d'un rythme effréné. Sorel était sans doute capable de les percevoir également. Je sentais l'hésitation de la jeune femme, son appréhension. Je devinais ses mains moites même en ayant ramené les miennes près de moi.

« C'est la même chose que pour retirer un bandage ensanglanté, il faut y aller d'un coup sec. » lui dis-je dans une tentative d'humour un peu bancal, consciente qu'Avara avait besoin d'un coup de pouce pour se lancer.

Et ça y est, elle se lançait. Je l'observais faire, prête à l'aider si nécessaire. Mais la manœuvre n'avait rien de difficile. Je l'avais conçu comme cela à dessein.

« Ce ne sera pas long à agir. »

Et déjà, je pouvais sentir le remède corriger, soigner ce qui devait l'être. Ce n'était pas de la magie, pas vraiment. C'était un savant mélange d'herboristerie couplé à l'intuition du raton-laveur. Lorsque je me laissais guider par mon esprit-lié, j'étais capable de confectionner des remèdes dont les recettes m'étaient jusqu'alors inconnu. Une sensation très étrange au demeurant.

« Tu peux lui dire que tu vois des fantômes, ça devrait la détendre un peu. Non ? » entendis-je à ma gauche, alors qu'Avara nous implorait de trouver quelque chose pour lui changer les idées. Je pinçais les lèvres, me retenant de justesse de me tourner vers Orfraie pour la fusiller du regard. Toute princesse qu'elle était, ou fut, l'Ataliel me paraissait parfois très immature malgré son âge bien supérieur au mien. À moins que ce fut sa façon à elle de se préserver des épreuves qu'elle avait traversé. Je n'avais pas vraiment eu le temps d'avoir une longue et profonde conversation avec l'ex-dragonnière de jade.

Sorel sauva la mise par sa pointe d'humour. Je posais sur lui un regard faussement outragé, un sourcil arqué pour marquer mon faux étonnement.

« Ah ! Je l'aime bien, lui. »

« Petit impertinent. » répondis-je d'un ton froid avant de me fondre d'un petit rire. J'esquissais un sourire en posant les yeux sur sa tarte qui, je devais bien l'avouer, avait l'air délicieuse. « Tu devais aller voir en bas si elles ne sont pas dans les parages, non ? » Continuais-je sans me départir de mon petit sourire.

J'acceptais une part de tarte avec joie, puis écoutais Avara. Sa proposition, qui était donc conjointe avec son oncle, était très intéressante. Et elle faisait écho à une conversation que j'avais eu des semaines plus tôt, avec Ilhan Avente. Peut-être pourrais-je leur en parler également, pensais-je alors.

« C'est une merveilleuse idée. » répondis-je tandis que je croisais le regard troublé de la blonde, qui avait enfin réouvert les yeux. La baume avait pénétré sa peau, venant à bout de sa cécité partielle.

Je levais la main au-dessus de la table et approchais mes doigts du visage d'Avara, le frôlant à peine du bout des doigts. L'air un brin concentré pendant une fraction de seconde, la jeune femme pu sentir ma magie venir caresser son épiderme tandis que je m'assurais que tout allait bien au niveau de son œil... neuf. « Il a gardé sa couleur si particulière. » commentais-je en souriant. « Et tout à l'air en ordre, le baume à fonctionné comme il devait le faire. Tu seras peut-être un peu sensible à la lumière pendant un temps, mais tout vas se replacer correctement sans trop tarder. » Préfèrais-je l'avertir en ramenant ma main près de moi.

« Une école de la vie, alors ? C'est une idée à laquelle je ne peux qu'adhérer. À dire vrai, j'avais évoqué celle-ci voilà un certain temps avec une autre personne. »

Je croquais dans la tarte, prenant le temps de mastiquer correctement pour en apprécier toutes les saveurs.

« Elle est excellente, Sorel. » complimentais-je après avoir avalé ma bouchée. « Il y a plusieurs semaines, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Ilhan Avente, dont vous avez sans doute déjà entendu parler. » révélais-je. Ce sujet n'avait pas été la principale raison de notre entrevue, mais il était venu sur le tapis par la suite. « Il m'a proposé de participer à un projet sans races et sans frontière visant à préserver la magie. Un objectif passant par l'éducation des habitants de l'archipel, sans distinction, pour leur apprendre à l'utiliser, comment l'utiliser et quand l'utiliser pour ne pas en abuser. Ton projet, Avara, s'inscrit dans la même lignée. Ce Conseil des mages, constitué des restes de la Loge par ailleurs, s'est installé à Cordont et j'ai déjà dit à Ilhan que j'y participerais en enseignant ce que je sais. Mais je lui ai également dit que je le ferais dans l'Empire. C'est là où ton idée tombe à point nommé me concernant. »

Je pris une autre bouchée, faisant glisser le tout avec une gorgée de thé. Du coin de l'œil, je notais l'intérêt d'Orfraie pour mes propos. Quoi de plus normal en sachant qu'elle était à l'origine de la Loge et qu'elle avait travaillé sur la magie lorsque celle-ci était complètement déréglée.

« Alors tu peux compter sur moi, ma chère. » Je fis une courte pause. « Avec ton oncle l'Empereur, avez-vous songé à une liste potentielle de professeurs ? Où ériger cette école, avec quel financement ? Qu'est-ce que vous voudriez y voir enseigné exactement ? Et toi, qu'en penses-tu Sorel ? »

Et des questions comme celles-ci, j'en avais beaucoup. Par exemple, est-ce que cette école allait être réellement ouverte à tous les habitants l'archipel en sachant que les vampires du Clan Elusis étaient interdits de territoire Séléniens ? Qui allait financer ? Y aurait-il des frais pour les élèves ?

Temps d'interrogations et de points à ne pas négliger...

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« Si cela se mange ?! » s’offusqua-t-il, plissant le nez et fronçant les sourcils.

L’elfe croisa les bras et se rencogna dans sa chaise, croisant la jambe droite sur la gauche et prit un air buté. La suite, cependant, le fit changer d’attitude au profit de quelque chose de plus neutre. Loin de lui l’idée d’être indifférent mais il était clair que l’offre de ce pot en terre cuite était importante et personnelle, chargée en émotion aussi bien pour Vex que pour Avara. Il ne souhaitait pas interférer ni dévier la conversation avec ses gros sabots. Il tenta de se faire oublier, laissant le moment quelque peu intime entre les personnes concernées.
Quelque peu ému pour son amie, il l’observa ouvrir la fiole avec une détermination tremblante, prendre un peu de baume et l’appliquer sur son œil. Sorel se retint de grimacer à la vue du geste, songeant combien cela n’était pas agréable. Il avait déjà eu l’occasion d’avoir à appliquer une substance sur l'œil blessé d’un animal et cela n’avait pas toujours été très facile. Une complexité qui s’expliquait certainement par l’expérience peu confortable, ce qui ne rendait pas la créature très coopérative.
A la demande empressée, presque désespérée, de l’humaine, l’elfe se précipita sans attendre sur le plat pour placer une part de tarte sur une assiette et la poser devant Avara. Il profita de l’occasion pour en proposer une à Vex, la rétorque de celle-ci lui arrachant un sourire. La tension nerveuse d’Avara était communicante, le laissant un rien perturbé, un rien incertain.

Il fit la moue, jetant un regard par-dessus son épaule, l’air déçu, avant qu’il ne se tourne à nouveau vers elles :

« Je pense qu’elles ne viendront pas. Je me contenterais de votre compagnie, je suppose... » soupira-t-il, résigné.

L’annonce d’Avara, cependant, lui coupa l’herbe sous le pied et il en oublia la part de tarte qu’il était en train de se servir. Celle-ci finit par s’échapper de ses doigts soudain raides pour s’écraser en vrac sur son assiette. Il sursauta, soudain de nouveau présent et, pour se redonner contenance, se donna le temps de réarranger sa part de tarte complètement détruite par sa chute.
Dans sa tête, cependant, c’était une véritable tempête de pensées et d’incertitudes. La mention des animaux, cependant, dans la liste des sujets à enseigner lui firent relever la tête en la regardant avec des yeux écarquillés. Il avait l’impression d’avoir été jeté dans une essoreuse à salade.

Vex réagit la première et Sorel profita de l’occasion pour essayer de se remettre de ses émotions. Il avait cependant rien moins envie que d’aller se rouler en boule dans un coin, pelotonné au coeur de couvertures chaudes et le nez fourré dans une surface douce et moelleuse. Le nez baissé sur son assiette et sa part de tarte dévastée et intouchée, il réfléchit.
Les animaux étaient un sujet sur lequel il pouvait s’épancher pendant des heures avec enthousiasme et animation, il aimait partager ce qu’il savait, plus encore d’offrir aux autres la possibilité de prendre soin de ces êtres fantastiques. Il y avait toujours, bien sûr, la crainte qu’ils se servent de ces connaissances pour le pire mais il y avait également la possibilité qu’ils s’en servent aussi pour le mieux. La méfiance toute animale qu’il ressentait à l’égard des autres bipèdes pointa le bout de son nez et il ressentit un instant l’envie de s’exiler au fond d'une forêt et de ne pas courir le risque.

Au compliment de Vex, il hocha timidement la tête, toujours incertain. Et puis, quel aide apporterait-il ? Lui qui mettait tant de temps à apprendre, tant de temps à prendre une décision et à se décider ? Il ne faisait déjà pas un très bon élève, en quoi ferait-il une aide décente dans la construction d’un tel projet ? Une telle école demandait des esprits formidables, comme Vex et Avara, des personnalités fortes et compétentes. Il serra les lèvres, les sentant trembler malgré lui. Il était partagé entre un enthousiasme tout enfantin et un terrible manque de confiance.

Il sursauta presque à la question de Vex et leva les yeux pour croiser ceux de ses amies. Celui d’Avara était toujours aussi vert, toujours aussi saisissant, à l’instar de l’autre couleur. Vex avait toujours cet air bienveillant caché sous une couche froide, son nez constellé de tâches de rousseur. Incapable de se retenir, Sorel se frotta le nez et réfléchis un instant à sa réponse.
Doucement, il organisa le fouilli qu’étaient devenu ses pensées et sentit un sourire gagner ses lèvres malgré l’anxiété rôdant en arrière plan :

« Je trouve que c’est une très bonne idée ! On manque un peu de contenu autre que papier sur le sujet, on est certainement passé à côté de nombreux mages exceptionnels simplement par manque de possibilité d’enseignement. » Si Vex n’avait trouvé personne pour lui apprendre, jamais elle ne serait devenue la mage de guerre et la guérisseuse fantastique qu’elle était. Sans un enseignement digne de ce nom, Avara n’aurait jamais été capable d’assommer une créature née d’un esprit tordu et certainement leur sauver la mise en immobilisant un monstre pareil. « Toutes les questions soulevées par Vex méritent effectivement de trouver une réponse. S’il s’agit d’une académie de l’empire, ses étudiants ne seront probablement pas acceptés sans distinctions ? »

Les Elusis, peut-être les vampires plus généralement, avaient peu de chances d’être acceptés dans une telle académie. L’idée lui pinçait le cœur mais il s’était déjà entretenu avec Claudius sur le sujet et même s’il aimait son père, sa famille, il comprenait aussi la décision de l’humain. Et puis, Aldaron était lui-même un grand mage, nul doute qu’il saurait trouver une solution à ce genre de problème. Sorel était clairement honnête et avec un enthousiasme, pour le moment calme mais néanmoins sincère.
Son sourire, cependant, se fana légèrement tandis qu’il se tournait vers Avara, l’air incertain et confus :

« Cependant… Je-je ne vois pas en quoi je pourrais t’être utile ? »

Vex et Avara, il comprenait… mais lui ? Il était juste un gosse elfe, tout juste considéré majeur par les siens, seulement doué dans la connaissance de la faune et établir un lien avec elle. D’accord, il avait dompté un fenrisulfr mais il doutait de pouvoir en retirer grand chose, après tout, il avait Faron depuis qu’il était petit. Cela avait considérablement facilité les choses. Il était lent à comprendre et à apprendre. Son niveau en magie était décent, pouvait probablement justifier qu’on lui demande son avis mais il y avait certainement plus compétent que lui. Il pouvait penser à son frère, Valmys, n’importe quel baptistrel serait certainement plus à même d’offrir un conseil pertinent. Lui ?
Il fronça soudain les sourcils et, avant qu’Avara ou Vex ne puisse prendre la parole, leva un index comme pour leur intimer le silence. Sorel croisa à nouveau les bras et baissa les yeux sur ses jambes toujours croisées. Cette fois, son expression était butée, son visage pincé dans une expression irritée.

Et puis quoi encore ? Il était un gosse elfe à peine majeur, d’accord, mais il avait participé à la rébellion, il avait fait partie des rangs de soldats qui s’étaient battus pour une noble cause : la liberté. Il avait survécu à Morneflamme là où de nombreux, avant lui, avaient péri dans l’horreur innommable que cette prison avait abrité. Il ne s’était pas arrêté là et, à ce jour, malgré tout, il était en vie et encore capable de regarder le soleil se lever avec un sourire et d’apprécier le vert de l’herbe. Il caressait toujours la peau d’une pomme en s’émerveillant de sa douceur ou de sa rugosité, il goûtait les framboises avec la même excitation enfantine qu’il avait ressentie la première fois. Sorel n’était pas seul, plus maintenant. Il avait la présence de Faron, solide et puissante, toujours là lorsqu’il la cherchait au travers de sa chevalière. Il avait les trois rongeurs qui devaient actuellement être occupés à piller ses réserves de fruits secs, … Il était peut-être temps, pour lui, de se repencher sur l’étude de la magie et poser une empreinte durable dans l’Histoire.
Lorsqu’il leva enfin les yeux vers Vex et Avara, les regardant l’une après l’autre, il s’y trouvait une détermination farouche :

« Tu sais quoi ? Tu peux compter sur moi, » déclara-t-il fermement. « Pour aussi longtemps que tu voudras de mon aide, je serai là pour t’épauler. » Son visage se fendit soudain d’un grand sourire tandis qu’il attrapait un bout de tarte du bout des doigts et le fourrait dans sa bouche avec le délice d’un enfant ayant chapardé un gâteau. Se léchant les doigts avec délice, il reprit sans cesser de sourire : « Toutes ces questions, on va leur trouver des réponses, » affirma-t-il, « et bientôt on pourra abriter et chouchouter des gens venus de toute l’archipel pour apprendre et comprendre. »

Il avait eu besoin d’Aldaron pour bénéficier d’une éducation et elle s’était révélée meilleure que bien des autres qui, peut-être, auraient pu en faire un meilleur usage.

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