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- Et là, on rajoute une tour, comme ça on pourra voir tout les méchants arriver. Tu en penses quoi ?

- J'en pense que ton château devrait être encore plus grand.

- Mais... ou je fais une très grosse tour ? Ou attend, je vais faire la tour la plus haute que j'ai jamais faite.

Le sable se mouvait comme s'il opérait le plus jolie des ballets autour de l'enfant et de son Nounou Nounours qui malgré son immobilité portait un air sceptique sur la tête entre deux boutons et deux ficelles.
Une muraille apparut dans un coin, un trou se forma dans un autre et lorsque Ulmo le demanda, une vague immense de sable s'ajouta dans le grand bac faisant rire aux éclats Ulmo Elusis.  

L'enfant se releva avec peine alors qu'il était presque ensevelis sous les grains dorés, attrapant par la même occasion la peluche en forme d'ours, qui avait le don de lui répondre, offert par l'un de ses grands frères.

- Viens Nounours, tu seras le premier à être en haut de la tour.

- Je...ne crois pas que se soit une bonne idée.

Sans prendre la peine d'écouter la peluche, Ulmo commença à former un monticule de sable en plaçant Nounours au milieu. Nounours s'éleva. S'éleva. Encore, oh, et encore jusqu'à ce que le sable n'arrive qu'à quelques centimètres du grand plafond.
Les joues rougit par la concentration, Ulmo constata alors que la peluche penchait d'un côté prête à tomber. Avant la chute, le petit vampire laissa tomber tout le sable qui se déversa avec force autour de lui en lançant des petites gerbes de grains pour rattraper Nounours dans son saut légendaire. Ulmo bondit à l'arriver de son compagnon et le rattrapa dans les airs avant de venir faire une magnifique galipette dans le sable en explosant de rire.

- Ça mon ami, c'est le début de ton entraînement pour apprendre à voler. Tu dois être trop content ! Articula Ulmo entre deux éclats allongé au milieu du bac à sable.

- Un véritable dragon je vais devenir !

- Tu vois, toi qui avais peur...

 
Essoufflé par toutes ces actions, Ulmo resta un petit moment à souffler bruyamment tout en s'enfonçant dans le sable avant de se redresser vivement faisant voleter autour de lui le sable accroché à ses cheveux.

- En parlant de dragon ! Tu crois que Nahui aimerait venir jouer dans le bac à sable ? Peut-être que si je lui fais un trésor à trouver elle accepterait ? Ou alors, non je sais, il faut qu'elle vienne m'aider à construire mon château. Avec son aide, je suis sûr qu'il sera incassable ! Et puis après je pourrais peut-être monter sur son dos et on volerait ensemble au-dessus de notre royaume de sable !

Levant les yeux au ciel avec un air complètement rêveur, Ulmo soupira longuement en s'imaginant ouvrir les bras sur la magnifique et superbe dragonne argenté d'Aldaron. Puis revenant peu à peu à la réalité, l'enfant fronça les sourcils en prenant un air déterminé sur le visage. Avant toute chose, il devait trouver Nahui, et quelle était cette épreuve qu'il venait de se donner tandis que les rayons de la lune s'infiltrait dans l'une des fenêtres de la pièce.

- Viens Nounours ! On a une mission de la plus haute importance à faire.

Sans attendre, Ulmo sortit du bac à sable en laissant des traînés derrière lui tout en plaçant la peluche de part et d'autre de son cou.
Les petits pieds frôlant le parquet, puis trottinant sur les tapis, Ulmo jeta un coup d'oeil dans toutes les pièces ouvertes qu'il trouvait tout en jetant un : « Nahui ? » ici et là.

- Nahui ? Nahuiiii ? NAHUIIIIII ?

Rien à faire, la dragonne n'était pas à l'ordre de répondre à son appel. Elle ne pouvait tout de même pas être partie voler dans la nuit ? Ou est-ce qu'il pouvait bien trouver la dragonne de glace et de merveille ?
S'asseyant une minute l'air boudeur, un domestique passa dans le couloir en lui jetant un regard intrigué. Ce qui développa chez Ulmo une soudaine idée quant à la cachette que pouvait avoir la dragonne. Les dragons aimaient manger, en même temps pour être aussi grand et fort, il fallait manger au moins cent cauchemars, au moins !

Imitant la technique du crabe pour longer les murs avec la furtivité digne du plus grand espion de tout les temps, Ulmo arriva en se cachant derrière la porte comme si sa vie en dépendait de la réserve. Soufflant, inspirant, Ulmo ouvrit la porte avec l'énergie la plus folle et il ne s'attendit pas à ce qu'une femme travaillant aux cuisines ne se trouve dans la grande réserve.
Celle-ci poussa un cri si fort qu'Ulmo ressentit la peur de l'adulte lui transpercer les tympans. Faisant une mou déconfite, Ulmo n'écouta pas la cuisinière reprendre son souffle et lui dire oh combien elle venait de lui faire peur. Il attendit qu'elle parte avec un plateau chargé d'aliments peu ragoutant aux yeux de l'ast qu'il était pour enfin commencer à chercher la dragonne dans la pièce. À coup sûr elle aurait pu faire la taille d'un petit pois pour s'amuser avec le riz. Ulmo ouvrit les pots, renifla des aliments étranges en entamant un jeu malgré lui en faisant mine de faire goûter des choses à Nounours posé sur la table. Vînt alors le moment irréel aux yeux du petit vampire lorsqu'il attrapa une boîte de cookie et qu'il trouva à l'intérieur la belle et toute mignonne Nahui somnolant entre les biscuits. Somnolant... peut-être avant qu'il n'ouvre la boîte.

- NAHUI ! Je te cherche depuis des heures ! Mais qu'est-ce que tu fais ici entre des pépites et du beurre ?


Il était si fasciné qu'il en oubliait presque pourquoi il cherchait la dragonne depuis des lustres. Quel dragon avait son père adoptif ! Une véritable force de la nature caché dans un si petit espace.

- Comme quoi, haHAAA je t'ai trouvé ! Vraiment Nounours on peut être fier de nous.

Ulmo regardait avec des yeux admiratifs la boîte qu'il commençait déjà à sortir de la réserve avec avec une folle rapidité pour quelqu'un qui marchait.

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Jadis, ah, jadis… La vie de Nahui avait été belle. Elle avait, durant un faible laps de temps, été l’unique enfant d’Aldaron à la maison. La seule merveille à chérir pour lui, et pour toutes les autres personnes de la maisonnée. Puis les enfants avaient commencé à vivre avec lui. Certains requéraient son attention. Comme ils étaient important pour Lié, Nahui avait concédé autant qu’elle le pouvait le temps de ce dernier.

Il était néanmoins des points sur lesquels elle ne s’était engagée. Notamment, sa propre présence auprès des bipèdes juvéniles. Pourtant, le petit dernier persistait à vouloir de sa présence en plus de celle de son parent d’adoption. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il respecter ses si précieuses limites, comme tout bon bipède ? Pourquoi ne comprenait-il pas quand elle demandait qu’il aille plutôt jouer avec la poussière du placard abalé ? Pourquoi était-ce si complexe de communiquer avec lui, pour commencer. Quand elle s’essayait à sa communication par émotion, la plus instinctive, celle que l’on pouvait croire la plus universelle, Nahui avait l’impression que l’enfant trouvait tout juste cela amusant, sans davantage prêter intérêt au contenu du discours. Quand elle s’essayait aux mots bipèdes… soit son cerveau encore neuf ne comprenait pas, soit il s’évertuait à n’entendre que ce qu’il voulait entendre.

Que pouvait-elle faire ? Elle n’allait tout de même pas malmener le si précieux Petit de Lié ! Il allait pleurer. Lié avait tenté de lui dire d’être patiente, d’essayer d’être son amie. Il lui avait dit de lui expliquer gentiment. Parfois, dans un élan de pitié, il venait la sauver des griffes de ce terrible oppresseur.
Elle ne pouvait rien y faire, pas même en vouloir à Lié. Alors elle contemplait son existence et ses choix, essayait de se rassurer en se disant qu’il valait mieux ceci plutôt que ressembler au Rouge Grognon. Elle profitait de ses quelques instants de répit, de solitude, et tous ces moments qu’ils passaient loin de cet insupportable larve de bipède.

Ce fut ainsi que pour sa sieste elle se retrouva, du haut de ses quinze centimètres de haut, enfournée dans une boîte à biscuits, le couvercle à moitié glissé au-dessus d’elle du bout de la queue. Là, l’affreux n’irait pas la chercher. Ce genre de nourriture ne l’intéressait pas. Elle, en revanche…Toute carnivore qu’elle était, elle s’était tout de même essayée à manger son lit, après avoir usé de cet objet fort pratique qui changeait une cible en bavette. Quoi de mieux qu’une bonne digestion pour accompagner une sieste ?

Nahui était une image bénie. Une immaculée beauté aux courbes parfaites, dont les côtes se soulevaient et s’abaissaient au rythme serein de ses rêves. Une aura de bonheur l’entourait. Quel être, doté d’émotions, d’empathie, ou d’un tant soit peu de cet organe qui permettait de reconnaître les instants sacrés du monde, aurait osé la déranger ?
Ce fut ainsi que la dragonne déduisit qu’Ulmo n’avait ni coeur ni cerveau. Un grognement rauque fit vibrer tout son petit corps. Les flammes bouillonnaient dans sa bouche, mais elle n’en fit rien. Elle ne pouvait rien en faire. Si elle blessait le petit Ulmo, Lié allait prendre sa défense. Ce serait la fin des haricots. Non pas qu’elle s’inquiéta desdits légumes, mais Lié avec expliqué que la fin des haricots impliquait aussi la fin des bavettes.
Déjà son bocal se déplaçait, et par l’Esprit-Dragon, comment une si petite créature pouvait être aussi bruyante ? Par chance son artefact magique ne s’y était pas encore mis, mais Nahui savait très bien qu’à eux deux, ils pouvaient remplir tous l’espace sonore d’une pièce. A vrai dire, elle était prête à parier qu’ils aspiraient également toute l’énergie d’une pièce. Et pour quoi faire ? Pour sauver le monde ? Pour rendre Lié plus puissant ? Non. Juste pour dépenser son temps d’existence en de vaines activités. Sur le ton d’une profonde et morose lassitude, Nahui grogna :

“- Tu ne veux pas plutôt reposer mon bocal ?” Mais comme les phrases qui ne contenaient pas le mot “jouer” n’existaient pas aux oreilles de ce maudit animal, elle corrigea : “J’ai une super idée. On va jouer à la sieste. Le premier qui s’endort a gagné.” Il n’y avait aucune chance pour qu’il tombe dans le panneau. Elle avait déjà utilisé ce stratagème deux semaines plus tôt. Environ. Le temps paraissait parfois infini. “Ou alors… Tu pourrais me faire un nid. Un nid avec plein de coussins. C’est une bonne idée, non ? Tu pourrais ramasser tous les coussins de la maison, et m’en faire un nid.”
Peut-être que cela forcerait Lié à trouver un nouveau jouet pour occuper sa maudite progéniture…

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Les petits pieds foulant les couloirs à un rythme régulier presque précipité à certains endroits, Ulmo  jetait des regards au fond du bocal à biscuit avec une passion sans faille. La dragonne qui avait le don de devenir toute petite ou bien très très très grande fascinait l'enfant et se n'est qu'en écoutant qu'à moitié les premiers mots de Nahui qu'il l'embarqua dans des bifurcations : direction la salle de jeu et le grand bac à sable.

- Ce que tu es drôle, pouffa l'ast en entendant la proposition de jeu de la magnifique. Mais Nahui, la sieste, c'est pas un jeu ! Enfin... tu me diras tes rêves doivent être un délice mais nan j'ai plein d'idées pour que l'on s'amuse beaucoup Nounours toi et moi. Tu vas voir ! En plus je te cherche depuis longtemps, j'ai cru une seconde que tu te cachais vraiment haha.

Le vampire le plus guilleret du monde, Ulmo amena enfin la dragonne d'Aldaron dans la fameuse salle de jeux, balayant d'un rire la dernière tentative de Nahui. Posant le bocal au bord du grand bac à sable, l'enfant installa Nounours à côté et s'assit en tailleur pour observer une seconde sans un mot la splendide créature.

- Tu es vraiment très jolie Nahui. En tout cas papa, enfin Aldaron, à vraiment de la chance de t'avoir. Tu crois que moi aussi je pourrai avoir un dragon à moi ? Tu imagines ? Han qu'est-ce que j'aimerai bien. En plus il pourrait jouer tout le temps avec moi, et puis il pourrait me protéger, comme Nounours mais en crachant du feu et tout ! Oui, j'aimerai vraiment beaucoup avoir un autre ami dragon. Mais je t'ai déjà toi et j'ai beaucoup de chance. Et puis d'ailleurs, y a combien de dragon autre que toi ? Tu crois qu'il y en a un qui pourrait aussi devenir mon ami ? Hein dis ? Se serait chouette.

Puis, comme si une ampoule venait de s'allumer dans sa tête, l'ast se rappela pourquoi il avait au tout début de cette histoire, voulut trouver Nahui.

- Nahui ! On va construire un château là-dedans déclara t'il avec tout le sérieux du monde en montrant du doigt le grand bac. Et puis je vais aussi te faire un grand nid tu veux bien ? Dis, tu veux ? Regarde...

L'enfant se redressa pour faire une galipette et atterir les fesses dans le sable avant de se tourner vers le bocal en fronçant les sourcils.

- Oh Nahui, tu veux bien devenir grande ! Très grande ! Enfin non, enfin pas trop quand même, comme moi quoi, et comme ça on va pouvoir entamer la construction. Je verrai bien le donjon ici, et là-haut je te fais une grande tour ou tu pourras dormir ?

Ni une, ni deux, Ulmo commença de ses mains et de sa magie à faire danser le sable autour de lui pour rendre heureuse Nahui et lui concocter le plus beau des châteaux.

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Dans l’esprit de Nahui, donc dans celui d’Aldaron aussi, la dragonne poussa un long râle d’agonie, une plainte douloureuse, une supplique au Destin. Pourquoi, pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ce soit elle, l’élue du coeur de ce nexus de chaos ? Pourquoi fallait-il que la pertinence de ce bipède juvénile ne se montrât qu’aux moments où nul n’avait besoin d’elle ?

Le choc fort peu délicat du bocal contre une surface indiqua à la Liée des Cendres qu’elle venait d’être déposée. Ses écailles vibrantes d’agacement contenu, Nahui ondula hors de ce qui avait été un havre de paix pour atterrir sur le sol. Le bac à sable et le nounours étaient deux objets de magie qui lui étaient clairement discernables. Il n’était donc plus question d’y réchapper. Si elle faisait la morte et se laissait bêtement manipuler, est-ce que cela finirait plus vite ? Est-ce que le marmot se lassera plus vite ? Par l’Esprit-Dragon, elle n’était pas faite pour cela. Les dragons, eux, avaient tôt fait de laisser leur progéniture voler de leurs propres ailes - quand ils ne les refilaient pas à un bipède pour que ce dernier subisse ses premières flammes à leur place. Voilà qui était bien heureux : sans cela, l’existence même d’Ulmo aurait pu suffire à retirer à Nahui toute envie de tenter quoi que ce soit avec un autre dragon.

Le terrible enfant commençait à réclamer plus encore d’amis dragons. En aucun monde elle ne pouvait infliger cela aux siens. À moins que…

“- Oui. Je pense que Verith de l’Ire, le Grand Dragon Rouge, serait très attendri en te voyant. Tu pourrais t’en faire un ami.”

Ah, elle était si cruelle. N’était-ce pas un juste prix à payer pour quiconque troublait sa tranquilité ? Ne pouvait-ce être un exemple pour les autres ? Nahui soupira intérieurement. Aldaron lui avait suffisamment conté d’histoires de bipèdes pour qu’elle devinât que les exemples ne fonctionnaient jamais.
Le marmot voulait qu’elle grandisse. Pour quoi faire ? Avait-elle l’air d’une sculptrice ? Avait-elle l’air d’avoir des MAINS ? Non, ce devait être autre-chose. Peut-être voulait-il un ordre de grandeur. Faire le plus grand possible pour être adapté aux plus de Nahuis possibles. Hélas, la dracène doutait que le bac à sable puisse un jour accueillir ses cent mètres de haut. De long ? Elle ne savait plus. Elle savait juste que le don de sa mère la portait à de grandes tailles.

Nahui prit quelques mètres en plus. Elle s’étira de tout son long, comme pour dénouer des muscles restés trop longtemps roulés en boule. Lentement (pourquoi se serait-elle pressée ?), elle s’avança, pour s’assoir au milieu du bac à sable. Là, elle redressa la tête, frôlant le plafond du bout du nez. Elle resta immobile, sage, laissant Ulmo concevoir le château selon ses désirs. Mais par la contrainte qu’elle lui imposait, le château se devait d’être grand. Très grand. Elle était patiente, et elle avait peut-être une idée, un espoir, une tentative peut-être vaine d’user l’énergie de ce foutu garnement pour enfin pouvoir faire la sieste. S’il pouvait en tirer quelques enseignements draconiques au passage, tant mieux pour lui ; elle ne comptait pas énoncer la leçon en mots.

Lorsque la magie s’apaisa, annonçant la fin de la construction, Nahui prit immédiatement sa taille la plus petite, et s’élança dans le sable, ses narines presques fentes, pour s’enfoncer et se cacher dans les murs de son nouveau château. Ah oui, très très bien ce château ! Elle était plus ou moins à la base de ce dernier. Elle attendit qu’Ulmo s’approche pour se carapater à toute allure, toujours dans les murs du château, le forçant à faire tout le tour de ce dernier pour espérer la rattraper. Elle réitéra l’opération plusieurs fois, montant lentement dans les étages, traçant malgré elle des couloirs forts adaptés dans cette nouvelle antre.

Son manège s’arrêta lorsqu’elle fut hors d’atteinte des papattes d’Ulmo, même si celui-ci faisait de petits bonds. Là, elle remua un peu le sable, jusqu’à faire un trou dans le mur par lequel l’air pouvait rentrer. Son popotin s’agita pour creuser un nid circulaire à cet endroit. Voilà. Là on pouvait parler de confort ! Au fond, peut-être que ce petit Ulmo était bien brave et bien serviable… S’il la laissait dormir de nouveau.

“- Mh. Merci. Je dois reconnaître que ce château est à mon goût. Il est temps pour moi de reprendre mes activités. Ne veux-tu pas aller chasser ? Il y a des rhinocéros laineux sur cette île, et ils sont sans doute délicieux.”

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Des tours commençaient à apparaître ici et là dans le sable. Il y en avait pour toutes les architectures. Toutes les tailles et honnêtement, le château ne ressemblait pas tellement à quelque chose de véritablement habitable. MAIS ! Il y avait bien de la place pour héberger une magnifique et brillante dragonne aveugle.

- Oh attend, je vais également faire un coussin gigantesque là-haut.

À son espoir de rencontrer tout les dragons de la terre et de pouvoir voler sur leurs dos. Car oui, bien qu'il n'en ai jamais parlé, c'était bien son but ultime n'est-il pas ? Nahui lui donna le plus grand des espoirs au nom de Verith de l'Ire.

- Le... Grand Dragon Rouge dis-tu ? Hannnn Verith. Il faut absolument que je retienne ce nom dans ce cas ! Et aime t'il les grands châteaux de sable lui aussi ? Il est grand comment ? Très très grand ? Il doit être aussi beau que toi ! Je pourrai le rencontrer bientôt j'espère.

Il ne s'arrêtait jamais de parler. S'imaginant déjà voguant sur un splendide dragon rouge en caressant les nuages du bout de ses doigts, ha quelle sensation merveilleuse.

- Il est lié lui aussi ? À qui alors ?

Tout en continuant sa sculpture, Nahui prit grand plaisir à changer de taille pour émerveiller encore plus qu'il ne l'était déjà l'enfant arrêtant une seconde son travail.

- Bravo ! Tu es trop forte ! J'ai bientôt fini Nahui de la lune.

Une dernière finition ici, une petite boucle là et Ulmo claqua des doigts en levant les mains en l'air pour achever sa magnifique bâtisse. Certes elle penchait d'un côté. Et alors ? Elle était belle quand même.

Tournant son visage illuminé vers la grande Nahui, celle-ci était déjà en train de devenir riquiqui. Ouvrant la bouche d'un air interrogateur, Ulmo regarda la dragonne filer à l’intérieur de château à toute vitesse avant de froncer les sourcils.

- Eh !

Trop tard, la dragonne s'était déjà volatiliser. Avançant accroupi dans le sable, Ulmo arriva à son entrée de taille et pénétra dans la bâtisse. Bâtisse, plutôt tout à fait correct et voir même jolie !

- Nahui ? On joue encore à cache-cache ?

Au plaisir du vampire, le petit crapahuta dans les couloirs de sables en imaginant suivre à la lettre les recommandations de la dragonne.

- Mais si je vais chasser les rhinocéros, y aura plus personne pour jouer avec toi. On pourrait peut-être  y aller ensemble ?

Arrivant dans une nouvelle pièce plus haut encore, Ulmo trouva Nahui dans le trou d'un mur, déjà en train de se rendormir. Encore !

Se taisant pour la première fois, Ulmo se pinça la lèvre inférieur avant de travailler le sable pour créer un petit escalier dans le mur et carrément par la suite une véritable petit cavité pour laisser de la place à une seule petite dragonne et un enfant pas sage.

Montant les escaliers, Ulmo ne se fit pas prier pour s'allonger à côté de Nahui en regardant le plafond de sable dessinant déjà quelques dessins rassurant sortie tout droit de l'esprit du vampire. De là, l'enfant laissa place au silence un moment. Fermant les yeux pour se concentrer sur la respiration de la dragonne en savourant ce petit moment à côté de sa merveilleuse amie.

- Dis... Nahui ? Est-ce que tu m'aimes ?

Soudain devenu timide, l'enfant leva une main vers les arabesques sculptés dans le plafond de la cavité.

- Est-ce que tout les Elusis sont... contents que je sois venu ici ?

Discussion soudainement sérieuse, ces questions, voilà un moment qu'il se les posaient. Car il était arrivé, on l'avait recueillit sans demander l'avis de personne. Avait-il vraiment sa place ici ?

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La question était terrible. Dramatique, même. Tournant brièvement son esprit vers Lié, Nahui comprit très vite que l’honnêteté n’était pas de mise.
Allez, si elle était sincère envers elle-même, elle ne détestait pas complètement ce petit être. Certes, il était agaçant, il avait une tendance affreuse à considérer ses sentiments avant ceux des dragons, il était stupide et manquait de connaissances qu’un dragon de trois jours aurait… Mais elle pouvait lui concéder que, parfois, éventuellement, tous les trois mois, si les astres étaient bien alignés, le ciel clair et l’humidité ambiante correcte, il pouvait être d’une compagnie globalement tolérable et, si la granularité du sol et la pression atmosphérique atteignaient certains niveaux, il pouvait même être plus ou moins attendrissant.

Cela ne laissait pas une très large fenêtre de manoeuvre. Lié lui marmonnait que les jeunes bipèdes avaient besoin d’encouragement pour s’améliorer… Nahui lui fit part de son dépit quant à ce point. Les dragons, eux, étaient prêts dès leur naissance, leur moral fort comme les montagnes. Les enfants des cieux et des flammes pouvaient quitter leurs parents dès l’aube de leurs jours pour aller s’encanailler avec leurs Liés sans y perdre quoi que ce soit. Ne pouvait-on point habituer les bipèdes à réagir de même ? Non ? Bah ! Que ce monde était mal fait.

Elle avait espéré qu’à jouer avec le sable en silence, l’enfant finirait par s’endormir. Puisque ce n’était le cas, puisqu’il était préoccupé par des questions somme toute normales pour un non-Lié, il allait falloir répondre, si elle souhaitait ne pas se faire secouer. Grandissant son esprit au-dessus du sien, comme un moyen de le toiser sans avoir à bouger.

“- Pourquoi est-ce important ?” Ses pensées ressemblaient à des mots bipèdes. La Liée de Cendres caressait l’espoir que cela soit plus précis pour le petit esprit du marmot que lui transmettre la leçon telle quelle. Néanmoins, cela impliquait pour l’aînée de prendre davantage le temps, trouver comment formuler ce qui lui était instinctif. Le ton de sa voix s’en trouvait très… Neutre.

“- L’amour, la haine, le manque d’intérêt, l’adoration, le mépris… Pourquoi est-ce que ce que pensent les autres t’est important ?” La pointe de sa queue battait mollement le sable devant son nez. Nahui était roulée en boule, à la manière d’un grand chat… Ou d’un girafon. La tête posée sur sa propre croupe, les yeux clos. “Leurs pensées ne changent rien à ta réalité. Qu’ils te jugent sous un angle ou un autre. Ils n’auront jamais l’intégralité de ce que tu as pu vivre et voir, tes raisons, tes émotions. Leur avis ne doit pas changer ce que toi tu peux penser de toi-même, ni les valeurs qui t’animent.” Comprenait-il le mot “valeurs” ? D’expérience, Nahui savait que les bipèdes eux-mêmes ne comprenaient pas certains de leurs mots. Ah, s’ils avaient disposé d’une mémoire ancestrale commune ! “...Les valeurs, ce sont les raisons qui font que tu choisis certains actes plutôt que d’autres. Protéger ta famille plutôt que la trahir, par exemple.”

Elle arrêta là sa définition, déjà ennuyée de l’exercice. Prenant son temps, elle transmit à Ulmo une émotion qui disait “attendre” : l’idée de retenir quelque chose, en suspens, avant la suite. Elle n’avait pas envie de devoir interrompre ses babillages pour reprendre la parole, mais avait également besoin de quelques instants pour faire sa toilette. Un besoin impérieux, immédiat, qui nécessitait une grande concentration !
Non, bien sûr que non. Nahui voulait juste profiter de quelques secondes de silence et de calme bien méritées.
Elle le fit tout de même en prétendant mordiller ses griffes, à la façon des félins. Lorsqu’elle estima prendre trop de risques quant à la patience du petit, elle reprit :

“- Mais si tu veux vraiment savoir…”

Un nouvel instant de silence plana, étirant les lèvres de la dragonne. Si le mouvement musculaire en lui-même venait directement de son Lien, le résultat, sur une gueule draconique, paraissait bien plus menaçant. Pourtant, c’était avec un amusement tout à fait enfantin qu’elle faisait mariner Ulmo, pour une réponse qui… Ne viendrait pas. Pas sous la forme escomptée, en tout cas.

“- Mieux vaut que tu trouves la réponse par toi-même. À ton avis, que te faut-il croire et percevoir : les gestes, ou ce qui t’est communiqué ? Te souviens-tu de moments où les Elusis ont eu des gestes d’amour envers toi ? Des gestes de haine ? Des mots d’amour ? Des murmures de haine ?”

Voilà. Là, il allait sans doute baragouiner un peu, de cette façon maladroite et bruyante apparemment commune chez les petits bipèdes. Quoi qu’il trouvât, Nahui n’en serait pas responsable et, le temps qu’il parvienne à ses conclusions, elle avait tout le loisir de rouler sur le dos, s’étirer de tout son long, et profiter de nouveau de ce divin soulagement des muscles au repos.

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Allongé contre la magnifique dragonne, Ulmo continuait de dessiner avec son esprit les arabesques dans le sable doré au dessus d'eux. Des courbes là, quelques formes florales par ici tout en écoutant de ses oreilles pointus les paroles graves de Nahui.
À sa première écoute, le petit fronça les sourcils face aux mots et questions directes que lui souffla la dragonne.
Important. Pourquoi était-ce important ? Aimer et être aimé devait être important non ? Mais alors que Nahui poursuivait, Ulmo se détacha peu à peu des arabesques qu'il dessinait toujours pour venir coller son nez contre Nahui pour essayer de voir quelque part sa tête. Au fur et à mesure qu'elle expliquait sa leçon, Ulmo comprenait où est-ce qu'elle voulait en venir. La réalité était qu'il comprenait même très bien la leçon, laissant un silence profond à la demande patiente de Nahui.
Face aux réponses si censé de la dragonne, Ulmo de ses 5 années d'âges encore elfique se sentait soudainement stupide d'avoir poser une telle question. La réponse semblait si évidente et pourtant, si il avait posé la question, c'est bien qu'une part de lui se tracassait de la réponse depuis son arrivé à Cendre-Terre.
Mais alors que Nahui reprenait, Ulmo raidit ses doigts en levant de nouveau les yeux vers le plafond de sable. Souriant avec légèreté, Ulmo n'avait que des souvenirs paisibles depuis sa venue sur le territoire vampirique. Certainement nulle haine, ni aucun sentiment néfaste. Non, ses yeux innocents d'enfant casse-cou vivait l'instant présent et s'occupait l'esprit à chaque instant.

C'était réel et Ulmo n'osa rien ajouter quant aux mots de la dragonne. Il se sentait bien, presque apaisé d'avoir entendu pareil chose en ce jour. Oubliant même tout ce qu'il avait élaboré pour faire de Nahui une future reine olympique du grand tournoi des jeux, inventé il y a de cela 5 minutes seulement. Non, il se sentait si tranquille qu'il se vit fermer les yeux pour n'écouter que la respiration de la dragonne à ses côtés.

- Merci Nahui chuchota t'il.

Le silence s'installa. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Et des dunes apparurent soudainement dans son imagination le faisant sortit de ses rêveries. Fronçant les sourcils, il ne pouvait rester calme plus longtemps sinon... Non, il devait s'occuper l'esprit.
Roulant pour venir se recoller contre Nahui, qui s'était discrètement éloignée, Ulmo tâtonna ses écailles gentiment.

- Nahui ? Tu dors ? Nahui ? J'aimerai te poser une dernière question s'il te plaît.

Attendant un peu, Ulmo tapota une nouvelle fois ses écailles.

- En fait, comment tu as rencontré Aldaron ? Et vu que tu vis ici, ta famille, enfin tu dois avoir des parents ? Est-ce que vous êtes liés autant que le sont les familles des humains ? J'aimerai entendre ton histoire continua t'il de chuchoter en reposant sa tête contre le corps de la dragonne. S'il te plaît.

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Le temps pouvait se distordre. En bonne compagnie, il pouvait compresser les heures en secondes. Dans la douleur, il étirait les minutes en jours. Cependant, Nahui ignorait la duplicité du temps, sa capacité à être éphémère et éternel à la fois. Peut-être que ses ancêtres avant elle l’avaient expérimenté, peut-être même aurait-elle pu le découvrir au sein de la mémoire commune aux siens. Il apparaissait néanmoins que, pour les mêmes raisons qu’elle bientôt, ils avaient davantage recherché à enterrer ce savoir et les instants qui y étaient liés, dans l’oubli.

Aux remerciements murmurés d’Ulmo, le coeur de la dragonne s’était gonflé d’un espoir incrédule et incroyable. Etait-ce donc cela, le secret pour avoir la paix ? Confier aux jeunes bipèdes quelque nourriture pour leur esprit immature, et laisser l’immensité de la sagesse draconique engourdir leur esprit de fatigue ? Par l’Esprit-Dragon. L’eut-elle su plus tôt….
La première seconde se hanta d’incertitude. Jamais elle n’aurait admis cela possible. Jamais elle n’aurait cru pouvoir mettre dans une même pièce Ulmo et le silence. Ce n’était pas même le pseudo-silence des individus qui se taisent mais s’agitent. L’enfant était immobile. Ses lèvres étaient closes. Sa gorge était au repos. Peut-être même contemplait-il véritablement sa vie intérieure. De cela, Nahui se moquait, tant que l’effet constatable dans le monde physique demeurait identique. Pour la première fois, Ulmo laissait sous-entendre que peut-être, possiblement, il possédait en lui autre chose que de l’énergie pure mue par un esprit encore incomplet. L’impossible, tout au long de cette seconde, s’étiola pour devenir possible.

La seconde suivante s’emplit de grâce et de remerciements. Enfin, autour d’elle, et en elle, Nahui ressentait cette accalmie pour ce qu’elle était. Sans être baptistrelle - de piètres mimes de l’omniscience draconique , elle devinait que l’harmonie se trouvait là, dans un univers où le marmot cessait d’envahir l’espace. Les Huit lui en étaient témoins, et l’Esprit-Dragon lui-même se faisait sans doute créateur d’une telle perfection. Retrouver une paix perdue, un ordre originel, portait en la dragonne une reconnaissance qui s’étendait à ses seuls supérieurs. Son souffle se fit fort, comme ces soupirs endormis, de l’air qu’elle inspirait avec délice. Le silence lui donnait une saveur à nulle autre pareille.

Puis vint l’ultime seconde. Elle aurait pu être identique à la première, si les sens draconiques n’avaient été aussi développés. Les subtils mouvements du bambin suffirent à briser le coeur de Nahui. Aussi hauts que ses espoirs s’étaient envolés, ils churent, plongeant l’humeur de la dragonne dans un désespoir, baigné d’un hurlement d’injustice. Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi le monde était si cruel ? Qu’avait-elle fait pour mériter ceci ? Etait-ce donc cela, un monde abandonné par les Huit ? N’y avait-il donc plus rien qui n’aie de sens ?
Ce subtil espoir qu’elle avait eu, d’être déçue, de se tromper, mourut avec le silence. Alors, mentalement, ce fut un cri, une lamentation aux racines profondes, qu’Aldaron dut recevoir. Elle pleurait encore mentalement une véritable plainte à ses ancêtres quand son Lié lui demanda si, à tout hasard, elle n’exagérait pas un tout petit peu. Quelle offense ! Elle, exagérer ? Jamais. Ses sentiments étaient légitimes, quels qu’ils furent. Elle était malheureuse. Et seule, dans son malheur, de toute évidence.

Ulmo tapota ses écailles, la ramenant à l’instant présent et sa dramatique réalité. Il lui fallait encore feindre la bonté et la mansuétude à l’égard de ce sans-écailles. Eut-elle eu l’esprit un brin moins solide, sans doute n’aurait-elle su le faire.
Au moins le marmot eut le bon goût d’appeler un sujet qui rendait la chose moins pénible, moins difficile. Pour être honnête, Nahui tentait encore d’estimer s’il s’agissait là d’un véritable calcul, ou d’un peu de chance. Elle était bien trop lasse pour croire à une hypothèse ou une autre, avait tout juste la foi de concéder l’existence de la chose. Son corps s’affaissa contre le sol, comme un corps endormi aurait pu le faire… Ou comme un tas de brindilles sans volonté pouvait le faire.

“- Quand j’étais dans mon oeuf, j’ai senti la présence d’Aldaron non-loin. J’avais besoin de lui pour naitre. Un jour quelqu’un a eu la riche idée de nous mettre tous deux dans la même pièce. Alors j’ai pu lui dire que j’étais là pour lui, qu’il était là pour moi, et…” Et il avait pu l’aider à briser une coquille d’oeuf qui avait été beaucoup trop renforcée par une dragonnette blessée avant même d’être née. Mais est-ce qu’elle irait conter ce moment de faiblesse au petit humain ? Jamais. Les dragons lui étaient supérieurs, c’était là tout ce qu’il devait savoir. “Le Lien unit deux êtres lie immanquablement leurs âmes. Une âme, brisée, partielle, vit comme tu vivrais si tu n’avais qu’une moitié de ton coeur. Nos vies alors liées également. Je ne pouvais exister sans lui.” Elle marqua un léger temps d’arrêt. Devait-elle évoquer les objets qui permettaient à Aldaron de modifier le lien, et ses conditions ? Non. Une telle connaissance ne se transmettait pas à la légère. Les bipèdes étaient des êtres de convoitise autant que de bêtise. Celui-ci était loin de faire exception. De même, elle n’évoqua pas les conséquences qui venaient fatalement avec la brisure d’un lien qui tissait deux vies. Elle-même persistait à croire que, si tous deux se donnaient assez de force, contrairement à ce que nombre de Liés avaient fait, ils pouvaient survivre.
Mais elle n’avait pas envie d’essayer, et certainement pas envie de l’envisager pour le moment. À l’origine, c’était l’heure de la sieste, pas du renforcement des esprits. Se rappeler de ce fait n’arrangea pas son humeur et ce fut sur un ton impérieux qu’elle conclua :

“- Il n’y a aucun lien plus fort que le nôtre. Les familles humaines ne sont pas même une mimique maladroite du Lien. Ce ne sont que des liens d’attachement et de responsabilité plus ou moins contraintes, par soi ou par autrui.” Avant qu’Ulmo ne puisse protester elle ajouta, d’une voix mentale pleine de promesses d’histoires : “Les familles draconiques sont différentes.”

La dragonne s’étira, dans un silence qui faisait durer le suspense. Elle changea de position, sans vraiment se soucier des potentiels garnements humains collés à elle. C’était leur problème, pas le sien. Mais puisqu’elle évoquait un sujet désormais bien digne de respect et de révérence, ses pensées se firent plus douces.

“Ma mère était une dragonne de verre à l’esprit d’acier.” Le corps de sa mère avait été d’une grande fragilité. Néanmoins, Nahui peinait à concevoir qu’une moitié de ses origines puissent être totalement recouvertes de ce concept. Sa mère devait avoir été résistante en un autre point pour, aidée de son père, lui avoir donné sa capacité à n’être que carapace. La déduction logique était donc que son esprit était fort. Il était d’autres points, en revanche, bien plus concrets, bien mieux sauvegardés dans la mémoire des siens. “Elle abreuvait l’eau comme j’abreuve les airs. Le lac qu’elle honorait de sa présence paraît ses reflets de compliments. Seules la nuit et ses ombres se voyaient offerts l’insigne privilège de pouvoir admirer ma mère.” Elle marqua une nouvelle pause. Elle voulait qu’Ulmo prenne le temps d’imaginer Nessie dans toute sa splendeur, car c’était là ce que la dragonne méritait. Lorsqu’elle estima que l’enfant avait fait son devoir, ou qu’il menaçait un peu trop d’ouvrir la bouche, elle reprit : “Mon père était la Nuit. Son domaine et ses pouvoirs s’étendaient là où le soleil ne porte pas. Mais surtout : mon père était le porteur d’un poison capable de se transmettre de génération en génération. Un poison aux origines lointaines, à un temps où le Lien lui-même n’en était qu’aux balbutiements de sa création.
Parce qu’ils étaient forts, aussi forts que l’affection qu’ils se vouaient, ils parvinrent à libérer mon père de sa malédiction, par une double bénédiction draconique.”
Un exploit, là où une simple bénédiction relevait du miracle. “Il put vivre, plus longtemps que ses ancêtres. Assez longtemps pour me donner naissance.”

Raconter l’histoire n’avait rien de nécessaire. Nahui le faisait principalement pour instaurer en Ulmo davantage encore d’admiration envers les Siens. Davantage d’humilité. Puisque désormais il avait tous les éléments, Nahui put en venir aux faits, coupant court à la poésie et à l’épique pour revenir dans le concret et la délicatesse d’une simplification.

“- Je ne les ai pas connus. Ils ne m’ont pas connus. Le sang nous relie et parfois l’affection, il est vrai. Ce qui nous relie, avant tout, c’est l’héritage. Non pas ce simulacre forcé des vôtres, mais ce qui m’est naturellement revenu. Une vie longue et sans douleur. Leurs forces, leurs volontés, me sont parvenus, parce qu’ils l’ont voulu, parce qu’ils ont tout fait pour. Les jeunes dragons ne passent pas des siècles à zigzaguer entre les pattes de leurs parents comme vous le faites. Ils n’en ont pas besoin. Nous fonctionnons à plus grande envergure. Nous pensons à la Nuée, et nous partageons tous la mémoire ancestrale. Nous sommes vite indépendants, et nous n’avons nul besoin d’être redevable envers quelqu’un pour cela. L’affection ou la haine que nous pouvons vouer aux individus n’en est que plus honnête. Plus saine.” Elle bâilla. “Tu connais mon histoire. Elle est Liée à cet archipel. J’ai tout vu, j’ai survécu à tout. Si je te raconte en détail un événement en particulier, de ton choix, t’endormiras-tu ?” La question était sincère. Elle lui avait expliqué son espèce ; c’était au tour d’Ulmo d’expliquer la sienne.

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Clignant de ses petits yeux dorés, Ulmo n’était encore qu’à murmurer dans son esprit les paroles sages de la Magnifique à ses côtés. Mais, lorsque Nahui entama son récit, le jeune vampire ne put s'empêcher d’ouvrir peu à peu la bouche comme ébahi, le regard toujours rivé vers les arabesques sableuses et apaisantes.

La dragonne commença par survoler cette histoire de Lien entre ce que pouvait être un dragonnier et son dragon. D’abord, Ulmo imaginait cela comme des milliers de tresses invisibles, quoique, légèrement argentées pour faire de son esprit un véritable festival de paillettes et de lumières claires entre un bipède et un dragon. Puis, au fur et à mesure que la discussion se poursuivait, des ombres cauchemardesques venaient envenimer la chose. Il y avait quelque chose d’effrayant finalement dans ce Lien qu’Ulmo ne pouvait pas expliquer. Il se voyait, lui aussi, un jour devenir un dragonnier. Avoir un dragon comme ami. Peut-être ce Verith justement. Mais était-il capable de ressentir une telle force entre lui et une si grande créature ? Là était toute la question.

La discussion se dirigea par la suite sur les parents de Nahui.
Se redressant, le jeune Ulmo écouta avec attention les descriptions que pouvait faire la dragonne sur sa mère. Une dragonne de verre ? Était-ce possible ? Sans doute que oui, lorsque l’on observait la beauté de la dracène. Mais alors, il devait y avoir des dragons de toutes sortes dans ce monde !
Ulmo nota dans un coin de sa tête qu’il devait absolument commencer une enquête sur les dragons en général avant de poursuivre dans son imagination débordante en dessinant des dragons de feu, de métal ou encore de bois.
Puis vînt le passage sur le père de Nahui. Dragon de nuit. Verre plus nuit donnait donc une Nahui. C’était invraisemblablement incroyable. Subjugué par cette histoire de malédiction qu’eut son père, Ulmo se rapprocha du dos de Nahui pour y entamer une petite ascension avant de s’y recroqueviller en son creux pour ne plus y bouger.

L’histoire de Nahui était fascinante et Ulmo n’était pas crédule car il savait pertinemment que ce qu’avait raconté la dragonne n’était qu’une infime seconde dans cette grande histoire draconique. Ses êtres étaient si captivants. Comment Ulmo ne pouvait pas avoir envie, à ce moment précis, de goûter à la richesse de ce que devait ressentir une si grande puissance ailée. Oui, à cet instant, Ulmo aurait bien aimé devenir dragon. Prendre conscience de ce lien envers une Nuée et de découvrir cette mémoire ancestrale commune. Ulmo, le dragon-bipède. Ou non, Ulmo, le vampire ailée ! Mmmmh, non. L’ast aurait bien tout le temps de trouver son futur nom.

Sans s’en rendre compte, Ulmo commençait déjà à fermer ses paupières au rythme de la respiration de Nahui. Bien qu’il ne pouvait pas dormir, il se sentait entrer dans une profonde somnolence étrange. Jamais le petit vampire aurait pu en espérer autant lorsque la Liée d’Aldaron lui proposa une ultime anecdote.

- Tes parents devaient être très beau Nahui, chuchota t’il. Je serai ravie de t’entendre encore. Ou même d’apprendre pourquoi tes yeux ne fonctionnent pas murmura t’il en finissant timidement sans plus bouger.

Cette fois-ci, Nahui avait bien réussi à calmer le cœur immobile du vampire. Le nez vers le plafond, il attendrait que des paroles viennent, ou savourerait tout simplement l’instant présent en sa prestigieuse compagnie.

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Elle jura auprès d’Aldaron que, sitôt que ce dernier cesserait d’aimer Ulmo, il finirait dans son estomac.
Peut-être exagérait-elle, dans une tentative de faire s’écouler ses émotions dans ses mots et s’en défaire. Les voilages opaques de l’amour devaient bien troubler les sens et la raison de Lié pour que ce dernier se refusât tout de même à constater l’évidence : Ulmo cherchait à se faire manger. Pourquoi, sinon, ennuyer autant Nahui ? Pourquoi lui parler de ces parents qu’elle n’avait connus, puis de ces yeux que l’on avait tués avec son innocence, si ce n’était pour se faire croquer ? Il fallait bien n’avoir aucun instinct de survie pour ainsi attirer sur soi l’Ire du peuple des flammes, et demeurer en faible position !
Encore une fois, Ulmo ne dut son salut qu’à son lien avec Aldaron. “Blablabla, on ne mange pas Ulmo”, “blablabla il ne pouvait pas savoir”, “blablabla je l’aimerai toujours”... Mentalement, Nahui soupira, contrite mais guère surprise de ne pas trouver de soutien.

Maugréer auprès de Lié ne répondait néanmoins pas au marmot, et le silence menaçait à chaque instant de déclencher de nouveau son agitation. Dans son malheur, Nahui tout de même constaté qu’au moins, le remuant petit être s’était calmé. De moins en moins mobile, de plus en plus lent et silencieux. Paradoxalement, cela lui donnait une raison supplémentaire de rouspéter : l’avait-il vraiment réveillée pour ensuite se rendormir, une fois le fruit de son désir obtenu ? Par le Dragon-Esprit, il abusait vraiment de sa position. Aldaron se rendait-il seulement compte combien toute seconde passée aux côtés de ce foutu rejeton était une marque d’amour envers lui, son père adoptif ?
S’il le réalisait, sans doute ne pouvait-il en concevoir l’envergure. Toujours était-il que l’instant était crucial et le plan déjà tout tracé. Elle devait profiter de la faiblesse du petit homme, achever de l’endormir, pour ensuite le faire glisser hors de son dos. Naturellement, il n’était pas question de lui donner les véritables raisons de sa cécité - elle était une dragonne forte et se devait de le rester au moins dans les mémoires. Par ailleurs, elle gagna du temps en rectifiant ce point :

”- Ne te méprends pas sur mes yeux : ils sont différents des tiens, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne fonctionnent pas. Ils fonctionnent d’une façon à laquelle nulle ne s’attend. Mais penser n’est pas à ton goût, je sais que tu préfères sans doute entendre leur histoire.”

Il lui fallait de l’épique, de l’aventure, Il fallait un ennemi à affronter, il fallait que ses yeux soient les héros de l’aventure et qu’elle soit le mur inébranlable de ses alliés ! Instinctivement, l’esprit de Nahui chercha quelque histoire réaliste, ignorant la faculté des petits bipèdes à ne pas même percevoir les abus de leur crédulité. Aldaron n’avait sans doute pas dit à Ulmo que sa cécité datait d’avant même son éclosion, elle pouvait jouer dessus.

”- C’était peu après ma naissance, sur ces terres gelées…” Bien bien, mais quels ennemis avaient-ils alors sur ces terres ? En ces temps, sans doute avaient-ils eu quelques ennemis politiques… Et encore. Mieux valait craindre la faune. Mais pourquoi aurait-elle affronté la faune ? ”Au cours d’une de mes chasses - nous, dragons, savons subvenir à nos besoins dès nos plus jeunes heures-, je retrouvai dans la forêt quelques jeunes vampires égarés. Je me décidai alors à les ramener en ce lieu sûr qu’est notre territoire quand, soudain, je compris la raison de leur égarement : ils étaient traqués, entourés par des Fenrisulfr affamés. Sans doute s’essayaient-ils à les épuiser pour pouvoir leur bondir dessus sans risquer quelques représailles. Mais puisque j’étais désormais des leurs, leur stratégie se trouvait désormais caduque. Craignant sans doute que ma Nuée n’intervienne et réduise davantage leurs efforts à Néant, ils lancèrent dès lors leur attaque !”

Craignant que son histoire ne devinsse trop passionnante, Nahui commença à la ralentir de la plus vile des façons qui soit : elle décrivit l’attaque en long, en large, et en travers, donnant beaucoup trop de détail sur les positions de chacun, faisant mine de peiner à se souvenir, d’hésiter, osant quelques parenthèses inutiles ici et là sur le choix des proies et le ratio correct entre la fatigue de la chasse et l’apport nutritif de la proie, ainsi que sur le meilleur angle de vent pour chasser lorsque l’on vole et lorsque l’on est à terre. Ils y eurent aussi quelques anecdotes délicieuses et philosophiques sur, de façon générale, la façon d’estimer ce qui valait la peine et ce qui n’en valait pas, mais également sur la façon dont les opinions draconiques se mélangeaient parfois dans la mémoire ancestrale, sur les plantes, les insectes, les bipèdes, et surtout sur les individus entre eux. Enfin, après une énième histoire qui expliquait en quoi mâcher les chaussettes était un délice, elle arriva vers la fin du conte :

”- …Alors que nous pensions la victoire nôtre, nous remarquâmes un ultime Fenrisulfr, un qui n’avait fui - sache que la plupart des vivants non-bipèdes préfèrent la fuite plutôt que la mort, voire les blessures, car leur survie leur est plus précieux que quelques valeurs arbitraires. Celui-ci était une exception. Peut-être était-il affamé, ou peut-être ne savait-il réagir des émotions qui l’envahissaient suite à la perte des siens. Il voulut se jeter sur le plus jeune des vampires et, de toute ma force et de toute ma vitesse, je me projetais en son chemin pour l’intercepter. Ses crocs traversèrent mes yeux, mais c’était là un détail de cet affrontement. Loin d’être décontenancée, je me fiai instinctivement à mes autres sens et vins directement le saisir à la gorge, transperçant une de ses veines les plus précieuses, achevant ses jours et son courage.”

Voilà qui était à son goût… Pour le moment. Qu’on lui donnât quelques jours supplémentaires et elle était certaine de trouver quelque histoire de meilleure aloi, plus méliorative encore de ses qualités. Avec un peu de chance, elle pouvait peut-être même jouer de l’intellect d’Ulmo pour lui faire croire que, non, jamais elle n’avait raconté cette histoire de Fenrisulfr. Ou peut-être irait-elle la conter à un autre de ses adelphes pour que ces dernières viennent chacun confronter leurs versions, créant ainsi un chaos des plus délicieux… Et des plus avantageux.
Nahui tendit alors timidement l’esprit et les sens vers le petit, l’effleurant à peine, pour vérifier un point très important : dormait-il ? Si tel était le cas, peut-être pouvait-elle appeler Aldaron pour qu’il l’en débarrassat. Sinon… Sinon elle abandonnait tout de suite son poste pour d’abord aller demander quelque augmentation en matière de bavettes avant de continuer à donner de sa personne.

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