Échange ta culture pour te nourrir de savoir [PV Belethar]

5 novembre 1764

Le parfum de la mer chassait les mauvaises pensées tandis que Reynagane Shäa regardait les côtes de sa terre natale défiler doucement dans la brume matinale. La brise faisait tanguer les cordages du bâtiment sur lequel elle se trouvait au rythme des matelots qui s'occupaient de tenir le cap. La graärh figeait dans ses souvenirs avait perdu le rythme du temps pendant une fraction de seconde.

« Perds-tu le fil Purohit Rakshak ? »

La féline dessina un léger sourire sur son museau en entendant les mots d'Archaon.

- Seulement son sens par moment chuchota t'elle comme dans un souffle.

Car oui. Reynagane avait été hissé aussi vite que fort vers une place qu'elle n'aurait oh grand jamais pu une seule seconde imaginer. Entendre le sigil à ses côtés depuis qu'Udyog Ychgama avait décidé de la nommer nouvelle Gardienne du Baôli l'a rassurait toujours un peu. De ce fait, elle n'était pas seule à être éjectée dans un univers si important et elle se faisait épauler par la petite araignée au caractère malicieux. Que dire. Que dire sur cette nouvelle vie qu'elle devait entamer. Tant de choses devaient être encore découvert et si la peur de ne pas être à la hauteur était bel et bien présent, Reynagane ne pouvait aspirer que la chance qu'elle avait et l'honneur qui lui avait été confier dans cette tâche. Elle était dorénavant Gardienne du Baôli. Quoiqu'en dise n'importe qui qui douterait de ses capacités.

Une bourrasque salée ébouriffa son visage l'a remettant sur le chemin de la réalité. La graärh aurait pu se dire qu'elle ne méritait pas cette place. Elle aurait pu ne pas en croire ses oreilles ou encore se demander comment une simple esclave encore prisonnière il y a un an de cela, pouvait être là où elle était aujourd'hui. Au lieu de cela, Reynagane voyait un avenir rempli de responsabilités qui pèseraient lourdement sur ses épaules mais un avenir qu'une petite graärh nommée Shäa avait toujours rêvé. Si le sujet des Couronnes de Cendre restaient encore rempli de mystère, Reynagane sentait que des choses importantes étaient en train de se passer. Ses recherches avançaient tout comme ses découvertes sur le passé de son peuple. Depuis son retour d'Althaïa la Fantasque, la graärh avait trouvé plus d'un but à sa quête et maintenant qu'elle s'était installée à Caladon, son projet pour les graärhs exilés avaient également pu commencer. Il y avait des choses dont il fallait être fière et ses choses là, Reynagane s'efforçait de les chérir au plus profond de son cœur. En regardant les dunes de Néthéril dans le lointain, la graärh ne ressentait plus ni haine ni rancœur. Elle qui avait bien faillit basculer, regardait maintenant ce pays avec sagesse.

Le sigil sur le rebord attira l'attention de la féline. Archaon avait levé ses deux mandibules avec souplesse et Reynagane ne pu s'empêcher de ronronner de contentement.

« Cherches-tu quelque chose en particulier Reynagane en voulant te rendre au Domaine Baptistrale ? »

La graärh posa ses deux pattes sur le rebord afin qu'Archaon puisse grimper sur l'un de ses bras tatoué avant de venir se caler entre son épaule et le sac qu'elle portait sur son dos.
La côte se rapprochait et le navire sur lequel elle se trouvait allait bientôt accoster.  

- Des recherches encore.

«  Et c'est tout ? »

Reynagane quitta la proue en levant les yeux au ciel amusé. Depuis que l'araignée et elle était liée, la graärh savait pertinemment que le sigil connaissait ses moindres pensées.

- Je sais qu'il y a quelqu'un là-bas qui sera capable de m'aider. Il me faut apprendre et vite car le temps presse.

« Allons donc dire bonjour à ce Belethar Espérancieux ! »

6 novembre 1764

Il y avait de ces choses qui ne changeait pas. Et lorsque Reynagane se trouvait au sein du Domaine Baptistrale, son corps entier semblait s'apaiser. Le poids des responsabilités s'amenuisaient alors que les chants s'élevaient au cœur de ce monde à part.
Arrivée dans la journée, Reynagane avait été accueillis comme toujours avec grand respect et gentillesse. Rétablis de l'attaque des Couronnes de Cendre, le Domaine n'en restait pas moins changé. Il semblait y avoir plus de monde que d'habitude et le lieu était en proie à une grande agitation. Une fête devait, semble t'il voir le jour au courant de la soirée. Rituel ? Cérémonie ? Reynagane n'en savait encore rien mais les préparatifs l'a rendait heureuse.

Une fois bien installée, la graärh prit soin de faire un léger tour pour saluer des personnes qu'elle avait pu rencontrer au fil de ses voyages. Qu'elle plaisir s'était de se promener dans ses grands espaces extraordinairement apaisant malgré l'agitation des festivités. Car oui, le soir était tombé et le soleil avec lui amenant musique, chants et lumières colorées. Peu habituée de se séparer de ses vêtements cuirassés de voyageuse, Reynagane avait pris de ses idées d'ancienne humaine déguisée pour s'habiller convenablement pour rendre hommage à la soirée préparée. Perles et tissus bleutés voletaient dans l'air ambiant alors que la graärh écoutait un groupe de baptistrel chanter et danser sur une place illuminée de boule incandescente.
Un peu plus tard dans la soirée et alors que Reynagane avait réussi à se remplir le plat de met délicieux spécialement réalisés pour les invités incapable de manger autre chose que du végétale, Reynagane se mit à la recherche de son bon vieux camarades de chemin et Cawr. À vrai dire, la graärh aurait cru le trouver bien plus vite que cela étant donné l'importance du statut de son ami mais le Domaine était grand et les couloirs labyrinthique.

C'est au détour d'une allée, entre un groupe qui racontait des histoires et un autre qui proposait des spectacles de magie au plus grand émerveillement de la graärh que Reynagane reconnut la tignasse de l'Espérancieux en pleine conversation. Sentant la joie l'envahir comme la curiosité d'Archaon, la féline attendit calmement que son ami finisse sa discussion pour s'approcher dangereusement silencieusement de lui. Elle l'avait bien évidemment prévenu de sa venue mais elle avait peut-être émis de lui dire que son voyage avait quelque peu d'avance avec les vents favorables. Reynagane ne savait pas trop bien si la surprise était resté tel quel ou si des langues avaient parlé. Dans tout les cas et avec la furtivité d'un smilodon, Reynagane se retrouva derrière Belethar pour venir rapidement plaquer ses grosses pattes sur les yeux du Cawr.

- Jamais, oh grand jamais tu ne pourras deviner qu'elle terrible personne te cache la vision.

Un ronron sauvage s'échappa de sa gueule et Reynagane n'eut d'autre choix que de se résoudre à bondir dans le dos de son ami en riant. Au diable la retenue lorsque tout le monde chantaient et riaient partout autour. Et peut-être au diable aussi la boisson au goût amer qui lui faisait monter le sang à la tête.

- Je suis si heureuse de te revoir !

Reculant pour le laisser respirer, Reynagane observa les traits de son visage pour y décerner fatigue ou tout autre mauvaise nouvelle que l'on aurait pu lire.

- Comment te sens-tu ? Dit moi le Domaine est en pleine effervescence ce soir, c'est si merveilleux de voir autant de joie. Bien remis de nos aventures au-delà de la mer ?

Il y avait des choses qui ne changeaient pas.

Belethar, quand il était rentré chez soi, dans sa chambre au domaine, avait soupiré un grand coup, par satisfaction, et était allé se détendre un peu en regardant la vue sur la grande et belle savane de Néthéril. Bien que l’observation de la nature et des paysages ne le transcendaient pas autant qu’avant, il y avait dans cette île quelque chose de … Relaxant. Là, entouré des siens, Belethar se sentait comme à la maison, au sein de cette deuxième famille qui l’avait accueillie depuis un certain temps maintenant.

Il y avait toujours ces mêmes sensations quand l’Espérancieux rentrait de voyage : cette légère adrénaline qui retombait, mais aussi la sensation de retrouver quelque chose de familier, son lit, sa chambre, ses quartiers … C’était une véritable farandole de sentiments qui jouaient différentes petites musiques, dans la tête du Cawr.  

Mais Belethar était quelque peu un homme de monde. Après avoir toujours vécu dans une famille très peuplée, et chez les baptistrels où tout le monde se côtoyait sans gêne, l’Espérancieux n’appréciait pas tant la solitude. Cette sensation s’était quelque peu réaffirmée depuis qu’il avait été lié au Néant, cet aimant des êtres humains quel qu’il soit, aussi, Belethar tâchait de prendre beaucoup plus de temps avec les uns et les autres, et appréciait d’autant plus la compagnie de multiples personnes. Ce fut d’ailleurs un de ses premiers réflexes en revenant au Domaine : il alla voir ses collègues Cawr, passa le bonjour à son grand ami et rival de toujours Valmys, trouva quelques enwrs avec des questions et y répondit … En bref, il fit sa petite tournée des salutations.

En discutant avec les uns et les autres, Belethar se rendit compte que cela faisait longtemps que le Domaine n'avait plus été en fête. Il est vrai que de temps à autres, les baptistrels s'adonnaient à des banquets, ce qui permettait de remercier les Huit via des chants, des concerts, des créations artistiques en tout genre … Mais également, cela permettait que tout un chacun se rencontre, profite de la vie au Domaine, et puisse tisser des liens encore plus forts. Le Gardien resta pensif une petite minute : le domaine avait été en partie détruit, mais il était désormais reconstruit, l'Ordre avait connu de nombreux chamboulements, et bien que le contexte fût encore un peu erratique, ils connaissaient enfin un petit retour à la paix …

Belethar réfléchit encore un instant, puis il se décida à organiser cela dans les jours prochains. Pour trouver sa date, il se permit d'y songer un instant, avant de trouver celle parfaite : la venue d'une de ses très bonnes amies poilues - en la personne de Reynagane - venait le retrouver quelques jours plus tard.

Une visite que la désormais nouvelle gardienne du Baôli avait organisé pour consulter les différents arcanes à disposition de tous dans le domaine, mais également, pour prendre le temps d'une petite visite de courtoisie avec Belethar.

Ce dernier avait d'ailleurs tout de suite accepté, très content non seulement que la Gardienne garde de bonnes relations avec l'Ordre, malgré ce qui séparait leurs races, mais aussi un peu égoïstement parce qu'elle lui manquait.

Avec le temps, l'Esperancieux s'estimait vraiment proche de la jeune féline : de leur première rencontre où alors qu'il était encore Enwr, ils avaient partagé le même cheval, Belethar avait été touché par son histoire d'ancienne esclave qui s'était évadée de ses tortionnaires… Jusqu'au moment où l'Esperancieux avait accueilli la jeune graärh chez lui, alors qu'elle était trempée, en proie au doute… Mais aussi pour tous ces moments où ils avaient vécu des aventures ensemble, notamment contre les Couronnes. En bref, c'était un visage connu pour L'Esperancieux, et cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas passé du bon temps ensemble, alors il se décida : cette fête aurait lieu pour son arrivée !


Voilà longtemps que Belethar ne s'était pas rendu à une fête, et voir tout le domaine en effervescence après ces quelques jours de préparation le rendait heureux.

Au fil de la journée, le Baptistrel s'occupait des derniers préparatifs, et donnait son avis quand on le sollicitait : cette table de banquet devait-elle aller plutôt là où là, que pensait-il des performances de tout à chacun, répondre aux questions … En somme, un vrai petit travail d'organisateur qu'il remplissait au fil de la journée : la tâche était plutôt prenante, mais Belethar se rassurait en se disant que la soirée n'en serait que meilleure.

Quand le soleil commença à se coucher, sonnant le début des festivités, Belethar s'éclipsa un instant dans ses quartiers afin de se changer. Puisque l'événement était exceptionnel, autant avoir une tenue à la hauteur de celle-ci : il n'était pas question d'un bal pour lequel il fallait être tiré à quatre épingles, mais L'Esperancieux tenait tout de même à rendre hommage à l'organisation de cette soirée en s'habillant correctement.

L'homme se pencha sur sa garde-robe, hésita un instant, et finit par adopter une tenue qui lui sembla adéquate. Il s’agissait d’un long drapée blanc, venant couvrir le bas de son corps jusqu’au niveau des cuisses, et qui remontait jusqu’à son épaule gauche, laissant ses deux bras et une grande partie de son torse entièrement nu : on pouvait ainsi mieux voir les tatouages de Belethar qui s’étendaient sur tout son bras droit, remontant jusqu’à son cou. Ils étaient l’œuvre de la magie de Néant et Belethar aimait moins les cacher à présent que ces deux êtres étaient liés. Il ajouta à sa tenue une grande ceinture rouge qui vint nouer son drapée pour qu’il ne tombe pas, ainsi que quelques bijoux : deux bracelets dorés à ses poignets, mais aussi un bracelet plus discret au niveau de sa jambe droite, pour compléter sa tenue : le doré était un rappel aux couleurs emblématiques de sa famille, et allait bien avec ses yeux si particuliers. Enfin, en touche finale de sa préparation, il passa Xacuetz autour de son cou, grâce à un fin collier auquel était accroché le très puissant instrument.

Après ces précieuses minutes de préparation, pendant lesquels Belethar avait longuement contemplé son miroir, L’Espérancieux se décida enfin à sortir pour profiter des festivités. Là, il retrouva un domaine où l’ambiance était de mise : on chantait, on buvait, on mangeait, des spectateurs applaudissaient les performances artistiques de tout un chacun … Cette grande fête était un vrai succès aux yeux du Gardien, qui était content d’arpenter les divers endroits du domaine en donnant un petit mot à tous : des encouragements ou bien des félicitations, Belethar était sincèrement heureux et le partageait à tous.

Lui-même s’adonna à la fête, faisant résonner quelques notes pures de son instrument, mais aussi en dansant seul et en chantant quelques airs de sa voix de maitre baptistrel qui enchantèrent le public qui voulait bien l’entendre. Après quelques manifestations de la sorte, L’Espérancieux tâcha de trouver un coin calme, où il pourrait s’y détendre un instant pour prendre quelque chose à manger et à boire : il fallait dire que Belethar n’avait pas arrêté depuis le début de la journée !

Le Cawr marcha donc un petit peu au sein du Domaine, et trouva entre deux performances, une petite table où était installé quelques mets et des rafraichissements. Belethar s’y dirigea, et trouva quelques collègues avec qui il discuta un instant de la fête, des performances qu’ils avaient vu, et de tout ce genre de choses.
Une fois qu’il eut fini son brin de causette, il eut quelques secondes pour porter un verre à sa bouche et en boire une gorgée, avant qu’il ne sente des grosses pattes en fourrure se poser sur sa petite tête d’homme. Belethar poussa un petit soupir de surprise, et avant qu’il ne puisse dire ou faire quoi que ce soit, il entendit, d’une voix qu’il connaissait bien :

« Jamais, oh grand jamais tu ne pourras deviner qu'elle terrible personne te cache la vision. »

La surprise laissa place au soulagement quand l’Espérancieux entendit la douce voix de son amie Reynagane, ainsi que les bruits de ronronnements caractéristiques du contentement chez la race féline. Il ria également quand la nouvelle grande prêtresse du baôli monta sur son dos non sans un éclat de rire.

« Le plaisir est partagé, Reynagane ! »

Fit Belethar, se retournant pour échanger une longue étreinte avec la féline. Le contact était quelque chose d’important pour l’Espérancieux, qui faisait passer beaucoup d’émotion par le toucher : Belethar était sincèrement content de revoir son amie, en témoignait ses délicats mouvements de mains qui se firent presque naturellement sur le poil de Reynagane.

Son amie s’arracha un instant de lui, pour se laisser respirer un peu – et peut-être aussi pour un peu moins attiré l’attention sur eux, à la vue de ce qui venait de se passer – et ils purent ensuite avoir une petite conversation :

« Comment te sens-tu ? Dis-moi le Domaine est en pleine effervescence ce soir, c'est si merveilleux de voir autant de joie. Bien remis de nos aventures au-delà de la mer ? »

Belethar eut un petit sourire quant aux questions de Reynagane, et invita son amie à marcher quelque peu, pour ne pas déranger les personnes désireuses d’écouter les performances des uns et des autres, mais aussi pour avoir un peu plus d’intimité pour se retrouver tous les deux. Sans doute allaient-ils parler de sujets importants … Ou peut-être pas, mais ce qui comptait, c’est qu’ils soient ensemble un petit moment.

L’Espérancieux pris un instant pour observer son amie, prenant sa patte pour la guider au sein du domaine, avant de lui intimer presque en un chuchotement :

« Cette tenue que tu as à la mode althaïenne te va à merveille tu sais ! ».

Avec un petit clin d’œil : elle savait à quoi il faisait référence, cette aventure sur cette île aux pirates où tout ce qui s’y passait, restait là bas, et cela amusait un peu Belethar. Cela était dis sur le ton de la plaisanterie, mais un baptistrel devait s’engager à dire vrai sur chaque chose qu’il prononçait : aussi, l’Espérancieux le pensait sincèrement.

Belethar répondit par la suite plus sérieusement à ses interrogations :

« Je vais bien, mieux depuis quelques jours, tu t’en doutes, avec tout ce que nous avons vécu, retrouver ma vie normale me fait le plus grand bien. » Le baptistrel eut un petit sourire vers Reynagane : elle comme lui savaient dans quoi ils étaient engagés, et tous deux devaient se sentir bien de rester en un terrain connu, ou du moins qui ne les plongeaient pas dans l’inconnu et les combats.

« J’ai été à l’initiative de cette petite fête : cela faisait longtemps que le Domaine n’avait plus eu de période de calme depuis l’attaque, et nous avions beaucoup de choses qui se sont passés à la suite de celle-ci : ma nomination en tant que Gardien de l’Ordre n’y est pas étrangère. Mais nous arrivons enfin à une situation stable, alors voilà : rien de mieux qu’une bonne petite fête pour remonter le moral des élèves et des maîtres ! »

Belethar eut un petit sourire : oui, sa nomination cachait bien des choses, et notamment des comportements honteux et indignes pour un Baptistrel de son maître … Mais l’Espérancieux éluda toutes ses considérations pour son amie. Il était juste heureux de la revoir, et d’un naturel optimiste, il voulait se concentrer sur l’avenir, alors il tâcha de ne pas trop insister. Il revint plutôt sur un autre sujet plus terre à terre :

« Je l’ai organisé aussi en sachant que tu allais venir. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit une personne de ton importance ici ! » Belethar fit un petit clin d’œil lourd de sous-entendus à la jeune graärh : se faisait-elle à son nouveau rôle auprès des siens ? Il avait hâte d’entendre de ses nouvelles. « Même si nous ne t’attendions pas aussi tôt, je suis tout de même ravi que tu sois là pour assister à tout cela ! Et j’ai hâte que tu me contes tes voyages et tout ce qui t’es arrivée jusqu’ici ! »

Ils débouchèrent dans une petite cour plus calme, où coulait de l’eau d’une fontaine à l’image de la déesse Océan. La fête avait gagné cet endroit aussi, mais on y sentait une ambiance plus « tamisée » : loin des grands rires et des chants communs, là, quelques musiciens jouaient, on y dansaient également tranquillement au rythme des cordes, alors que d’autres s’attelaient à d’autres tâches artistiques comme se faire faire un portrait par exemple, ou peindre la nature qui fleurissait autour d’eux. Belethar s’y sentait dans l’ensemble bien, et à l’aise pour parler en tranquillité avec son amie, et il s’enquit aussi de cela pour elle : il lui fit comprendre de toutes les façons que si elle le désirait, ils pourraient retourner dans un coin plus actif plus tard.

« J’espère que cela te plaît en tout cas … » ajouta Belethar d’un petit clin d’œil, avant de compléter sa phrase :  « Mais aussi que tu trouveras ce que tu cherches ici. »

Acceptant avec joie l'invitation de Belethar, Reynagane sentit les regards perchés sur eux s'éteindre petit à petit. Son ami semblait bien se porter et être en paix pour quelques heures tout du moins. À vrai dire, les dernières images que la graärh avait de lui était plutôt des traces de sang et de poussière sur la peau. Loin était l'image qu'elle avait à côté d' elle d'un splendide baptistrel apprêté pour les festivités.

Au compliment du Cawr, Reynagane illumina son regard en s'écartant d'un petit bon pour faire un tour sur elle-même en faisant voleter les tissus.

- Tu as vu ! Rigola t'elle. À vrai dire, c'est sans doute la première fois que je porte cette tenue... en tant que graärh en tout cas rajouta t'elle en laissant des souvenirs d'elle humaine affluer dans son esprit. Merci, tu n'es pas mal non plus.

Elle avait dit cela en revenant le pousser délicatement à l'épaule avant de reprendre une marche droite pour écouter les nouvelles de Belethar. « Retrouver une vie normale ». Oh oui, au moins un peu, même quelques brèves secondes pour oublier le monde est se concentrer seulement sur le fondamental. Reynagane pouvait comprendre le soulagement du baptistrel qui marchait à ses côtés et ne pouvait qu’acquiescer doucement de la tête. Tout deux savaient que le pire les attendaient sans savoir si la réussite serait à l'apogée de leur quête.
Clignant des yeux comme pour balayer ses sombres pensées, Reynagane s'obligea à faire le vide dans sa tête pour ne profiter que de l'instant présent. Exercice qu'elle avait longtemps eu du mal à exercer mais qui maintenant l'a sauvait de bien des situations. Son regard se porta alors sur le visage de son ami souriant. Oui, qu'elle riche idée avait-il eu là d'organiser une fête dans ce domaine que Reynagane avait connu pour la première fois de sa vie dans la destruction et la lave apparente. Mais qu'elle fut sa surprise lorsque Belethar continua ses explications.
Amenant deux griffes triturer ses boucles d'oreilles, mouvement qu'elle avait maintenant tendance à faire lorsqu'elle était gênée, Reynagane se tut une seconde. En si peu de temps et avec l'effervescence de la fête, elle en avait presque oublier son rôle maintenant. Bien qu'Archaon n'étaient jamais bien loin que se soit dans son esprit que physiquement, la petite araignée n'empiétait pas non plus sur sa vie privée. Une seconde est la pression qui s'était envolée depuis le début de la soirée retomba sur ses épaules plaçant un fin trouble dans son regard.

« Pas de panique Purohit Rakshak, le temps est au calme ce soir. »

Une vague chaleureuse enveloppa la graärh se qui lui permis de respirer en souriant.

- Je te remercie pour tout ça, déclara t'elle en posant une patte sur son cœur.

Sincèrement, elle était touchée par le geste de son ami et ne pouvait qu'être un peu émotive par cette nouvelle.

- À moi aussi, cela me fait un bien fou de voir autant de personnes fabuleuses et talentueuses réunit en un même lieu. Tu as de véritables artistes au sein du Domaine dis-moi !

Loin des grandes musiques et concerts, son ami et elle arrivèrent dans une charmante cour ou quelques personnes venaient discuter tranquillement sous le son mélodieux de musique douce. Reynagane ne pu décrocher son regard de la fontaine qui laissait transparaître dans le lieu un ruissellement des plus apaisant pour la graärh.

- Si cela me plaît ? Je crois que je n'aurai pas pu rêver mieux comme arrivé tu sais s'amusa t'elle à dire en venant s'arrêter au bord de la fontaine.

Regardant les reflets des lumières colorés sur l'eau, Reynagane profita quelques secondes de la musique avant de jeter un regard en coin vers son ami.

- On en a fait du chemin depuis notre première rencontre.

Un fin sourire se dessina sur ses babines.

- Je crois que ni moi ni toi aurait pu un jour s'imaginer que l'on se retrouverait ici, toi devenu Gardien de l'Ordre de ce haut lieu et moi... Gardienne du Baôli. Ça n'a pas de sens ajouta t'elle en s'asseyant sur un banc non loin de la fontaine en faisant allusion à son propre titre. N'as-tu pas l'impression parfois, que tout nos choix sont emportés dans un temps bien plus rapide qu'on l'imagine ? Il y a un an encore, je n'avais que la foi pour me faire tenir debout et je me retrouve maintenant à porter un poids qui m'effraie autant qu'il me rend fière.

En devenant Gardienne du Baôli, Udyog avait rayé le titre d'Ashuddh de sa vie. Et ceux, pour l'éternité. Était-ce pour cela qu'elle n'avait pas encore voulut mettre une patte sur le territoire de la Légion ? Oh que oui.
Reynagane se laissa sourire en prenant une main de son ami.

- Même si je te l'ai déjà dit, je suis plus que heureuse que les Esprits aient décidé de te placé sur ma route ce jour ou tu m'as sauvé la vie. Toi, Ilhan, Autone, vous m'avez aidé tellement de fois et sans vous, je ne serai clairement pas là en ce jour. D'ailleurs comment se porte ta famille à Caladon ?

Reynagane était si sincère, si reconnaissante qu'à sa question, elle revoyait les petits cousins de Belethar et son sourire reprenait de plus belle.

Un groupe de baptistrels passèrent devant eux pour quitter la cour et la graärh prit le temps d'écouter Belethar ainsi que répondre à sa dernière plus ou moins questions.

- Oui, je ne sais pas si c'est vraiment quelque chose en particulier que je recherche en venant ici. À dire vrai, et Maître Valmys m'avait déjà fait un peu découvrir votre utilisation de la Trame, j'aimerai énormément apprendre à la manier comme vous savez le faire. Les graärhs ne sont pas doué, je veux dire... pas initiés à cette pratique et je souhaite réellement apprendre à utiliser cette magie. Je ne sais pas si c'est véritablement possible, mais avec du travail et un bon maître crois-tu qu'il y a des chances ?

Reynagane planta son regard dans celui si particulier du Cawr. Car oui, si elle avait fait quelque progrès, elle se doutait bien que le seul fait d'être graärh rajoutait des barrières dans sa quête d'apprentissage.

Belethar fut rassuré de voir que Reynagane n’avait point trop changé en ces quelques jours, depuis sa nomination en tant que Gardienne du Baôli : il retrouvait toujours son côté insouciant et touchant qui lui plaisait tant.

L’Espérancieux applaudit comme s’il était à un défilé de mode quand Reynagane tourna sur elle-même pour présenter ses vêtements, et s’inclina légèrement quand son amie graärh le complimenta : il faut dire qu’il s’était donné du mal pour sa tenue ! Mais ce n’était pas tous les jours que l’on recevait une gardienne d’un lieu sacré, alors il avait tenu à fournir un véritable effort.

Ils marchèrent donc un peu, et Reynagane fit part de sa joie du moment :

« Je te remercie pour tout ça. À moi aussi, cela me fait un bien fou de voir autant de personnes fabuleuses et talentueuses réunit en un même lieu. Tu as de véritables artistes au sein du Domaine dis-moi ! »

Belethar lui fit un petit clin d’œil avant de préciser :

« Les arts sont une partie importante de la vie du baptistrel, si nous maîtrisons tous la musique par obligation d’apprentissage et pour utiliser nos pouvoirs, d’autres aiment d’autres formes d’arts … Par exemple, je suis plutôt un danseur, qu’un grand joueur de percussions, même si j’aime ces deux disciplines. » L’Espérancieux adressa un petit sourire à la Graärh, avant de lui dire : « Je pourrais te montrer quelques danses que l’on m’a appris ici si tu veux. Promis, ce n’est pas trop compliqué ! »

Laissant la proposition là pour l’instant, il se concentra plutôt sur autre choses, et quand ils arrivèrent dans la Cour, il fut enchanté d’entendre que les festivités plaisaient à Reynagane. Voilà qui lui faisait bien plaisir, et qui ferait plaisir à l’ensemble des personnes qui y avaient contribué : car au-delà de sa personne, c’étaient bien ses camarades cawrs et enwrs qu’il fallait aussi remercier. Il n’y manquerait pas. Belethar le signifia d’ailleurs à sa comparse.

Là, devant la petite fontaine, ils s’arrêtèrent un instant, profitant de l’ambiance générale, puis se fut Reynagane qui brisa le « silence » qui s’installait, ou du moins cette écoute passive de la fête :

« On en a fait du chemin depuis notre première rencontre. Je crois que ni moi ni toi aurait pu un jour s'imaginer que l'on se retrouverait ici, toi devenu Gardien de l'Ordre de ce haut lieu et moi... Gardienne du Baôli. Ça n'a pas de sens. N'as-tu pas l'impression parfois, que tout nos choix sont emportés dans un temps bien plus rapide qu'on l'imagine ? Il y a un an encore, je n'avais que la foi pour me faire tenir debout et je me retrouve maintenant à porter un poids qui m'effraie autant qu'il me rend fière. »

Là-dessus, Belethar s’étira, se frotta sa petite barbe, et répondit de cette façon à son amie :

« De devenir Baptistrel, je m’y attendais, mais devenir Gardien … Ça non. Mais je n’imaginais pas non plus ce qu’avait fait mon maître Kehlvehan, le précédent gardien. » Il se pencha à l’oreille de Reynagane, avant de chuchoter : « Il a commandité l’assassinat d’un de ses fils, et nous l’avons découvert récemment. » Si cela n’annulait en rien les capacités d’un baptistrel, car le meurtre n’avait pas directement été commis par lui, la pratique peu morale avait été hautement réprimandé par les membres Cawrs une fois mise en lumière.  Belethar soupira. C’était dommage, tellement dommage. Mais c’était ainsi, et l’Ordre avait dû continuer à vivre : « J’imagine qu’ils m’ont nommé parce que j’avais été son apprenti direct, et aussi j’imagine parce que j’avais l’expérience d’être le chef d’une petite famille dans Caladon … Bien que je t’avoue que j’aimerai bien me trouver un binôme. Je ne suis pas trop du genre à aimer concentrer le pouvoir… Et mon élément étant ce qu’il est, j’aimerai également trouver un représentant des Déesses, le Néant étant particulier. »

Belethar soupira une nouvelle fois, et passa sa main devant sa figure. Le voilà qu’il reparlait de sujets sérieux, alors que l’heure était à la fête. Mais Reynagane avait aussi le droit de savoir ce qui se passait dans l’Ordre. Il précisa à son amie :

« Pour toi, il est vrai que la pente a été tout de suite très droite ! Pour moi … Être baptistrel, c’est la récompense d’une trentaine d’années d’apprentissage. » Il fit un petit clin d’œil à son ami et ajouta avec un petit sourire espiègle : « Mais je t’avouerais que je n’imaginais pas non plus finir à la tête de tout ce beau monde tout de suite, très loin de là ! Mais tu sais … On récolte ce que l’on sème, Reynagane. Cette foi, comme tu dis, tu l’avais depuis notre première rencontre, et elle ne t’a jamais quitté. Tout comme ton sourire, et ta bonne humeur, même dans les moments de doute. Bien que l’on ne sauve pas l’archipel avec des sourires, fais confiance à ton instinct. Il saura te guider dans les épreuves à venir. »

Belethar fit un nouveau petit clin d’œil à son amie, avant de passer une main dans son dos, venant frotter doucement son poil : comme toujours, il était là pour la soutenir si elle le désirait. En cet instant, L’Espérancieux était simplement heureux de partager ce court moment avec son ami. Après un instant de silence encore, Reynagane pris la main du baptistrel, et lui fit :

« Même si je te l'ai déjà dit, je suis plus qu’heureuse que les Esprits aient décidé de te placer sur ma route ce jour où tu m'as sauvé la vie. Toi, Ilhan, Autone, vous m'avez aidé tellement de fois et sans vous, je ne serai clairement pas là en ce jour. D'ailleurs comment se porte ta famille à Caladon ? »

Belethar inclina doucement sa tête, avant de faire un petit baiser sur le haut de la tête de Reynagane : la sincérité de son amie la touchait vraiment, et le baptistrel sentit un petit rougissement poindre sur son visage. Il n’était pas vraiment habitué à ce genre de compliments. Il fit simplement à sa camarade graärh :

« Tu sais, ce n’était rien, en tout cas pour moi. Je le referais avec plaisir, si c’était à refaire. Il en va de mon engagement d’aider des personnes dans le besoin … Et puis aussi parce que cette véritable graärh aventureuse que tu es m’a toujours bien plu depuis le début. » Il eut un nouveau sourire malicieux avant d’ajouter : « Ma famille va bien ! Les petits cousins ne cessent de nous demander des histoires de ton peuple ! Alors j’espère qu’avec tout ce qu’on sait à présent, tu reviendras bientôt nous rendre visite, d’autant que de ce que j’ai cru comprendre, tu comptes aussi œuvrer pour Caladon. N’hésite pas, si tu as besoin de moi. »

Belethar s’amusa à faire bouger ses doigts sur la patte de Reynagane, comme pour dessiner des petites formes invisibles dessus. Les nouvelles allaient vite, surtout qu’il était très proche des instances dirigeantes de Caladon, bien que l’Espérancieux n’y fut pas vraiment. C’était une demande plus ou moins subtiles de la voir plus souvent chez lui, car il aimait s’entourer de ses proches. Et il sentait ce besoin que Reynagane soit plus proche de lui.

Pour ce qu’elle cherchait, Belethar y fut assez attentif :

« Oui, je ne sais pas si c'est vraiment quelque chose en particulier que je recherche en venant ici. À dire vrai, et Maître Valmys m'avait déjà fait un peu découvrir votre utilisation de la Trame, j'aimerai énormément apprendre à la manier comme vous savez le faire. Les graärhs ne sont pas doué, je veux dire... pas initiés à cette pratique et je souhaite réellement apprendre à utiliser cette magie. Je ne sais pas si c'est véritablement possible, mais avec du travail et un bon maître crois-tu qu'il y a des chances ? »

L’Espérancieux se frotta la barbe, avant de répondre avec honnêteté à son amie, comme lui dictait son serment :

« Il est vrai que votre race n’est pas habituée à manier la Trame … Mais tu sais, avec un peu d’entrainement rien n’est impossible. Et ce n’est pas pour me vanter, mais ma famille a de longues années de maîtrise de la magie derrière elle, et je ne fais pas exception à la règle. Je pourrais t’aider si tu le souhaites. »

Belethar se gratta la tête, et soudain ses yeux à quatre pupilles s’ouvrirent grand : il avait eu une idée pour l’apprentissage que son amie lui demandait. Il lui fit alors :

« Mais d’ailleurs … J’y pense, mais comme tu t’es transformée en humaine en Althaïa … N’as-tu pas un moyen de me … Changer en graärh ? L’idée te paraîtra sans doute saugrenue, mais au moins, je pourrais constater par moi-même les difficultés que votre race a dans le maniement magique ! »

Belethar fit un petit clin d’œil à son amie : après tout, cette fête était l’occasion de tester des choses. Le frisson de l’aventure le parcourait, et bien sûr ce n’était que pour le travail, pour le bien de son apprentissage, qu’il lui demandait ça.

A moins que …

Clapotis de fontaine, instruments à  cordes et mélodies dans l'air, tout pour distraire une graärh émerveillée. Et pourtant. Pourtant, il y avait de ces discussions ou de ces personnes qui vous faisait perdre le fil du temps. Distractions n'étaient plus rien aux yeux de Reynagane qui se concentrait seulement sur ce qu'avait à lui dire son ami.

Les oreilles pointées en avant, son regard sur celui de Belethar, la féline l'observait parler de sa monter de Cawr à Gardien. Se penchant pour entendre ce que Belethar voulait qu'elle seule entende, qu'elle fut la surprise de la graärh en apprenant les secrets de l'ancien Gardien de l'Ordre. « Commandité l'assassinat de quelqu'un » ? D'un de ses fils ? Un baptistrel ? Il y avait de quoi être choquée et Reynagane ne pouvait même pas imaginé ce que ressentait réellement Belethar à ses côtés. Elle n'avait pas eu vent de tout ceci et en soit, cela devait rester sous le toit du Domaine Baptistral. Il est vrai que dans l'idée que ce faisait Reynagane de tout les baptistrels ici présent était une image de bonté et d'altruisme. Mais comme partout, il se devait d'y avoir une exception qui confirme la règle.
Au soupir de son ami, Reynagane lui serra plus fort la main avec sa patte comme si elle pourrait absorber un peu de ses émotions négatives.

- Ils ne t'ont  pas nommé parce que tu étais son apprenti direct, ou même parce que tu es chef d'une charmante petite famille. Non Belethar, ils t'ont nommé parce que tu es celui qui saura le mieux gérer les fondements de ce Domaine. Tu as l'âme d'un Trybioon et la sagesse d'un smilodon. Et tu es au-delà de la hauteur de ton titre déclara t'elle sérieusement avant de laisser pointer un bout de sourire sur son museau.


Hochant la tête en baissant légèrement les yeux pour cacher son air amusé, pour le coup, il est vrai que la graärh n'avait qu'il y a peu, essayer de se détacher de cette graärh naïve et rayonnante à longueur de journée pour une graärh plus affirmé maintenant. Mais son fond restait et resterait le même, celui d'un cœur ouvert et non vengeur.

Respirant avec légèreté, Reynagane reporta ses souvenirs à la toute première rencontre d'elle et de ce cher Belethar. Lorsque celui-ci s'inclina pour poser ses lèvres sur le haut de sa tête, il se peut que la graärh fussent légèrement étonnée. Pas le geste, pas la coutume, mais bien la sensation étrange qui avait électrifier son pelage une seconde. Ronronnante avant de se contenir, Reynagane se retrouvait à regarder Belethar avec une expression intriguée et si évidente à la fois. Il y avait de ces personnes qui croisaient votre route une fois et qui vous liait par un fil argenté pour toujours. Et si Reynagane avait toujours ressentie une grande paix intérieure à chaque fois qu'elle se retrouvait avec le Cawr à ses côtés, la graärh avait la nette impression qu'un lien indescriptible et indiscutable s'était tissé au fil du temps et au fil de leurs aventures. C'était peut-être ça aussi la vie. Ne pas se poser de question sur le pourquoi du comment ni laisser son esprit parler à la place du cœur.

La graärh se mit à rire en entendant le baptistrel faire allusion à sa famille restée à Caladon.

- Je me ferais un plaisir de revenir leur raconter de nouvelles légendes et contes. Ils ont été si généreux avec moi. C'est de famille me diras-tu ricana t'elle avant de reprendre un petit air sérieux en parlant projet pour Caladon. C'est gentil de ta part. Les premières fondations du Quartier Graärh aux abords de la ville ont commencé. J'espère que ce projet sera à la hauteur de ce que je me suis imaginée dans ma tête. Un refuge pour tout les rejetés de notre peuple. J'y vais construire ma propre maison s'amusa t'elle à lui dire les yeux brillants avant de poser ses yeux sur la main qui dessinait des formes sur sa patte.

Souriante, Reynagane avait une soudaine envie de poser sa tête sur l'épaule du Gardien et de fermer les yeux une seconde mais évidemment, elle n'en fit rien.

- Tu viendras voir une fois que tout seras terminé ? Il y a déjà plusieurs graärhs installés ici et là et j'espère rendre le lieu aussi avenant que possible. Ahhh pour ma maison c'est une autre paire de pattes, tu te rends compte, MA maison. Un mélange entre l'architecture de ton peuple et celle de mon peuple. Une maison hybride rigola t'elle avant de soupirer toujours amusée. Un peu comme moi, totalement à part. Tu seras le bienvenu chez moi autant que tu le souhaites d'accord ? Tu n'hésiteras pas hein ?

Le taquinant en le poussant légèrement de l'épaule, Reynagane vînt s'étirer ensuite les pattes avant de rejeter sa tête en arrière pour inspirer l'air qui s'engouffrait dans la cour. La magie revînt au cœur de leur discussion et la graärh se redressa à la proposition de Belethar de l'aider.

- Je n'en espérais pas moins de toi. Et si tu es d'accord, j'aimerai bien que tu m'aides effectivement.

Mais Belethar n'en avait pas fini et une idée lui vînt en tête. Penchant sa tête sur le côté, Reynagane écouta sa proposition avant d'exploser de rire. Une brève explosion qui suscita des regards sur eux avant qu'elle ne place une patte sur sa gueule en voyant qu'il n'y avait rien de drôle mais que des choses intrigantes et censés. Il était sérieux car pendant une seconde, elle avait cru qu'il avait simplement fait une blague mais non non.

- Oh pardon, tu es sérieux ?

Clignant des yeux, Reynagane sentit son pouls s'accélérer face à l'idée de son ami. Une idéetout complètement fantastique. Très drôle elle n'allait pas se mentir à elle-même, l'idée d'imaginer Belethar en graärh l'intriguait au plus haut point.

- J'ai bien cru que tu me faisais une blague mais... en fait tu as certainement raison puisque lorsque j'étais humaine sur Althaïa, il y avait une chose que je n'arrivais pas à expliquer. L'accès  à la Trame me semblait plus... facile. Mais jamais je n'aurais pu imaginer que l'inverse soit tout aussi possible. Viens avec moi !déclara t'elle en se levant d'un coup les yeux pétillants de malice en lui saisissant sa main joliment décorée.

L'amenant dans les couloirs tout en passant dans les festivités, Reynagane se retourna à la hâte.

- Cette potion, je l'ai acheté à un chaman aux abords de la Légion, avant de partir pour Althaïa. C'est Sabkuchh. Une potion change-peau capable de transformer n'importe qu'elle espèce en une autre.

Arrivant dans le couloir de ses appartements, Reynagane lâcha Belethar en pénétrant dans sa grande chambre pour venir chercher dans un sac une petite fiole ronde aux couleurs bleutés. Une vague d'émotion la submergea presque. Elle ne l'avait pas réutiliser depuis son départ de l'île pirate. Comme si elle avait la sensation que son corps d'humaine était restée là-bas et tout ce qui c'était passé avec aussi. Alors que...

- Il suffit de verser une gorgée dans un verre, et d'y ajouter quelque chose appartenant à l'espèce en laquelle on veut se transformer.

Tout en déclarant ses mots, Reynagane jeta un coup d'oeil vers son tendre ami pour voir s'il était toujours partant. Hochant la tête en souriant, Reynagane arracha un poil sur sa joue pour le mettre dans le verre légèrement gênée.

- Je te préviens par contre, le goût est complètement atroce, déclara t'elle en lui tendant le verre. Tu es bien sûr de vouloir faire ça ? demanda t'elle pour être sûr à la fois inquiète pour lui mais également très très amusée par la situation. Attention, prépare-toi à te voir pousser des moustaches et un poil duveteux, mais... si je peux te rassurer, tu seras un très beau graärh. Autant que tu es  bel homme acheva t'elle pétillante le feu montant aux joues.

Reynagane ne savait pas ce qu'il y avait dans les boissons des Baptistrels mais décidemment, elle partait de plus en plus en vrille. Bien sûr les boissons, quoi d'autre !

La conversation allait bon train, et Belethar écouta les réactions de Reynagane avec attention. En vérité, le baptistrel sentait que la graärh faisait partie de ces personnes avec qui il pouvait parler pendant des heures et ne jamais être lassé. En tout cas, Belethar fut ému de constater que son amie pensait qu’il avait « l’âme d’un Trybioon et la sagesse d’un smilodon ».

Il avait alors empoigné plus fermement sa patte, tout comme elle l’avait fait auparavant, comme un remerciement silencieux qui se passait par le toucher. En vérité, L’Espérancieux aurait bien enlacé à nouveau la jeune graärh, qui la touchait véritablement par ses mots d’une grande importance pour lui. Il n’aurait trop su l’expliquer, mais il était vraiment devenu attaché à elle. Peut-être était-ce les circonstances de leur rencontre, ils s’étaient tous deux rencontrés sur les routes et s’étaient toujours retrouvés par la suite, pour le meilleur et aussi pour le pire, peut-être était-ce la proximité de caractère, ou dans leurs façons de penser certaines choses … Ou peut-être était-ce tout cela à la fois qui créait un cocktail d’émotions quand il voyait la féline en face d’elle.

« Si je suis bénie par la Gardienne du Baôli, alors je suis le plus heureux des Hommes ! » Ajouta Belethar sur le ton de la plaisanterie, en un sourire envers son amie.

Il se sentait très proche d’elle, bien que leur histoire ne soit que récente, et qu’il n’eut pas grand-chose en commun physiquement parlant. Cette histoire était en tout cas touchante, et amusait Belethar. Il voulait qu’elle continue à exister, de façon aussi naturelle qu’elle s’était formée.

Reprenant un air plus sérieux, Reynagane raconta au Cawr que son projet de quartier d’habitations des graärh de Caladon avançait bien, et qu’elle allait y construire sa propre maison. Belethar se surprit à se sentir vraiment heureux de cette nouvelle. Savoir Reynagane proche de lui était l’assurance qu’ils pourraient se voir plus souvent, alors cela le mettait en joie. Le Baptistrel garda son sourire, et répondit à son amie, quand celle-ci l’interrogea quant à sa venue dans son quartier :

« Oui promis ! Je pourrais même te construire des endroits si tu veux, pour ton quartier ou pour ton chez-toi, si tu as besoin d’un architecte humain compétent, je le ferais avec grand plaisir. »  Fit-il, toujours le sourire aux lèvres. « Et promis, je n’hésiterais pas. Et j’espère que toi non plus. J’ai hâte de te voir plus souvent. »  Fit-il en un clin d’œil : Reynagane pouvait compter sur un baptistrel pour tenir parole.

Du reste, Belethar nota bien ses demandes concernant la magie, et le garda dans un coin de sa tête : au milieu d’une fête, ce n’était pas vraiment le moment, mais plus tard, il était sûr qu’il pourrait donner un petit cours particulier à Reynagane. Ils trouveraient le temps tous deux, après une bonne soirée à être ensemble.

Puis vint l’heure du plan un peu fou de Belethar. Un plan qui fit d’abord rire aux éclats la jeune graärh, qui attira l’attention sur eux. L’Espérancieux eut un petit sourire tendre : il s’attendait effectivement à cette réaction, il devait bien l’avouer. Après tout, pas grand monde n’aimait subir un envoutement qui changeait à ce point le physique. Mais Belethar était un homme d’aventure, aussi quand Reynagane lui demanda s’il était sérieux, il répondit :

« On ne peut plus sérieux. »  en regardant dans les yeux son amie.

Puis en un instant, Reynagane lui pris la main, et ils s’en allèrent dans les allées du domaine, parcourant les festivités pour aller sans doute à ses appartements. Belethar fut attentif à ce que raconta la gardienne du baôli : « une potion capable de transformer n’importe quelle espèce en une autre », voilà un artefact puissant qui en disait long sur le potentiel de la magie graärh. Mais les esprits-liés étaient des êtres divins très puissants à ne pas sous-estimer, alors les rituels graärh les invoquant devaient l’être tout autant. Belethar commenta :

« Impressionnant ! Cela fera donc de moi un vrai graärh en un rien de temps ! Dans quelques minutes, je serais comme toi ! Je compte sur toi pour m’expliquer comment votre corps fonctionne ! »  Il avait dit cela d’un ton rempli de malices et d’espièglerie, et avait laissé Reynagane se rendre à ses appartements pour chercher la potion. Puis elle expliqua le processus de fonctionnement de l’artefact : « Il suffit de verser une gorgée dans un verre, et d'y ajouter quelque chose appartenant à l'espèce en laquelle on veut se transformer. »  Belethar acquiesça silencieusement en voyant que Reynagane cherchait son approbation : cela lui semblait clair, et l’aventure à bout de bras. Alors elle hocha la tête, avant de s’arracher un bout de poil.

Belethar espéra que cela ne lui fit pas trop mal, puis vint un avertissement de la jeune graärh :

« Tu es bien sûr de vouloir faire ça ? Attention, prépare-toi à te voir pousser des moustaches et un poil duveteux, mais... si je peux te rassurer, tu seras un très beau graärh. Autant que tu es bel homme. »

Belethar se sentit encore rougir en entendant encore le compliment de son amie. Mais toute cette situation l’amusait. En vérité, il ne savait absolument à quoi il allait ressembler, ni même quelle sensation cela faisait d’être un graärh, alors tout cela accompagné de la présence de son amie lui faisait sentir des frissons d’aventure et d’inconnue. Il s’approcha près de son amie, pris ses pattes et s’empara au passage de la fiole de la Graärh. Il fit alors, en la regardant dans les yeux :

« Toujours prêt ! Et je remercie la belle graärh qui m’a concocté cette potion, qui nous promet déjà mille et une aventures ! »

Belethar fit un petit clin d’œil à son ami, avant de lever la petite fiole vers le ciel, en faisant :

« A ta santé ! »

Puis il vida son contenu dans sa bouche… Et tomba un peu à la renverse, contre le mur tant le goût qui ressemblait à un miasme de vêtements sales, ou de ses marais puants qui étaient éparpillés sur Netheril le surprit … Accompagné des premières sensations de transformation, qui furent particulières bien sûr.

De toutes les choses qu’avaient pu faire Belethar en son humble vie, cette transformation physique était probablement une des plus étranges. Loin d’être un simple sortilège qui se posait sur vous pour repartir ensuite, il s’agissait véritablement de quelque chose qui agissait en … Profondeur sur son corps. Belethar ferma les yeux, devant se battre contre de nombreux frissons qui venaient électriser son corps, au fur et à mesure qu’il sentait des poils poussés sur lui, mais aussi d’autres choses. Ses oreilles s’élargirent, une queue de félin lui poussa, ses muscles prirent une autre consistance plus raffermie … En bref, son corps changea du tout au tout, et si cela ne dura que quelques instants, cela paru une éternité pour le baptistrel qui dût endurer quelque peu cette souffrance, entre grimaces et légers tremblements contre le mur.

Puis finalement, un courant d’air vint, et Belethar sentit toutes ses « douleurs » partir avec lui. Il souffla un grand coup, et rouvrit les yeux : il s’aperçu alors que sa vision avait changé, et qu’il voyait sur les constructions çà et là des détails que même sa vue d’architecte entrainé avant ne voyait pas … Puis il leva ses mains, et découvrit un pelage à trois couleurs, faits principalement de beige, de blanc et de noir. Il nota d’ailleurs deux choses : d’abord que ses tatouages n’avaient pas disparues et semblaient avoir magiquement épousés ses poils, les sillonnant avec habileté, et que si ses vêtements n’étaient pas craqués, il se sentait bien à l’étroit d’un coup … Il réajusta sa ceinture pour se laisser un eu plus de sa respiration : s’il ne s’était pas totalement métamorphosé, ses muscles étaient devenus d’une forme différente, plus épais.

Puis son regard se posa enfin sur son amie Reynagane, et là, il la contempla bien quelques secondes sans rien dire. Ce regard dégagea nombre de sensations dans le nouveau corps du Cawr. C’était comme s’il la voyait sous un nouvel angle soudainement : ses yeux, ses vêtements, sa tête … Tout lui semblait plus … Attirant ? Il sentit des frissons à son pelage, et sentait qu’il voulait enlacer son amie, là maintenant tout de suite… Alors il tenta d’y aller et …

Boum ! Après avoir fait un pas, Belethar se rétama sur le sol, ayant perdu l’équilibre, peu habitué à son corps, et surtout à sa grande queue qui avait poussé en bas de son dos. Il s’était honteusement pris les pieds dedans.

Cependant, le rocambolesque de la situation arracha un fou rire au baptistrel, qui une fois qu’il était au sol, ne voulait soudainement pas se relever tout de suite. Entre deux rires, il sortit un miroir de sa besace, avant de s’observer :



Il avait effectivement complètement changé, et la transformation avait été un succès. Ne lui restait plus qu’à apprivoiser son nouveau corps. Aussi, après une bonne franche rigolade, il fit à son amie :

« Comment tu me trouves ? Je dois être affreusement ridicule là tout de suite, mais au moins je m’amuse bien ! Que dirais-tu d’aller marcher un peu, et de profiter de la fête ? J’ai besoin de me dégourdir les pattes ! »  Belethar eut un nouveau petit rire avant d’ajouter d’un ton faussement triste : « Pitié, ne me laisse pas seul, j’aurai trop besoin de ton aide pour m’en sortir pour mettre une patte devant l’autre ! »

Le verre toujours tendu, Reynagane cherchait n'importe quel petite consigne qu'elle pouvait sortir de peur d'en oublier une importante. Était-elle un poil tendu en tendant un si étrange breuvage à Belethar ? Complètement. D'une part car elle avait acheté cette potion à un jeune chaman graärh et bien qu'il lui avait assuré que la potion fonctionnait pour toutes les espèces, elle n'avait véritablement pu en faire les frais seulement en passant d'un corps graärh à humain. Qu'en était-il de l'inverse ? De plus, la transformation physique n'avait rien d'anodin et la féline sentait la pression gronder plus fort que l'amusement alors que le baptistrel se rapprochait d'elle avec conviction, comme pour dire qu'il savait pertinemment tout ce que cela impliquait.

" A ta santé !"

Le verre avait disparut d'entre ses griffes. Reynagane sentit son souffle se couper une seconde en voyant son ami qu'elle aimait tant tomber légèrement à la renverse. Yeux ronds, petite grimace sur les babines en repensant à la sensation qu'elle avait elle-même ressentie en se transformant en humaine, ce qui n'était pas non plus la chose la plus agréable qui soit, la graärh fit un pas en avant avant de se stopper hésitante. Il souffrait. Sûr Belethar souffrait. Par les Esprits, ils venaient de faire une terri...ble...er.

Reynagane ne pouvait bouger. Ne pouvait respirer alors que le corps de Belethar se redressait de toute sa hauteur. Hauteur, oui, Belethar était plus grand qu'elle sans aucun doute maintenant. Peau s'était faite remplacée par un pelage brillant aux couleurs honorables du désert de Néthéril. Museau, moustaches, prestance et une aura qui dégageait une force que Reynagane ne s'attendait pas. Enfin, Reynagane qui n'avait pas encore dit un mot dressa simplement ses oreilles en avant lorsque Belethar qui reprenait peu à peu ses esprits croisa enfin son regard avec le sien. Deux pupilles, deux tatouages et malgré cela, Reynagane avait du mal à en croire ses prunelles. C'était Belethar. Et là, Reynagane ne pouvait pas mettre tout sur le dos des boissons du Domaine, non, elle devait se l'avouer, Belethar avait un charme fou. Un charme tel qu'elle se sentait défaillir une seconde les pupilles étrécit et le cœur battant. Tout ceci en un laps de temps si court comme si le monde entier avait été mis sur pause.

Et puis, le temps repris son chemin alors que son ami faisait son premier mouvement de graärh. Et quel mouvement ! Reynagane plongea en avant pour rattraper la chute de Belethar mais trop tard hélas, un grand bruit résonna par terre suivit d'un fou rire du baptistrel. Reynagane qui s'était précipite ment jeter par terre elle aussi se mit sur ses genoux avant de relâcher toute sa tension par un grand rire à son tour. Voilà qu'il faisait la paire, heureusement que personne ne passait dans le couloir à se moment là, il aurait vu deux graärhs au sol hilare. Autrement dit, un scène tout de même étrange on ne va pas se mentir.

Essuyant une petite larme au coin d'un de ses yeux, Reynagane se releva en saisissant une patte du graärh amusé.

- Rappel moi depuis quand fait-on des choses aussi folle ? Rigola t'elle en tirant pour aider Belethar à se redresser.

De cette transformation, elle avait encore les oreilles brûlantes, plaquant un regard rempli de malice, Reynagane rigola encore une fois de bon cœur, peut-être même pour désamorcer ce qu'elle ressentait au fond d'elle.

- Tu n'es pas ridicule ! Mais je ne m'attendais pas à ce que tu tombes comme ça, c'est mignon pouffa t'elle encore en mettant une patte sur sa gueule. Comment te sens-tu ? Tout vas bien ?

En se rapprochant ainsi, Reynagane voyait les talents de la potion. Qui aurait pu penser qu'il y avait un humain deux minutes avant à cette même place ?

- Tu es...tu es... eh bien sache que beaucoup de femelles s'arracheraient quelques poils et s'échangeraient quelques coups de griffes  pour que tu deviennes leur compagnon, répondit-elle le regard rieur mais ou grande vérité se cachait dedans.

S'assurant que sa stabilité allait un peu mieux et qu'aucun problème ne survenait après avoir pris la potion, Reynagane lâcha son ami pour faire un petit tour de sa personne en faisant mine d'examiner une toute nouvelle créature jamais découverte.

- Alors ça fait quoi ? La vision, l'ouïe ? Ce n'est pas juste, tu avais déjà ces sens plus développés en tant que baptistrel déclara t'elle en faisant mine de bougonner. Regarde-moi ses épaules, et puis ses pattes ! Regarde comparée au mienne ajouta t'elle en plaçant sa patte sur la sienne.

Finissant son tour, Reynagane rigola de plus belle en imaginant les baptistrels qui allaient bientôt croiser leur route.

- Je ne vais pas te lâcher de si tôt lui répondit-elle en prenant enfin son bras pour l'aider à avancer un peu. Tu vas vite trouver tes marques, c'est l'histoire de quelques minutes. Et puis tu vas voir tout se fait très naturellement. Ta queue te fait garder un équilibre parfait mais attention aux émotions qui passe à travers. Colère, joie, peur, nous communiquons beaucoup avec notre physique. Comme ça.

Reynagane ronronna en lançant un regard plaisantin vers Belethar.

- Par les Esprits, je vais entendre Belethar Espérancieux ronronner ! Qui d'autre pourra dire la même chose hein ? Allez viens, voyons voir comment un graärh souhaite faire la fête.

La féline aida Belethar encore un peu avant de constater que se déplacé commençait à être plus facile.

- On va sûrement te reconnaître non avec tes yeux et tes tatouages ? Cela ne te dérange pas ? Attend.

La graärh s'arrêta une seconde pour remettre correctement les tissus sur le haut du corps du Cawr. En se métamorphosant, ses vêtements paraissaient bien plus étrécit. Satisfaite de son rendu finale, Reynagane se détacha de quelques pas de Belethar avant de sourire et de reprendre sa marche. La musique réapparut, ainsi que les lumières et les effluves de nourritures et de magie. Ne pouvant plus tenir, la graärh reprit les devants en reprenant la patte de son ami pour apparaître enfin au cœur de la fête. Regardant le Gardien du Domaine aux oreilles pointues et au charme dévorant, elle le laissa prendre un peu de temps pour s'habituer à toutes les nouvelles informations qui tournaient autour de lui.

- Il faut que tu saches que je veux absolument que nous fassions une course à un moment ou à un autre de la soirée. Moi tricher parce que tu découvres tout juste ton nouveau corps ? Nannn, il y a un jeu lorsque nous sommes graärhons qui s'appelle « L'os à trois ». Incontournable pour tout petit qui se respecte, il s'agit de trois duels. Bien sûr, à cette période de nos vies, c'est plus pour voir qui es le plus fort des jeunes, mais ce jeu peut très bien se faire adulte. Voir ce que tu as dans le ventre rigola t'elle en prenant un verre sur une table rempli d'assiettes pleines de sucreries. Se rapprochant de son oreille, Reynagane chuchota entre deux gorgées, tu te doutes que je ne suis pas douée. Enfin si, je suis mauvaise langue, il y a trois duels ; une course, une épreuve d'agilité ou il faut réaliser des bonds à grande distances et enfin un combat corps à corps. L'agilité j'en fais mon affaire, le combat, c'est une autre histoire la course... Je suis curieuse de voir tes capacités en tant que graärh, le taquina t'elle en jetant des petits regards pour voir s'il y avait des réactions étranges autour.

Pour l'heure, la fête battait son plein. Et qu'est-ce que la graärh savourait ces instants. Lorsqu'une mélodie s'éteignit pour en faire apparaître une autre, la graärh se rappela les mots du Belethar humain et un air réjouis s'empara de ses joues.

- Dis-moi avant ça, il paraît qu'un certain Belethar, tu sais un homme au trait rieur quoique sérieux et sage avec une gentillesse sans égal, eh bien cet homme sait, paraît-il très bien danser.

Reposant son verre, Reynagane invita son ami en faisant mine de faire une révérance.

- Voyons voir si un graärh peu m'apprendre à danser comme un humain ronronna t'elle de bon cœur.

Belethar s’amusait bien, avec sa consoeur du jour.

Bien qu’elle eût elle aussi son instant de stress en tombant avec Belethar pour essayer de le rattraper … Les deux se retrouvèrent à rire de cette aventure qui promettait de rester dans les annales des choses les plus rocambolesques que ce domaine ait pu connaitre. D’ailleurs, c’était aussi l’avis de Reynagane qui lui fit :

« Rappelle-moi depuis quand fait-on des choses aussi folles ? »

Belethar eut un grand sourire et regarda sa comparse de son visage poilu :

« Assurément, plus depuis un certain temps ! Et pourtant tu sais, depuis qu’on m’appelle Sucre d’Orge dans l’Alliance, plus rien ne m’étonne ! »

Le désormais nouveau-graärh eut une petite pensée amusée quant à cette aventure au canyon des karapts, avant d’essayer d’à nouveau se concentrer. Il agrippa la patte de son amie, et se releva également, avant de contempler la gardienne du Baôli à nouveau un instant. C’était étrange : à présent qu’il regardait Reynagane sous cette forme nouvelle forme, bien que cela ne soit en rien comparable aux sensations de tout à l’heure, quelque chose au fond de lui agitait ses poils. Mais laissant là ses réflexions, il répondit plutôt aux questions de son amie qui s’enquit de son état de santé :

« Écoute, je crois que ça va. Répondit Belethar aussi sincèrement que possible. Je me sens … Différent assurément. Plus alerte en bien des façons, comme si mes sens déjà aiguës de Baptistrel avaient été décuplées … Mais j’imagine que c’est votre façon de voir les choses par rapport à nous. En tout cas je vais bien, et heureux d’être bien entouré pour mes premiers pas. »

Belethar eut un petit sourire rassurant : tout au plus, c’était une expérience particulière qui partirait dans un certain temps, mais l’Espérancieux n’avait aucune sensation de ne plus être en phase avec son corps, de rejet ou quelque chose comme cela … Quelques instants passèrent et le baptistrel écouta la réaction de son amie :

« Tu es...tu es... eh bien sache que beaucoup de femelles s'arracheraient quelques poils et s'échangeraient quelques coups de griffes pour que tu deviennes leur compagnon. »

Belethar sentit une nouvelle fois ses poils s’agiter quant à ce compliment, et fit un petit clin d’œil à Reynagane avant de lui dire :

« Tu n’as pas ton pareil sous ce regard aussi, crois-moi. » Fit l’Espérancieux avec un petit clin d’œil amusé, en référence à ce qu’il ressentait au fond de lui. Il se nota cependant de demander quelque chose à son amie, plus tard.

Pour l’heure, la gardienne du Baôli dévisagea Belethar de la tête au pied, comme si elle découvrait une toute nouvelle personne. Et pour cause, il était une toute nouvelle personne. C’était quelque chose d’amusant que de changer totalement d’apparence et de sentir ce regard intrigué chez les autres. Elle s’étonna de certaines des particularités physiques de Belethar, et lui demanda ce que cela faisait d’avoir des sens de graärh. Belethar y réfléchit un instant avant de dire :

« C’est particulier ! Je sens une toute nouvelle palette de saveurs naturellement sans me concentrer … Et je vois beaucoup mieux tous les défauts qu’il y a sur ces murs, ce qui me ferait dire que je devrais les corriger un de ces jours ! C’est un petit supplice pour un architecte tel que moi ! »

Belethar eut un petit sourire, avant d’émettre un petit rire : après tout, ce n’était pas tous les jours que l’on voyait son travail sous un angle tout nouveau, et ce « supplice » comme il l’appelait de façon très exagérée, n’était pas non plus jusqu’à totalement annihilé le frisson de la nouveauté.

Puis, quand ils étaient patte contre patte, Belethar glissa une petite phrase :

« C’est effectivement assez …Étrange. Je ne m’attendais pas à me changer en terrible prédateur de la savane ! Paie la tête de ton prédateur, en plus ! »

Belethar souri une nouvelle fois quant à l’incongru de cette situation. Lui le baptistrel bien sage, après avoir pris une potion, devenait un grand graärh qui impressionnait même la gardienne du Baôli. C’était à n’y rien comprendre, et presque une histoire que l’on pouvait voir raconter dans certains contes où des humains la nuit se changeait en véritables monstres mangeurs d’hommes …

Mais bon, à ceci prêt que manger des hommes, ça n’était pas vraiment une des préoccupations principales de Belethar. Bien au contraire, lui était beaucoup plus dans une démarche de pacifisme.

Sortant de ses réflexions amusantes pour le moment, le cawr-graärh d’un soir écouta attentivement le cours de marche et de comportementalisme graärh de son amie. En fait, il avait l’impression d’être à nouveau bambin. Devoir apprendre les bases de la base d’un nouveau corps, et d’une société, c’était quelque chose d’assez comique, et il espérait que son état général se ressentait auprès de sa comparse. C’était quelque chose d’unique qu’ils partageaient tous les deux, en ce moment. Au fur et à mesure des paroles de la gardienne, Belethar prenait de plus en plus confiance en ses pas.

Reynagane ronronna auprès de Belethar, et l’instant d’après ils se retrouvèrent à partir au milieu de la fête, une fois que l’Espérancieux était beaucoup plus opérationnel dans sa marche, et qu’il fut un brin rhabillée par sa comparse du jour, qui vint également remettre de l’ordre dans les vêtements du Cawr.

Au milieu d’un grand espace du domaine où se tenait la fête, Belethar entendit et vit comme il semblait n’avoir jamais vu quelque chose de semblable auparavant. Les lumières, le son, les odeurs … Tout semblait beaucoup plus fluide et intense, au fur et à mesure que Belethar faisait des pas en suivant son amie … Il ignorait si c’était la faute des sens de graärh, ou des notes que les personnes jouaient qui venaient chatouiller l’âme du baptistrel séduit par des sons purs, mais, s’en était tellement intense qu’il était suffisamment facile de se laisser emporter par tout cela.

L’Espérancieux sentit son esprit vouloir se laisser porter à une certaine béatitude, une ataraxie qui le toucha, et qui demandait à être partagée. Fort heureusement, il avait à ses côtés une amie qui ne manquait pas d’idées pour occuper cette soirée :

« Il faut que tu saches que je veux absolument que nous fassions une course à un moment ou à un autre de la soirée. Moi tricher parce que tu découvres tout juste ton nouveau corps ? Nannn, il y a un jeu lorsque nous sommes graärhons qui s'appelle « L'os à trois ». Incontournable pour tout petit qui se respecte, il s'agit de trois duels. Bien sûr, à cette période de nos vies, c'est plus pour voir qui es le plus fort des jeunes, mais ce jeu peut très bien se faire adulte. Voir ce que tu as dans le ventre. Tu te doutes que je ne suis pas douée. Enfin si, je suis mauvaise langue, il y a trois duels ; une course, une épreuve d'agilité ou il faut réaliser des bonds à grande distances et enfin un combat corps à corps. L'agilité j'en fais mon affaire, le combat, c'est une autre histoire la course... Je suis curieuse de voir tes capacités en tant que graärh. »

Belethar eut un petit regard amusé, avant de passer ses pattes sur les avant-bras de Reynagane, comme l’invitant à se rapprocher de lui subtilement. L’ambiance dans son esprit l’invitait à la proximité avec les autres. Alors il répondit à son amie :

« Eh bien … Je ne pourrais pas vraiment prendre part à un combat au corps-à-corps, car je ne sais pas et je ne peux pas me battre … Mais volontiers pour l’épreuve de course ou d’agilité. Mon maître m’a fait faire beaucoup de choses quand j’étais plus jeune pour suivre son enseignement. Alors j’imagine que c’est l’occasion de voir si je n’ai pas tout perdu. »

L’esprit de Belethar divagua, en repensant à ses instants où son maître Kehlvehan lui avait donné toutes sortes de défis un peu idiots auxquels il avait dû se soumettre avec force et volonté, pour avoir le privilège de suivre son enseignement. C’était un peu particulier, mais formateur aussi.

Puis Belethar revint à lui, quand il entendit que la mélodie qui était en cours en laissait place à une autre. Reynagane se rapprocha de lui, et lui fit :

« Dis-moi avant ça, il paraît qu'un certain Belethar, tu sais un homme au trait rieur quoique sérieux et sage avec une gentillesse sans égal, eh bien cet homme sait, paraît-il très bien danser. »

Puis la gardienne du Baôli invita à danser Belethar en une petite révérence. Belethar fit à son tour une petite révérence d’usage, et vint prendre Reynagane par la taille, alors qu’il entendit le rythme de la musique quelque peu s’accélérer. Essayant d’ignorer ses envies profondes, l’Espérancieux tâcha de se focaliser sur l’art. Des luths et des lyres jouaient une musique d’un rythme rapide, qui donna au corps de Belethar comme une envie de se libérer, et de bouger à une cadence effrénée.

Cependant, il devait prendre compte de ses nouvelles conditions, et surtout du fait qu’il ne dansait pas seul. Alors il prit délicatement la main de Reynagane, avant de lui expliquer :

« Ne fais pas de gestes brusques, et suis mes mouvements, tu vas voir, cela viendra naturellement. »

Belethar tapota du pied, tendit le bras et fit en sorte que son amie fasse de même … Puis il entraina la gardienne dans une, puis deux, puis trois, puis quatre passes qui constituait l’essentiel de cette danse. Quatre temps différents, mais qui étaient facile à retenir dû à la répétition des mouvements généraux. Il sentit autour de lui qu’il en avait inspiré d’autres, puisque d’autres personnes se joignirent à ce mouvement, bien qu’il restât tout de même face à face à Reynagane. D’autres improvisaient une gigue, ou sautillaient simplement pour profiter de cet état d’esprit galvanisant …

Ensemble, les deux graärh tournoyèrent d’abord à un rythme doux, puis, quand le Cawr sentit que les deux corps étaient habitués à ce qu’il faisait, il décida d’accélérer le rythme. On vit presque de la sueur perlée sur le front poilu de Belethar, mais c’était quand il dansait qu’il se sentait plus vivant que jamais. Là, avec Reynagane au bout de son bras, Belethar voulut amener la compagne dans ce même état que lui : les mouvements furent ponctués de subtiles caresses, de petits regards vers elles, ou de petits à-coups vers sa cavalière quand ils étaient proches … Il voulait que son amie sente ce qu’il vivait depuis le début de cette soirée, et sente ses sentiments naturels qui avaient fleuri pour elle.  

Une fois que la musique s’adoucit, Belethar attrapa Reynagane, et l’attira à nouveau vers elle, avant de lui faire avec un clin d’œil :

« Alors, qu’en as-tu pensé ? J’espère tout de même t’avoir appris une ou deux choses ! »

Puis le cawr passa une main sur le haut de la tête de son amie, avant de ponctuer :

« Moi en tout cas, j’ai trouvé que c’était une danse vraiment … unique. »

« Unique » était un terme bien choisi, car elle avait été à la fois tendre et agitée : un peu comme à l’image de ces deux personnes qui avaient croisé leurs regards à quelques mois de cela … Belethar pris quelque chose pour se restaurer sur une des tables, avant de proposer :

« A toi maintenant ! Tu veux peut-être que l’on s’éloigne un peu pour me montrer comment l’on fait ta fameuse course et ton épreuve d’agilité ? Ou alors, peut-être désires-tu faire autre chose ? Je suis à ton entière disposition ! »

Le gräarh en face d’elle prit le temps de la saluer en retour avant de lui expliquer doucement les pas de la danse. Reynagane avait beau vouloir se focaliser sur les explications, son regard ne cessait de faire des aller-retour entre les yeux de Belethar et le sol.

Le rythme des instruments s’accéléra alors tout comme les battements du coeur de la féline. “Suivre les mouvements de l’Espérancieux”. Pensait-elle comme un seul mot dans sa tête.

Belethar l’a conduisit au milieu d’une des pistes, emportait par la danse d’un baptistrel, Reynagane se mis au jeu d’abord impressionnée avant de sentir une certaine confiance qui s’émanait du duo qu’elle faisait avec son ami. Elle n’aurait su dire s’il le monde autour d’eux s'était arrêté, ou bien s’ils allaient trop vite pour celui-ci. Ce qui était sûr, c’est que la gräarh sentait l’adrénaline des tours et des arrêts brusques monter en elle comme une tempête. Elle aurait été humaine, et même avec sa peau basané, Reynagane aurait sûrement dû se sentir rougir. C’était certain. À croiser les pupilles de félin de Belethar à ses côtés, un feu qui sommeillait en elle se réveillait. Sans explication, sans même pouvoir mettre un mot à proprement parler sur ce qui était en train de se passer ici, le corps tout entier de la gräarh s'électrisait.

La danse s’accéléra encore, et encore. Répétant les tours sur elle-même en frôlant à peine d’une patte levée les griffes de Belethar au-dessus d’eux jusqu’au final où tout s’arrêta d’une note brusque et mélodieuse à la fois.
Le félin attrapa Reynagane jusqu’à ce qu’il ne soit qu’à quelques centimètres seulement l’un de l’autre et la gräarh essoufflée le couva d’un regard à la fois brillant et amusé. Pour dire, elle n’avait jamais dansé comme cela.

À la question de Belethar, Reynagane rit une fois en replaçant une patte sur sa gueule en plissant légèrement le front.

- Je… effectivement, les rumeurs sur tes talents ne sont pas qu’une infime partie de vérité je dois dire. C’était incroyablement… plaisant ajouta-t-elle en fermant les yeux alors que la patte de Belethar se posait sur le haut de son crâne. Je crois que tu t’ais fait à ton nouveau corps.

Quittant la piste de danse en suivant son ami, Reynagane en profita pour reprendre une des boissons violette sur une des tables. Les oreilles dressées la gräarh hocha la tête en se souvenant qu’il y a à peine quelques minutes avant, le jeu de l’os à trois avait été mis au goût du jour.

- Oh oui, à mon tour de t’enseigner deux trois choses le taquina t’elle en l’emmena en dehors de la grande salle festive.

Reynagane ne connaissait pas encore si bien les lieux que cela mais sans savoir pourquoi, ses pas la conduisirent dans un hall ou le ciel nocturne et la lune perçaient à travers le plafond. Comme une sorte de petit gouffre aménagé, une des multiples fontaines du domaine trônait au centre. Des plantes grimpantes s’octroyaient le pouvoir de monter contre les parois de roches ou de petites cavités formaient des trous à différentes hauteurs.

- Ici, ce sera très bien. Commençons par l’épreuve d’agilité. Tu as droit à trois essais pour parvenir à monter tout en haut de la dernière des cavités.

Reynagane expliqua ceci en lui montrant du bout d’une griffe la dernière cavité qui menait vers le ciel nocturne.

- Pas le droit de se servir de la magie ajouta t’elle d’un air amusé. Et il en va de-même pour moi sauf… han si je meurs d’envie de te montrer ce que j’ai découvert être capable de faire avec la Trame.

Se reculant un peu, Reynagane jeta un dernier coup d’oeil malicieux à Belethar avant de fermer les yeux pour se concentrer. Sentant une énergie lui parcourir l’échine, Reynagane frappa le sol avec sa queue et de ce geste, bondit dans les airs pour arriver dans la cavité la plus basse.

- Ta da ! s'esclaffa-t-elle les pattes en l’air. Tu comptes ça comme de la triche ? Nannnn ?

Redescendant à terre, Reynagane fière de sa bêtise retourna auprès de son ami pour faire la première épreuve dans les formes.

- Fini de jouer, le premier qui arrive là-haut l’emporte. Fait confiance à ton corps et n’utilise pas ton esprit. Ton instinct et une chose en qui tu dois avoir confiance.

Et c’était elle qui disait cela… Combien de temps avait-elle mis pour le comprendre ?

- Et puis… un chat retombe toujours sur ses pattes termina t’elle en poussant légèrement Belethar qui se préparait au départ. Trois, deux un … Partez !

Reynagane bondit en avant et des souvenirs de quand elle était jeune ressurgirent d’un passé oublié. Des souvenirs heureux qui paraissaient presque irréel maintenant.

Sortant les griffes pour prendre de l’appui sur ses pattes arrières, Reynagane bondit naturellement de nouveau pour s'agripper sur la paroi rocheuse avant d’arriver une nouvelle fois dans la première cavité. Reprenant un nouvel élan, Reynagane prit de la hauteur petit à petit, non pas sans galère. Personne n’avait dit qu’elle était très douée non plus !

Lorsque la brise extérieur finit par lui caresser le poil, la féline s’extirpa de la dernière cavité et découvrit dehors une vu splendide des toits du domaine. Encore fallait-il savoir qui l’avait remporté.

- Belethar ?

Le petit numéro de danse prit son cours, et au fur et à mesure de celle-ci, le félin Belethar pouvait sentir que peu à peu, Reynagane prenait son pied dans celui-ci, littéralement, en ce sens où plus le temps passa, plus elle suivait le baptistrel avec plus d’aisance. Lui-même, Belethar se sentait comme … Plus à son aise ? Il est vrai que l’agilité naturelle des Graärh était quelque chose qui revenait souvent quand on parlait d’eux, mais c’était autre chose que de l’expérimenter directement.

Échangeant un dernier regard plein de feu de l’effort passé et de tendresse à la fin du numéro, Belethar entendit la réponse de sa partenaire qui avait bien ri :

« Je… effectivement, les rumeurs sur tes talents ne sont pas qu’une infime partie de vérité je dois dire. C’était incroyablement… plaisant. Je crois que tu t’ais fait à ton nouveau corps. »

Belethar eut un sourire un petit peu gêné, les compliments n’étant pas toujours facile à recevoir pour lui qui n’estimât bien souvent que faire son devoir, mais il fit simplement :

« Tu sais, la danse est comme une seconde nature pour moi. J’en fais depuis que je suis petit, je ne garantis pas d’être aussi agile et fort ailleurs ! »

Le Baptistrel fit un petit clin d’œil à la jeune graärh, puis ils partirent tous deux autre part dans le domaine, à la recherche d’un coin où Reynagane pourrait lui apprendre : « deux ou trois choses ». Si l’on avait dit un jour à Belethar qu’il participerait à un jeu graärh traditionnel, tout en ayant la forme d’un des leurs, il ne l’aurait certainement pas cru. Mais comme quoi, la vie était pleine de surprise.

Alors qu’ils se baladaient tous deux, le nouveau félin fit bien en sorte d’agripper le bras de sa collègue, pour être sûre de ne pas la perdre à travers tout ce monde qui florissait pour la fête. Ils déambulèrent ainsi dans le Domaine Baptistrel, avant d’atterrir dans une sorte de salle où tout était en hauteur. Seul la lumière de la lune perçait le plafond, laissant entrevoir un mur de plantes grimpantes, qui aboutissaient à certaines cavités qui étaient creusées à même la roche.

Probablement que cette salle avait été aménagé pour avoir une belle vue sur la fontaine qui trônait au centre, mais elle allait être reconvertie rapidement en un stade où se produiraient dans une épreuve d’anthologie deux graärhs véloces. D’ailleurs, Reynagane fit à juste titre :

« Ici, ce sera très bien. Commençons par l’épreuve d’agilité. Tu as droit à trois essais pour parvenir à monter tout en haut de la dernière des cavités. »

Ajoutant à ces explications le geste en montrant la cavité la plus haute. Belethar esquissa un petit regard, essayant de visualiser le trajet qu’il allait faire : les épreuves que son ancien maître lui avait imposé pour avoir droit à son enseignement était au moins aussi saugrenue … Mais Belethar était à la fois plus jeune, et dans son vrai corps d’humain. Il savait qu’il en était capable, mais aussi facilement qu’auparavant : pas sûr …

Clignant des yeux et détournant le regard, il revint un instant à ce que disait son amie :

« Pas le droit de se servir de la magie. Et il en va de-même pour moi sauf… han si je meurs d’envie de te montrer ce que j’ai découvert être capable de faire avec la Trame. »

Se faisant, Reynagane tapa le sol avec sa queue, et bondit d’une puissante énergie pour arriver à la dernière des cavités. Belethar haussa un sourcil, pendant que sa camarade semblait à mi-chemin entre la taquinerie et la vantardise. Il sourit, puis applaudit des deux mains un brin sarcastiquement, en ajoutant :

« Ah ben Bravo ! Je vois que tu as fais des progrès en magie en tout cas ! »

Cette gentille petite pique étant faite, Reynagane revint aux côtés de son ami pour accomplir son épreuve. Alors qu’elle redescendait et revenait se placer à côté de lui, les yeux félins de Belethar se surprirent à détailler attentivement le physique de son amie, comme s’ils étaient soudainement accrochés à elle …

Le baptistrel cligna des yeux. Sûrement un des affres de son nouveau corps, se dit-il, essayant plutôt de se concentrer sur ce que la nouvelle gardienne du Baôli lui disait :

« Fini de jouer, le premier qui arrive là-haut l’emporte. Fait confiance à ton corps et n’utilise pas ton esprit. Ton instinct et une chose en qui tu dois avoir confiance. Et puis… un chat retombe toujours sur ses pattes. Trois, deux un … Partez ! »

Le baptistrel vit soudainement sa camarade partir telle une furie sur les plantes grimpantes, et ne tarda pas à la suivre.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette épreuve était … Spéciale, en bien des aspects ! Lui rappelant des souvenirs de sa jeunesse, Belethar se revit plus jeune, entrain d’essayer de grimper aux parois du Sanctuaire de Feu qui était alors en Ambarhùna, pour prouver sa valeur à son Maître.

Toute une aventure, qui lui revint, à lui qui était plus que déterminé à rentrer dans l’Ordre. Le maître baptistrel se demandait aussi bien comment il avait fait preuve à l’époque de tant d’agilité. S’emmêlant plusieurs fois les pattes, Belethar arriva finalement à une cavité, puis alors que l’escalade commença pour la deuxième, il se laissa tomber … Et là comme un second instinct venait agir pour lui, il trouva tout de suite la réception parfaite pour tomber sans se faire de mal.

Ainsi Reynagane n’avait pas menti : un graärh retombait forcément sur ses pattes, et tout était très instinctif. C’était là quelque chose qui l’amusait, et il reparti de plus belle, à l’assaut de cette muraille de plantes grimpantes. Mais cette fois-ci Belethar avait appris de ses erreurs.

En y allant doucement, et en se servant de toutes les parties de son corps – n’hésitant pas également à copier Reynagane sur certains usages –, Belethar grimpa doucement mais sûrement. Une fois qu’il fut bientôt arrivé à la dernière cavité, il entendit Reynagane faire :

« Belethar ? »

Le Baptistrel pointa le bout d’une griffe, alors qu’une de ses pattes se posait sur le bord de la dernière cavité pour grimper et enfin mettre fin à son épreuve. Il fit un petit :

« Je suis là ! »

Empli de fatigue, alors que ses deux oreilles dépassaient pour enfin découvrir son visage en entier. Usant de ses deux bras et de ses pattes arrières, Belethar trouva finalement la force d’arriver, à peu près indemne au sommet.

Il se redressa sur ses deux pattes, et contempla l’extérieur : jamais il n’avait vu les toits du domaine sous cet angle. Probablement qu’il n’aurait jamais eu la curiosité d’aller tout là-haut, pour contempler ces œuvres, sans l’aide de son amie. Le félin eut un nouveau sourire envers son amie, avant de lui faire :

« Dis donc, tu te débrouilles bien en grimpette ! » fit-il, admiratif. « Ça fait longtemps que je n’avais pas fait ce genre d’exercice, mais c’était amusant ! Ça m’a rappelé mes belles années ! »

Ayant un regard un peu nostalgique, Belethar pris subrepticement la patte de Reynagane, comme cherchant instinctivement sa chaleur et son réconfort après l’effort qu’il venait de fournir, avant de ponctuer d’un air laconique :

« Une autre époque … ».

Son regard se posa une nouvelle fois sur elle. Illuminée à la lumière de la lune, le visage de sa partenaire faisait comme se dresser les poils de Belethar. Comme si son corps essaya de lui dire quelque chose. Clignant à nouveau des yeux, et espérant que L’Espérancieux n’eut pas l’air d’un chat complètement béat en contemplant son amie, il fit :

« Je suis content d’avoir vécu ça avec toi ! »

Il eut bien envie de lui demander ce qu’elle comptait faire à présent … Mais il avait également un peu égoïstement envie de profiter de l’instant. Alors l’Espérancieux se posta près d’elle, et en une demande muette, il fit une petite accolade à Reynagane, avec son bras droit, et indiqua du gauche les toits du domaine.

La graärh était-elle sensible aux charmes de la culture et des arts baptistraux ?

Toujours un peu essouflée par son activité d'escalade, Reynagane, la gueule légèrement entrouverte regardait en contre bas la roche noir et le lierre grimpant. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait exercé une telle action physique. Sûrement la cause de folie avec la frénésie de la fête et les breuvages tous aussi rocambolesques les uns que les autres.
Puis une griffe, un bout d'oreille et enfin un corps graärh se hissa sur la roche nue. Un doux regard se posa sur la féline qui vînt aider son ami à se redresser.

- Avec de l'entraînement, tu serais un excellent grimpeur Belethar, le rassura t'elle en lui lâchant la patte pour l'épousseter sur le haut de son crâne poilu. Aaaah. Soupira t'elle alors en s'asseyant les pattes dans le vide le museau pointé vers les toits du domaine.

De là-haut, jamais elle n'aurait pu imaginer voir le domaine baptistrel aussi grand. Son architecture, ne serait-ce que en hauteur, était de loin extraordinaire. De leur point de vu, on aurait dit que le désert plongé dans la nuit noire était illuminé d'une lumière blanchâtre et clairvoyante dû au rayon lunaire. Quant au domaine en son coeur, flamboyait de lumière chaude et solaire. On pouvait entendre et voir les différentes couleurs là ou la fête battait son plein.

- Merci chuchota t'elle lorsque Belethar lui fit un compliment sur ses vieilles capacités d'agilités sortit du placard.

Le regard perchait sur les toits, Reynagane sentit cependant les yeux du graärh à ses côtés l'observer. Se laissant faire lorsque Belethar posa sa patte sur la sienne, la féline tourna à son tour son museau vers celui de son ami. Ils se regardèrent, sourire échangés et calme dans les cœurs.
Puis le silence s'installa quelques minutes. Une brise leur chatouilla le pelage et Reynagane réalisa qu'elle ne s'était pas sentit si sereine depuis une éternité.

- On est si bien ici, brisa t'elle. Une autre vie et j'aurais donné chère pour devenir baptistrel je crois. Mais le sort en a décidé autrement rigola Reynagane. Est-ce toi qui a travaillé sur toute cette architecture ? demanda t'elle alors en montrant d'une griffe le contre-bas. Tu as vraiment du talent.

Se redressant en écoutant Belethar, la graärh se mit en tailleur alors que ce pourquoi ils avaient fait tout ceci lui revenait en mémoire. À la base, il y avait eu une question qui méritait réponses quant à la transformation de Belethar en graärh. C'est pourquoi elle demanda alors :

- Essaye d'utiliser la Trame et dit moi si cela te semble aussi simple que lorsque tu es humain. Pour savoir si les races ont vraiment une différence quant à sa maniabilité ou si ce n'est de faute d'habitude et de pratique.

Les yeux pétillants, Reynagane observa son ami, regarder tout ses faits et gestes. Ainsi elle allait bientôt savoir si son corps d'humaines devraient lui aussi de nouveau sortir du placard si elle voulait apprendre  à utiliser la magie de la Trame plus vite.

Belethar fut rassuré quant à ses capacités de grimpeur par sa camarade, qui le récupéra en un état plus ou moins présentable. L’Espérancieux précisa :

« Je l’étais par le passé. Si tu savais ce que j’ai dû faire pour suivre les enseignements de mon maître, à l’époque. Il m’avait demandé d’accomplir des défis tous plus loufoques les uns que les autres. Sûrement qu’il me doit rester quelques trucs, mais difficile d’avoir ces automatismes avec cette nouvelle musculature, et tous ces poils. »

Fit-il, en rigolant quelque peu. Ils se reposèrent tous deux par la suite, et après quelques minutes, Reynagane brisa le silence :

« On est si bien ici, Une autre vie et j'aurais donné chère pour devenir baptistrel je crois. Mais le sort en a décidé autrement. Est-ce toi qui a travaillé sur toute cette architecture ? Tu as vraiment du talent. »

Belethar avisa les structures du domaine, avant de lui répondre le plus sincèrement possible :

« Oh tu sais, être baptistrel a ses petites contraintes. En plus d’avoir droit à un trèèèès long apprentissage, cela a ses contraintes. Non seulement l’obligation de ne jamais ô grand jamais mentir, mais aussi de faire du mal d’une quelconque façon que ce soit … Mais aussi ne jamais s’impliquer politiquement, rester dans une certaine position neutre … »

Le Baptistrel soupira, et glissa une patte sur la tête de Reynagane, comme s’il cherchait à lui donner une petite caresse affectueuse, et continua :

« Cela peut rapidement être frustrant, pour qui est un peu dans l’action. Nous agissons bien sûr, mais de façon … Différente. Je ne suis pas sûr que tu pourrais avoir le même train de vie que tu as aujourd’hui, avec des engagements de baptistrel. » Belethar fit un petit clin d’œil, avant d’ajouter : « Et ce serait dommage. Le monde mérite de te connaître telle que tu es Reynagane. Tu es une belle personne, qui fait de grandes choses pour ce monde. Cela étant, le Domaine accueille tout de même qui veut bien y étudier pour quelques temps … Alors si tu veux y passer pour t’instruire quelques temps, tu es plus que bienvenue entre ces murs. Je ne vais pas me plaindre de devoir passer plus de temps avec toi. On pourra même donner une nouvelle fête pour ta venue ! »

Belethar eut un nouveau rire, avant de passer complètement à autre chose :

« Et pour te répondre pour ici, cela dépend. Déjà, les grottes autour desquels sont construits le domaine nous ont donné une bonne partie de l’architecture ici présente. J’y ai contribué, mais c’est une œuvre collégiale de chacun d’entre nous ici. La communauté s’écoute beaucoup. En revanche, à la suite de l’attaque des couronnes que tu as connue ici, j’ai beaucoup supervisé les travaux de rénovation, et de reconstruction de certains de nos plus beaux endroits. C’était une chance, mais aussi beaucoup de responsabilités. »

Belethar fit un petit clin d’œil à sa camarade. Elle connaissait suffisamment Belethar désormais pour connaître sa capacité à tenir des positions d’autorité : il ne tenait pas particulièrement à ses titres. D’ailleurs, il avait tout de suite cherché à voir comment séparer sa fonction de gardien de l’ordre (bien que sans succès pour l’heure), et il avait immédiatement céder ses fonctions importantes de Pater Familias à ses cousins. Belethar était d’un naturel calme, et à conseiller, plutôt qu’à agir concrètement, c’était comme cela. Et c’est aussi pour cela que la fonction de baptistrel lui convenait très bien.
Les deux êtres passèrent complètement à autre chose quand Reynagane se leva, et fit à son ami :

« Essaye d'utiliser la Trame et dis-moi si cela te semble aussi simple que lorsque tu es humain. Pour savoir si les races ont vraiment une différence quant à sa maniabilité ou si ce n'est de faute d'habitude et de pratique. »

Belethar adressa un regard interrogateur à son amie qui s’était relevée, comme s’il ne comprenait pas la demande, puis ses yeux s’éclaircirent après un instant : c’est vrai, la Trame, et la magie ! Voilà pourquoi Reynagane était venue ici à la base, avant qu’ils ne digressent. C’est que le baptistrel l’avait presque oublié.

Faisant mine qu’il avait bien évidemment tout compris, Belethar acquiesça de la tête avant de se relever aussi, et de faire face à Reynagane, à quelques pas de lui. Le baptistrel tendit les bras horizontalement, mobilisant la Trame autour de lui. Elle semblait répondre, c’était déjà une bonne chose. Ne restait plus qu’à la courber pour lancer un sortilège …

Belethar réfléchit un instant, ferma les yeux, avant de passer sa main horizontalement devant soi. Un sort de partage des sens, auquel il uni Reynagane, face à lui. Le baptistrel trouva l’exercice intéressant de s’unir de la sorte, pour ce qui allait se profiler comme un cours sur la magie.

L’Espérancieux attendit quelques instants, avant de sentir l’énergie se courber, et le sort s’accomplir, avec son amie face à elle. Belethar rouvrit les yeux, tout sourire. Il fit à son amie :

« Je crois que cela fonctionne bien. Je vais pouvoir sentir ce que tu sens, et t’aider. »

Belethar regarda alors Reynagane dans les yeux … Et à nouveau, presque sans qu’il s’en rende compte, Belethar sentit à nouveau cette attirance physique soudaine pour son amie qui avait traversé son esprit plusieurs fois pendant la soirée. Mais s’ils partageaient leurs sens en ce moment … L’Espérancieux sentit son pelage s’hérisser. L’avait-elle sentie, elle ? Faisant comme si ce moment n’avait jamais existé, Belethar continua son explication, tâchant de garder son calme et de faire abstraction tant bien que mal de tout cela :

« Essaye de lancer un sort. N’importe lequel. Je verrais pour te dire ce qui ne va pas, et t’aider. »

L’Espérancieux fit un nouveau clin d’œil à son amie. Un peu de pratique ne faisait jamais de mal, pas vrai ?

Reynagane écouta le graärh à ses côtés mettre en avant les inconvénients en étant devenu baptistrel. Ne jamais mentir. Et ne jamais faire du mal. Alors oui, elle n’aurait pas pu en devenir une. Même pas qu’il s’agisse d’être une graärh capable de tuer pour se nourrir. Le problème venait de quelque chose bien plus profond encore.

Baissant les yeux, Reynagane sentit la patte de Belethar se poser chaleureusement sur son crâne, se qui lui fit réapparaître un sourire qui avait disparut pendant de brèves secondes. Petit à petit les choses changeaient. Était-elle vraiment une aussi belle personne que tout le monde affirmait ? Où était-ce une simple image qu’elle voulait véhiculer ? Nulle heure pour penser ainsi.

- Tu m’as déjà fait une si grande fête ce soir ! Rigola t’elle en le jugeant de bas en haut sous sa forme graärh avec un air malicieux dans les yeux. Ne pas y penser. Se serait beaucoup trop de m’en accorder une autre !

Belethar lui expliqua par la suite les rénovations qu’il y avait eut depuis l’attaque des Couronnes. Le baptistrel devait être fier d’avoir supervisé la plupart des travaux. Il le méritait tellement.

La magie revînt alors au goût du jour. Levée par l’enthousiasme, Reynagane aida son compagnon à se relever pour lui faire face. Les oreilles pointaient en avant, elle regarda Belethar essayer d’atteindre la Trame autour d’eux. Elle comprit qu’un sortilège de partage de sens avait été émis lorsque une sensation étrange traversa sa peau. Les pupilles étrécits, le souffle court, voilà qu’elle pouvait ressentir les fils maniables de la magie autour du graärh. En cet instant, elle n’osait plus regardé son ami dans les yeux, de peur qu’une seconde de plus plongé dans son regard ne lui dévore toute son âme et sa chair. Elle ne pouvait tout de même pas penser cela de Belethar. Bon sang, que lui arrivait-il depuis le début de la soirée. Avait-elle fumer ou bu quelque chose de trop par les Esprits. Malgré cela, un coup d’oeil de plus et elle sentait une envie irrésistible d’enfouir sa tête dans le cou du baptistrel. Ressaisis-toi !

Ce n’étais pas possible.

Les paroles de Belethar la sortir de son combat intérieur. Toussotant discrètement, Reynagane se concentra essentiellement sur la Trame autour d’elle. Ce n’était pas inné chez les graärhs ayant depuis toujours un lien si proche avec les Esprits-Liés. Mais depuis qu’elle faisait partit du monde des Hommes, une envie singulière de pouvoir manier la Trame était apparue chez elle. Elle avait commencé par ses propres ressources et documents à sa dispositions à étudier les différents flux élémentaires de ce monde. De ce qu’elle avait appris, elle ne se voyait pas être capable de pouvoir atteindre des niveaux tels que la métamorphose et l’altération des idéaux ou de flux destructifs. Alors elle s’était penchée plus exactement sur la Trame pouvant manier les quatre éléments. Il y avait se rapprochement à la vie et à la sincérité qui n’avait de cesse de l’a rassurer.

Soufflant un instant, elle ne pourrait sortir quelque chose de très poussée et elle n’oserait pas faire plus sans preuve qu’il n’y avait rien de dangereux là-dedans. Reynagane ouvrit sa patte sans la regarder, essayant de nouer les fils entre eux et ce qu’elle constata fut l’aisance qu’elle eut d’abord à faire apparaître le sort entre sa paume. Une flamme rougeoyante et plus intense que les autres essaies. Était-ce à force d’en faire ? Peut-être.

Se reculant du promontoire, Reynagane eut envie de faire plus soudainement. Elle avait entrevue des lignes sur des pages jaunies. Son esprit souhaitait irrémédiablement condenser ce qu’elle avait dans la patte et d’un geste lent la graärh tendit son bras devant elle. La flamme y disparut alors pour s’altérer avant de revivre au sol et s’élever en un mur de flammes. Mince, chaleureux, elle se concentrait pour contenir la chaleur en un endroit précis non sans mal. Respirant de plus en plus fort, la graärh pris du recul soudainement sur la situation et regarda alors Belethar derrière le mur de feu ce qui cassa d’un seul coup tout lien avec la Trame. Les flammes gonflèrent avant de disparaître subitement en laissant de minuscules braises dans les airs. De là, Reynagane porta une patte à son front en ressentant vivement une sensation étrange dans le crâne. Comme si tout ceci n’avait rien de naturel.

- Je… ne sais pas ce qu’il s’est passé.

Reprenant peu à peu ses esprits, Reynagane se sentit à la fois fier d’avoir pour la première fois réussit à faire une telle chose et à la fois effrayé d’avoir autant échoué. Contradiction encore et toujours contradiction.

- Je crois, qu’en étant une humaine sur Althaïa, j’avais cette sensation de ressentir plus cette Trame autour. Qu’est-ce qui pourrait y faire à part un manque de connaissances et d’entraînement en étant graärh ? Ou est-ce seulement dû à mon esprit tourmenté ajouta t’elle doucement. Penses-tu au moins que je sois capable de manier un jour correctement cette Trame ?