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Fin septembre 1764

Un pari stupide, et une réaction au mot de l’Empereur en présence. Voilà ce qui avait motivé Claudius à faire une nouvelle rencontre diplomatique disons … Pas comme les autres, avec le désormais nouveau conseiller caladonien, Ilhan Avente.

Si le Havremont avait été surpris de voir que son ex-compère althaïen s’était entiché de Autone Falkire, une figure caladonniene importante de l’Alliance, – ou du moins ce qu’il en restait, pensa-t-il avec un sourire non-dissimulé – au point de quitter le navire de Délimar pour partir vers d’autres horizons … Il n’était cependant pas surpris d’apprendre que son accueil au sein de la cité marchande s’était fait avec une relative bienveillance, et qu’il avait obtenu une bonne place sur l’échiquier de la cité. Ilhan était en effet de ses hommes qui, sans aller jusqu’à dire qu’ils retournaient leurs vestes à tire-larigot, faisaient preuves d’une étonnante capacité … D’adaptation au fil des âges, pour servir leur cause.

Si le dévouement à une cause était un point qui rassemblait les deux êtres, et qui devaient sans doute être partagés par les nombreuses autres personnes de la classe « dirigeante » de ce monde, un point de personnalité qui tranchait entre ces deux hommes était cette fameuse capacité d’adaptation.

Là où Ilhan était en majorité tout en raffinement, beaux mots, réflexion, et subtilité … Claudius était beaucoup plus dans le contact, au sens propre comme au figuré : faire et dire les choses directement au contact de ses détracteurs, imposer sa vision comme une armée instoppable en marche quitte à compter dans ses ennemis les plus puissants de ce monde … Mais bien évidemment, là se dressait une vision partiale des choses, des généralités. Car cela arrivait aussi à Claudius de devoir prendre des temps de réflexion, d’organiser plus en amont des actions, et probablement que l’Avente devait prendre des décisions assez spontanées.

En l’instance, Le Havremont se disait que ce qu’il avait poussé à, lors d’un jour de septembre quelques mois seulement après son arrivée au pouvoir en tant qu’Empereur, être caché dans une des entrées de la grande arène de Délimar noire de monde en attendant qu’on lui fasse signe de rentrer pour un combat d’exhibition d’anthologie entre lui et le conseiller Avente devait au moins faire preuve d’une part de spontanéité.

Mais la vérité, c’était que Claudius avait été bien trop heureux que cet événement se réalise pour ne serait-ce que penser une once de seconde à décliner l’invitation. Si les combats de guerre étaient des jours importants pour le Havremont et des événements qu’il prenait avec le plus grand des sérieux, les combats amicaux comme ceux-ci, ou rien d’autre qu’un peu de fatigue physique et de l’honneur était en jeu, suffisait à rendre le Havremont heureux.

Heureux à plus d’un titre, car là était un des premiers événements officiels du nouveau dirigeant dans ce qui était désormais une cité sous le giron de direction direct de l’Empire, mais aussi heureux pour le pur plaisir du combat. Claudius était un guerrier joueur, et les stipulations de ce combat allait titiller son sens du défi. Pas d’arme, Pas de magie – et l’on aurait pu rajouter pas de larmes – voilà ce que les deux hommes s’étaient promis, et voilà comme les choses s’étaient arrangés. Les règles ? Un duel de poings : le premier qui déclarait forfait, qui était trop sonné pour continuer, où à avoir les deux épaules sol cinq secondes, était déclaré perdant, et l’autre gagnant. Aucun droit à des aides extérieures ou des objets supplémentaires à leur tenues. De la bonne bagarre à l’ancienne, comme disait Claudius à ses compatriotes de l’armée quand il se livrait à des exercices similaires autrefois.

Claudius sautillait sur place, face à la grille de l’arène qui laissait entrevoir le grand espace où les deux hommes allaient bientôt se livrer à un duel qui resterait dans les annales de Délimar. Claudius trépignait d’impatience, alors qu’il entendait au-dessus de lui, le bruit de la foule attendant ce combat avec une certaine hâte également. Le Havremont entendait déjà ceux présents scandés leurs deux noms successivement : « Iiiiilhan ! » « Clauuudius ! ». Tel un lion en cage, l’Empereur attendait qu’à ce qu’on ne le fasse entrer.

Quelques secondes passèrent, et une personne pris place au milieu de l’arène : un almaréen assez petit, d’environ un mètre soixante-dix, et plutôt d’un âge mur. Comme Claudiu l’homme était chauve, avec une petite barbe rasé de près, et était habillé dans une tenue que l’on qualifierait d’une tenue de grand soir : une chemise blanche lacée, un pantalon en cuir noir, et un ruban de tissu habilement assemblé en une forme de papillon sur le col. Il s’éclaircissa la voix et tout le monde se tût alors.

« Mesdames messieurs, bienvenue aux arènes de Délimar, pour un duel d’exhibition historique ! » Il était l’annonceur de ce combat. Ses premiers dires furent suivis de grandes acclamations de la part du public. « Ilhan Avente … et … Claudius de Havremont … S’affronteront dans un combat de lutte, sans magie et sans armes ! » L’annonceur, effectuant bien son travail, pris volontairement des pauses entre les noms pour laisser de la place à la réaction du public, se faisant dans les applaudissements, et dans les huées de certains. En tous les cas, l’affiche semblait passionner le peuple de Délimar. « Sans plus attendre, veuillez accueillir notre premier combattant … »

L’heure était venue. On ouvrit la grille qui séparait Claudius de la poussière de l’Arène. Le Havremont s’afficha dans l’encadrée de son entrée, laissant le public découvrir son visage et la tenue qu’il avait choisi : il était torse nu, arborant seulement sa cape Strënge sur les épaules avec lui, ainsi qu’une tunique d’un rouge carmin caractéristique de Sélénia et des sandales qui venaient lui couvrir respectivement le haut et le bas des jambes, et évidemment ses gants de combat. Il entra d’un pas lent jusqu’au centre de l’arène, proche de l’annonceur, pendant que celui-ci déclinait son identité de manière quelque peu … Théâtrale :

« L’homme approchant du centre de l’arène nous vient tout droit de Sélénia ! Il mesure deux mètres, et plus de cent kilos … Il est Le Tueur de Dragons … Le Gardien de Sélénia … Mesdames et messieurs, Clauuudius de Haaaaavremont !!! »

Des frissons parcoururent l’échine de Claudius, qui à son nom, entendit une réaction du public nourrie entre applaudissements nourris et huées déchainées : si la nouvelle figure représentante de Délimar ne semblait pas encore faire l’unanimité, l’Empereur entendit tout de même quelques personnes scandant son prénom haut et fort, ce qui eut pour effet de le rassurer. Le Havremont n’avait en tout cas jamais connu de telles expériences, et décida de se prendre au jeu de cette théâtralité.

Une fois arrivé au centre, il passa sa main rapidement sur son bras et son avant-bras, comme s’il aiguisait une arme, appelant sa foi dans l’Empire et la Trame pour concentrer un petit peu d’énergie dans son poing. Il se baissa ensuite, et frappa d’un grand coup le sol de son poing gauche, ce qui eut pour effet de lâcher quelques étincelles de lumière jaune-orange inoffensives autour de son corps, qui s’évanouirent bien vite dans l’air. Le petit numéro fut semble-t-il, assez apprécié, dans la mesure où de nombreux applaudissements venaient saluer cette entrée magistrale.

Claudius se releva ensuite, et croisa les bras. Le silence retomba, et de nouvelles exclamations vinrent composées le public, qui scandait à nouveau le nom d’Ilhan. Bientôt, l’annonceur fit …

« Veuillez accueillir notre deuxième combattant … »

Claudius s’étira de tout son long, et fit craquer ses doigts. Il était prêt.

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Delimar. Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu’il l’avait quittée pour rejoindre Caladon, et bien des choses s’étaient passées depuis.

Notamment sa petite armée d’Immaculés commençait doucement, mais sûrement, à se former et comptait pas loin de cent individus. Certes, on était loin d’une armée à part entière, mais c’était un grand pas pour un commencement. Et l’armée n’était pas la seule à se former. L’équipement aussi. Les jeunes Sainnûrs pouvaient parader dans une armure rutilante arborant quelques dorures dignes de Caladon, et portaient des armes dignes de ce nom, allant de l’épée au marteau, du bouclier au bâton, selon leur préférence. Mais pas seulement…

Se construisaient aussi certains équipements militaires de type… délimariens… ou plutôt almaréens. Il avait en effet, il y a quelques mois maintenant, lors de l’enquête sur les crimes sévissant à Caladon, récupéré des plans d’armes stratégiques de premier plan qui avait été volés à Delimar et que les Brise-Sorts renégats avaient retrouvés et lui avait confiés. Certes, Ilhan les avait rendus ensuite à l’Intendante en titre et au Conseil dès son arrivée dans la cité… mais il n’avait pas manqué auparavant de les faire copier. Il n’aurait su dire alors ce qui avait inspiré son geste à ce moment-là, mais quand les événements l’avaient ensuite chassé de Delimar, par la force des choses, pour éviter tout conflit d’intérêts, alors que Delimar se préparait à rejoindre l’Empire et que Caladon s’y refusait, l’althaïen s’était félicité de cette présence d’esprit. S’il avait volé ces plans ? Non pas tout à fait. Il les avait rendus en toute légalité. Et de toute façon Delimar se doutait bien que de tels plans, ayant été volés, avaient de fortes chances de ne plus être un secret. Et si on lui demandait des comptes ensuite, il arguerait que nécessité faisait loi, et que ces plans étaient nécessaires à la protection de Cordont. Ce qui était vrai en un sens. La construction des premières armes de ces plans serait destinée à Cordont pour la sécurité du gouffre. Ilhan déplorait d’ailleurs que Delimar n’en ait pas fat profité la Chue plus tôt… et ne manquerait pas de le souligner si quelque reproche lui était fait.

Delimar donc. S’il avait cru y revenir, de par son rôle diplomatique et ses liens particuliers qu’il avait gardés avec l’Océanique, des liens de bonne entente dans l’ensemble malgré tout, il n’aurait pas cru toutefois se retrouver alors dans cette arène.

Oui, dans cette arène. Il ne se serait jamais cru si impulsif. À l’origine, tout n’était parti que d’une taquinerie de sa part, plus qu’autre chose, quand il avait fait part de son apprentissage de quelques techniques de combat Graärh, très différentes de celles des humains, et qu’il serait heureux de montrer au combattant hors pair qu’était l’Empereur. Empereur qui d’ailleurs avait déjà eu vent de ses entrainements, la rumeur n’ayant pas manqué de courir en Delimar. De fil en aiguille, ils en étaient venus à cette proposition de combat amical, avec pour règles pas d’armes pas de magie. Pour signer ce pari, l’Empereur lui avait même offert des gants de combat, appelés Poings Jumeaux de L’Unité, gants qu’il avait apparemment fait faire sur mesure avec diligence à Delimar même dès le lendemain de ce pari. C’est ainsi qu’ils se retrouvaient tous deux, à l’une des entrées de l’arène, alors noire de monde, la foule déjà tonitruante. Une foule qui scandait leur nom.

Leurs deux noms, à la plus grande surprise de l’althaïen qui n’aurait pas cru avoir de quelconques soutiens. Mais il était vrai que bon nombre avaient assisté à sa transformation, à ses entrainements, à sa volonté d’apprendre leurs mœurs martiales et de s’y mettre, certains l’avaient aidé dans ces entrainements, soutenu, lui avaient donné des conseils. Il avait "guerroyé" avec d’autres, lors de la bataille des Chimères également, et en tant que conseiller il avait servi l’Océanique avec ardeur. L’estime qu’on lui portait allait au final au-delà du simple respect, il avait réussi à obtenir également une certaine amitié, du moins un réel lien d'attachement. Et il avait fallu qu’il parte de la cité pour le ressentir pleinement…

Quoiqu’il en soit, ces noms scandés en un rythme de plus en plus soutenu lui mirent du baume au coeur et raffermirent sa détermination à faire honneur à toutes ces heures passées à entrainer le petit diplomate qu’il était. Quand bien même tous savaient qu’il ne gagnerait pas. Il ne pouvait gagner. Dans tous les cas, ce ne serait guère "diplomate". Mais au-delà de cela, lui, simple politicien, tout juste apprenti dans les arts du combat, n’avait aucune chance face à un guerrier aguerri, rôdé par des années de métier. Tout du moins pouvait-il tenter de montrer qu’il serait difficile de l’abattre. Qu’il saurait faire face avec honneur, et donner un peu, un tout petit peu, du fil à retordre à l’Empereur.

Cela va bien se passer, fit une voix derrière lui, tandis qu’une main ferme et calleuse se posait sur son épaule nue. Tu feras honneur.

Ces quelques mots résonnèrent en son coeur et un léger sourire se forma sur ses traits impassibles. D’une main il vint enserrer fugacement celle de l’autre homme. Un geste simple de remerciement. Nul besoin de mot. Son ancien entraineur particulier le connaissait assez bien pour comprendre. Ilhan aperçut l’Empereur sautiller de l’autre côté de l’arène derrière sa grille. Tandis que lui n’était qu’immobilisme stoïque. Étirements et assouplissements avaient déjà eu lieu quelques instants plus tôt. Maintenant, il n’était que concentration et détermination.

Les présentations commencèrent et l’entrée tout en panache et spectacle de Claudius arracha un autre sourire à l’althaïen. Ainsi il voulait en mettre plein la vue ? Alors soit, que le spectacle commence !

Et quand sa grille s’ouvrit, Ilhan inspira profondément avant d’entrer à son tour dans l’arène. Petite silhouette bien frêle à côté de celle de l’Empereur, il avait l’impression d’être Dävyd devant Gölyath, une vieille légende elfe. Il ne chancela pas pour autant et avança d’un pas calme, force tranquille incarnée. Égal à lui-même. Torse nu également, ses veinules apparaissaient au grand jour, fait rare pour être remarqué, courant sur ses épaules et le haut de son dos jusqu'au bas de sa nuque, en de belles arabesques soulignant sa fine musculature. Ses tatouages de néant, cadeau de Naal, s’offraient aussi à la vue de tous en ornant tout son bras gauche, jusque son épaule, pour venir enlacer les tatouages des Sept Déesses qui s’alignaient avec raffinement tout le long de sa colonne, marquant ainsi sa croyance dans les Huit. Il était vêtu d’un simple pantalon noir, assez souple pour ne pas le gêner, de ces mêmes pantalons qu’il utilisait pour ses danses méditatives et qui permettaient une grande liberté de mouvement. Juste ce pantalon. Pieds nus, préférant garder un contact direct avec la Terre Mère, tel que cela se pratiquait souvent en Althaïa dans les jardins particuliers.

Et cet homme nous vient tout droit de Caladon, et de l’ancienne Althaïa, fit l’annonceur tout en tendant la main vers Ilhan.

L'althaïen remercia intérieurement l’almaréen, qu’il connaissait bien et dont l’estime était réciproque, pour ne pas dire plus, pour avoir souligné ses origines qui lui tenaient tant à coeur.

Il mesure un mètre soixante-quinze, pour soixante-cinq kilos.

Oui, frêle carrure, disait-il. Un sourire énigmatique vint orner les fines lèvres d'Ilhan à cette pensée.

Il est L’Esprit inébranlable... il est le Pourchasseur de Couronnes…

Voilà qui était nouveau. Sans doute suite aux récents événements avec les Couronnes de Cendres dans lesquels il s’était retrouvé impliqué, avec Naal et Belethar notamment...

Mesdames et messieurs, voici Ilhaaaaaan Aveeeenteeeee !

De nouveau, applaudissements, clameurs et huées enfiévrés montèrent le long des gradins, en un grondement rugissant qui manqua de faire chavirer ses sens de Sainnûr. L’althaïen rejoignit à son tour le centre de l’arène venant se poster à côté de l’annonceur. Il avait apporté ses gants de combat, pour faire honneur au cadeau de Claudius, mais au vu des lames effilées qu’ils arboraient, et qui pouvaient constituer de réelles armes, il avait prévu de ne pas les utiliser. Et les tendit à l’almaréen, pour bien marquer le geste. Le cadeau était accepté, honoré, mais il ne pouvait l’utiliser dans ce combat amical.

Et puisque l’Empereur avait fait son petit numéro d’impression, il était temps de faire de même pour lui. Magie était visiblement permise pour ses préliminaires. Même s’il se garderait bien d’en abuser, pas devant un public délimarien. Non, la seule magie qu’il se permettrait, une des plus tolérées en cette cité, serait ses sorts uniques, sorts basés sur sa foi et sa nature profonde de Sainnûr, nature dotée d’une petite mutation baôlique. Il ouvrit alors grand les bras, propulsant ainsi sa magie autour de lui, et en appelant à tous les Sainnûrs présents. Ses veinules virèrent alors en une teinte d’or, faisant presque pâlir d’envie les veinules des Dieux eux-mêmes. Dans le même temps, il laissa ses filaments s’étirer depuis ses veinules, pour danser dans son dos, formant deux grandes ailes se déployant comme pour s’envoler. De l’énergie pulsa soudain en eux et une décharge de pure énergie vrilla dans l’air, avant que finalement il ne relâche le tout et baisse les bras… reprenant son apparence normale, sa frêle carrure, comme si de rien n’était.

De nombreuses personnes, de jeunes Sainnûrs, s’étaient aussitôt levées, dans un silence détonant avec l’ambiance précédente, peu à peu suivis par d’autres, Sainnûr ou non, des silhouettes se levant presque une à une. Un premier claquement de main, puis un autre, puis bien d’autres, et finalement cris d’encouragement et huées reprirent de plus belle en un tumulte tonitruant, les deux noms scandés en un beau choeur.

L’annonceur s’écarta alors d’un pas en arrière en désignant les deux combattants d’une main. Ilhan se tourna vers Claudius, un fin sourire énigmatique sur ses lèvres. Il était prêt.

Que le combat commeeeeeence ! clama l’almaréen, avant de s’esquiver dans des gradins plus hauts, de là où il pourrait commenter.

Pour autant, ce ne fut pas la posture de combat habituel que prit Ilhan. Il se contenta tout d’abord de rester stoïque, et d’attendre, avant de tout doucement se mettre de trois quarts, un pied devant et les genoux légèrement fléchis, tandis que ses épaules restèrent de face et ses bras souples le long du corps. Position particulière, qu’un Graärh, en bon prédateur et chasseur, lui avait montrée, et qui permettait de garder une vue globale de son environnement, sans restreindre sa mobilité tout en ne présentant qu'une moitié du corps à son adversaire. Mobilité était son maitre mot. C’était sa seule clé pour lui. Parer, esquiver, avant toute chose. Trouver un angle ouvert pour ensuite tenter d’atteindre l’adversaire en un point stratégique. Il n’attaqua donc pas, et se contenta de garder la posture, puis de commencer à tourner tout doucement, tel un félin tournant autour de sa proie pour mieux l’étudier.

Étudier les coups de l’adversaire, l’autre point clé pour lui. Lui qui n’était pas un combattant, sa seule porte de sortie honorable serait de gagner du temps, et de tenter une frappe clé. S’il manquait son coup ou si l’autre parvenait à le toucher avant, c’en était fini pour lui.

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Claudius eut un petit sourire en écoutant la présentation de son adversaire du jour : l’Esprit Inébranlable, le Pourchasseur de Couronnes … Ilhan avait de nombreux faits saillants à son actif, effectivement, bien qu’il ne soit pas vraiment connu pour ses aptitudes au combat.

Il admira son entrée dans l’arène, tout autant que son petit numéro qui fit briller son corps de mille feux, ce à quoi Claudius se contenta d’hausser un sourcil : il était en vérité plus surpris qu’autres choses. Lui-même ne connaissant pas encore vraiment cette race nouvelle de Sainnûrs, n’en ayant que peu côtoyé, il ignorait les particularités physiques diverses, et notamment le fait que certaines choses avaient des vertus … Communicantes, semblait-il. Mais aussi des particularités magiques, qui semblaient leur donner des ailes. Claudius eut un petit regard taquin, se promettant de garder ce détail pour plus tard.

Après tout, tous avaient consenti à voir un duel, mais aussi et surtout un spectacle : ce n’était pas tous les jours que l’on voyait deux hauts dignitaires de faction rivales se battre amicalement. Et du spectacle, Claudius était assez partant pour en donner. Aussi, il attendit poliment qu’Ilhan finisse son petit numéro – lui adressant au passage un petit sourire et un hochement de tête assez impressionné –, et que l’annonceur annonce le début du combat.

Alors que le Conseiller Avente – ou devait-on peut être dire le Combattant Avente – semblait se mettre dans ce que Claudius identifia comme une posture de garde bien qu’elle fut peu conventionnelle, l’Empereur s’éclaircissa la voix un instant, avant de lancer une petite invective à son opposant du jour, d’une voix forte et intelligible pour que tout le public puisse entendre :

« Alors c’est vous Ilhan, qu’on m’a vendu comme le nouvel homme fort de Caladon ? Alors, quelles sont vos techniques secrètes ? Me soudoyer pour espérer que je ne me batte pas, peut-être ? »

Claudius fit un petit clin d’œil au Conseiller, avec un nouveau grand sourire : L’Empereur se voulait peut-être volontairement théâtral pour amuser la galerie, ou au contraire attiser la haine, la réaction du public se faisant … Mitiger quant à cette invective : il y avait ceux qui riaient car Caladon était à présent dans le camp de « l’ennemi » et avait une petite rivalité avec l’Océanique, et ceux qui huaient, sachant que Délimar n’était pas vraiment en de mauvaises relations avec Caladon, encore aujourd’hui.

Mais de cette image sulfureuse qu’il avait, Claudius en jouait et l’entretenait. Après tout, le Havremont était un homme de conviction et n’était pas du genre à faire des courbettes pour qu’on l’accepte. Il laissa là aussi une opportunité pour qu’Ilhan puisse répondre, et s’attirer les bons sentiments du public : après tout, Claudius était conscient qu’il ne jouait pas vraiment à domicile ici, et que le plus populaire des deux était très certainement Ilhan qui avait beaucoup œuvré pour sa cité.

Mais ainsi soit-il, Claudius était bon joueur, et surtout appréciait l’idée de représenter cette « menace » en tous les sens du terme. Car même si de vrais coups allaient être administrés, il n’était pas question de briser son adversaire en deux ici (quand bien même le Havremont aurait certainement pu le faire) : c’était donc l’occasion de jouer de basses provocations, d’amusement, et de spectacle. Un spectacle aux allures guerrières, mais un spectacle quand même, et il espéra qu’Ilhan l’entende aussi de cette façon.

Mais l’heure n’était plus à la provocation et le public commença à s’impatienter, aussi Claudius profita de l’occasion pour s’approcher du Conseiller, qui ne quittait pas sa posture étrange.

En guise d’échauffement, voilà ce que l’Empereur proposa : Claudius se mit d’abord en posture de combat, de trois quart face à Ilhan lui aussi, et leva bien ses poings jusqu’à la mi-hauteur de son visage. Il eut un petit sourire, et envoya son poing droit sur le ventre d’Ilhan …

Mais il se garda bien d’y mettre toute sa force dans un premier temps, car il ne s’agissait que là d’une diversion. La véritable « menace », se situait dans le dos de l’Empereur … Sa longue cape, agissant de sa propre volonté, profita de son allonge pour tenter d’attraper une jambe du Conseiller, voulant peut-être le déstabiliser, ou le faire chuter …

Claudius eut un nouveau sourire. Là, à combattre, il se sentait dans son élément.

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Les "hostilités" commencèrent. Et, comme il s’y était attendu, technique fort courante parmi les combattants, comme il l’avait souvent observée à Delimar, lesdites hostilités commençaient par quelques invectives. Souvent ayant pour but de faire sortir l’adversaire de ses gonds et de lui faire commettre un quelconque impair. Mais il serait difficile de lui faire perdre son calme, tant il était formé dans l’art de résister à ce genre de provocations, en ayant entendu de bien pire au sein même de la Cour fabusienne et autre, et tant il était concentré surtout à ne pas faire de faux pas, lui apprenti guerroyant faisant face à un combattant aguerri.

Laisseriez-vous entendre que vous seriez soudoyable et corruptible ? répondit-il d’une voix presque ronronnante. Voilà une information fort intéressante.

Il continua à tourner, répondant au petit clin d’œil de l’Empereur par un petit sourire taquin.

Mais aurais-je besoin seulement de vous soudoyer ? Il y a force et force, et la mienne réside parfois là où on ne l’attend pas.

Il entendit cette fois encore rire et sifflements, quelques applaudissements et encouragements, quelques invectives à lancer le combat. Si les délimariens aimaient bien ce genre de petites joutes verbales, ils les appréciaient d’autant plus quand elles faisaient écho au bruit des lames de fer crissant l’une contre l’autre, ou du bruit des poings cognant la chair. Il était temps de passer à l’action, s’il ne voulait pas voir le public s’impatienter totalement.

Et à peine pensa-t-il cela, que l’Empereur engagea le premier, en homme de combat qui sentait le moment venu. Un coup de poing vola vers le ventre d'Ilhan, qu'il parvint à esquiver facilement d’un saut vers l’arrière. Mais à peine atterrissait-il quelques pas plus loin, qu’il sentit un tissu lui frôler la jambe et presque l’attraper. "Non, bel et bien l’attraper !" vit le conseiller, avec un moment de surprise qui manqua lui faire perdre toute concentration et surtout tout aplomb. Il sentit sa jambe tirée vers l’avant, menaçant de le faire tomber. Il réagit alors par pur instinct, et au lieu de tenter de résister à cet attraction, il s’y laissa entraîner, profitant du mouvement pour prendre une impulsion et… sauter en un petit salto arrière.

Cela eut pour effet de faire lâcher prise à la cape, qui ne put résister à l’impulsion du mouvement sous la (maigre) force du Sainnûr. Oui, cape ! La cape de l’Empereur semblait être capable de mouvements et Ilhan avait soudain la sensation de se battre contre non pas un, mais deux adversaires !

Il parvint à atterrir un peu plus loin, genou fléchi, presque accroupi, pour mieux amortir le choc, et reprendre son souffle. Fichtre, bénies soient ses séances de danses méditatives. Jamais il n’aurait pu réussir un tel mouvement sans ses entraînements quasi quotidiens !

Mais il était temps maintenant pour lui de contre-attaquer pour tenter de profiter d’un possible effet de surprise. Tout en se méfiant de cette satanée cape ! Il s’élança alors en un mouvement d’abord tournoyant ressemblant presque à une chorégraphie de danse althaïenne, tel que les Graärh le faisaient parfois pour bondir sur leur proie. Il arriva à deux longueurs de bras de Claudius, tout au plus, et, prenant une impulsion, bondit lui aussi, pour atteindre sa haute cible, et tenta de la frapper du plat de sa main sur le plexus. Son but : le neutraliser en lui coupant le souffle.

Il avait appris quelques points stratégiques que les Graärh maîtrisaient pour paralyser une proie ou la neutraliser totalement, mais il préférait ne pas les tenter, ces points ou nœuds se situant au niveau du cou ou de la nuque. S’il se manquait, et au vu de son inexpérience cela était tout à fait possible, il préférait ne pas tuer l’Empereur sélénien par mégarde, surtout lui jeune Sainnûr à la force surhumaine, même si parmi les Sainnûrs il était de piètre force.

Au moins avec ce coup-là, au mieux il frappait l’Empereur sans lui faire trop de mal, au mieux il parvenait à ses fins, lui coupait le souffle pour gagner un peu de temps et tenter de le mettre à terre. Et il aurait presque pu y parvenir. Presque… Si la cape n’y avait pas mis du sien, une fois encore. Ilhan la vit venir, parvint à esquiver le premier coup, en tournant la tête de côté et d'une légère torsion du buste… mais pas le deuxième venant sur sa droite, alors qu’il reprenait pied à terre. Oh le coup n’était pas bien fort en lui-même, pas aussi fort qu’il aurait pu le redouter. Mais il sentit alors une étrange force l’inciter à faire le grand spectacle. Et cette fois, ce ne fut pas un simple salto arrière, mais un double salto qu’il se sentit obligé, oui obligé !, de réaliser. Pour tomber contre un mur, manquant de peu de s’assommer.

S’il ne perdit pas connaissance, il dut avouer se sentir un peu sonné et surtout avoir soudain le tournis. Le monde tanguait affreusement autour de lui et il dut secouer la tête pour chasser ces désagréables sensations, qui pourraient bien lui coûter le combat. Il lui fallait se relever, et vite. Ce qu’il fit rapidement, les jambes un peu flageolantes. Il sentit soudain un petit goût métallique et se toucha les lèvres. Oui, du sang. Du sang perlait au coin de sa bouche, alors qu’il s’était mordu la joue intérieure sous le choc. Il cracha un peu de sang à terre et releva les yeux sur Claudius.

Il lui offrit un léger sourire et se remit en position de garde, sa position de garde à lui, tout en s’éloignant du mur pour garder le plus de mobilité possible. Il se sentait déjà contusionné et ses muscles criaient outrage, mais il ne pouvait baisser les bras maintenant. Le spectacle n’avait fait que commencer.

Alors, avez-vous si peur de ma force, que vous ayez besoin d’être deux pour me combattre, Empereur ?

Cette fois, ce fut lui qui offrit un clin d’œil à Claudius sous les sifflets, les rires et les éclats divers et variés du public qui semblait apprécier leur petit échange pour l’instant. Même s’il le savait, les délimariens en voulaient plus encore, en attendaient plus. "Plus de coups, plus de sang !" entendait-il presque quelques esprits crier.

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Quelques petites piques verbales et quelques secondes encore après son petit mouvement d’action plus tard, et Ilhan se retrouva à faire plus d’acrobaties qu’il n’en avait probablement fait que pendant toute sa vie … Et pour cause, par cette petite joute, il faisait connaissance avec la cape qui faisait officie de nouvelle amie joueuse de Claudius.

L’ayant obtenu récemment, quand ce mystérieux oiseau de flammes était venu le trouver, avec cette cape en guise de baluchon qui contenait un bâton à l’intérieur, ils ne se séparaient plus de ces trois choses là depuis. Le Havremont n’avait pas tellement compris pourquoi, mais tout était arrivé un soir comme un autre où il dormait après une dure journée de labeur … Où il avait vu cet oiseau toqué à sa fenêtre, portant avec lui ce petit paquet.

Depuis, l’oiseau semblait s’être beaucoup attaché à lui (et aux cuisines du Palais, particulièrement quand on y faisait ces petits gâteaux miniatures avec des petites pépites de chocolat, allez comprendre), et n’avait plus bougé… C’est comme s’il … Veillait sur lui ? Claudius ne comprenait pas encore totalement le pourquoi du comment. C’était d’ailleurs un peu bizarre parfois, mais cet oiseau semblait d’une grande intelligence et l’avait enjoint plusieurs fois - par quelques coups de bec et regards insistants -, et à se servir des artefacts qu’il avait apporté avec lui.

Dès lors, c’est presque comme s’il avait senti une sorte de fusion spontanée avec eux, et si Claudius ne portait pas avec lui son bâton aujourd’hui pour des raisons évidentes, c’est véritablement cette cape qui agissait presque comme une extension de son corps, et qui montra qu’elle aussi, pouvait coller quelques torgnoles bien placées.

Cela amusa l’Empereur, qui ne put s’empêcher de sourire pendant tout ce début d’échange, ou il fut d’ailleurs bien surpris par les capacités athlétiques d’Ilhan. Il ne se laissa pas abattre, et pris même l’initiative de vouloir l’approcher … Par des mouvements ma foi fort peu conventionnels, qui eurent pour effet de vraiment dérouter Claudius, pas vraiment habitué à ce genre de style s’approchant de la danse plutôt que d’un vrai combat comme il avait eu l’occasion d’en faire. Des mouvements légers, des petits sauts, menant à des tentatives de frappes presque comme s’il était un acrobate que Claudius voyait de temps en temps dans ces représentations théâtrales … Ilhan se battait, et il se battait bien, même avec ces bêtises !

Heureusement que la cape de Claudius était là pour couvrir ses arrières, car il aurait sans doute eut des petites séquelles aux coups du Conseiller qui semblait bien trop proches de son plexus pour paraître si innocents que cela. Cela dit Ilhan, lucide, vit tout de suite clair dans le petit jeu de l’Empereur, et ne pu s’empêcher de l’invectiver :

« Alors, avez-vous si peur de ma force, que vous ayez besoin d’être deux pour me combattre, Empereur ? »

C’était de bonne guerre, et les huées du public à l’encontre de l’Empereur ne furent qu’alimenter Claudius pour le futur de son combat. Puisqu’il en était ainsi, alors l’Empereur prendrait ce personnage de personne détestable dans le combat, usant de tout pour arriver à ses fins. Une stratégie pas vraiment convaincante si l’on voulait se mettre dans la poche toutes les personnes dans cette arène, mais ils apprendraient. Ils seraient reconnaissants de ce beau spectacle que Claudius leur aura donné, et cela laisserait la part belle pour une belle sortie pour Ilhan.

Car ce n’étaient peut-être pas vraiment les adieux officiels au peuple délimarien qu’il espérait, mais cela traversa l’esprit de l’Empereur que le Conseiller Avente ne s’était probablement jamais adressé aussi massivement à ce peuple qu’il avait couvé sous ses longs fils protecteurs pendant tous ces mois pourtant. A défaut d’un grand discours d’adieu, donc, il y aurait un combat. Un combat dans lequel Claudius devait faire attention de bien respecter son adversaire … Mais pas trop quand même, pour que cette belle histoire se réalise. Voilà qui lui plaisait.

Il répondit de la sorte à Ilhan :

« « Quoi qu’il en coûte », cher Ilhan ! Vous devez être un habitué de cette formule, caladonien que vous êtes … Mais n’êtes-vous pas plutôt Messire Gérard Salto, saltimbanque personnel de la Reine de Caladon ! Qu’allez-vous faire ? Aller pleurer dans les jupons d’une lyssienne ? Où vous réfugier encore chez ces poules mouillées de l’Alliance ? »

Bon, c’était facile, il était vrai. Mais l’invective marchait, et Claudius sentit que l’ambiance changeait dans le public : le Havremont attira beaucoup de huées sur lui, car après tout il n’était rien de plus détestable qu’un colosse qui roulait des mécaniques face à un chétif – bien qu’Ilhan n’en soit pas vraiment un –, et aussi et surtout, Claudius touchait à une corde sensible de Délimar : l’Alliance. Cette Alliance qu’ils avaient aimé, mais qu’ils avaient quitté il n’y a pas si longtemps que cela parfois au regret de certains … Ce qui se faisait sentir au sein de l’arène. Mais après tout Claudius était là pour le spectacle. Il s’agissait de rendre ce combat presque théâtral.

Après cette petite invective Claudius eut un large sourire, avant de s’approcher à nouveau d’Ilhan, d’un pas rapide et assuré, profitant du fait qu’il soit dos au mur pour tenter quelque chose. L’Empereur arriva bientôt à portée du frêle Conseiller, le pris par l’épaule et lui glissa d’un ton bas pour éviter qu’il ne soit entendu du public :

« Serrez les dents, et frappez-moi ensuite de toutes vos forces. »

Une indication qui avait pour but de préparer Ilhan à ce qui allait se passer. Ce n’était pas vraiment un duel à mort, alors le guerrier expérimenté qu’il était préférait prendre soin de son opposant. Claudius leva ensuite sa main bien haut dans le ciel, avant d’abattre sévèrement le plat de sa main sur le torse nu de l’Althaïen … Ce qui eut pour effet de faire claquer le coup très fort, au point que l’onde sonore se propagea dans toute l’arène. Là encore une fois, il ne s’agissait pas vraiment d’une attaque très grave : sans doute que Claudius aurait pu broyer Ilhan, mais il préférait s’y prendre autrement …

Le spectacle se devait d’être au rendez-vous, et il attendait avec impatience la riposte de son adversaire, pour écrire la suite de cette petite histoire se jouant devant les délimariens aujourd’hui.

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Un sourire fleurit sur les lèvres de l’althaïen illuminant son visage aux reflets cuivrés, quand il entendit les "invectives" de l’Empereur. De ces invectives typiques des combats qu’il avait déjà pu observer en Delimar. Les gladiateurs semblaient affectionner ce genre de petits échanges et Ilhan avait pu noter à maintes reprises que cela avait aussi pour don de déstabiliser l’adversaire pour enflammer un tempérament sanguin et l’enjoindre à commettre une faute. Mais s’il y avait un défaut qu’Ilhan n’avait pas, c’était d’être sanguin et de se laisser ainsi emporter par une quelconque colère. Il n’était en outre guère du genre à se vexer facilement, assez conscient de ses propres compétences comme de ses lacunes. Le combat n’était en rien un art qu’il maîtrisait, même s’il apprenait.

Quant aux mentions de lyssiennes… Là encore, son fin sourire ne se fana en rien. La réputation althaïenne d’être très féru des arts de la romance et de la séduction, tout en raffinement bien sûr, n’était plus à conter. Il n’avait guère été vraiment enclin à ce pan-là de sa culture, pas réellement de son propre fait, pas consciemment. Mais il ne pouvait nier compter un certain nombre de conquêtes en effet, parfois, souvent, qui n’étaient pas forcément de son propre souhait ni de sa propre initiative. Mais faible âme mâle qu’il était, il s’était laissé enliser dans les eaux tumultueuses de ses fleuves amoureux. Et cela avait suffi à faire courir les rumeurs et à renforcer sa réputation de séducteur.

Même la mention de poule mouillée de l’Alliance le laissa de marbre. Les Délimariens ici présents, anciens défenseurs de l’Alliance, dont l’arme ancestrale avait servi à forger l’épée de cette fameuse Alliance, réagirent suffisamment pour lui.

Ilhan ne fut pas dupe toutefois dans le jeu de l’Empereur. L’homme en face de lui semblait attiser, si ce n’est les haines, du moins les animosités, sur lui de façon délibérée. Comme s’il voulait… Comme s’il voulait lui offrir le beau jeu ? Une belle sortie ? Un départ de Delimar digne de ce nom ? Tela, rare attribut qu’il n’avait pas quitté avec son anneau des murmures et sa pythie, le lui soufflait en confirmation. Ilhan offrit alors un discret hochement de tête à Claudius. Remerciement ? Assentiment ? L’Empereur l’interpréterait comme il le voudrait.

Toutefois ses pensées furent rapidement coupées court quand Claudius revint sur lui d’un pas décidé. Ilhan tenta de reprendre son souffle pour s’apprêter à parer un possible coup. Mais il n’eut guère le temps d’esquiver la poigne de fer de l’Empereur qui déjà le happait par l’épaule. S’il fut surpris par l’avertissement chuchoté de l’homme, il n’en montra rien, et ses orbes sombres restèrent aussi impassibles qu’auparavant, même si son regard se faisait clairement alerte.

Le frapper de toutes ses forces ? Lui, Sainnûr, certes de force bien maigre comparée à celle de ses paires, mais de force bien supérieure à un simple humain ? Il ne voudrait pas le briser sans le faire exprès, car, lui, ne saurait pas doser son coup. C’est aussi pour cela qu’il s’était orienté vers un apprentissage Graärh visant à neutraliser sans tuer, à porter des coups sans force, mais avec précision. Mais Claudius était-il seulement un simple humain ? Rien n’était moins sûr. Et s’il frappait en retour de toutes ses forces, la cape le laisserait-elle faire ?

Toutefois, comme mu par un réflexe qu’il ne se connaissait pas, Ilhan n’attendit pas plus, obtempéra et serra les dents, tout en retenant son souffle. Grand bien lui en prit, car quand la claque de Claudius rugit sur son torse, il manqua d’en avoir le souffle coupé. Pourtant il savait, avait senti, que l’homme avait retenu son coup. Savamment. Tel un guerrier expert sachant doser sa force pour neutraliser un adversaire qu’il ne voulait pas abattre. Un combattant hors pair, qui savait mesurer sa force… lui. Ce qui n’était pas le cas de l’althaïen. Mais au lieu de frapper en retour, ce furent ses filaments qui s’étirèrent. Ilhan les sentit se manifester sans parvenir tout de suite à les maîtriser. Pire même, il sentit la trame miroiter alors que ses filaments drainaient de l’énergie, prêts, sans doute, à la décharger ensuite de toute puissance sur celui qui l’attaquait. L’althaïen prit alors une profonde inspiration, ferma un court instant les yeux et puisa dans toute sa force mentale pour maîtriser ces maudits filaments qui se manifestaient au pire moment. S’ils frappaient l’homme, cela ruinerait le combat et le beau spectacle. Au lieu de cela, il parvient à les faire se décharger dans les airs, envoyant tels des éclairs de colère dans le ciel.

Des huées et des exclamations se firent entendre dans les gradins, mais Ilhan n’y prit guère attention, trop concentré à maîtriser ses filaments pour les faire se rétracter. Filaments, qui, fort heureusement, disparurent et cessèrent de prendre part à ce combat où ils n’avaient pas lieu d’être, magie y étant honnie. Il profita toutefois de l’effet de surprise, pour se dégager d’un coup d’épaule de la prise de fer de l’Empereur, puis… pour se faufiler sous ses jambes. Tel Dävyd contre Göliath, comme le chantait le conte althaïen. Il entendit des rires, quelques applaudissements et quelques huées aussi. Cela rappela d’ailleurs à certains délimariens avec qui il s’était entrainé, quelque ruse qu’il avait déjà utilisée. Usant de sa petite taille contre ces géants, pour se faufiler entre leurs jambes et les prendre à revers. Nombreux avaient été ceux à subir ce petit stratagème, et beaucoup à en rire, la considérant même de bonne guerre.

Ilhan n’attendit pas que son adversaire se retourne. Il fit mine de vouloir frapper dans le dos l’Empereur, s’attendant à ce que la cape le frappe en retour, ce qui ne manqua pas. Mais cette fois, il s’y était préparé, et avait pu esquiver d’une pirouette maîtrisée. Et son pied parti de l’autre côté, alors qu’il tournoyait sur lui-même pour esquiver la cape, en un balayage de droite, qui vint frapper l’Empereur sur le côté. Bras ou côte, il ne sut s’il parvint à atteindre sa cible. Mais cette fois il ne put éviter le énième coup de la cape, qui l’envoya au sol quelques mètres plus loin.

Il s’empressa de redresser la tête, et commença à se relever en un rouler bouler comme on le lui avait appris pour se remettre sur pieds rapidement après une chute, quand soudain… il se figea, accroupi, en position de garde, alors qu’une silhouette éthérée voleta jusqu’à l’Empereur. Une silhouette éthérée qu’il aurait reconnue entre mille… Était-ce bien ce qu’il croyait, là ? Maintenant ? Pourquoi donc cet Esprit-Lié avait-il choisi ce moment, entre tous, pour se manifester ? Et visiblement, pour venir choisir l’homme en face de lui ?

Vous voilà élu par l’Araignée dirait-on. Et vous avez la bénédiction de l’ornithorynque qui protégera votre lien, susurra-t-il en un sourire.

Telle était sa tradition. Quand il voyait un lien d’Esprit-Lié se créer, il le bénissait. Et qu’importe qui en était la cible. Même s’il se fit un malin plaisir de jouer sur les mots, usant sans complexe de ce mot honni dans l’Empire : lien.

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Ilhan semblait voir clair dans le jeu de l’Empereur, Claudius cru voir même un petit hochement de tête. Fort bien. Le sélénien pourrait se passer d’explications, ce qui l’arrangeait bien : après tout, pour tous ces gens qui étaient venu les voir, la suspension d’incrédulité devait à tout prix demeurer. Du moins autant que faire se pouvait, car il ne se doutait pas que des délimariens experts du combat pouvaient voir rapidement très clair dans leur petit jeu justement. Mais après tout, même si une animosité existait, ils s’étaient entendus sur les termes d’un combat d’exhibition. Il n’y avait donc pas d’enjeu officiel autre que le contexte politique extérieur. Ce qui signifiait qu’ils avaient tout à fait le droit de faire du grand spectacle … Mais tout de même, il ne douta point que certains étaient venus pour assister à une forme d’exutoire, ou alors parce que l’affiche les intéressaient : si c’était donc du spectacle, il fallait leur offrir un spectacle digne de ce nom !

Du grand spectacle en tout cas, Ilhan semblait avoir compris le message : alors que l’onde sonore de la grande claque sur le torse parcourra et fit frémir toute l’arène, Claudius eut un regard curieux vers ces filaments d’énergie qui sortirent soudainement du dos d’Ilhan, et partirent lentement vers les airs. Était-ce la représentation de l'âme d'Ilhan qui partait au ciel ? L'Empereur regarda sa main un instant : pourtant il était sûr de ne pas avoir frappé si fort que ça ! Il hésita à mettre une petite claque au Conseiller pour s'assurer qu'il allait bien - d'autant qu'il semblait en difficulté - mais ces mêmes filaments captèrent encore un peu son attention : ceux-ci relâchèrent une petite explosion dans les airs, qui eut entre autre l'effet de faire exulter la foule (après tout, personne n'avait mentionné de supplément pyrotechnie à leur combat), mais également de faire baisser la garde de Claudius un instant.

Il n'en fallut pas plus pour qu'Ilhan saisisse l'opportunité : le conseiller se dégagea d'un coup d'épaule et parti … sous les jambes de Claudius, profitant de l'instant de confusion pour passer derrière l'Empereur. Ce dernier eut un petit sourire aux lèvres : il avait l'impression de jouer avec son petit Julius qui lui faisait cela quand le paternel lui enseignait les bases du combat. Cependant, là, cela n'avait rien d'un jeu enfantin. Le Havremont allait payer les fruits de ses provocations.

Quelques instants plus tard, une fois qu'Ilhan s'était démêlé un instant de l'emprise de la cape bagarreuse de Claudius, l'Empereur se vit asséné un puissant coup de pied qui fila droit sur ses côtes droites. Le Havremont ouvrit grand les yeux, laissant échapper un soupir de stupéfaction : dis-donc, c'est qu'il ne plaisantait pas ce petit althaïen ! Bien sûr le guerrier sélénien qu'il était s'en remettrait facilement, mais tout de même, il était sûr que même dans ses soldats, il y en avait qui frappait moins fort que cela. Mais bien évidemment, Claudius profita de l'impact pour "vendre" ce coup comme s'il s'était pris un coup de pied venu des entités divines elles-mêmes. Alors que la cape de l'Empereur envoya valdinguer Ilhan plus loin, Claudius profita de l'occasion pour s'écrouler, et se rouler dans la poussière de l'arène, mimant une perte de conscience tardive.

Ceci ne manqua pas de susciter de nombreuses réactions enjouées du public : la sauce avait pris, et on ne manqua pas de soutenir l'althaïen qui avait réussi l'exploit de faire tomber celui qui avait tué un Dragon, et un Antique. Le scénario était amusant, et alors que Claudius se relevait de sa "chute", il ne put s'empêcher de retenir un sourire : l'Empereur était heureux quand il combattait. Encore plus quand une histoire venait se filer autour de ce combat. Les enjeux étaient ce qu’il y avait de plus important pour garder un public actif, et la victoire ou la défaite encore plus satisfaisants.

Alors qu’il prenait un maigre instant de pause pour regarder ce public, son public, en liesse, Claudius sentit comme quelque chose qui vint lui donner la chair de poule. Une énergie formidable le pris un court instant comme dans un état de transe, et disparu aussi vite qu’elle fut venue. L’Empereur cligna des yeux, leva la tête : était-ce un stratagème d’Ilhan ? Pourtant ils avaient convenu que la magie n’était pas autorisée pendant ce combat ! Mais il n’y avait pas de manigance d’un petit althaïen – pour une fois – : Claudius pris un instant pour mieux regarder et vit, « volter », ou plutôt avancer jusqu’à lui une petite forme bleutée et éthérée, qui ressemblait à une araignée qui tissait sa toile jusqu’à lui.

Claudius eut un regard perplexe : premièrement, car cela faisait deux fois qu’il faisait apparaître un esprit-lié en présence d’Ilhan (à croire que l’althaïen avait une véritable attirance pour ces esprits !), mais aussi parce que la situation lui paraissait bien incongrue : comme cela, au milieu d’un combat, un envoyé divin venait le choisir ? C’était amusant, et le Havremont n’avait jamais vu cela auparavant. Mais il se souvint des livres qu’il avait pu lire au sujet des esprits, tout autant que les légendes que lui avait raconté quelques graärhs qu’il avait pu croisé dernièrement : l’araignée était de ses esprits-liés nobles et social, qui appréciaient les personnes qui avaient la foi, le respect des autres, et des idéaux bien ancrés.

Le moment était bizarrement choisi, mais peut-être était-ce pour intimer que de cette façon, Claudius était sur la bonne voie ? En tout cas, il ne fut évidemment pas le seul à le remarquer, et si la foule se contenta d’un « oooooh » contemplatif, Ilhan lui fit :

« Vous voilà élu par l’Araignée dirait-on. Et vous avez la bénédiction de l’ornithorynque qui protégera votre lien »

Claudius inclina sa tête vers l’althaïen avec un petit sourire en signe de remerciement, et fit une salutation digne de ce nom à l’esprit-lié. L’Empereur fit quelque chose qu’il faisait rarement, à savoir poser un genou à terre et joindre ses deux mains, avant de murmurer une de ses prières personnelles. Le recueillement était impromptu, mais après tout il ne pouvait rester les bras croisés face à l’apparition d’un protecteur :

« Je suis le sel de Terre,
Vent est mon corps, Feu est mon sang,
J’ai veillé sur plus d’un millier de citoyens
Inconnu de Mort,
Pas plus que de Vie,
Maudit pour avoir fédérer mon peuple,
Et pourtant, jamais les Esprits n’ont oublié mon nom.
Alors, tant que je prie, leur règne est éternel. »


Ces quelques maximes, qu’il gardait d’une ancienne tradition familiale, avait évolué avec le temps. Une oreille attentive et qui était présent lors de la Bataille des Cendres aurait aisément pu reconnaître d’ailleurs une partie de cette prière qui avait été utilisé comme incantation par l’Empereur pour créer un sortilège. Mais il était là simplement question d’une prière inoffensive adressée aux esprits, que Claudius venait d’arranger.

Une fois qu’il eut terminé, l’Empereur se releva, et fit à Ilhan d’une voix forte :

« Vous nous offrez de la pyrotechnie, et je vous offre une apparition divine ! Amusant n’est-ce pas ? A croire que notre combat était des plus attendus ! »

Claudius s’essuya brièvement le front, et fit bouger ses épaules en un petit cercle. Reprendre le combat après cela paraissait compliqué, mais pour autant il devait y avoir une conclusion : ils ne pouvaient se permettre de laisser le public ainsi. Le Havremont décida donc de s’approcher à nouveau d’Ilhan et lui fit discrètement :

« Mettez-moi un coup, et je tomberai. Dites ensuite au peuple ce que vous voulez, c’est votre dernière chance de lui parler aussi directement. Personne ne se moquera de moi car j’ai été choisi par un esprit. Vous devez aussi avoir votre moment de gloire. »

L’Empereur eut un bref petit sourire : il n’abandonnait pas son idée qu’Ilhan devait soigner sa sortie, et voulait remercier l’Althaïen d’avoir protégé sa future relation avec l’Araignée. Cependant, une fois qu’il eut fini de dire cela, il pris soudainement un air grave, retrouvant tout son sérieux, avant de prendre Ilhan par le col des deux mains, et d’user de sa colossale force pour le soulever à quelques centimètres au-dessus du sol. Il fit ensuite :

« Faites vos prières Conseiller, car les esprits m’ont investi de toute la force nécessaire pour vous mettre une bonne raclée ! »

… Bon certes, ce n’était pas d’une grande subtilité, ni d’une grande poésie. Mais cela suffirait à finir de caractériser ce « personnage » qu’il se donnait, et donnerait toute la latitude à Ilhan d’improviser quelque chose de correct. Ne restait plus qu’à voir quel tour l’Althaïen avait encore dans sa botte …

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La foule était en liesse alors que tous deux étaient à terre à quelques mètres à peine l’un de l’autre. Il n’aurait pas cru que son coup puisse faire mordre la poussière à l’Empereur, guerrier valeureux qui avait dû essuyer bien d’autres coups bien plus dangereux. Ou alors ce dernier l’aurait-il fait exprès ? Pour que tous deux aient une part belle au combat ? Cette simple idée laissa Ilhan perplexe. Il ne pouvait dire haïr l’Empereur. Tout au plus se méfiait-il de lui, dans ces possibles envies de conquête vis-à-vis de l’Alliance. Lui-même ne nourrissait aucune réelle animosité envers Claudius, mais il avait maintes fois songé qu’il n’en était sans doute pas de même concernant les sentiments de Claudius envers lui, lui le traître qui avait poignardé Fabius dans le dos, ainsi que les almaréens, alors qu’il était censé les servir… Alors pourquoi donc l’Empereur chercherait-il à ce que chacun ait sa petite victoire ? Y aurait-il plus que de la simple rancœur envers l’althaïen ? Une certaine forme de respect, certes, il l’avait senti… mais autre chose encore ?

Nul temps toutefois de s’appesantir sur la question. Il avait d’autres chats à fouetter. En l’occurrence ici, d’autres capes… C’était qu’elle avait un caractère teigneux et était tenace au combat. En tout cas, l’apparition de l’Esprit-Lié et sa bénédiction lui offrirent un court moment de répit des plus salutaires. C’est qu’il n’avait pas l’endurance d’un guerrier, lui. Et qu’il commençait sérieusement à s’essouffler, sans parler de ses muscles qui criaient tous à l’agonie. Il laissa Claudius prier l’Esprit-Lié, sans doute en remerciement pour l’avoir choisi. Et le choix de l’araignée n’était pas anodin. L’araignée… Un petit sourire amusé étira ses lèvres à la pensée d’un Claudius rejoignant la Toile. Voilà une image cocasse. Il ne bougea pas d’un iota toutefois, se contentant de reprendre son souffle, pendant tout le temps de cette prière.

Plus qu’attendu, en effet, répondit l’althaïen d’une voix aussi forte que possible, en montrant l’assemblée autour d’eux.

Une assemblée qui s’éveilla de nouveau sans peine, tout en cri d’invitation à reprendre les festivités.

Ilhan parvint enfin à se remettre sur ses deux jambes et à se redresser pleinement, le dos droit, le port altier, malgré son torse à nu, lui si pudique d’ordinaire, ses veinules alors pleinement exposées en même temps que ses tatouages dédiés aux Huit. Oui, aux Huit. Les Sept dans son dos, le long de sa colonne… et Néant lui ayant accordé la bénédiction de ses tatouages grâce à Naal, le long de son bras gauche, jusqu’à son épaule et la naissance de sa colonne, comme venant enlacer les Sept de son aura protectrice. Sa main gauche était toujours noircie de sa sombre aventure à Caladon avec certains Brise-Sorts. Une main qu’il n’avait toujours pas fait guérir…

Il observa alors l’Empereur avancer sur lui, mais ne bougea pas d’un pouce. Si ce n’est une légère position de garde, notant qu’il était prêt à réagir au moindre coup. Mais… rien ne fusa. Du moins sur l’instant. Et la surprise d’un chuchotement presque à son oreille. Lui mettre un coup ? Son moment de gloire ? Ilhan releva alors des yeux sombres pétillants d’une réelle surprise, mais aussi d’un respect non feint envers ce personnage qui avait beaucoup grandi. Pas seulement de corps, qu’on se l’entende, même s’il le dépassait de beaucoup, comme nombre de délimariens ici présents, ce qui n’était guère difficile. Mais aussi d’âme. Il avait connu un Claudius bien plus rancunier, surtout envers les traîtres, tel que l’althaïen avait pu l’être. Claudius était un homme droit et direct pour qui la traîtrise était un non-sens, une malédiction sans nom, une infamie honnie ! Et pourtant…

Pourtant, malgré tout ce qu’il pouvait ou aurait pu reprocher à l’althaïen, d’ailleurs maintenant Prince consort de la cité rivale de l’Empire, Caladon fief de l’Alliance par excellence, il lui proposait un moment de gloire devant cette assemblée de Delimar qu’il avait tant servi toutes ces années. C’était là un geste noble et honorable. Digne de l’Esprit-Lié de l’Araignée, nota-t-il. Ou peut-être était-ce tout simplement pour le remercier de sa bénédiction de l’ornithorynque ? Là encore, ce n’était pas le moment de perdre son temps en cogitation. Le public attendait, et l’Empereur aussi. Même si sa demande le surprit et si l’althaïen se demanda un court instant si cela était bien honorable d’accepter l’offre, il ne pouvait non plus la dédaigner sous peine de s’aliéner le chef de l’Empire, ce qui, diplomatiquement parlant, serait fort malvenu. L’Empire et l’Alliance étaient déjà assez à couteaux tirés, sans qu’il n’en ajoute.

Il se décida donc et, après un court hochement de tête, obtempéra. Enfin tenta d’obtempérer, alors qu’une main le soulevait de terre par le cou. Ce qui manqua le faire suffoquer. Car si l’Empereur tentait de ne pas l’étouffer et de ne pas y mettre toute sa force, il devait tout de même serrer suffisamment pour le soulever du sol. Mais cela ne rendrait que plus crédible sa propre riposte, songea-t-il brièvement dans un bref spasme dû au manque d’air. Il rassembla tout le peu de force qu’il avait pour assener un coup sur l’épaule de l’Empereur, essayant de ne pas y mettre toute sa force non plus, mais simplement de la simuler. Et cela eut l’effet escompté. Ou plutôt Claudius tint sa promesse.

Ilhan sentit l’attraction de la terre le rappeler à grande vitesse et manqua se fouler la cheville quand il la rencontra de nouveau, pour tomber ensuite sur ses genoux. Une main vint frictionner sa gorge quelque peu douloureuse, mais pas assez malmenée pour qu’il craigne une réelle blessure. Il observa l’Empereur lui aussi à terre, et se releva difficilement, lentement, les jambes flageolantes. Puis leva les yeux vers l’assemblée.

Je ne suis guère un grand guerrier, comme vous le savez tous, fit-il d'une voix d'abord croassante, avant qu'elle ne reprenne de sa vigueur.

Des cris, des rires, des exclamations approuvant ses propos, fusèrent, la plupart plutôt cordiaux et amusés qu’autre chose, même si dans tout l’art délimarien.

Pourtant auprès de vous, j’ai appris quelque peu. Certes, mes compétences en cet art n’atteignent pas les vôtres, mais j’ai appris, oui, j’ai appris à apprécier cet art à sa juste valeur, à apprécier votre amour pour les lames, les assauts et la férocité de la guerre. J’ai appris à comprendre et apprécier ce qui faisait vibrer votre cœur et votre âme. Et en ce jour, j’ai tenté d’y rendre quelque peu honneur. À ma petite taille.

Il esquissa un sourire à ces derniers mots et entendit de nouveau quelques rires. Cette petite taille dont il avait usé de façon bien peu honorable, comme si souvent quand il s’était entraîné avec des glacernois.

En ce jour, j’ai tenté de vous rendre hommage et de vous remercier de m’avoir accueilli en votre sein, de m’avoir choisi pour vous servir toutes ces années. Ce fut un réel honneur et j’en chérirai chaque instant. Ce combat n’a, je pense, ni réel vainqueur, ni réel perdant.

Se disant, il s’approcha de l’Empereur et lui tendit la main.

En ce jour, ce combat signe une nouvelle destinée pour chacun. Mais pas la fin de nos chemins.

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Ainsi le conseiller Avente respecta sa part du petit contrat que Claudius avait passé avec lui. L’Empereur ne put s’empêcher de retenir un sourire, constatant la réaction d’Ilhan quand bien même l’Empereur avait décidé de ne pas mettre toute sa force dans la prise qu’il exerçait au mari de la reine de Caladon. Décidemment, même avec sa nouvelle condition de Sainnur, Ilhan semblait avoir encore bien des choses à perfectionner pour être un vrai combattant. Cela rassura toutefois quelque part Claudius : même avec son grand âge d’humain, il était encore capable d’une ou deux choses dans ce genre de combats sans armes et sans artifices pour le protéger. C’était une bonne chose, rassurante pour l’avenir et sa condition physique. Même si ce pauvre Ilhan en faisait les frais à l’instant T. Claudius craignait souvent d’être déclassé, de ne plus pouvoir se défendre, de perdre petit à petit tout ce qui avait fait l’essence de son être : cette soif de combat, et sa grande maîtrise du sujet.

Aujourd’hui il avait eu la confirmation qu’il pouvait continuer à être qui il était pendant plusieurs mois, voir plusieurs années si les Huit lui étaient favorable, et c’était bien là tout ce qui comptait, plus qu’une quelconque victoire sur le Conseiller Avente. Oh, bien sûr, une telle victoire aurait satisfait son ego, mais si l’on était honnête quelques instants, Claudius n’y aurait trouvé aucun mérite, si ce n’est l’humiliation pure et simple d’un homme de l’Alliance.

En l’occurrence l’humiliation de l’Alliance était une perspective qui faisait toujours sourire l’Empereur, mais … Aujourd’hui c’était différent. Certes, Ilhan n’était pas l’ami de Claudius, et il était sûr qu’eux deux continueraient à essayer de se faire des crocs-en-jambe à l’avenir, mais il y avait une chose que Le Havremont estimait plus que tout, c’était l’engagement envers une patrie quelle qu’elle soit. Quoi que pensait Claudius de la personne d’Ilhan, celui-ci avait été une véritable pierre angulaire de Délimar depuis sa construction par les anciens traitres qui la composaient, et il suffisait de descendre dans les rues pour le comprendre.

Voire, il suffisait d’écouter les réactions du public quand Claudius encaissa le coup sur son épaule, et mima une chute des plus remarquables – se rappelant au passage de ses plus belles « bagarres » mémorables avec Julius quand celui-ci était un jeune enfant, où il avait déjà fait ce genre de chutes – pour laisser la part belle à Ilhan. Les gens l’aimaient, il était une voix qui avait toujours été respectée, contrairement à d’autres que la population avait fini par rejetée. Et probablement que lui aurait eu toute sa place en tant qu’Intendant de Délimar s’il l’avait désiré. C’est pour toutes ces raisons éminemment politiques, mais aussi ô combien personnelles qu’il fallait laisser Ilhan faire une bonne sortie.

Car Claudius se disait qu’il n’y avait pas pire que de se faire tuer lâchement, ou de se faire humilier devant sa foule alors qu’une passation de pouvoir était en cours. Du moins, s’il devait perdre son poste d’Empereur un jour, Le Havremont se disait qu’il aurait bien aimé faire une sortie de la même façon qu’Ilhan le faisait aujourd’hui.

Quand bien même ne s’appréciaient-ils pas, c’était la moindre des choses. Il y avait d’autres temps pour les pourparlers, la vraie guerre, et tout ce que cela engendrerait. De toute façon, Alliance et Empire étaient plus que jamais voisins : il se recroiseraient fatalement.

Alors que Ilhan savourait le moment en faisant son discours, et que le peuple applaudissait et scandait son nom, L’Empereur se releva tranquillement, prenant le temps de se remettre les idées en place : même s’il n’était pas encore totalement un vrai guerrier, il était forcé de reconnaître qu’Ilhan avait un bon terreau, en ayant quelques tours de passe-passe impressionnants. Peut-être que couplé avec d’autres choses, cela aboutirait à un style concluant. Claudius faisait confiance aux entraîneurs qu’Ilhan pourrait rencontrer plus tard.

Quand Ilhan eut fini de prononcer ses quelques mots, et qu’il tendit sa main à l’Empereur, Claudius l’empoigna chaleureusement, avant de faire à voix haute :

« Par ma voix, L’Empire remercie votre engagement pour Délimar, Conseiller Avente. Il ne sera pas oublié et je pense que le souvenir de vos années ici vivra tant que toutes ces personnes et leurs descendances vivront ici. » … Au grand déplaisir de Claudius, probablement, si une nouvelle révolte venait à gronder ici. Mais il devrait faire de son mieux avec Minerva pour aménager au mieux les mois qui suivront pour cette rencontre. « Si vous ne pouvez pas rester en ces murs, je pense que vous avez largement mérité un titre de personnalité d’honneur de la ville, et je m’engage à le proposer à votre intendante. »

Claudius avait eu ouï-dire qu’Ilhan avait eu nombre de problèmes quant à la question de sa citoyenneté, et l’Empereur avait toujours trouvé que c’était là une aberration du système. Ce titre de « personnalité d’honneur », purement honorifique, pourrait peut-être être accepté plus facilement, et était en accord avec les valeurs promus par L’Empire, et était un bon moyen de promouvoir autrement l’engagement envers une cité impériale, sans s’attacher à des questions de citoyenneté, pouvant être difficile pour une classe de population particulière. Il en discuterait avec le Conseil de Délimar.

Claudius posa sa deuxième main sur la poignée, avant de finir son discours :

« Bonne route, Prince-Consort Avente. Nous ne vous oublierons pas, et nous nous retrouverons pour sûr bientôt. »

Sur ces quelques mots, Claudius fit un petit salut au public, avant de tourner les talons et de partir, laissant peut-être Ilhan profiter encore quelques instants.

Aux grands hommes, la patrie reconnaissante.

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