Juillet de l'an 8 du quatrième âge
Artane ne comptait même plus le nombre de jour qui était passé depuis les dernières défaites qui avaient contrés tous les peuples à prendre une décision : quitter Ambarhùna. Lui-même, comme d'autres, n'en était pas revenu. Mais il n'avait pas cherché à plus y réfléchir. Les pensées des conséquences de la défaites n'avaient pour le moment plus leurs places. Seule comptait la survie. Mais pas tout seul. Il y a un ou deux ans en arrière, il aurait pris la poudre d'escampette pour se soucier que de lui. Mais depuis qu'il servait pour Aldaria, après une mésaventure qui aurait pu lui mériter la prison à vie, il avait décidé de prendre la bonne voie, comme son mentor des années avant l'avait tant espéré. Et pour peu qu'il commençait à s'y faire, les Chimères venaient tout briser et dernièrement, elles avaient réussi à briser les forces d'Ambarhùna. Et décision fut prise de quitter le continent.... S'échiner à se battre pour espérer remporter la victoire ne serait que se sacrifier pour rien. La réalité était bien là : ils avaient tous perdus et tout perdu...
Et les jours avaient commencé à s'écouler, entre les aller et retours que faisaient Artane et d'autres volontaires Aldariens pour soutenir les gens qui cherchaient à rejoindre la côte, là où on terminait de monter les derniers navires pour l'unique et grande flotte de l'exode. Les Chimères étaient loin de leur fichtre la paix. Quelques unes lançaient régulièrement des attaques éclairs pour ralentir les dernières voies des exilés. Tous n'auront pas la chance de survivre à leur fuite pour voir la mer s'étendre devant eux.
Combien de jours s'étaient écoulés ? Trop au goût de l'humain; et surtout, il commençait à se demander depuis combien de temps, il n'avait pas dormi correctement. Car il commençait à sentir la fatigue le prendre vilement. Et cette fois, il venait de faire son dernier retour. Les derniers retardataires ne pourront compter que sur eux-même pour rejoindre le port de fortune. Le chef du groupe d'Artane ordonna à ses hommes de monter à bords des chaloupes. Et dès que celle où se trouvait Artane quitta la grève... L'humain avait le visage tendu vers cette terre qu'il ne foulerait plus jamais. Cela pesait lourd sur son coeur et ce n'était pas agréable. Il ne s'était pas attendu à ça. Il avait le regard sourcillant et les lèvres serrés. Puis il monta à bord du navire ventru et puissant qui attendait de lever les voiles pour partir. Artane avait toujours le regard rivé vers Ambarhùna. Et dès qu'elle commençait à s'éloigner... Il ressentit comme un déchirement.
Toute sa vie commençait à s'éloigner, à jamais. Tout ce qu'il avait vécu sur cette terre était désormais perdu à jamais. Il ne lui restera plus que des souvenirs et s'il émettait un jour le désir de se rendre dans un lieu qu'il connaissait, il ne pourrait plus jamais plus s'y rendre.... Toute une existence réduite à néant... Il sentit qu'il tremblait. Les tremblements étaient incontrôlables. Il ne se rappelait pas d'avoir été blessé ou autre, alors que lui arrivait-il ? Il sentit ses jambes le trahir et il s'écroula sur le plancher du navire. et il avait toujours le regard rivé vers Ambarhùna qui disparaissait petit à petit vers l'horizon, au dur et à mesure qu'il s'éloignait. A croire qu'il n'arrivait pas à surmonter le choc du départ.... Quoi de plus étonnant alors qu'il avait verrouillé son esprit pour être au plus efficace possible pour aider les autres. Et la fatigue qu'il avait cumulé....
Il sentit qu'on lui attrapait les bras. Il tremblait encore, au point que ses muscles commençaient à lui faire mal. Il se sentit tomber et ne lutta pas pour tomber dans les bras de la nuit.