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Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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29 Mars de l’an 8 du quatrième âge


¤ Feu et furie ¤

Le feu … le sang … l’acier … la magie … la trame … le néant. Le désert d’Esfelia avait été violemment chambardé par le combat qui avait fait rage. Ces derniers jours, les Chimères avaient acculé les habitants d’Ambarhùna à son extrémité Est. L’histoire semblait se répéter, comme face au Tyran Blanc. Mais, acculée, une proie peut se révéler bien plus dangereuse que jamais. Elle sait sa fin proche et n’a donc plus rien à perdre. C’est ce qui s’était produit. L’ennemi avait été repoussé, pour la première fois depuis de nombreuses batailles. Pour aider ses protégés, l’enfant de l’orage avait dû, si l’on peut dire, associer ses forces aux bipèdes et aux dragons liés. Cette idée ne l’enchantait guère. Malheureusement il n’avait pas eu trop le choix. Verith n’était pas dupe, il n’avait pas la puissance pour repousser les Chimères, personne en Ambarhùna ne possédait cette puissance. À moins d’un miracle, les Chimères ne seraient pas repoussées. Et le rouge ne croyait pas au miracle. La guerre n’était pas encore perdue, mais Ambarhùna si. Il était difficile pour l’esprit du dragon de concevoir une suite à ce combat sur le territoire qui avait vu naitre sa race. Par moments, il faut savoir céder du terrain à son adversaire pour mieux le frapper après. Verith n’était pas particulièrement friand de cette méthode, préférant largement tenir tête à son ennemi jusqu’à la fin, mais là l’enjeu et l’ennemi étaient bien plus grands.

Une fois de plus, comme face au Tyran Blanc, Verith avait été obligé d’user d’un peu plus de sa puissance au risque d’en payer le prix à l’avenir. Le festival du dragon s’était activé et le rouge s’était transformé en brasier. Le feu recouvrait son être, gagnant en intensité à chaque instant. Voilà quatre heures maintenant que la bataille s’était terminée et le rouge brulait encore. Face à l’inutilité de causer des complications aux bipèdes de par ses flammes incontrôlables, l’enfant de l’orage avait prit son envol. Fabuleux spectacle que celui d’un brasier géant s’envolant et enflammant le ciel. Verith s’était dirigé jusqu’en bordure du désert afin d’être tranquille.

Le rouge se posa au sol, il brulait encore. La moindre de ses écailles éjectant des flammes. Autour de lui, la température grimpait à une vitesse affolante. Le sol s’était mis à crépiter, se desséchant. L’herbe, la végétation avait pris feu, devenant rapidement un tas de cendre. La terre desséchée se mit à se craqueler, avant que les craquelures ne se mettent à rougeoyer, la terre se mettant à fondre. Cependant, petit à petit, Verith sentait sa magie s’affaiblir. Son sort allait se dissiper. Il brulerait encore un peu avant de retrouver le contrôle de ses flammes. Le festival du dragon avait duré plus longtemps que lors de sa première utilisation face au Tyran Blanc. Déjà il se souvenait combien ses écailles l’avaient fait souffrir. Avoir l’impression que sa carapace était devenue semblable à du verre et que le moindre faux mouvement pourrait la briser. Combien de temps cette sensation durerait-elle cette fois ? Avait-il bien fait de se laisser aller maintenant ?

Verith leva les yeux au ciel. Il n’avait pas la force de venir à bout cet ennemi. Il ne pouvait le laisser le tuer maintenant. Que devait-il faire ? Contraindre ses protégés à fuir ? Le dragon rouge se mit à penser à sa terre natale. Non, il ne pouvait les amener là-bas. Sous aucun prétexte il ne laisserait un bipède souiller cette terre de sa présence. Ils avaient fait suffisamment de mal en Ambarhùna. Inutile que l’histoire se répète. Que faire alors ? Les amener sur une autre ile, les laisser là le temps d’aller chercher de l’aide ?

De l’aide … à quand cela remontait que Verith estimait de lui-même, pleinement et sans mauvaise foi avoir besoin d’aide ? À bien trop loin. À qui pouvait-il décemment demander de l’aide ? Au sien bien sûr, aux dragons libres du continent sauvage. S’il était resté ici, en Ambarhùna, malgré la mort de son frère, de sa sœur et de sa mère, c’est bien pour protéger les siens vivant sur le continent sauvage. Pour les protéger du Tyran Blanc. Pour les protéger des bipèdes. Pour les protéger du lien. Il y avait tellement d’ennemis, tellement de choses en Ambarhùna qui pourrait les mettre en danger. Verith souhaitait tous les exterminer avant de pouvoir rentrer chez lui la conscience tranquille.

Lentement, les pensées de l’héritier de l’orage glissèrent Keetech. Depuis combien d’années était-il parti ? Depuis combien d’années n’avait-il pas pensé à elle ? La promesse qu’il lui avait faite lui revint en mémoire. Il rentrerait après avoir trouvé son frère. Un triste soupir s’échappa de lui. Son frère … il ne l’avait jamais trouvé. Et en venant ici, il avait perdu Estellen et Skade. Comment pouvait-il rentrer ? Comment pouvait-il décemment tenir sa promesse en sachant qu’ici, en Ambarhùna, régnait un danger pouvant la menacer, elle et les siens. Entre deux déshonneurs, Verith choisissait le moins pire. Celui avec lequel il pouvait vivre.

Sept ans s’étaient écoulés. Autant dire une bagatelle pour un dragon. Sans doute que ce temps était passé plus vite pour elle que pour lui. Verith avait l’impression qu’il était en Ambarhùna depuis des siècles avec tout ce qu’il avait vécu. Que faisait-elle ? Où était-elle ? Pensait-elle à lui ? Attendait-elle son retour ? Tant de questions se bousculèrent dans l’esprit de l’enfant de l’orage. Il comprit soudainement pourquoi il n’avait pas pensé à elle pendant tout ce temps. Là, immédiatement, il avait envie de prendre son envol pour aller la retrouver.

Poussant un rugissement de rage, le colérique frappa le sol qui explosa en s’enflammant. Non, pas encore, il ne pouvait pas encore revenir auprès d’elle. Trop de choses … trop de choses pouvaient la mettre en danger … elle et toute la race draconique. Il devait détruire ses choses avant de pouvoir espérer une vie à nouveau paisible.

Le regard du dragon de l’ire se posa face à lui, regardant l’horizon, regardant tout l’Ouest de ce continent maudit. L’ennemi … l’ennemi était là … l’ennemi était en face de lui. Lentement, le rouge sentait la colère et la haine monter en lui. Les flammes qui recouvraient son corps et qui avaient commencé à décliner semblèrent être gagnées par une nouvelle intensité. Il savait comment le vaincre … il n’en avait pas force nécessaire … à moins peut-être de mettre un peu plus en jeu. Peut-être pouvait-il y arriver. Peut-être pouvait-il les exterminer. Un grognement de rage s’échappa d’entre ses crocs alors que ses griffes, elles, s’enfonçaient dans le sol rougeoyant. Sa fureur pourrait peut-être les anéantir ? Verith était à l’affut, presque prêt à bondir pour se jeter dans un combat dont il ne reviendrait peut-être ni vainqueur ni vivant.

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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Les cris... L'agitation... L'inquiétude... Pour des êtres morts, les vampires possédaient une vivacité impressionnante. En fait, ils étaient bien trop agités à mon goût. Ils fourmillaient de partout et pour une dragonne de mon envergure, faire un pas sans en écraser un était devenu un véritable défi. Que je n'avais pas relevé d'ailleurs. Si ils ne voulaient pas que je leur marche dessus, ils n'avaient qu'à se pousser, et ils l'avaient d'ailleurs très vite compris. Plus d'une fois, j'avais renversé un de ces bipèdes avec ma grande queue qui traînait derrière moi. Mais qu'importait, ils étaient nombreux, quelques uns en moins ça ne pouvait que leur faire du bien. Moins de bouches à nourir. Puis, ils étaient aussi extrêmement bruyant. Ils ne pouvaient s'empêcher de parler entre eux et autant de créatures réunies dans un même espace qui parlent toutes en même temps, ça faisait vraiment un bruit insupportable. À l'instar des bipèdes, les autres animaux ne jacassent pas comme ça, sinon ils se font repérer et finissent dévorés. Plus j'étais restée en leur compagnie, plus j'avais eu envie de tous les dévorer surtout que je m'étais dépensée pour sauver leurs misérables vies, alors évidemment, j'avais faim.

C'est ainsi que j'avais décidé de les laisser, non sans soulagement. J'étais partie à l'ouest, en marchant des le levé du jour. J'avais tout mon temps de toute manière. Je ne savais plus où chercher... Je ne savais plus quoi faire... J'étais censée retrouver mon père sur notre ancien continent, mais je n'avais trouvé que guerre et dévastation. Au bout d'un petit moment à marcher, je croisai une petite rivière. Je bu un peu pour étancher ma soif dont je n'avais pas pris conscience jusqu'à ce que les premieres gouttes humectent ma langue. Puis après avoir étanché ma soif, je m'immergeai entièrement dedans. L'eau fraîche vînt caresser mes écailles et les débarrasser du sang qui avait commencé à sécher sur leur surface. Je restai plusieurs minutes totalement immergée dans l'eau. Je ne pouvais pas rester ici indéfiniment, aussi appaisant soit cet endroit. Mais cette pause me permettait de me rafraîchir et le corps et l'esprit. C'était de plus en plus évident. Je devais aller de l'avant. Continuer à chercher. Continuer à les chercher. Keetech et Verith.

Je me relevai puis lentement je me remis en marche. Les pattes à moitié dans la rivière. J'allais longer cette dernière vers le nord, de toute manière de ce que j'en savais, il n'y avait rien de plus au sud. Et si j'arrivais à l'extrémité de l'île sans avoir retrouver ni ma mère, ni le rouge, j'irai au nord-est, où je ne m'étais pas encore rendue. Mes pas étaient plus lents que d'habitude, j'étais un peu fatiguée du combat de la veille et à vrai dire, j'étais affamé. Je n'avançais pas très vite mais c'était plutôt parce que je profitai d'être au bord de la rivière pour attraper quelques poissons que j'engloutissaient directement. Ce n'était pas beaucoup de chaire un poisson mais il y en grouillait dans le lit de la rivière alors de temps en temps, je me jetai au milieu et en attrapait plusieurs. Finalement au bout d'une heure, j'avais un peu moins faim, enfin l'idée de me nourir n'était plus celle qui m'obnibulait. J'étais toujours affamée comme d'habitude mais mon esprit était tourné vers ma famille.

Je pensais à ma mère que j'avais quittée avant d'arriver sur ce continent. Comment s'en était elle sortie ? Avait elle croisé ces enquiquinantes Chimères? Avait-elle du se battre ? Allait -elle bien. J'étais très inquiète pour elle mais je savais qu'elle était forte. Je me l'imaginais au côté de Verith, enfin avec lui après toutes ces années de séparation. Je me l'imaginais heureuse. Et ça, ça me rendait encore plus heureuse.

Et lui ? Comment se passerai ma rencontre avec celui qui était censée être mon père ? Es qu'il m'aimera ou me repoussera ? Il ne m'a jamais vue après tout. Il ne sait rien de moi, mais moi on m'a dit tellement de choses à son sujet. Est-il aussi impressionante que Keetech me l'a décrit ? Est-il aussi parfait que Keetech me l'a présenté ou ce sont ses sentiments qui lui ont imposé cette vision de lui? Je ne savais pas encore quel sentiment prendrait le dessus lorsque je serai face à lui : la peur, l'admiration, la joie, la rancoeur, l'amour, les regrets, la curiosité... Mais si il ne m'appréciais pas ? Si il ne voulait pas de moi malgré tout les efforts que j'avais fait pour qu'on ait des choses en commun ?

Dans tout les cas, et peu importait ce que je ressentirai ou comment il m'accueillerai, je ferai tout mon possible pour que l'on puisse s'entendre et tisser un lien ensemble. Un lien plus fort, qui pourrait remplacer voir éclipser celui de père-fille que je regrettais. J'avais l'illégitime impression qu'il n'était pas revenu parce qu'il pourrait avoir hont de moi, petite je voulais qu'il revienne, qu'il me prouve que j'avais tors. Qu'il devienne le père qu'il n'avait pas pu être. Et ça, je l'espérais toujours au fond de moi même si je savais qu'il était trop tard. Mais je voulais le rencontrer et me lier avec lui. Parce qu'il était celui qui m'avait crée. Sur le plan physique autant que sur le plan mentale. C'était l'image idéal qu'on m'avais donné de lui qui m'a conduit à devenir celle que j'étais et pas une autre. Parce ce que dragonnet, je voulais lui ressembler, je voulais lui plaire, je voulais qu'il puisse être fier de moi comme j'étais fière de lui.

Je continuais de longer la rivière dans le silence. Envisageant chaque possibilité de notre rencontre. Pensant à ce que je pourrais lui dire, à comment je devrais lui dire. Soudain, un rugissement retentis. Puis un bruit d'explosion. Ma curiosité fut piquée à vif, je me dirigeai donc vers l'ouest, d'où venait ces bruits. Il y avait aussi ce pressentiment étrange qui me tiraillait, qui me chuchotait que si je n'y allais pas, j'allais ratter quelque chose. À mesure que j'avançais, l'atmosphère était devenu plus sec. Plus aggressif me soufflait mon instinct. Mon cœur accéléra, il sentait de l'hostilité et une rage folle émaner de l'endroit dont je me rapprochais. Mais il me disait aussi de continuer d'avancer, malgré mes craintes. Parce que j'étais forte. Parce que rien ne devait m'effrayer.

Et je le vis. Mes yeux le reconnurent directement et tout mon corps se figea sur place. Il était très loin. Mais on ne voyait que lui a des kilomètres dans ce désert vide de toute vie. Il était là, dos à moi, rouge, flamboyant, immense. Tel un grand brasier, il dominait la terre, il éclipsait l'éclat du soleil, par sa gigantesque silhouette. Il scrutait l'horizon à perte de vue. Je l'avais trouvé. Enfin trouvé. Verith.

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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¤ Grenat et Lapis ¤

La rage et la colère bouillaient en Verith. Il était tel le volcan prêt à entrer en éruption. Perdre ? Abandonner ce continent ? Laisser une menace pour les siens prospérer. Non … jamais … impensable ! Il ne saurait permettre une telle chose, lui, Verith de l’ire. Incarnation de la colère. Avatar de la destruction. Il avait survécu au Tyran. Il avait survécu aux Déesses. Il avait survécu à Edwyn. Il avait survécu aux Dragons-Esprits. Il survivrait aux Chimères. Ses ennemis les plus retords gisaient six pieds sous terre et il perdrait face à ces êtres d’éther ? Impensable. Inimaginable ! Il vaincrait, encore une fois ! Il savait comment les repousser. Ses émotions … sa colère … sa haine … sa tristesse. Attiré par elles tel un papillon par une flamme dans la nuit, il pouvait également les bruler avec. Il suffisait que cette flamme soit plus grande. Il suffisait que cette flamme soit plus puissante. Oui, il devait se laisser consumer par elle. Il devait laisser la colère des dragons s’emparer une fois de plus de lui. Il y avait survécu par le passé, il y survivrait à nouveau. À défaut de les vaincre, il pouvait espérer les repousser jusque dans leur monde, à travers cette famille à l’extrême-ouest du continent.

Les flammes sur Verith gagnaient en intensité à mesure que sa rage intérieure grandissait. Un grondement sourd faisait vibrer ses cordes vocales. Venez … Venez misérable créature … Venez à moi. Je serais votre adversaire. Je lacèrerais vos prétentions. Je broierais votre volonté. Je suis le dragon de l’ire !

L’enfant de l’orage se dressa sur ses pattes arrière, déployant ses ailes. Il n’était qu’un brasier titanesque ayant vaguement l’apparence d’un dragon, peinant à la conserver. Emplissant ses poumons il rugit avec violence, faisait vrombir l’air et trembler la terre, hurlant sa furie à la face au monde. Dans un même temps, le rouge étendit son esprit, chargé de ce que certains qualifieraient de noir sentiment, qui se répandit dans la trame tel le magma dévastateur d’un volcan en éruption. Quand soudainement, son esprit vint toucher celui d’une créature. D’un autre dragon. D’un dragon inconnu. D’un dragon que Verith n’avait jamais rencontré en Ambarhùna depuis qu’il le foulait. En somme, d’un dragon qui n’avait tout bonnement rien à faire là. Le rouge fut si surpris qu’il en cessa son rugissement, la totalité de son esprit venant se tourner vers l’inconnu, entourant le sien.

Bientôt, le physique suivit le spirituel, la silhouette du grenat se tournant vers celle du lapis-lazuli. Le rouge fit raisonner sa voix dans l’esprit de la dragonne. Brulante, puissante, empli d’une grande colère, mais qui n’exprimait pourtant aucune agression ou hostilité à son égard.

« Bonjour … jeune dragonne. »

Tranquillement, Verith commença à marcher en sa direction. Une assez bonne distance les séparait tous les deux. Elle était loin par rapport à lui, du moins d’un point de vue de bipède. Rien que le rouge ne pourrait combler en moins d’une vingtaine de pas. Son pas était lourd, faisait trembler le sol à chaque fois, l’empreinte brulante de ses pattes s’incrustant dans le sol.

« Je ne sens pas la présence du Lien en toi. Tu es une dragonne libre. »

L’air où elle se trouvait devenait brulant à mesure que le brasier se rapprochait, mais rien qui ne puisse déranger ou même mettre en danger un dragon, créature des flammes insensibles à celles-ci.

« J’ai parcouru ce continent en long, en large et en travers pendant sept abominables années. Je n’ai jamais remarqué la moindre trace indiquant ta présence. Tu n’es pas d’ici. »

Il ne fallut pas longtemps à l’enfant de l’orage pour arriver à la hauteur de la jeune inconnue. Elle était petite par rapport à lui, sans doute encore jeune. Cependant, sa stature était des plus impressionnantes, cela lui rappelait vaguement Atalos.

« Mais je manque à tous mes devoirs. »

Le rouge hocha doucement de la tête pour saluer son interlocutrice.

« Je suis Verith de l’ire. L’unique dragon libre cette contrée maudite. Fils de Skade écaille d’orage. »

Coupez dans son élan, les flammes qui recouvraient le colérique commencèrent à décliner, certaines périclitant même jusqu’à s’éteindre, révélant son être.

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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Rien. Alors que je pensais que mes sentiments se livreraient une bataille ardue dans mon esprit lorsque que rencontrerai enfin Verith, alors que je pensais savoir quoi dire à notre rencontre quand je prendrait la parole, rien ne vint lorsque son regard se posa sur moi après qu'il ait ressenti ma présence. Je n'avais ni peur, ni confiance. Ni rancœur, ni amour. Ni honte, ni fierté. Toutes les histoires qu'on avait pu me raconter sur lui ? Disparues. Tout ce que je ressentais à son égard ? Toujours au fond de moi, mais tous à égalités, pas un de sentiment dominant tout les autres.

Mon esprit venait de sortir une nouvelle toile. Je compris que c'était à moi, maintenant, de peindre son image avec mes propres yeux pour remplacer le tableau que l'on m'avais dépeint de lui durant toutes ces années. C'était à moi, maintenant, de trouver la puissance de tout ce que j'éprouverai lorsque je verrais cette image et de donner plus ou moins d'importance à certains sentiments. Ce n'était pas quelque chose qui s'imposerai à moi comme je l'avais d'abord pensé, j'avais le choix maintenant. Mais il y avait une chose dont j'étais toujours sûre : même si il n'avait pas pu m'élever, je voulais toujours me lier avec lui. Je ne savais plus comment m'y prendre alors je ne dis rien, me figeant totalement.

Soudain, la voix du dragon rouge retentit dans ma tête. Forte, puissante, enragée. Mais pas envers moi, il me saluait juste comme deux inconnus le feraient. Soudain, son immense corps mouvea dans ma direction, la terre se mit en branle sous ses pas. Il était impressionnant. Chacun de ses pas réduisait la distance qui nous séparait beaucoup plus. Il semblait si calme, alors que quelques instants avant, il bouillait de rage. Qu'es que je devais répondre ? Qu'es que je pouvais bien répondre ? Le saluer bien évidemment, mais comment ? Je ne voulais surtout pas faire de gaffe. Mon esprit souffla un petit bonjour, sur la réserve.

Il s'approcha encore plus. L'aire devenait sec et brûlant. Rien d'insupportable mais je pouvais sentir l'eau de la rivière restante qui s'évaporait de mes écailles. Il parut surpris de l'absence de Lien chez moi. Je savais de quoi il s'agissait par mes souvenirs mais je n'avais jamais rencontré de dragon lié. Je ne voyais pas l'intérêt de s'allier à une créature plus faible que soi mais si c'était la décision d'un dragon... Eh bien soit. Je ne ferai jamais une chose de la sorte, j'étais un dragon et dépendre d'une proie était une faiblesse. Je ne pouvais pas me permettre d'avoir cette faiblesse.

Il rajoutea qu'il ne m'avais jamais rencontrée. Je ne dis rien. Tout ce qu'il disait n'était que des constats, des affirmations. Il n'avait pas besoin de ma confirmation pour en être assuré alors je l'ecoutais avec attention mais en silence. Sept ans. C'etait l'âge que je venais d'avoir. Oui, ces quelques années m'avais paru beaucoup plus longues. J'étais arrivée la veille, c'était logique qu'il n'ai jamais eu connaissance de mon existence. Il ne devait pas savoir que j'étais sa fille.

Il arriva enfin à ma hauteur. Il était beaucoup plus grand. Après s'être dévisagés quelques instants, il prit de nouveau la parole pour se présenter. Il n'en avait pas vraiment besoin, je savais exactement qui il était. J'en savais beaucoup plus sur lui qu'il devait le penser. Mais l'entendre formuler son nom dans mon esprit rendit la scène beaucoup plus réelle encore. Après tout ce temps, je le rencontrais enfin. Ses flammes devenaient moins ardentes. Il n'était plus le seul dragon libre de ces terres. Il n'était plus seul. Nous étions là, moi et Keetech. Sa famille.

C'était à mon tour de me présenter j'imaginais. Je n'était pas très locace en général, alors là, maintenant, je n'arrivais même plus à trouver les mots et leur donner de la cohérence dans une phrase. Comment lui dire ? Je n'en savais rien. Mais il fallait que je lui réponde, alors après quelques instants de silence, ma voix se fit un chemin dans son esprit, discrète mais affirmée malgré mon hésitation. J'avais attendu ce moment toute ma vie.

«Je suis Nynsith. Dragonne du continent sauvage. Fille de Keetech...»

J'attendais qu'il comprenne. Qu'il comprenne ce que je n'osais formuler. Qu'il était mon père. Parce que c'était trop abstrait pour que je puisse la dire, parce que je voulais que ce soit lui qui le dise. Si ça venait de lui, au moins je saurai qu'il l'accepte. Qu'il me reconnaissait comme sa fille à lui aussi. C'était peut-être puérile mais j'en avait besoin, parce que moi j'avais tout fait pour être son enfant même si il n'avais pas été là pour m'élever.

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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¤ Vérité inenvisageable ¤

Qui était cette dragonne qu’il n’avait jamais vue ? D’où venait-elle ? Et le plus important, que venait-elle faire ici ? Sur cette terre désolée et maudite, ayant vu la mort de tant des siens et aujourd’hui dominée par les Chimères. L’esprit du dragon rouge rôdait autour de celui de cette dernière. Il sentait le conflit en elle, le conflit entre ses sentiments. Il sentait l’hésitation et l’appréhension. Celle-ci le salua timidement, presque comme si les mots avaient du mal à passer dans sa gorge. Ce qui n’est bien sûr qu’une image, les dragons communiquant par télépathie. Le regard d’or du colérique glissa sur elle, la détaillant, l’analysant. Dragonne, grande pour son âge, sans doute entre six et huit ans, d’une stature impressionnante pour son âge. Des écailles courtes, mais épaisses, semblant souder les unes aux autres, formant les mailles d’une armure résistante et sans doute impénétrable. Une force nécessairement supérieure à la moyenne pour supporter cette carcasse. Néanmoins, au vu de son âge, elle devait avoir des difficultés point de vue agilité. Dangereuse et résistante, mais lente. Certaines de ses caractéristiques lui rappelaient Atalos. Tout comme lui, elle était une combattante née, cependant, elle avait encore beaucoup à apprendre avant de devenir un adversaire remarquable. D’un simple coup d’œil, Verith était capable de le dire. Le rouge n’était pas un combattant-né, il avait dû rudement s’entrainer pour devenir celui qu’il était, mais son parcours et ses nombreux duels lui avaient donné une remarquable capacité d’analyse quand il s’agissait de jauger les capacités de ses semblables.

Cependant, si le colérique était capable de jauger les capacités d’un dragon à l’aide de ses yeux, cela ne répondait pas aux multiples questions qui fourmillaient dans son esprit. L’univers avait la sale manie de lui amener d’innombrables questions et si peu de réponses. Il n’y avait rien de mieux pour faire enrager le rouge. Après s’être tu, Verith attendit la réponse de son interlocutrice. Le lapis-lazuli sembla prendre son temps pour répondre, le silence plana dans l’air et dans la trame, alourdissant ce moment d’une tension mystérieuse. L’enfant de l’orage sentit alors l’esprit de la jeune dragonne tendre en sa direction, jusqu’à le toucher. Le contact fut … étrange. À la fois familier et apaisant. Comme si un baume passait sur les blessures qu’il avait subies depuis son arrivée sur ce continent maudit. Verith ne sut expliquer pourquoi. Était-ce parce qu’il s’agissait là de son premier contact avec un véritable dragon libre depuis des années, avec un véritable membre de sa race ? La sensation sans doute d’être un petit peu moins seul ou plutôt un peu plus entourer, même si sa colère, fidèle compagne, l’accompagnait toujours.

Des mots se glissèrent alors dans sa tête.

«Je suis Nynsith. Dragonne du continent sauvage. Fille de Keetech ...»

Verith ne réalisa pas tout de suite le sens que recouvraient les paroles de la jeune dragonne. En vérité, il ne capta pas immédiatement la présence du nom de sa compagne dans la phrase de Nynsith. Sans doute parce qu’il ne s’y attendait pas du tout. Une chose parfaitement inenvisageable. Lentement donc, le rouge hocha de la tête comme pour la remercier de s’être présenté, avant de se figer brutalement, semblant réaliser. Les narines du colérique se dilatèrent, le rouge humant l’air.

Les fragrances d’un lointain passé remontant par ses naseaux pour éveiller les souvenirs anciens. L’air marin du large, l’odeur du continent sauvage, ses fleurs odorantes, son gibier savoureux. L’odeur du feu et des cendres caractéristiques des dragons. L’essence de Keetech qu’elle portait sur elle. Verith laissa planer un silence, un long silence, mettant du temps à réaliser ce qu’il n’envisageait pas, ce qu’il ne pouvait envisager, ce qui paraissait inenvisageable.

Le cœur du rouge se serra douloureusement, d’une sensation parfaitement et diamétralement différente de celle qu’il avait ressentie à la mort de Cymbor, Estellen et Skade. L’enfant de l’orage en eut le souffle coupé.

Fille de Keetech. Il était rare que des dragons vivants portent le même prénom, sans doute était-ce même impossible, Verith n’ayant jamais rencontré ce cas de figure de son vivant, ni même sa mère. Et le rouge ne connaissait qu’une seule Keetech. Cela ne laissait que trois possibilités. Soit la dragonnette mentait, non, c’était impossible, il l’aurait senti. Cela n’en laissait donc que deux, la Keetech qu’il connaissait était morte et elle était la fille d’une autre dragonne portant le même nom. Non, cela aussi c’était impossible. Chronologiquement cela ne fonctionnait pas. Il ne restait donc qu’une seule possibilité, elle était la fille de la Keetech qu’il connaissait. De sa Keetech, la dragonne de quartz. Mais dans ce cas ! Qui était le père-dragon de cette dragonnette ?!

Verith dévisagea l’être qui lui faisait face. Keetech c’était-elle trouvée un autre mâle en son absence, non, ils c’étaient promis de s’attendre, sa Keetech n’était pas du genre à rompre sa parole. Mais … alors … cela ne pouvait … signifier qu’une seule chose.

Les flammes sur le dragon rouge s’éteignaient une à une, révélant ses écailles fumantes dont le grenat commençait légèrement à pâlir. Son armure, carcan du Tyran Blanc, avait la teinte du métal en fusion et certaines parties coulaient, tombant au sol mollement, le carcan semblant néanmoins bouger au sol et sur le dos de Verith, comme pour rester accroché. Fatigué par son sort et sans doute aussi choqué parce qu’il avait du mal à imaginer, il chancela légèrement en faisant un pas en arrière. Son regard écarquillé, lui, restait néanmoins accrocher sur Nynsith, trahissant sa stupeur.

« Est-ce seulement possible ? »

Si ça l’était, Verith ne savait si cela était une bonne ou une mauvaise chose. Était-ce un réconfort ? Une récompense pour tout ce qu’il avait traversé ? Ou était une punition ? Une nouvelle malédiction pour ce qu’il avait fait ? Était-il destiné à voir sa famille mourir sur cette terre ? Son frère, sa sœur, sa mère ? Et maintenant, potentiellement sa fi … sa fi … sa fille et peut-être même sa compagne. Sa compagne ! Où était-elle ?

« Si tu es ce que je pense que tu es … si je suis ce que tu penses que je suis … alors où … où est Keetech ? »

Verith avait du mal à réaliser et même à prononcer ce qui était sans doute cette vérité. Son ton était quelque peu alarmé, comme s’il craignait quelque chose.

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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Son regard était fixée sur moi. Il me dévisageai, me jaugeai, m'analysait. Je ne savais pas bien ce qu'il pouvait penser de moi. Il ne sembla pas tilter à l'evocation de Keetech. Du moins, pas tout de suite. Il acquissa silencieusement. Qu'es que ça voulait bien dire ? J'en profitai pour l'observer à mon tour. Il paraissait aussi puissant et fort qu'on me l'avait dit. De plus près et à travers les quelques flammes qui couvrait son corps, je remarquai que ses écailles étaient hérissées et pointues, comme si un simple contact pouvait déchirer les défenses les plus solides. Il possédait deux cornes marron très claire de chaque côté de la tête et tout au long de sa colonne vertébrale, une crête de pointes presque noire. Il avait l'aire dangereux, avec ses crocs et ses griffes pointues et tranchantes qui n'avaient rien de rassurant. Ses yeux dorés brûlaient de colère. Son corps entier semblait avoir été forgée par la rage et l'hostilité. Je ne lui ressemblait pas tellement.

Mon observation fut interompue par son immobilisation soudaine. Il ne cillai plus, semblant prendre la pleine mesure de mes propos. Je ne savais pas ce à quoi il pouvait bien être en train de penser mais je voyais bien qu'il était en pleine réflexion. Je ne dis rien. Il n'y avait d'autre à dire en fait. J'attendais juste qu'il dise quelque chose. Es qu'il doutait de la véracité de mes propos ? Je n'avais pas menti mais le dire ne serait pas vraiment utile. Je le fixai intensément en vain, je n'avais pas le talent d'interpréter les gestes pour découvrir les pensées. J'étais d'ailleurs très peu douée en communication. Le temps semblait s'écouler au ralenti. Mais j'allais attendre, j'avais déjà attendu 7 ans. Quelques secondes en plus ce n'était rien. Peu à peu, les flammes du rouge disparurent pour laisser à decouvert ses écailles d'un rouge beaucoup plus sombres que ce qu'elles m'avaient paru au début. Une substance en fusion le couvrait à quelques endroits. Je ne savais absolument pas ce que c'était.

Puis il bougea enfin, titubant légèrement en arrière. Son regard trahissait sa surprise. Même à mes yeux. Je ne savais pas quoi faire. Je ne savais pas quoi dire. Il me devança.
« Est-ce seulement possible ? »
J'étais là, sous ses yeux, face à lui. Es que je n'étais pas la preuve bien réelle que c'était possible ? C'était blessant. Blessant de savoir qu'il pouvait ne pas croire en notre lien de paternité. Mais c'était compréhensible. Moi, j'avais grandi en ayant connaissance de son existence. Lui, il ne savait probablement même pas que Keetech était enceinte lorsqu'il l'avait quittée. Répondre que oui, c'était bien possible me paraissait inutile. Et la peur aussi me rendait muette. J'avais peur. J'étais terrifiée en fait. Pas de lui, non, mais de la possibilité que je puisse dire une bêtise. Que je fasse une erreur. Alors je continuais à le fixer avec intensité sans dire mot. Mais il était tellement perturbé qu'il ne s'en sentit pas offensé. Du moins c'était ce que j'espérais.

Il évoca la possibilité qu'il soit mon père et que je sois sa fille. Du moins, c'était ce que je pensais. Ce qu'il disait était imprécis. Je ne savais pas si il avait pu s'imaginer d'autres choses que l'explication la plus simple. J'imaginais que oui, mais il semblait lui aussi ne pas pouvoir mettre de mot sur notre lien biologique. Où était Keetech ? Mère... Je l'avais quittée hier en arrivant sur ce nouveau continent. Je ne l'avais pas revue. Je ne savais même pas où elle était partie. Nous nous sommes séparées avec pour objectif de trouver Verith, c'était d'ailleurs pour ça que nous avions fait tout le voyage du continent sauvage à ici. Mais après ? Je ne savais pas si elle avait du affronter ces Chimères. Je ne savais pas si elle allait bien. Si elle était en sécurité. J'étais très inquiète pour elle. Et elle devait l'être pour moi sûrement.

Où était ma mère ? Si je le savais, je serai déjà partie la chercher. À cet instant, je n'en savais pas plus que lui. Comment je pouvais bien lui dire ça ? Elle était sa compagne, il serait autant voir plus angoissé que moi à l'idée qu'elle puisse être en danger et dans un lieu que l'on ignore. Je voulais me rassurer, le rassurer. Dire qu'elle était une grande dragonne, qu'elle devait bien aller où qu'elle soit, mais je n'avais rien du tout pour le vérifier, ni pour l'affirmer. Et insister sur le fait que sa bonne santé était une éventualité me rappelait juste qu'il y avait aussi des chances, aussi infimes soient elles, qu'elle aille mal. Et je n'osais l'imaginer. Il n'y avait rien de rassurant à ne rien savoir de sa situation et je n'avais pas le don de ranger les mots pour atténuer la verité. Alors je ne pouvais que dire juste la verité pure. Mon esprit se tourna de nouveau vers lui, et je répondis le plus posément possible en essayant de faire taire mes inquiétudes.
« Je n'en sais rien.»

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¤ Continent maudit ¤

Était-ce seulement possible ? Verith avait du mal à y croire, il pouvait presque même ne pas y croire. Cela paraissait … et bien beaucoup trop impensable. Lui ? Avoir une descendance ? Bien sur que oui il en voulait une, mais il n’avait jamais pensé en avoir un si tôt. Dans plusieurs années oui, après avoir éliminé la moindre chose qui pourrait mettre en danger les siens, sa compagne et son futur enfant afin qu’il puisse grandir et s’épanouir dépourvu d’élément pouvant lui nuire. Mais là … ça chamboulait beaucoup de choses. Cependant, avant d’en arriver là, le colérique devait accepter la chose en la nommant, en parvenant à mettre le mot correct sur la chose. Malheureusement, il n’y parvenait pas dans l’immédiat. Il allait lui falloir un peu de temps pour cela.

Le regard du l’enfant de l’orage se posait sur le lapis-lazuli. Un regard certes interloquer mais dans lequel perlait une pointe d’attendrissement. Verith avait demandé où était Keetech et il attendait une réponse. Où était sa compagne, la dragonne quartz. Était-elle morte ? Était-elle vivante ? Allait-elle bien ? Allait-elle mal ? Était-elle venue ici, avec sa prétendue fille ? Ou était-elle restée sur le continent sauvage ? La réponse mit du temps à venir. Nynsith le regardant, les yeux remplis de crainte et d’attente à son encontre.

« Je n'en sais rien.»

Le colérique avait les nerfs à fleur de peau. Il était inquiet pour Keetech. Ce lieu était dangereux, très dangereux, il avait tout perdu ici.

« Comment tu … ?! »

Verith avait rugi ses premiers mots avec sa colère habituelle, mais se ravisa avant de finir sa phrase. Se calmer, il devait se calmer. Rugir ne servirait à rien ici. Rugir serait contreproductif ici. Si cette dragonne était son enfant, alors elle était probablement venue avec Keetech, du moins il espérait. Le dragon rouge ferma les yeux et inspira, prenant un ton plus calme.

« Est-elle venue avec toi ? Quand l’as-tu vu la dernière fois ? Si elle est ici, nous devons la retrouver au plus vite. Ce continent est très dangereux. »

Attendant à peine la réponse de celle-ci, Verith vint se placer sur son flanc gauche et déploya son aile droite, la recouvrant légèrement et la poussa un peu avec. L’image ressemblant à s’y méprendre à celle d’un parent mettant une main dans le dos de son enfant pour l’inciter à le suivre tout en le guidant.

« Nous ne devrions pas rester là. L’endroit n’est pas sûr, même pour moi. »

Doucement, Verith commença à avancer, poussant légèrement dans le dos de sa fille avec son aile afin de l’inciter à avancer.

« Tu … si tu es ma … tu vas devoir me donner un peu de temps. J’ai … j’ai tout perdu ici … j’ai trop perdu ici … »

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Lorsque ses quelques mots sortirent enfin, je m'attendais à de l'inquiétude de la part du rouge. Mais au contraire, cette mauvaise nouvelle provoqua chez lui une grande colère. Es qu'il me tenait pour responsable ? Responsable du fait que Keetech était éventuellement en danger. Responsable de ne pas savoir où elle se trouvais en ce moment. J'avais des remords moi. J'aurais du refuser que l'on se sépare. J'aurai du refuser de la laisser partir seule de son côté. Mais aucune de nous deux n'aurait pu soupçonner ce qu'il se passit ici. Que nos anciennes terres étaient devenues si dangereuses.

Maintenant il était trop tard, et si il était arrivé quemque chose à ma mère, je ne pourrais probablement jamais me le pardonner. Le rouge commença à me crier dessus. Je le méritais peut-être après tout. Mais lui aussi,. C'était pour lui que nous étions venu ici et pour personne d'autre. Nous serions restée sur le continent sauvage à l'attendre si mère n'avais pas ressenti qu'il courrait un danger. Mais il dut se rendre compte que me hurler dans la tête n'avais aucun intérêt car il continua plus calmement en me questionnant.

Était elle venue avec moi ? Quand es-que je l'avais vu en dernier ? J'avais bien vu que ce continent était dangereux. Les Chimères n'était en soi pas des adversaires imbattables mais elles etaient nombreuses. Très nombreuses. Elle semblaient arriver de l'Est donc oui, rester ici, alors que nous étions au milieu des terres n'était clairement pas une bonne idée. De plus que si Keetech était dans les environs, nous l'aurions déjà remarquée depuis un bon moment. Et si ce n'était pas nous, elle, elle nous aurait repérée. Je répondis toujours aussi brièvement :
« Oui. Nous étions ensemble hier. »

Il devait déjà se douter que Keetecj était venue avec moi car il ne parut pas spécialement surpis losque je lui annonçai et il s'était placé à ma gauche. Il deplia son aile immense pour la laisser repose dans mon dos. Je me sentais... Disons que je me sentais petite et fragile, là sous son aile. Ça ne m'arrivait pas souvent. Pratiquement jamais à vrai dire. Mais malgré tout, je me sentais en sécurité, comme lorsque ma mère venait me protéger de son corps, le soir, lorsque nous nous endormions.
« Nous ne devrions pas rester là. L’endroit n’est pas sûr, même pour moi. »

Joignant le geste à la parole, il me poussa légèrement en avant alors qu'il se mettait en marche. Je le suivis bien sûre. Je n'allais pas rester ici, il n'y avait plus rien à faire, je pris une grande inspirantion durant lesquelles mes narines frémirent, et je me mis en marche. Nous devrions nous diriger vers le Nord. C'était cette par la bas que mère était partie. Et je ne pensais pas qu'elle soit à l'Est. J'avais entendu dire que les Chimères y étaient nombreuses et Keetech ne se serait pas mise en danger à moins qu'elle ait trouvé son compagnon. Et il était là. La voix de Verith le coupa dans ma réflexion.
« Tu … si tu es ma … tu vas devoir me donner un peu de temps. J’ai … j’ai tout perdu ici … j’ai trop perdu ici … »

Je n'étais pas sûre mais ça ressemblait beaucoup à des excuses. Du temps, moi j'en avais. J'aviserai attendu 7 ans, je pouvais encore attendre. Je ne demandais pas beaucoup. Sa présence me suffisait. J'étais heureuse qu'il soit là à mon côté. Je n'en avait jamais espéré et voulu plus. Le reste pouvais toujours attendre. Et si lui ne pouvais encore rien m'offrir, moi je le pouvais. Je pouvais l'aimer. Ce n'était pas grave si je n'obtenais rien en retour. Je ne savais pas ce qu'il avait pu endurer tout ce temps. Je n'osais l'imaginer.

Mais j'étais là pour lui, j'étais venue pour lui, je ne savais pas si ça avait de la valeur à ses yeux, mes aux miens si. C'était important pour moi de savoir que malgré le fait que je lui en veuille de ne pas avoir été là pour moi quand j'étais enfant, moi, j'étais à ses côtés pour lui. Même si il n'en avait pas besoin. Même si il n'arrivait pas à réaliser que j'étais sa fille. Inconsciemment il m'avait déjà offert quelque chose. Par sa simple présence, il m'avait appris que je voulais faire tout les efforts possibles pour tisser un lien avec lui. Que je l'aimais assez pour mettre de côté mes rancunes.

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¤ Continent dangereux ¤

Verith avait encore du mal à le dire, à pouvoir le dire. Elle était sa fille, sa famille … sans doute … peut-être … probablement. Et il aurait sans nul doute du mal à le dire dans les jours qui suivraient même après en avoir eu la confirmation auprès de Keetech. C’est que cela faisait un choc pour celui qui pensait avoir tout perdu, ou presque. D’autant plus que le fait d’avoir une descendance tout de suite, alors qu’il ne l’envisageait pas avant avoir accompli certains objectifs, le perturbait un peu et chamboulait ses plans.

« Oui. Nous étions ensemble hier. »

La réponse tomba comme un poids lourd sur Verith. Elle était donc là, elle aussi. Le rouge ne savait s’il devait s’en réjouir ou s’en inquiéter. Bien sûr il serait heureux de la revoir. Cependant, si c’était pour le revoir dans un environnement si dangereux pour elle, il aurait préféré ne pas la revoir. Idem pour celle qui se disait être sa fille. Il préférait les savoir sauves et loin de lui, qu’en danger et proche de lui. Chacun pouvait avoir un point de vue différent, mais tel était celui du colérique. Un point de vue forgé au rythme des pertes qu’il avait subies. Un petit soupir s’échappa de l’enfant de l’orage alors qu’il avançait en direction du désert, son aile couvrant toujours Nynsith.

« Vous n’auriez jamais dû venir ici. Vous auriez dû rester sur le continent sauvage, auprès des nôtres, en sécurité. »

Ce n’était peut-être pas les mots à dire à celle qui était sa fille, celle qu’il n’avait et qui ne l’avait jamais vu. Cela pouvait avoir l’effet d’un repoussoir, le rouge en avait conscience, du moins peut-être, mais s’il disait ces mots un peu rudes, c’est bien parce qu’il se souciait grandement de la sécurité des siens.

Tout en marchant, le rouge regardait autour de lui, humant l’air à la recherche d’odeur particulière. L’odeur de Keetech était présente sur Nynsith, quoique dissimuler sous l’odeur du sang, des bipèdes et plus particulièrement celui des vampires. La jeune dragonne venait donc du sud. La logique voudrait que sa mère soit au nord. Si ces dernières étaient venues pour le trouver, c’est sans doute ce qu’elles auraient fait : se séparer pour couvrir plus de terrain, se mettre chacun en bordure d’un périmètre afin de le restreindre petit à petit et s’assurer que la cible ne leur échappe pas. Néanmoins, ce raisonnement fonctionnait si Keetech et Nynsith étaient venues pour le trouver.

« Pourquoi êtes-vous venus ici avec Keetech ? Est-ce pour me trouver ? Voir la terre de nos ancêtres ? Ou voir de vos yeux les bipèdes fous qui y vivent ? »

Déjà, les premières dunes de sable apparaissaient devant eux. Où devait-il aller ? L’amener vers les ruines de Sandur ? Près des bipèdes ? Mauvaise idée, mais cela restait sans doute une meilleure idée que rester près du territoire conquis par les Chimères. Ou alors, peut-être devraient-ils simplement s’enfoncer dans le désert un peu plus avant de partir droit en direction du nord. Restant ainsi à bonne distance des bipèdes et des Chimères. C’était sans doute la route la plus sûre pour se rendre vers l’endroit où se trouvait, probablement, Keetech.

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Je l'entendis soupirer. Qu'es que ça voulait bien signifier ? De l'exaspération ? De l'énervement ? Je n'en savais rien. Es qu'il était en train de nous reprocher d'être venues ? À l'époque nous ne savions rien des dangers que présentait cette terre. Mais moi je ne regrettais absolument pas d'être venue. Même si j'avais su ce qu'il se passait ici, j'aurai fait le même choix. Et il en était de même pour Keetech. Enfin c'était ce que je supposais. Il confirma mes doutes en affirmant que nous aurions du rester en sécurité sur le continent sauvage. Rester là bas ? Alors qu'un membre de notre famille était probablement en danger ? Impensable ! Je n'étais pas une lâche. Et si il lui était arrivé quelque chose et que nous n'avions rien fait pour l'aider ? Moi, je n'aurais jamais pu me le pardonner. Et je ne voulais pas vivre avec ce genre de remords même si ça me permettait de ne pas être confrontée au danger. J'étais un dragon. J'avais trop de fierté pour me cacher au lieu de me battre. Qu'il insinue que je n'étais pas en capacité d'assurer seule ma propre sécurité m'arracha un petit grognement.

Nous continuions à avancer dans le silence. Je devais dire quelque chose. N'importe quoi. Mais je n'avais aucune idée. Ce n'était clairement pas mon fort la communication. Et je ne voulais pas qu'il pense que je voulais mettre de la distance entre nous. Ce n'était pas le cas. Pas du tout. Mais j'étais intimidée. Je tournai la tête en sa direction pour tenter de capter son regard. Il semblait en pleine réflexion. Finalement, il reprit la parole :
« Pourquoi êtes-vous venus ici avec Keetech ? Est-ce pour me trouver ? Voir la terre de nos ancêtres ? Ou voir de vos yeux les bipèdes fous qui y vivent ? »

Je le fixai toujours. Voir cette terre ? Voir des bipèdes ? Il pensait que nous étions venue ici pour faire du tourisme ? Des petites bestioles appétissantes, il y en avait absolument partout, je n'allais pas faire ce long voyage alors que j'avais déjà de la nouriture chez moi. Quoi que j'étais assez curieuse du goût qu'ils pouvaient avoir. Je répondis par la réponse qui me semblait la plus évidente sur un ton légèrement amusé.
« Maman a eu un mauvais pressentiment. Nous sommes venues te chercher évidemment ... »

Je détournai les yeux des siens. Et fixai mes pattes qui s'enfonçaient dans le sable à chacun de mes pas. La suite n'attendais que de sortir. Mais je ne pouvais pas. Ce n'était pas correct. Pourtant j'avais besoin de le dire. Sur un ton de regrets je rajoutai :
«... Parce que tu ne revenais pas. »
Il y avait beaucoup plus de reproches dans mon intonation que je voulais bien l'admettre. C'était stupide de lui en faire. Ce n'était pas une manière de penser très mature, il avait du avoir des contraintes qui l'avait empêché d'agir à sa guise. Je ne pensais pas qu'il avait eu le choix et il avait du beaucoup souffrir alors que j'étais à l'abri sur le continent sauvage. Et ça me rendait triste pour lui. Mais ma tête ne parvenait pas à prendre en compte la situation, je lui en voulais. À lui. Mais surtout à la vie qui avait tout fait pour me séparer de lui. C'était la verité, je ne pouvais pas juste l'ignorer pour l'effacer. Je devais l'accepter et faire avec. J'avais besoin de lui dire. Besoin qu'il s'explique pour pouvoir passer outre ces rancoeurs.

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¤ Orages venus de loin ¤

Verith et Nynsith s’avançaient lentement dans le désert. C’était la matinée, le soleil s’était levé depuis peu, mais déjà son emprise sur la région était forte. La chaleur augmentait à chaque instant dans ce paysage aride. Les dunes s’écroulaient sous leur pas, formant des vagues de sables qui s’entrechoquaient pour former de nouvelles dunes. Les petites créatures du désert retournaient s’enfuir sous la surface afin de survivre aux températures de la journée après une nuit bien fraiche. L’aile du rouge recouvrait toujours le lapis, comme pour la protéger du danger qui régnait ici. Le colérique ne saurait dire si le continent est plus ou moins dangereux maintenant qu’avant. La folie de Néant n’était plus, mais elle avait été remplacée par la soif de pouvoir du Tyran blanc, qui elle-même venait d’être remplacée par la domination des Chimères. Le danger était le même, mais simplement sous une forme différente. Sans compter les bipèdes et le lien. Tant de chose qu’il aurait préféré détruire avant de retrouver les siens, pour les préserver. Avait-il échoué ? Oui. Cela lui laissait un goût amer dans la gorge. Mais tout n’était pas perdu. Sa famille était là, mais le reste des siens était toujours à l’abri, il n’avait donc pas totalement échoué.

La réponse de Nynsith à la question posée par Verith mit toujours un petit peu de temps à arriver. Que lui arrivait-elle à cette dragonne ? Avait-elle du mal à trouver ces mots ? Sans doute. Si elle était sa fille, s’il était le père qu’elle recherchait, ce n’était pas étrange qu’elle ait du mal à trouver ces mots. Lui-même avait eu du mal à réfléchir à ce qu’il pourrait dire à son frère lorsqu’il pensait encore pouvoir le retrouver.

« Maman a eu un mauvais pressentiment. Nous sommes venues te chercher évidemment ... »

Le rouge ricana intérieurement. C’était bien elle. Si elle l’avait vraiment voulu, elle ne l’aurait pas laissé partir ce jour-là, où il lui avait annoncé qu’il partait avec sa sœur et sa mère à la recherche de son frère. Peut-être aurait-elle dû. Ou peut-être pas. Les choses auraient-elles été pires que maintenant s’il ne s’était rendu en Ambarhùna ? Probablement pas.

«... Parce que tu ne revenais pas. »

Le ton de la dragonne était plein de regret, et cela manqua de fendre le cœur du colérique qui la serra un peu plus à l’aide son aile, sans doute inconsciemment. Si elle était vraiment ce qu’elle était. Alors il aurait sans doute tout donné pour le voir venir au monde. Il avait fait tant de reproches aux dragons liés en leur disant qu’eux-mêmes n’avaient jamais connu leurs parents, grandit auprès d’eux. Mais lui-même n’avait pas été présent pour l’éclosion de sa fille. Au moins … au moins serait-il là maintenant ?

« Je serais revenu … j’en ai fait la promesse. Probablement après des années … probablement en piteux état … mais je serais revenu. Je tiens toujours mes promesses. »

Même si cela pouvait parfois lui prendre, Verith tenait à toujours respecter les promesses qu’il faisait afin de garder son honneur sauf. Car la vie sans honneur n’était rien.

Déjà au loin, des ruines apparaissaient à l’horizon. Celle de Sandur. Le rouge pouvait sentir l’agitation qui avait lieu là-bas. Bien, il était à présent temps de se diriger en direction du nord.

« Nous allons aller au nord à présent. Continuez dans cette direction nous rapprocherait d’un campement bipède. Je n’ai aucune envie de les voir. Je n’ai aucune envie que tu les voies. Si tu veux survivre, entends ce conseil. Ne fait confiance à rien qui est lié de près ou de loin à aux bipèdes. Ce sont des êtres sans scrupules ni honneurs prêts à toutes les bassesses. Certains rares sortent peut-être du lot, mais tu te dois de rester vigilante. Trop de dragons sont déjà morts en commettant l’erreur de leur faire confiance. »

Verith changea donc de direction pour partir en direction du nord. Il devait avant tout retrouver Keetech avant de croiser à nouveau des bipèdes et des dragons liés. Il fallait les avertir, les mettre en sécurité.

Alors qu’ils se dirigeaient vers le nord, à l’horizon, le ciel commençait à se couvrir de nuage noir, apportant pluie et éclair.

« Je reconnais ces orages. »

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Keetech avait déchaîné la tempête pour venir en aide aux bipèdes aux longues oreilles. Le  firmament s’était empli de nuages noirs et le grondement du tonnerre faisait trembler Estelin sur ses fondations. La reine des nuées était forte et nul ne pouvait résister longtemps à la puissance de l’orage. Ce pouvoir héréditaire coulait dans ses veines depuis l’enfance et le ciel serein laissait place à une tempête magique, violente et imprévisible, à l’image de cette dragonne qui derrière son impassibilité dissimulait un caractère d’acier.

Après la débâcle des chimères, l’écailleuse en profita pour interroger un bipède afin d’obtenir l’une ou l’autre information à propos de l’endroit où se trouvait l’écarlate. Le deux-pattes n’en savait rien, toutefois il lui suggéra de se rendre vers l’Est du continent, là où la plupart des Ambarhùnéens avaient trouvé refuge.

Dès après, Keetech prit son envol, l’esprit préoccupé par la découverte de ces sombres événements. Que pouvait-il bien se passer sur cette terre inconnue ? Décidément, ces bipèdes étaient encore plus fous que dans les récits des dragons ancestraux, ceux assez vieux pour les avoir côtoyé sur Ambarhùna, avant l’exode massif de son peuple vers le continent sauvage.

Désormais, elle comprenait mieux les raisons qui avaient poussé les siens à partir, préférant abandonner ces deux-pattes à leur folie.
Elle-même n’avait daigné s’inquiéter de leur sort que dans le seul but de retrouver son bien-aimé. A présent, l’orageuse les laisserait régler eux-mêmes leurs différends et retrouverait l’impartialité qui était la sienne. Cependant, la saurienne s’interrogeait sur la raison pour laquelle son mâle l’avait délaissé, elle et leur fille. Était-ce pour venir en aide à des bipèdes qui ne signifiaient rien à ses yeux ? Cette simple idée lui semblait presque insupportable. Verith aurait tout intérêt à s’expliquer et à lui fournir des arguments valables au sujet de sa longue absence.
Si le jour du départ de l’écarlate, Keetech avait été sensible à son désir de revoir Cymbor, son frère disparu ; elle se montrerait nettement moins réceptive à des arguments tels que « l’amour » ou la protection des bipèdes.

Toutefois, la dragonne de Quartz préférait ne pas tirer de conclusions hâtives et d’abord entendre la version du Rouge avant de faire un jugement. Cette dernière savait pertinemment que les apparences se révélaient souvent trompeuses et qu’il était impossible d’analyser une situation sans être en possession de tous les éléments.

Le colérique devait certainement avoir une « bonne » raison, du moins elle l’espérait, sinon gare à lui ! Si Keetech possédait un tempérament calme et savait se montrer conciliante, celle-ci gardait à l’esprit qu’elle venait de passer sept longues années à patienter, sans nouvelles du Rouge, avec une dragonne turbulente à élever seule. Nynsith avait dû grandir sans la présence d’un père et cela demeurerait l’un de ses plus grands regrets. D’autant plus que l’orageuse accordait une importance primordiale aux liens familiaux.

D’ailleurs, elle espérait de tout cœur que la dragonne de la faim allait bien et ne courrait aucun danger au sein de ce monde inconnu. Sa décision de se séparer et de prendre chacune une direction opposée, afin de quadriller le continent et de retrouver le dragon de l’ire au plus vite, était la plus avisée. Pourtant, en tant que mère aimante, Keetech ne pouvait s’empêcher de nourrir une profonde inquiétude à l’égard de sa progéniture. Mais elle savait que sa fille était une adulte désormais et prenait peu à peu son indépendance, même si celle-ci resterait à jamais, avec son mâle, l’être le plus cher à ses yeux. Par ailleurs, Nynsith ne manquait pas de ressources et Keetech ne donnait pas cher de la peau des malheureux bipèdes qui seraient assez stupides pour oser s’en prendre à elle. Ces derniers avaient toutes les chances de finir au fin fond de son estomac. Toutefois, il fallait qu’elle la retrouve le plus rapidement possible ainsi que son mâle ! Si le moindre danger les menaçait, lui et sa fille, elle ferait gronder la puissance de l'orage et déclencherait les éclairs de sa colère !

Alors qu’elle volait dans la direction indiquée, l’esprit dévoré par l’inquiétude, les prunelles couleur Cyan de la tempétueuse s’agrandirent soudain. Dans le lointain, une forme majestueuse et massive, aux écailles aussi rougeoyantes que le sang, apparut. Elle crut que son cœur allait exploser dans sa poitrine. Ce dragon, elle le reconnaîtrait entre mille !

A ses côtés, se trouvait la silhouette plus petite, mais non moins robuste, de sa fille. La terrible inquiétude qui la dévorait fit place à un immense sentiment de soulagement. Ils étaient vivants et en sécurité.

La fille des tempêtes accéléra, fendant l’air avec la légèreté et la rapidité qui étaient les siennes, afin de les rejoindre au plus vite.

- Verith ! Nynsith ! Vous êtes sains et saufs ! J’ai eu si peur !

Ce moment-là, Keetech l’avait imaginé tant de fois dans sa tête, chérissant d’avance l’instant béni où Verith reviendrait et où elle lui présenterait cet enfant, la chair de leur chair, le fruit de leur amour. Tant de fois, elle s’était repassé mentalement cette scène imaginaire, à tel point qu’elle en devenait presque réelle. Seule cette folle espérance lui avait permis d’endurer ces sept longues années de solitude, de répondre aux questions de sa fille lorsque celle-ci l’interrogeait sur son père absent ainsi que sur les raisons de son départ. La dragonne de Quartz avait dû affronter tant de fois la cruelle déception de voir chaque jour le soleil se coucher, alors qu’elle guettait l’horizon, sans que le Rouge ne soit revenu. Pourtant, il y avait la promesse, ce serment sacré et infrangible, cette fidélité qu’ils s’étaient jurés. Au fond d’elle-même, Keetech savait que Verith ne pouvait pas l’avoir oublié. Parfois, le doute s’insinuait dans son esprit mais elle le repoussait violemment. Et s’il était mort ? Mais même cette idée, elle ne pouvait l’admettre, l’écarlate vivait et un jour il reviendrait à ses côtés.

A présent qu’elle se trouvait face à son bien-aimé, non pas en rêve, mais dans la réalité, son cœur était submergé par les émotions. D’une part il y avait la joie indicible de revoir son bien-aimé et de l’autre la douleur encore vivace d’avoir été séparée de lui tant d’années. Même le temps et cette séparation n'étaient pas parvenu à atténuer l'amour profond qu'elle lui portait, mais à cet instant, elle avait l'impression de ne pas savoir comment se comporter ou s'adresser à lui. Devait-elle laisser éclater sa joie ou éructer sa colère ? Keetech l'ignorait mais éprouvait la sensation d'être à fleur de peau.

L’écailleuse s’adressa d'abord à sa fille.

- Nynsith, je suis si soulagée que tu ailles bien. Je ne nourris aucun doute sur ta capacité à te défendre mais ce monde nouveau est si plein de dangers. Et je suis également heureuse de voir que tu as retrouvé ton père.

Durant sept ans, Keetech avait fait de son mieux pour élever Nynsith, tentant de toutes ses forces de suppléer à l’absence de Verith, lui contant inlassablement ses exploits pour que celle-ci y au moins l’illusion de sa présence. Pourraient-ils jamais rattraper tout ce temps qui leur avait été volé ?
L’écarlate avait été absent lors de son éclosion, de son premier vol et de sa première chasse. Jusqu’à présent, celui-ci n’avait jamais veillé ni tremblé pour elle, ignorant même jusqu’à son existence. La dragonne de la faim parviendrait-elle un jour à le considérer comme son véritable père et non pas juste comme l’ombre d’un dragon rouge hantant ses rêves d’enfant ?

Ensuite, elle se rapprocha de l’écarlate et lui glissa:

- Verith, je suis si heureuse de te revoir enfin…Puis elle ajouta en plongeant ses mires bleutées dans les siennes. - Après sept longues années d’absence…

Certes, la dragonne de Quartz débordait de bonheur de retrouver enfin son bien-aimé, mais elle ne comptait pas pour autant le laisser sans tirer sans l’once d’une explication et son sous-entendu ne pouvait pas avoir échappé à ce dernier. Keetech était une épouse meurtrie, délaissée pendant sept longues années et elle désirait en connaîtrait les raisons. Seules les réponses du colérique pourrait apaiser son cœur blessé.

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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« Je serais revenu … j’en ai fait la promesse. Probablement après des années … probablement en piteux état … mais je serais revenu. Je tiens toujours mes promesses. »
Qu'es qui se serait passé si nous étions restées sur le continent sauvage ? Au final, on en saura jamais rien. Ma mère m'avait toujours assurée qu'il reviendrait. Qu'il tenait toujours ses promesses, parce qu'elles étaient sacrées pour lui. C'était ce qu'elle pensait, ce qu'elle disait. Ça pouvait autant être vrai que faux. Ce serait à moi de le découvrir. Étrangement, entendre ces quelques mots me rassura un peu. Il m'avait abandonnée, certe, mais il y avait été forcé. Ce n'était pas de sa faute.

Après une dizaine de minutes à errer dans ce désert qui ne semblait plus en finir, je sentis une odeur. J'avais toujours eu le sens de l'odorat très développé par rapport à la vue. Je sentis l'odeur âcre du sang. Du sang de bipèdes. Je savais le reconnaître parmis mille. Mes yeux scrutèrent l'horizon avec difficulté. Je vus difficilement l'ombre de ruines au loin. Verith avait du les apercevoir aussi car je l'entendit dans mon esprit. Il dit que nous allions continuer vers le nord pour éviter les bipèdes. Dommage, j'avais pourtant un petit creu, je me serais bien fait un petit repas avant de repartir. Il me conseilla de ne pas me fier à tout ce qui touchait à ces bestioles à deux pattes, que ceux-ci avaient provoqué la mort de nombres de nos congénères. Impossible ! Comment des proies si ridicules pouvaient-elles faire le moindre mal à des membres de notre race glorieuse ? Il y avait bien le Lien, mais c'était seulement des dragons suicidaires qui se liaient pour mettre fin à leurs jours, non? On ne pouvait pas être sain d'esprit et s'associer avec des êtres largement inférieur ! De toute manière, je ne faisais confiance qu'aux miens, les autres créatures n'avaient comme intérêt que de nous nourrir. Quoi d'autre sinon ? Mon esprit efleura celui du rouge et je lui fis comprendre que j'avais bien saisi son avertissement, et que je ne commettrai au grand jamais l'erreur de leur offrir ma confiance. Je n'étais pas folle !
« Je ferai très attention. Promis. »

Nous partirent plus au Nord. Il n'y avait que du sable. Du sable à perte de vue. L'horizon semblait s'étendre à l'infini sans qu'une once de couleur autre que le bleu du ciel et le beige du desert vienne l'arrêter. Au bout d'un moment, au loin, le ciel se couvrait de nuages noires menaçants. Avant que j'ai pu le faire remarquer, le dragon rouge s'exclama :
« Je reconnais ces orages. »
Moi aussi. Bien évidemment. J'avais grandi avec eux. Maman. Keetech. Les battements de coeur accélérèrent subitement. Elle était là, juste là. À quelques kilomètres de nous. Nous allions être réunis, enfin. Je la vis apparaître, sortant de l'horizon, majestueuse dans les cieux, comme elle l'avait toujours été. Un sentiment de quiétude coula dans mon corps. J'étais rassurée. Elle allait bien. Elle était là ! Je couina de joie comme lorsque j'étais encore enfant, alors que je la voyais s'approcher dans notre direction. J'étais tellement heureuse. J'avais eu tellement peur pour elle, mais tout allait bien. Tout irait bien maintenant. Mon esprit propagea une onde de pure bonheur dans la trame, à l'intention de Keetech. Celle ci arriva près de nous en quelques secondes. Elle se posa avec grâce.
« Verith ! Nynsith ! Vous êtes sains et saufs ! J’ai eu si peur ! »
Moi aussi, j'avais eu tellement peur. Et mine de rien, elle m'avait énormément manquée. Je n'aurai pas pu me pardonner de l'avoir laissé s'il lui était arrivé quelque chose. Mon esprit effleura le siens avec douceur, je t'aime maman. Sa présence près de moi me faisait me sentir plus forte.

« Nynsith, je suis si soulagée que tu ailles bien. Je ne nourris aucun doute sur ta capacité à te défendre mais ce monde nouveau est si plein de dangers. Et je suis également heureuse de voir que tu as retrouvé ton père. »
Je ne savais pas si retrouvé était le terme correct. Physiquement, nous étions réunis effectivement. Mais nous avions encore besoin de temps pour nous retrouver. Et je ne savais pas si nous y parviendrons malgré tout les efforts que j'étais capable de faire ... J'espérais qu'il m'accepterai comme sa fille. Qu'il m'aime comme sa fille. Je dirigeai uniquement vers elle tout mes doutes. Tout, tout ce que je gardais au fond de moi, la crainte, la joie, la peur, l'espoir... Je lui partageai toutes ces émotions bouillonnantes au fond de moi en silence. J'avais besoin de me confier à elle seule isolées du rouge. Elle avait toujours été ma confidente. Puis quelques mots traversèrent la trame à l'intention de tous.
« Moi aussi. Je suis tellement heureuse d'être à nouveau à tes côtés. Maman...»

Puis je sentis son esprit se tourner vers Verith.

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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¤ Larme d'ire ¤

Au loin, des nuages noirs zébrés d’éclairs s’amoncelaient. Verith les reconnaissait, il n’y avait qu’une dragonne d’orage pour en produire de semblables. Ces derniers lui faisaient penser à ceux de sa défunte mère et de sa tendre conjointe. Il ne pouvait donc appartenir qu’à une seule dragonne, Keetech. Nynsith fut sans doute la première à l’apercevoir au loin et c’est la vague d’enthousiasme qui émana d’elle qui lui permit de réparer la dragonne de quartz. Majestueuse, magnifique, magistrale, le colérique avait de nombreux, sans doute une infinité, de mélioratifs pour qualifier la dragonne d’orage. Mais le meilleur d’entre eux était sans nul doute celui-là : comme dans ses souvenirs.

Le rouge ne rien et ne fit rien. Pas un seul mot de sortir de son esprit. Pas une seule écaille ne bougea sur sa cuirasse. Il la laissa se poser. Il la laissa s’exprimer. Son regard doré était posé sur elle. Il la fixait comme un mendiant humain fixait une pièce d’or. Sans doute se demandait-il encore s’il ne s’agissait pas d’un mirage ou d’une quelconque sorcellerie. Verith ne savait pas vraiment comment réagir. Devait-il laisser éclater sa joie ? Devait-il laisser éclater sa tristesse ? Devait-il laisser éclater sa colère ? Le cœur du dragon de l’ire était écartelé dans tous les sens par ses sentiments. Ils bouillonnaient intérieurement. Il eut l’impression de recevoir un coup en plein cœur quand de ces mots Keetech confirma que Nynsith était sa fille. Joie d’être père, tristesse d’avoir été séparée d’elle, colère de les savoir si proches du danger.

« Verith, je suis si heureuse de te revoir enfin… Après sept longues années d’absence…

Le bleu azur des yeux de la dragonne rencontra les pupilles d’or du dragon qui ne put soutenir son regard et baissa le museau, honteux. Il avait promis de revenir à elle, et c’était elle qui était venue à lui. Il n’avait pas été là pour la naissance de sa fille. Il n’avait pas été là pour vivre son premier vol, sa première chasse, son premier combat, sa première défaite, sa première victoire. Il n’avait pas été là pour la soutenir quand elle avait eu besoin de lui. Le rouge se sentait … honteux et triste.

Peut-être même une larme coula d’un de ses deux yeux. Peut-être même que cette larme coula le son de ses écailles. Peut-être même que cette larme tomba et vint heurter le sable qui l’aspira aussitôt. Peut-être que le colérique pleura une ultime fois après avoir perdu son frère, sa sœur, sa mère, avoir été maudit, avoir été handicapé, avoir été enchainé.

Que devait-il faire ? Rester là tout penaud, indigne de s’approcher de sa dragonne. Devait-il s’approcher d’elle et blottir son museau contre le sien en quête d’un soutien qu’il n’avait pas eu pendant ces sept années semblables à sept millénaires ?

Que devait-il lui dire ? Qu’il était désolé ? Qu’elles devraient partir, car elles n’étaient pas en sécurité ici ? Lui dire la vérité ? Toute la vérité ? Il sentait l’esprit et le regard de Keetech peser sur lui. Elle attendait des réponses. Elle attendait des explications. Et c’était fort légitime.

« Je … Je … »

Le colérique sera les crocs, les faisant grincer. Sa colérique naturellement qui l’entourait, lui, son esprit et son aura, laissant place à une infinie tristesse à fendre le cœur. Verith sembla tenter d’étouffer un sanglot qui s’échappa dans la trame, raisonnant quelque peu. Le maudit ferma les yeux avant de les redresser en direction de Keetech.

« Je suis arrivé trop tard … »

Le rouge leva une patte, l’approchant de son poitrail dont il sembla légèrement gratter l’armure avec ses griffes, en extrayant un objet. Son regard quitta le museau de la dragonne de quartz pour venir se poser sur sa patte qu’il ouvrit. Au creux de sa paume se trouvait un petit objet noir, semblable à un miroir. À l’intérieur des ombres semblaient s’agiter.

« Il … Il … Il était déjà parti … »

La patte du colérique trembla légèrement.

« Elles … elles l’ont rejoint ensuite … elles m’ont été arrachées … Je n’ai rien pu faire … »

Les griffes de Verith se refermèrent sur le petit objet. Les pupilles du dragon se voilant de ses paupières au même moment.

« Je … je ne pouvais … je ne pouvais pas rentrer …  pas avant … pas avant d’avoir supprimé tout  ce qui pouvait … m’arracher les choses auxquelles je tiens. »

Le colérique tremblait quelque peu. Il rapprocha sa patte fermée contre son poitrail, serrant l’objet qui le reliait … physiquement ? Magiquement ? Ou peut-être mentalement ? À son frère, à sa sœur et à sa mère. Précautionneusement, il replaça le miroir dans son armure avant de reposer sa patte contre le sol.

« Je suis … tellement désolé. »


Dernière édition par Verith le Dim 24 Sep 2017 - 21:39, édité 1 fois

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« Moi aussi. Je suis tellement heureuse d'être à nouveau à tes côtés. Maman...» Keetech envoya une caresse mentale emplie d’affection à sa fille avant de darder ses mires azurées sur l’écarlate.

Ce dernier, comme incapable d’endurer le supplice de ce regard interrogatif rivé sur lui, baissa le museau. La dragonne de Quartz, quant à elle, ne parvenait pas à s’arracher à cette contemplation et le fixait sans ciller, comme hypnotisée. Après sept années, tous deux se faisaient face à nouveau. En apparence, le colérique était demeuré identique à son souvenir, conservant cette même stature imposante, ces écailles rougeoyantes, cet aspect sauvage et indomptable…Pourtant, en voyant l'indicible tristesse qui luisaient dans ses yeux dorés, l’orageuse comprit que quelque chose en lui s’était brisé…

Qu’avait-il bien pu se passer durant tout ce temps ? Le dragon de l’ire, d’ordinaire, si fier, si combatif, semblait accablé et enterré sous une chape de honte et de regrets.

Keetech pouvait ressentir l’ampleur de sa douleur et vit des larmes perler à ses yeux et couler le long de son museau. Était-ce sa façon de lui demander pardon ? Les larmes du Rouge attendrirent son cœur et firent naître en elle le désir de le réconforter, pourtant, elle ne parvenait pas à esquisser un geste, pas encore.

L’écailleuse demeurait silencieuse, le cœur battant et attendait que son mâle prenne la parole, que ses mots emplisse son esprit. Eux-seuls pouvaient lui apporter paix et sérénité ou au contraire la briser. Serait-elle capable d’entendre ce que Verith avait à dire ? Celle-ci l’espérait, se tenant droite et immobile face à son bien-aimé, qui la tête baissée ne parvenait pas à soutenir son regard.

L’écarlate n’était guère le genre de dragon à s’apitoyer sur son sort ou à implorer le pardon de quiconque. Si celui-ci était toujours le Verith de son souvenir, cela signifiait qu’il culpabilisait et souffrait terriblement.

La voix mentale du Rouge résonna dans l’esprit de Keetech, balbutiante, hésitante comme si les mots lui manquaient.

« Je … Je … »

Puis il serra les crocs, tentant de réprimer un sanglot, et la dragonne de Quartz fut frappée par la violence de sa souffrance. Voir son mâle souffrir ainsi lui broyait le cœur. Elle aurait voulu pouvoir bouger, poser son museau contre le sien, effacer ses larmes et l’entourer de ses ailes, mais elle restait figée dans une posture hiératique, semblable à une statue de pierre, incapable de faire le moindre geste.
Il ferma ses prunelles d’or avant de les redresser en direction de sa compagne.

« Je suis arrivé trop tard … »

Keetech ferma à son tour les yeux avant de les rouvrir et de dire d’un ton grave :

- Cymbor est mort…Je suis désolée, je sais à quel point il comptait pour toi…

Ensuite, le colérique leva la patte et gratta son armure au niveau du poitrail et lorsqu’il rouvrit sa paume, elle aperçut un mystérieux objet noir en forme de miroir. Interloquée, cette dernière le contempla.

« Il … Il … Il était déjà parti … »

Le dragon aux écailles de sang se mit à trembler et la saurienne sentit des frissons parcourir son corps à l’idée de ce que son bien-aimé avait dû endurer.

Verith poursuivit :

« Elles … elles l’ont rejoint ensuite … elles m’ont été arrachées … Je n’ai rien pu faire … »

Keetech eut l’impression de recevoir un coup de poignard dans le cœur et ses mires bleutées s’agrandirent :

- Skade….Estelen…Non ! Comment cela se peut-il ? Est-ce que cela a un rapport avec cet objet que tu tiens ?

A cet instant, la reine de nuées ressentait violemment le poids de la culpabilité, celle de n’avoir pas été présente à ses cotés. Durant sept ans elle s’était sentie abandonnée, mais ne l’avait-elle pas aussi laisser tomber à sa façon ?

« Je … je ne pouvais … je ne pouvais pas rentrer …  pas avant … pas avant d’avoir supprimé tout  ce qui pouvait … m’arracher les choses auxquelles je tiens. »

Verith replaça le mystérieux objet dans son armure et ses paroles suivantes fendirent le cœur de la dragonne de Quartz.

« Je suis … tellement désolé. »

Elle baissa la tête à son tour et des larmes ruisselèrent le long de son museau :

- Je regrette tellement…J’aurais tant voulu être là, avec toi, que nous affrontions cette épreuve ensemble…J’aurais dû venir te rejoindre plus tôt….

Tant de fois, la fille des tempêtes s’était demandée ce qui se serait passé si elle avait pris la décision de suivre son mâle sur Ambarhùna. Quand l’enfant de l’orage avait exprimé son désir de partir, Keetech s’était contentée de sa promesse de revenir sitôt son frère retrouvé.
A ce moment-là, cette dernière pensait que leur séparation ne serait que de courte durée. Pouvait-elle seulement deviner que sept années s’écouleraient et qu’ils se retrouveraient dans d’aussi tragiques circonstances ?

Verith avait perdu tant d’êtres chers sur Ambarhùna, son frère, sa sœur et sa mère; désormais, c’était un dragon brisé et torturé par les souvenirs du passé.

D’une voix vibrante d’émotions et de tristesse, elle dit :

- Au moment de ton départ, je…je ne voulais pas que nous soyons séparés. Cela me brisait le cœur, mais je…ne suis pas parvenue à te le dire…Au fond de moi, j’espérais que tu me demanderais de t’accompagner…mais tu n’as rien dis, juste promis que tu reviendrais…puis tu es parti avec ta mère et ta sœur et tu as disparu à l’horizon…

Puis, la dragonne bicolore releva la tête et plongea ses prunelles brillantes de larmes dans celles de Verith :

- Mais…peut-être est-ce mieux ainsi…Si j’étais venue sur Ambarhùna avec toi, peut-être que le pire serait arrivé. J’étais enceinte de Nynsith mais je ne le savais pas…je suis heureuse d’avoir pu l’élever en sécurité sur le continent sauvage loin de la guerre de ce monde insensé…

La reine des nuées tremblait, en proie au flot tumultueux de ses émotions et les nerfs à fleur de peau.

- Si…si tu avais su que j’attendais notre enfant, est-ce que tu serais parti quand même ?

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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Je ne savais pas bien ce qu'ils pouvaient se dire, mais je pouvais sentir la grande douleur du rouge. Il pleurait. Le dragon qu'on m'avait décrit toute ma vie comme une force de la nature était en train de pleurer. La situation était-elle si désespérante ? Keetech, quant à elle, restait immobile, fixant obstinément Verith. Ils avaient besoin de s'expliquer. C'était d'ailleurs sûrement ce qu'ils étaient en train de faire. Je sentais la peine de ma mère faire écho aux tourments du dragon rouge. Qu'es qu'ils pouvaient bien se raconter ? Je n'en savais rien. C'était entre eux. Je m'éloignais un peu de mes parents, histoire de leur laisser un peu d'intimité. Ils en avaient besoin. Peut-être que j'en avais tout aussi besoin pour mettre au clair mes idées aussi. Alors ? Qu'es qu'il allait se passer maintenant ? Qu'allions nous faire maintenant que nous avions retrouvé Verith ? Je fis quelques pas dans le sable qui commençai à être chaud. Es que nous allions rester ici ? Es que nous le pouvions avec les Chimères qui rodaient ici ? Probablement pas... Mon regard balayai les alentours. Rien ne semblait bouger, comme si le temps s'était arrêté. Je ne m'étais pas imaginée ces terres exactement comme ça. Ici, dans ce désert, tout semblait si calme. Nous étions les seuls. Nous étions ensemble. Mais es que ça durerait ? Je m'allongeai par terre, toujours scrutant l'horizon. Même éloignée de ma famille, je pouvais sentir leur douleur. Quiconque aurait pu la ressentir, elle se répandait comme une vague et rencontrait comme seuls obstacles les quelques âmes de cette étendue beige sabloneuse. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter, rien ne semblait pouvoir y échapper. Je n'aimais pas sentir Keetech triste. Je détestais ça. Mais je ne savais pas quoi faire. Je n'avais jamais été très douée pour la compassion. Je ne savais même pas si j'avais quelque chose à y faire. Alors j'attendais, en leur envoyant des ondes positives, qui se perdaient bien vite dans le flot de chagrin des deux dragons sans jamais pouvoir les atteindre.

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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¤ Promesse et avertissement ¤

Verith venait d’avouer la terrible vérité à sa conjointe et à sa progéniture. Il était venu en Ambarhùna, il y avait perdu son frère, sa sœur et sa mère ? Il était arrivé trop tard pour le premier. Il avait été incapable de protéger les deux autres. Le colérique pleurait, pour la première fois de sa vie. Après tant d’années à apprendre de tristes choses sur ce que les siens avaient subi par la faute des bipèdes et du lien. Après sept années de souffrance, loin de sa femme et de son enfant, à avoir appris la mort de son frère, à avoir vu mourir sa sœur et sa mère. Après tant d’années à être brave, Verith craquait, devant la seule face à qui il pouvait, même s’il aurait préféré reste fier et puissant face à elle. La nouvelle sembla l’abattre elle aussi. La dragonne de Quartz savait à quel point retrouver son frère comptait pour lui, c’est pour ca qu’elle l’avait laissé partir. La dragonne de Quartz savait quelle importance le rouge attachait à sa famille. Savoir son conjoint à ce point abattu par le malheur la frappait, elle aussi.

Verith resta silencieux, sentant Keetech, mais également Nynsith essayer de le réconforter. La pauvre dragonnette qui n’avait jamais connu son père et qui venait le chercher le retrouvait dans un tel état. Elle devait avoir beaucoup de questions. Le rouge prendrait tout le temps d’y répondre. Elle devait tout savoir elle aussi, afin de survivre au contact avec les bipèdes.

Lentement, les larmes de Verith cessèrent de couler. Lentement sa tristesse commença à se résorber. Lentement, l’enfant de l’orage vint enterrer cette souffrance au fond de son cœur. Et chez le dragon rouge, quand la tristesse se dissimule, c’est la colère qui fait son apparition. Après la pluie vient le beau temps ? Non, après la pluie vient l’ouragan. Malheureusement, le maudit n’allait pas pouvoir le faire éclater, pas avec Keetech et Nynsith. Plus tard, il la laisserait jaillir plus tard. Les yeux encore humides, Verith redressa le museau, venant poser son regard sur la dragonne de Quartz. Dans l’or de ses prunelles, une violente tempête se déchainait.

« Skade a bercé mon enfance d’histoire sur les bipèdes. Au fur et à mesure que je grandissais, ma mémoire au sujet de leur horrible exaction s’éveillait. Je savais, au fond de moi, que ce lieu était dangereux. J’ai bien fait de ne pas te demander de m’accompagner. Et tu as bien fait de rester chez nous, pour mettre à bas notre fille et l’élever. Je n’ai qu’un seul regret … que les choses n’aient pas été différentes. J’aurais voulu être là … j’aurais voulu être avec toi. »

Le museau de Verith se tourna en direction de la petite lapis-lazuli.

« Être avec vous. »

L’héritier de l’orage ferma, les yeux, prenant une inspiration, tâchant de se calmer, avant de revenir vers Keetech.

« Keetech … j’ignore quel aurait été mon choix à l’époque si j’avais su. Mais je peux te dire une chose. Si je regrette de ne pas avoir été présent à tes côtés … le choix que j’ai fait de partir à la recherche de mon frère … n’était pas un mauvais choix. Je pense pouvoir vivre dans la honte de ne pas avoir été un bon père et un bon conjoint en étant auprès de vous au moment où vous en aviez le plus besoin. »

Lentement, le rouge tourna son museau en direction l’ouest, observant l’horizon alors que ses sourcils se fronçaient.

« Mon déshonneur aurait été encore plus grand si je n’avais pas été ici, à combattre pour vous protéger. Toi, notre … notre fille … et tous les notres. J’ai perdu mon frère sur cette terre. J’ai perdu ma sœur … ainsi que ma mère. Mais j’ai pu me dresser face à des dangers … face à des ennemis qui auraient pu faire qu’une seule bouchée de nous, les dragons. Et le plus important, j’ai pu participer à leur chute … et même la causer moi-même pour certains. »

Un grognement s’échappa du colérique alors qu’il vint faire grincer ses crocs, tout en plantant ses griffes dans le sable, creusant d’énormes sillons.

« Et pourtant … Et pourtant le nombre de malfaisances pouvant vous menacer ne cesse de croître en intensité à chaque fois qu’un de mes ennemis tombe ! »

Des flammes de colère s’échappèrent des naseaux du dragon avant qu’il ne se retourne pour observer Keetech et Nynsith.

« Vous voir … savoir que vous allez bien … apprendre l’existence de ma … de ma fille … pouvoir vous parlez … me comble de bonheur. Mais vous savoir ici, sur ce continent maudit, me terrifie. Vous n’auriez pas dû venir ici. Vous n’auriez pas dû venir me retrouver. Vous auriez dû m’attendre … j’ai fait la promesse de revenir. »

Verith ferma les yeux, inspirant lentement.

« Mais il est trop tard maintenant. Il est inutile de s’attarder dessus. Alors je vous protègerais, toutes les deux, face à tous les dangers. »

Les yeux d’or du colérique glissèrent vers la dragonnes de Quartz et joignant les gestes à la parole, il désigna l’objet en cristal noir.

« Keetech. Cette chose n’est pas à l’origine de la mort de ma sœur et de ma mère. Cette chose est ce qui me permettra de les sauver … ou plus exactement, de sauver ce qui reste d’elles. Leur assurer un repos éternel. Keetech, les responsables sont les mêmes que pour frère. Les bipèdes et le lien. »

Le ton de Verith à la simple prononciation de ses deux mots ne pouvait s’empêcher d’être chargé d’une haine indescriptiblement noire et profonde.

« Nynsith, Keetech. Méfiez-vous d’eux. N’ayez jamais confiance en eux. Ne les sous-estimez pas. L’arme des faibles est la perfidie et ils la manient avec une écœurante habileté. »

descriptionFire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK] EmptyRe: Fire and Storm [Nynstih - Keetech - Verith] [FLASHBACK]

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La dragonne de Quartz contemplait son mâle avec sollicitude et les larmes qui s’écoulaient le long de son museau lui déchiraient l'âme, jamais auparavant, elle n’avait vu le flamboyant dans un tel état d’abattement, à tel point que l’intensité de sa peine la submergeait. Comment pourrait-elle demeurer insensible face à la souffrance de celui qu’elle aimait ? La fille des tempêtes partageait son chagrin et regrettait son impuissance à l’alléger, malgré ses tentatives de réconfort, car aucun mot ni aucun geste ne pourrait l’effacer. 

Pour la première fois depuis leur rencontre, le Rouge dévoilait sa fragilité et les peines qui hantaient son cœur, laissant couler ses larmes devant sa femelle, lui qui d’ordinaire se montrait fier et puissant. Elle-même avait ôté son masque de calme impassible et laissait apparaître sa sensibilité, sans tenter de réprimer ses émotions. Retrouver son mâle après cette longue séparation et apprendre d’aussi tragiques événements avaient fait voler en éclat sa carapace de sévérité. 

Progressivement, Verith sécha ses larmes et la douleur de la perte d’êtres chers laissa place à de la colère et à la vindicte. Le feu de la haine brilla dans ses prunelles dorées et la tempête se mit à gronder dans son cœur meurtri. Le dragon de l’ire ne la laissa pas éclater devant son épouse et sa fille, mais Keetech connaissait son compagnon mieux que quiconque et devinait le brasier belliqueux qui le consumait. 

La reine des nuées commençait à retrouver son calme et la maîtrise d’elle-même et ses magnifiques mires retrouvèrent leur éclat bleuté.  La raison domptait peu à peu le flot tumultueux de ses sentiments contradictoires, mélange d’angoisse, du bonheur des retrouvailles et de la douleur des circonstances dans laquelle elles avaient lieu. Elle écouta les paroles du colérique concernant la menace qui planait sur Ambarhùna et ne remettait nullement ce fait en doute. Si la dragonne s’était rendue sur ce continent, enceinte de Nynsith, il serait peut-être arrivé malheur à sa progéniture. Cette simple idée lui semblait insupportable et celle-ci était heureuse d’avoir pu l’élever à l’abri de la folie des bipèdes, malgré cette dure séparation. Les paroles de l’écarlate lui semblaient apaisantes et douloureuses à la fois. L’enfant de l’orage l’aimait profondément, elle ne pouvait en douter et à la souffrance de la mort de son frère, de sa mère et de sa sœur s’était ajouté le manque de sa bien-aimée. Chaque moment de solitude, il l’avait enduré au centuple. 

-          J’aurais tant voulu être près de toi…mais sache que tu n’as jamais quitté mes pensées durant ces sept années. Je t’en fais le serment, pas un seul jour ne s’est écoulé sans que je ne guette l’horizon, espérant ton retour. Parler de toi à notre fille me donnait l’impression de me rapprocher de toi et de lui faire connaitre le dragon que tu es. 

 Après une inspiration, le colérique répondit à la question suivante de sa femelle concernant le choix qu’il aurait fait s’il connaissait sa grossesse. Keetech demeura silencieuse un bref instant avant de répondre. 



-          Les choses sont ce qu’elles sont, nous ne pourrons jamais revenir en arrière et à l’époque j’ai fait le choix de te laisser partir et peut-être était-ce le bon choix ou le moins mauvais, même s’il a engendré de grandes peines. De toute façon, je crois qu’importe le choix que nous aurions fait il y aurait eu un prix à payer. Si je t’avais retenu auprès de moi, peut-être qu'aujourd’hui tu vivrais avec la honte d’avoir abandonné ton frère…



L’écarlate tourna son museau vers l’Ouest et arbora une expression sévère. La reptilienne dans un même mouvement suivit son regard. Cette dernière devinait sans peine que quelque chose le préoccupait. Peut-être songeait-il aux combats qui faisaient rage sur Ambarhùna. 
Keetech tressaillit en entendant ses propos concernant les dangers qui planaient sur ces terres. Des ennemis capables de ne faire qu’une bouchée des dragons ? Quelles créatures avait-il dû affronter seul ? Depuis sept ans, tant événements s’étaient déroulés et elle regrettait de n’avoir pas pu se trouver à ses côtés pour l’aider à les affronter. 



Avec force et assurance, celle-ci répondit :



-          Verith si des créatures ou des dangers menacent notre peuple, il est également de mon devoir et de mon honneur de protéger les nôtres. Ne me demande pas de rester à l’écart et de te voir risquer ta vie sans rien faire. 



Et plongeant ses prunelles aussi bleues qu’un ciel d’été dans l’or de son mâle, la tempétueuse continua :



-          Je sais à quel point tu t’inquiètes pour notre sécurité, mais tu n’aurais pas pu nous empêcher de traverser l’océan pour te retrouver. Moi et Nynsith avons fait notre choix, comme tu as fait le tien autrefois. Quoi que tu en penses, je ne retournerais pas sur le continent sauvage, à y attendre sagement, que tu te fasses tuer. A présent que nous sommes tous les trois réunis, je veux combattre à tes côtés et t’aider à porter ce fardeau. 



La fille des tempêtes possédait une détermination et un caractère d’acier qui n’avait rien à envier à celui du Rouge. Cette dernière avait fait son choix et était décidée à s’y tenir, coûte que coûte. 



-          Je…je regrette tellement de n’avoir pas été là quand tu pleurais la disparition de Cymbor, de Skade et d’Estelen. Cela restera à jamais mon plus grand regret…



La tristesse voilait les miroirs azurés de ces grands yeux. 

Puis Verith lui donna quelques explications à propos de l’étrange objet qu’il lui avait montré. La dragonne de Quartz avait déjà entendu parler par des ancestraux du lien qui unissait des dragons à des bipèdes et cette chose lui semblait contre-nature. 

-          Est-ce que Cymbor, Skade et Estelen s’étaient liés à des bipèdes et c’est ce qui a causé leur perte ? demanda-t-elle d’un ton posé, bien que soupçonnant fortement la réponse. Et quel rôle joue cet objet que tu gardes si précieusement ? 



 Dès après l’enfant de l’orage les mit en garde contre la perfidie des bipèdes et la reine des nuées répondit :

-          Je n’ai pas pour habitude de sous-estimer mes adversaires et je pense que la colère est mauvaise conseillère car elle nous conduit à agir de manière imprudente ou irréfléchie. Mieux vaudrait faire preuve de circonspection et apprendre à connaitre ses bipèdes pour découvrir leurs points faibles. Agir avec patience, calme et détermination me semble la stratégie la plus appropriée. 



Connaissant le tempérament ardent de Verith, Keetech tentait de tempérer ses ardeurs et de faire résonner en lui la voix de la Raison. 



-          Si ces bipèdes sont capables de vaincre des dragons malgré leur petitesse, nous devons nous montrer plus malins qu’eux et les faire tomber dans leurs propres pièges.
Après cela, la dragonne de Quartz se rapprocha du Rouge et caressa son museau avec le sien dans un geste de profonde affection. Ensuite son regard se tourna vers sa fille, qui était restée un peu à l’écart durant cette discussion et d’un signe de la tête elle l’invita à approcher.



-          Nynsith, j’imagine que tu désires faire plus ample connaissance avec ton père, vous avez sept années à rattraper et sans doute beaucoup de choses à vous dire également.

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Je sentis l'esprit de Verith se tourner vers moi puis celui de ma mère. Je tournai le museau dans leur direction.
« Être avec vous.»
Lentement, je me levai pour retourner à leur côtés. Je sentis la douce caresse du sable qui glissait sur mes écailles. Pour moi, il n'était jamais le temps de s'apitoyer sur ce que nous aurions dû et aurions pu faire. Il ne fallait pas se tourner vers le passer si c'était pour ne pas voir le futur. Mais, moi aussi... Moi aussi, j'aurai aimé qu'il soit à nos côtés. Que lorsque j'avais sorti la tête de ma coquille, il soit là pour me guider. Qu'il soit là pour me montrer qu'il m'aimait par mains sermons, pour me faire tomber et mieux m'apprendre à me relever, pour me pousser à aller plus loin et attendre que je lui revienne. Mais il n'y avait pas d'âge pour ça non ? Maintenant nous étions ensemble. Maintenant nous pouvions être ensemble. Je pouvais mettre de côté le fait qu'il n'avait pas été là lorsque j'étais petite au final je m'en étais très bien sortie sans lui avec seulement Keetech près de moi. Tout ce temps qu'il ne nous avait pas consacré, ils les avaient dédiées à notre protection, à la protection de sa famille, de sa race. Il avait eu Sa part de malheur : la mort de son frère, sa mère, sa soeur... Je ne pouvais imaginer ce que ça pouvait faire de voir quelqu'un que l'on aime se faire tuer sans pouvoir y changer grand chose. Mais c'était du passé maintenant, les morts pouvaient attendre, pas les vivants.

Et il y avait des menaces qui rodaient d'après le rouge. Des menaces qu'il avait combattu pour nous protéger et qui auraient pu nuire à notre race. Des menaces qui devenaient de plus en plus grandes, de plus en plus nombreuses. J'avais vraiment du mal à y croire. Qu'est qui pouvait bien être plus dangereux qu'un dragon ? À part un autre dragon ? Mais si quelqu'un comme Verith s'inquiétait alors ce n'était pas quelque chose à négliger.
« Vous voir … savoir que vous allez bien … apprendre l’existence de ma … de ma fille … pouvoir vous parlez … me comble de bonheur. »
Sa fille... Entendre ce mot de sa part, c'était ce qui me comblait de bonheur moi. Etre avec Keetech et Verith, c'était toujours ce que j'avais voulu.
«Vous n’auriez pas dû venir ici. Vous n’auriez pas dû venir me retrouver. Vous auriez dû m’attendre … j’ai fait la promesse de revenir. »
Bien sûre que c'était la bonne décision de venir le rejoindre. Qui sait ce qui aurait pu se passer si nous ne l'avions pas fait. Je ne doutais pas de la force du rouge, ni de sa parole d'ailleurs, mais les morts ne tiennent pas leurs promesses. J'étais d'accord avec ma mère, il ne pouvait pas nous reprocher d'être venu l'aider et il ne pouvait pas nous demander de rester en sécurité alors que lui mettait sa vie en péril pour préserver la nôtre.

Verith montra du regard un objet noir étrange. En quoi cette chose pouvais bien sauver sa mère et sa soeur ? Et comment cette simple vermine à deux pattes pouvait elle bien avoir causé la mort de plusieurs dragons ? Ils n'étaient même pas capables de se protéger d'eux même, et si ils né fourmillaient pas en si grand nombre, ils auraient forcément tous péris. Mais ils survivaient en abusant de la naïveté de certains des nôtres. Son âme ne fut que haine et colère lorsqu'il évoqua le Lien et les bipèdes.
« Nynsith, Keetech. Méfiez-vous d’eux. N’ayez jamais confiance en eux. Ne les sous-estimez pas. L’arme des faibles est la perfidie et ils la manient avec une écœurante habileté. »
Les seules personnes en qui j'avais réellement confiance étaient à mes côtés en ce moment même. Et si ils maniaient la perfidie avec beaucoup d'habileté, les dragons, nous savions manier l'intelligence encore mieux. Keetech s'approcha du rouge et frotta son museau à lui. J'étais tellement heureuse pour elle, elle avait enfin retrouvé son mâle. Toutes ces années à attendre avaient été dure pour elle. Bien plus dure que pour moi.

« Nynsith, j’imagine que tu désires faire plus ample connaissance avec ton père, vous avez sept années à rattraper et sans doute beaucoup de choses à vous dire également. »
Je ne savais pas quoi dire ni faire. Il était en même temps mon père et un illustre inconnu que je ne connaissais que de ce que les autres m'en avait raconté. Je ne voyais pas ce qu'il y avait à dire. 7 années, ça ne se rattrapait pas en quelques minutes de discussion. Qu'es qu'il y avait bien à dire ? Mon regard passait successivement de celui de ma mère à Verith. Elle savait bien que communiquer avec autrui n'était pas mon fort. Je les fixai en silence. Les mots s'enmêlaient dans ma tête. Alors je me contentai de m'approcher du rouge et le dévisager.

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¤ Crime bipède ¤

Verith avait retrouvé sa femme et avait appris l’existence de sa fille qu’il avait également retrouvée. Le tout dans la même journée. Après tant d’années à souffrir, le réconfort de que ce moment lui apportait était immense, même s’il ne le montrait pas forcément. Ses lames s’étaient taries, sa tristesse avait laissé place à la colère. Il fallait utiliser le temps de leur retrouvable au meilleur escient que possible. Le danger était là, partout autour d’eux. Devant eux se trouvaient les Chimères. Derrière eux se trouvaient les bipèdes et le lien. Le dragon rouge entendait les paroles de Keetech, lui aussi aurait aimé qu’elle soit auprès de lui, mais dans d’autres conditions que celle qu’il avait connue. Le passé est le passé. Il est impossible de le changer et quand bien même, Verith ne serait pas certain de vouloir le changer et surtout comment le changer. Seul le futur importe à présent. La manière dont cette guerre allait être menée. La manière dont il allait pouvoir protéger sa femme et sa fille. La manière dont il allait pouvoir rattraper le temps perdu avec sa fille.

« Je ne compte pas vous demander une pareille chose. Je vous demanderais juste de faire attention. Je vous protégerais, toutes les deux, jusqu’à la fin, quoi qu’il m’en coûte. »

La question de la mort de ses proches tomba. Comment Verith devait-il en parler ? Devait-il seulement en parler ? Oui, il devait en parler. Le rouge resta dos à sa femme et sa fille. Fermant les yeux, respirant lentement.

« Cymbor est mort dans une guerre de bipède. Mené au combat par sa liée et tué par un bipède. Estellen est morte elle aussi de la main des bipèdes … Dans une guerre, menez par des bipèdes désireux de détruire tout ce qui était lié à la magie … Mais le pire … l’être qui a m’a pris ma sœur … était de la lignée maudite par ma mère … dont l’ancêtre l’avait blessé par le passé, il y’a plus d’un siècle, alors qu’elle essayait de récupérer l’œuf de Cymbor que les bipèdes lui avaient dérobé ! »

Les crocs du rouge grincèrent et un sourd grondement fit vibrer son poitrail. La simple évocation de ses crimes lui donnait envie de fondre sur le campement des bipèdes réfugiés pour les massacrer.

« Et ma mère … ma mère … ma mère s’est liée à un bipède. Elle a décidé de leur donner une chance … puis voyant ce que les bipèdes ont fait de cette chance … elle s’est donné la mort. »

Lentement le rouge se retourna, le museau déformé par la haine.

« Pour ces crimes et tous ceux commis par le passé, je ne leur pardonnerai jamais. Je rendre justice aux dragons. J’annihilerais jusqu’aux d’entre eux. »

Verith regarda à nouveau l’horizon, cachant ce disgracieux faciès, tâchant de retrouver son calme.

« Cet objet … Est, semble-t-il, une porte menant au monde des morts. Je ne sais pas encore comment elle fonctionne … mais là où je l’ai obtenu, mon frère s’y trouvait. Ou plus exactement, il était à l’intérieur du miroir dont j’ai arraché ce fragment. J’entrerai dans les détails une prochaine fois si tu le veux bien, mais les dieux qui nous ont créées sont tous morts. Ici même d’ailleurs, sur ce continent. La disparition de la déesse de la mort semble avoir engendré quelques complications dans le passage des âmes des défunts, et peut-être même plus encore. C’est du moins ce j’ai cru compris. »

Le colérique se retourna et approcha de sa femelle, venant poser sa tête contre son épaule, s’y lovant quelques instants.

« Ma colère a été ma meilleure conseillère en cette terre, Keetech. Je ne l’ai trahi qu’à un seul instant, j’ai épargné un être … Peut-être qu’un jour je te parlerais du prix que j’ai payé pour cette erreur. »

Verith redressa son museau et se dirigea lentement vers Nynsith.

« Au contact du danger, fier vous à la chose en laquelle vous croyez le plus, celle qui vous guide à chaque instant, elle vous permettra de faire le juste choix. »

Arriver devant la dragonne lapis-lazuli, le rouge pencha la tête en avant pour venir poser le bout de son museau contre le sommet du crâne de cette dernière.

« Nous avons beaucoup de temps à rattraper tout les deux … et je ferais de mon mieux pour racheter mon absence. Je n’ai pas pu assister à ta naissance, je n’ai pas pu t’élever, je n’ai pas pu être à tes côtés avec ta mère. Mais cette occasion m’offre au moins la possibilité de t’apprendre à te battre face à tous les dangers qui pourront se dresser devant les nôtres, mais aussi la possibilité de te protéger face à l’ennemi. »

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Keetech écoutait avec attention les mises en gardes de Verith et le tumulte de ses émotions laissait peu à peu place à l’attitude calme et sérieuse qui la caractérisait. Aux paroles du Rouge, celle-ci répondit :

- N’aie crainte je ferais preuve de la plus grande prudence et je ne les laisserais pas s’en prendre à moi ni aux êtres qui me sont chers. Ceux d’entre eux qui auraient la bêtise de s’y essayer goutteront à la fureur de mes éclairs.

La fille des tempêtes ne plaisantait guère et une franche détermination luisait dans ses mires azurées. Après tout, cette dernière était une dragonne de l’orage, issue du cœur des tempêtes, et sa fierté et son honneur lui interdisaient de plier l’échine devant quiconque. Elle et l’écarlate partageait ce même caractère de fer, cette volonté d’acier, un sens de l’honneur exacerbé ainsi que le désir de protéger les leurs. Quand l’orageuse questionna le dragon de l’Ire au sujet de la mort des siens, ce dernier se crispa, ferma les yeux et respira lentement avant de poursuivre. Il relata la mort de Cymbor, mené au combat par sa liée, celle d’Estelen par la main des bipèdes et la disparition tragique de Skade, l’Ancestrale qui s’était donné la mort…
La dragonne de Quartz demeura silencieuse, impassible en apparence, mais intérieurement son cœur s’emplissait de douleur et de colère. Les bipèdes étaient-ils responsables de toutes ces tragédies ? Était-ce la faute du lien ? Celui-ci devait-il mener inéluctablement les dragons à leur perte ?
Après un bref instant de silence, elle prit la parole.

- D'après ce que tu dis, ce qui a causé leur mort c’est la confiance aveugle qu’ils ont fait à certains bipèdes. Le lien, cet attachement contre-nature que décrivait les anciens dragons parait les avoir condamné à une fin tragique…Tu es le seul à avoir survécu, sans doute car tu as refusé le lien. Si tu t’étais lié à un bipède, peut-être aurais-tu suivi le même chemin que les membres de ta famille…


En évoquant la mort de ses proches, le colérique se mit à grogner et la reine des nuées ressentit la haine et la rage qui l’habitaient. Son museau se déforma, dévoilant ses crocs et en le voyant ainsi dévoré par la douleur et l’amertume, elle se remémora celui qu’il était lors de leur premier rencontre, un dragon rongé par la férocité et la colère.

Cependant, la bicolore ne comprenait que trop bien les raisons de son ressentiment et sa soif de vengeance. Les bipèdes avaient arraché au Rouge les êtres qui comptaient le plus à ses yeux et même le temps ne pourrait jamais cicatriser ces plaies. Elle-même savait que si la moindre chose arrivait à son mâle ou à sa fille adorée, elle n’hésiterait pas à déferler sur les campements de ces créatures à deux-pattes pour venger les siens.
Verith luttait pour regagner son calme et lui dévoila une partie du mystère qui entourait l’objet qu’il détenait en sa possession. Ainsi ce miroir permettait de franchir la porte qui menait à l’autre monde, mais maintenant que les dieux n’étaient plus, nul ne savait ce qu’il adviendrait des âmes de leurs disparus. Toutefois, c’était une bonne chose que l’écarlate soit parvenu à s’emparer de cet objet et celui-ci servirait probablement leur cause à l’avenir.

A la réponse du Rouge concernant la colère, Keetech le regarda fixement avant de dire d’une voix ferme :

- Je pense que la colère peut avoir deux facettes, elle peut nous donner la force de combattre, de nous venger, accroître notre force et notre volonté, mais celle-ci peut aussi, si nous sommes incapable de la dominer, nous transformer en bête féroce, nous faire perdre l’esprit et nous laisser ronger par la haine et la rancœur. Puisse-tu avoir la sagesse de faire la distinction entre ces deux aspects d’un même sentiment.  

La dragonne de Quartz s’était rapprochée de son mâle et frotta son museau contre le sien, heureuse de retrouver ces gestes d’affection dont elle avait été privée durant sept longues années. Verith posa sa tête contre son épaule et s’y lova quelques instant que celle-ci savoura en fermant les yeux. Enfin, la fille des tempêtes retrouvait son bien-aimé, au corps fort et imposant et aux écailles aussi rouges que le plus flamboyant des soleils couchants.

Le Colérique s’adressa ensuite à Nynsith et Keetech connaissant le tempérament peu loquace de sa fille, décida de venir à son secours :

- Ta fille te ressemble beaucoup tu sais ! Son caractère est plus proche du tien que du mien. Tout comme toi c’est une grande bagarreuse qui adore se mesurer aux autres dragons et éprouver sa force. Elle aime énormément la chasse et est très gourmande ! Elle dévore des tonnes et des tonnes de nourriture.

La reine des nuées regardait son enfant avec tendresse et bienveillance, observant d'un air attendri la scène de ses retrouvailles père-fille.

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¤ Volonté ¤

Le regard d’or de Verith était posé sur le petit lapis-lazuli qu’était sa fille. Et alors que ses yeux se plongeaient dans les siens, il écouta sa compagne la décrire. Dire à quel point elle lui ressemblait. Cela lui arrachant une mine réjouie. Le rouge rompit finalement le geste d’affection envers sa fille, redressant son museau en direction de Keetech.

« Si elle est tout feu tout flamme comme moi, alors je suis heureux que tu aies été à ses côtés pour l’aider à grandir sans devenir une brute comme j’ai pu l’être par moments en étant plus jeune. »

Verith se tourna à nouveau vers sa progéniture, un petit air de malice dans le regard, tentant une petite taquinerie.

« Je vois, c’est pour cette raison que tu ne parles pas beaucoup. Toute ton énergie est concentrée dans la digestion. »

Le rouge vint caresser le sommet du crâne de son enfant avant de s’en éloigner pour revenir près de la dragonne d’orage.

« Le lien est une malédiction. Une arme faite pour asservir, semer la zizanie et tuer les nôtres. Une chose ignoble qui est tombée entre les mains de créature aussi ignoble qu’elle, les bipèdes. Une monstruosité que je vais détruire. Et quand ça sera fait. Je me tournerais vers les bipèdes. Dépourvue de cette arme vicieuse, sans aucun dragon rendu fou pour les protéger, je les tuerais tous jusqu’aux derniers pour empêcher à nouveau un dragon de souffrir par leur faute. Et quand cela sera fait, je rentrerais à la maison créer une nuée dans laquelle les dragons pourront resplendir comme jamais sans n’avoir rien à craindre. »

Le rouge ricana un peu.

« Un peu trop idéaliste non ? »

Le regard du dragon rouge, presque amoureux, se posa sur la dragonne de Quartz.

« Mais avant ça, il nous faudra faire face à la tempête qui se déchaine. En ce moment même de puissantes créatures nous menacent. Nos griffes ne peuvent les atteindre, elles ne sont que pur esprit et elles cherchent désespérément un corps pour se l’approprier. Elles tenteront de prendre les vôtres tôt ou tard. Vous ne devrez pas les laisser faire. Sur l’heure, elles avancent inexorablement. Je n’ai pas encore trouvé un moyen de les arrêter définitivement. Mais cela viendra. Je trouverais un moyen avant qu’elles n’atteignent notre chez nous. En attendant, je vous apprendrais tout ce que je sais sur elles afin que vous puissiez les repousser si elles s’en prennent à vous. »

Fermant les yeux quelques instants, l’enfant de l’orage vint déposer dans l’esprit de sa femme et de sa fille ses connaissances au sujet des Chimères.

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L’azur des mires de la dragonne de Quartz suivit le regard doré de l’écarlate qui venait de se poser sur Nynsith, leur fille adorée. La saurienne couleur des mers profondes était la chair de leur chair et le fruit de leur amour. Le cœur de mère de Keetech se gonfla de fierté et elle souhaita ardemment que Verith aime leur enfant autant qu’elle lorsque tous deux apprendraient à se connaitre.

« Si elle est tout feu tout flamme comme moi, alors je suis heureux que tu aies été à ses côtés pour l’aider à grandir sans devenir une brute comme j’ai pu l’être par moments en étant plus jeune. »

La reine des nuées eut un petit rire en se remémorant sa première rencontre avec le colérique, à l’époque où ce dernier combattait sans foi ni loi, telle une bête féroce.

- Elle est aussi coriace que son père et n’en fait qu’à sa tête ! Une vraie terreur qui m’a donné bien des sueurs froides lorsqu’elle était plus jeune. Toutefois malgré ton absence j’ai veillé sur elle et m’en suis occupée du mieux possible afin d’en faire une dragonne épanouie et bien éduquée.

Ensuite, Keetech contempla avec ravissement les deux êtres auxquels elle tenait le plus au monde, côte à côte et grava cette scène à jamais dans sa mémoire. Si seulement cet indicible bonheur pouvait durer pour l’éternité. Cependant, Verith tourna la tête dans sa direction et reprit avec gravité la conversation en évoquant le lien.
En effet, il s’agissait d’un sujet fort préoccupant et la dragonne de Quartz comprenait sans peine le ressentiment de son mâle. Après-tout, les siens avaient péri en raison du lien et de la trahison des bipèdes.

- Le lien est une calamité capable d’asservir bien des nôtres. Nous sommes des créatures puissantes, mais il semblerait que celui-ci s’avère assez fort pour nous placer sous le joug des deux-pattes. Certains dragons ont fait suffisamment confiance aux bipèdes par le passé pour laisser leurs œufs sur ce continent en gage d’espoir, mais visiblement le résultat fut des plus dommageable pour les dragons liés…Est-il possible pour un dragon lié de s’extraire et de détruire lui-même le lien ou l’emprise que les bipèdes opèrent sur leur esprit est si totale qu’ils en perdent la raison ? Jusqu’à présent certains dragons liés ont-ils été délivrés de cette tyrannie et est-il possible de défaire le lien qui les unit aux bipèdes ?

A la dernière phrase du Rouge concernant son désir de créer une nuée resplendissante, la fille des tempêtes répondit amusée.

- Je reconnais bien là ton ambition, naguère déjà tu souhaitais te faire un nom, te distinguer parmi les nôtres et prouver ta force et ton honneur.

En dépit des sept longues années passées sur Ambarhùna son mâle n’avait guère changé. Il demeurait le dragon fier et déterminé qu’elle aimait et admirait et l’écailleuse en éprouva du soulagement.

Après cela, au moyen de leur communication télépathique, Verith déposa dans la mémoire de sa compagne et de sa fille les informations concernant les chimères.
Keetech reconnut sans peine les créatures qu’elle avait mises en déroute, lorsqu’elle avait survolé la capitale des bipèdes aux longues oreilles, au moyen de sa pluie d’éclairs.

- Avant même de savoir tout cela, je pressentais leur dangerosité et un sentiment de répulsion m’avait saisi à leur vue. Je les ai déjà affronté lors de leur tentative d’invasion d’une ville bipède plus au nord. Elles ont fui lorsque j’ai déchaîné sur eux la puissance de l’orage ! Cependant leur pouvoir est terrifiant et nul ne sait ce qui se produirait si elle prenait possession du corps de l’un d’entre nous. Dès lors, nous avons intérêt à faire preuve d’une grande méfiance à leur égard.  

Keetech grogna à cette pensée et se dit que décidément Ambarhùna connaissait des heures bien sombres.

Le vent du désert se mit soudain à souffler, charriant avec lui une myriade de grains dorés et la dragonne de Quartz devina qu’une tempête allait bientôt se lever. Tandis que le souffle du vent créait des tornades de sable, l’orageuse sentit un pressentiment naître en elle, comme une intuition qui lui disait de se diriger en direction d’une grande dune.
Un appel résonnait en elle et semblait l’attirer irrésistiblement vers un endroit situé au pied de la dune. La reine des nuées éprouvait l’indescriptible sensation qu’une chose mystérieuse sommeillait en ce lieu et attendait d’être découverte et délivrée.

- Verith, Nynsith, je crois qu’il y a une chose enterrée très profondément sous le sable et qui semble…m’appeler et me demander de la délivrer de sa prison du désert.


Elle secoua la tête et ajouta :

- J’ignore s’il y a du danger mais je ressens une grande puissance et une impression…dragonique…

Puis la dragonne battit des ailes, soulevant des nuages de sable et commença à creuser très profondément, jusqu’au moment où elle aperçut un étrange objet qui ressemblait à un fragment d’armure. Keetech le ramassa avec sa patte et soudain celui-ci se mit à briller de mille-feux dégageant une lumière aveuglante. La fille des tempêtes ferma les yeux et aussitôt des informations concernant l’objet affluèrent dans sa mémoire.

Ce fragment était le dernier reste d’une armure légendaire qui appartenait autrefois à une dragonne d’ocre, nommée Sekhmet. Cette dernière était née sur le continent et s’était liée à un bipède qui fit d’elle une arme de guerre. Révoltée par les mauvais traitements infligés par son dragonnier et l’horreur des innombrables combats auxquels il la forçait à participer, la saurienne commit un geste impensable, un tabou absolu chez les dragons enchaînés par le lien, elle tua son lié.

Enfin délivrée de sa servitude, elle rejoignit la dernière nuée de dragons sauvages dans le désert et sa rancœur nourrit sa soif de vengeance. Mais abandonnée de tous et cherchant à détruire les bipèdes à tout prix, elle demeura seule dans le désert, luttant jusqu’à sa mort contre ceux qui cherchaient à l'exterminer. A présent, le fragment représentait le dernier vestige de cette dragonne trop fière pour se soumettre et trop blessée pour oublier…

La dragonne de Quartz fut bouleversée par cette tragique histoire et des larmes se mirent à couler le long de son museau. L’une d’entre-elle tomba sur le morceau d’armure qui se remit à briller et s’éleva dans les airs entouré d’une tornade sablonneuse. Celle-ci se mit à tourner de plus en plus vite et entoura entièrement  Keetech, comme si elle cherchait à l’ensevelir. Quand la tornade se fut dissipée, l’écailleuse remarqua que son corps était recouvert d’une armure ressemblant à s’y méprendre à une pellicule de grains de sable, mais aux tons chatoyants et variés allant du brun, noir, rouge et vert. Elle resplendissait sous la lumière du soleil comme de la poussière du dessert aux couleurs de l’arc-en-ciel.
La fille des tempêtes sentit que l’armure était restée des siècles endormie, attendant de trouver une âme digne de son pouvoir et capable de la ramener à la vie, conformément au dernier souhait de la dragonne d’ocre.

- Je saurais me montrer digne de ta confiance armure légendaire de Sekhmet, murmura la reine des nuées.

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¤ Amure ¤

Le bonheur que Verith éprouvait, ce moment de pur bonheur aussi étincelant que le soleil, il ne pouvait en profiter bien longtemps, car la paix n’existait pas tant qu’une menace planait sur ceux qu’il aimait. Aussi le rouge revint très rapidement aux menaces qui planaient sur les membres de sa race. Mais avant cela, il prit la peine de répondre à celle qui l’avait accepté dans son cœur.

« Tu es une bonne dragonne, Keetech, ainsi qu’une excellente mère. J’espère être un aussi bon parent pour Nynsith que tu as pu l’être. Même si je pars avec pas mal de retard. »

Le regard doré du rouge se posa sur la dragonne lapis-lazuli qui semblait toujours les regarder, dominer par le silence. Verith ne savait ce qui se passait dans la tête de celle qui était sa fille, mais il se doutait que ces retrouvailles devaient la chambouler autant que lui était.

« J’ai beaucoup appris sur le lien au cours de ces dernières années. Malheureusement je n’ai pas encore été en mesure de mettre la griffe sur une méthode permettant de le détruire définitivement. Dernièrement, de nombreux liens se sont brisés, mais il s’agissait de l’œuvre d’une grande magie hors de notre portée. La destruction du lien blesse profondément l’âme des dragons liés, mais cela ne les empêche en rien de se lier à nouveau à l’avenir, même celui-ci est certes plus faible. Si un bipède et un dragon peuvent décider de nouer un lien, je doute qu’ils puissent décider de le détruire d’eux-mêmes. Et quand bien même cela serait possible, je doute qu’ils le fassent bénévolement. Je cherche toujours activement un moyen d’annihiler une bonne fois pour toutes la magie du lien. Cette magie … n’aurait jamais dû naitre. »

Les dernières paroles de Verith étaient amères alors que ses pensées se tournaient vers le Tarenth, le premier dragonnier, le créateur du lien. Ce menteur honni des dieux ayant conduit sa propre race au bannissement, à la honte et à l’extinction.

« Si un jour, je parviens à mettre la griffe dessus, soit sûr que je n’aurais aucune hésitation, même si cela doit blesser ou tuer les dragons liés. De toute manière, je doute sincèrement qu’ils me laissent gentiment arriver à mes fins, ils se dresseront sur ma route et j’aurais à les combattre. Mais je ne reculerais pas. »

Le rouge ricana légèrement.

« J’ai mes propres rêves et je souhaite les réaliser. Même si la défense des miens occupe tout mon temps et mon énergie, une fois cela fait, je créerais cette nuée. »

Le sujet des Chimères fut abordé et Verith donna absolument toutes ses connaissances à Nynsith et Keetech. Que les puissantes émotions les attiraient, mais aussi les repoussaient. Que la haute magie  était leur environnement, mais que celle-ci pouvait les détruire. Que l’énergie du néant leur était tout aussi profitable. Que la magie issue de la trame était en revanche nocive pour elle, un véritable poison et qu’il s’agissait là d’une des raisons pour lesquelles elles cherchaient à prendre possession d’un corps. Alors que la dragonne de quartz lui répondit, elle finit par faire mention d’un appel, lointain dans le désert. Verith resta méfiant, en particulier quand sa moitié parla d’une prison dans le désert. Les prisons, cela lui rappelait vaguement le Tyran Blanc, mais ce dernier était mort, bel et bien mort.

L’enfant de l’orage parti à son tour, peu de temps après Keetech, indiquant à Nynsith de rester auprès d’eux. Sans attendre, la famille draconique se mit en route jusqu’à arriver face à une grande dune de sable. Du moins plus grande que la normale, mais très petite par rapport à eux. La dragonne d’orage se mit alors à creuser jusqu’à libérer un fragment d’un objet ressemblant à … bah à pas grand-chose dans l’immédiat.

« Soit prudente Keetech. On ne sait pas ce que c’est. La terre d’Ambarhùna est dangereuse. De terribles batailles ont eu lieu dans ce désert, opposant bipède, dragons et dieux. »

Malgré tout, la dragonne de quartz choisit de se saisir du morceau qui sembla alors réagir à sa présence, s’illuminant, transportant les souvenirs d’un passé lointain. Les souvenirs d’un dragon. Verith assista en retrait à cette scène qu’il vit bien plus floue et confuse que Keetech qui était aux premières loges. Au final il ne crut y comprendre que l’épopée tragique d’une dragonne. Lorsque le phénomène magique prit fin, l’objet sembla se reformer, le sable venant s’agglutiner autour de sa moitié. Quand la tempête prit fin, Keetech était couverte d’une armure. Un grondement sourd s’échappa de Verith face à cette vision.

« Je ne peux cautionner cela. Un dragon portant un objet qui a sans nul doute été fabriqué par un bipède. Cependant, je ne respecte pas moi-même cette règle, bien que cela débuta contre mon gré. Le contact avec les bipèdes est dangereux, il faut se protéger. Mais plus encore, il faut savoir retourner les armes de ses ennemis contre lui. Des souvenirs ont été partagés, de quoi s’agissait-il ? »

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Keetech se contenta de hocher la tête aux paroles du Rouge, avant de répondre après un instant de silence.

- J’ai confiance en toi et je sais que tu feras ton possible pour être le meilleur des pères pour Nynsith. J’espère qu’à présent notre famille ne sera plus séparée quoiqu’il advienne.

La fille des tempêtes l’espérait de tout son être et mesurait la chance immense d’avoir retrouvé son mâle, sain et sauf, après cette traversée de l’océan jusqu’au continent perdu d’Ambarhùna. A cet instant, elle songea à quel point le bonheur pouvait se révéler fragile et éphémère et se jura intérieurement de toujours lutter pour préserver ce qui lui était cher.

La reine des nuées écouta attentivement les révélations de son mâle concernant le lien et la puissante magie mise en œuvre pour qu’une telle abomination soit rendue possible.

Les dragons incarnaient des créatures mythiques, seigneurs des cieux et de la Terre. La magie coulait dans leurs veines et de leurs gueules jaillissaient des flammes plus incandescentes que le brasier des volcans ; pourtant le lien pouvait les asservir, faire d’eux les esclaves des bipèdes et les conduire à leur perte…

Keetech comprenait l’amertume et la haine de l’écarlate ainsi que son désir de vengeance. Par la faute du lien, ce dernier avait perdu les siens et cette magie menaçait leur espèce, les plaçant en position de faiblesse face à des êtres aussi fragiles que les bipèdes.  Pour un dragon aussi fier et fougueux que le colérique cela représentait une offense impardonnable.

- Si tu dois combattre les dragons liés et leurs dragonniers, tu ne pourras certainement pas le faire seul ni sans une excellente stratégie…J’imagine qu’ils sont un certain nombre et…

Elle s’interrompit, réfléchissant brièvement. Mieux valait choisir soigneusement ses mots afin de ne pas blesser l’orgueil de l’écarlate.

- Je pense que même un dragon aussi fort et valeureux que toi ne pourra pas parvenir à les vaincre tous lors d’un combat, surtout s’ils s’allient contre toi, ce qui sera probablement le cas. Comme tu l’as souligné les dragons liés et leurs bipèdes ne demeureront pas passifs à te regarder agir dans le but de détruire le lien….Tu auras besoin d’aide et de soutien dans cette lutte et qui mieux qu’un dragon sauvage peut aider et comprendre l’un des siens.

Keetech poussa un soupir et l’éclat de ses prunelles céruléennes fut terni par un voile de tristesse et d’amertume. En venant sur Ambarhùna, celle-ci s’attendait à y rencontrer le danger, la folie et le sang, mais guère à se dresser face à certains de ses congénères alliés aux deux-pattes. Pourtant, jamais elle n’abandonnerait l’indéfectible fidélité qu’elle vouait au Colérique.

- Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour j’aurais à affronter ceux de ma propre espèce, moi qui depuis mon enfance n’est jamais eu de cesse de régler les différends entre dragons et d’arbitrer les duels afin d’éviter de laisser s’envenimer les conflits. Cependant, je te suivrais jusqu’au bout et je t’aiderais à détruire le lien pour la protection des nôtres qui vivent en paix sur le continent sauvage. Quant à ceux qui ont choisi de jurer fidélité aux bipèdes s’ils ne parviennent pas à déchirer le voile d’illusion qui les empêche de prendre conscience de la réalité, je crains que nous soyons impuissants à leur éviter un sort funeste à l’instar des tiens…

En effet, Cymbor, Estelen et même la matriarche Skade avaient choisi la voie du lien et trouvé la mort en guise de récompense. Encore aujourd’hui, l’âme de Verith devait endurer la torture d’avoir échoué à les libérer.

Ensuite son mâle lui transmit par télépathie ainsi qu’à leur fille toutes les informations concernant les chimères. La Saurienne frémit en songeant à ces créatures issues du plan astral et capable de s’emparer du corps et de l’esprit des êtres vivants. L’une des seules parades pour leur résister consistaient à raffermir sa volonté et sa force mentale. Fort bien, elle le ferait.

Cette dernière était plongée dans ses pensées lorsque soudain, elle ressentit un appel intérieur émanant des sables du désert. En suivant son intuition, la dragonne de Quartz se rendit jusqu’à une dune plus haute que les autres et au pied de laquelle, en creusant, elle découvrit un antique fragment.

L’écarlate manifesta aussitôt sa réticence, craignant que cet objet non-identifié ne représente un danger. Etant donné son emplacement, il était fort probable qu’un bipède l’ait forgé. Keetech en avait conscience, toutefois, ce fragment qui ne ressemblait à rien de ce qu’elle connaissait l’attirait irrésistiblement.

Dès l’instant où cette dernière posa sa griffe dessus, l’objet se mit à briller intensément et lui révéla un passé oublié. C’est ainsi que Keetech découvrit l’histoire tourmentée d’une dragonne d’ocre, nommée Sekhmet. La violence et le massacre dont celle-ci fut l’objet firent naître chez la reine des nuées des vagues d’indignation.

Bouleversée par ces sombres révélations, et le cœur empli de douleur et de colère, la dragonne de Quartz laissa couler une larme sur le fragment qui se métamorphosa en une mystérieuse armure, chatoyant de mille-feux et qui aussitôt recouvrit son corps, s’ajustant miraculeusement à sa taille.
La voyant ainsi parée, son mâle exprima sa désapprobation à l’égard des objets d’origine bipède. Néanmoins, il finit par admettre qu’ils n’avaient guère d’autre choix que d’user de tels procédés.

Keetech se tourna vers lui et Nynsith afin de leur transmettre télépathiquement les informations concernant la tragédie de Sekmet, la dragonne d’ocre. L’infortunée, liée à un bipède dont la cruauté n’avait d’égale que la perfidie la maltraitait sans cesse et fit d’elle une arme de guerre. N’ayant d’autre choix que de le tuer afin de son libérer du joug de l’esclavage, elle trouva refuge dans les dunes du désert. Abandonnée de tous et ivre de vengeance, la dragonne d’ocre périt sous les coups des bipèdes et désormais cette armure demeurait son seul vestige.

- Sekmet, la dragonne d’ocre s’est faite massacrée ici-même et je peux encore sentir sa colère et sa soif de vengeance vibrer à travers son armure ! J’ai répondu à son appel et je sens que celle-ci me sera utile pour les terribles combats qui nous attendent. Lorsque je vivais sur le continent sauvage, en paix et en sécurité, et où mes seuls combats étaient des duels destinés à régler des conflits ou à éprouver sa force, je n’avais pas besoin d’une armure. Mais il semblerait que les temps aient changé et je n’ai guère d’autre choix que de m’y adapter. Du reste, avoir découvert l’armure qui jadis appartenait à Sekmet et connaitre sa fin tragique ne fait qu’affermir ma décision de mener avec toi la lutte destinée à libérer les dragons de la servitude du lien.

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