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Juillet de l'an 8 du quatrième âge

Artane ne comptait même plus le nombre de jour qui était passé depuis les dernières défaites qui avaient contrés tous les peuples à prendre une décision : quitter Ambarhùna. Lui-même, comme d'autres, n'en était pas revenu. Mais il n'avait pas cherché à plus y réfléchir. Les pensées des conséquences de la défaites n'avaient pour le moment plus leurs places. Seule comptait la survie. Mais pas tout seul. Il y a un ou deux ans en arrière, il aurait pris la poudre d'escampette pour se soucier que de lui. Mais depuis qu'il servait pour Aldaria, après une mésaventure qui aurait pu lui mériter la prison à vie, il avait décidé de prendre la bonne voie, comme son mentor des années avant l'avait tant espéré. Et pour peu qu'il commençait à s'y faire, les Chimères venaient tout briser et dernièrement, elles avaient réussi à briser les forces d'Ambarhùna. Et décision fut prise de quitter le continent.... S'échiner à se battre pour espérer remporter la victoire ne serait que se sacrifier pour rien. La réalité était bien là : ils avaient tous perdus et tout perdu...

Et les jours avaient commencé à s'écouler, entre les aller et retours que faisaient Artane et d'autres volontaires Aldariens pour soutenir les gens qui cherchaient à rejoindre la côte, là où on terminait de monter les derniers navires pour l'unique et grande flotte de l'exode. Les Chimères étaient loin de leur fichtre la paix. Quelques unes lançaient régulièrement des attaques éclairs pour ralentir les dernières voies des exilés. Tous n'auront pas la chance de survivre à leur fuite pour voir la mer s'étendre devant eux.

Combien de jours s'étaient écoulés ? Trop au goût de l'humain; et surtout, il commençait à se demander depuis combien de temps, il n'avait pas dormi correctement. Car il commençait à sentir la fatigue le prendre vilement. Et cette fois, il venait de faire son dernier retour. Les derniers retardataires ne pourront compter que sur eux-même pour rejoindre le port de fortune. Le chef du groupe d'Artane ordonna à ses hommes de monter à bords des chaloupes. Et dès que celle où se trouvait Artane quitta la grève... L'humain avait le visage tendu vers cette terre qu'il ne foulerait plus jamais. Cela pesait lourd sur son coeur et ce n'était pas agréable. Il ne s'était pas attendu à ça. Il avait le regard sourcillant et les lèvres serrés. Puis il monta à bord du navire ventru et puissant qui attendait de lever les voiles pour partir. Artane avait toujours le regard rivé vers Ambarhùna. Et dès qu'elle commençait à s'éloigner... Il ressentit comme un déchirement.

Toute sa vie commençait à s'éloigner, à jamais. Tout ce qu'il avait vécu sur cette terre était désormais perdu à jamais. Il ne lui restera plus que des souvenirs et s'il émettait un jour le désir de se rendre dans un lieu qu'il connaissait, il ne pourrait plus jamais plus s'y rendre.... Toute une existence réduite à néant... Il sentit qu'il tremblait. Les tremblements étaient incontrôlables. Il ne se rappelait pas d'avoir été blessé ou autre, alors que lui arrivait-il ? Il sentit ses jambes le trahir et il s'écroula sur le plancher du navire. et il avait toujours le regard rivé vers Ambarhùna qui disparaissait petit à petit vers l'horizon, au dur et à mesure qu'il s'éloignait. A croire qu'il n'arrivait pas à surmonter le choc du départ.... Quoi de plus étonnant alors qu'il avait verrouillé son esprit pour être au plus efficace possible pour aider les autres. Et la fatigue qu'il avait cumulé....

Il sentit qu'on lui attrapait les bras. Il tremblait encore, au point que ses muscles commençaient à lui faire mal. Il se sentit tomber et ne lutta pas pour tomber dans les bras de la nuit.

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Je regarde Ambarhùna s’éloigner, poussait par les vents vers des rivages inconnus. Mon corps est las de fatigue, mon cœur est serré, malgré toutes les larmes que j’ai versées. Ce monde qui m’a vu naitre, grandir va bientôt disparaitre derrière la ligne d’horizon. En regardant ailleurs, j’aurai pu voir les autres navires de la flotte, l’immense flotte qui quitte le continent pour toujours peut-être. Cette image aurait pu, aurait dû être merveilleuse. Nous partons tous, humains, elfes et vampires, unis vers l’inconnu. Une image merveilleuse d’harmonie. Les grandes voiles blanches ou colorées gonflées de vent, les coques fendant la mer. La paix entre les peuples est réelle en cet instant. Mais la tragédie est plus forte. Je n’arrive pas à ressentir d’émerveillement. Mon cœur est triste et ce sentiment qui m’était inconnu à une emprise sur moi beaucoup trop forte.

Je sais que je dois avoir une allure terrible. Je n’ai pas eu l’occasion de me laver proprement, ni de prendre soin de mes vêtements. Seuls mes cheveux étaient bien coiffés. Ils avaient servi de jeu pour les enfants. Les filles comme les garçons avaient pris plaisir à les coiffer, les brosser, les soigner. Aujourd’hui, ils étaient tressés et coulés jusqu’au milieu des cuisses. Mes vêtements de garçonnes étaient sales, déchirés par endroit, raccommodés de partout. Mais au moins, ma robe bleue sera propre. Pendant le voyage, j’aurais sûrement le temps de prendre un peu plus soin de moi.

Passer du rêve à l’horreur. Voilà ce qu’il s’est passé dans ma vie. Peut-être est-ce parce que la vie m’a trop gâtée, trop vite ? Est-ce sa façon de remettre de l’ordre ? Par la guerre et le chaos ? Non, pas d’apitoiement, pas d’égocentrisme exacerbé. Je n’ai pas à me sentir responsable pour le bonheur que j’ai eu avant l’invasion. Ni de l’invasion. Elle a commencé bien avant que je ne rencontre Aramis. Alors pourquoi ce sentiment de culpabilité ? J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour aider les gens. Je ne suis pas comme Aramis, ou Christan. Je ne suis pas une guerrière, même si je le voulais, je ne pourrai pas le devenir car au fond de moi, je ne veux que la paix.

Mais j’ai fait ma part. J’ai suivi Aramis à Estellin, aidé à soigner les blessés. Malgré nos efforts, il y en avait toujours plus. Les images de ces elfes, de ces hommes et femmes défigurés par les bêtes et les armes. Toute cette violence pour rien. Maintenant nous partons et la fatigue accumulée me fait trembler. Je n’ai plus rien. Je ne sais plus rien. Où est Aramis ? Où est Christan ? Où est Hlin ? Où sont mes parents ? Où est Artane et la famille qui m’avait accueilli à Gloria ? Où est Seö ? Mes pensées se troublent à l’évocation de l’étrange elfe qui m’a appris un chant. Peut-être parce que je peux sentir la présence du renardeau que nous avons rencontré ensemble. Le jeune animal m’a retrouvé et n’a pas voulu me quitter. Il sent ma détresse et se sert contre moi. Quittant Ambarhùna des yeux, je l’enlace, des larmes coulant de nouveaux sur mes joues en abondance.

Durant les combats, j’ai utilisé la magie et mes compétences en médecine pour aider comme j’ai pu. Puis il a fallu reculer. Je ne suis pas militaire ni géographe, mais je savais qu’on ne pourrait pas reculer éternellement. Dans les convois, quand je ne soignais pas les blessés et les malades, je m’occupais des enfants, des orphelins, perdus. Je ne sais pas ce qui a été le plus difficile, soigner les blessés ou leur sourire tout le temps des soins pour les rassurer, en leur disant que bientôt ils ne sentiraient plus la douleur puis fermer leurs yeux. S’occuper des enfants, les consoler d’une voix douce, leur trouver des jeux pleins de rire et de joies quand je ne voulais que m’effondrer sur le côté et pleurer. Je ne leur ai jamais menti, je n’ai jamais pu m’y résoudre. J’ai détourné la réalité, souvent. Et sans eux, sans ces devoirs, je pense que je me serai laissée mourir. Enfin peut-être pas mais je me serai écroulée c’est sûr.

Mais maintenant. Je voulais attendre Aramis avant de monter sur un bateau. Je ne voulais pas l’abandonner mais une lettre est arrivée. Elle avait pris le temps de m’écrire, de s’excuser de son absence. Et de m’ordonner de monter dans un certain bateau, embarquant des enfants et des blessés comme médecin de bord. Que je serai responsable de la santé de l’équipage. La peur devant tant de responsabilité m’avait pris au ventre mais Aramis estimait que j’en était capable alors je ne lui ferais pas faux bond. Et puis la fatigue de ces derniers temps ne m’a permis de réfléchir plus en avant sur les responsabilités qui allaient m’incomber.

La présence du renard à mes côtés me rassure quelque peu, bien que le pauvre animal soit assez perturbé par le roulis de l’eau. En séchant mes larmes, j’aperçois un homme qui semble pris de vertige. Je vois ses jambes flagellées. Avant qu’il ne s’écroule, j’arrive à lui attraper le bras avant qu’il ne tombe. Il pèse lourd, ou c’est ma propre fatigue. Je l’aide à l’asseoir par terre contre le bastingage. Vous allez bien sir ? Laissez-vous faire, détendez-vous. Ne vous inquiétez pas, je vais m’occuper de vous. Je m’appelle Aurore, je suis le… médecin du navire. Après l’avoir assis et en lui parlant, je pose ma sacoche qui ne m’a jamais quitté malgré les mésaventures. Je l’ouvre avant de regarder le visage de mon premier patient dans le bateau.

La stupeur emplit mon visage. Je me jette au coup de l’homme, pleurant dans son coup de joie. Entre deux sanglots, j’arrive à parler. Artane ! Je suis tellement contente de vous voir ! Vous êtes le premier visage connu que je vois depuis longtemps. Je m’inquiétais pour vous. Qu’êtes-vous devenu ? Est-ce que vous vous êtes battu ? Mes sanglots rendant mon discours difficilement compréhensible. Revoir l’homme qui m’a sorti de Gloria est une telle joie après les évènements que j’en oublie son malaise.

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Il sentait qu'on l'aidait, mais il flottait tellement dans le brouillard qu'il ne reconnut pas de suite la voix qui lui parlait. Quelle veine... Il vacillait et il tombait sur le médecin de bord. Une femme qu'il crut entendre à la voix. Il eut encore la sensation de tomber dans un trou sans fond, sauf quand le bastingage se fit sentir dans son dos. On venait de l'asseoir. Au moins avait-il de quoi se raccrocher à la réalité. Les tremblements rendaient ses muscles douloureux. Et cette sensation de vertige... pire que s'il avait bu. Et quand il réussit à trouver la force pour lever la tête, il croisa le regard d'une donzelle qu'il connaissait. Il écarquilla les yeux et à sa grande surprise, la connaissance tomba littéralement à son cou, pleurant comme si elle venait de voir quelqu'un revenir à la vie... Bon il exagérait un peu....

Aurore peinait à parler et Artane était pris au dépourvu. Il ne savait comment réagir sur le coup, mais son mental sut trouver la réponse. Il avait entouré la guérisseur perclus de sanglots de ses deux bras, pour marquer la détresse qui était sienne. Quoi d'autres si ce n'était de réagir de la sorte avec une personne qu'elle connaissait ? Tant de monde fuyait... Peut être même qu'elle n'arrivait pas à retrouver de vue les personnes qui l'avaient hébergée à Gloria. Ainsi, il était donc la première personne qu'elle connaissait qu'elle voyait... Personne d'autres à qui se confier, se rassurer, le temps de ce début d'exil difficile...

D'une voix affaiblie, il réussit à trouver les mots et la force de parler surtout :

''Doucement fillette....Oui c'est bien moi....''

Il la tenait toujours dans ses bras, pendant qu'elle sanglotait contre lui. MIne de rien, revoir un visage connu avait de quoi gonfler le coeur d'une certaine joie. Au moins une de ses connaissances était saine et sauve...

''Je m'étais enrôlé dans la garde aldarienne , pour éviter de moins me... faire écharper...Et après il y a eu l'attaque des Chimères. Je ne suis pas vraiment battu... J'ai surtout aidé les gens à fuir le plus vite possible lors des assauts intenses de ces fichues bestioles... Me battre n'aurait pas permis à des dizaines de rejoindre la côte.... Ca et puis d'autres aller et retour que j'ai fait.... Pour une fois que je me rendais utile....''

Avec la fatigue qu'il avait cumulé, il savait maintenant pourquoi il était dans cet état, à trembler comme une feuille sans rien pouvoir contrôler. Il était dans une forme d'état de choc... Il quittait ses terres qui avaient suivi ses aventures pour ne plus jamais y revenir.... Il se pensait plus dure que cela... et en fait non ! Il se murmurait presque pour lui :

''Artane mon vieux.... Tu n'es qu'un vieil imbécile de sentimentaliste..... ''

Mais autant reprendre avec Aurore.

''Je ne suis pas blessé si c'est ce que vous voulez savoir.... Même si je ne donne pas l'impression d'aller bien...Ne perdez pas espoir jeune fille....''

Plus facile à dire aux autres que de l'appliquer pour lui même

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Je serre Artane fermement, comme si, à tout moment, on pouvait me l’arracher. Comme si ce n’était qu’une illusion, qu’on allait me l’enlever, ou qu’il n’était pas réel. C’est absurde, et pourtant, je n’arrive pas à m’en convaincre. Les larmes coulent sans sembler vouloir s’arrêter. Comme si toute la tension s’évanouissait maintenant, comme si j’étais libérée de la peur. Si Artane avait survécu, il y avait de l’espoir. Ma réflexion est absurde mais elle me fait du bien. Pleurer me fait du bien. Sentir une présence humaine, connue, la chaleur de cet homme, ses bras qui me serraient, m’enlaçant d’une étreinte protectrice. Toute à cette embrassade, une faible nostalgie teintée d’une légère inquiétude me prend, vite balayée. Je me revois, petite, dormant entre mes parents, lors des froides nuits d’hiver. Leurs bras formaient comme un toit contre le froid, alors qu’ils s’étreignaient en dormant, me serrent doucement contre eux. Mon renard vient se loger entre moi et Artane, comme pour partager cet instant avec nous. Je peux sentir son empathie et le bonheur qu’il savoure avec nous.

L’évocation d’une quelconque blessure par Artane me fit redressée brusquement, les yeux encore embués de larmes. Mon visage prend un air inquiet, presque contrit. Le bonheur de le revoir m’a presque fait oublier que je venais l’aider à l’origine. Qu’il était en train de s’écrouler, et que son teint pâle n’est pas très rassurant. En y prêtant plus attention à ce qu’il m’a dit, sa voix était faible. Est-ce parce que je l’étouffais ou de fatigue ? Dans tous les cas ce n’était pas bon signe. Je suis désolée. Je… Attendais, j’ai ce qu’il faut. Vous devez être épuisé. La tension vient de retomber, c’est le contre coup. A vos tremblements, vous avez du vivre beaucoup trop de choses. Ne vous inquiétez plus, maintenant, nous sommes en sécurité. Détendez-vous, laissez-vous faire. Ce ne sera pas la première fois. Peut-être un jour nous nous retrouverons sans que j’ai besoin de m’occuper de vous. Je rigole doucement. Je me sens heureuse, à nouveau. Cette sensation m’avait manqué.

Je vérifie rapidement l’état d’Artane et constate qu’en effet, il n’est pas blessé et n’a pas de symptôme d’une maladie. Je tire de ma sacoche une fiole. Le tonifiant était puissant et demandait normalement à être dilué. Mais je n’ai pas d’eau sous la main. Je pourrais lui faire boire une gorgée, mais la réaction sera trop forte, le pauvre Artane serait pris d’une folle envie de courir partout. Ce serait drôle à voir et ferait sûrement rire les enfants, mais certainement pas l’homme. Tenant la fiole, dans ma main gauche, je réfléchis à une solution. Lorsque je sens une présence derrière moi. Mon renard redresse les oreilles et vient se glisser sur moi, pour se cacher de ce nouveau venu.

Aurore, c’est qui ce monsieur ? C’est ton amoureux ? – Mais non, t’es trop bête, c’est son papa. – Aurore, il est où ton renard ? -Oh oui, on peut jouer avec ton renard Aurore ? Dis oui ? Les petites voix des enfants agrandissent mon sourire. J’ai trouvé ma solution. Je leur souris en me tournant vers eux. Aurore, qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu pleures ? Tu as mal ? . Les enfants se précipitent vers moi avec un air inquiet et je prends un air surpris. Puis je me souviens que mon visage doit être tiré et mes yeux rougis par mes larmes de joie. Alors que les enfants s’approchent, je sens le renard se pressait contre moi. Malgré mes tentatives, l’animal encore sauvage craignait les enfants et je le comprenais. Je le caresse de ma main libre. Ne vous inquiétez pas les enfants. Je ne suis pas triste, ce sont des larmes de joie. Je viens de retrouver un ami. Je vous présente Artane Nordan. Et … Je le connais, il a aidé ma caravane à venir jusqu’au bateau. Les enfants se mirent tous à parler et à poser des questions en même temps. Les enfants, un peu de calme. Artane a besoin de repos. Il a beaucoup travaillé pour vous protéger et doit se reposer. Obron s’il te plat, est-ce que tu veux bien aller me chercher un bro d’eau ? C’est pour un médicament. Un médicament ? Beurk ! Malgré sa grimace, le jeune garçon se dépêcha d’aller me chercher ce que je lui avais demandé. Là ! Le renard ! Non ! Je vous l’ai déjà dit. Le renard n’est pas un animal de compagnie, ni un jouet. Mais Aurore… Non, pas de mais. Allez les enfants, laissez-nous. Allez jouer dans la cale, vous allez gêner les marins. Pour l’instant, ils ont besoin de plus pour manœuvrer. Je m’occupe d’Artane et après je vous rejoins tout de suite après. Aller ! Zou ! Emmener par les plus grands, les enfants disparurent dans la cale, non sans manquer de peu de renforcer un marin que se retint de jurer en voyant mon regard désapprobateur. Ne sachant pas si ce regard lui était destiné ou aux enfants. Il décida de se retenir.

Obron revint finalement avec de l’eau et partit rejoindre ses camarades de jeu. Je dilue un peu de mon tonifiant dans la cruche et la tend à l’homme. Encore désolée pour ce grabuge. En plus d’être médecin de bord, je continue à garder les enfants. Je ne suis pas seule à le faire bien sûr mais ils m’aiment bien et surtout, le renard. Le pauvre animal est terrifié par leur nombre trop remuant. Individuellement, je passe qu’il jouerait avec eux avec plaisir. Mais bon, les enfants ne le comprennent pas trop. C’est de leur âge. Tenez, buvez. Je ne peux pas vous promettre que le goût va vous plaire. Mais je sais que ça va arrêter les tremblements, et vous vous sentirez mieux, plus détendu et en meilleur forme. Alors buvez tranquillement. Et racontez-moi tout. Tout ce qui s’est passé entre notre séparation et le… Le… Les mots restent bloquer dans ma gorge, mais mon sourire enthousiaste reste sur mes lèvres.

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Artane ne put s'empêcher d'afficher un léger sourire fatigué. Aurore ne perdait pas le nord. Elle se rappelait rapidement qu'Artane n'était pas dans une bonne condition et s'en voulait presque. Il retint un rire, redoutant que cela ne le pousse à tourner de l'oeil s'il se lâchait. Mais il avait malgré tout ce sourire : celui d'un homme amusé, malgré l'épuisement qui le guettait dangereusement. Au moins lui confirma-t-elle ce qu'il redoutait le plus. Il subissait le contre coup de l'état de choc ressenti quand le navire avait levé l'ancre pour prendre la haute mer. Au moins n'en mourrait-il pas. Normalement...

''Vous n'avez pas à vous excuser.... On passe une drôle de passe hein...Et je vous fais confiance... et rassurez vous, un jour prochain et même proche, on se causera autour d'autres choses que de me donner des soins...''

Il suivit son conseil et réussit à se détendre.... Cela lui donna l'impression que cela empirait son état. Son esprit et son corps aspiraient à ce qu'il ferme les yeux et qu'il s'endorme profondément. Mais cela, il leur refusait. Et il observait la jeune femme, presque dans un état second. Au point où il en était, il ne pouvait que lui faire confiance. Et même en dehors de cela, il le lui aurait accordée. Puis il entendit des voix infantiles, ce qui le tira un peu de la torpeur dans laquelle il se plongeait doucement. IL eut un rictus amusé en entendant la conversation. Les gosses ne paraissaient pas encore se rendre compte qu'ils étaient eux aussi à un tournant de leur existence. Qu'ils ne s'en soucient donc pas et qu'ils pensent donc à jouer... C'était le mieux à faire pour eux. Ainsi, l'épreuve passerait plus en douceur. Et quand les enfants partirent, Artane ne put s'empêcher de soupirer. Leur insouciance était la meilleure arme pour le moment pour eux.

Il avait remarqué le petit renard, mais il préférait ne pas en parler. La pauvre bête paraissait dans tous ses états, plus encore avec les gamins qui n'étaient désormais plus là. UN renard sur un bateau, Artane aurait tout vu....Il leva une main tremblante pour rassurer la jeune guérisseuse.

''Y a pas de mal.... Faut bien que jeunesse se fasse et qu'ils ne pensent pas à ce que nous adultes pensons et subissons. ils ont besoin de penser à autre chose que de subir nos tourments.... Par contre je les rejoins.... Encore un infâme médicament ? ''

Il lorgnait la cruche d'un air dubitatif. Puis il but... Infâme. Il en fit la grimace. Le temps d'avaler le tout et que cela fasse son effet, il restait silencieux. Puis il était temps de narrer un peu ses mésaventures.

''Depuis la dernière fois que nous nous sommes vus... Disons que j'ai pris une sale voie qui m'a fait comprendre que je devais cesser mes bêtises. J'ai fini par m'engager dans la garde aldarienne, pensait être dans un rôle pépère? Durant le temps entre ce recrutement et ce qui allait nous tomber dessus... Je pensais mener une existence vraiment plus sereine...... Mais c'était sans compter l'arrivée des Chimères... Les Almaréens, c'est de la rigolade à côté.... Je ne suis pas un guerrier courageux même si je sais pas trop mal me battre avec une lame.... Les Chimères, une fois qu'elle possède quelqu'un, elles savent le retourner contre ses propres congénères.... Mais c'est impossible à décrire.... J'ai lutté pour aider les civils à rejoindre le côte et à embarquer surtout.... Je ne compte même plus le nombre d'aller et retours."

Il fit une pause, le temps de faire une grimace. Il remarqua qu'il ne tremblait plus.

''Infect votre truc, mais efficace;.... Mais je pense que cela ne me dispensera pas un bon repos n'est ce pas ? Et vous, Dame Aurore, qu'êtes vous devenue après être sortie de Gloria ? ''

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Je souris à Artane alors qu’il prend le tonifiant. Comme la dernière fois, ce ne sera pas bon mais efficace. Il va finir par croire que je le fais exprès. Désolé, mais avec la fuite, je n’ai pas pu recharger mes réserves et je préfère garder mes aromates pour les enfants, c’est plus simple ainsi de leur faire prendre des médicaments. Habituellement ce tonifiant est très bon et encore plus efficace. J’y mets des épices et des aromates qui aident à son assimilation par le corps et qui amplifie son effet. Une gorgée du breuvage habituelle aurait suffis ordinairement. Mais on va dire que nous sommes dans l’exceptionnel. Je souhaite juste qu’on atteigne la terre avant que ma réserve ne touche à sa fin et que dans notre nouveau pays, je retrouve l’équivalent de ce qui ait été laissé derrière.

Le sourire que j’arborait au début de ma tirade laisse place à une expression de mélancolie alors que mon regard se pose sur l’horizon. Ambarhùna avait disparu derrière la courbure du monde. Ma maison, mes forêts, mes voyages, tout cela été fini. Pour un temps du moins. Il faut voir le bon côté, il y a tout un univers à découvrir, de nouvelles choses à apprendre. Je pourrais participer à la connaissance de tout nouveau domaine. Un sourire ravi repris sa place illumina mon visage. Mon regard se pose sur ma sacoche dans lequel siège deux livres. En plus du traité d’herbologie de maman que je remplis, se tient un autre ouvrage. Alors que je cherchais des livres sur les soins magiques, je suis tombée sur un livre à la magnifique reluire cuir mais dont les pages étaient complètement vierges. J’étais alors m’enquérir sur la présence d’un livre non utilisé à un maître et ce dernier m’avait annoncé que j’avais été choisie. Par qui et pourquoi ? Et bien par ce livre, pour que je puisse continuer d’apprendre et lui enseigner ce que je savais. Ce livre conservait le savoir qu’on y consignait et si on lui posait une question, il avait la capacité d’y répondre si réponse il connaissait. Il n’y a que très peu d’ouvrage comme celui-ci m’avait-il dit. Et que l’ouvrage du domaine avait disparu dans les rayons et avait décidé de réapparaitre pour moi. Bien qu’incrédule, j’ai accepté de le garder car le plaisir et l’excitation étaient bien plus grands. J’ai donc commencé à retranscrire mes connaissances dans le Conscienta pour qu’elles ne se perdent pas et que tout possesseur de ses frères puissent y avoir accès. Qui sait, ça pourrait sauver des vies.

Ecoutant Artane m’expliquait ce qu’il avait fait, je me jette de nouveau dans ces bras alors qu’il parle de ses aller-retours. Je savais bien que vous étiez un héros. Et je sais que malgré vos dires, vous êtes plein de courages et de bravoures. N’écoutez pas les autres soldats, qui parlent plutôt de témérité, ce qui est le courage des imbéciles, ce que vous êtes loin d’êtes. Je savais que vous viendrez en aide aux gens. Vous n’avez clairement pas votre place dans des organisations sordides, mais bien aux côtés des défenseurs des opprimés. Vous vous êtes battus souvent ? Vous avez combattu aux côtés des elfes ? Avez-vous Aramis, leur impératrice ? Et Christan, le commandant Aldarien ? Et des dragons, avez-vous vu des dragons ? J’en ai vu un de loin à Estellin mais j’étais trop occupée avec les blessés pour prendre le temps de l’admirer. Vous avez pu escorter beaucoup de monde ? Les convois n’ont pas été trop attaqués ?

Je respire et lui laisse le temps de me répondre. Une fois chose faîte, je constate que son teint va mieux et qu’il ne tremble plus. Lui aussi d’ailleurs, car il me fait remarquer que le remède est efficace. En effet aucun subterfuge ne peut outrepasser la nature longtemps. Mais au moins, vous ne risquez pas de malaise et en plus, vous dormirez mieux. C’est la magie de ce remède entièrement naturel, il redonne de l’énergie et aide à dormir. Saviez-vous que si on est trop fatigué, il est très difficile pour notre corps de trouver le sommeil. Alors qu’on en a besoin notre corps se refuse à céder. C’est valable pour les périodes de tension comme celles de calme. Seules les très grosses fatigues ou les petites amène un repos prolongé. C’est incroyable non ? Pour vous par contre, bien qu’il soit mérité et nécessaire, il devra attendre. Pas que je veuille vous garder éveiller, c’est juste que la potion aide à dormir, certes mais après un certain temps d’effet. Je lui souris toujours avec plein de candeur et de bonheur. Le savoir en vie me réchauffe le cœur. Tellement que j’en oublie ma résolution de parler moins. Il y a tellement de choses que je voudrais lui raconter, et que je voudrais savoir de lui.

Je rougis fortement quand il m’appelle Dame Aurore. Je vous ai déjà dit de m’appeler juste Aurore. J’ai tellement de choses à vous raconter, tout comme vous, ma vie a pris beaucoup de tournant. Tout d’abord, comme vous, j’ai rejoint l’armée aldarienne. En temps qu’apprentie médecin, pour apprendre la chirurgie. Mais très rapidement, j’ai eu l’occasion de changer de voie. J’ai rencontré Aramis, impératrice des elfes et Chantebrise. Elle m’a invitée à la rejoindre pour devenir son élève au domaine baptistrel. Et elle me considère comme sa sœur. Je lui raconte en détail ma rencontre avec Seö et le renard ici présent, la vie au domaine mais passe très rapidement sur la période qui vient de se passer. Je ne me sens pas prête à aborder ces évènements et ne le serai peut-être jamais. Je parle avec passion et force de geste, faisant parfois peur au renard.

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Artane se sentait largement mieux, mais il se gardait de se redresser. Pour l'instant, autant rester assis, pour pas que les jambes viennent à le trahir. Peut être que le remède le requinquait un peu, mais il préférait prudent. Il afficha un sourire rasséréné. Comme elle tenait à ce qu'elle l'appelle Aurore.... Dans un sens, elle faisait bien d'insister. Ils s'étaient déjà croisé non auparavant non ? Bon, dans les faits, uniquement pour se faire soigner. Mais là les circonstances étaient extérieures à une cause provoquée en la personne même d'Artane.

''Bah... comme on dit souvent, plus le remède est dégueulasse et plus il sera efficace, à moins que.... D... Aurore, vous ne le faisiez exprès pour me tourmenter, moi un de vos clients préférés. ''

Il essayait de mettre de la bonne humeur dans la conversation, car le regard mélancolique de la guérisseuse ne lui avait pas échappé. Mais il ne pouvait éviter le sujet quelque peu sérieux de la discussion.

"Et qui sait dans combien de temps nous rejoindrons la terre. Il n'y a plus qu'à espérer que les autres navires acceptent de faire du troc si jamais vous venez à être à court... ou de tomber sur une âme généreuse. Je ne doute pas un seul instant que les Elfes n'aient pas fait des surplus de réserves dans les aromates et autres trucs végétaux dont vous auriez besoin...Ou alors, voir ce que les pêcheurs nous ramène comme algue... ''

Il manqua de sourire par la suite, mais il n'en eut pas le temps. Aurore jeta à nouveau dans ses bras, le prenant un peu par surprise. Il toussota, même sil la présence chaleureuse de la jeune femme contre lui ne lui déplaisait pas.

''Héros... c'est vite dit... Je vous raconterai tout, jeune fille, quand j'aurai suivi vos indications. De ce que je peux en résumer, c'est de repos que j'ai besoin. Vous ne voudriez pas que je commence à raconter tout ce qui s'est passé en marmonnant puis en m'arrêtant parce que je me serai endormi en ronflant. Une fois reposé; je sais que je serai plus à même de vous narrer tout en détail.... Et de répondre à tout ce que vous avez posé comme question...''

Il avait écouté en détail par contre ce qu'elle, elle avait vécu. Elle en avait vécu des choses et surtout, elle avait réussi à entrer dans les cercles des personnes les plus puissantes. Et Artane sentait qu'elle avait besoin de parler, pour chasser le désespoir qui la prenait comme d'autres maintenant qu'ils avaient tous quitté leurs terres natales. Il s'en voulait de pas pouvoir faire de même. Mais il voulait être vraiment dans tous ses moyens pour lui apporter vraiment ce qu'elle désirait savoir. Il espérait que son côté guérisseur accepterait ce petit délai...

''Je savais qu'une fois hors de Gloria, vous auriez pris goût à l'aventure. A voir où cela vous a mené...Et vous voilà soeur par amitié avec l'Impératrice Elfique...; Vous êtes certaine que vous ne voulez plus que je vous appelle Dame ? Car avec de telles liens, il vous faut des titres...''

Il lui offrit un petit sourire amusée, comme s'il la titillait gentiment.

descriptionDébandade  EmptyRe: Débandade

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Je prends un air faussement outré devant les insinuations de mon client. Je pousse même jusqu’à lui donner une petite tape indignée sur l’épaule. Avec ma force physique, même en frappant de toute mes forces, je ne l’aurais pas fait vaciller. Alors avec le peu d’énergie que j’y met, je suis sûre de ne pas aggraver son cas. Comment ose-t-il imaginer que je puisse tourmenter une autre personne. Comment osez-vous dire un truc pareil ? Moi, vous tourmentez ? Un si grand héro et mon sauveur ? Et j’ai senti que vous alliez encore m’appelez Dame Aurore. Méfiez-vous, je connais d’excellents poisons. Bon d’accord, jamais je ne m’en servirais, je les connais surtout pour les reconnaitre et les soigner. Mais il n’empêche que ce n’est pas très gentil. Et il est faux de dire qu’un remède se doit d’être mauvais pour être efficace. Certaines des meilleurs épices forment les meilleurs remèdes. Rien que le citron. C’est excellent à tout point de vue. Mais je ne vais pas disserter sur le citron et les plantes médicinales. Sinon, nous aurons le temps de faire le tour du monde que je n’aurais pas fini. Mais il est vrai que vous êtes un de mes clients préférés. Du moins, maintenant, l’un des plus sympathiques et récurrents.

Je lui fais un clin d’œil. Je retiens mes doutes sur des hypothétiques stocks d’aromates elfiques. Comme les humains, le beau peuple n’a pas eu le temps de rassemble de quoi faire un voyage d’agrément, et à moins de réussir à justifier une urgence sanitaire, il serait difficile d’obtenir des aromates auprès d’eux, malgré l’alliance et la bonne entente actuelles. Tout est en quantité limitée et ceci pour longtemps, les réserves ne seront utilisées qu’avec parcimonie. Quant aux algues, si elles ont des propriétés médicinales, elles sont rarement gustatives.

Je serre l’homme dans mes bras. C’est un geste d’affection autant que de joie. Le revoir, lui vivant, après si longtemps et les évènements. J’ai soigné et sympathisé avec beaucoup de monde, mais je n’en ai revu aucun. Et il se souvient de moi, simple guérisseuse perdue au cœur d’une ville malade. Ce n’est pas une journée si mauvaise finalement. Cessez donc, modeste que vous êtes. Il est temps pour vous de vous reposer, car maintenant, le corps recevoir son dû. Quant à avoir un titre, j’ai entendu certaines personnes m’appeler la fille de l’Ondée. Je ne sais pas trop bien pourquoi mais c’est ainsi. Peut-être avez-vous la réponse à ça ? Mais je ne veux pas de renommée non méritée. Ni de renommée tout simplement. Je veux juste apprendre et aider les autres, faire de mon mieux en quelques sortes. Quoi qu’il en soit, avant que je ne vous borde dans un hamac pour un repos bien mérité, je vous propose de marcher un peu. Le bateau ne tangue pas trop, ça vous fera un bon exercice. Il faut vous dégourdir et détendre vos muscles. Prenez mon bras. Je me lève et lui tends la main pour l’aider à se relever. Doucement, nous ne sommes pas pressés. Il n’y a personne qui nous attends.

Juste quand je dis ces mots je vois deux têtes d’enfant sortir de l’escalier menant à la calle. Aurore, tu viens jouer avec nous ? Tu as dit oui. Allez viens ! Si tu nous mens, tu seras plus baptistrelle alors viens. Je leur fais des gros yeux, me retenant de rire devant leur argument. Les enfants gloussent en disparaissant. Je n’ai pas dû être très convaincante avec ma tête, à entendre leur rire. Surtout que leurs deux têtes réapparaissent deux secondes plus tard. Alors tu viens ? Oui, j’arrive, je n’ai pas fini de m’occuper d’Artane. Je n’en ai plus pour longtemps. . Je les entends maugréer et chuchoter. Tu vois, je te l’avais dit que c’était son amoureux. – N’importe quoi, Aurore peut pas mentir et elle a dit que c’était son ami. – Tu es vraiment trop bête, elle … Leurs voix diminuent et cessent d’être audibles rapidement.

Je me tourne vers Artane en rougissant. Les enfants ont une imagination débordante, surtout pour faire des bêtises. Ils essayent parfois de me faire tourner en bourrique. Je pense que je suis trop gentille avec eux. Mais ils sont passés à travers tellement de choses malgré leur jeune âge. Mon regard se fixe sur le trou d’où viennent de disparaitre les enfants. Et pourtant, ils arrivent encore à jouer et vivre des aventures merveilleuses. Parfois le sommeil tarde à venir, mais il arrive toujours. Comme j’aimerai pouvoir recommencer à rêver comme eux. Dans le nouveau monde, tout pourra recommencer comme avant et peut-être même mieux.

Voulez-vous boire ou manger quelque chose de meilleurs avant ? Ou si vraiment vous voulez, je peux vous faire un somnifère en prenant bien soin de lui donner un gout horrible. Qu’en dîtes-vous ? Je glousse doucement, me retenant de rire. Mon effusion de joie et l’embrassade avec Artane ne sont pas passées inaperçues. Le pont est bondé de monde, des rescapés. Si certains nous ont regardé avec un œil attendri, d’autres semblèrent énervés et excédés devant cette effusion de joie. Ils ne comprennent qu’on puisse être heureux alors qu’eux avaient tout perdu. Mais ça ira mieux plus tard, j’y travaillerai. Je ferais de mon mieux pour ramener un peu de chaleur et de bonheur dans le cœur de ces gens.

descriptionDébandade  EmptyRe: Débandade

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Il prit un air faussement battu quand elle le houspilla gentiment. Au moins avait-il réussi à lui redonner un peu le moral.

''Aie... Je me repends ! J'ai peut être manqué de mal tourner ma langue en manquant d'user du terme Dame. Mais c'était purement accidentel. Quand au poison... hum...''

Il lui rendit son clin d'oeil avec un large sourire.

''Comme je suis un de vos clients préférés, vous n'allez pas prendre le risque de me coincer par empoisonnement....N'est ce pas ? Quand au sympathique je veux bien, c'est tout moi... Mais pourquoi récurrent ? ''

La question l'intéressait. Peut être qu'il pouvait être récurrent pour les gens qu'il avait arnaqué par le passé, mais pour la jeune guérisseuse ? Il était curieux. Par contre, il la tenait toujours dans les bras et elle aussi. Ce n'était pas désagréable. Si on passait outre le petit moment plaisantin qu'ils avaient eu tous deux, il sentait que c'était un réconfort qu'il n'avait pas espéré avoir en embarquant. Elle non plus d'ailleurs.

Il grimaça à l'idée de se reposer... Il savait qu'il en avait besoin mais en même temps, il redoutait de pas réussir à trouver le sommeil dont il avait temps besoin. L'embarquement avait été si.... Il chassa ces pensées, préférant ne pas y songer pour le moment. Il en frémit malgré tout. Il essaya de rebondir sur la conversation actuelle pendant qu'il accepta la main tendue par Aurore pour l'aider à se relever.

''Fille de l'Ondée... Un surnom intéressant et plein de grandeur à venir on dirait...Peut être que si je suis modeste à vos yeux, alors vous l'êtes bien plus pour moi alors.... Vous aidez bien plus les gens en ce moment que vous ne pouvez l'imaginer...Diantre, ces jambes en coton, c'est une sensation atroce. ''

De s'être remis debout lui donna un peu la nausée et il crut que ses jambes allaient se couper en deux pour le faire s'effondrer par terre. Il se retint à la rambarde du navire et regarda Aurore se comporter comme une mère avec les enfants qui étaient à mille lieux de subir l'angoisse et la peur des adultes. Qu'ils restent ainsi, ce sera mieux pour eux. Il ne put s'empêcher de glousser devant les ragots des marmots. Les enfants décidément.

''Ne les grondez donc pas. Cela les occupe et ils ont besoin de se défouler sans se faire de soucis. Nous en avons bien assez pour les y mêler... Quand à prendre de quoi m'endormir, je ne vais pas rechigner... Si je veux trouver le sommeil, je n'ai pas d'autres choix''

Elle saura très bien pour quoi. Et lui aussi avait remarqué les nombreux regards des rescapés qui traînaient encore sur le pont. Il était trop épuisé mentalement pour dire quoi que ce soit... Le temps changera les plus mauvais esprits.

Ils descendire dans la partie réservé pour les passagers de fortune. Plusieurs hamacs étaient déjà utilisés. Artane peina à se mettre dedans. Même si le bateau ne tanguait pas trop, ce n'était pas l'idéal, quand on était pas habitué.

''Diantre.... Comment je vais dormir là-dedans moi.... Vous aussi Aurore, vous devriez vous reposer. Le voyage va être long, très long et les premiers jours vont être les plus difficiles, surtout pour vous....Peut être que vous aussi, vous devriez prendre un somnifère.... Juste pour goûter. ''

Il lui accorda un sourire malicieux, encore.

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Je ne comprends vraiment pas d’où me vient ce surnom. Avant aujourd’hui, je n’avais vu que deux fois l’océan, au cours d’un voyage jusqu’à la capitale des vampires avec Aramis, enfin de participer à une course hippique, à laquelle j’ai fini deuxième, exploit dont je ne suis pas peu fière, mais dont je ne me vanterai pas. Quant à l’utilisation de l’eau et mon lien avec cet élément, il est vrai que j’aime beaucoup me baigner, mais je ne m’en suis encore jamais servi de façon extraordinaire ou plus impressionnante que pour guérir. Mon hypothèse la plus probante viendrait de ma tenue vestimentaire, dont la couleur dominante et le bleu. Mais cela fait appel à beaucoup d’imagination et de développement de l’esprit. L’autre hypothèse est qu’on me confond avec quelqu’un d’autre. Ce qui fait que, le mystère reste complet.

Je jette un regard interrogateur. En dehors de la guerre, je n’ai pas souvent soigné des entailles aussi profondes que la vôtre, et encore moins soigné de nouveau une personne après une blessure grave. Alors disons que je vous soigne suffisamment souvent pour estimer que vous êtes récurrent par rapport aux autres. Un habitué en quelque sorte. Surtout que vous ne me demandez pas un remède contre la toux ou la diarrhée. Si c’était le cas, vous ne pourriez plus vous passer de moi. Je rigole doucement en passant à mon métier d’avant la guerre. Cela me semble si loin et si paisible. Est-ce que j’ai changé depuis ? Non, je ne pense pas. Je suis passé du remède contre le rhume et le bobo des enfants, aux balafres plus profondes et au cris d’agonie des soldats. Ce fut marquant, mais pas traumatisant pour moi. Si le soldat devait mourir, c’est que son temps était fait, et qu’il serait mieux au repos que vivant avec un bras mutilé.

L’aidant à se relever. Tout le monde aide les gens à sa manière. Mes parents m’ont appris à soigner les autres, je ne sais rien faire d’autre. Alors pourquoi devrais-je garder ça pour moi. Vous vous êtes bien battus pour nous protéger. A aucun moment ma vie n’a été mis en danger, uniquement grâce aux gens comme vous. Les abandonner ne serait pas leur rendre justice. Si on ne m’y avait pas forcé en quelque sorte, je serais encore sur Amburhina, dans un hôpital à soigner des soldats jusqu’à partir avec le dernier bâteau. C’est une bonne chose finalement d’être dans ce bateau. Prenez appuis sur moi, je n’ai pas la force d’un marin, mais je ferai un bon bâton de marche.

J’aide Artane à se mettre dans un hamac et lui sourit gentiment comme une mère à une enfant, devant ses difficultés. Ne vous inquiétez pas, les bords devraient remonter suffisamment pour que vous ne tombiez pas. Quant bien dormir. Je fouille rapidement dans ma sacoche et en sort un paquet enroulée dans une feuille de la taille d’un ongle. Ca fera peut-être beaucoup, mais avec sa constitution et sa fatigue, ça ne lui fera pas de mal. Mâchonnez cela. Pour une fois ce ne sera pas trop mauvais. Essayez de le cracher lorsque vous sentirez que vous vous endormez, sinon vous vous réveillerez plus tard avec la mâchoire serrée et des herbes entre les dents. En tout cas, vous ne risquez pas de vous étouffer avec, rassurez-vous. C’est une pâte transformée enroulée dans une feuille. Vous pouvez enlever la feuille, ou la laissé, un donne un petit goût de menthe et de citron. Normalement, ça se met dans l’eau, une tisane ou dans un repas. Mais il est l’heure pour vous de dormir. Pour ma part, j’ai des petits monstres à occuper, et dans pas longtemps, des maux de mer à soigner, sans parler des petits tracas habituels. Dormez bien. Je pose une ma légère sur son bras en lui parlant et lui fait un dernier clin d’œil en le laissant se reposer. Nous aurons tout le voyage pour discuter.

descriptionDébandade  EmptyRe: Débandade

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Artane eut sa réponse et ne put s'empêcher de rire.

''Si je venais pour le moindre bobo, je pense que j'aurai eu recours à un certain paiement d'avance et régulier, comme un jour d'abonnement , pour bénéficier de vos services.

Mais il fit une rapide moue.

''Mais avec ou sans douceur gustative dans vos médocs, ma chère guérisseuse ? Non car je sais que ce n'est pas de votre faute hein pour certains remèdes, mais....Mais comme je suis votre patient favori, je sais que j'aurai droit à un traitement de faveur''

A cette phrase se rajoutait un ton enjôleur mais plaisantin. Au moins, il l'espérait, l'aiderait-il à ne pas penser à ce qu'elle avait dû faire comme soins sur le champ de bataille. Soignerdes petites entailles à la Artane n'était rien en comparaison des entailles ou des étripages qu'on croisait sur le sol d'une guerre. Pour une jeune femme comme elle, c'était le genre de chose qu'on ne devait pas avoir à faire. Il l'avait écouté en tout cas, parlant de ce qu'elle avait fait jusqu'à ce que le dernier lève l'ancre.... Et elle était encore là, à s'occuper de lui, alors qu'elle aurait pu aisément craquer et se plonger dans un choc post-traumatique. Mais peut être que de revoir une tête qu'elle connaissait lui avait redonné un sacré baume au coeur. Tant mieux

Elle l'avait aidé à se relever et s'était proposée à lui servir de bâton de marche. A cela, il s'était retenu de protester. Alors avait-il veillé à ne pas entièrement reposer sur elle, pour pas qu'elle ne subisse son poids. Et là devant le hamac, Artane paraissait toujours dubitatif. Il se demandait s'il ne tromperait pas durant son sommeil. Mais avec l'aide d'Aurore, il sut monter dedans et se tendit pendant que les derniers oscillements de ce mode de lit suspendu se calment un peu. et à ses dernières recommandations, il ne perdit pas de temps à mettre en bouche le dit remède. Pour le reste, il verra. Puis il chercha à se détendre, pour permettre à son corps et au remède de faire plus vite effets.

Aurore était encore là, comme si elle le bordait, telle une mère avec son enfant. Cela le faisait presque frémir. Ce n'était pas le genre de chose auquel il était réellement habitué. Mais peut être que les circonstances étaient telles que tous les deux se retrouvaient dans une situation exceptionnelle. Et doucement le sommeil le gagna.

''Que ces petits monstres ne vous épuise pas trop. Vous aussi vous avez besoin de vous reposer vous savez.... Ah, avant que je m'endorme complètement.... Vous êtes une héroïne.... Même si vous restez modeste....''[/b][/b]

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