La couronne renégate [PV Ilhan, Reynagane, Belethar, Nyana & Panaa]

Dire que le calme était revenu serait bien mentir. Disons du moins qu’accalmie avait réclamé ses droits. Les gémissements des blessés ne se faisaient plus entendre, eux qui avaient été soignés et installés plus confortablement pour leur convalescence, et la vie reprenait tout doucement le chemin du quotidien dans cette belle Althaïa. L’Althaïa la Romantique qui reviendrait bientôt, malheureusement, Althaïa la Fantasque, l’Althaïa des pirates. Mais tel était le prix pour avoir l’objet et renforcer quelques… si ce n’est alliance, disons coopérations de l’ombre.

Un prix bien cher payé pour l’althaïen dans l’âme qu’il était, et surtout pour le Seigneur, Comte d’El’Althaïa, qu’il était resté au fond de son cœur. Les siens, bien maigre poignée d’une petite trentaine d’individus, dont certains étaient d’ailleurs de sang-mêlé, comprendraient assurément, même si pour eux aussi abandonner leur ancienne cité si magnifique aux mains de mécréants sans aucun sens de l’art et du raffinement leur fendait le cœur et faisait sombrer leur âme dans des abysses sans nom.

Mais il le devait. Ils le devaient tous. Il ne pouvait garder des considérations égoïstes quand tout l’avenir des leurs était en jeu. L’avenir de l’archipel, l’avenir des peuples, mais surtout l’avenir des siens. Des Sainnûrs, des Erlië, de sa famille, de son aimée Autone et de leurs enfants… Parlant avenir, il était d’ailleurs temps de rendre visite à un certain Graärh certainement penché sur un de ses travaux dans les sombres et merveilleuses alcôves de sa majestueuse entreprise, tel un atelier géant qui était pour lui un véritable bac à sable de forgeron. Belethar et lui avaient déjà commencé à préparer l’expédition. Ils s’apprêtaient à en faire part à leurs compères d’infortune, quand soudain certain de leurs objets à Belethar, Reynagane, Naal et lui se mirent à scintiller, magie les appelant alors à grand cri. Et pas n’importe quel objet… Leurs objets parmi les plus puissants et surtout les objets que le fameux Graärh avait si savamment étudiés, observés… et apparemment trafiqués ?

Ilhan jeta un bref regard à ses trois compagnons ainsi qu’à ceux autour d’eux, dont Nyana, Panaa, ce jeune Graärh esclave qui avait agi avec tant de vivacité avec son bouclier et dont il avait appris récemment le nom, ainsi que quelques autres. Mais bien vite l’explosion magique ravit tous ses sens Sainnûr qui palpitèrent en chœur.

Une image se forma alors. Quand on parlait du chat… euh du Graärh… Nul besoin de venir à elle, la Couronne était venue à eux. Voilà qui était parfait. Quand bien même le Tisseur en lui se méfiait du possible mouchard dont son précieux objet avait peut-être été assujetti. Une fois toute cette affaire finie, il faudrait qu’il voie pour assainir l’objet, et enlever toute trace possiblement néfaste. S’il était versé dans l’art d’espionner, il n’aimait guère en être la cible lui-même. Même s’il devait avouer que cela ne fit que renforcer son admiration envers la Couronne pour avoir su ainsi les surveiller à leur insu sans qu’aucun d’eux, pas même un Baptistrel aux dons pourtant puissants, parviennent à s’en apercevoir.

Projection holographique, disait-il… c’était donc ainsi que ce genre d’image s’appelait… Intéressant. Ilhan aurait bien été tenté d’y mettre la main, pour vérifier si ses sens ne le dupaient pas et si cette projection n’était bien que projection, à savoir si effectivement il était possible de passer au travers et que cette image n’avait rien de tangible. Même si sa curiosité était plus que titillée, et si son âme d’enfant avide de tout tester aurait bien aimé réaliser ce geste, Ilhan en appela à son instinct de diplomate et se retint de tout geste qui aurait pu être un impair. Aussitôt il fit un pas en avant, passant près des gardes et s’interposant ainsi, insidieusement, entre eux et la Couronne. D’une main douce, mais ferme, il abaissa une des armes.

– Nul danger en effet. Udyog Ychgama, des entreprises Ychgama, Maître forgeron et artiste des métaux n'est pas venu nous attaquer. S’il s’agit d’une Couronne de Cendres, je peux vous certifier qu’elle est venue en paix.

Si tel était le cas, ils seraient sans doute tous déjà grièvement blessés.

Les gardes hésitèrent un instant, mais devant le regard sombre et résolu du dauphin, ils obtempérèrent, quand bien même celui-ci n’était pas leur roi. Une fois assuré que plus aucune arme ne menaçait la projection, armes qui d’ailleurs ne lui auraient pas fait grand mal, Ilhan reporta toute son attention sur Udyog.

– Noble descendant de la lignée Ychgama, je vous présente mes sincères salutations, fit-il tout en s’inclinant légèrement en une salutation respectueuse. Je me permets de vous présenter quelques personnes qui ont été d’une grande aide et que vous ne connaissez sans doute pas encore.

Il se tourna alors vers les autres présents.

– Outre Belethar Espérancieux, Naal du Néant, et Reynagane Shäa que vous avez déjà rencontrés, voici Nyana Valthana, Maaro-saaya et pourfendeuse de l’Ordre, ainsi que Panaa Sansunnom, Bouclier vengeur et jeune Graärh des plus prometteurs. Leur aide a été déterminante. Le Roi des…

forbans, pensa-t-il en son for intérieur.

– des pirates n’est pas ici, mais sa participation a également été cruciale. Nathaniel Eärendil, Maitre du chaos, et sa liée Kaiikathal, Marche-Tempête, ont réussi l’improbable.

Vaincre Lolupata.

– Et ont accepté de nous donner le bien qui était actuellement en leur possession pour vous le rendre, et ce de leur plein gré, en geste de bonne foi pour montrer leur volonté à eux aussi de pleinement coopérer.

Il révéla enfin l’objet de cette rencontre, le sortant de sa poche et du tissu précieux dans lequel il l’avait enveloppé. Un objet encore dans sa gangue d’ivoire, en forme d’oeuf opalin lisse et bien trompeur à l’œil pour qui n’en sentait pas la magie palpiter.  

– Car oui, nous avons également l’objet qui vous intéresse, et ce grâce à tous ceux que je viens de nommer. Cela ne s’est pas fait sans pertes, malheureusement. D’un côté comme de l’autre…

Il laissa le sous-entendu que Lolupata n’en était pas sorti indemne. Et pour cause, il était porté pour mort. Et, Ilhan l’espérait, bel et bien mort une fois pour toutes, avec toutes les précautions qu’ils avaient prises.

Il tendit alors la paume vers la projection d’Udyog, lui présentant l’oeuf contenant l’objet telle une offrande. Prêt à intervenir toutefois si quiconque tentait de le lui voler. Assuré du soutien des alliés présents.

Pendant les quelques instants de répit qui lui avaient été accordés, Belethar avait brièvement organisé la suite des événements pour lui, comme pour les autres.

Il conversa ainsi longuement avec Judith et les deux personnes qui accompagnait la puissante elfe. Il s’agissait ici de préparer la suite, et notamment d’organiser l’avenir pour Izeli : à présent, Belethar devait veiller sur ce dragon qui voulait naître libre tout en étant lié par nature. Si L’Espérancieux réfléchit longuement à toute cette histoire, il ne vit pour l’instant aucune réelle porte de sortie qui ne soit pas létale, ou n’allant pas dans le sens de la requête formulée. Peut-être devrait-il d’ailleurs en toucher deux mots à son presque-frère. Si Ilhan ne pourrait vraisemblablement pas faire grand-chose, il aurait peut-être de bons conseils à lui apporter. Ilhan était rarement quelqu’un qui faisait des remarques stupides, ou qui ne connaissait rien du tout sur un sujet. Alors sans lui donner une réponse parfaite, peut-être pouvait-il l’aiguiller.

Toujours était-il que Belethar devait à présent assurer la sécurité de ce dragon. Il avait donc naturellement proposer à Judith et aux amis de l’elfe de venir avec lui au Domaine prestement une fois que leur présence ici ne serait plus nécessaire. De toutes les façons, cela ne prendrait pas plus que quelques jours avec la bénédiction du Pingouin que possédait Belethar. Le dragon serait ainsi en sécurité pour l’instant, avec des personnes qui pourraient veiller sur lui. A présent qu’un Espérancieux avait enfin retrouvé le fils de Drunzii, il était hors de question que celui-ci s’échappe dans la nature une nouvelle fois.

Belethar conversa également avec Ilhan notamment de la suite des événements : maintenant qu’ils avaient la boucle d’oreille, ils devaient partir au plus vite rejoindre Udyogg, qui pourrait ainsi prendre acte de leurs actions. Actions qui pourraient amener à la prise d’une bonne décision pour eux. Cela aurait été souhaitable en tout cas. Ils avaient commencé à se préparer, mais ce qui arriva, arriva et Udyogg les devancèrent.

L’Espérancieux senti d’abord comme un crépitement dans sa tête, sentant que les ondes de la ville se mirent à changer brutalement, puis une apparition magique – qui s’appelait donc « Projection Holographique » – apparu en puisant dans les objets que les autres aventuriers ayant été dans les profondeurs de Calastin avaient présenté à Udyogg. Ingénieux système, quoiqu’un peu inquiétant. Belethar était perplexe quant au fait qu’il n’avait jamais entendu qu’au moins sa bague sonnait différemment qu’à l’accoutumée. Mais sans doute devait-ce être un tour de passe-passe d’une force supérieure, que la Couronne devait disposer. Après tout, il avait construit une entreprise qui fournissait des technologies plus qu’étranges, alors plus rien n’étonnait Belethar à partir de ce point. Du moins, d’ordinaire, rien n’échappait à l’ouïe sans faille d’un baptistrel, alors l’Espérancieux s’était dis que cela devait encore être la meilleure possibilité que tout ceci émanait d’une divinité quelconque.

Ilhan présenta ses hommages à la Couronne, et expliqua en bref les quelques heures qu’ils venaient de vivre en quelques points important pour lui. Belethar avait le sentiment qu’il ne pouvait faire meilleures présentations que son ami althaïen, alors il n’ajouta rien de plus. Les affaires qui s’étaient passées ici, notamment celle au regard de l’œuf de dragon qu’il avait recueilli et du chaos apporté par les chimères et l’influence de Néant, ne concernait pas vraiment le grand graärh qui devait être bien étranger à toute cette culture.

L’Espérancieux s’étonna d’ailleurs encore de comprendre ce que le graärh disait, lui qui parlait à l’accoutumée une lointaine langue oubliée … Mais il constata bien vite que ce ne devait pas être le cas de tout le monde, car si Ilhan avait précisé de qui il s’agissait, la confusion régnait manifestement quand celui-ci parlait pour d’autres personnes. Belethar nota cependant que les compères ayant été dans la forge avec lui étaient des plus alertes. Sans doute que le tour de passe-passe sur leurs objets avaient permis au passage d’implanter quelque chose pour que le pont linguistique entre l’ancien et le nouveau monde se fasse. Fort bien.

Fort de ces constatations, Belethar ajouta quelques mots à l’intention de la Couronne :

« Comme vous l’aviez prédit, vos anciens camarades ont attaqué ici pour tenter de récupérer la boucle. Un ancien camarade en particulier, Lolupata … Et aussi impensable que cela puisse paraître, comme l’a indiqué Ilhan, nous en sommes venus à bout. »

Belethar leva les yeux au ciel. Aussi dangereux que pouvait être Lolupata, le baptistrel qu’il était partait du principe qu’il n’était vraiment pas envisageable de souhaiter à tout prix la mort d’une personne. Toute sentence, même fatale, devait être prononcée avec parcimonie. Lolupata était certes une âme damnée, mais il avait sans doute représenté quelque chose pour Udyogg à un moment de sa vie. Aussi, Belethar se permis d’ajouter :

« Nous n’avons pas eu le choix, celui-ci mettant en danger toute l’île et les civils y habitant, mais aussi l’archipel d’une façon plus générale si celui-ci s’enfuyait avec la boucle d’oreille. » Belethar avala sa salive et ponctua : « Je suis désolé de vous apprendre de cette façon la mort d’un de vos plus grands amis … Nous ne le connaissions que très peu … Et nous avons perçu une vague émanation de son souvenir avant qu’il ne trépasse. Même si nous l’avons vu sous son visage brutal, je suis prêt à croire qu’il était jadis un graärh bon. Nous prierons pour qu’il trouve la paix dans les bras de Mort, et que le chemin de la Réincarnation soit pavé de bonnes intentions pour lui. »

En tout cas, si les autres personnes autour de lui ne le faisaient pas, Belethar le ferait. Et être sous les bonnes grâces d’un maître baptistrel aiderait certainement l’âme de Lolupata à trouver le bon chemin, ou du moins celui qui lui conviendrait. Il tâcha de dire un dernier mot à l’intention de la Couronne, avant de se murer dans le silence :

« Nous vous laissons bien sûr tout le temps dont vous avez besoin pour prendre connaissance de tout cela, que ce soit pour digérer tout cela ou pour observer la boucle. Merci pour votre confiance. Nous sommes à votre écoute, président. »

La mort de mon ennemi de celui que je haïssais le plus est toujours présente. La joie aurait dû venir jusqu’à moi, mais il n’en ait rien… Je n’aurais pas voulu savoir ce que je sais à présent… Il n’aurait pas fallu… Car maintenant, je me retrouve dans une position délicate. Moi qui suis un être de combat, prête à offrir ma vie pour mon peuple, pour ceux que j’aime… Je découvre que mon sang est lié au sien, d’une certaine manière… Cette attraction que j’éprouvais n’était pas qu’un mélange de haine, mais un destin lié… Pourquoi a-t-il fallu que cela tombe sur moi ? Moi qui suis souffert durant plusieurs années de l’esclavage, et qui est tout de même parvenu à recouvrer mon honneur, pour retrouver mon clan et mon rang de Shikaree… Me voilà, lié à cette couronne, et j’ignore comment réagiront mon Tribyoon et la grande chasseuse J’heena… Je suis obligée de leur exposer les faits, et j’espère que le grand félin blanc ne m’en tiendra pas rigueur… Car je peux sentir cette nouvelle faim m’envahir de l’intérieur…

Je n’écoute qu’a moitié le maître forgeron, je vois néanmoins qu’il baisse légèrement la tête en signe de deuil, et je fais pareil… Je devrais être heureuse, être fière, mais les mots qu’il prononce a comme effet d’un poignard en plein cœur… L’envie de partir, de rejoindre ma contrée se fait sentir dans ma poitrine, mais mon corps refuse de bouger. J’aimerais tout envoyer promener, mais un espoir vit cependant dans mon cœur... Celui d’espérer de le revoir… De découvrir ce passé qui était notre, je ne sais pas vraiment comment expliquer, car ma famille est présente sur Néthéril, celle qui ma élevé, vu grandir et soutenu… Mais cette chose que je viens d’apprendre, cette raison qui m’a poussé vers cet être me rend complètement folle en un sens… Je veux savoir, je veux découvrir ce qu’il a perdu pour finir avec cette faim infatigable…

Je ne suis pas une experte de vie antérieur, j’ignore si nous ressemblons à ce que nous étions avant, si nous sommes complètement différents… J’ai affronté la mort par le passé, pour revenir parmi les miens, retrouver la place qui m’est dû, mais il a ce fossé qui s’agrandir au fil des secondes… Et j’ai peur de faire une bêtise…


Le maître forgeron disparait à la suite de ses paroles. En un sens, je suis curieuse de le voir en chair et en os. Ce n’est pas tous les jours qu’il nous ait possible de rencontrer un tel être. Nous attendions l’accord du Roi pour rejoindre le félin, cela ne pris pas vraiment longtemps, avant que nous nous mettions en route vers ce dernier. Tous ces trucs sophistiqués me donnent toujours un peu la gerbe, je suis plus du genre terre-à-terre, encrer sur le sol, et tout faire comme l'on me la enseigné. La technologie, les portails, tout ces machins, ce n’est pas pour moi, qu'ils restent oublié… Bien trop compliqué, en plus d’être fragile, alors qu’une bonne vieille hache, c’est éternel !

Lorsque nous arrivons vers le portail, je le vois travailler. Ça a l’air tellement compliqué… Alors que taper sur des méchants, c’est simple et efficace… Peut-être que taper dessus aiderait à le remettre en état, parfois ça fonctionne quand un truc ne veut pas s’ouvrir, on tape dessus et ça marche ! C’est la magie du poing.

Finalement, la curiosité est plus forte, même si je n’apprécie pas vraiment tout ces machins, être proche d’un membre de mon espèce et ce qui me met le plus à l’aise… Je m’approche de ce dernier, doucement, tel un enfant qui entrerais dans l’atelier de son père, mais toutes ces questions tourbillonnent dans mon esprit… Les oreilles plaquées sur le crâne, sans que ne fasse attention à l’androïde me suivant du regard. Je m’arrête finalement à quelques pas de ce dernier, le regard légèrement vide.

La mort de mon ennemi de celui que je haïssais le plus est toujours présente. La joie aurait dû venir jusqu’à moi, mais il n’en a rien… Je n’aurais pas voulu savoir ce que je sais à présent… Il n’aurait pas fallu… Car maintenant, je me retrouve dans une position délicate. Moi qui suis un être de combat, prête à offrir ma vie pour mon peuple, pour ceux que j’aime… Je découvre que mon sang est lié au sien, d’une certaine manière… Cette attraction que j’éprouvais n’était pas qu’un mélange de haine, mais un destin lié… Pourquoi a-t-il fallu que cela tombe sur moi ? Moi qui suis souffert durant plusieurs années de l’esclavage, et qui suis tout de même parvenu à recouvrer mon honneur, pour retrouver mon clan et mon rang de Shikaree… Me voilà, lié à cette couronne, et j’ignore comment réagiront mon Tribyoon et la grande chasseuse J’heena… Je suis obligée de leur exposer les faits, et j’espère que le grand félin blanc ne m’en tiendra pas rigueur… Car je peux sentir cette nouvelle faim m’envahir de l’intérieur…

Je n’écoute qu’à moitié le maître forgeron, je vois néanmoins qu’il baisse légèrement la tête en signe de deuil, et je fais pareil… Je devrais être heureuse, être fière, mais les mots qu’il prononce a pour effet d’un poignard en plein cœur… L’envie de partir, de rejoindre ma contrée se fait sentir dans ma poitrine, mais mon corps refuse de bouger. J’aimerais tout envoyer promener, mais un espoir vit cependant dans mon cœur... Celui d’espérer de le revoir… De découvrir ce passé qui était notre, je ne sais pas vraiment comment expliquer, car ma famille est présente sur Néthéril, celle qui m'a élevé, vu grandir et soutenu… Mais cette chose que je viens d’apprendre, cette raison qui m’a poussé vers cet être me rend complètement folle en un sens… Je veux savoir, je veux découvrir ce qu’il a perdu pour finir avec cette faim infatigable…

Je ne suis pas une experte de vie antérieure, j’ignore si nous ressemblons à ce que nous étions avant, si nous sommes complètement différents… J’ai affronté la mort par le passé, pour revenir parmi les miens, retrouver la place qui m’est due, mais il a ce fossé qui s’agrandir au fil des secondes… Et j’ai peur de faire une bêtise…

Le maître forgeron disparaît à la suite de ses paroles. En un sens, je suis curieuse de le voir en chair et en os. Ce n’est pas tous les jours qu’il nous a possible de rencontrer un tel être. Nous attendions l’accord du Roi pour rejoindre le félin, cela ne prit pas vraiment longtemps, avant que nous nous mettions en route vers ce dernier. Tous ces trucs sophistiqués me donnent toujours un peu la gerbe, je suis plus du genre terre-à-terre, encrer sur le sol, et tout faire comme dans l’ancien temps, la technologie, les portails, tous ces machins, ce n’est pas pour moi… Bien trop compliqué, en plus d’être fragile, alors qu’une bonne vieille hache, c’est éternel !

Lorsque nous arrivons vers le portail, je le vois travailler. Ça a l’air tellement compliqué… Alors que taper sur des méchants, c’est simple et efficace… Peut-être que taper dessus aiderait à le remettre en état, parfois ça fonctionne quand un truc ne veut pas s’ouvrir, on tape dessus et ça marche ! C’est la magie du poing.

Finalement, la curiosité est plus forte, même si je n’apprécie pas vraiment tous ces machins, être proche d’un membre de mon espèce et ce qui me met le plus à l’aise… Je m’approche de ce dernier, doucement, tel un enfant qui entrerait dans l’atelier de son père, mais toutes ces questions tourbillonnent dans mon esprit… Les oreilles plaquées sur le crâne, sans que je ne fasse pas attention à l’androïde me suivant du regard. Je m’arrête finalement à quelques pas de ce dernier, le regard légèrement vide.

« Comment était-il ? »

Je m’exprime d’une voix faible, à peine audible, un peu comme si je venais de faire quelque chose de grave, alors que ce n’est pas le cas… Je ne sais plus comment je dois réagir, comment je dois prendre cette nouvelle… Mais cette faim m’enivre, elle grandit doucement, je ressens comme une boule, un manque qui ne peux être comblé que par un appétit féroce…

Il ne répond pas, gardant ce silence, et la peur de le déranger, met fait devenir encore plus petite. Je le vois sortir un truc sombre du portail, qu’il tend dans ma direction. Je le prends entre mes pattes, baissant timidement la tête, pour poser mes prunelles sur cette chose. Finalement, il prend la parole… Mon visage se redresse dans sa direction, les oreilles mises en avant, curieuse d’entendre ce qu’il a à dire.

« Qui ça il ? Tu parles de Lolupata ? Ce n'est pas en parlant de lui qu'il reviendra d'entre les morts. Je ne vous en veux pas pour son trépas, bien au contraire. Vous avez mis un terme à sa folie, c'est tout ce qui compte. »

Je ne m’attendais pas vraiment à ce genre de réaction, je dois l’admettre, sa voix semble un peu froide, peut-être distante même, comme si cela ne l’affectait pas du tout… Pourquoi suis-je plus chamboulé que lui par cette nouvelle ? Je sens bien, qu’il veut travailler en paix, mais je ne peux pas le laisser… Alors je poursuis…

« Si par malheur Rog le trouve et le ramène, y'a-t-il une chance qu'il redevienne comme avant ? »

La réponse du félin ne tarde pas à venir, pour répondre à mon interrogation.

« Tout à l'heure, un des hommes du seigneur des lieux à indiquer que son corps avait été réduit en cendres. Rog ne pourra pas le ramener, il n'a plus ce qu'il faut pour le faire. Et quand bien même il le pourrait, je ne vois pas par quel miracle Lolupata pourrait redevenir ce qu'il était avant de... »

Il marque une légère pause avant de rependre, sans que je ne puisse dire quoi que ce soit. Lançant un autre cristal sombre, qui était bien plus endommagé que celui que je possède entre les pattes.

« Quel intérêt aurais-tu à ce qu'il redevienne comme avant ? Il était ton ennemi. Si tu mets à regretter le trépas de tes ennemis, cela finira par te détruire. »

Une sorte de grognement naquit dans ma gorge, il a raison en un sens, en temps normal, je ne regrette jamais la mort de mes ennemis, mais lui, il est différent…

« Tout peut arriver… L’on n’est jamais à l’abri d’un si… Je veux simplement savoir, je viens d’apprendre qu’il était mon père de ma vie antérieure… Comment réagirez-vous à ma place ? Resterez-vous indifférent, ou chercherez-vous à comprendre ? J’ai peur du futur… Peur de finir comme lui… »

Je finis par lui avouer mes craintes, car se stresse, ce sentiment que j’éprouve me hante, et fait gronder mon estomac… Je laisse échapper un soupir, et décide de le laisser finir sa réparation. Je sais que je n’aurais pas de réponse plus claire, et que cela ne servirait à rien d’insister… J’allais pour m’en aller, mais tout changea brusquement… Toute cette tension prend finalement vie, alors qu’il me saisit à l’aide de son marteau, le plaçant sous la gorge avec une telle rage. Mais je ne baisse pas le regard, le foudroyant de mes prunelles, et montrant assez les crocs pour exprimer ma colère grandissante. Il n’est pas mon ennemi, mais ma quête nouvelle sur le chemin du savoir me fera repousser tout ceux qui se mettrons en travers de mon chemin…

L’énergie que dégage Udyog est beaucoup plus impressionnante que je pouvais l’imaginer, mais je ne bronche pas, et je garde ma rage. Je n’ai pas peur… Je n’ai plus peur… Cette énergie m’avait presque, me transperçant de part en part, me donnant l’impression d’écraser tout mon corps et mes organes pour en faire une boule. Je ne fais même pas attention aux objets de métal qui s’envole proche de nous, nos regards se posent l’un dans l’autre, et dans ses iris, je n’y vois pas de la colère… Mais de la peine… Moi qui pensais qu’il était insensible, j’ai l’impression d’avoir touché un point sensible, d’avoir éveillé un sentiment qui me touche autant que lui… Je souffre intérieurement, je souffre atrocement, car je réalise finalement que mon lien avec Lolupata est bien plus fort qu’avec celui de mes propres parents actuel…

« Il est trop tard pour réveiller les fantômes du passé. Qui que tu sois, qui que tu crois être, quoi qu'ont pu te révéler les augures des corneilles, tu n'es pas leur enfant, tu n'es plus leur enfant. Nous avons tous échoué à le sauver, il ne peut être ramené. »

Nous… Il était donc présent… Il connaissait l’ancien moi, c’est une chose étrange que de dires de telle chose dans son esprit… Mais cela ne calma pas ma rage, ni même mes interrogations… Doucement, mes pattes ne touchent même plus le sol, Udyog utilise son pouvoir lié au magnétisme, pour me faire léviter sur quelques centimètres et me repousse violemment, montrant ainsi sa puissance, et peut-être même qu’il espère me faire renoncer à mes questions… Mais à cet instant, le contact visuel se perd, il détourne ses prunelles pour observer une chose située sur son épaule, une chose que je ne peux pas voir… J’ignore ce qu’il a regardé, mais il reprend le contrôle posant mon corps sur la terre ferme, puis pivote complètement, pour s’orienter vers le portail défectueux avant de prononcer des dernières paroles.

« La folie de Lolupata était le désespoir d'un père. Tu ne peux finir comme lui. »

Cette colère qui m’anime, cette adrénaline qui se propage dans mon corps me fait littéralement péter les plombs… Je suis un félin impulsif, ce serait mentir que de dire le contraire… Me propulsant en direction du félin, les griffes sortirent, je ne voulais pas lui faire de mal, seulement, lui montrer qu’il n’est plus le seul à souffrir… Mais les droïdes de ce dernier m’arrêtent avant même que je ne touche leur maître.

« Je sais qu’il est mort de la maladie, mais une vie antérieure est une chose qui fait partie de nous, c’est comme ça que je le perçois. Je l’ai tué une première fois, et il a péri de nouveau. Mais je le perçois différemment aujourd’hui, la folie l’a rongé parce qu’il a perdu un être cher. Peut-être que je ne connaîtrais jamais ça, ou peut-être que si… Mais pouvez-vous me promettre que je resterais la graarh que je suis, que rien ne changera… »

Rien n’est inscrit dans le marbre… Je sais que j’évoluerais, mais je ne pensais pas que ma vie prendrait une telle tournure, que ma quête pour être la meilleure des Shikaree, rendre fière mon Tribyonn, passera en second plan… Il s’exprime une dernière fois dans ma direction, des mots qui font écho dans ma tête…

« Les épreuves nous forgent tous. Elles ont forgé Lolupata. Elles te forgeront aussi. Comme je l'ai dit, tu ne peux finir pas comme lui ... Mais tu peux très bien sombrer différemment. »

Repoussant les droïdes pour me dégager et m’éloigner après avoir laissé un grognement d’insatisfaction à l’égard du maître forgeron, je m’éloigne un peu, sans pour autant quitter le groupe, gardant un regard sur cet être qui est probablement ma seule source de réponse…

Dernière édition par Nyana Valthana le Mer 13 Avr 2022 - 15:49, édité 1 fois

C’était finis. Il était bel et bien mort et il ne reviendra pas. On me proposait de quitter mon collier. Je cherchais du regard Rona, quelque part le petit devais être apeuré. J’espérais que Grimaldi soit avec lui, pour le protéger, oui, mais surtout le rassurer. J’allais m’éloigner du groupe avec qui on venait de réaliser l’impossible lorsqu’il apparut.. Il était comme juste devant nous, sans pour autant y  être. Il capta mon attention, une aura émanait de lui tel que je ne pouvais faire autre chose qu’observer ce qu’il se passait. Udyog Ychgama La couronne. Une autre. Je reculais un peu, méfiant, je voulais presque me faire oublier. Rentrer dans le mur et ne plus en sortir. Malheureusement on me présenta. Redressant mon museau vers l’hologramme quelques secondes avant de me tourner vers les autres un peu gêné. Prometteur. Moi Panaa le graarh le plus fin et faible de tout les graarh. Panaa qui a toujours préféré la sécurité plutôt que le combat. Me voilà dans la panade, qu’allais-je faire après. Il ne fallait pas qu’on compte sur moi pour revenir au combat. j’espérais au fond de moi à ne plus jamais avoir à subir à nouveau une bataille. Pas moi, surtout pas moi. Je poussai ma réflexion en notant que j’aurais pus fuir dès le début, mais que pour autant je ne l’avais pas fait, j’étais revenu à chaque fois combattre l’objet de mes cauchemars et ceux de Rona depuis un mois. Peux être aussi par fidélité au Roi de la confrérie, rester car son seul repère est présent dans un milieu de grande confusion.
Je revint un peu sur la discutions. La couronne était là pour la fameuse boucle d’oreille, la même qui c’était promené de proche en proche durant les affrontements. Il eu quelques mots de plus, mais ceux qui m’intriguait le plus c’était ceux des portails. Ici en ces lieux, se tenait l’un des portails datant avant même l’époque ancienne. J’en avait déjà entendu vaguement parlé, mais il m’était impossible de me rappeler quand ou avec qui j’avais appris qu’il existait une tel technologie. L’hologramme s’éteins. On se retrouva dans la salle, certain plus perdu que d’autre. On contacta Le roi pour le prévenir. C’est alors que sans attendre on se mit en route pour rejoindre Udyog . On repassa par la surface. C’est là qu’on vit l’Althaïa à nouveau, quoique un peu étrange à certain endroit. On marcha et en reprenant certain chemins, je voyais là les corps sans vie des victimes de la batailles. De tout ceux qui avait prit les dégâts de la tempête, des bâtiments écroulés… Je remarquais  une personne qui avait dû être piétiné lors d’un mouvement de foule. J’eus mon estomac qui se leva.  Ses êtres n’avaient rien demandé. Je restais en retrait du groupe, ne sachant vraiment quoi faire. Et puis toujours un peu perdu je préférais suivre. En symétrie avec les débuts de hostilité je re suivais la graarh grise.

Le portail se distingua qu’une fois très près. En effet il avait réellement besoin de soin, enfin de réparation. Je me fis discret comme à mon habitude, profitant de la discutions profonde de la Nyana et de Udyog pour m’approcher un peu plus. Je restait quand même assez loin des humanoïdes.
C’était vrais que la découverte de son ancienne vie était bouleversant, on questionnait le destin et les cycles de vie. Personnellement je laissais tout ça aux esprits, eux savaient, eux nous protégeraient, à chaque cycle à nouveau. Je me reconcentrais sur les mécanismes qu’on pouvait apercevoir, de nombreuses pierres, plutôt des cristaux. Leur couleur semblait plus terne qu’a l’origine. La machinerie semblait éteinte de vie. Je m’imaginais passer à travers, et atterrir aux quartes coins de l’archipel. Cela devait être pratique, si pratique et pourtant il ne restait pas grand-chose de fonctionnel sur le portail au vus de tout ce que fabriquait la couronne dessus.
En parlant de la couronne celle ci avait agrippé Nyana, les objets en métaux s’éleva et je sentis passer près de ma joue un morceau aiguisé. La chaleur se fit vite sentir, une légère odeur de sang aussi. Le métal m’avait coupé la joue, après tout se qu’il s’était passé, je me faisait coupé la joue. Je  soufflais, prenant sur moi, ce n’était pas grand-chose. Pas grand-chose comparer à la colère de la graarh qui tendait l’atmosphère. Une fois les dernières paroles dîtes, je fis quelques pas vers Nyana. J’aurais voulus en apprendre plus sur les portails, mais les couronnes me rendait mal à l’aise et je n’avais pas trop  envie de passer devant les transactions avec mes questions.

Je ronronna discrètement en m’approchant. Esquivant un petit sourire.

- » Ca va ? Je comprend, ça doit pas être facile de digérer ça, surtout dans ces circonstances. Uhmm »

Je fis un pause, je ne savais pas vraiment quoi dire, je restais là près d’elle sans pour autant rentrer dans sa zone de confort. Près à l’écouter. Je me souvenais des conseils de ma maître chamane, que parfois prêter l’oreille, apaisait bien plus les cœurs que les meilleurs remèdes. Les images des victimes de la bataille me revenaient, comme si mon cerveau traitait maintenant les informations. Si un Guérisseur avait été là. Si l’un des médecins étaient resté pendant la bataille pour soigner à temps. Si seulement, moi, j’avais pus le faire. J’avais quelques notions certes, mais ça faisait deux ans que je n’avais pas pratiquer, rien et puis je n’avais pas finis d’apprendre auprès de la Vieille. La nostalgie me pris, je regardais dans le vide et marmonnai.

- »Garde la foi envers les esprits et le destin. Garde foi Nyana."

Lorsque Udyog était apparut comme certainement le plus intrigant des enchantements en face d'eux, Reynagane avait repris quelques couleurs. Bien que la coïncidence de son apparition posait nombreuses questions, la gräarh se sentait quelque part rassurée, voir apaisée que pendant tout ce temps, la Couronne de cendre avait suivit leur quête de prêt ou de loin.

Après avoir repris ses esprits, retrouvé l'entité de son véritable corps et après ouvert les yeux sur la véritable Althaïa avant que ces maudits pirates n'empoisonnent la cité, la féline accompagnée de ses tendres camarades fatigués prit le chemin vers ce fameux portail ou il pourrait y retrouvé Udyog. Elle avait peine à croire que le forgeron prenait toutes sa force pour venir corps et âmes en ce lieu. Ou était-ce là une idée qu'elle se faisait et ou elle n'allait voir qu'une nouvelle sorte d'image vaporeuse du gräarh ?

Sur le chemin, Reynagane repensa aux paroles d'Ilhan et de Belethar en se demandant se que ressentait véritablement Udyog de la mort d'un de ses confrères. Mort. Lolupata disparut. Et cette fois-ci, il ne reviendrait donc jamais. Il y avait quelque chose dans l'histoire du gräarh devenu monstrueux qui tiraillait l'esprit de Reynagane depuis la connaissance de la souffrance de Lolupata. Les Esprits savaient oh combien il était finalement facile de sombrer dans l'obscurité et le souhait dévorant de la vengeance et de la justice. Elle qui aurait très bien pu, un jour pas si lointain que ça, devenir une tout autre gräarh.

Avait-elle soudainement de la compassion pour cette Couronne ?

Les moustaches frémissantes, Reynagane qui n'avait plus l'habitude de cette sensation se rappela alors toutes les victimes. Le poids qui venait de s'envoler autour d'eux et la souffrance qui aurait pu être évité. Chassant ainsi tristesse de son esprit, la gräarh osa  jeter un coup d'oeil pendant leur marche vers Nyana. La nouvelle qu'elle venait d'encaissé ne rassurait pas spécialement son amie connaissant l'esprit forcené de la gräarh sombre. Elles qui venaient enfin de se réconcilier, Reynagane ne pouvait s'empêcher de penser qu'une chose plus grave encore venait de se briser.

Et cette inquiétude ne pu que s'accroître lorsqu'ils arrivèrent tous au lieu de rencontre. Udyog et sa présence imposante était déjà présent, travaillant avec ces fameux automates qui fascinait encore et toujours la jeune gräarh.
Son regard balayant l'assistance qui était la leur avec une pointe de dureté dans l'oeil. Reynagane abaissa ses yeux sur ses pattes imposantes alors que le ton montait entre Nyana et lui.

Serrant les poings mais ne disant mots, la féline jeta un petit coup d'oeil vers Panaa et dessina un sourire sur ses babines après avoir entendu les mots remplis d'espoir du jeune gräarh.
Le silence s'installant une fraction de seconde, Reynagane s'approcha de son ami pour y poser une patte sur son épaule sachant que se contact pourrait apaiser ce corps bouillant puis relevant la tête vers Udyog, la gräarh baissa la tête en venant placer ses deux pattes sur son poitrail.

Se redressant, Reynagane ne cilla pas en voyant que le grand félin la fixait avec intensité depuis son avancée. Passant son regard une seconde sur son épaule, la féline n'eut d'autre réflexe que de faire de même sur sa propre épaule pour voir si il n'y avait pas quelque chose avant de revenir sur la Couronne.

- … Udyog Ychgama, c'est un honneur de vous voir. Revoir. /Ne t'embrouille pas maintenant Rey/C'est dans une véritable course contre la mort que nous venons de remporter. Remporter, bien grand mot face à toute la douleur que l'on peut sentir dans l'air. Et bien que toutes les actions de Lolupata sont impardonnables, j'ai bien peur de ne pas avoir le choix de dire que... ses actions étaient devenues des ombres aveuglantes et enragées qui se sont emparées d'un gräarh mutilé.

L'objet que nous avons récupéré vous appartient et a toujours était vôtres. Nous...  Seriez-vous prêt à quitter les sous-sols pour remonter à la surface ? Afin de mettre un terme aux ombres des autres Couronnes ?

Reynagane avait du mal à soutenir le regard appuyé d'Udyog sur elle. Faisant tout pour ne pas se démonter, elle hocha la tête doucement à sa réponse.

- Ma place est dans ma forge, y sortir pour de bon n'est pas encore au programme. Cependant, vous avez en votre possession quelque chose qui peut me faire pencher en votre faveur et bénéficier de mon soutien. 

- Je vois. Bien entendu, nous n'avons pas fait tout ceci pour ne pas vous rendre votre bijoux. Sincèrement, je parle avec mon cœur et je mentirai si je disais que nous avons voulu récupérer cette boucle seulement pour un geste amicale. L'espoir que l'on puisse bénéficier de votre soutien était comme une lueur nous faisant avancer un peu plus à chaque pas. Ce soutien, qu'en est-il ? Est-il réellement là ?

La gräarh ne pu réprimer un frisson en entendant un ricanement grave venant d'Udyog.

- Vous voulez une garantie ? La première, tu la portes en ce moment même sur toi, tatouer à même la peau. Une encre destinée au plus grand des prêtres des esprits, Laalach lui-même. Plus que quiconque ici tu devrais savoir ce que signifie bénéficier de mon soutien. La deuxième est ma simple présence ici, hors de ma forge. Je ne me serais pas déplacé si je n'avais pas l'intention de vous apporter mon soutien. Je me serais contenté de vous laisser venir à moi et de vous mettre à la porte après. Mais, si vous souhaitez une garantie supplémentaire, sachez que le Scarabée m'exhorte à vous aider. De nombreux esprits-liés sont très mécontents car l'un de mes travaux les a mis dans l'embarras. Bien sur, il prend ma défense, mais cela n'est pas sans contrepartie.

Les oreilles cramoisies par la gêne, que les Esprits soit loués, une année auparavant, la femelle se serait rouler en boule mortifiée par la honte. Aujourd'hui, Reynagane se concentrait sur les derniers mots d'Udyog avec intensité. De quoi pouvait-il bien parlé ? Qu'est-ce qui pouvaient avoir tant contrarié les Esprits alors ?

- Vous aviez parlé sous Cordont d'objets que vous aviez créés pour chacune des autres Couronnes. Lolupata avait en sa possession un cor de votre signature des plus distinctes. Était-ce bien votre œuvre et donc l'objet dont vous nous aviez parlé pour Lolupata ? Est-ce que vous pourriez nous dire à quoi est-ce que nous devons nous attendre pour les pouvoirs des autres objets de Lalaach et Rog ?

- C'est bien moi qui ai créé ce cor. Cela remonte à loin, bien avant le début de notre lutte et peu après notre intronisation en tant que Purohit Rakshak, gardien du Bâoli. J'en ai fait un pour chacun d'entre eux. Il s'agissait de cadeaux. Cet objet était destiné à Lolupata. Puis c'est devenu une arme pour notre lutte ... avant de devenir une arme pour exprimer sa douleur. J'ai fini par le lui reprendre lorsque nous nous sommes séparés à la suite d'un évènement dont l'origine est ce que je viens récupérer aujourd'hui. J'ai rendu ces cadeaux à Rog lors de sa visite, peu avant votre arrivée. En remerciement pour m'avoir ramené d'entre les morts. Par ailleurs, je vous demanderais de me la rendre. De toute manière, ce n'est pas comme si vous étiez en mesure de l'utiliser.

Loin était là son idée, Reynagane sentait l'appui du regard de la Couronne sur elle et voulut laisser ses camarades prendre la suite avant de s'arrêter.  Il lui restait une dernière chose à voir. Sur un sujet qui la laissait perdue depuis plusieurs mois maintenant.

- Vous savez alors ce que j'ai fait...

Comme un fil qui se déchirer, Reynagane sentait sa peau lui piquer au niveau de ses épaules.

- Depuis que vous m'avez transmis cette encre des étoiles, j'ai réfléchi, retournait mille et une questions dans ma tête avant de me dire que la seule option que j'avais été de m'imposer ce tattooglyphe sans en connaître ses dons. Vous, vous les connaissiez ? Peut-être pourrez-vous me soulager d'un poids si vous pouviez me dire si j'ai fait le bon choix ?

- C'est mon entreprise qui a créé cette encre, bien entendu que j'ai connaissance de ses pouvoirs. Sur demande de l'araignée, le scarabée m'a exhorté de m'en débarrasser pour que Laalach ne mette pas la main dessus. Plutôt que de la détruire, j'ai préféré la dissimuler. Bien entendu ce jour-là, j'aurais pu l'envoyé au fond de la mer, dans les confins, ou encore la donner à n'importe lequel d'entre vous. Mais cette requête venait d'un esprit-lié et l'un de ces protégés se trouvait parmi vous.

De nouveau, Reynagane sentit le regard de la Couronne quitter le sien pour venir se poser sur son épaule.

- Ton corps a supporté l'encre et tu n'es pas morte. Sans doute s'agit-il là d'un choix judicieux.

Cette fois-ci, elle ne se fit pas prier pour regarder de nouveau sur son épaule qu'Udyog fixait, sentant une fraction de seconde un poids sur celle-ci qui disparut aussi vite qu'il était venu. Regardant avec inquiétude la Couronne, ses yeux se posèrent alors sur une forme qui ressemblait trait pour trait à un scarabée sur l'épaule du félin. Clignant des yeux, son impression étrange avait disparut et de nouveau, la femelle se demanda si encore elle devenait bargeot.  Il y avait de quoi après tout ce qu'ils avaient vécu.

Se reculant, le front plissé. Reynagane aurait été incapable de rouvrir la gueule à cette instant. Véritablement troublée, la femelle constata alors que son cœur cognait fort à l'intérieur.
Laissant ses camarades prendre la suite, Reynagane regardait Udyog avec confusion et une pointe d'émotion. Parcequ'elle avait beau se dire qu'elle voyait des choses qui ne pouvaient être possible, son instinct lui hurlait le contraire. Est-ce que son instinct lui avait déjà fait défaut depuis Caladon ?

Que de révélations. Que de pensées agitées en réponse. Lors de l’échange entre Reynagane et Udyog, Ilhan coula un regard plus que pensif et des plus perçants sur la jeune Graärh. Il avait déjà cerné, presque dès leur première rencontre, sur ce marché caladonien où elle était encore aux prises avec les fers de l’esclavage, tout le potentiel caché de cette Graärh. Une Graärh puissante en devenir. Mais… Aurait-il pu penser qu’elle avait l’étoffe de devenir l’égale, ou presque, de Laalach ? Serait-elle, elle aussi, une prêtresse des Esprits-Liés ? Ou plus encore ? Mais après tout, quoi d’étonnant venant d’une spirite de l’Araignée ?

L’althaïen ne perdait pas une miette de tout ce qui était dit, révélé. Rog avait de nouveau en possession son objet, sans doute légendaire, et il faudrait alors s’en méfier. Lolupata… Eh bien, il en avait été défait et avait rejoint sans doute, du moins l’espérait-il, le royaume de Mort. Laalach n’avait pu, fort heureusement, récupérer ce qui lui était destiné, cette encre qui maintenant appartenait à Reynagane. Il était déjà bien assez puissant sans le soutien de cette création… mais cela pouvait également désigner la jeune Graärh comme une cible privilégiée, que la Couronne de Cendre pourrait vouloir convaincre de rejoindre leur cause… ou à défaut, si elle s’y refusait, la ravir pour lui voler l’encre dont elle avait héritée. Le Tisseur nota alors qu’il serait sage de garder un œil sur elle pour la protéger et de lui désigner des araignées qui assureraient ses arrières, nuit et jour, où qu’elle aille. Sait-on jamais. Il ne voudrait pour rien au monde qu’il arrive quelque néfaste rencontre à celle qu’il était venu à considérer comme une amie, et ce sentiment se trouvait renforcer quand il commençait à entrevoir la destinée qui attendait peut-être la Graärh. De Ashuudh, elle pourrait bien devenir la plus vénérable des Graärh… la plus grande prêtresse des Esprits-Liés de leur temps.

Mais l’heure était venue de rendre ses dus à l’ancienne Couronne. Oui, ancienne… Au vu de ce qu’il venait de révéler à Reynagane, il semblait enclin à les soutenir. Non plus seulement à rester neutre, confiné dans sa forge souterraine, mais à leur tendre une patte secourable. Même si, à n’en pas douter, dans les limites qu’il se fixerait. Ilhan comprenait sans peine la douleur qu’une telle décision pouvait infliger au Graärh si ancestral. Se dresser contre ses anciens amis, se poster aux côtés d’êtres qu’il ne connaissait pas, ou peu, pour leur venir en aide, et barrer la route de ceux qui avaient été ses alliés… Oui, cela était douloureux, une cruelle torture. Il le comprenait aisément pour l’avoir vécue lui aussi, même si d’une manière différente. Traître… Tel serait le mot qu’Udyog recevrait sans doute avec mépris de la part de ses anciens compères. Traître… Tel serait désormais l’abject superlatif qui affublerait la Couronne dans les annales de l’histoire des Graärh. La Couronne qui aura trahi les siens pour aider et sauver leurs descendants… Sinistre et triste destinée.

S’il leur devait l’histoire de cette boucle ? Ilhan fut tenté de lui dire qu’il ne leur devait rien de tel. Le marché était l’objet contre le fait de rester neutre et de ne pas intervenir. La Couronne leur offrait déjà bien plus en leur assurant son soutien. Il se tut toutefois, sa curiosité légendaire gardant ses lèvres closes pour entendre cette histoire. Il aimait les histoires. Il aimait le savoir. Ce serait mentir que de dire qu’envie résonnait bien trop en lui.

Une autre boucle d’oreille semblable… Oui, celle que portait réellement le forban, Roi des pirates. Ilhan hocha imperceptiblement la tête en guise d’acquiescement muet. Il se retint de sourire aux mots du Graärh. L’inégalable, son talent. Modestie ne pourrait en aucun cas être son surnom. Quand bien même, il devait l’avouer, Udyog était effectivement plus que talentueux. Mais cela l’amusait d’entendre le Graärh l’affirmer sans aucune retenue. Laissant percer d’ailleurs dans son histoire, que leur rupture et dispute semblait avoir eu pour fondement une bataille d’ego plus que de conviction.

– Je ne doute pas que vous parviendrez à la détruire désormais, répondit enfin l’althaïen d’une voix posée et assurée.

Udyog transpirait la détermination à ce sujet. Et était nourri d’expérience et d’envie de revanche. Nul doute qu’il y parviendrait, oh oui. Son ego y veillerait, Ilhan en était persuadé.

– Je sais que les coutumes Graärh, du moins de notre temps, n’aiment guère les remerciements, mais sachez que mon cœur vibre de tout ce que vous nous avez offert aujourd’hui. Soutien…

Son regard erra sur le portail, et ses orbes jusque-là d’une nuit sans fin se mirent à pétiller d’or, signe chez lui d’une émotion vive ou d’une curiosité plus que vibrante. Il aimerait tant pouvoir jouir d’un tel savoir, notamment en communication... Il se souvenait encore des explications qu’on lui avait offertes à la forge concernant les sortes d’antennes qui pouvaient relayer des informations entre elles. Une révolution s’il pouvait un jour reproduire tel savoir !

Puis ses perles noires constellées d’étoiles vinrent s’égarer sur Reynagane, à qui il offrit un sourire sincère et à qui il serra la patte d’une main douce mais ferme, lui assurant, lui aussi, son soutien et surtout sa reconnaissance. Humble comme elle était, sans doute ne voyait-elle pas combien tout ceci aurait été impossible sans elle. Pourtant, elle avait accompli beaucoup dans cette quête. Elle s’était révélée une pièce maîtresse, une clé sans qui rien n’aurait été possible. Ou en tout cas, pas avec une telle réussite.

– Et savoir.

Son regard vint s’ancrer de nouveau sur Udyog en face de lui.

– Le savoir est le pouvoir, disait-on autrefois dans mon ancienne cité perdue.

Il observa un court instant l’Althaïa qui les entourait, représentation presque parfaite de ce que sa belle Romantique avait été… sans l’être totalement. Qu’il était déroutant, à la fois douloureux et salvateur, de la revoir ainsi, quand bien même elle n’était plus à lui.

– Et je pense pouvoir comprendre combien tout cela peut vous coûter.

Se dresser contre ses anciens amis. Même si cela venait de l’appel d’un Esprit-Lié.

– Vous nous offrez bien plus que ce que vous nous aviez proposé en échange de l’objet. Même si nous vous avons apporté également plus que ce qui était prévu aussi.

Tel le Cor, cadeau supplémentaire des plus imprévus.

– Si nous sommes amenés à… collaborer ? Ou je ne sais comment vous souhaitez nommer ces échanges entre nous… Sachez que nous sommes prêts à nous porter aussi à vos côtés au besoin.

Si une Couronne venait s’en prendre en représailles à Udyog, par exemple, même si Ilhan se doutait bien que le Graärh était plus qu’apte à se défendre. Mais peut-être avait-il, ou voulait-il, leur confier d’autres missions, qui scelleraient à jamais leur… alliance ? S’ils pouvaient seulement parler d’alliance.

Dans tous les cas, pour lui, cela n'irait pas dans un seul sens.

Que de révélations pour les aventuriers qui venaient de se déplacer pour à nouveau rencontrer Udyogg, cette fois-ci auprès du portail magique qui était présent sur cette île.

En vérité, Belethar sentait tout le poids des années qui tombait sur Udyogg. Non pas en terme de vieillesse - car le graärh semblait en tout état de cause dans la force de l'âge, quand bien même fut-il un félin presque millénaire - mais bien en terme de sagesse, et de connaissance. En fait, le baptistrel réalisa que de sa vie, il n'avait probablement jamais connu de graärh autant capable de dire avec précision ce qui s'était réellement passé à tel ou tel moment de leurs histoires. La culture actuelle de ce peuple faisait que d'une façon générale, leur histoire était assez inaccessible, et que toutes les bribes de leur passé relevaient de légendes. Des légendes qui portaient bien leur nom, puisqu'il était souvent impossible de démêler le vrai du faux. À moins d'être suffisamment courageux (ou de ne pas réellement tenir à sa vie) pour entreprendre des fouilles archéologiques dans des ruines cachées, comme dans les sous-sols de Calastin par exemple.

Ainsi donc, il était agréable aux oreilles de Belethar d'entendre parler de tout ce que Udyogg avait à leur dire : ces histoires d'amour, d'orgueil, de gloire avaient façonnés le destin d'une civilisation. Ses témoignages étaient la substantielle mœlle de tout ce qui s'était passé avant l'arrivée des hommes. En vérité, le Pater Familias aurait facilement pu rester là à écouter Udyogg pendant quelques temps. Il songea même au fait qu'ils pourraient peut être faire un livre, ou bien encore mieux, un recueil d'histoires sur tout ce qui venait d'être dit jusqu'à présent. Afin que cette précieuse connaissance là, cet héritage des temps très anciens, ne soit pas envoyé dans les limbes de l'oubli s'il devait arriver malheur à Udyogg.

Peut-être que le baptistrel trouverait le courage de lui proposer cela, a condition que cet ouvrage ne sorte jamais des murs de l'Ordre Baptistrale, si tel était son souhait. Il serait fier d'être son scribe. Mais pas aujourd'hui. Il était encore bien trop tôt, car ils avaient à la fois d'autres combats à mener, et à la fois, il pouvait s'imaginer qu'après une telle journée où des nouvelles s'étaient enchaînées de cette façon, Udyogg eut besoin d'un temps où il pouvait rester tranquille.

Cela étant, la promesse qu'il fit aux aventuriers à travers son dialogue avec Reynagane eut pour bon ton de rassurer le Gardien. Enfin, ils allaient pouvoir jouer un tant soi peu à "armes égales" avec les Couronnes, avec le soutien d'une telle personne. Ça n'était pas du luxe. Le soulagement se fit sentir également dans les yeux de son presque-frère, a qui Belethar adressa un regard qui voulait tout dire : enfin, ils allaient peut-être pouvoir cesser d'être attentistes, et de prendre des initiatives pour mieux bouter ces graarhs problématiques.

Mais ces questions là, nécessitaient bien sûr, un tout autre type de préparation. Et pour l'heure, comme dit précédemment, ce n'était plus le moment de la tactique, mais bien du repos et des questions. Aussi, Belethar ne pu qu'abonder dans le sens des paroles de son presque-frère tout particulièrement. Le Gardien remerciait bien évidemment, et quand il fut question d'une potentielle aide à laquelle recourir, Belethar fit :

"Je ferais également tout mon possible pour vous aider, si tel est votre souhait. Également, bien qu'il semble y avoir peu de choses que votre esprit ne sait pas, si vous êtes intéressés d'une quelconque façon par l'Ordre Baptistrale, sachez que notre savoir est à votre disposition Udyogg Ychgamma. Ce n'est peut-être pas grand chose par rapport à vos créations, mais l'entièreté de la connaissance des sans-poils sur une palette de sujets différents est stockée dans nos archives. Si cela peut vous intéresser, a titre personnel comme pour nos ... Actions à venir, je serai personnellement ravi de partager cela avec vous."

La promesse était formulée, et Belethar n'avait qu'une parole. Car il était de la responsabilité des baptistrels de respecter leur serment.

Sans un mot, le Cawr fit quelques pas silencieux, pour se diriger presque discrètement vers Reynagane. Avec bien évidemment son presque-frère ici présent, c'était la personne avec qui il se sentait le plus proche ici, et à l'inverse d'Ilhan, Belethar n'avait jusqu'à là pas pris le temps pour lui adresser un petit mot sympathique, ou lui manifester son soutien.

Et pour cause : qui eut cru qu'une petite esclave dans son genre, rouée de coups par la vie, puisse être reconnue peu ou prou comme une personne d'égale importance à celle de Lalaach, ancien grand prêtre gardien du Baôli ? C'était tout un symbole, que le destin venait de transmettre à la jeune graärh exilée de toutes tribus. Une splendide revanche sur la vie, et Belethar ne put s'empêcher de penser avec tendresse à ce soir de pluie où Reynagane était venu chez lui, les idées moroses après une dispute avec les siens. Un destin bien plus grand l'attendait à présent. Mais Belethar savait ce que cela faisait aussi : lui-même avait été propulsé d'Enwr, de Cawr, à Gardien de tout l'Ordre en très peu de temps. Il n'avait pas vraiment eu les armes pour tout gérer tout de suite, malgré des années à observer ce monde autour de lui, mais il apprenait.

L'Esperancieux passa un bras proche de son amie, et vint poser sa main contre sa patte. Après tout, que ce soit pour Graärh et Sans-Poils, le Gardien de l'Ordre Baptistrale et le Gardien du Baôli représentaient des postes aux enjeux similaires. Tous deux garants de l'histoire, de la connaissance de toute une espèce, tous deux gardiens de lieux sacrés qui ne devaient jamais être violés. Tous deux entièrement dévoués à leur divinité. À bien des égards, les fonctions de ces deux personnes étaient similaires. Belethar fit discrètement a la jeune graärh, avec un petit sourire, et un clin d'œil :

"Quand je te disais que ceux qui t'ont fait du tort se trompaient."

Bien sûr, il serait là si elle le désirait. Que ce soit pour discuter de choses importantes ou simplement discuter, comme avant. Cette ascension prématurée ne changerait rien à leur relation. En ces temps troublés, l'amitié entre Sans-Poils et Graärhs était quelque chose à cultiver, en tout point. Une fleur à entretenir pour ne pas qu'elle se fanne, et que les peuples ne retombent pas dans leurs travers d'antan. Un autre monde était possible, et c'était à eux d'en donner l'horizon.

Une question demeura cependant dans l'esprit du baptistrel. Une question qu'il porta a l'attention d'Udyogg :

"Nous avons beaucoup parler de Lolupata aujourd'hui. Mes pensées vont cependant un peu à ce qui se passera ensuite. Sans nul doute que vos anciens confrères ne laisseront pas cet acte impuni. Nous avons un rucher Karapt, des créatures de Rog, qui se trouvent voisin de notre ordre à Néthéril. Leur reine Danalieth c'est cependant séparé de son influence il y a quelques semaines de cela, entre autre grâce à l'aide des personnes de mon ordre. Ce sont des personnes sur qui l'on peut compter dans les jours à venir. À votre avis, serait-il judicieux de les prévenir d'une quelconque façon de ce qui s'est passé aujourd'hui ?"

La question était un peu rhétorique, car L'Esperancieux allait quoiqu'il en soit passer une tête dans le rucher, mais il aurait aimé connaître l'avis d'Udyogg sur la question, car il connaissait bien mieux Rog que le baptistrel.

Perturbée parce qu’elle venait de voir sur l'épaule de la Couronne, Reynagane se mit légèrement dans l'ombre en écoutant ce qu'avait à leur dire Udyog. Comptant leur dispute mêlant jalousie et orgueil de Lalaach, Rog et même le félin qu'ils avaient en face d'eux. À dire vrai, plus Reynagane se plongeait dans le passé de son peuple et plus elle commençait à comprendre pourquoi ce dernier était entièrement flou et mystérieux. Les gräarhs semblaient encore aujourd'hui, obstinés à faire passé leur honneur par dessus tout, quitte à enterrer six pattes sous terre toutes les erreurs faites. Y avait-il quelqu'un capable avec elle d'assumer enfin les conséquences des erreurs passé ?

Reynagane sursauta lorsqu'on l'a sortit de ses pensées. Elle posa ses yeux sur la main de Belethar qui venait de se poser sur sa patte. Lui lançant un sourire soulagé, la gräarh retrouva le fil conducteur de sa tête. Des souvenirs qu'elles paraissaient dater d'une éternité lui était revenu alors qu'ombre, écaille et cristaux faisaient leur chemin jusqu'à sa mémoire.
Belethar s'était mis à traiter du sujet des Karapts avec le forgeron, se qui laissa quelques instants à Reynagane de reprendre contenance
« Si tu devais à nouveau croiser la route de cet Udyog, peut-être devrais-tu l’interroger à ce sujet. »

Tels avaient été les mots de Verith lors de leur curieuse rencontre sur Néthéril, Reynagane sentit la fatigue des derniers évènements fondre pour laisser place à une réelle volonté de comprendre. Lorsque Reynagane avait proposé à Dwëmmer ses quelques morceaux cristaux récupéré de leur expédition  pour essayer de réparer la mémoire de l'araignée d'or, plusieurs visions étaient venues jusqu'à eux trois. Des souvenirs propre aux cristaux trouvés dans le gouffre de Cordont et des souvenirs provenant de la mémoire même de Dwëmmer.

Mille questions en avaient découlé et en ayant aucun lien avec le passé, les Couronnes de Cendres étaient bien leur dernière chance pour avoir des réponses. Est-ce que Udyog était prêt à répondre ?

Il y avait d'abord eu la vision relatant d'une bataille dans le gouffre de Cordont. La vision, bien qu'extrêmement endommagé avait laissé quelques indices ici et là d'une bataille entre les automates de l'entreprise Ychgama d'un côté et des graärhs suivant un mastodonte au corps mêlant métal et pelage. Ce graärh, inconnu au bataillon et effroyable à regarder leur était parut fou de rage à l'encontre d'Udyog. Si la mémoire de Reynagane était bonne, ce graärh voulait récupérer quelque chose qu'Udyog détenait. Mais plus que cela, ces mutliples graärhs de la vision souhaitaient détruire l'entreprise si prestigieuse du forgeron. Vengeance ? Jalousie ? Pouvoir ?
Puis il y avait eu cette deuxième vision. Ramené tout droit des profondeurs immatériels de la mémoire de Dwëmmer. Une gräarh au talent inné pour le maniement de la glace en plein chaos dans le cœur du Baôli. Reynagane pouvait revoir encore les tremblements des cavités et la lave apparaître en tout sens avant qu'une déflagration aveuglante ne vienne causer la fin de cette vision.

Si pour le coup, la féline commençait à avoir des soupçons sur qui pouvait bien être cette graärh extrêmement puissante, rien n'expliquait encore ce qui avait bien pu se passer pour qu'une éruption pareille ne se produise. Est-ce que cela pouvait vraiment n'être qu'un phénomène naturel et rien d'autre ? Des questions. Encore et toujours des questions. Sans aucune réponse pour venir combler les crevasses.

Reynagane, les oreilles pointées vers ce qu'il se disait autour d'elle attendit que les dialogues s'amenuise pour se rapprocher de la Couronne.

- Ychgama, commença t'elle les moustaches frémissantes tant le regard du graärh en face était intense. Au cours de mes recherches et avec l'aide du dragon Verith de L'Ire et d'une antique araignée ouvrière nommée Dwëmmer, nous avons découvert et vu des choses qui relèvent chez nous beaucoup de questions. Des questions qui vous sont plus ou moins destinée car je sais que votre passé est concerné. Par les Esprits, je vous le demande, j'espère que vous accepteriez d'y répondre.  Mais pas que. Nous avons eut des visions émanant de cristaux. La première concerne votre entreprise. Enfin plus exactement une intrusion dans le secteur quatorze. La vision n'était pas clair mais nous étions au cœur d'une bataille. Pourquoi des graärhs auraient voulut s'en prendre à votre entreprise ? Dans...dans la vision, il y avait une espèce de graärh gigantesque ou sa peau se mêlait avec le métal et, oui je crois bien que ses bras étaient devenus armes. Qui était-ce ? Il vous demandait quelque chose, vous souvenez-vous ? Je ne me souviens plus exactement de ce qu'il disait mais je me souviens qu'à un moment, le nom de Shâgrylä est sortit de sa gueule.

Cela faisait beaucoup et Reynagane le savait mais l'espoir au fond d'elle mourrait d'envie de comprendre. Et les réponses étaient là, juste en face d'elle dans ce puits de savoir et de secret respirant le même air que tout ses camarades.

Attendant les paroles le cœur battant à tout rompre, Reynagane sentait un poids revenir sur elle. Quelque chose était là, une sensation étrange et désarçonnante. Mais sous le poids, mieux valait agir c'est pourquoi Reynagane poursuivit.

- La seconde vision était... tout aussi effroyable mais le souvenir était trop endomagé pour qu'il y ait quelque chose de clair. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'il y avait un problème. Un terrible problème dans le Baôli et qu'une graärh au pelage blanc tacheté de noir essayait tant bien que mal de sécuriser les lieux. Très forte pour manier la glace, elle a aussi parlé d'une certaine institut. L'institut Vaalaamuk. Est-ce que vous savez qui est cette gräarh et se que signifie cette institut ? Qu'est-ce qui a pu causer un pareil chaos ?

Reynagane espérait fort, si fort. Mais une petite voix au fond d'elle lui disait qu'elle ne pourrait avoir réponse à tout en ce jour. Et pourtant, l'espoir, c'était bien ce qui lui avait fait faire tant de chose et qui l'avait mené là où elle était aujourd'hui.

Toujours en train de bouder ? C’est une manière d’exprimer mon mécontentement en un sens. Je ne réagis peut-être pas comme une adulte mature, ou sage, peut-être que ce terme serait le mot le plus adéquat pour exprimer ma manière de réagir. Je suis peut-être trop primitive, trop impulsive… Mais j’ai l’impression de ne plus vraiment me connaître…

Je vois le monde évoluer si rapidement, il y a quelque temps, j’étais une esclave, et aujourd’hui me voilà en face d’une légende de mon monde. Je vois Reynagane, Ilhan, et tout le reste, ils ont tous évoluer, moi aussi peut-être, mais je ne parviens pas à le voir… Je ne perçois rien, je me sens si vide en fait… Sans aucune continuité, alors que j’ai tout, j’ai rencontré des personnes extraordinaires, mais je pense que l’effet de cette dernière nouvelle a eu un terrible effet en réalité… J’avais vu ma vie toute tracé, mais en finalité, je ne sais plus vraiment ce que je souhaite faire, ce que je désire au plus profond de moi…

Ce n’est pas compliqué pourtant, je ne devrais pas être choquée, cela devrait me faire ni chaud ni froid, car ce n’est plus ma vie, mais je ne sais pas en réalité… Je ne sais plus… M’wano est mort, enterré, de même pour Lolupata, et je suis Nyana… J’ai ma vie, ma famille, et pourtant, me voilà à penser à un passé dont je n’aurais jamais dû avoir connaissance.

Mais que faire de plus ? Je ne suis pas ici pour mes états d’âme, et malgré ma manière de réagir, a rester dans mon coin à écouter les paroles, je peux déjà comprendre que rien n’est terminé, que les catastrophes vont s’enchaîner, et que peut-être cette nouvelle faim me sera plus utile que je ne pourrais l’imaginer… C’est comme un voile qui s’installe sur nous, et j’ignore ce qui se passera, mais le sang coulera de nouveau, et au fur et à mesure que le temps défilera, le passé refera surface. C’est peut-être temps pour moi, d’accepter notre passé, ce passé que nous avons tous oublié, pour vivre de manière plus simple. Qui sais, peut-être que l’âge d’or des félins de Néthéril sera de retour… Tout peu arriver, et je serais prête à défendre ma terre, peu importe le sacrifice que je devrais faire, je suis prête à tout pour mon peuple… Il n’y a pas de victoire sans sacrifice…

« Peu importe ce que nous aurons à affronter, il faut savoir se salir les pattes, et je suis prête à tout pour défendre mon clan et ceux que j'aime. Parfois, il faut combattre le feu par le feu… Alors tenons nous prêt... »

Mon regard se fait plus sérieux, peut-être même un poil mauvais, je ne veux pas perdre ma famille, et encore moins Rey… Elle est ma dernière lueur, peut-être la seule chose qui me permet de rester lucide… Mais je le sens finalement, que toute cette lucidité finie par s’évaporer au fil du temps…

Je n’ai pas peur de mourir… Ce dont j’ai peur, c’est de la voir disparaître… Peut-être un peu comme lui lorsqu’il a perdu son enfant… Est-ce ce qui nous unit ? Ce sentiment si fort, cet amour qui nous empoisonne le cœur ? Une seule question me trotte l’esprit, jusqu’où je serais prête à aller pour la protéger ?

Dès lors je ne prêta pas plus d’attention que ça à se qu’il se passait. Perdu dans mon monde j’évaluais mes chances d’être encore en vie dans deux ans. Elle augmentait avec ma libération, mais en entendant tout ce qu’il se tramait derrière le peuple et avec le peuple je craignais encore plus. Je surpris le regard de la graarh qui était une humaine et son sourire me rappelait un vague souvenir d’une barque.
A entendre les révélations sur révélation, de danger du présent et du passé qui se répondaient j’avais comme un vertige. Je sentais mes pattes toutes faibles sous mon poids pourtant pas très élévé.

Je restais à l’écart, presque dans l’ombre de toutes ses grandes personnes aux rôles capitales. J’écoutais en comprenant ce que je pouvais. L’annonce des déchets contaminant la terre me retourna. J’étais faciné par la technologie en face de moi, ce portail que Le graarh pianotait tout en continuant de parler. Et savoir qu’elle était la cause de tant de maux.

Je me disais que même après des années, ces maux ne semblaient pas être partit de notre terre. Je remuais dans tout les sens mes souvenirs, ceux qui me revenait le plus c’était la vielle qui m’apprenait les soins et je ne pouvait m’empêcher de penser qu’elle n’aurait pas apprécier l’idée de mettre du métal pour sauver son corps.

Je me reculais pour prendre une grande respiration, tout ça c’était beaucoup pour si peu de temps. La les cauchemars d’un monstre bien réel, la bataille, la fuite et le retour dans la ville. Cette ville aux doubles allures. Les blesser de ce combat, dû surtout au cyclone. Je n’arrêtais pas de me dire qu’ils avaient rien demander de tout ça. Rien, comme moi à vrais dire. Pourquoi il fallait que toujours il se passe des atrocités à des personnes qui n’avaient rien à voir dans l’histoire.

Je crois que c’était à ce moment là, que je pris les décision de me bouger. De réaliser mon devoir, celui de finir mon apprentissage de guérisseur et de participer à réduire les douleurs de ce monde. Devant moi ils avaient tous leurs rôles dans les prochains grand moments. Le mien restait à déterminer, mais je savais qu’il serait avec les autres. A tout ceux qu’on ne pense pas.

Je souris à moi même, je me souvenais d’avoir déjà penser ça, lorsque j’étais encore qu’un graarhon. J’aimais faire du bon travail car mon travail était d’aider et de soulager. Il eu deux ans où je ne réfléchissais plus de cette manière. Ce temps là venait de prendre fin, devant tout un tas de grande personne. Devant une légende de ma race je tournais une page de plus.

Au nom de la jeune graärh Reynagane qui avait soif de découverte et de réponse quant au passé de son peuple. À la Reynagane qui avait plongé dans le mystère et les secrets qui dépassaient sans nul doute l'entendement, lors de sa rencontre avec Verith et Dwëmmer. Aujourd’hui, après deux lunes, ou trois ? A essayer de mettre une griffe sur quelque chose, voilà que la féline commençait à comprendre. À tout comprendre.

Udyog Ychgama venait de révéler des secrets enfouis sous la lave depuis des centaines et des centaines d’années. Là, assis sur cette pièce de métallique, la Couronne qui aurait pu tout à fait bien se tapir sous le poids du passé, avait les yeux froids et lucides.

Reynagane ne souleva pas un murmure durant tout son récit. Même pas un souffle. Elle aurait pu rester ainsi, à ne respirer que le strict minimum pendant encore une heure s’il avait fallu. L’institut Vaalamuk. Les Karapts. Tiamat. La cinquième couronne. Le coeur de l’ancien peuple graärh enfouis sur des kilomètres de distance sous un dôme de lave. La peste de corail.

Shâgrylä.

Aujourd’hui, ses amis et elle venait de comprendre que Rog, Laalach, n’était en réalité qu’une première partie d’un plus grand problème encore. Sans savoir très bien expliquer les sentiments qui se bousculaient et se mélangeaient dans le corps de Reynagane, la féline pouvait sentir cependant une part du poids que porter Udyog s’envoler et venir se percher sur le groupe qui venait d’anéantir  Lolupata. De même, en ce jour, un remède contre la peste de corail venait de re rentrer dans le cours du temps. Certes un remède qui n’était pas sûr de fonctionner à tous les coups et tout dépendamment de l’avancée de la maladie. Mais tout de même !

Osant enfin bouger une oreille, Reynagane ne savait pas quoi répondre à tout cela. C’était comme si elle venait en si peu de temps passer dans un ouragan de souvenirs et de réponses. Une claque.

C’est alors que Nyana brisa le silence pesant qui venait de s’instaurer en ce lieu. Dans un souffle, le verre se briser et la graärh posa un regard à la fois déterminé et soulagé sur celui de sa sœur de cœur.

Le portail d’Udyog était enfin réparé. Lolupata était hors d’état de nuire. Les révélations étaient faites et les jeux ne faisaient que commencer. Alors pourquoi Udyog se redressa et fit un signe à Reynagane d’approcher ? Depuis leur première rencontre, la féline avait une sensation étrange face à la Couronne. Son regard lui semblait toujours glaciale à son égard.
Hésitante une seconde, Reynagane s’avança en sentant de nouveau un poids venir se poser sur son épaule. Udyog se tourna alors pour chercher, semblait-il, quelque chose dans ses outils. Curieuse et légèrement inquiète, la graärh pencha légèrement la tête sur le côté pour essayer de voir ce que Udyog pouvait bien vouloir “calibrer” mais en vain.

Lorsque la couronne rénégate lui fit de nouveau face, le félin entama alors un cheminement de parole qui remontait petit à petit jusqu’à l’esprit de Reynagane. Les mots défilaient, ses pupilles s’étrécissaient et ses pattes s’enfonçaient dans le sol à coup sûr. Le coeur en plein branle-bas de combat, voyait ou voulait en venir Udyog au fur et à mesure de son discours. Un discours qui aurait bien valu une fuite pendant quelques secondes de la féline alors qu’elle voyait une montagne de responsabilités fondre tout droit sur elle.

Udyog traita du sujet des sigils et leva une griffe en l’air. Tout tournait autour de Reynagane mais pour autant, elle ne vacillait pas. Des larmes rêvaient de chuter en cascade et pourtant aucune goutte ne coulait.

« Une nouvelle gardienne du Bâoli s'élève en ce jour investi du plus sacré des mandats. Que celle-ci veille jusqu'à son dernier souffle aux côtés des Protecteurs sur la déchirure. Reynagane Shäa, Purohit Rakshak, Porteuse du Sigil de la Céleste Assemblée. Sous la bienveillance de l'Araignée, ta garde commence. »

La foi de Reynagane envers les Esprits-Liés n’avait jamais faibli, et ce malgré toutes les épreuves que la vie lui avait réservées. Elle n’avait jamais espéré quelque chose en retour. Alors pourquoi ? Pourquoi Udyog disait ses mots ? Pourquoi la couronne semblait être sûr de lui face à ce déluge de phrases ? Aussi confiant ?

Au bord de l’implosion, Reynagane leva ses yeux noisettes sur une poudre doré qui vînt voleter alors au-dessus de son épaules. Se rassemblant pour former une forme arachnide, l’animal se matérialisa et son poids sur son épaule fut pour la première fois réel. À cet instant, une sensation de calme se dispersa en elle. Les multiples petits yeux de l’arachnide se posèrent sur elle et la montagne qui venait de l’écraser s’allégea. Gardienne du Baôli.


Levant ses yeux vers Udyog, la graärh croisa ses deux pattes sur le devant de son corps et baissa la tête en signe honoré. Elle aurait pu avoir peur mais à cet instant précis il n’y avait que clarté et lumière dans son esprit.