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descriptionY a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar] EmptyY a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar]

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Le conseil. Quelle immense blague. Des heures perdues, à rejoindre les deux autres Aaleeshan, ces deux femelles à peine capables de prendre une décision quelconque, et encore moins d'en prendre une bonne; des heures perdues à déblatérer pour ne rien entreprendre de concret; et encore tout autant pour revenir...J'enrageai intérieurement de tout ce temps passé à cette inutile réunion sur le chemin du retour. Mon escorte semblait tout aussi ennuyée que moi, quand bien même elle n'avait pas assisté à ces ablutions verbales sans le moindre intérêt. C'était cependant compréhensible : là où j'avais au moins eu le temps de bouillir intérieurement face à ces greluches et relâcher un peu de pression en leur expliquant plus ou moins aimablement ma façon de voir les choses, eux n'avaient pu qu'attendre, sur le territoire des Guépards Célestes qui hébergeaient cette énième séance sans impact...Mais c'en était trop. Deux heures de marche avaient suffi à raviver mon agacement -et n'avaient très probablement suffi à atténuer le leur-. Menant le cortège, je levais un poing en saisissant ma pertuisane de l'autre.

- Enfin un peu d'action... , soufflai-je en désignant d'un signe de tête des traces au sol.

Deux smilodons semblaient être passés dans les environs, plutôt récemment. Probablement un mâle accompagné d'une femelle blessée à en juger par la taille des empreintes. A sept, la partie de chasse s'annonçait intéressante. D'aucuns le savent déjà : ceux qui m'accompagnaient étaient loyaux envers ma personne et les idéaux que nous partagions. La plupart d'entre eux, Shikaarees, m'avaient accompagnée en chasse à plusieurs reprises. Les smilodons, cependant, n'étaient pas nos proies favorites (loin s'en fallait, même) : à quoi bon chasser une proie si dangereuse si celle-ci ne fournissait pas une quantité de viande proportionnelle au risque que sa traque impliquait, sans même parler de la qualité de celle-ci. Certains trouvaient une valeur particulière à une viande aussi complexe à obtenir. Mais sans gras ou presque, avec un goût et une texture rappelant largement celui d'un vieux morceau de cuir gorgé de sang, l'intérêt était des plus minimes...Enfin. Pareille journée méritait largement un peu d'exercice, et mes compagnons semblèrent trouver l'idée à leur goût.

Avant le départ presque à reculons pour cette réunion au sommet, chacun d'entre nous s'était préparé à un voyage troublé, avec le retour des raids pirates dans la savane...Pour ma part, la Protection de la Meute avait été mon choix premier, tout comme celui de ma jeune consoeur, Lha'dii. Sheoggah, spirite du scorpion et gräarh particulièrement touffu, était un excellent lanceur de boules de poils...Et si, ainsi décrit, il y avait largement de quoi hausser un sourcil, se retrouver englué par l'une de celles-ci n'avait absolument rien d'amusant. Enfin, nos quatre autres accompagnants s'étaient penchés vers des améliorations de leurs capacités, physiques ou élémentaires. Une bonne chasse s'annonçait donc!

Cependant que nous suivions les traces, l'air s'était doucement raffraîchi à l'arrivée d'une venteuse vesprée. L'odeur du sable encore chaud contrastait avec l'air légèrement iodé que les bourrasques du large ramenaient jusque dans les terres. Scrutant l'horizon, progressant tranquillement en restant à couvert des buissons, aussi épars qu'épineux sur cette terre ou les mottes d'herbe rase et sèche dansaient sous la moindre brise dans un bruissement sec, nous nous approchions peu à peu de notre proie. Le hasard voulut, par chance, oserai-je ajouter, que celles-ci se dirigent en direction de l'Oasis à l'ouest, et, par extension, du camp des Chasseurs de Smilodons, aussi progressions-nous prudemment, mais toujours en direction de notre objectif. Tant mieux! La distance à parcourir pour ramener nos trouvailles n'en serait que plus courte, pensions-nous...Mais tandis qu'il fait parfois bien les choses, il arrive que le hasard joue des tours. Ou le destin, en fonction de vos croyances personnelles. Ou les esprits. Ou autre chose, encore...Il existait tant de croyances, comme nous autres, Vat'Aan'Ruda, avions pu le constater lors de la bataille du Bäoli en entendant les guerriers étrangers s'en remettre à leurs divinités, qu'en faire une liste exhaustive prendrait plus de temps encore qu'il ne nous en fallut pour traquer les prédateurs après lesquels nous marchions en silence.

Nos proies s'abreuvaient tranquillement au bord de l'eau tandis que nous nous dispersions pour mieux leur couper la retraite. Le piège se refermait sans qu'ils ne paraissent repérer notre présence, restant à contre-vent et à distance raisonnable des deux prédateurs. La femelle, effectivement, semblait avoir été blessée à la patte...une aubaine pour nous autres, un désavantage pour elle. Le mâle, en revanche, de belle taille, paraissait aussi vigoureux qu'il était possible de l'être pour une bête de cette taille. Djerzeb, Kmhûn et moi-même l'attaquerions en premier pour isoler la femelle: nous étions les trois plus agiles et rapides de notre groupe. Les autres n'auraient qu'à se charger au plus vite de sa compagne, et à sept contre un, le décompte de ses chances ne s'annonçait pas de bon augure...si l'on se plaçait de son point de vue.

Nous bondîmes tous trois, ne laissant entendre qu'un léger bruissement, digne du vent dans les Themeda triandra qui ornaient le sol alentour. En deux bonds de géant, Khmûn fut le premier rendu sur la cible. Sa lame mordit dans la chair, tandis que la bête se retournait. Là où il aurait pu atteindre le coeur, son arme ripa sur les côtes, et grand bien lui en fit de suivre son élan plutôt que le retenir. Il roula hors de portée de griffes du monstre, tandis que la patte puissante de ce dernier faucha l'air dans un geste qui aurait sans aucun doute pu venir à bout de n'importe quel Gräarh un peu trop lent. Djerzeb, quand à lui, s'emparait d'un des javelots qu'il transportait dans le carquois en cuir ocre qu'il portait en bandoulière. Les pointes, enduites de sève d'Utas, avaient eu raison de bien des proies...Mais les smilodons n'étaient pas n'importe quelles proies. Un ne suffirait pas à faire cesseur leur coeur de battre. De l'autre côté, Lha'dii semblait déterminée, son arc court à la main, à transformer la femelle smilodon en porc-épic. Si elle n'employait pas de poisons aussi puissants que celui susmentionné, à cause de la proximité entre ses pattes et la pointe de ses projectiles, une réduction d'aconit n'était pas moins létale pour des proies plus petites. Ajouter à ça l'ivresse du combat et la blessure béante de la femelle suffisait à imaginer qu'un carquois suffirait à mettre fin à ses jours, sans même parlait des trois autres Shikaarees qui l'assaillaient pour distraire la femelle des assauts à distance de la jeune chasseresse

Pour ma part, je ne laissai pas en reste mes camarades : notre objectif était de rabattre légèrement le mâle vers Djerzeb, pour éviter de risquer qu'un de ses javelots n'en vienne à nous toucher, aussi fallait-il malgré tout distraire l'attention de la bête. Mon coeur battait à tout rompre tandis que mes mains closes sur la hampe de ma pertuisane poussaient celle-ci en direction des dangereux membres du fauve. Lui couper un tendon ne serait pas chose aisée : leur chair était dure comme un cuir épais, leurs muscles résistants, et leurs ligaments n'étaient pas en reste; un tendon, tout naturellement, n'aurait su, sur pareil animal, être fragile. J'entamai, restant à portée suffisante pour pouvoir échapper à un réflexe violent, une série d'assauts rapides pour affaiblir l'articulation médiane d'une de ses pattes arrières tandis que Khmûn esquivait avec grâce les coups de patte avant. J'eus à peine le temps de me reculer en apercevant la hanche du smilodon se tendre : ses griffes passèrent à quelques centimètres de mon museau tandis que j'amorçai un second bond en arrière, abattant sur sa patte les pointes acérées de mon arme de prédilection, dont la vélocité permit d'entamer profondément l'articulation la plus fragile : celle qui liait la paume de cette patte presque humaine et les appendices digitaux qui en formaient l'extrémité. La seconde frappe s'enfonça plus profondément que la première, tandis que la bête poussait un rugissement de douleur en se dégageant d'un geste brusque, me forçant à lâcher l'arme plantée dans cette "main" monstrueuse. Sans elle, ce n'était pas ma dague qui suffirait à abattre cette force de la nature...

- Aaleeshan!

La voix de Djerzeb me tira d'une réflexion d'un instant sur la manière de procéder, et je me reculai à nouveau tandis que Khmûn tentait désespérément de récupérer l'attention du smilodon. La femelle, de l'autre côté, faiblissait à vue d'oeil alors que l'aconit faisait son oeuvre, mais malgré les coups et les deux javelots plantés dans sa chair, le mâle, lui, était loin d'avoir rendu son dernier souffle. Mon congénère me lança un de ses projectiles, que j'attrapai au vol juste à temps pour me sentir projetée, m'écroulant au sol heurtée à la hanche. Je me relevai aussi vite que possible, comprenant rapidement que ce n'était pas la bête qui m'avait frappée, mais bien un de mes camarades qui venait de me sauver d'un coup de patte...Mais lequel? La femelle s'était laissée choir sur le flanc, semblant peiner à reprendre son souffle. Le poison finirait sans aucun doute ce que les chasseurs avaient commencé. Je comptais mes compagnons en un instant, ressentant leur présence dans le lien que j'entretenais avec le Coq qui les avait marqués : Djerzeb était en retrait, Khmûn, Sheoggah, Jazal, et M'andani tenaient en respect l'animal...Mais Lha'dii manquait à l'appel dans les quelques mètreas autour de l'animal. Sa présence n'avait pas disparu, mais il ne me fallut pas plus longtemps pour saisir ce qui venait de se passer : ma cadette avait encaissé le coup à ma place et s'était retrouvée projetée bien plus loin que je ne l'avais été par son geste salvateur.

- Sheoggah! Lha'dhii a besoin de soins!

Du coin de l'oeil, j'aperçus ma consoeur tenter désespérément de contenir ses plaies, feulant entre deux buissons ras, implorant les esprits de lui accorder leur aide...Mais si nous nous éparpillions, le chasseur deviendrait chassé, et la proie deviendrait prédateur. Sheoggah était doué lorsqu'il s'agissait d'assister un blessé, et son choix de compétence lui permettrait peut-être de colmater les hémorragies dont pouvait être victime la jeune femme. C'était pour l'heure son rôle de la maintenir en vie. Le mien était de mener mon groupe à la victoire au plus vite.

- Khmûn ! Jazal! La cuisse droite! M'andani, cuisse gauche! Djerzeb...Prépare-toi à en lancer d'autres., ordonnai-je en me ruant dans la mêlée. Si elle venait à y laisser sa peau, son sacrifice ne devait pas être vain. Je n'aurais jamais laisser pareille ignominie arriver.

La bête sembla retrouver un instant sa confiance en voyant un de ses assaillants s'enfuir, mais il déchanta rapidement en comprenant que ce choix nous permettait de nous réorganiser. Par trois fois, il tenta de bondir hors de notre portée. Par trois fois, nous l'encerclions de nouveau, jusqu'à ce que son regard croise le mien. Lui et moi avions bien plus en commun que l'on ne pourrait le croire, si l'on excluait le pelage, les crocs, et les traits de fauves. Nous étions des battants. Déterminés. Des prédateurs ambitieux ne laissant place à aucune conteste. Mais lorsque deux êtres ainsi constitués s'affrontent, il n'est pas d'autre issue : l'un des deux doit mourir pour que l'autre survive. Khmûn esquiva, à nouveau, une offensive, alors que le smilodon s'apprêtait à charger, semblant avoir compris qui guidait le groupe. Mais le temps était venu de passer à l'assaut pour nous aussi.

- MAINTENANT!

Les lames de mes congénères s'élevèrent comme un rempart. Le javelot de Djerzeb siffla au dessus de ma tête, et l'animal s'arrêta dans sa course. Le collier à mon cou pulsait d'une énergie destructrice, funeste. Le mâle gémit alors que je m'élançai à mon tour et qu'il reposait au sol les pattes avant qu'il avait levées pour une ultime grande foulée, accueillies par les armes de mes compagnons. Le javelot de Djerzeb se planta dans son encolure alors que nôtre proie laissait échapper un gémissement plaintif sous l'effroi provoqué par le glyphe gravé. Il n'eut pas le temps d'en planter un second que déjà, mes camarades frappaient de nouveau. Ma foulée s'allongea, passant du sable au pelage de la bête. De sa patte avant droite, je m'élançai et frappai à mon tour. Le sang gicla alors que je retombais à terre, assourdie par le feulement puissant qu'il poussait en tentant de retirer le javelot empoisonné qui l'avait privé de sa vision, logé profondément dans ce globe oculaire au diamètre aussi long que mes pattes. Ma pertuisane tomba tandis qu'il se débattait, mes compagnons s'éloignant, et Djerzeb poursuivant son office. Directement encastré dans une muqueuse, le projectile enduit de sève ne laisserait cette fois aucune chance à l'animal...et quelques secondes à peine suffirent à le confirmer. A quelques mètres à peine de sa femelle, c'était désormais son tour de reposer, gisant, sur les berges de l'oasis qu'avaient désertée même les oiseaux de passage. Je ne laissai pas à la bête le temps de rendre son dernier souffle, m'élançant pour rejoindre Sheoggah, qui maintenait tant bien que mal Lha'dii en vie.

Le regard vitreux, le corps agité de convulsions, elle ne saignait presque plus mais la flaque qui empoissait son pelage de sable et de sang mêlés ne laissait aucun doute. Lourdement affaiblie, elle avait perdue une quantité d'hémoglobine considérable. Elle frissonnait, par moment, semblant s'étouffer avec sa propre salive tandis que ses halètements irréguliers apportaient un peu d'air à ses poumons enchâssés dans des côtes probablement brisées. Qu'elle ait tenu jusqu'à la fin de la bataille relevait déjà du miracle...Me laissant tomber en fin de course pour atterrir à côté d'elle à genoux. Je répétai la prière à l'Esprit du raton-laveur en imposant mes mains sur sa hanche blessée, où la peau déchirée laissait entrevoir le muscle abîmé par la rencontre avec l'une des griffes massives de notre proie désormais défunte. Abaissant mon museau, je lappai doucement la plaie pour la désinfecter autant que faire se pouvait, et tenter d'aider, sous la bénédiction de l'esprit évoqué, ses chairs à se ressouder. Ses blessures n'étaient pas régulières, et si les externes étaient parfaitement identifiables, les internes s'avéraient bien plus problématiques. D'un feulement, comme me l'avait autre fois montré Vraa'jek, j'implorai les esprits de m'accompagner pour ressouder ces côtes meurtries...si elle parvenait à respirer, son organisme s'allègerait déjà d'un fardeau inutile, maintenant que Sheoggah avait réussi à colmater les hémorragies les plus graves.

- Aal...eesha...n...

- Calme-toi, Lha'dii. Tu m'as sauvée la vie, c'est à mon tour de te rendre la pareille.

Je passai doucement mes doigts dans son pelage, observant la chair en dessous. Par miracle, elle ne semblait pas avoir subi de grave hémorragie interne, si l'on excluait sa jambe droite que mon congénère avait déjà garrotée. Ses côtes commençaient à se teinter de mauve sous le pelage ras de la demoiselle-puma...Ma main dériva doucement, frôlant à peine sa peau pour ne pas la blesser, jusqu'à son cou et sa joue que je caressai doucement, continuant à lapper ses plaies dans l'espoir que mes prières soient entendues. Peu à peu, ses blessures semblaient s'amoindrir, bénéficiant des soins que ma maîtrise des rites de nôtre peuple conférait à mes gestes. Stabiliser son état ne serait pas un problème, mais de là à ce que ce soit suffisant pour la transporter jusqu'au camp...Près de deux heures durant, alors que la nuit s'était installée sur la savane, je mettais en pratique tout ce qui m'avait été appris depuis mon plus jeune âge pour soulager la douleur et soigner les fractures, plaies et hémorragies de la jeune chasseresse...jusqu'à ce que je sois interrompue par Djerzeb, un javelot à la main.

- Un visiteur, Aaleeshan.

- Et il veut quoi, un bout de smilodon? Qu'il se serve! Au cas où ce ne serait pas assez visible, j'ai du sang plein les pattes et une chasseresse en sale état!, lui répondis-je sèchement. Djerzeb n'avait rien fait de mal...Mais la situation ne se prêtait pas à des politesses, de mon point de vue.

- Il...prétend être un Baptistrel, Aaleeshan., compléta le chasseur, habitué à ce genre de sautes d'humeur. L'avantage de faire partie de mon groupe de chasse depuis près de quinze ans, c'était qu'il était aisé d'acquérir une certaine résilience...Et en la matière, Djerzeb faisait clairement autorité. Je soupçonne même Sheoggah de l'avoir envoyé annoncer le visiteur à sa place pour cette raison précise...

- Ah. Autant pour le smilodon, alors. Qu'il approche. Mais gardez-le à l'oeil. Et informez-le de la situation. S'il est ce qu'il prétend être...Il est possible que nous en venions à le remercier de son apparition impromptue.

Djerzeb ne répondit que d'un signe de tête (il avait cette habitude, pour ne pas perdre de temps, que de répondre d'un geste en fin de discussion, inutile de le voir pour savoir qu'il avait opté pour l'affirmative), et se dirigea vers l'entrée du périmètre que mes cinq compagnons en état avaient établi pour inviter le visiteur à pénétrer dans cette enceinte de sécurité. Il valait mieux que celui-ci ne mente pas. Pour son intérêt personnel...Et parce que je n'avais pas le temps à perdre en considérations inutiles : la vie de Lha'dii était bien plus précieuse que tout le temps que je pouvais accorder à un étranger s'il ne participait pas à son sauvetage...

descriptionY a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar] EmptyRe: Y a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar]

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Depuis qu’il était devenu Gardien au Domaine, la vie de Belethar avait résolument changé son cours. Devenir Baptistrel était déjà un changement en soi, mais devenir Gardien était une toute autre mission. Bien qu’il avait reçu les enseignements de Kehlvehan, l’Espérancieux pensait que ce n’était vraiment que lorsque l’on faisait face aux choses que l’on savait ce qu’il en était réellement.

Le Poste de Gardien du Domaine impliquait en vérité bien des choses, et L’Espérancieux ne s’attendait pas à ce qu’il porte aussi bien son nom. Particulièrement en ce moment, il était question de bien des choses dans l’Ordre, et notamment de la sécurité des Baptistrels, qui s’était encore une fois retrouvée menacée. Les conversations allaient bon train aux séances de Conseil, et il est vrai que Belethar passait un temps non négligeable à rassurer, tempérer les discours, et surtout donner le ton de ces prochains mois.

Si le précédent gardien, qui était également le maître chéri de Belethar, s’était affaibli avec le temps, et délaissé quelque peu l’Ordre pour finalement trouver une sorte de paix intérieure dans la dévotion à Néant, l’Espérancieux comptait bien lui reprendre les choses en main. Venu d’une famille de renom qui avait bâti de nombreux bâtiments, et qui savait comment gérer une affaire, depuis quelques jours déjà Belethar réfléchissait à comment faire prendre un nouveau tournant à l’Ordre.

Les éléments évoluaient, Belethar le sentait à travers les vibrations du monde qu’il percevait à présent, les temps avaient changés, et au milieu de cet océan d’incertitude persistait une chose pour L’Espérancieux : l’Ordre s’était toujours présenté comme étant un gardien du savoir global, les garants de l’Harmonie de ce monde.

Et pourtant … En dix ans, ils avaient connu plus d’attaque que pendant les deux-cent dernières années. Est-ce que l’Ordre devait impulser une évolution pour prendre en compte ces chamboulements ? Certains Cawrs disaient qu’il le faisait déjà, intrinsèquement, d’autres plaidaient pour quelque chose de plus accéléré et construit collégialement … Et Le Gardien Espérancieux dans tout cela était sceptique. Un scepticisme justifié à son sens, car il était soucieux de ne pas dénaturer l’ordre naturelle des choses, ce à quoi les baptistrels s’étaient toujours fiés, mais il avait vu de ses yeux toute la dévastation qu’avaient causé les Couronnes au Domaine, et imaginait sans aucune difficulté ce que cela pouvait donner à une échelle plus globale. De là, est-ce que les baptistrels devaient entreprendre quelque chose pour maintenir l’Harmonie d’une façon plus proactive autour d’eux ? Ceux-ci n’avaient jamais ignoré les grands conflits jusqu’à présent, mais peut-être que les méthodes n’étaient pas les bonnes … Belethar y songeait, pensait, et doutait aussi.

Et quand celui-ci était sceptique, il partait prendre l’air, se rafraîchir l’esprit, s’offrant des balades méditatives pour remettre son esprit en place. En l'occurrence, il avait dit ici qu’il devait vérifier les défenses du Domaine pour s’échapper. Ce qui était tout à fait réel : l’antre des baptistrels poursuivait sa reconstruction, et Belethar tenait à suivre personnellement les réparations des défenses, car il en était le garant en tant que Gardien. Puis il s’était accordé par la suite une balade dans la savane de Stymphale.

Néthéril offrait des paysages tout à faits variés et saisissants, et l’explorateur qu’était Belethar ne pouvait se lasser de trouver de nouvelles choses ça et là où il flânait : une nouvelle fleur qu’il n’avait jamais aperçu auparavant, des troupeaux d’animaux en liberté qui se baladaient … On y découvrait sans cesse des choses, pour qui écoutait la nature comme un baptistrel …

Et c’est cependant un son dissonant, qui vint chatouiller les tympans de Belethar comme pour le rappeler à la réalité, un bref instant. Des bruits de fer, couplés à ceux de puissants rugissements. Assurément des notes qui vinrent s’installer en légers acouphènes dans la tête du baptistrel. Cette mélodie discordante, il aurait pu la reconnaître entre mille.

C’était là la mélodie de la force, du combat, de la volonté de tuer … La volonté de perturber l’harmonie de ces terres. Une mélodie que L’Espérancieux avait du mal à encaisser, spécialement car son ascension en tant que baptistrel était encore toute récente. Plutôt que de s’enfuir, il s’était cependant installé sur un rocher, et avait attendu quelques minutes que cela passe, en jouant un air tranquille avec son nouvel instrument : Xacuetz était assurément un instrument tout à fait singulier qui produisait un son d’une pureté exaltante, qui avait le don d’adoucir tous les maux dont Belethar pouvait être la victime.

Ainsi passèrent quelques minutes, et finalement les acouphènes disparaissairent … Pour laisser place à un grand silence, qui furent bien courts, car remplacer par des râles de douleur et une agitation certaine, qui poussa Belethar à se lever de son rocher pour voir ce qu’il se passait : s’il n’avait aucune intention de faire de l’ingérence dans une potentielle bataille qui pouvait avoir lieu dans cette savane, il pouvait au moins sauver les blessés.

L’Espérancieux n’eut pas à marcher bien loin avant de constater qu’un groupe de graärh s’était arrêté là, avec un smilodon mort non loin d’eux. La vue du cadavre d’animal tout juste décédé désorienta quelque peu Belethar, qui sentit soudainement son oreille interne le faire tourner de l'œil … Cependant la venue à sa rencontre d’un poilu l’obligea à se reconcentrer tout de suite, et à quitter des yeux ce cadavre de cette créature décédée.

On lui demanda de décliner son identité, et la raison de son observation du groupe de Graärhs. Ce que L’Espérancieux fit prestement, de sa voix atone presque distante, mais qui semblait tout à fait sincère pour autant :

“Je me nomme Belethar Espérancieux, ami graärh. Je suis un baptistrel.” Un sourire se dessina sur son visage, avant qu’il ne sorte de sa poche un écusson métallique de son ordre qu’il gardait toujours avec lui pour preuve de sa bonne foi. “Gardien de l’Ordre, depuis peu.” Ajouta t-il, dans un souci de complétude et d’honnêteté propre à leur ordre. “Je me baladais dans les environs après ma ronde pour vérifier nos défenses … Et le vent à porter mes oreilles des bruits de bataille, puis des râles de douleurs. Peut-être puis-je aider votre amie qui a l’air bien mal en point … ?”

Le graärh eut un petit regard méfiant, mais force est de constater que les arguments de l’Espérancieux firent mouche, car le Graärh ne tarda pas à partir pour trouver sa cheffe : il allait l’informer de la situation, et une fois que ceci aurait été fait, il reviendrait avec l’autorisation ou non d’approcher.

L’Espérancieux leva les yeux au ciel : comme si on pouvait sincèrement se passer de l’aide d’un baptistrel quand la vie d’autrui était en danger. Mais Belethar comprenait. Les Graärh étaient de plus en plus méfiants envers les sans-poils … Même si les conflits que les races se portaient les unes envers les autres n’éta ient pas dans les préoccupations primaires de Belethar; il comprenait aisément pourquoi il avait droit à de telles réactions. Le traitement qui était réservé aux poilus par certains sans-poils n’était pas spécialement des plus humanisants, c’était le moins que l’on pouvait dire.

Alors L’Espérancieux attendit sagement, sifflotant tranquillement un air en attendant la venue du Graärh. Quelques secondes passèrent, et Belethar fut finalement conduit au groupement de chasseurs. Sur le chemin, il demanda le nom du graärh qui l’accompagnait, qui lui répondit : Djerzeb. Un nom qu’il n’avait encore jamais entendu nul part, même si ses amis poilus s’étaient faits croissants ces derniers temps.

Arrivant auprès du groupe de chasseurs, Belethar ne fit pas attention aux quelques personnes le dévisageant comme s’il avait commis une quelconque atrocité, et choisit plutôt de s'asseoir en tailleurs à côté de la victime. Il comprit assez rapidement ce dont il était question : il avait vu des êtres mal au point pendant toute sa vie, aussi était-il capable d’établir un diagnostic à l'œil. En l'occurrence, il n’était pas difficile de comprendre que cette chasseresse graärh avait dû avoir quelques mésaventures avec le smilodon, réduit lui à l’état de cadavre. L’Espérancieux fit pour l’assemblée, de sa même voix distante et appliqué à la tâche :

“C’est une chance que vous ayez quelques connaissances en magie curatrice. Sans cela, votre amie serait morte à l’heure qu’il est.”

La vérité pouvait parfois heurter, ou blesser, mais là était le devoir d’un baptistrel. Il ne devait rien cacher aux personnes qu’il côtoyait. L’Espérancieux pris doucement la patte de la chasseresse … Et sentit au même moment les regards se faisant plus insistant sur lui :

“Je ne suis pas ici pour lui faire du mal. Mon Serment m’en empêche.” Rappela t-il. L’Espérancieux ferma les yeux un instant, et chanta un air toujours sur le même ton distant à voix basse. Il chercha le chant-nom de la chasseresse, et le trouva bien vite. Il se contenta de puiser les informations dont il avait besoin pour ne pas trop se fatiguer, à savoir où et comment s’était-elle faites ces blessures, et ce qu’il en restait, puis il rouvrit les yeux.

Belethar adressa un regard et un petit sourire à la camarade de la blessée, assise tout comme lui auprès d’elle, et fit :

“Je crois que nous allons pouvoir la tirer de cette mauvaise passe assez facilement. Elle aura cependant besoin de repos, par précaution. Avez-vous de quoi bivouaquer ici ? Je peux peut-être vous aider à trouver de quoi, si vous voulez …”

L’Espérancieux eurent ses doubles pupilles qui grossirent soudainement, se rendant compte qu’il en avait oublié les fondamentaux de courtoisie, trop absorbé par sa tâche présente :

“Si votre camarade ne vous a pas déjà informé, je me prénomme Belethar Espérancieux. Gardien de l’Ordre Baptistrale …” Il fit un petit clin d'œil, avant d’ajouter : “Et soigneur de graärh d’un soir. Et vous, vous êtes … ?”

Liant parole aux gestes, Belethar désigna d’une main la mal-en-point du groupe, et courba la Trame et son énergie pour que celle-ci trouve l’enveloppe corporelle de la jeune graärh. Un étincelle de lumière se fit, et bientôt, on vit comme des petites étoiles d’énergie blanche venir couvrir les zones où la chasseresse était mal en point.

“Cela l’aidera à recouvrer ses forces. Rien de dangereux, ne vous en faites pas.”

descriptionY a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar] EmptyRe: Y a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar]

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Fuyant les doigts du glabre, des lucioles évanescentes dansaient autour du corps inerte de notre comparse évanouie. Contrairement à ce qu'il sembla penser, je n'étais pas inquiète pour deux sous : au vu de l'état de Lha'dii, nous n'aurions pu la sauver seuls. Pardonnez mon fatalisme, mais qu'il soit en train de l'aider ou non, le pire était déjà en route...Et j'avais souvenir de l'assistance prêtée à nos guerriers par les baptistrels après les affrontements contre les Chimères. La magie des glabres était définitivement fascinante. Elle puisait dans des flux que nous autres pouvions ressentir, mais pas toucher, entrevoir, mais pas exploiter. Ces lumières dansantes, combien de fois les avais-je vues entourer de leur aura apaisante les corps blessés de mes frères et soeurs, au crépuscule d'une journée de bataille? Bien trop pour les compter, bien trop pour les oublier...

- Je crois que nous allons pouvoir la tirer de cette mauvaise passe assez facilement. Elle aura cependant besoin de repos, par précaution. Avez-vous de quoi bivouaquer ici ? Je peux peut-être vous aider à trouver de quoi, si vous voulez …

L'adresse du Baptistrel me tira de souvenirs désagréables. Je cillai rapidement, portant mon regard sur le reste du groupe et balayant de la patte tant les visions fantasmatiques de l'après-combat que l'attention portée intensément par mes chasseurs sur l'humain. Pour sûr, nous n'avions rien contre ceux de son ordre, mais avec les assauts récents des pirates, se fier aux sans-pelage était devenu difficile. La tragédie qui avait frappé Néthéril sous la forme d'un carnage perpétré par ces hors-la-loi était imprimée dans nos têtes comme la plus entêtante des mélodies discordantes.

- Ton aide est appréciée, Baptistrel. Pardonne notre méfiance, ton ordre et ta personne n'en sont pas la cause..., lançai-je à son adresse en saisissant de nouveau ma lance, désignant deux membres du groupe de sa pointe acérée. Jazal, Khmûn.

Mes mâchoires claquèrent à deux reprises, ordre semi-silencieux entendu par les chasseurs qui disparurent dans la sombre savane pour s'atteler à une recherche rapide de quelques racines et au dépeçage de nos proies précédentes. Si nous voulions efficacement dresser un bivouac, il n’était plus temps de partir en chasse...Tant pis pour le plaisir gustatif, la viande de smilodon ferait largement l’affaire pour un repas de fortune pour permettre à Lha’dii de récupérer, grâce en soit rendue au baptistrel. Reportant mon attention sur la chasseresse blessée, j’observai attentivement ses plaies se refermer.

-Si votre camarade ne vous a pas déjà informé, je me prénomme Belethar Espérancieux. Gardien de l’Ordre Baptistral … Et soigneur de graärh d’un soir. Et vous, vous êtes … ?

Une bien piètre guérisseuse, de toute évidence...Jh’eena Orën. Nayak, et Aaleeshan de la légion Vat’Aan’Ruda. m’introduis-je en le saluant d’un signe de tête. Je réitère les excuses en mon nom et celui de mes chasseurs. Depuis le début des raids pirates, nous avons tous perdu des êtres chers sous les coups de non-gräarhs, d’où une certaine méfiance, mais en aucun cas cette animosité n’est dirigée vers votre ordre ou votre race...

Le baptistrel ne manqua pas la réaction de mes camarades, qui, non loin, découpaient la peau épaisse de la bête sans le quitter du regard, babines légèrement retroussées, oreilles en arrière. Le pauvre glabre se retrouvait malgré lui dans une situation bien complexe, si l’on se plaçait du point de vue d’un gräarh voyant arriver un inconnu dans une configuration aussi tendue entre les miens et les sans-pelage. Pourtant, ce n’était plus un secret pour personne : les Baptistrels aident ceux qui en ont besoin, soigneut blessés et malades, et assistent les nécessiteux, en bons samaritains, sans distinction d’origine, de langue ou de race. Et pourtant. Pourtant le souvenir traumatisant de nos frères et sœurs gisant sur le sol, ou ceux encore qui furent enfermés dans des cages sans le moindre espoir de revoir un jour le sol qui les a vus naître revenaient dans nos esprits comme une incessante litanie fantasmatique, une hantise mnémonique sans échappatoire...Certains Gräarhs l’auraient sans doute abattu sans sommation, par pur esprit de revanche, preuve évidente que les nôtres savaient faire preuve, tout comme les leurs, d’une stupidité parfois effarante. Nous n’étions cependant, ces êtres et moi, pas fais du même bois, tout comme mes chasseurs, si hostiles qu’ils puissent paraître, n’auraient pas tenté de manœuvre offensive sans ordre préalable ou provocation justifiant un passage à l’acte. Belethar, puisque c’était son nom, tissa autour de notre sœur blessée un cocon protecteur pour l’aider à récupérer. A nouveau, il s’agissait d’un enchantement que je ne connaissais que trop bien, pour avoir assisté maintes fois à son exécution par les glabres, ce qu’il confirma en justifiant son geste, voyant mes confrères se tendre à la vue des minuscules feu-follets entamant leur farandole autour du corps inerte de la chasseresse.

-Cela l’aidera à recouvrer ses forces. Rien de dangereux, ne vous en faites pas.

Je ne connais que trop bien les effets de cette magie, nombreux sont mes frères et sœurs à en avoir bénéficié après la bataille du Bàoli... soupirai-je en m’approchant de Lha’dii, posant ma patte sur son front pour caresser le pelage ras sur sa tête d’un geste que certains pourraient qualifier de « maternel ». Elle avait encore tant de choses à vivre, à voir, à réaliser. Elle ne devait pas mourir ici. Elle ne POUVAIT pas mourir ici. Grâce en soit rendue à ton ouïe, Gardien. Nos rites n’auraient pu que retarder quelque peu l’inévitable, mais la magie des tiens est autrement plus efficace lorsqu’il s’agit de soigner un blessé grave.

Efficaces, mes deux comparses envoyés à l’atelier boucherie revinrent, suivis de près par M’andani et Sheoggah, venant s’enquérir de l’état de santé de notre blessée. Ils se maintenirent cependant à distance raisonnable du guérisseur et du corps inanimé, afin de ne pas l’étouffer ou gêner le travail du baptistrel, dont ils purent ainsi constater l’efficacité. Je fusillai les quatre du regard, en constatant que leur attitude, à mi-chemin entre la crainte et l’aggressivité contenue, ne changeait pas malgré tout. Sheoggah fut d’ailleurs le premier à le sentir, et s’inclina poliment devant l’Espérancieux, portant sa patte droite contre son poitrail pour le saluer en bonne et due forme, se présentant sobrement par le nom qui lui avait été donné à la naissance, bientôt suivi dans ce protocole par les trois autres, avant de s’en retourner monter la garde. Jazal se chargea d’allumer un feu à l’aide des pierres dédiées à cet effet, s’attelant à terminer la découpe de la viande de smilodon sur une planchette plate. Brisant le silence nocturne, les deux lames dont il se servait pour hacher cette barbaque dure comme de la semelle claquaient contre le support, en rythme. Un rythme apaisant, en trois temps (une ancienne blessure au coude ralentissait son bras gauche, aussi en limitait-il l’usage), Ta-ta-tac, ta-ta-tac, ta-ta-tac...Cartilage, graisse, muscles et abats vidés, rien n’échappait à ces épais tranchants qu’il maniait à la perfection. Lorsque nous partions ainsi en expédition, prendre des vivres était nécessaire, aussi put-il ajouter à son œuvre quelques racines, graines et baies séchées puis réduites en poudre, qui cacheraient sans doute un peu le goût puissant de cette viande définitivement bien peu intéressantes sur le plan alimentaire. Alors que je m’adressai à notre invité surprise, j’observai du coin de l’oeil mon frère d’arme former des boules de viande hachée et les aplatir contre la paroi d’une jarre de terre cuite qui servirait de tandoori pour faire cuire le repas du soir. Définitivement, en plus de ses talents à la chasse, il était un atout à avoir dans son groupe lorsque l’on souhaitait limiter la quantité de viande crue ou séchée à ingurgiter !

- Il est une question que je me pose depuis quelques temps, à laquelle sans doute le Gardien de l’Ordre Baptistral saura répondre : Comment rejoint-on cet ordre ? Il me semble n’avoir jamais entendu parler d’un Gräarh Baptistrel quand bien même la demeure des Baptistrels se trouve sur cette île..., m’enquis-je alors que l’odeur des épices et de la viande s’échappait du four de glaise en réveillant mon estomac, pourtant noué par la frustration d’avoir du assister une fois de plus à ces réunions inutiles, et par la blessure de Lha’dii...Il s’en fallut de peu pour que mon adresse suivante à mon interlocuteur sans-pelage ne soit une excuse pour mon ventre grondant...Mais il n’en fut rien, et je pus, salivant légèrement à l’idée de manger quelque chose, écouter sereinement sa réponse, ne pouvant m’empêcher de jeter un œil sur ma consœur chasseresse, priant silencieusement les esprits pour qu’elle se relève bientôt...

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Belethar s’enquit tranquillement des réponses de la graärh et du groupe qui l’entourait, qui finissait par redescendre en pression, au fur et à mesure des actions du Gardien. L’Espérancieux émit un petit soupir de soulagement brièvement quand il vit que l’ambiance commençait à se détendre : ce n’est pas qu’il gérait mal la pression, mais comme le signifiait la fonction qu’il avait embrassée, il n’appréciait pas vraiment se battre. Il aurait certes pu se défendre et assurer sa propre survie très facilement à la vue des pouvoirs qui lui étaient conférés … Mais il n’y avait pas vraiment de ça chez les baptistrels. Au Domaine, on n’apprenait pas vraiment à un baptistrel l’auto-défense – encore que, Belethar songea peut-être qu’il fallait y mettre ce genre d’enseignements au programme, si les dangers de ce monde les menaçaient encore une fois –, c’était en cas d’extrême urgence que l’auto-défense venait d’elle-même.

Toujours était-il que les langues finirent donc par se délier, et l’Espérancieux reçut des excuses. Belethar se contenta d’incliner poliment la tête, sans plus de réactions que cela, car il était occupé à soigner le malade. Pas de cela entre eux : il n’était pas du genre à se vexer facilement, et surtout il y avait plus urgent que pour tergiverser sur des questions de politesse. Et il comprenait pourquoi certains poilus étaient méfiants envers les sans-poils : lui-même connaissant des sans-poils ayant été plus que maltraités par d’autres personnes malintentionnés … Mais aussi maltraités par leurs propres légions. Mais cela, c’était une autre histoire.

Toujours était-il qu’il avait face à lui une figure importante de Néthéril : une Aleeshan qui chassait en compagnie de ses camarades, ce qui, d’après ce qu’il savait, équivalait à ce qui pouvait s’apparenter à une reine dans leurs propres systèmes de bipède. Une figure de proue qui menait un certain nombre de population, en tout cas. Encore que, il savait que leurs voisins s’étaient organisés en conseil depuis l’attaque des pirates … Mais tout ce qu’il retenait c’est que le terme d’ « Aleeshan » était lié à des fonctions importantes. Belethar se disait donc qu’il fallait garder cela en compte dans les échanges qui suivirent : ce n’était pas n’importe quel graärh, dans tous les sens du terme.

Belethar fit un petit sourire quant aux compliments qu’il reçut vis-à-vis de la bataille du Baôli, et du fait que la magie des sans-poils était soi-disant plus performante que celle des gräarh. Il se frotta sa petite barbe avant, de dire :

« Nous autres baptistrels sommes là où les plus nécessiteux en ont le plus besoin … » Même si cela devait impliquer de collaborer avec des factions, disons moralement discutables. Belethar en savait quelque chose, lui qui avait aidé des pirates à construire leur nouvelle capitale. Ils avaient beau être des marginaux, aux habitudes bellicistes, ils restaient avant tout des êtres humains. « C’est peut-être notre devoir, mais je suis content d’aider là où je le peux, et de faire profiter à tous de nos dons extraordinaires. » fit l’Espérancieux en un petit clin d’œil. « Ne vous dévalorisez pas cependant. Même si vous ne comprenez pas encore la Trame comme nous, rien n’est insurmontable et vous pourriez tout à fait vous en servir comme si ce n’est mieux que nous bientôt. Le Temps résoudra peut-être votre problème. Sans compter que votre rapport aux Esprits est infiniment plus développé que le nôtre, et que vous disposez de capacités physiques parfois bien supérieures à celle des sans-poils. ».

Belethar pris une pause dans ses paroles, pour observer que tout autour de lui, les compagnons de Jh’eena se mettaient effectivement en branle pour bivouaquer. Bientôt, avec l’aide de tous, ils arrivèrent à faire de la bien piteuse situation précédente, un moment qui pouvait presque paraître convivial si on oubliait les petits regards curieux que Belethar recevait de temps à autres. Mais les efforts précédents de l’Aleeshan avaient diminué leurs fréquences. Constatant qu’un chef cuisinait de la viande, Belethar précisa à Jh’eena :

« Vous savez que nous autres baptistrels, avons une consommation de la viande bien contrôlée. Notre engagement nous empêche de tuer la viande nous-même, pour respecter les vœux de protection des êtres vivants. Une idée reçue que beaucoup de gens ont, est d’ailleurs le fait que nous soyons tous végétariens. Ce qui est partiellement vraie, car beaucoup des membres de notre ordre sont des elfes, qui eux ne doivent pas manger de viande. Mais des membres des autres races existent, comme moi, qui suis un humain. »

Belethar eut un petit sourire sur ce dernier mot, avant de préciser : « Enfin, depuis peu un humain étrange lié au Néant, mais un humain quand même. Observez plutôt. » L’Espérancieux pris alors Xacuetz, porté alors comme un pendentif sur son cou, et le fit grandir pour qu’il reprenne sa taille normale. Il joua alors une douce mélodie un court instant. Belethar senti alors des vibrations être portées par ce son, et bientôt, derrière le chef de ce soir qui était affairé à faire cuire sa viande, se construit progressivement un petit paravent fait de bois qui avait pour but de protéger le feu de la cuisson. Quand Belethar joua les dernières notes, il fut totalement construit et solidement posé. Il ponctua alors son intervention :

« Ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça. L’instrument que j’ai en main m’y aide beaucoup. C’est une trouvaille que je n’abandonnerai pour rien au monde » ajouta-t-il, avec un petit clin d’œil.

Il se porta finalement sur la question de l’Aleeshan, qui portait sur les conditions d’acceptation dans l’ordre. Belethar eut un nouveau petit sourire, avant de lui répondre :

« Soyez rassurée, si vous voulez envoyer certains des vôtres étudier au Domaine, vous le pouvez. Nous avons en vérité peu de critères, mais ceux-ci sont vraiment déterminants : vous devez être un bipède vivant, n’avoir jamais tué personne directement ou indirectement, et ne jamais mentir … » Belethar apporta quelques précisions à ses paroles : « Comprenez donc que par exemple les vampires ne pourront jamais devenir baptistrel, par leur caractéristique principal d’être des morts-vivants. Et quant aux autres critères, il est fait exception des créatures vivantes tuées par inadvertance, comme une fourmi sur laquelle on marcherait, mais également de la chasse quant celle-ci est réalisée en cas d’ultime solution de subsistance… Quant au mensonge, ce n’est un critère qui ne vient en compte qu’après l’âge de raison, si je puis dire. ».

Belethar termina de professer par un détail important :

« Mais en tous les cas, nous autres baptistrels savons presque tout, et nous sommes capables de dire quand un être vivant est capable de passer sa cérémonie pour être intronisé. En vérité, la raison de pourquoi vous n’avez encore jamais entendu parler de baptistrel graärh, est parce que cela prend du temps de devenir un véritable baptistrel. Cela ne se voit peut-être pas forcément sur mes traits du visage, mais j’ai derrière moi un long apprentissage de 30 ans. Et comme nous ne sommes pas arrivés depuis très longtemps sur cet Archipel … Mais dans quelques années, peut-être pourrons nous sacrer notre premier baptistrel graärh, qui sait. Ce serait un honneur en tout cas. »

Belethar eut un petit regard au loin quant à cette perspective : renouvelé le collège baptistral serait en tout point une perspective amusante, et il se demandait bien à quoi pourrait ressembler ce premier baptistrel graärh. L’Espérancieux ponctua son intervention par une petite remarque :

« Cela étant, sans devenir Cawr, un Baptistrel pratiquant si vous préférez, chacun peut se présenter au Domaine pour suivre nos enseignements. C’est le cas de nombreuses personnes que je connais. Ils suivent des cours, parfois dans l’ambition de devenir baptistrel, parfois pas, et quand ils en ont assez, où qu’ils se rendent compte que ce n’est pas fait pour eux, ils s’en vont. Nous avons de nombreux savoirs à partager, et nous le partageons volontiers. Si l’un d’entre vous est donc intéressé, vous pourriez tout à fait vous présenter pour quelques sessions. »

Belethar fit un petit sourire. Bien sûr, il se doutait qu’ici chacun avaient des obligations tribales, mais sait-on jamais, peut être qu’un fils, ou un frère ou une sœur de … pouvait être intéressé. Il ne fallait pas négliger ces choses-là.

descriptionY a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar] EmptyRe: Y a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar]

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Force était de reconnaître que l'espérancieux appartenait, de ce qu'il montrait, à ce genre de personne que Je trouvais agréables à fréquenter. Son parler calme, sa dévotion à une cause, et son ouverture d'esprit aux différences entre les peuples lui donnèrent immédiatement une aura nettement plus agréable que son simple statut de bipède glabre. Non pas qu'il l'ait choisi, de toute évidence, mais en plus de sauver la mise à notre sœur blessée, il partageait avec mes chasseurs et moi-même quelques considérations et anecdotes rendant bien plus vivable et vivent cette soirée de chasse qui aurait pu se poursuivre sur de bien plus funestes augures.

- Tu fais honneur à ton ordre, Gardien, et à sa cause. Inutile d'adopter le vouvoiement, cependant, , lui assurai-je, légèrement amusée par cette déférence (que l'usage aurait voulu que j'applique également) dont je honissai l'emploi hors des discussions formelles et outrageusement cérémonieuses qu'il fallait parfois se farcir pour faire avancer les choses. il est bien assez d'occasions de se perdre en politesses dans d'autres contextes que celui d'un bivouac.

Mes Shikaaree y étaient habitués : Si au sein de la légion, se plier à l'étiquette était une question d'honneur, ils étaient tous parfaitement autorisés, une fois sorti du cadre des rencontres officielles et des murs de la cité des wigwam, hors d'atteinte des oreilles de ceux qui pourrait en prendre ombrage, de s'adresser à moi dans mon simple prénom et sans employer toutes ces circonvolutions qu'imposait l'étiquette pour permettre à chacun de masquer ses propres intentions. Le tutoiement rendait une discussion plus personnelle, plus directe, il était bien plus facile de mentir en vouvoyant , car ce simple petit mot, "vous", suffisait à masquer par la déférence tout possible animosité. Les esprits savent à quel point je détestais ce type de faux-semblants. Dans le même temps je ne souhaitais pas mettre le baptistrels dans l'embarras. Au cœur de leur domaine ou en société, serais pas permise pareil entorse au protocole, mais pour une rencontre fortuite et un repas d'un soir, à quoi bon s'éterniser en politesse inutile? Nous n'étions pas après tout que deux âmes chacune leur propre chemin, qui seraient dans les minutes ou heures à venir à emprunter à nouveau chacun leur propre voie, dans un monde où les troubles ne faisaient ces dernières années que de se multiplier. Nul doute, donc, le gardien de l'ordre et l'Aaleeshan que j'étais, or est à l'avenir foison d'opportunités de se donner du "vous" à n'en plus finir.

- Vous savez que nous autres baptistrels, avons une consommation de la viande bien contrôlée. Notre engagement nous empêche de tuer la viande nous-même, pour respecter les vœux de protection des êtres vivants. Une idée reçue que beaucoup de gens ont, est d’ailleurs le fait que nous soyons tous végétariens. Ce qui est partiellement vraie, car beaucoup des membres de notre ordre sont des elfes, qui eux ne doivent pas manger de viande. Mais des membres des autres races existent, comme moi, qui suis un humain.

- Force est de constater que je connais bien mieux le régime alimentaire des fauves de la savane que de ses bienfaiteurs... Si Djerzeb ne s'est pas laissé emporter par son estomac, nous emportons toujours des pâtisseries au miel, des noix et des fruits secs pour tenir lors des longues chasses. lui répondis-je en lançant un clin d'oeil amuse à l'intéressé qui ne manqua pas de maugreer dans notre langue qu'il n'avait qu'une fois vidé nos réservés, alors qu'il n'était encore qu'un Graahron en apprentissage, et que l'on ne l'y reprendrait plus. D'un grondement léger et saccadé, je soulignait mon amusement en lui envoyant une bourrade amicale dans l'épaule avant de m'en retourner a notre invité : ce n'est pas aussi juteux qu'un morceau de smilodon, mais si cela convient mieux a ton régime alimentaire, sers toi a ta guise, Gardien. C'est la moindre! des choses que nous puissions faire pour te remercier de ton aide.

De son côté, l'Esperancieux ajoutait a son soutien médical l'agrement d'un abri pour notre feu de cuisson, a l'aide d'un genre d'ocarina étrange dont je pouvais sentir les vibrations magiques parcourir l'air ambiant de cette douce soirée. J'ai tenté d'en comprendre la trame mais tout comme celle usitée par la magie que les sans-poils emploient, la structure même de celle-ci m'échappait totalement. C'était pourtant différent que j'avais pu constater chez les lanceurs d'entraves ou de boules de feu en tout genre, je ne saurais dire en quoi, mais cette magie était différente encore. Différente et pratique! D'une légère moue impressionnée, le signaler autant mon étonnement que ma reconnaissance au Baptistrel. Aussi simple que pouvait paraître cette assistance, elle ne manquerai pas de faciliter le travail de notre cuisinier du soir, j'envoyai Djerzeb chercher les provisions promises a l'humain, qui mit le doit sur ce je-ne-sais-quoi qui séparait la mélodie enchantée des sorts plus "classiques" : telle était donc une des possibilités de la magie du néant, assistée par le son doux et chantant de l'instrument qui lui servait...de catalyseur? j'en eus la confirmation juste après m'être posée la question.

- Ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça. L’instrument que j’ai en main m’y aide beaucoup. C’est une trouvaille que je n’abandonnerai pour rien au monde »

- "La guilde des bâtisseurs le déteste : il travaille le bois sans même le toucher!" m'amusai-je de son geste en récupérant les besaces tendues par mon camarade de chasse toujours grommelant. Djerzeb était l'un de mes piliers au sein de la Légion, une épaule sur laquelle on pouvait compter en toutes circonstances, un camarade dévoué, intelligent, et un chasseur talentueux. mais qu'est-ce qu'il pouvait être susceptible...je retiens un nouveau petit rire en le tirant vers moi par le poignet pour l'enlacer, toujours assise en tailleur, Réjouis-toi de la présence d'un Baptistrel a nos côtés et du sauvetage de ta soeur, au lieu de râler comme un grand-père ! Excuse-le, il n'aime pas qu'on lui rappelle ses erreurs, mais il en fait trop peu pour ne pas le taquiner sur ses faux-pas du passé.

- Mais je SUIS grand-père! j'ai le droit de râler! rétorqua l'intéressé en se défaisant de mon étreinte, hésitant un instant a lui aussi m'adresser une bourrade avant de se reprendre et de lisser le pelage que je lui avais ébouriffé affectueusement, se raclant la gorge, puis de s'adresser à Belethar en langue commune: Pardonnez-moi, notre Aaleeshan a le don de nous faire tourner en barrique...

- C'est "bourrique", non?

- Oh, et puis merde! [/b] finit-il par capituler dans notre idiome avant d'aller aider son camarade à découper le smilodon pour ne pas jeter d'huile sur le feu alors que je reprimai a grand peine une hilarité certaine.

- Mes excuses également, il faut bien rire en ces temps troublés...reprenons notre discussion! C'est effectivement un instrument étonnant! Si je trouve quelque chose de semblable, il y a de fortes chances que je vienne vous ennuyer, vous ou vos confrère, pour en comprendre le fonctionnement!

la discussion se poursuivit sur les baptistrels. il était agréable d'entendre un de leurs membres en parler de façon moins formelle que ce que j'avais pu entendre après la bataille du Baóli, tout en restant des plus sérieux. les conditions d'entrée dans l'ordre étaient effectivement incompatibles avec les Nuisibles a longues dents, et, pour beaucoup de Gräarhs, également. Notre propension à nous crêper le chignon pour résoudre les imprévus éliminait d'office bien des candidats de notre peuple... et je ne parlais même pas des Vat'Em'Medonis. La jeune génération, en revanche, pourrait espérer, pour partie, rejoindre un jour leurs rangs. Pouvoir également profiter de le renseignement sans faire partie de leur ordre s'averait pour moi être une nouveauté, preuve qu'il me restait encore bien des choses à découvrir sur ce qui partage est avec nous l'archipel.

- Ah... Je crains qu'il ne me faille attendre ma prochaine vie si d'aventure la reconversion me tentait. Si cependant j'en trouvais le temps, sans doute viendrai je m'instruire auprès des vôtres. Mon peuple a ignoré et ignore encore bien trop de choses, qu'il s'agisse de la trame, de sujets de société, ou même de sa propre histoire, a long comme a court terme, et de celle des autres peuples. Mais qui sait? Je serais tout aussi honorée qu'un de mes frères ou une de mes soeurs prenne un jour part à l'oeuvre des Baptistrels. Le temps viendra sans doute., finis-je en lui tendant la besace de fruits secs et le petit sac de toile contenant les sucreries, alors que mes frères veillaient, pour l'un, notre consoeur, et, pour les autres, s'attelaient en cuisine.


descriptionY a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar] EmptyRe: Y a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar]

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Belethar apprécia les compliments qu’on lui fit et y répondit d’un petit sourire entendu. Il n’était pas vraiment habitué à recevoir de compliments, probablement trop humble pour vraiment se considérer à sa juste valeur … Après tout, un baptistrel se devait d’être d’une grande hospitalité, alors il estimait être dans la moyenne.

Mais la discussion repris de plus belle, et l’Espérancieux semblait aussi se relâcher avec celle-ci qui continua : Jh’eena se montra plus familière, et les autres obtempérèrent à sa suite. C’était la meneuse, et cela se sentait.

Belethar s’amusa justement de la réaction de la graärh quand il fut question du régime alimentaire. Elle semblait d’un coup le regarder avec de … véritables yeux de prakash frits. Ou du moins, cela semblait comme cela à Belethar. Après que l’Aleshaan eut dit à Belethar qu’ils avaient d’autres victuailles, ce dernier fit, avec un petit clin d’œil :

« N’ai crainte. Ma nature de baptistrel me contraint à de nombreuses choses, alors je ne dis pas non à un bon morceau de viande de temps en temps. »

Des contraintes oui, mais qu’il portait avec fierté. En vérité, Belethar pensa que si toutes les personnes de ce monde pensaient comme des baptistrels, ils auraient certainement eu moins de problèmes. Mais c’était une vaste utopie bien entendu.

La soirée suivit son cours, et le Gardien fut amusé de constater à quel point la graärh semblait étonné de ses capacités magiques. Il était vrai que les félins-bipèdes qu’ils étaient ne percevaient pas la Trame comme les sans-poils … Alors l’Espérancieux trouva des petites pointes d’émerveillement dans les yeux de l’Aleshaan qui le firent sourire. Même si elle avait paru dure aux premiers instants, il suffisait de la brosser dans le sens du poil pour comprendre comment elle fonctionnait.

S’ensuivit une petite « rixe » entre elle et son collègue, à laquelle Belethar assista d’un air semi-lointain et souriant. Après sa petite mélodie, il semblait s’être perdu dans ses pensées. S’il écoutait toujours les paroles des uns et des autres, il sembla être temporairement absent, comme absorbé par ce graärh cuisinier qui préparait la viande. Le savoir-faire des êtres humanoïdes le fascinait de plus en plus souvent ces derniers temps.

Mais il revint à lui quand Jh’eena eu fini de régler ses quelques « problèmes » avec son compagnon de tribu. Elle reprenait la conversation ainsi :

« Mes excuses également, il faut bien rire en ces temps troublés...reprenons notre discussion ! C'est effectivement un instrument étonnant ! Si je trouve quelque chose de semblable, il y a de fortes chances que je vienne vous ennuyer, vous ou vos confrères, pour en comprendre le fonctionnement ! »

Belethar eut un petit sourire taquin avant de répondre à Jh’eena quasiment du tac-o-tac :

« Je ne crois pas que tu en trouveras de sitôt, Aleshaan. Cet instrument n’est autre que Xacuetz Le Treizième. C’est un de ceux ayant fait partie de l’orchestre de la création, quand notre monde est né. »  Belethar cligna des yeux, et sentant qu’il avait jeté un froid, repris d’un ton plus amusé : « Je l’ai trouvé au sein de la demeure des dieux en ruines. Une aventure des plus rocambolesques. » Belethar eut un nouveau petit sourire, et un regard soudain lointain, repensant à cette aventure … Une des nombreuses qu’il avait connue avec son presque-frère Ilhan. C’était indéniablement un moment mémorable de sa vie, bien que dangereux.

La discussion se poursuivit là, et si Belethar abreuva Jh’eena d’explications, il sentit là encore une forme de curiosité poindre dans l’esprit de la Graärh. Une fois qu’il eut fini, lui laissa un peu de temps à l’Aleeshan pour répondre, et il ne fit pas déçu du voyage, car c’était bien quelqu’un d’intéressé qu’il avait trouvé ici :

« Ah... Je crains qu'il ne me faille attendre ma prochaine vie si d'aventure la reconversion me tentait. Si cependant j'en trouvais le temps, sans doute viendrai je m'instruire auprès des vôtres. Mon peuple a ignoré et ignore encore bien trop de choses, qu'il s'agisse de la trame, de sujets de société, ou même de sa propre histoire, a long comme a court terme, et de celle des autres peuples. Mais qui sait? Je serais tout aussi honorée qu'un de mes frères ou une de mes soeurs prenne un jour part à l'oeuvre des Baptistrels. Le temps viendra sans doute. »

Belethar attrapa la besace qu’on lui tendait d’un petit signe de tête, et piocha un petit peu dedans – veillant cependant à ne pas en prendre de trop non plus, il ne fallait pas piller les personnes avec qui il bivouaquait –. Une fois qu’il en eut manger un ou deux, il cligna des yeux, et se tourna vers Jh’eena, comme son cerveau venait de penser à quelque chose. Le Pater Familias fit alors :

« Nous n’avons jamais formalisé cela avec ta prédécesseuse, mais si tu le souhaites … Et si notre présence est tolérée bien entendu, je pourrais inviter quelques-uns de mon ordre à venir auprès des tiens. » Belethar connaissait la réputation des légions graärh d’être parfois dérangé par les sans-poils, à raison car leur expérience avec ses semblables n’avaient pas toujours été roses, mais l’Espérancieux n’avait pas vraiment de tabou. « Dans nos pays, nous avons souvent ce genre de conteurs itinérants, se baladant de tavernes en tavernes, racontant des histoires à qui voudra lui donner un peu de temps, et un peu d’argent … Nos portes sont ouvertes, bien entendu mais … un des miens, ou même moi en personne, pourrait faire le voyage, simplement en échange de ton hospitalité. Et bien sûr raconter des histoires de nos mythes et légendes, notre histoire, vous faire profiter de nos arts … Ou d’autres choses encore. Nous possédons peu ou prou tout ce qui peut se savoir dans ce monde, alors autant en faire profiter tout un chacun... Qu’en dis-tu ? »

Belethar eut un petit sourire. Cette proposition tomba un peu comme un cheveu sur la proverbiale soupe, mais après tout, les graärh et baptistrels étaient voisins et n’avaient jamais vraiment eu d’interactions solides ensemble. Il était peut-être temps que cette proximité se traduise en quelque chose ? L’Espérancieux ne craignait pas de faire, et de partager. Il jugea également bon pour les races dans son ensemble qu’un sans-poil fasse la démarche d’aller vers eux, et non l’inverse. Même si les pirates étaient ce qu’ils étaient, Belethar précisa sa pensée quelque peu sur cette initiative :

« Je me sens un peu coupable que vous ayez à subir les exactions de certains sans-poils … Tous ne sont pas comme ceux à qui vous avez dû faire face. Peut-être qu’une présence pacifique itinérante et occasionnelle pourrait calmer les tensions. Qu’en pensez-vous ? » La question s’adressait à Jh’eena mais aussi aux autres de la petite compagnie qui les entouraient. Peut-être que tout un chacun avait un avis là-dessus bon à prendre.

A l’odeur alléchée, cependant, le baptistrel se tourna un instant, pour faire redescendre l’atmosphère et s’adressa à ceux attelés en cuisine :

« Je ne crois pas avoir senti de si bonnes saveurs depuis un bon bout de temps. Que vous nous préparez-vous de bons ? »

descriptionY a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar] EmptyRe: Y a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar]

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S'il accepta une pré-collation adaptée à son régime alimentaire, le Baptistrel consentait malgré tout a faire une entorse a celui-ci pour partager le fruit de notre chasse. Plus l'ambiance se détendait, malgré les marmonnades incessantes de Djerzeb, qui passèrent de manière de manifester son irritation à plaisanterie continue pour amuser nos deux autres camarades, plus ce Gardien me semblait sympathique. Son ordre était définitivement un mystère a mes yeux. Indépendance, érudition, curiosité, humilité étaient les maîtres traits apparents de sa personne, autant de qualités qui manquaient à notre peuple. Pareille opposition pouvait étonner, a n'en pas douter, et pourtant, cet échange fut des plus naturels, comme si nous nous connaissions depuis un temps bien plus ancien que notre réelle rencontre. Il reprit la parole pour parler de instrument qu'il venait d'employer :

- Je ne crois pas que tu en trouveras de sitôt, Aleshaan. Cet instrument n’est autre que Xacuetz Le Treizième. C’est un de ceux ayant fait partie de l’orchestre de la création, quand notre monde est né.  Je l’ai trouvé au sein de la demeure des dieux en ruines. Une aventure des plus rocambolesques., nous apprit-il avec un leger amusement qui laissait a penser que cette excursion n'avait pas du être de tout repos. certains, peut-être, y auraient décelé une gaieté certaine face au danger et a la symbolique auquels pareil lieu pouvait prétendre. Je m'apprêtais à lui répondre quand Djerzeb s'anima. le chasseur avait trouvé l'instant parfait pour frapper sa proie sans lui laisser la moindre chance de s'échapper.

- Je ne sais pas si elle irait jusqu'à la demeure des dieux, mais, Gardien, vous sous-estimez l'incroyable capacité de notre Aaleeshaan aux aventures rocambolesques...

Je grondai en me projettant d'un pas vif vers le Shikaaree mes griffes arrachant au passage des mottes de terre sèche a la brousse environnante, babines retroussées, crocs en avant...avant de me relâcher en une attitude contemplative. Djerzeb n'avait, comme prévisible de sa part, pas bougé d'un pouce. Si je ne l'avais pas connu depuis nos jeunes années, ma ruée aurait pu être une provocation en duel, la où, freinant des quatre fers, j'affichai un manque certain d'etonnement

-...il n'a pas tort.

Après un  nouveau bol de moqueries, L'espérancieux changea le sujet de conversation, le dirigeant vers une idée de collaboration.Nous n’avons jamais formalisé cela avec ta prédécesseuse, mais si tu le souhaites … Et si notre présence est tolérée bien entendu, je pourrais inviter quelques-uns de mon ordre à venir auprès des tiens. [/b], proposa-t-il de prime abord avant de détailler un peu plus le sens de sa pensée vers une entente et un échange culturel possible pour l'avenir. Je me sens un peu coupable que vous ayez à subir les exactions de certains sans-poils … Tous ne sont pas comme ceux à qui vous avez dû faire face. Peut-être qu’une présence pacifique itinérante et occasionnelle pourrait calmer les tensions. Qu’en pensez-vous ?

- Pouvoir concrétiser cette idée serait un honneur...mais je ne  sais pas si ce ne serait pas un rapprochement trop brutal, au vu des récents innombrables affrontements face aux pirates  Les nôtres étaient fiers, ils sont maintenant méfiants envers les non-graarh. À très court terme, ce ne me semble pas raisonnable. Mais les choses vont si vite....dans quelques semaines? mois? qui sait? Peut-être serons-nous assis a écouter un des vôtres dans la cité des wigwams?

voyant que son avis était sollicité, celui des Shikaaree resté le plus proche de nous (un indice, son nom commence par Djer- et se termine par -zeb ) semblait approuver l'initiative du Baptistrel avec un peu moins de réservés que je n'en possédais. puis, apostrophé par notre invité du soir, ce fut à (cuistot) de se tourner vers nous :

- Je ne crois pas avoir senti de si bonnes saveurs depuis un bon bout de temps. Que vous nous préparez-vous de bons ?

- Un des plats traditionnels de la tribu des Chasseurs de Smilodons! Les parties les moins fibreuses des muscles de l'animal sont coupées en dés puis dorées dans sa propre graisse, avant de mijoter avec quelques racines dans une sauce aux épices, aux noix et aux fruits. Le smilodon a la fibre dure, mais la graisse s'y infiltre facilement et crée un chemin pour la sauce qui va l'attendrir...ce devrait bientôt être prêt.

Khmûn voulait être cuisinier, mais il s'etait toujours aussi bien battu qu'il savait préparer tous types de repas, de la collation mineure au banquet. s'il n'était pas aussi doué une lame a la main pour bien plus que la découpe de végétaux, sans doute se serait-il limité à la préparation de repas...mais en devenant Shikaaree, il obtenait une position des plus intéressantes pour conjuguer passion et fonction: il pouvait chasser, cueillir...bref, préparer en route tout ce qu'il pouvait trouver de consommable. L'emmener en chasse était un plaisir. Non seulement il était discipline et sympathique, mais en plus, le retour signifiait non seulement "rentrer à la maison" mais aussi "faire bombance et ripaille". Ce soir, malgré la préparation et la présence de notre invité, l'accident de Lha'Dii nous empêchait tous d'être a notre meilleur niveau de joie, mais chacun savait ce qu'il avait à faire.

-...Mais je me permets de rebondir sur votre propos précédent...je pense que l'enseignement des Baptistrels pourrait convenir à mon fils aîné. il n'est pas fait pour la chasse. Son corps manque de muscles, mais il a la tête bien faite et l'âme tournée vers les autres...je lui en parlerais en revenant, si vous n'y voyez pas d'inconvénients.

- ...et voilà qui ouvre de nouvelles portes. J'avais dit "semaines" ou "mois", mais qui sait? peut être serait-il envisageable de recevoir un des vôtres dans quelques jours, Gardien? C'est une excellente idée, Khmûn !

- et vous savez ce qui est une excellente idée? manger tant que c'est chaud., répondit-il en nous amenant des bols.

Dans les récipients de bois, qu'une cuiller en bois recouvrait pour ne pas s'en mettre plein le pelage, la viande se dessinait sous une sauce onctueuse et brillante d'un orange pâle tirant parfois vers un brun clair. Les arômes qui s'en dégageaient ne trompaient pas un museau félin : combava, pistache, curcuma, cannelle, piments doux, quelques racines trouvées dans les environs, des graines de caroube, de la cacahuète...et un trait d'alcool de miel. Par dessous les généreuses bouchées découpées à même le prédateur venaient se dessiner quelques tubercules cuits sous la cendre, rutabaga, crones, et...un autre a l'odeur légèrement sucrée qui devait être du panais...on n'arrivait a en faire pousser qu'en bordure d'Ile. comment diable avait-il réussi à en récupérer, a en conserver, et a le garder en état? Encore un mystère Khmûnien, comme a chaque fois qu'il se mettait au fourneau...

- Merci! Deposes-en un bol a Lha'Dii, également, qui sait? avec un fumet pareil, il y a de quoi donner faim à un graarh mort! bon appetit, Gardien, et bon appétit a tous!

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Belethar écouta avec attention la petite assemblée, et eut un petit sourire aux mots de celui qui se présentait comme Djerzeb, quand il indiqua que sa cheffe n’était pas non plus du genre à être très pantouflarde. Le baptistrel ajouta alors :

« Je vous prends au mot, tous les deux. Il faudra me raconter ces aventures alors, et peut-être pourrais-je vous compter des miennes. Notre peuple de navigateurs a eu son lot de péripéties. » il eut un petit sourire : après tout, pour un graärh qui n’avait jamais connu l’ancien continent au-delà que par le nom que leur donnait les sans-poils, peut-être que cela pourrait les intéresser, d’autant qu’une famille comme celle de Belethar avait été en son cœur pendant de nombreuses années. Peut-être pourrait-il faire le conteur, un de ces jours, à un autre moment, notamment quand l’humeur de la petite assemblée serait meilleure, celle-ci étant tout de même bien minée par la blessure de leur camarade.

Ainsi Belethar profita quelques instants du vent chaud qui léchait les quelques arbres environnants de la Savane, avant qu’une réponse ne soit formulée de la bouche de Jh’eena, au sujet d’une potentielle collaboration entre Graärh et Baptistrels :

« Pouvoir concrétiser cette idée serait un honneur...mais je ne sais pas si ce ne serait pas un rapprochement trop brutal, au vu des récents innombrables affrontements face aux pirates. Les nôtres étaient fiers, ils sont maintenant méfiants envers les non-graärh. À très court terme, ce ne me semble pas raisonnable. Mais les choses vont si vite…dans quelques semaines ? mois ? qui sait ? Peut-être serons-nous assis à écouter un des vôtres dans la cité des wigwams ? »

Belethar se frotta la barbe, en écoutant les arguments de l’Aleeshan. Bien que son ordre ne soit en rien comparable à des personnes de la Confrérie Pirate, n’ayant pas le même but et pas le même mode de vie, l’Espérancieux comprenait ce genre de discours conservateurs. Après tout, les graärh en avaient aussi pris pour leur grade, et briser la spirale de la haine n’était pas chose aisée. Le Gardien répondit :

« Va pour quelques semaines alors, Aaleeshaan. Si cela te dits, je laisse le soin aux tiens de porter le message et la bonne parole de mon ordre : je pense que tu auras compris que nous sommes des voisins pacifiques. Nous ne faisons que nous défendre quand on nous attaque … Et peu nous attaquent, au demeurant. A titre personnel, il me tient à cœur de briser cette spirale de la haine que votre peuple a connu. Du moins, j’y fais mon possible. Toi et les tiens, vous n’avez qu’à venir quand vous serez prêts. Puisque vous m’avez tous accueilli ici pour ce bivouac, je vous renvoie l’invitation aimablement. »

Belethar fit un petit clin d’œil. Cela était dit, et les baptistrels n’avaient qu’une parole. En temps voulu, Jh’eena pourrait se saisir de cette invitation si elle le désirait. Sur un ton plus léger, il reçut une réponse du chef cuisinier de ce soir, qui détailla ce qu’ils allaient manger :

« Un des plats traditionnels de la tribu des Chasseurs de Smilodons ! Les parties les moins fibreuses des muscles de l'animal sont coupées en dés puis dorées dans sa propre graisse, avant de mijoter avec quelques racines dans une sauce aux épices, aux noix et aux fruits. Le smilodon a la fibre dure, mais la graisse s'y infiltre facilement et crée un chemin pour la sauce qui va l'attendrir...ce devrait bientôt être prêt. »

L’Espérancieux hocha la tête d’un air entendu. Il passa la langue rapidement devant sa bouche pendant les explications du chef. Les soins qu’il avait prodigué quelques instants plus tôt lui avait ouvert l’appétit, et il avait hâte de gouter à cette fameuse préparation spéciale. C’était aussi cela le bonheur d’être installé en de telles terres : il n’avait qu’à marcher quelques instants et il se trouvait en un monde totalement différent. Une culture, et une manière de vivre qui n’avait rien à voir avec le peuple sans-poil. Cela laissait Belethar parfois sans voix.

Et c’était pour cela à son sens qu’il était important de rendre la pareille. A ce sujet, le cuisinier parla de son fils, qui pourrait être potentiellement intéressé par un enseignement baptistrel. Belethar hocha doucement de la tête aux mots de celui-ci, puis à ceux de l’Aaleeshaan. Se faisant silencieux pour l’instant, le Gardien semblait réfléchir, alors qu’on lui apportait un petit récipient de bois avec le mets préparé.

Un fumet délicieux, et un gout délicieux : Belethar s’était saisi de la cuillère, et avait porté une petite bouchée à ses papilles qui découvrirent des saveurs qui résonnaient comme un de ses morceaux de musique que l’on écoutait au Domaine. Inattendu, puissant, mais aussi réconfortant à la fois … L’Espérancieux ferma ses yeux à l’instant, et ce fut presque comme s’il se trouvait au milieu d’un concert, où luth et tambours travaillaient de concerts pour former une certaine harmonie dans la nourriture qu’il dégustait.

Se rendant compte qu’il devait être un peu ridicule, Belethar rouvrit les yeux, et s’aperçu qu’il avait la chair de poule au niveau de ses bras. Le Cawr eut un petit rire, avant de complimenter le cuisinier :

« Pour sûr que je n’ai jamais goûté pareille viande, surtout faite sur le tas de cette façon ! Tu as un réel talent pour la cuisine ! » Remis de ses émotions, Belethar ajouta : « Et pour ton fils, c’est avec joie que nous l’accepterons au Domaine. En vérité, le plus tôt serait le mieux pour lui, si cela lui plaît. L’apprentissage pour être baptistrel est un très long chemin, pour qui souhaite accéder à ce rang. » L’Espérancieux fit un petit clin d’œil, avant de préciser sa pensée, tant pour le concerné voulant envoyer son fils que pour l’Aaleeshaan, pour que celle-ci se fasse une idée de ce dont il parlait :

« Il m’a fallu trente ans pour y arriver. Pour autant, ce ne sont pas trente ans que l’on passe enfermer dans une bibliothèque à étudier : nous voyageons, comme moi ce soir, pour nous rendre utile, mais aussi pour découvrir des choses par nos yeux, et constater l’Harmonie de la nature partout où nous allons. Nous croyons beaucoup dans l’Empirisme. »

Belethar s’arrêta un instant, et profita de quelques instants pour reprendre une bouchée de cet excellent plat, avant de préciser ce qu’il disait :

« Mais ce long engagement est réservé aux plus déterminés. En vérité, beaucoup des personnes que j’ai connu au Domaine n’y sont resté que quelques semaines, voir que quelques mois. Nous acceptons que tous viennent étudier le monde, pourvu qu’il respecte la communauté. Qu’il ne reste que quelques jours, ou trente ans, cela ne fait pas de différence pour nous. »

Belethar eut un nouveau sourire, avant de ponctuer pour l’Aaleeshaan :

« Et je n’ai aucune crainte sur le fait que des graärh ne respecte pas le code de vie d’une tribu. N’est-ce pas ? »

Question rhétorique. Mais il était curieux de voir ce que Jh’eena avait à dire de tout ceci.

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Sheoggah était un véritable cordon bleu, d'autant plus lorsqu'il s'agissait de préparer de la viande. Il faisait honneur au nom de son clan, dusse nos différentes tribus n'en être plus qu'une seul et même. Descendant de Chasseurs de Smilodons, il avait appris à préparer cette viande au goût puissant à merveille dès sa prime jeunesse, et cette fois ne faisait pas exception à la règle. L'assemblage du poivre sauvage, des pistaches et des innombrables plantes aromatiques qu'il promenait en permanence aromatisait parfaitement la viande. Conformément à sa prédiction, celle-ci s'était bel et bien attendrie, bien plus qu'il n'aurait été possible de l'imaginer en voyant les blocs énormes découpés à même la bête, dans ses muscles crispés jusque dans la mort à grands coups de couteau. Le Baptistrel sembla apprécier autant que moi sa première bouchée, m'arrachant un petit grondement amusé. Il n'avait pas du manger de viande depuis bien longtemps pour afficher pareille extase gustative! Cependant, plus intéressant que l'appréciation de nôtre dîner, dont les bols se vidaient presque plus vite qu'ils n'avaient été remplis, était la considération d'une possible alliance prochaine. Très prochaine, même, si l'on en croyait l'échange entre nôtre cuistot et le Gardien.

-Et pour ton fils, c’est avec joie que nous l’accepterons au Domaine. En vérité, le plus tôt serait le mieux pour lui, si cela lui plaît. L’apprentissage pour être baptistrel est un très long chemin, pour qui souhaite accéder à ce rang.

J'esquissai l'équivalent d'un sourire tandis que Sheoggah écoutait avec attention le récit, court mais précis, de ce que requérait pareille formation. Apprendre un mode de vie nouveau, des us, des coutumes nouvelles, acquérir des compétences, parcourir le monde...Il y a des années, sans doute aurai-je pu moi-même me laisser tenter par pareille existence. La limitation à ceux n'ayant jamais tué, cela dit, en plus de mes responsabilités, m'en fermait la porte. Heureusement, d'ailleurs, ce n'était pas avec les deux greluches qui me servaient d'alter-égo au sein du conseil que nôtre Légion allait se sortir de la spirale infernale dans laquelle elle s’engrainait depuis l'arrivée des glabres sur nôtre archipel... Mais rien ne m'empêcherait d'aller rendre visite à son ordre en des temps moins troublés. Ou peut-être, avant qu'ils ne se troublent plus...qui pouvait le dire? Je terminai calmemement mon repas, tendant mon bol au cuistot pour une seconde tournée : le smilodon était largement assez massif pour permettre un second service à chacun d'entre nous.

-Mais ce long engagement est réservé aux plus déterminés. En vérité, beaucoup des personnes que j’ai connu au Domaine n’y sont resté que quelques semaines, voir que quelques mois. Nous acceptons que tous viennent étudier le monde, pourvu qu’il respecte la communauté. Qu’il ne reste que quelques jours, ou trente ans, cela ne fait pas de différence pour nous. poursuivit le Baptistrel, qui me conforta au passage dans mon idée de passer quelques jours m'instruire auprès des siens par ses mots, arborant un sourire tranquille avant de s'adresser à ma personne. Et je n’ai aucune crainte sur le fait que des graärh ne respecte pas le code de vie d’une tribu. N’est-ce pas ? »

- Pareille assertion était vraie il y a encore deux ou trois ans, Gardien. Malheureusement, les nôtres ne sont plus aussi unis qu'avant, depuis Atgahlaan, et si la majorité peut encore prétendre être en accord avec ses principes, ce n'est alheureusement pas le cas de tous et toutes...En ce qui concerne Sh'aak Ma'T, cependant, je ne me fais pas le moindre souci ! C'est un Graärhon altruiste et respectueux. Et il cuisine aussi à merveille! Son père l'a bien élevé., terminai-je en adressant un sourire amusé à l'attention de Sheoggah.

Il avait effectivement la chance d'être le père d'un enfant digne des Graärhs tels que nous étions il y a encore 20 ans, avant...tout ça. Avant les couronnes. Avant les Chimères. Avant Atgahlaan...Je chassai d'un clignement de paupières des images de ces sombres pensées, profitant du bol que me tendait Sheoggah comme prétexte pour cacher, par un hochement de tête en signe de gratitude, le trouble qui m'avait envahi l'espace d'un instant. Je ressassai mes propres propos en poursuivant mon repas : si Sh'aak Ma'T, Sheogga, Djerzeb et ceux qui m'accompagnaient en général s'avéraient être respectueux et savaient limiter leur haine des glabres à ceux qui la méritaient, ce n'était pas le cas de tous les habitants de la cité des Wigwams.

- Quand à vôtre venue future... Si vous connaissez des histoires de, ou sur, nôtre peuple, Gardien, les miens seront ravis de les entendre un jour prochain. Nous sommes bien trop nombreux à avoir oublié ce qui fut...Sans doute une piqûre de rappel sera la bienvenue pour apaiser les tensions et permettre aux sceptiques de rêver d'avenir plutôt que de s'enfermer dans un présent bien sombre. Et j'avoue être particulièrement curieuse de nôtre passé, personnellement!

- Ah ça...Ruines par-ci, âge d'Or par-là..., souffla Djerzeb, amusé par mon enthousiasme.

Je feulai en réponse, avant que mes pupilles ne se dilatent et que je ne m'élance rugissante, mes quatres pattes arrachant des mottes de terre au sol qui jusqu'à lors laissait reposer mon séant, laissant tomber mon bol sans même l'achever.. Cette fois, Djerzeb s'écarta, conscient que je ne m'arrêterais pas, qu'importe ce qui se trouverait sur le chemin. Non, ce n'était pas pour lui que je m'élançai vivement, l'esquivant autant que faire se pouvait. Quelques foulées me suffirent pour arriver à ma destination et glisser mon bras derrière la nuque de Lha'Dii pour la soutenir.

-...Aalee...shan?

- Repos, Lha'Dii. Tu reviens d'entre les morts.

M'ayant emboîté le pas en comprenant où celui-ci me menait, Djerzeb arriva calmement, quelques instants plus tard. Lha'dii accepta le soutien que je lui offrais tandis que mon second observait ses blessures, doucement pour ne pas rouvrir celles qui s'étaient refermées ou la blesser sur celles encore ouvertes. Des ecchymoses couvraient sa peau là où le pelage avait été arraché, mais elle semblait capable de bouger la partie supérieure de son corps sans trop de problèmes. Peut-être une luxation à l'épaule droîte, mais ses fractures semblaient avoir guéri grâce aux soins de l'Espérancieux. Ma main libre se perdit dans le pelage immaculé de sa joue, tandis que je me tournai vers son sauveur.

- Votre magie mérite des louanges, Gardien. Nous pourrons probablement la transporter jusqu'au camp, je ne voudrais pas abuser de votre générosité et de votre talent. J'inclinai la nuque en signe de remerciement à l'attention de l'humain. Lorsque je la redressai, ce fut pour donner mes ordres, grognant pour attirer l'attention de tout le monde avant de les apostropher : Sheoggah! Nashan! Finissez de manger et préparez un brancard, plus tôt elle sera auprès de nos guérisseurs, plus vite elle se remettra! Quand à toi, Lha'dii...Tu pourrais remercier ton sauveur. Béléthar est Baptistrel, et sa route a croisé la nôtre au moment opportun : je ne pouvais que te maintenir dans un état stable, lui a pu te guérir, au moins partiellement.

- Pardonnez-moi de ne... pas vous offrir une révérence...plus que méritée, Baptistrel...Mais je vous remercie sincèrement... Lha'dii haletait, certes, et déglutissait par moments, mais aucun doute n'était présent pour ma part : la fatigue et le choc de pareille blessure en étaient responsables, là où la douleur et les conséquences directes de l'offensive du smilodon n'étaient, pour les plus importantes, désormais qu'un lointain souvenir.

Djerzeb me confirma la stabilité de son état et partit lui chercher une outre d'eau tandis que je posai entre ses pattes une courte lame et son bol. Le temps que les autres se chargent de lui fabriquer un moyen de transport, elle pourrait ainsi au moins reprendre des forces!

- Je crains que nos chemins ne soient amenés à se séparer sous peu, Gardien, dans l'intérêt de ma shikaaree, mais il n'est nul doute que nous nous reverrons bientôt. Ces bols ont des couvercles, n'hésitez pas à emporter de quoi manger pour la route, c'est le moins que nous pouvons faire pour le sauveur de nôtre amie! Quand à Sha'ak Ma'T, Sheoggah et moi lui parlerons dès nôtre retour, soyez-en assuré!

descriptionY a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar] EmptyRe: Y a le bon chasseur...Et le mauvais chasseur. Pis y a le bon medecin, et le mauvais medecin...[PV Belethar]

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