19 octobre
Le soir s'installant tranquillement dans Cendre-Terre, de gros flocons tombaient déjà dans les rues et les cours. Là-haut, quelques part dans le grand manoir des Elusis, la froideur du lieu n'avait d'égal que le silence des grandes pièces. Pas de rire. Pas de 'pouic' ou de gros fracas. Pas de discussion sérieuse. Rien. Rien que le silence et peut-être le crépitement de quelques feux ici et là.
Cependant, si on tendait l'oreille, on pouvait entendre un petit grattement quelque part dans une cour intérieure parsemée d'une neige fraîche et mordante. Caché dans un coin au milieu des flocons, Ulmo Elusis s'acharnait à tailler un bout de bois avec force. Mentalement, le petit avait une idée très précise de ce qu'il devait faire et au lieu d'utiliser la magie, Ulmo préférait s'acharner sur ce bout de bois. Car oui, pour la première fois depuis longtemps. Ou peut-être pas si longtemps que ça finalement. Ulmo n'avait pas envie de rire. Pas du tout. Bien qu'il soit enfant, le garçon n'était pas dupe, au contraire, il arrivait même à percevoir clairement les émotions des personnes autour de lui. Et ce qu'il percevait depuis plus d'une semaine, c'était la tristesse, la solitude et le silence de la tendre mort. À commencer par l'absence depuis plusieurs jours de son père d'adoption qui d'après des chuchotements ici et là, n'allait pas bien du tout. Et bien qu'on ne le lui avait clairement pas dit en face, Ulmo sentait dans l'air que des choses bien plus grave encore c'était passé. Il n'y avait qu'à entendre les reniflements et voir les joues bouffies de Madame Doubfire pour se poser nombreuses questions. Et si Ulmo était de nature rêveur, casse-coue, malicieux, joueur et bien d'autre encore mignonnerie, c'est dernier temps, le petit n'avait plus le cœur à embêter le monde. Pourquoi ne lui disait-on jamais rien ? Il était suffisamment grand pour comprendre. Et si une licorne avait oser kidnapper Aldaron : de un, les licornes baisseraient longuement dans son palmarès des créatures enchantées avec qui devenir ami plus tard et de deux, il fallait absolument aller sauver son père adoptif de là !
Levant ses yeux noisettes vers le ciel nuageux et sombre, les hululements d'un hibou le réveillèrent de ses mornes pensées. Son arme pour se battre contre les licornes n'avançaient pas des masses et à vrai dire, si les flocons lui tombant dans les cheveux l'avaient apaisé au début, les chutes blanches commençaient à lui taper sur le système.
Se relevant d'un air colérique, Ulmo rentra dans la grande bâtisse en faisant traîner son bâton d'un côté et son Nounours de l'autre. Traînant des pieds, le vampire arriva dans sa grande salle de jeu et y découvrit Circë, un autre petit adopté comme lui. L'enfant semblait s'amuser avec une petite peluche en forme de pieuvre et une autre en forme de chouette. Son petit frère arrêta son jeu pour tourner son visage vers Ulmo.
- Je voulais faire... l'anniversaire de Monsieur chouette.
Ulmo laissa un sourire apparaître sur son visage et sans un regard vers les grains de sables du grand bac derrière Circë, il décida de former un gâteau. Pas n'importe quel gâteau attention. Un gâteau avec au moins six étages ! Laissant tomber son bout de bois par terre, Ulmo s'avança en venant placer Nounours à côté de Monsieur chouette et Bubulle. Circë, les yeux brillants depuis la formation du gâteau, se redressa en riant.
- Attend, si on fait son anniversaire, il faut qu'il y ait encore plus d'invités !
- Tu crois qu'on peut aussi faire l'anniversaire de Nounours en même temps ? Demanda Ulmo en jetant un regard vers sa peluche.
- Parce que tu sais quand je suis née ? Demanda Nounours.
- Bien sûr ! (que non) Ça doit être en ce moment je te dis.
- Oui, on va faire une grande fête, tu es d'accord Ulmo ?
Le jeune vampire opina vivement du chef conscient qu'il allait pouvoir un peu se changer les idées. La fête commença alors. Circë avait ramené un bataillon de peluches et Ulmo avait installé une véritable petite zone pour festoyer dans son bac à sable. Malheureusement, la voix de Madame Doubfire fit écho à leur chant d'anniversaire. Enfin un peu de chant dans cette grande demeure vide. Appelant Circë de sa voix plus faible que d'habitude, Ulmo fronça les sourcils tandis que son petit frère fit mine de se cacher sous les peluches.
- Circë, vient ici mon petit, il est l'heure d'aller au lit.
- Va te cacher vite !
Trop tard. Madame Doubfire entra dans la grande salle et fit une mine bougonneuse accentuant ses yeux rougit.
- Ulmo range la pièce veux-tu ? Allez viens Circë.
La porte claqua derrière un dernier regard implorant du jeune immaculé emporté par les grosses mains de Doubfire. Et Ulmo se retrouva de nouveau seul. Enfin pas tout à fait. Il avait une armée de peluche avec lui. Et honnêtement, le moment qu'il venait de passer ne lui donner pas du tout envie de « ranger » cette magnifique salle de fête.
Soupirant, le vampire s'imagina une seconde pouvoir avoir de nouveau la sensation de dormir. En d'autre moment, il adorait passer ses nuits à faire tout et n'importe quoi. Mais en ce moment, c'était trop dure de s'amuser.
Ulmo décida de s'éclipser silencieusement de la pièce en emportant Nounours avec lui.
- T'inquiète pas Nounours, on continuera ta fête demain. Pendant ce temps, on va chercher des cadeaux pour Monsieur chouette. Je suis sûr que Circë va t'en trouver plein aussi. Et je t'en ferai un plus gros que Nahui, si c'est possible haha.
Le garçon déambula dans les couloirs, s'arrêtant dans des pièces pour trouver des petites décorations ou de petits objets jolies. Sans regarder ou il se trouvait, Ulmo se retrouva alors à pénétrer dans une grande chambre. Ses petits yeux se posèrent tout de suite sur une petite table avec quelques bijoux qu'il regarda avec admiration tout en touchant du bout des doigts des petites fleurs qui semblaient être tombé par terre.
- Tu as vu Nounours, c'est beau.
- On ne vole pas Ulmo. On regarde juste. le taquina la peluche.
- M'enfin Nounours ! Quel idée, je dis juste que c'est beau.
Un bruit derrière la porte se rapprochant rapidement se fit soudain entendre. Ulmo aurait encore eut un cœur qui bat, celui-ci aurait sûrement fait un bon dans la poitrine. Ne sachant quoi faire, l'enfant plongea sous le lit en espérant que ça ferait l'affaire tandis que la porte de la chambre s'ouvrait.