Le retour de l'enfant prodige
.. Chapitre I.
De la glace, de la glace et encore de la glace à perte de vue, rien d'autre, ça ne la dérangeait pas vraiment, elle qui ne supportait guère le soleil et la chaleur, préférant l'ombre et la sécurité que lui apportait ces terres. Elle posait ses yeux d'argent sur la ville en contre bas, depuis le haut d'une flèche, ça lui rappelait les histoires sur ces châteaux dans les montagnes à moitiés pris dans la glace, depuis quelques jours elle explorait, elle furetait dans cette capitale qu'elle préférait à l'ancienne, elle ne tarderait sans doute pas à descendre de son promontoire qui lui donnait l'impression d'être supérieure à tout ce qui l'entourait - bien que ce fut sans doute le cas.
Les pierres grises presque trop ternes, lui rappelaient une autre histoire, tout paraissait terne et mort au milieu de toute cette neige et cette glace, comme prisonnier du temps. Elle finissait donc par descendre de là où elle avait grimpé, crapahuter était quelque chose qui l'amusait, voir les choses d'un autre angle, différemment..
Retrouver le chemin de la maison était une tâche aisée, il suffisait de tendre l'oreille, d'observer, et d'en déduire certaines choses, elle était une vraie fouineuse et elle avait bien trop de fierté pour demander simplement sa route, et elle voyait cela comme un jeu de piste, et si ça la divertissait pourquoi devrait-elle se priver après tout ? Elle avait besoin de bouger sans cesse, la passivité était quelque chose qui l'agaçait au plus haut point.
Elle trouvait facilement, ça lui prit tout juste une journée, et comme elle préférait s'avancer sans aucune cérémonie, poussant sans aucun mal la lourde porte en bois massif, elle entrait comme en territoire conquis - puisque c'était le cas. Le claquement de ses talons résonnait dans le hall de la demeure à cause du sol de marbre de ce dernier, elle jetait un vague regard dans l'ensemble de la pièce, qui lui paraissait presque trop grande, elle avait perdu l'habitude de cette démesure et de tout ce luxe, bien trois ans qu'elle était sur les routes, elle avait vu beaucoup de chose et amasser les contrats, rentrer chez soi avant un petit goût de paradis, même si elle n'était pas totalement certaine de l'accueil qu'elle allait recevoir.
Mains posées sur les hanches, elle portait sa tenue habituelle de cuir noir assorti de sa longue cape noire, sa capuche bien sûre, sa tête, ça ne faisait pas vraiment de doute, ça ne faisait pas de doute qu'il s'agissait bien de celle qui est née des cendres.