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Début juillet 1764 - Calastin


Leurs chevaux galopaient, leurs sabots caracolant sur la terre drue. Ils avaient choisi de passer par le nord de Delimar et non de suivre la route sud habituelle. Un chemin plus court, plus rapide en théorie, mais plus escarpé aussi, pour rejoindre Cordont. Une expédition avait été organisée pour aller de nouveau explorer les profondeurs de Calastin, et ne devrait plus tarder à partir. Sur leurs destriers aussi rapides que le vent, Ilhan et Naal chevauchaient côte à côte, accompagnés d’une petite escorte.

Ils n’étaient qu’à un jour de cheval de l’Océanique, quand ils croisèrent un convoi, se dirigeant apparemment vers une petite cité proche de Delimar. Ils s’écartèrent alors pour le laisser passer, sans lui prêter plus d'attention que cela. Un tel convoi n’était guère inhabituel, certaines cités échangeant souvent denrées et autres, en fonction de leurs spécialités. Toutefois, Ilhan fut frappé soudain quand, croisant une silhouette encapuchonnée, dont il ne put voir le visage, il sentit un lien se former. Un Esprit-Lié venait de se poser sur l’individu, et, une fois encore, Ilhan avait la joie d’en être le témoin. Petit éclat de lumière sur ce trajet ardu. Certes, il ne connaissait pas l’individu, et son visage lui resterait inconnu… mais un tel lien ne pouvait être renié, et bénédiction ne pouvait être refusée. Ce fut alors dans un murmure qu’il envoya sa bénédiction de l’ornithorynque à l’homme, car la silhouette avait tout d’un homme, même s’il ne pouvait totalement l’affirmer, un homme qui déjà s’éloignait.

Et le chemin reprit. Cordont les attendait…



16 juillet 1764 – Camps pirate de Keet-Tiamat


Il était arrivé la veille, téléporté par sa fidèle Olöréa, pour répondre à l’appel de son père. La cité des elfes semblait condamnée, mais Aldaron souhaitait sauver au moins les elfes. Ces êtres antiques avaient vécu des siècles durant, et soudain voyaient leur empire déchu disparaître sous les coraux de la Peste. Certains pouvaient encore être sauvés, même si beaucoup n'avaient que le choix de la nuit. D’autres, plus rares, auraient le choix d’immaculer. Immaculer… C’était pour cela qu’on avait fait appel à lui, pour aider ceux qui le voulaient à accélérer leur immaculation. Entre autres.

C’est ainsi qu’il s’était retrouvé dans le camp vampirique, à quelques mètres à peine de l’immense porte de la cité des elfes. Son coeur saignait à la vue de ce beau peuple presque décimé, de cette dignité mise à bas si sauvagement, de cet orgueil flagellé… et de leurs beaux arts pillés par les forbans. Son travail avait commencé la veille même. Même s'il n’avait pas manqué d’observer attentivement les installations et les personnes présentes, dès qu’il le pouvait. Il avait notamment remarqué la présence d’un certain alchimiste…

Toutefois fatigue avait bien rapidement réclamé ses droits et il n’avait su tenir plus longuement alors que la lune flottait déjà haut dans le sombre ciel, repoussant alors ses projets vis à vis de cet individu. Mais une nouvelle aube se levait. Devoir l'appelait tout d’abord : il devait encore aider son père à guider d'autres vers le chemin de l’immaculation. Comme il s’y attendait toutefois, peu d’immaculations eurent lieu. Pour beaucoup, le glas avait déjà sonné, et un grand nombre d’elfes n’avaient finalement eu d’autres choix que celui de la nuit. La nuit ou la mort. Et beaucoup avaient dû être transformés dans l’urgence sans pouvoir prononcer leur possible vœu de rejoindre l’autre immortalité des Sainnûrs ensuite. De rejoindre cette nouvelle aube. Mais peu importait, elle leur tendrait les bras un jour ou l’autre, l’althaïen en était persuadé. L’immaculation semblait appeler tout elfe et tout vampire dans les années, ou peut-être les décennies, à venir. L’immaculation leur offrirait alors de ne former plus qu’un seul et même peuple.

Peu d’immaculations donc. Il fut ainsi rapidement libre d’oeuvrer tout à loisir, si tant est qu’il connaisse vraiment ce mot-là. Il prit d’abord le temps d’observer les deux campements, vampirique et pirate. Il était également bien déterminé à rendre visite à cette ancienne connaissance qu’il avait entraperçue à son arrivée en ces lieux. Il avait donc envoyé un message à ladite connaissance lui demandant une entrevue, si possible ce jour. Il ne savait pas encore combien de temps il resterait, ou pourrait rester, et préférait ne pas perdre de temps, au risque de voir cette occasion de s’entretenir avec l’érudit s’envoler… Ce fut alors avec un sourire satisfait, marqué de l’ombre de la conspiration, qu’il accueillit la missive que l’alchimiste lui envoya en réponse, une missive des plus laconiques, comme à son habitude. L’heure des complots et chuchotis avait sonné.

À l’heure convenue, il se rendit donc au campement pirate, ses orbes sombres observant avec attention les lieux, les personnes présentes, les installations… Toute source d’informations possible. On lui indiqua la tente de l’alchimiste, sans autre formalité. Arrivé sur le seuil, ne pouvant cogner comme toute bonne éducation le requerrait, il se racla la gorge pour signaler sa présence, puis après quelques secondes de pause, écarta un pan de toile et entra dans la tente.

Je vous remercie d’avoir accepté de me rencontrer à nouveau, fit-il alors d’une voix grave et basse. Quand je parlais de nous revoir un de ces jours… Je n’avais pas pensé qu’il pourrait s’agir de temps si proche...

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Depuis la veille, Demens s’affairait à créer de l’espace dans les murs et le plancher de son atelier pour y ranger sécuritairement chaque cristal de peste. Pour maximiser l’espace, il remodelait les pots en leur donnant une forme de prisme rectangulaire, prenant soin à ne pas accidentellement laisser le moindre contenu s’échapper. Qu’allait-il faire d’une telle quantité de souches? Il avait bien quelques idées, mais elles allaient attendre un moment plus propice. Évidemment, il portait son masque de protection tandis que l’Homonculus se tenait dans l’escalier menant vers l’ouverture du coffre magique, surveillant le passage au cas où un individu un brin trop curieux tentait de venir voir ce qu’il faisait. Comme de fait, en fin d’avant-midi, quelqu’un se présenta, accueilli par un grognement sinistre. L’Alchimiste referma la dalle à l’intérieur de laquelle il rangeait la maladie et se dirigea à la base de l’escalier.

- Tu peux le laisser passer, dit-il à l’intention de sa créature.

Celle-ci cessa aussitôt de grogner et descendit de reculons avant de se glisser sur le côté, permettant au Cafard de monter à la rencontre du messager. C’était l’un des pirates.

- J’ai ça pour vous, laissa-t-il tomber en tendant un parchemin roulé et marqué d’un sceau familier.

Demens déroula la missive : Ilhan Avante, qu’il avait entraperçu la veille, désirait le rencontrer dès que possible, mais tout de même selon ses termes. Soit. Demandant au messager d’attendre, il retourna dans son atelier pour y rédiger une réponse courte : il pourrait le rejoindre à sa tente en début de soirée. Ainsi aurait-il le temps de ranger tous les cristaux qui étaient pour l’heure dans sa sacoche magique. Il retourna porter sa réponse et le pirate sorti de la tente. Le reste de la journée fut sans surprise extrêmement répétitivement pour l’érudit, mais cela ne changeait rien pour lui. La Confrérie avait maintenant à portée de main une arme biologique des plus redoutables, sans compter sur les recherches à venir.

Son ouvrage accompli, l’Alchimiste ordonna à l’Homonculus de demeurer dans son atelier. Il quitta son coffre magique et le fis rapetisser afin de le ranger dans son sac sans fond, puis s’installa à la petite table montée dans sa tente où, à la lueur d’une pierre de lumière, il entreprit de parcourir le livre qu’il avait récupéré dans le musée. Il était clair qu’il était magique, malgré ses pages vierges.

~ Comment fonctionnes-tu? ~

Il feuilleta un moment le livre, tentant de retrouver les illustrations et le texte qu’il avait pu voir la veille, en vain. Il approcha alors son visage des pages jaunies par le temps et chuchota en elfique.

- Raconte-moi le départ des Elfes.

Subitement, les pages se noircirent d’encre, retrouvant l’état familier de la journée précédente.

- Raconte-moi tout sur la Peste de Corail.

Les pages redevinrent vierges en quelques secondes.

~ Il n’est donc pas à jour. ~

Un raclement de gorge dehors attira son attention et quelques secondes plus tard, l’Althaïen entre dans sa tente.

- Je vous remercie d’avoir accepté de me rencontrer à nouveau, fit-il alors d’une voix grave et basse. Quand je parlais de nous revoir un de ces jours… Je n’avais pas pensé qu’il pourrait s’agir de temps si proche…

Cela faisait pourtant quatre mois qu’ils ne s’étaient pas recroisés. Du moins, pas volontairement. Deux semaines plus tôt, alors qu’il testaient les capacités des jumeaux dans la région de Meerhagen, Demens avait vu le diplomate passer à cheval sur une route alors qu’il s’assurait simplement que le convoie qui allait en sens inverse ne s’arrête pas proche du boisée où il se cachait la plupart du temps. Pour toute réponse, il indiqua simplement l’une des deux chaises qui étaient à la table. Se rassoyant également, il repoussa doucement le grimoire sylvestre, fixant ensuite son invité.

- Est-ce encore au sujet des Couronnes?

Une question qu’il savait être inutile, mais les gens aimaient bien poser des questions inutiles pour ouvrir la conversation.

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- Raconte-moi tout sur la Peste de Corail.

L’ouïe fine de l’althaïen avait parfaitement entendu ces quelques mots, juste peu de temps avant qu’il n’entre. Juste avant qu’il ne signale sa présence d’un raclement de gorge. L'alchimiste n'était-il donc pas seul ? Mais quand il entra, personne ne fut en vue, et rien ne sembla pouvoir faire office de cachette.

À peine entra-t-il qu’il fut frappé par les sens de son ornithorynque. Ce n’était plus deux Esprits-Liés qui étaient unis à l’alchimiste, mais trois ! Et pas des moindres. Le cafard, auquel il était lié avant même leur rencontre, le Léopard des neiges qu’il avait eu l’honneur de voir éclore en Thôrmir, et maintenant… le Scarabée. Le Scarabée, allié à ces trois-là, tel le scarabée qu’il avait béni quand il l’avait vu éclore auprès de ces deux mêmes Esprits-Liés sur la route de Cordont en Calastin, quelques semaines plus tôt ! Voilà qui était… une étrange coïncidence. Et s’il y avait une chose à laquelle Ilhan Avente avait du mal à croire totalement, c’était les coïncidences. Thôrmir était-il donc cet individu croisé sur la route près de Delimar ? Étrangement peu de temps avant les incidents qui avaient eu lieu au sein d'un petit village près de Delimar ?

Un fin sourire s’esquissa sur les lèvres de l’althaïen à cette pensée. Bien évidemment, il se garda bien d’en poser la question à l’alchimiste. Le doute persisterait… jusqu’à ce qu’il lance ses agents sur la piste et se renseigne.

Il se contenta donc de s’asseoir au geste d’invitation de Thôrmir à prendre place sur l’une des chaises devant lui, à la petite table éclairée d’une pierre de lumière. Son regard se posa inévitablement sur le grimoire que l’alchimiste repoussait de côté. Un grimoire elfique, à n’en pas douter. Un grimoire elfique qui ressemblait à s’y méprendre à un autre grimoire qu’il ne connaissait que trop bien, et qu’il avait en cet instant en sa possession dans sa sacoche. Il palpitait de la même magie, ses sens sainnûr le lui criaient, et la belle facture était la même, bien qu’elle semblât plus ancienne. Comme lui parlait à Consciencia, était-ce à ce livre que l'alchimiste avait parlé à son arrivée ?

- Est-ce encore au sujet des Couronnes ?

Droit au but, comme toujours. Là encore, un sourire amusé se dessina sur ses traits impassibles par ailleurs. Voilà ce qu’il aimait au moins chez cet individu. Pas de palabres, pas de circonvolutions. Même si en l’instant cette question était superflue, tous deux sachant bien la raison de sa venue, et n’était qu’une tentative de bienséance de la part de l’alchimiste, énorme concession pour lui sans aucun doute. Et si ce trait de caractère, axé sur le pragmatisme avant toute chose et chérissant les propos dénués de tout artifice, était parfois déconcertant pour le diplomate qu’il était, si habitué aux ronronnements futiles de la Cour, il devait avouer l’apprécier aussi, par son côté reposant.

En effet, fit-il également, aussi laconique que possible. Le temps est venu de passer à la vitesse supérieure.

Lors de leur dernière rencontre, du moins rencontre officieuse entre eux, l’alchimiste lui avait révélé de nombreuses informations sur les Couronnes et l’avait conduit ensuite au mausolée. Mais l’althaïen avait d’autres plans en tête, d’autres plans que le savant était sans doute capable de réaliser. L’un des rares du moins à sans doute pouvoir tenter cette folie. Il avait longuement hésité à opter pour ce plan, choisir cette option folle et dangereuse, qui serait presque sacrilège même aux yeux de certains.

Mais, sans avoir le soutien officiel des Esprits-Liés, pas de tous du moins, il n’avait pas reçu de reproche à cette idée de leur part. L’araignée l’avait encouragé à continuer son œuvre. Son ornithorynque avait été retenu de force par Lalaach, même s’il semblait également être très attaché à la Couronne par ailleurs, sans forcément soutenir ni approuver les choix du Graärh. Ilhan en avait l’intime conviction et la certitude presque confirmée : il se devait de libérer son ornithorynque, et peut-être les autres Esprits-Liés retenus par les Couronnes contre leur gré. Couper le lien… quitte à ce que les Esprits-Liés les soutenant vraiment se relient à elles ensuite. Mais au moins les Esprits-Liés auraient le choix et ne seraient plus emprisonnés dans un lien contre nature, comme en témoignait la puissance outrageante des Couronnes. Et les priver de cette puissance était leur seule chance de les vaincre.

Se fier à un pirate pour une telle mission était-elle folie ? Possiblement. Mais Thôrmir, ou, quel que soit son véritable nom, n’était pas qu’un pirate. Il était même sans doute un pirate par défaut. C’était avant tout un scientifique, un érudit, un être qui ne semblait animé que par l’amour du savoir et de la science, rien d’autre. Rien ne semblait compter que cela. Il était donc le plus à même de réaliser ce projet. Même s’il faudrait peut-être prendre quelques précautions...

J’ai un projet, un plan, en tête, pour contrer les Couronnes. Mais je ne peux le réaliser seul. Seul un savant, un expert en certains domaines, pourrait sans doute y parvenir, car cela repousserait les confins de notre savoir actuel. Toutefois, ce que je vais vous proposer est dangereux et peut ne pas être sans conséquence. Si malgré cela, vous souhaitez connaître ce projet, il me faudra une promesse, un serment, de votre part.

Car trouver un moyen de couper les Esprits-Liés des Couronnes était une chose, mais il ne voulait pas que cette arme soit ensuite utilisée pour autre chose. Ce devrait être une arme conçue pour les Couronnes et utilisée contre elles, uniquement contre elles.

En échange, je porterai aussi un serment pour montrer ma bonne foi. Ce serment que je vous demanderai…

Car inutile sans doute de faire attendre l’érudit, tous deux savaient qu’il poserait la question. La curiosité du savoir le tenterait sans doute pour vouloir connaître le prix de ce serment.

Que les résultats de vos recherches pour ce projet ne soient utilisés que contre les Couronnes de Cendres et uniquement contre elles. Sous peine de voir votre art de l’alchimie réduit à néant.

Se disant, il porta une main à son bracelet de bras qu’il portait sur son vêtement. Un bracelet portant un glyphe permettant de sceller ce serment, signifiait-il par ce simple geste, assuré que l’esprit vif de l’alchimiste le comprendrait. Il suffisait pour cela qu’ils unissent leur main et énoncent leur serment à haute voix pendant le geste. Et, comme il le lui avait proposé, l’alchimiste pouvait lui en demander un en retour… Si confiance devait s’installer et si serment devait se sceller, les deux parties seraient concernées.

Ce disant, il tendit donc une main vers l’alchimiste, attendant de voir s’il prendrait la sienne en signe d’acceptation et pour sceller leur pacte à venir.


Glyphe : Le Serment – Unique Draconique : :

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Demens écouta attentivement la nouvelle demande qui lui était faite. Quelque chose de dangereux qui repousserait les confins du savoir actuel? Le prix qu’il aurait à payer s’il se servait de ce savoir autrement que pour contrer les Couronnes laissait certes sous-entendre l’importance de la demande, mais la formulation était vague. Trop vague.

- Dans quel sens serait-il perdu exactement? Un retour à zéro? La disparition de ce que j’ai pu accomplir et de l’impact de ces découvertes? Une incapacité à réapprendre?

Il s’arrêta là, certain que son interlocuteur saisissait l’idée. À n’en pas douter, Ilhan avait déjà fait usage de cette magie avait, à voir l’assurance avec laquelle il avait tendu sa main vers lui. La tournure de phrase laissait entendre que les résultats, même utilisés par autrui, feraient perdre à l’Alchimiste son art.

Mais puisqu’il s’agissait d’un serment à deux sens, le Cafard songeait déjà à l’engagement que l’Althaïen devait prendre de son côté. C’était un homme qui vivait de la politique, comme lui vivait de la science, du moins c’est ainsi qu’il le voyait, et c’est donc de ce côté qu’il lui fallait se pencher. Si lui-même mettait sur la table son savoir, le diplomate devrait mettre sur la table le sien : sa réputation, ses liens avec différents groupes, ses aptitudes à jongler entre ces différents milieux. Oui, il deviendrait un individu lambda, celui qu’on oublie rapidement car il n’a jamais d’importance. Il avait le prix, mais l’engagement? Ici aussi, Demens avait quelques idées. Il pouvait lui demander de ne jamais utiliser son influence pour s’imposer devant les projets de la Confrérie, mais le savant n’était ici que parce que la Confrérie était la faction la plus utile. Il devait être précis, autant qu’il le demandait.

- En échange, vous vous engagez à ne jamais intervenir négativement dans mes autres projets avec votre influence, peu importe leur nature. Sinon, vous perdrez tout ce que vous avez acquis qui vous a mené où vous êtes pour devenir un simple civil qui ne retrouvera jamais son influence.

La demande était-elle trop grande? Il ne savait pas encore ce qui lui serait demandé, mais s’il était pour jouer ce jeu, il voulait être certain de ne pas en ressortir perdant. Se couper des possibilités d’un projet, mais sécuriser tous les autres, cela lui semblait somme toute adéquat.

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Qu’entendait-il par perte du savoir ? Une perte totale. Certes, réapprendre serait possible, mais cela demanderait du temps, au vu de l’érudition actuelle et surtout de la maîtrise dont l’alchimiste faisait preuve en son domaine.

Un retour à zéro en quelque sorte. Vous perdriez tout ce que vous avez appris, tout ce que vous avez pu apprendre dans le savoir alchimique, et repartiriez au commencement. Tout votre savoir actuel sur votre art serait effacé. Ne tiendrait qu’à vous de voir si vous voulez ensuite réapprendre tout ce savoir, et mettre tant d’années à reconstruire ce que vous avez bâti.

Mais comme un tableau sur lequel on repeint tout en blanc, il était toujours possible ensuite de repeindre une scène, identique ou différente, de celle qui avait été "effacée". Certes, cela laissait une porte ouverte, mais, comme tout érudit, l’homme en face de lui devait être assez attaché à sa science. La science était sa vie, avant toute chose. Et même s’il pouvait se permettre, d’une manière ou d’une autre, avec une infime patience, de tout réapprendre, le jeu en vaudrait-il la chandelle ? Rompre ce serment vaudrait-il des années, des décennies, de savoir et de maîtrise ? Il en doutait. Ce serait pure folie.

Et vint alors la contrepartie. Il s’était attendu à une demande assez similaire, mais il devait avouer que l’alchimiste savait faire montre d’intelligence et de finesse. De tous les savoirs qu’Ilhan pouvait posséder, il avait choisi la diplomatie et sa réputation, l'influence qu'il avait su forger en quelque sorte. Toutefois, tout comme il lui avait demandé des précisions, Ilhan en avait à présenter. Tout d’abord, là où lui entendait une remise à zéro, mais une capacité de réapprendre, l’alchimiste demandait une annihilation totale sans pouvoir regagner ce qu’il perdait. Il fallait au moins que leur serment soit à égalité sur ce plan-là. Quant à ne jamais intervenir négativement… Cela méritait aussi quelques précisions.

Disons que, comme vous, je perdrai ce que j’ai acquis en réputation pour devenir un simple civil, telle une remise à zéro, mais, tout comme vous, ce savoir, cette réputation, pourront être réacquis avec le temps.

Là encore, il serait inconcevable qu’il veuille ruiner ce qu’il avait mis des décennies à construire pour rompre un tel serment. Ne pas intervenir négativement dans les autres projets de l’alchimiste en soi ne le dérangeait guère. À une seule condition toutefois… Condition tout à fait normale, qu’on ne pouvait que lui concéder.

Quant à ne pas intervenir négativement dans vos autres projets en usant de mon influence, quelle que soit la nature de ces projets, soit… tant que ces projets ne menacent pas ma famille.

Il regarda l’homme droit dans les yeux. Qui pourrait demander à un homme de laisser son fils, sa fille ou sa femme mourir sans intervenir ? Certes, l’alchimiste semblait peu porté sur ce genre de sentiment, homme solitaire et scientifique jusqu’au bout des ongles. Mais, là encore, il était doté de suffisamment d’intelligence et de sens de l’observation pour concevoir que ce type de serment pour un homme responsable d’une famille serait impossible à réaliser si sa famille venait à être la cible de ses méfaits. Et accepter un tel serment, sans prendre cette précaution, serait permettre aux pirates de pouvoir s'attaquer aux siens, par le biais de l'alchimiste. Il serait inconcevable pour quiconque d'accepter un tel serment, au vu du serment en face.

Ilhan n’avait pas bougé sa main, toujours tendue, et après une courte pause, reprit, reformulant leurs deux serments d’une voix calme et tranquille :

Par le serment qui nous lierait, vous vous engagez à ce que les résultats de vos recherches pour ce projet ne soient utilisés que contre les Couronnes de Cendres et uniquement contre elles. Sous peine de voir votre art de l’alchimie réduit à néant, remis à zéro, requérant alors des années pour le reconquérir. En échange, je m’engage à ne jamais intervenir négativement dans vos autres projets en usant de mon influence, quelle que soit la nature de ces projets tant qu’ils ne menacent pas ma famille. Sous peine de voir mon art diplomatique et ma réputation réduits à néant, remis à zéro, requérant alors des années pour les reconquérir.

Cela lui semblait un bon équilibre. Là où il lui demandait un engagement sur un et un seul projet, l’alchimiste lui demandait un engagement sur tous les projets à venir du pirate. Là où l’alchimiste mettait en jeu son savoir alchimique uniquement, Ilhan mettait en jeu son savoir et sa réputation, mais en gardant la possibilité de défendre sa famille sans rompre son serment.

Il attendit alors de voir la réaction de l’alchimiste et de savoir si ce marché lui convenait. Quand Ilhan lui ferait part ensuite de la teneur du projet qu’il voulait lui confier, l’alchimiste comprendrait aisément les enjeux et donc les précautions que l’althaïen souhaitait prendre. Ce n’était pas seulement protéger le commun des mortels des méfaits des pirates si un usage néfaste était fait ensuite de ces recherches, mais c’était aussi les protéger, un tant soit peu du moins, du courroux des Esprits-Liés qui pourraient se révolter si de telles recherches étaient utilisées à tout va. Qu’ils les utilisent pour se protéger d’un danger menaçant tout l’archipel, voire plus, de destruction totale, soit, les Esprits-Liés pourraient peut-être comprendre et leur pardonner, d’autant plus quand il s’agissait de libérer aussi certains d’entre eux apparemment retenus contre leur volonté dans un lien avec les Couronnes de Cendres. Et après tout, ce projet visait à sauver les propres protégés des Esprits-Liés… Car les Esprits-Liés avaient été créés et étaient auprès d’eux, liés à eux, pour veiller sur la création des Déesses ! Ilhan et l’alchimiste ne feraient que suivre cette ligne directrice en un sens. Les Esprits-Liés pourraient le concevoir et l’accepter. Mais il ne faudrait pas que ces recherches soient utilisées ensuite au-delà...

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La demande avait été un peu trop grande, mais ne s’agissait-il pas en fait d’une tactique de négociation? Demander plus que prévu pour obtenir quelque chose de convenable. Et justement, Ilhan vint nuancer son engament, soulignant qu’il pouvait agir contre Demens si sa famille se voyait mise en danger. Là encore, il y avait une incertitude : un danger indirect comptait-il? S’il préparait quelque chose et que Nathaniel s’en servait? Mais en continuant sur cette lancée, il allait lui aussi devoir préciser son serment. Soit, il allait se contenter du serment actuel, d’autant plus qu’il était probablement en mesure de sauvegarder son savoir autrement. Déjà, il y avait ses notes qui n’étaient pas lui et qu’il pourrait pour réapprendre. Une piste à explorer pour plus tard cependant. Il sera donc la main qui lui était tendue, laissant la trame opérer afin de lier ce duo imprévu.

Cela fait, l’Althaïen esposa finalement sa demande, qui se résumait ainsi : couper les Esprit-Liés des Couronnes de Cendre, ni plus ni moins. Venant d’un homme tel que lui, Demens voyait bien pourquoi il avait pris soin de lui faire d’abord prêter serment. C’était quelque chose qu’il avait peu étudié jusqu’ici, la magie des Esprit-Liés répondant à des règles différentes de la magie standard. Si elle dépendait de la puissance de la trame, elle était innée, même pour celles et ceux qui étaient autrement incapable de produire des sorts de haut niveau. L’alchimie pouvait-elle seulement affecter le lien entre un spirite et son Esprit-Lié? Probablement, quoiqu’il était clair pour l’érudit que ce serait ardu.

- Quels sont les Esprit-Liés concernés ici? J’ai entendu plusieurs informations, mais j’assume que les vôtres ont une plus grande validité.

Car on racontait bien des choses au sujet de ces Couronnes. Dans tout l’archipel, seul une poignée d’individus pouvaient se targuer d’avoir eu affaire à elles, un petit groupe dont faisait parti Demens. Or, même si on voulait communiquer les informations obtenues çà et là au fil des rencontres, le bouche à oreille faisait son travail, jusqu’à donner à ces Graärh d’un autre temps des aptitudes aussi grandioses qu’absurdes. Si l’Alchimiste était en mesure de faire la part des choses pour la plupart de ces ouï-dires, d’autres restaient suffisamment crédibles pour ne pas être ignoré. Mais voilà qu’il avait face à lui un homme qui avait des oreilles partout et qui avait certainement les meilleures informations à ce sujet.

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La main de l’autre venant serrer la sienne fit vibrer la trame de magie et le serment les lia. Lui, lié à cet homme-là entre tous, à ce pirate incongru. Liés tous deux, en un duo si improbable, si inattendu.  Mais était-ce réellement si inattendu ? Certes, Thôrmir était pirate, mais il était avant tout un savant, un assoiffé de savoir. Le savoir est le pouvoir, tel était sans doute leur adage commun. Était-ce alors si étrange qu’ils cheminent ensemble, au moins pour un temps, sur la voie du savoir qui pourrait, peut-être, les amener, ou du moins les aider, à contrer un danger qui dépassait les factions, telles les Couronnes de Cendres ?

Il était vrai qu’il était attaché lui-même à sa faction, à l’Alliance. Il lui avait tout donné, ou presque, le jour où il avait accepté, de façon inopinée, la demande de l’ancienne Intendante de Delimar. Et si maintenant il était lié à Caladon, époux de la Monarque qui la menait de mains d’or, il restait attaché à l’Alliance en elle-même, au symbole de la liberté, du libre arbitre de toute race, avant toute chose. Et au-delà encore, il était attaché à un idéal, fou utopique qu’il avait pu être et qu’il était encore. Il était attaché à mener leur monde à un avenir plus serein, au-delà des querelles de factions, à le mener à son plein essor. Un avenir qui ne pourrait réellement être façonné que par la nouvelle race naissante, ces Sainnûrs qui peinaient encore à comprendre pleinement leur rôle et surtout à trouver pleinement leur place. Mais leur place, leur rôle, c’était l’avenir. La faction ultime à venir. Une faction puissante qui saurait s’affranchir des affres du temps pour construire des projets durables, ancrés dans les siècles, et non dans les décennies étriquées des temps humains, et ce en se défaisant des séculaires contes dépassés d’un autre temps, tels que ceux dont les elfes s’étaient tant bercés.

Les Sainnûrs, voilà sa véritable faction. Les Sainnûrs, et la pleine liberté de choisir et de créer. Créer un monde à eux, qui ne chercherait plus à les éradiquer à la moindre occasion, où ils pourraient cesser de courir de fin du monde en fin du monde. S’il avait une foi forte en les Huit et en les Esprits-Liés, sa foi était tout aussi puissante envers les Sainnûrs, sa race, ses frères et sœurs, son peuple.

Et ce qu’il complotait en cet instant, avec un membre d’une faction potentiellement adverse, n’était que dans ce but-là. Pour l’avenir de sa propre faction, certes, pour que l’Alliance puisse survivre à une potentielle et inévitable attaque dévastatrice des Couronnes, mais aussi pour l’avenir de tout l’archipel. Car qu’on ne s’y trompe pas, si les Couronnes de Cendres lançaient leur attaque ultime, et arrivaient à mener leur projet à terme, ce ne serait pas seulement l’Alliance qui serait menacée, ce ne serait pas seulement les cinq factions, six si l’on comptait toutes les groupes neutres, mais tout l’archipel qui serait alors anéanti.

S’il fallait alors s’allier aux pirates, à cette faction de forbans qu’il ne portait pas en son cœur, pour ne pas dire plus, alors il le ferait et le faisait. Oh oui, il rêvait en son for intérieur de détruire cette maudite piraterie qui ravageait leurs côtes, même si les navires caladoniens avaient la "chance" pour le moment d’échapper à leurs forfaits. Oh oui, il rêvait de défaire ces six capitaines à sa tête, et plus précisément ce fourbe honni qui se nommait Roi de la Confrérie. Oh oui, il rêvait de les voir choir et d’étancher sa sinistre vengeance sans gloire. Mais… ils avaient besoin de ces brigands, et surtout, ils avaient besoin du savoir de cet homme-là.

Et le prix à payer pour lui était grand. Pas seulement par le pacte qu’il scellait de son glyphe du Serment, mais aussi par tout ce à quoi il renonçait avec cette alliance en cet instant. Sa vengeance, son rêve de reprendre son Althaïa, sa soif de retrouver son dû, sa Romantique déchue… Tout cela était balayé au vent en cet instant, face à la gravité de la situation à laquelle beaucoup ne semblait pas, pour le moment, prêter grande attention. Une situation qui leur éclaterait au visage, une fois encore, quand il serait trop tard… Plus de six mois s’étaient écoulés depuis la première apparition des Couronnes. Et il y avait moins de six mois que son plan avait commencé à réellement prendre forme quand il avait rencontré cet homme dans une taverne de Cendres-Terre et qu’il avait réalisé pleinement tout le potentiel espoir qu’il pouvait leur apporter.

Un sourire naquit sur ses lèvres à la question de l’érudit. Toujours droit au but. Quels Esprits-Liés ? Il haussa un léger sourcil quand l’autre affirma que ses propres informations devaient avoir plus de validité. Voilà qui était un compliment peu coutumier venant de cet homme. Et qu’il prit comme tel, car Thôrmir était du genre à parler sans ambages et surtout pas pour ne rien dire. Il reconnaissait là une de ses compétences. Ilhan hocha alors la tête, en guise de remerciement muet. Oui, son intuition se renforçait, leurs compétences à tous deux combinées pouvaient, peut-être, amener à quelque chose. Les informations qu’il avait lui, le savoir alchimique qu’avait l’autre. À tous deux…

A priori, nous avons pu tous les nommer, même si certains avec difficultés. Rog, le créateur de cauchemar, que vous avez déjà rencontré, posséderait le Cafard, le Corbeau et la Lucane. Vous connaissez déjà bien le Cafard.

Se disant, un fin sourire énigmatique se dessina sur ses traits alors qu’il observait d’un regard perçant l’érudit en face de lui.

Mais cela va bien au-delà de nos capacités habituelles de spirite. Il est à un tout autre niveau. Si le Cafard confère à ses spirites une endurance et une résistance aux poisons hors pair, je subodore que pour Rog cela va plus loin. Peut-être le rendant alors… immortel ? Du moins impossible à tuer tant qu’il y sera lié. Le Corbeau lui confère apparemment la capacité de ramener l’âme d’une personne au sein de son corps, même quand celle-ci est morte, peu importe la date de la mort, pour peu que celle-ci ne se soit pas déjà réincarnée. Sans doute lui confère-t-il d’autres capacités. La Lucane, Esprit-Lié que je n’avais encore jamais rencontré, mais on suppose qu’il s’agit de lui, lui donnerait la capacité de créer la vie. Tous les renseignements que nous avons obtenus sur lui convergent sur ce point.

Ce que lui avait raconté Thôrmir lui-même lors de leur précédente rencontre, les événements au mausolée… mais également les révélations d’Udyog, Couronne de Cendre qu’il avait rencontrée dans la forge souterraine de Calastin il y a peu…

Nous avons ensuite Lolupata, doté lui aussi de trois Esprits-Liés de haut niveau, même s’il semble un peu moins puissant que Rog lui-même. De ce qu’on en a vu, il est doté de l’Esprit-Lié du Castor, sa puissante mâchoire est alors redoutable, du rat, ce qui lui donne un appétit apparemment vorace et une capacité à manger tout sans exception avec une résistance physique hors du commun. Possiblement il serait capable de se révéler furtif, alors même que sa corpulence obèse ne prête guère, en temps ordinaire, à cette capacité. Enfin, il est doté d’un Esprit-Lié le dotant d’une capacité pulmonaire ahurissante, son inspiration pouvant tout attirer à lui et son expiration pouvant créer des ravages telle une tornade. Sa forme est inhabituelle, mais en y réfléchissant bien il pourrait s’agir du Tapir.

Il laissa un léger temps de silence s’installer, tout en observant l’homme en face de lui, toujours si impassible.

Cela nous fait six Esprits-Liés, et pas des moindres, reprit-il alors presque en un murmure. Mais cela n’est rien comparé au septième. Laalach, sans doute à l’origine même des Couronnes de Cendres et le plus puissant d’entre tous. Il n’a qu’un seul Esprit-Lié mais à une puissante inégalée, transcendantale. Il est doté de…

Il s’humecta légèrement les lèvres.

De l'ornithorynque, chuchota-t-il enfin d’une voix à peine audible.

Son propre Esprit-Lié, ce compagnon qu’il aimait tant et qui l’avait honoré de son lien, qui l’avait choisi lui aussi. Un compagnon peut-être bien prisonnier d’un lien, qui, s’il ne pouvait dire l’avoir voulu, n’avait pas eu le temps de décider s’il voulait le garder après le sacrilège que son protégé préféré, Laalach, allait s’apprêter à proférer. L’althaïen n’en était pas sûr et certain, tout ceci n’était que déduction. Mais de ce qui lui avait été révélé, il y avait tout lieu de croire que Laalach avait retenu l'ornithorynque contre son gré, profitant de son hésitation. Et si tel était bien le cas, Ilhan était bien déterminé aussi à essayer de libérer cet Esprit-Lié qui l’avait honoré aussi, ne serait-ce que pour lui laisser de nouveau le choix. Qu’il soit libre de rester ou non avec Laalach et non plus retenu par la force.

Ilhan puisa alors dans les capacités que son Esprit-Lié lui conférait et créa un petit verre de glace, qu’il tendit ensuite vers Thôrmir. Oui, il venait de copier son Léopard des neiges. Mais ces capacités-là étaient d’un niveau si faible par rapport à celles de Laalach…

Cela n’est rien comparé à ce que semble capable de faire Laalach. Il émane de lui de la haute magie, mais il semble ne pouvoir l’utiliser qu’au travers de son ornithorynque justement. Toute capacité du Graärh semble venir de lui. En gros, il est capable de copier… tout pouvoir, toute capacité, qu’il rencontre. Les Esprit-Liés, comme je viens de le faire, mais en les copiant à une puissance transcendée là aussi, mais aussi la magie, ou même toute compétence. Il est capable de devenir un archer hors pair si un tel expert se trouve à proximité de lui. Pour faire simple, toutes nos forces deviennent des faiblesses en sa présence, car il les copie, voire les décuple, pour lui. Notre seul moyen de pouvoir avoir une chance contre lui, me semble-t-il, serait de… le couper de son lien avec l'ornithorynque.

Il arrêta de copier les pouvoirs du Léopard et laissa tomber sa création à terre, qui se brisa en six morceaux, qui bientôt allaient fondre sous la chaleur de Keet-Tiamat. Il avait tu sa rencontre avec Udyog ainsi que ce qu’il savait sur lui. Une possible alliance, ou du moins une neutralité, n’était pas impossible avec cette quatrième Couronne, qui semblait peu encline à rejoindre le combat et la cause de ces anciens alliés. Un marché était en court, lui rapporter un objet précieux à ses yeux, en échange de l’assurance qu’Udyog ne soutiendrait pas les autres Couronnes. Pour l’heure, il préférait donc le laisser hors de tout cela. Il observa un court instant les six petits morceaux à terre, se demandant s’ils avaient un quelconque présage, puis releva les yeux sur Thôrmir.

Avez-vous là toutes les informations qu’il vous faut ? Je vous encourage dans ce projet qui, j’en suis conscient, est à la fois folie et non sans risque, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider si vous avez besoin de quelque chose.

Car qui leur disait qu’ils n’allaient pas déclencher la colère des Esprits-Liés ? C’était aussi pour cela qu’il avait voulu faire prêter serment. Pour leur assurer de ne pas (trop) déclencher l’ire de ces hautes instances qui les protégeaient. Prouver leur bonne foi, leur volonté d’agir que dans un seul but, non pas en quête de pouvoir, mais dans la volonté de contrer les Couronnes de Cendre qui outrepassaient les lois fondamentales des pouvoirs conférés par les Esprits-Liés eux-mêmes, et tenter de sauver l’avenir de l’archipel et des vies que les Esprits-Liés avaient pour but de protéger eux aussi, selon la mission qui leur était originellement destinée. Ce serment, plus qu’une garantie, était aussi un gage, face à la possible colère des Esprits-Liés, de leur véritable but et de leur bonne volonté, dans l’espoir de les apaiser.

Je pense que c’est là notre meilleure chance. Si nous ne devions viser que quelques cibles, ce serait Rog, en particulier son Cafard et son Corbeau, qui l’empêche de mourir et lui permet de faire revenir à la vie ses compères, et Laalach surtout, qui semble imbattable tant qu’il aura les pouvoirs de son Esprit-Lié à ses côtés, ou très difficilement. Si vous acceptez de me suivre dans ce projet, je vous en remercie sincèrement.

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Demens écouta les descriptions fournies par le Diplomate. D’abord, il y avait Rog, seule Couronne rencontrée par l’Alchimiste : de par ses Esprit-Liés et leur puissance exacerbée, il était ni plus ni moins un maître de la vie, tant la sienne que celle d’autrui, mais il n’était pas en mesure de tuer par sa simple volonté. Lolupata était pour sa part un maître de la destruction, apte à affronter une multitude d’adversaires de tous genres sans grande difficulté. Puis il y avait Laalach, qui, à l’instar d’Ilhan, était doté de l’Ornithorynque, et s’il s’agissait du seul Esprit-Lié chez cette Couronne, sa puissance en faisait un maître de l’adaptation. Vie, destruction et adaptation… Il savait également que chacune des Couronnes avait été isolée sur l’une des îles de l’archipel afin qu’elles ne se rencontrent pas.

- Savez-vous si une autre Couronne pourrait se trouver sur Calastin? Lors de l’expédition sous Calastin, la situation nous a forcé à fuir en trombe alors qu’une ancienne cité assurément Graärh avait été découverte, limitant notre exploration des lieux. Mais il y avait un portail, et tant Rog que Lalaach se trouvaient à proximité d’un portail du genre au moment de leur retour.

Un élément qui demeurait à ce jour inexpliqué pour l’érudit : pourquoi mettre ces êtres dotés d’une puissance aussi grande à proximité d’un tel moyen de déplacement. Certes, les autres étaient morts, mais en sortant du mausolée, Rog avait sans difficulté reconstruit le portail de Néthéril. Savait-il que ce portail était là? Car si le portail n’avait pas été complet, Rog aurait peut-être fini par être détruit avec les assauts magiques d’Arakjorn, sinon suffisamment mal en point pour ne pas pouvoir aller plus loin.

- Les capacités de Lalaach lui permettent-elles de reproduire également les capacités de créatures magiques? S’il n’arrive qu’à copier les aptitudes des autres races, peut-être vaut-il mieux le mettre face à une meute qui l’attaquera sans qu’il ne puissent compter sur autre chose que ses propres compétences. Concernant Rog et Lolupata, je n’ai aucune idée, sinon attaquer directement le cerveau.

Lui-même était déjà incroyablement résistant en tant qu’Humain ordinaire. Pour se détruire complètement, l’emmener dans un lieu extrême comme le plancher océanique ou le cœur d’un volcan serait probablement la meilleure méthode, mais il avait vu Rog démembré et ensanglanté réussir à s’échapper.

- L’alchimie peut influencer la matière, le corps ou l’esprit, mais la magie des Esprit-Liés me semble bien au-delà de ses limites, sans compter que les poisons tout comme les potions peuvent dépendre de la résistance de la cible. Il faudrait un produit qui agit au niveau spirituel ou cosmique.

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Les questions de l’alchimiste étaient pertinentes et faisaient mouche. C’était là un signe d’une vive intelligence, et qu’Ilhan ne s’était donc pas trompé le concernant. C’était là aussi un signe de potentiel danger, bien entendu. Car Ilhan redoutait bien plus un être doté d’une intelligence affûtée qu’un être doté de compétences guerrières hors pair. Un guerrier, même le meilleur d’entre eux, vous pouviez toujours essayer de le duper, de gagner du temps pour mieux le piéger, parfois aux propres armes du guerrier. Mais face à une forte intelligence, la ruse pouvait ne plus avoir de prise et être démasquée et il vous fallait soit être plus intelligent… soit vous replier en sécurité le temps de trouver une autre parade.

Thôrmir était dangereux, oui, mais pouvait aussi être un précieux allié. Car si face à Lolupata et Rog la force brute pouvait avoir une chance, aussi maigre soit-elle, face à Laalach, elle échouerait. Face à la puissance du spirite de l’ornithorynque, la force brute n’aurait aucune prise et se verrait renvoyer le souffle glacé de sa propre puissance. Seule la ruse leur permettrait de l’atteindre. Selon Ilhan, seuls des êtres tels Thôrmir pouvaient avoir une chance de vaincre, du moins de toucher Laalach en vue de le neutraliser. Peut-être se trompait-il, cela était une possibilité, mais au fond de lui, le Sainnûr en avait la sourde certitude.

Devait-il tout lui dire ? Il n’en était pas assuré. Mais peut-être pouvait-il lui révéler quelques informations, sans tout dévoiler.

Nous savons qu’il existe une quatrième Couronne de Cendres, oui. Elles sont au nombre de quatre, assurément. Les légendes Graärh nous le content, mais au-delà des légendes, de nombreux éléments nous le confirment.

Dont leur rencontre.

Cette quatrième Couronne n’a toutefois encore manifesté aucun signe d’agressivité, ni aucun signe de vouloir prendre part au conflit et de nous attaquer. Nous avons alors bon espoir de tenter de nous en faire un allié, si tant est que cela est possible. Même s’il y a tout lieu de croire que cette Couronne aurait une puissance moindre par ses Esprits-Liés. Du moins de prime abord.

Le Scarabée et le Tigre d’Udyog étaient certes puissants, mais pas autant que ses paires de cendres. Non, ce qui faisait la force d’Udyog, c’était sa forge, sa créativité dans des armes et objets aux pouvoirs légendaires.

Quant à votre question concernant Laalach, elle est fort pertinente. Rien n’a été observé en ce sens. Nous n’avons pas eu la… chance…

Chance était un bien grand mot.

De constater l’existence ou non d’une telle capacité. Mais nous devons partir du principe qu’il est capable de copier tout pouvoir, toute capacité, qui est à sa portée. Nous ne connaissons pas non plus quelle portée a justement son pouvoir de spirite. Le mien peut aller jusqu’à un rayon d’une petite dizaine de mètres. On peut considérer que sa portée va au-delà, et pourrait toucher tout ce qu’il a en vue, par exemple. Nous devons partir du principe qu’il en est capable.

Il était en tout cas rassuré quant à la volonté de l’alchimiste d’entrer dans son plan. Tant par ses questions que par les hypothèses qu’il posait quant à la capacité de son art à remplir ce "contrat". Ou plutôt ce défi.

Je ne m’y connais guère en alchimie. Je n’en ai aucune expérience, si ce n’est que des lectures par ci par là, ce qui n’équivaut en rien la pratique d’un tel art. Mais ce que vous soulevez est fort intéressant. Si vous pensez avoir besoin de certains matériaux, et que vous avez besoin de moyens pour les obtenir, je tenterai de faire ce que je peux pour vous les donner.

Que ce soit en moyen sonnant et trébuchant, ou en moyen de main-d’œuvre et d’agents. Bien que ces agents ne joueraient pas le rôle de cobayes.

Mais pour pouvoir le contacter, que ce soit pour lui donner des nouvelles des avancées des recherches, ou que ce soit pour lui demander des matériaux en particulier, il leur fallait un moyen de communiquer. Ilhan sortit alors un petit étui noir d’une de ses poches, duquel il révéla un petit anneau. Un petit anneau d’or orné d'un lapis-lazuli taillé rondement et gravé d’une rune symbolisant l’union. En l’approchant de son oreille, certains disaient entendre des murmures lointains en émaner… Oui, un de ses anneaux liés à son anneau unique. Certes pas un anneau de la Toile proprement dit, l’aspect en étant très différent et surtout l’anneau ne comportant pas le symbole de la Toile, mais un anneau lié tout de même.

Si vous avez besoin de me contacter, vous pourrez le faire grâce à ceci.

Se disant, il se leva, marquant là la fin de leur entretien. Pour aujourd’hui du moins. Ils avaient beaucoup échangé, et avaient là de quoi réfléchir tous deux à toutes ces révélations, sans aucun doute.

Je vous fais confiance pour ne pas en abuser, ajouta-t-il avec un petit sourire, avant de tourner les talons et sortit de la tente de l’alchimiste.

Il avait d’autres futurs sainnûrs qui l’attendaient pour leur transformation.

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