29 Mars de l’an 8 du quatrième âge
Le feu … le sang … l’acier … la magie … la trame … le néant. Le désert d’Esfelia avait été violemment chambardé par le combat qui avait fait rage. Ces derniers jours, les Chimères avaient acculé les habitants d’Ambarhùna à son extrémité Est. L’histoire semblait se répéter, comme face au Tyran Blanc. Mais, acculée, une proie peut se révéler bien plus dangereuse que jamais. Elle sait sa fin proche et n’a donc plus rien à perdre. C’est ce qui s’était produit. L’ennemi avait été repoussé, pour la première fois depuis de nombreuses batailles. Pour aider ses protégés, l’enfant de l’orage avait dû, si l’on peut dire, associer ses forces aux bipèdes et aux dragons liés. Cette idée ne l’enchantait guère. Malheureusement il n’avait pas eu trop le choix. Verith n’était pas dupe, il n’avait pas la puissance pour repousser les Chimères, personne en Ambarhùna ne possédait cette puissance. À moins d’un miracle, les Chimères ne seraient pas repoussées. Et le rouge ne croyait pas au miracle. La guerre n’était pas encore perdue, mais Ambarhùna si. Il était difficile pour l’esprit du dragon de concevoir une suite à ce combat sur le territoire qui avait vu naitre sa race. Par moments, il faut savoir céder du terrain à son adversaire pour mieux le frapper après. Verith n’était pas particulièrement friand de cette méthode, préférant largement tenir tête à son ennemi jusqu’à la fin, mais là l’enjeu et l’ennemi étaient bien plus grands.
Une fois de plus, comme face au Tyran Blanc, Verith avait été obligé d’user d’un peu plus de sa puissance au risque d’en payer le prix à l’avenir. Le festival du dragon s’était activé et le rouge s’était transformé en brasier. Le feu recouvrait son être, gagnant en intensité à chaque instant. Voilà quatre heures maintenant que la bataille s’était terminée et le rouge brulait encore. Face à l’inutilité de causer des complications aux bipèdes de par ses flammes incontrôlables, l’enfant de l’orage avait prit son envol. Fabuleux spectacle que celui d’un brasier géant s’envolant et enflammant le ciel. Verith s’était dirigé jusqu’en bordure du désert afin d’être tranquille.
Le rouge se posa au sol, il brulait encore. La moindre de ses écailles éjectant des flammes. Autour de lui, la température grimpait à une vitesse affolante. Le sol s’était mis à crépiter, se desséchant. L’herbe, la végétation avait pris feu, devenant rapidement un tas de cendre. La terre desséchée se mit à se craqueler, avant que les craquelures ne se mettent à rougeoyer, la terre se mettant à fondre. Cependant, petit à petit, Verith sentait sa magie s’affaiblir. Son sort allait se dissiper. Il brulerait encore un peu avant de retrouver le contrôle de ses flammes. Le festival du dragon avait duré plus longtemps que lors de sa première utilisation face au Tyran Blanc. Déjà il se souvenait combien ses écailles l’avaient fait souffrir. Avoir l’impression que sa carapace était devenue semblable à du verre et que le moindre faux mouvement pourrait la briser. Combien de temps cette sensation durerait-elle cette fois ? Avait-il bien fait de se laisser aller maintenant ?
Verith leva les yeux au ciel. Il n’avait pas la force de venir à bout cet ennemi. Il ne pouvait le laisser le tuer maintenant. Que devait-il faire ? Contraindre ses protégés à fuir ? Le dragon rouge se mit à penser à sa terre natale. Non, il ne pouvait les amener là-bas. Sous aucun prétexte il ne laisserait un bipède souiller cette terre de sa présence. Ils avaient fait suffisamment de mal en Ambarhùna. Inutile que l’histoire se répète. Que faire alors ? Les amener sur une autre ile, les laisser là le temps d’aller chercher de l’aide ?
De l’aide … à quand cela remontait que Verith estimait de lui-même, pleinement et sans mauvaise foi avoir besoin d’aide ? À bien trop loin. À qui pouvait-il décemment demander de l’aide ? Au sien bien sûr, aux dragons libres du continent sauvage. S’il était resté ici, en Ambarhùna, malgré la mort de son frère, de sa sœur et de sa mère, c’est bien pour protéger les siens vivant sur le continent sauvage. Pour les protéger du Tyran Blanc. Pour les protéger des bipèdes. Pour les protéger du lien. Il y avait tellement d’ennemis, tellement de choses en Ambarhùna qui pourrait les mettre en danger. Verith souhaitait tous les exterminer avant de pouvoir rentrer chez lui la conscience tranquille.
Lentement, les pensées de l’héritier de l’orage glissèrent Keetech. Depuis combien d’années était-il parti ? Depuis combien d’années n’avait-il pas pensé à elle ? La promesse qu’il lui avait faite lui revint en mémoire. Il rentrerait après avoir trouvé son frère. Un triste soupir s’échappa de lui. Son frère … il ne l’avait jamais trouvé. Et en venant ici, il avait perdu Estellen et Skade. Comment pouvait-il rentrer ? Comment pouvait-il décemment tenir sa promesse en sachant qu’ici, en Ambarhùna, régnait un danger pouvant la menacer, elle et les siens. Entre deux déshonneurs, Verith choisissait le moins pire. Celui avec lequel il pouvait vivre.
Sept ans s’étaient écoulés. Autant dire une bagatelle pour un dragon. Sans doute que ce temps était passé plus vite pour elle que pour lui. Verith avait l’impression qu’il était en Ambarhùna depuis des siècles avec tout ce qu’il avait vécu. Que faisait-elle ? Où était-elle ? Pensait-elle à lui ? Attendait-elle son retour ? Tant de questions se bousculèrent dans l’esprit de l’enfant de l’orage. Il comprit soudainement pourquoi il n’avait pas pensé à elle pendant tout ce temps. Là, immédiatement, il avait envie de prendre son envol pour aller la retrouver.
Poussant un rugissement de rage, le colérique frappa le sol qui explosa en s’enflammant. Non, pas encore, il ne pouvait pas encore revenir auprès d’elle. Trop de choses … trop de choses pouvaient la mettre en danger … elle et toute la race draconique. Il devait détruire ses choses avant de pouvoir espérer une vie à nouveau paisible.
Le regard du dragon de l’ire se posa face à lui, regardant l’horizon, regardant tout l’Ouest de ce continent maudit. L’ennemi … l’ennemi était là … l’ennemi était en face de lui. Lentement, le rouge sentait la colère et la haine monter en lui. Les flammes qui recouvraient son corps et qui avaient commencé à décliner semblèrent être gagnées par une nouvelle intensité. Il savait comment le vaincre … il n’en avait pas force nécessaire … à moins peut-être de mettre un peu plus en jeu. Peut-être pouvait-il y arriver. Peut-être pouvait-il les exterminer. Un grognement de rage s’échappa d’entre ses crocs alors que ses griffes, elles, s’enfonçaient dans le sol rougeoyant. Sa fureur pourrait peut-être les anéantir ? Verith était à l’affut, presque prêt à bondir pour se jeter dans un combat dont il ne reviendrait peut-être ni vainqueur ni vivant.
¤ Feu et furie ¤
Le feu … le sang … l’acier … la magie … la trame … le néant. Le désert d’Esfelia avait été violemment chambardé par le combat qui avait fait rage. Ces derniers jours, les Chimères avaient acculé les habitants d’Ambarhùna à son extrémité Est. L’histoire semblait se répéter, comme face au Tyran Blanc. Mais, acculée, une proie peut se révéler bien plus dangereuse que jamais. Elle sait sa fin proche et n’a donc plus rien à perdre. C’est ce qui s’était produit. L’ennemi avait été repoussé, pour la première fois depuis de nombreuses batailles. Pour aider ses protégés, l’enfant de l’orage avait dû, si l’on peut dire, associer ses forces aux bipèdes et aux dragons liés. Cette idée ne l’enchantait guère. Malheureusement il n’avait pas eu trop le choix. Verith n’était pas dupe, il n’avait pas la puissance pour repousser les Chimères, personne en Ambarhùna ne possédait cette puissance. À moins d’un miracle, les Chimères ne seraient pas repoussées. Et le rouge ne croyait pas au miracle. La guerre n’était pas encore perdue, mais Ambarhùna si. Il était difficile pour l’esprit du dragon de concevoir une suite à ce combat sur le territoire qui avait vu naitre sa race. Par moments, il faut savoir céder du terrain à son adversaire pour mieux le frapper après. Verith n’était pas particulièrement friand de cette méthode, préférant largement tenir tête à son ennemi jusqu’à la fin, mais là l’enjeu et l’ennemi étaient bien plus grands.
Une fois de plus, comme face au Tyran Blanc, Verith avait été obligé d’user d’un peu plus de sa puissance au risque d’en payer le prix à l’avenir. Le festival du dragon s’était activé et le rouge s’était transformé en brasier. Le feu recouvrait son être, gagnant en intensité à chaque instant. Voilà quatre heures maintenant que la bataille s’était terminée et le rouge brulait encore. Face à l’inutilité de causer des complications aux bipèdes de par ses flammes incontrôlables, l’enfant de l’orage avait prit son envol. Fabuleux spectacle que celui d’un brasier géant s’envolant et enflammant le ciel. Verith s’était dirigé jusqu’en bordure du désert afin d’être tranquille.
Le rouge se posa au sol, il brulait encore. La moindre de ses écailles éjectant des flammes. Autour de lui, la température grimpait à une vitesse affolante. Le sol s’était mis à crépiter, se desséchant. L’herbe, la végétation avait pris feu, devenant rapidement un tas de cendre. La terre desséchée se mit à se craqueler, avant que les craquelures ne se mettent à rougeoyer, la terre se mettant à fondre. Cependant, petit à petit, Verith sentait sa magie s’affaiblir. Son sort allait se dissiper. Il brulerait encore un peu avant de retrouver le contrôle de ses flammes. Le festival du dragon avait duré plus longtemps que lors de sa première utilisation face au Tyran Blanc. Déjà il se souvenait combien ses écailles l’avaient fait souffrir. Avoir l’impression que sa carapace était devenue semblable à du verre et que le moindre faux mouvement pourrait la briser. Combien de temps cette sensation durerait-elle cette fois ? Avait-il bien fait de se laisser aller maintenant ?
Verith leva les yeux au ciel. Il n’avait pas la force de venir à bout cet ennemi. Il ne pouvait le laisser le tuer maintenant. Que devait-il faire ? Contraindre ses protégés à fuir ? Le dragon rouge se mit à penser à sa terre natale. Non, il ne pouvait les amener là-bas. Sous aucun prétexte il ne laisserait un bipède souiller cette terre de sa présence. Ils avaient fait suffisamment de mal en Ambarhùna. Inutile que l’histoire se répète. Que faire alors ? Les amener sur une autre ile, les laisser là le temps d’aller chercher de l’aide ?
De l’aide … à quand cela remontait que Verith estimait de lui-même, pleinement et sans mauvaise foi avoir besoin d’aide ? À bien trop loin. À qui pouvait-il décemment demander de l’aide ? Au sien bien sûr, aux dragons libres du continent sauvage. S’il était resté ici, en Ambarhùna, malgré la mort de son frère, de sa sœur et de sa mère, c’est bien pour protéger les siens vivant sur le continent sauvage. Pour les protéger du Tyran Blanc. Pour les protéger des bipèdes. Pour les protéger du lien. Il y avait tellement d’ennemis, tellement de choses en Ambarhùna qui pourrait les mettre en danger. Verith souhaitait tous les exterminer avant de pouvoir rentrer chez lui la conscience tranquille.
Lentement, les pensées de l’héritier de l’orage glissèrent Keetech. Depuis combien d’années était-il parti ? Depuis combien d’années n’avait-il pas pensé à elle ? La promesse qu’il lui avait faite lui revint en mémoire. Il rentrerait après avoir trouvé son frère. Un triste soupir s’échappa de lui. Son frère … il ne l’avait jamais trouvé. Et en venant ici, il avait perdu Estellen et Skade. Comment pouvait-il rentrer ? Comment pouvait-il décemment tenir sa promesse en sachant qu’ici, en Ambarhùna, régnait un danger pouvant la menacer, elle et les siens. Entre deux déshonneurs, Verith choisissait le moins pire. Celui avec lequel il pouvait vivre.
Sept ans s’étaient écoulés. Autant dire une bagatelle pour un dragon. Sans doute que ce temps était passé plus vite pour elle que pour lui. Verith avait l’impression qu’il était en Ambarhùna depuis des siècles avec tout ce qu’il avait vécu. Que faisait-elle ? Où était-elle ? Pensait-elle à lui ? Attendait-elle son retour ? Tant de questions se bousculèrent dans l’esprit de l’enfant de l’orage. Il comprit soudainement pourquoi il n’avait pas pensé à elle pendant tout ce temps. Là, immédiatement, il avait envie de prendre son envol pour aller la retrouver.
Poussant un rugissement de rage, le colérique frappa le sol qui explosa en s’enflammant. Non, pas encore, il ne pouvait pas encore revenir auprès d’elle. Trop de choses … trop de choses pouvaient la mettre en danger … elle et toute la race draconique. Il devait détruire ses choses avant de pouvoir espérer une vie à nouveau paisible.
Le regard du dragon de l’ire se posa face à lui, regardant l’horizon, regardant tout l’Ouest de ce continent maudit. L’ennemi … l’ennemi était là … l’ennemi était en face de lui. Lentement, le rouge sentait la colère et la haine monter en lui. Les flammes qui recouvraient son corps et qui avaient commencé à décliner semblèrent être gagnées par une nouvelle intensité. Il savait comment le vaincre … il n’en avait pas force nécessaire … à moins peut-être de mettre un peu plus en jeu. Peut-être pouvait-il y arriver. Peut-être pouvait-il les exterminer. Un grognement de rage s’échappa d’entre ses crocs alors que ses griffes, elles, s’enfonçaient dans le sol rougeoyant. Sa fureur pourrait peut-être les anéantir ? Verith était à l’affut, presque prêt à bondir pour se jeter dans un combat dont il ne reviendrait peut-être ni vainqueur ni vivant.