6 novembre 1764
Après une semaine de voyage en mer, la sensation de roulis dans mes jambes était persistante. Pourtant, j'avais posé pied à terre depuis un petit moment déjà, et mes pas me conduisaient vers le Domaine Baptistral. Mon oreille interne me jouait seulement des tours et rendait mon cheminement un peu désagréable, mais pas impossible, loin de là. Non, ce qui était vraiment dérangeant, c'était cette pluie qui s'abattait sur mes épaules. L'automne était synonyme de mousson, selon ce que j'en savais, et j'étais en plein dedans.
Mais fort heureusement, je n'étais pas en sucre. Et même si cela avait été le cas, ma cape me protégerait parfaitement des éléments. Les gouttes de pluie glissaient sur le dégradé de feuille exactement comme si elles avaient été véritables tandis que la moiteur de l'air ne parvenait pas à en passer outre les pans refermés sur ma poitrine.
Mon ascension depuis la plage jusqu'au domaine aurait donc pu être pire. La seule chose que je devais véritablement surveiller était mes pieds et le chemin parfois un peu boueux, là où l'eau était retenue dans des crevasses à même la terre. Quant au reste, ce fut un long cheminement sur un sentier clairement indiqué jusqu'à une partie herbeuse de la savane. Le domaine se dressait là, comme mis sous cloche et flanqué d'une prairie boisée. Je ne disposais pas de suffisamment de hauteur pour admirer le travail effectué par les baptistrels, mais tandis que j'empruntais les escaliers, mes yeux se perdaient dans ce décor presque irréel.
J'avais la sensation d'être dans une grotte. Ou au cœur d'une montagne. Mais la voûte, loin au-dessus de ma tête, était comme de la dentelle et laissait filtrer aussi bien les rayons du soleil, lorsque le beau temps était là, que la pluie de cette heure. C'était magnifique, bien que cela n'était guère une surprise. Les marins du navire qui m'avait conduite jusqu'ici avaient longuement parlé du domaine pendant les sept jours de traversée. Mais il était plus que plaisant d'enfin découvrir tout cela par moi-même.
Ce qui accrocha mon regard en premier lieu fut le lac. Je ne pouvais pas le manquer, d'autant que la saison des pluies lui avait fait prendre encore davantage d'espace dans la grotte. Quant à la végétation, elle me donnait l'impression d'être dans une cenote, mais dont on aurait recouvert le sommet. L'air y était chaud et humide, mais plus supportable qu'à l'extérieur. J'osais à peine imaginer ce que vivre dans la savane donnait lors de la saison sèche.
Ainsi, mes pas me conduisirent jusqu'aux abords du lac. Il avait attiré mon regard dès mon arrivée, il n'était donc pas surprenant que ce soit la première chose que j'aille voir. J'en avais le temps, après tout. Car, même si j'avais annoncé ma venue étant donné la nature officielle de ma mission ici, je ne manquais pas de temps devant moi et je ne voulais pas non plus presser qui que ce soit. Après un long voyage, profiter un peu avant de rentrer dans le vif du sujet qui m'emmenait ici était plus que bienvenue.
Les abords de l'eau étaient calmes. Il y avait bien quelques personnes, mais elles se trouvaient un peu plus loin et je ne ressentais pas du tout l'envie de m'y mêler pour le moment. Même s'il me semblait y voir des Graärh, ce qui ne manqua pas de me tirer un sourire.
J'étouffais un bâillement dans ma main. L'air marin était vivifiant, mais aussi fatiguant. Je faisais bien de prendre le temps de me poser un peu. Ce fut donc avec un certain plaisir, après la pluie, que je laissais tomber mon capuchon et me posais tranquillement au bord de l'eau. Mais, n'étant pas du genre à ne rien faire, je sortais tout de même de ma sacoche mon carnet de notes, Memoria, où je retranscrivais régulièrement ce que j'avais appris du Graärh avec Dhüo Lingwo.
Après une semaine de voyage en mer, la sensation de roulis dans mes jambes était persistante. Pourtant, j'avais posé pied à terre depuis un petit moment déjà, et mes pas me conduisaient vers le Domaine Baptistral. Mon oreille interne me jouait seulement des tours et rendait mon cheminement un peu désagréable, mais pas impossible, loin de là. Non, ce qui était vraiment dérangeant, c'était cette pluie qui s'abattait sur mes épaules. L'automne était synonyme de mousson, selon ce que j'en savais, et j'étais en plein dedans.
Mais fort heureusement, je n'étais pas en sucre. Et même si cela avait été le cas, ma cape me protégerait parfaitement des éléments. Les gouttes de pluie glissaient sur le dégradé de feuille exactement comme si elles avaient été véritables tandis que la moiteur de l'air ne parvenait pas à en passer outre les pans refermés sur ma poitrine.
Mon ascension depuis la plage jusqu'au domaine aurait donc pu être pire. La seule chose que je devais véritablement surveiller était mes pieds et le chemin parfois un peu boueux, là où l'eau était retenue dans des crevasses à même la terre. Quant au reste, ce fut un long cheminement sur un sentier clairement indiqué jusqu'à une partie herbeuse de la savane. Le domaine se dressait là, comme mis sous cloche et flanqué d'une prairie boisée. Je ne disposais pas de suffisamment de hauteur pour admirer le travail effectué par les baptistrels, mais tandis que j'empruntais les escaliers, mes yeux se perdaient dans ce décor presque irréel.
J'avais la sensation d'être dans une grotte. Ou au cœur d'une montagne. Mais la voûte, loin au-dessus de ma tête, était comme de la dentelle et laissait filtrer aussi bien les rayons du soleil, lorsque le beau temps était là, que la pluie de cette heure. C'était magnifique, bien que cela n'était guère une surprise. Les marins du navire qui m'avait conduite jusqu'ici avaient longuement parlé du domaine pendant les sept jours de traversée. Mais il était plus que plaisant d'enfin découvrir tout cela par moi-même.
Ce qui accrocha mon regard en premier lieu fut le lac. Je ne pouvais pas le manquer, d'autant que la saison des pluies lui avait fait prendre encore davantage d'espace dans la grotte. Quant à la végétation, elle me donnait l'impression d'être dans une cenote, mais dont on aurait recouvert le sommet. L'air y était chaud et humide, mais plus supportable qu'à l'extérieur. J'osais à peine imaginer ce que vivre dans la savane donnait lors de la saison sèche.
Ainsi, mes pas me conduisirent jusqu'aux abords du lac. Il avait attiré mon regard dès mon arrivée, il n'était donc pas surprenant que ce soit la première chose que j'aille voir. J'en avais le temps, après tout. Car, même si j'avais annoncé ma venue étant donné la nature officielle de ma mission ici, je ne manquais pas de temps devant moi et je ne voulais pas non plus presser qui que ce soit. Après un long voyage, profiter un peu avant de rentrer dans le vif du sujet qui m'emmenait ici était plus que bienvenue.
Les abords de l'eau étaient calmes. Il y avait bien quelques personnes, mais elles se trouvaient un peu plus loin et je ne ressentais pas du tout l'envie de m'y mêler pour le moment. Même s'il me semblait y voir des Graärh, ce qui ne manqua pas de me tirer un sourire.
J'étouffais un bâillement dans ma main. L'air marin était vivifiant, mais aussi fatiguant. Je faisais bien de prendre le temps de me poser un peu. Ce fut donc avec un certain plaisir, après la pluie, que je laissais tomber mon capuchon et me posais tranquillement au bord de l'eau. Mais, n'étant pas du genre à ne rien faire, je sortais tout de même de ma sacoche mon carnet de notes, Memoria, où je retranscrivais régulièrement ce que j'avais appris du Graärh avec Dhüo Lingwo.