18 juillet 1764
Entre Sélénia l'Imbrûlée et Portus Regius - demeure de Vex'Hylia
Entre Sélénia l'Imbrûlée et Portus Regius - demeure de Vex'Hylia
La journée était belle et s’était annoncée ensoleillée dès que le soleil s’était levé, dévoilant un ciel d’un bleu uniforme, parcouru de nuages blancs cotonneux et paresseux. L’air sentait bon l’été et il y avait indéniablement quelque chose de joyeux au sujet de ce jour-là en particulier. Les derniers jours avaient été particuliers, à commencer par le retour depuis Merhaagen à cheval, avec bien plus de compagnons qu’il n’en avait eu à l’aller. Avara, Vex et lui s’étaient séparés aux portes de la cité. Le voyage leur avait permis de discuter et de s’entretenir sur bien des sujets, que ce soit leur expérience dans le petit village à proximité de Délimar et tout ce que cela pouvait et avait impliqué, ce qu’ils avaient découverts et ce qu’ils avaient vécu. Pendant quelques jours, l’elfe avait été notamment incapable de rester à proximité du campement lorsqu’il fallait faire cuire la moindre viande, l’odeur lui soulevant l’estomac et la vue lui rappelant désormais divers souvenirs. Les restes calcinés du garde se superposaient désormais à Morneflamme et ce qu’il y avait vu et subi. Il avait eu bien moins de mal à supporter la vue des restes déchirés du couple, probablement parce que s’il n’avait aucun goût pour la viande, il était néanmoins habitué à la côtoyer, ne serait-ce que pour nourrir les prédateurs. A commencer par Faronlyss. Lequel les suivit à bonne distance bien qu’avec une attitude plus que revêche. Ce qu’ils avaient accompli, tous les deux, durant l’affrontement contre les Rôdeurs n’était pas passé inaperçu et si les humains gardaient une distance respectable de sécurité, ils faisaient désormais confiance à Sorel pour contrôler le fenrisulfr suffisamment bien pour garantir leur sécurité.
Durant le trajet, Vex, Avara et lui s’étaient également entretenus sur une possible rencontre une fois arrivés à Sélénia. Ils avaient la ferme intention de se reposer, un calme bien mérité après l’agitation folle qu’ils avaient connus près de Délimar puis de se retrouver, l’esprit plus clair. Deux jours après leur arrivée, c’était aujourd’hui et si l’elfe devait être honnête, il l’avait attendu avec une patience toute relative.
Debout avec le soleil tel un enfant impatient, Sorel s’était préparé dans une tenue adaptée pour ses prochaines activités. La boutique n’ouvrirait pas avant quelques temps. Il avait une avance considérable sur la journée mais il saurait en faire bon usage.
Suivant une routine bien installée, il s’occupa de ses animaux, les nourrissant et les brossant en cas de besoin, jouant avec eux tout du long. Au moyen d’une pelote de laine, d’un bouchon quelconque, d’un petit caillou ou de la surface réfléchissante d’un objet brillant pour faire courir les petits rats et le Snö, entre autres. Une fois satisfait de l’installation de ses compagnons, l’elfe retourna à l’intérieur et se lava consciencieusement les mains, un fin sourire étirant ses lèvres tandis que quelques souvenirs remontaient à la surface. Il commença à débarrasser le plan de travail et à préparer ce dont il allait avoir besoin, l’excitation lui donnant comme des ailes. Il virevolta d’un endroit à un autre, oubliant la moitié des éléments et devant revenir les chercher dans un gloussement amusé.
Tania arriva une heure avant l’ouverture de la boutique et le rejoignit. Le spectacle qui l’accueillit lui arracha un éclat de rire, l’hilarité claire sur son visage en forme de coeur. Rapidement, sans attendre la moindre demande de sa part, elle lui apporta son aide et mit la main à la pâte également, s’impliquant dans son projet sans une once d’hésitation et avec un enthousiasme qu’elle ne chercha pas à cacher. A deux, ils terminèrent rapidement et parvinrent même à faire plus qu’il n’avait prévu.
Une fois satisfait de ses préparations, Sorel rejoignit sa chambre pour sélectionner une tenue plus adaptée. Il hésita un moment avant de se décider pour une chemise simple couleur crème légère, une veste longue verte ceintrée à la taille et marquée par une ceinture d’un vert plus foncé. Le pantalon, marron, était fonctionnel et confortable et se terminait dans des bottes d’équitation faites sur mesure. Il ajouta son inséparable cape et, satisfait de l’effet, s’assura qu’il n’y avait aucun faux-pli avant de se diriger vers la sortie. Il récupéra ses effets dans un baluchon qu’il tint précautionneusement avant de se rendre dans l’arrière-cou. Là, il prépara Järn. Il se rappelait précisément des indications de Vex pour se rendre chez elle, lieu de rendez-vous pour retrouver ses camarades.
Laissant la boutique aux bons soins de Tanial, Sorel se mit en route, tenant toujours son précieux fardeau avec précaution et naviguant l’étalon dans les rues de la ville. Pour l’heure, tout était calme et il n’eut à faire face à aucune affluence et pu se diriger sans difficulté. Il quitta l’enceinte de ce qui s’appelait désormais Portus Regius et prit la direction de la maison de la saînuur, s’engageant sur le petit chemin comme tracé pour guider les éventuels visiteurs jusqu’à elle.
Il avait compté sur le temps de trajet et arriva un petit moment avant l’heure prévue, arrivant en vue du grand arbre qu’elle lui avait décrit à une allure tranquille. Ce qui lui laissa tout loisir de détailler du regard l’architecture indéniablement elfique qui s’était formée à même l’écorce. Une maison comme si l’arbre lui-même avait décidé d’abriter des âmes, s’y tordant, s’étendant, s’étirant comme de la pâte à modeler selon la volonté de l’architecte responsable. Les lèvres entrouvertes sur un “oh”, les yeux brillants d'émerveillement, Sorel guida Järn avec les genoux, orientant son corps pour accompagner sa monture vers la maison dans l’arbre. Un rire enfla dans sa poitrine qu’il laissa échapper dans un gloussement silencieux, les sabots de l’étalon ne faisant aucun bruit sur l’herbe grasse et verte qui tapissait les lieux. Incapable de retenir un large sourire, comme un enfant qui aurait fait une blague et tentant vainement de garder son sérieux, il prévint Järn qu’il allait parler fort pour ne pas le surprendre. Lorsqu’il prit la parole, sa voix était suffisamment haute pour qu’un elfe puisse l’entendre sans qu’il n’ait à crier :
« Vex ! » Il y avait une indéniable trace de joie et d’amusement dans la voix du jeune elfe au moins autant que d’excitation à l’idée de pouvoir monter tout là-haut, de voir l’horizon mais aussi de pouvoir courir sur la structure de bois. Il était heureux qu’il se tienne sur le dos de Järn, autrement il aurait été en train de trépigner d’impatience. « J’apporte une offrande mais j’espère qu’il y a un escalier pour monter, autrement je crains qu’elle n’arrive dans un piètre état. »
Il regarda autour de lui, les immensités vertes et libres qui entouraient la maison de la saînnur et se demanda si, peut-être, cela ne lui conviendrait pas mieux ? Il avait si longtemps vécu avec les humains qu’il n’envisageait rien d’autre que leurs maisons, leurs bâtisses, comme lieu de vie pour lui. Mais peut-être qu’il pouvait envisager quelque chose comme cela à la place… Peut-être en plus grand pour permettre à ses compagnons de le rejoindre ? Soudain, l’image de Snö ou d’un des rats glissant sur la rambarde et tombant dans le vide d’une telle hauteur lui traversa l’esprit et il se ravisa. A moins que la maison ne soit bien plus basse que celle-ci. A une hauteur plus… modérée.
« Et je me demande où je vais bien pouvoir laisser Järn... » marmonna-t-il avec un regard à la ronde.
Encore qu’il avait assez confiance en lui-même pour songer à simplement retirer le harnachement de l’étalon et le laisser rôder dans les parages. Un sifflement de sa part suffirait à l’appeler tant que l’animal restait suffisamment proche pour pouvoir l’entendre. Le connaissant, il n’avait donc pas grand chose à craindre.