Pour une crâcheuse de feu, Nahui passait beaucoup de temps dans l’eau.
Se prélassant dans les eaux claires du Tampocuilë, la fille des neiges trouvait quelque apaisement à l'accablant soleil du désert. Si son congénère Nephilith avait été présent, sans doute auraient-ils tous deux pris grand plaisir à profiter des capacités aquatiques de leur espèce. Nahui avait cru comprendre que l’oncle de Shyven se trouvait particulièrement à son aise dans les flots. Un point intriguant, qu’elle avait bien hâte d’explorer avec lui. Mais pour l’heure, le fils d’or et de saphir n’était guère présent. Sans doute bullait-il dans un autre coin de l’archipel, à amasser moult trésor ainsi que les connaissances qui les accompagnaient. Une occupation tout à fait saine et commune chez les dragons.
Par ailleurs, Nahui connaissait une autre congénère qui s’était éprise de cette passion. Bien qu’elle ne l’eût point montré lors de leur dernière rencontre, sans doute intimidée par la présence d’un dragon inconnu, Kaiikathal avait laissé entendre que les butins du Maëlstrom n’étaient pas l’unique possession de son Lié. Hélas, l’instant n’avait été que trop bref, Aldaron et Nathaniel devant chacun repartir vers des terres différentes. Si revoir sa soeur d’infortune avait mis du baume au coeur de Nahui, lui prouvant que les chimères n’étaient venu à bout de son oeuf ou de son âme, la jeune dragonne était restée sur un goût de trop peu, avec la hâte de retrouvailles plus longues, plus intimistes également.
Lié avait alors eu le bon goût d’avoir affaire avec son bipède, celui qui sentait fort. Leurs histoires étaient des histoires aussi barbantes que n’importe quelles histoires de bipèdes. Nahui commençait tout juste à s’intéresser à ces dernières d’une oreille distraite, mais persistait à dire que tout régler à sa façon aurait été bien plus rapide et efficace. Par les flammes, nombre de soucis pouvaient brûler.
Au moins la peau-lit-tique avait l’avantage de lui offrir l’opportunité de retrouver Kaiikathal.
Ses écailles scintillaient de perles d’eau et de soleil. Elle avait choisi, pour une fois, de garder sa taille naturelle, quand bien même cela impliquait qu’elle soit plus petite que l’autre dragonne des environs. Le fleuve n’était pas assez large pour qu’elle puisse s’y amuser à sa taille maximale. Elle pourrait attendre la nuit pour grandir, voler, jouer à s’enrouler autour des tours d’ivoire que le Lié de Kaiikathal avait bâties. Mais surtout voler. Si le désert avait un avantage, c’était qu’elle avait beaucoup moins à s’inquiéter des éventuels obstacles qu’elle risquait de rencontrer là-haut. Nyn-Tiamat avait eu l’idée saugrenue de s’orner de conifères et de montagnes. Nahui s’habituait à sa différence, avait pris le réflexe de tâter les nuances de l’air du bout de sa langue à la façon d’un serpent. Il n’en demeurait pas moins que voler dans ces conditions était bien moins appréciable qu’au-dessus d’un océan, fut-il d’eau, de sable, ou de neige.
En attendant, elle jouait à bondir hors de l’eau pour y retourner à la manière d’un dauphin, se calmant de temps à autre pour se glisser sous l’eau et, par ce biais, aller ennuyer les bateaux. La fin de journée approcha et, à l’instar d’un très lointain ancêtre commun, la dragonne sortit des eaux pour aller s’allonger sur la rive, laissant tout juste la pointe de sa queue jouer à frapper la surface du Tampocuilë. Que faisaient-ils tous ? Elle savait que Lié était avec le Lié-puant de Kaiikathal, mais elle-même ? Restait-elle avec eux ? Pourquoi ? Ne voulait-elle pas plutôt venir et jouer ? Ou manger ? Bonne idée, ça, manger. Nahui chercha autour d’elle, du bout du museau, quelque chose à transformer. Elle trouva son bonheur et, activant son anneau de corne, se trouva bientôt avec une épaisse tranche de viande bien fraîche. A consommer sur place.
Elle avait le nez enfoncé dans son repas, ses crocs dégoulinants de jus, déchirant la chair, lorsque l’intense présence magique de sa congénère parvint à son champ de perception. Sa queue se mit alors à battre frénétiquement contre le sol, d’excitation, tandis que son esprit se projetait sans délicatesse contre celui de sa congénère, avec l’émotion puissante de la joie et du soulagement. Elle ignorait si, comme certains autres dragons Liés, Kaiikathal avait pris le parti de s’exprimer avec leurs mots, après avoir tant moqué Nephilith sur ce point. Dans le doute, elle préférait continuer comme cela pour l’instant.
Les autres émotions qu’elle fit parvenir à la Marche-Tempête furent l’acceptation, l’invitation à se rapprocher. Le repas dont Nahui disposait pouvait se partager. Puis vint une interrogation, curieuse : d’où venait-elle ? Où avait-elle été ? Point de reproche derrière tout cela. En revanche, il n’était pas impossible que Kaiikathal puisse ressentir combien elle avait été attendue, et avec quel engouement.
Tandis que celle-à-l’esprit-solide s’approchait, Nahui sortit enfin son nez de la nourriture, pour tendre le museau vers elle, dans une demande tacite : était-elle ouverte aux démonstrations d’affection ?
Se prélassant dans les eaux claires du Tampocuilë, la fille des neiges trouvait quelque apaisement à l'accablant soleil du désert. Si son congénère Nephilith avait été présent, sans doute auraient-ils tous deux pris grand plaisir à profiter des capacités aquatiques de leur espèce. Nahui avait cru comprendre que l’oncle de Shyven se trouvait particulièrement à son aise dans les flots. Un point intriguant, qu’elle avait bien hâte d’explorer avec lui. Mais pour l’heure, le fils d’or et de saphir n’était guère présent. Sans doute bullait-il dans un autre coin de l’archipel, à amasser moult trésor ainsi que les connaissances qui les accompagnaient. Une occupation tout à fait saine et commune chez les dragons.
Par ailleurs, Nahui connaissait une autre congénère qui s’était éprise de cette passion. Bien qu’elle ne l’eût point montré lors de leur dernière rencontre, sans doute intimidée par la présence d’un dragon inconnu, Kaiikathal avait laissé entendre que les butins du Maëlstrom n’étaient pas l’unique possession de son Lié. Hélas, l’instant n’avait été que trop bref, Aldaron et Nathaniel devant chacun repartir vers des terres différentes. Si revoir sa soeur d’infortune avait mis du baume au coeur de Nahui, lui prouvant que les chimères n’étaient venu à bout de son oeuf ou de son âme, la jeune dragonne était restée sur un goût de trop peu, avec la hâte de retrouvailles plus longues, plus intimistes également.
Lié avait alors eu le bon goût d’avoir affaire avec son bipède, celui qui sentait fort. Leurs histoires étaient des histoires aussi barbantes que n’importe quelles histoires de bipèdes. Nahui commençait tout juste à s’intéresser à ces dernières d’une oreille distraite, mais persistait à dire que tout régler à sa façon aurait été bien plus rapide et efficace. Par les flammes, nombre de soucis pouvaient brûler.
Au moins la peau-lit-tique avait l’avantage de lui offrir l’opportunité de retrouver Kaiikathal.
Ses écailles scintillaient de perles d’eau et de soleil. Elle avait choisi, pour une fois, de garder sa taille naturelle, quand bien même cela impliquait qu’elle soit plus petite que l’autre dragonne des environs. Le fleuve n’était pas assez large pour qu’elle puisse s’y amuser à sa taille maximale. Elle pourrait attendre la nuit pour grandir, voler, jouer à s’enrouler autour des tours d’ivoire que le Lié de Kaiikathal avait bâties. Mais surtout voler. Si le désert avait un avantage, c’était qu’elle avait beaucoup moins à s’inquiéter des éventuels obstacles qu’elle risquait de rencontrer là-haut. Nyn-Tiamat avait eu l’idée saugrenue de s’orner de conifères et de montagnes. Nahui s’habituait à sa différence, avait pris le réflexe de tâter les nuances de l’air du bout de sa langue à la façon d’un serpent. Il n’en demeurait pas moins que voler dans ces conditions était bien moins appréciable qu’au-dessus d’un océan, fut-il d’eau, de sable, ou de neige.
En attendant, elle jouait à bondir hors de l’eau pour y retourner à la manière d’un dauphin, se calmant de temps à autre pour se glisser sous l’eau et, par ce biais, aller ennuyer les bateaux. La fin de journée approcha et, à l’instar d’un très lointain ancêtre commun, la dragonne sortit des eaux pour aller s’allonger sur la rive, laissant tout juste la pointe de sa queue jouer à frapper la surface du Tampocuilë. Que faisaient-ils tous ? Elle savait que Lié était avec le Lié-puant de Kaiikathal, mais elle-même ? Restait-elle avec eux ? Pourquoi ? Ne voulait-elle pas plutôt venir et jouer ? Ou manger ? Bonne idée, ça, manger. Nahui chercha autour d’elle, du bout du museau, quelque chose à transformer. Elle trouva son bonheur et, activant son anneau de corne, se trouva bientôt avec une épaisse tranche de viande bien fraîche. A consommer sur place.
Elle avait le nez enfoncé dans son repas, ses crocs dégoulinants de jus, déchirant la chair, lorsque l’intense présence magique de sa congénère parvint à son champ de perception. Sa queue se mit alors à battre frénétiquement contre le sol, d’excitation, tandis que son esprit se projetait sans délicatesse contre celui de sa congénère, avec l’émotion puissante de la joie et du soulagement. Elle ignorait si, comme certains autres dragons Liés, Kaiikathal avait pris le parti de s’exprimer avec leurs mots, après avoir tant moqué Nephilith sur ce point. Dans le doute, elle préférait continuer comme cela pour l’instant.
Les autres émotions qu’elle fit parvenir à la Marche-Tempête furent l’acceptation, l’invitation à se rapprocher. Le repas dont Nahui disposait pouvait se partager. Puis vint une interrogation, curieuse : d’où venait-elle ? Où avait-elle été ? Point de reproche derrière tout cela. En revanche, il n’était pas impossible que Kaiikathal puisse ressentir combien elle avait été attendue, et avec quel engouement.
Tandis que celle-à-l’esprit-solide s’approchait, Nahui sortit enfin son nez de la nourriture, pour tendre le museau vers elle, dans une demande tacite : était-elle ouverte aux démonstrations d’affection ?