¤ La journée du dragon ¤
23 août 1764
Il n’était pas rare de voir le dragon rouge traverser le ciel au-dessus de la savane de Néthéril et encore moins celui au-dessus de la légion de Néthéril. Il n’était pas rare non plus de le voir poser au sol dans les environs de la légion ou bien au sein même de cette dernière. Bien entendu, la ville graärh n’était pas adaptée pour accueillir un dragon de sa taille et ne le serait jamais, mais lorsque l’on voyait une ombre anormale tant par son déplacement que par sa taille, on savait qu’il s’agissait de Verith. Le rouge ayant pris l’habitude pour ses visites de se fondre au sein de sa propre ombre pour se déplacer au sein de la légion. Cependant, le plus souvent, si on croisait la route de dragon de l’ire au sein de la ville c’est parce que l’on croisait la route de Dwëmmer. La mystérieuse araignée mécanique ne quittant quasiment jamais celui qu’elle nommait son lié et celui-ci se dissimulant le plus souvent dans l’ombre de l’automate antique pour ses déplacements au sein de la bourgade féline. Voilà plusieurs mois que le colosse de flamme n’avait pas quitté l’île d’été. En vérité, depuis qu’il avait déclaré aux pirates placer Néthéril sous sa protection, celui-ci n’était jamais bien loin. Toutefois, en dépit de cette proximité, il était rare de pouvoir s’adresser rouge. Le libre se mêlant rarement aux habitants ou alors uniquement à une poignée d’entre eux. Même si le colérique ne dissimulait pas son appréciation du peuple félidé, il tenait à son statut de dragon libre. Sauvage dans l’âme il préférait la compagnie d’autres dragons, de sa famille, ou de la nature à celle d’une multitude d’individus. L’indépendance marquait les libres comme lui.
Oui, rares étaient les occasions de s’entretenir avec le rouge, rares étaient aussi les privilégiés à pouvoir le faire. Fait étonnant, le statut de ces personnes ne semblait avoir aucune incidence sur cette possibilité de s’entretenir avec lui. Les avis sur l’enfant de l’orage étaient nombreux au sein de la légion. Pour certains, il était plus qu’un protecteur, il était un envoyé des esprits sinon un esprit-lié lui-même. Pour d’autres, tout protecteur et sauveteur qu’il était, il n’en demeurait pas moins une épreuve, un défi lancer aux graärh et à leur foi envers leurs véritables protecteurs, les esprits-liés. Certains voyaient en lui n’incarnation de l’honneur, du respect, de la force, de la sagesse, mais aussi de l’arrogance et bien entendu de la colère. D’autres voyaient en lui l’incarnation du pouvoir, de la magie, mais aussi du danger. Tous savaient que Verith avait été celui ayant permis de redécouvrir de Bâoli et en voyant Dwëmmer marché à ses côtés, nombreux étaient ceux à éprouver de la crainte. De la crainte non pas à l’adresse du colérique, mais à l’adresse des secrets qu’il pourrait à nouveau découvrir … des secrets sur le passé du peuple félidé qu’ils ont pendant des siècles et délibérément oublier. Ils craignaient les changements encore à venir eux qui furent tant maltraités depuis l’arrivée des Ambarhùniens. Quelques-uns, de rares individus, y voyaient toutefois une chance. De plus les rumeurs allaient bon train au sujet du colérique au sein de la légion. Nombreux étaient ceux à avoir noté l’œil étrange du dragon. Certains disaient qu’il avait sacrifié ce dernier pour obtenir la sagesse, la force, le courage ou encore bien d’autres qualités. D’autres disaient qu’il l’avait sacrifié pour voir tout ce qui se passait sur Néthéril ou encore pour voir dans le monde des esprits-liés et communiquer avec eux. Ou encore qu’il s’agissait d’une blessure, comme les quelques marques qui ornent de sa cuirasse, mais tous se demandent dans quel combat ou contre quelle créature ils auraient pu les obtenir. Le bruit courait aussi que le dragon était capable de lire dans les pensées, percer les mensonges ou voir les âmes au travers des corps.
Si tous ces avis et rumeurs avaient vu le jour en raison des actions du rouge pour la légion et la proximité de celui-ci avec cette dernière, il était possible d’en noter l’évolution au cours des derniers mois et notamment à l’occasion d’évènement exceptionnel que certains avaient fini par nommer la journée du dragon. Personne ne savait vraiment comment ce jour insolite avait vu le jour et peu nombreux étaient ceux à oser s’y rendre, ou encore à être en mesure le faire, même si la fréquentation connaissait une augmentation très légère depuis un moment maintenant. La manifestation de cet évènement était imprévisible puisqu’elle semblait dépendre du seul bon vouloir du dragon rouge. Le terme journée était en lui-même exagéré, car il était rare que celle-ci dure plus de quelques heures. Son exact déroulement était connu uniquement des initiés, mais pour les curieux il était acquis qu’il s’agissait là d’une occasion de remercier Verith pour son aide apportée à la légion et de peut-être pouvoir échanger quelques mots avec lui. En revanche, s’il était impossible de cet évènement prévoir, tout le monde savait immédiatement lorsque celui-ci avait lieu. Comment ? Car un phénomène surnaturel se produisait. Un phénomène impossible à manquer. Pour cause, au-dessus de la légion le ciel s’ouvrait et le dragon rouge y surgissait, sortant de nul ou comme de l’autre côté d’un miroir. Une mise en scène de la part du dragon rouge ? Peut-être, lui seul avait la réponse.
Quoi qu’il en soit, en cette journée, le ciel s’ouvrit au-dessus de la légion de Vat’Aan’Ruda. Verith surgit de nulle part, venant briser le voile séparant les mondes avec l’aide de Ther’Zhi. Ses ailes se déployèrent et vinrent se gonfler sous le vent du plan physique. Derrière lui, le passage se referma. L’enfant de l’orage espérait ne pas s’être absenté trop longtemps. Sur le plan astral, le temps s’écoulait bien moins vite qu’ici. Le legs du tyran lui annonça qu’un peu plus d’une journée s’était écoulé depuis leur départ. Bien, c’était raisonnable. Surtout pour ce qu’il avait à faire de l’autre côté. Le regard du colérique se porta ce qui se trouvait en dessous de lui. Les félins semblaient se porter. Keetech avait encore la charge de surveiller les jumeaux pour les trois prochains jours, l’occasion pour l’enfant de l’orage de poursuivre sur l’un de ses autres projets se présentait. Combien de graärh viendraient à lui aujourd’hui ? Glissant son regard vers l’un des joyaux ornant un anneau ceignant l’une de ses cornes, le rouge se rendit compte qu’il aurait bientôt accumulé suffisamment de cristaux pour s’acquitter du paiement.
Amorçant une descente sans attendre, le colérique vint atterrir en bordure de la ville. Il allait s’installer au même endroit que d’habitude, en un lieu où trois grandes pierres se dressaient vers le ciel. Le rouge s’était amusé une fois à les tailler à l’aide de ses griffes dans une tentative de leur donner une forme artistique. À défaut de rencontrer un grand succès, cela avait fait rire les quelques félins y ayant assisté et lui aussi par la même occasion. Atterrissant derrière les monolithes de manière à la surplomber, Verith vint déchausser Nirgenfeled de ses cornes et vint l’enchâsser et pied de la pierre centrale. Il ne lui restait plus qu’à attendre ceux qui souhaiteraient venir à lui. Les premiers intéressés ne tardèrent pas. Le colérique les reconnut assez facilement, ils avaient l’habitude de venir. L’un d’entre eux était une chasseresse, ayant déjà demandé conseil au colérique pour tenter de s’améliorer. L’autre était un artisan, père depuis peu qui s’inquiétait sur ses capacités à fournir une bonne éducation à ses graärhon. Enfin le dernier était un tout jeune graärh qui portait un grand intérêt aux histoires que pouvait lui conter le colérique. Ceux-ci s’agenouillèrent tour à tour entre les monolithes et plus particulièrement devant le joyau avant d’adresser une prière. Le rouge survola les pensées de ces derniers à l’aide de son esprit. Les deux plus vieux les adressaient aux esprits-liés, tandis que le plus jeune adressait les siens aux esprits-liés, mais également au dragon libre. L’enfant de l’orage soupira intérieurement. Il lui avait déjà dit de ne le prier, Verith avait cela en horreur, car il avait le sentiment d’être ainsi rapproché d’individus qu’il déteste tant, à savoir le Tyran Blanc et les déesses. Malheureusement, il ne pouvait que lui signifier sa désapprobation, pas le forcer.
Oui, rares étaient les occasions de s’entretenir avec le rouge, rares étaient aussi les privilégiés à pouvoir le faire. Fait étonnant, le statut de ces personnes ne semblait avoir aucune incidence sur cette possibilité de s’entretenir avec lui. Les avis sur l’enfant de l’orage étaient nombreux au sein de la légion. Pour certains, il était plus qu’un protecteur, il était un envoyé des esprits sinon un esprit-lié lui-même. Pour d’autres, tout protecteur et sauveteur qu’il était, il n’en demeurait pas moins une épreuve, un défi lancer aux graärh et à leur foi envers leurs véritables protecteurs, les esprits-liés. Certains voyaient en lui n’incarnation de l’honneur, du respect, de la force, de la sagesse, mais aussi de l’arrogance et bien entendu de la colère. D’autres voyaient en lui l’incarnation du pouvoir, de la magie, mais aussi du danger. Tous savaient que Verith avait été celui ayant permis de redécouvrir de Bâoli et en voyant Dwëmmer marché à ses côtés, nombreux étaient ceux à éprouver de la crainte. De la crainte non pas à l’adresse du colérique, mais à l’adresse des secrets qu’il pourrait à nouveau découvrir … des secrets sur le passé du peuple félidé qu’ils ont pendant des siècles et délibérément oublier. Ils craignaient les changements encore à venir eux qui furent tant maltraités depuis l’arrivée des Ambarhùniens. Quelques-uns, de rares individus, y voyaient toutefois une chance. De plus les rumeurs allaient bon train au sujet du colérique au sein de la légion. Nombreux étaient ceux à avoir noté l’œil étrange du dragon. Certains disaient qu’il avait sacrifié ce dernier pour obtenir la sagesse, la force, le courage ou encore bien d’autres qualités. D’autres disaient qu’il l’avait sacrifié pour voir tout ce qui se passait sur Néthéril ou encore pour voir dans le monde des esprits-liés et communiquer avec eux. Ou encore qu’il s’agissait d’une blessure, comme les quelques marques qui ornent de sa cuirasse, mais tous se demandent dans quel combat ou contre quelle créature ils auraient pu les obtenir. Le bruit courait aussi que le dragon était capable de lire dans les pensées, percer les mensonges ou voir les âmes au travers des corps.
Si tous ces avis et rumeurs avaient vu le jour en raison des actions du rouge pour la légion et la proximité de celui-ci avec cette dernière, il était possible d’en noter l’évolution au cours des derniers mois et notamment à l’occasion d’évènement exceptionnel que certains avaient fini par nommer la journée du dragon. Personne ne savait vraiment comment ce jour insolite avait vu le jour et peu nombreux étaient ceux à oser s’y rendre, ou encore à être en mesure le faire, même si la fréquentation connaissait une augmentation très légère depuis un moment maintenant. La manifestation de cet évènement était imprévisible puisqu’elle semblait dépendre du seul bon vouloir du dragon rouge. Le terme journée était en lui-même exagéré, car il était rare que celle-ci dure plus de quelques heures. Son exact déroulement était connu uniquement des initiés, mais pour les curieux il était acquis qu’il s’agissait là d’une occasion de remercier Verith pour son aide apportée à la légion et de peut-être pouvoir échanger quelques mots avec lui. En revanche, s’il était impossible de cet évènement prévoir, tout le monde savait immédiatement lorsque celui-ci avait lieu. Comment ? Car un phénomène surnaturel se produisait. Un phénomène impossible à manquer. Pour cause, au-dessus de la légion le ciel s’ouvrait et le dragon rouge y surgissait, sortant de nul ou comme de l’autre côté d’un miroir. Une mise en scène de la part du dragon rouge ? Peut-être, lui seul avait la réponse.
Quoi qu’il en soit, en cette journée, le ciel s’ouvrit au-dessus de la légion de Vat’Aan’Ruda. Verith surgit de nulle part, venant briser le voile séparant les mondes avec l’aide de Ther’Zhi. Ses ailes se déployèrent et vinrent se gonfler sous le vent du plan physique. Derrière lui, le passage se referma. L’enfant de l’orage espérait ne pas s’être absenté trop longtemps. Sur le plan astral, le temps s’écoulait bien moins vite qu’ici. Le legs du tyran lui annonça qu’un peu plus d’une journée s’était écoulé depuis leur départ. Bien, c’était raisonnable. Surtout pour ce qu’il avait à faire de l’autre côté. Le regard du colérique se porta ce qui se trouvait en dessous de lui. Les félins semblaient se porter. Keetech avait encore la charge de surveiller les jumeaux pour les trois prochains jours, l’occasion pour l’enfant de l’orage de poursuivre sur l’un de ses autres projets se présentait. Combien de graärh viendraient à lui aujourd’hui ? Glissant son regard vers l’un des joyaux ornant un anneau ceignant l’une de ses cornes, le rouge se rendit compte qu’il aurait bientôt accumulé suffisamment de cristaux pour s’acquitter du paiement.
Amorçant une descente sans attendre, le colérique vint atterrir en bordure de la ville. Il allait s’installer au même endroit que d’habitude, en un lieu où trois grandes pierres se dressaient vers le ciel. Le rouge s’était amusé une fois à les tailler à l’aide de ses griffes dans une tentative de leur donner une forme artistique. À défaut de rencontrer un grand succès, cela avait fait rire les quelques félins y ayant assisté et lui aussi par la même occasion. Atterrissant derrière les monolithes de manière à la surplomber, Verith vint déchausser Nirgenfeled de ses cornes et vint l’enchâsser et pied de la pierre centrale. Il ne lui restait plus qu’à attendre ceux qui souhaiteraient venir à lui. Les premiers intéressés ne tardèrent pas. Le colérique les reconnut assez facilement, ils avaient l’habitude de venir. L’un d’entre eux était une chasseresse, ayant déjà demandé conseil au colérique pour tenter de s’améliorer. L’autre était un artisan, père depuis peu qui s’inquiétait sur ses capacités à fournir une bonne éducation à ses graärhon. Enfin le dernier était un tout jeune graärh qui portait un grand intérêt aux histoires que pouvait lui conter le colérique. Ceux-ci s’agenouillèrent tour à tour entre les monolithes et plus particulièrement devant le joyau avant d’adresser une prière. Le rouge survola les pensées de ces derniers à l’aide de son esprit. Les deux plus vieux les adressaient aux esprits-liés, tandis que le plus jeune adressait les siens aux esprits-liés, mais également au dragon libre. L’enfant de l’orage soupira intérieurement. Il lui avait déjà dit de ne le prier, Verith avait cela en horreur, car il avait le sentiment d’être ainsi rapproché d’individus qu’il déteste tant, à savoir le Tyran Blanc et les déesses. Malheureusement, il ne pouvait que lui signifier sa désapprobation, pas le forcer.
Dernière édition par Verith le Ven 3 Juin 2022 - 9:44, édité 1 fois