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Surprise

Cela faisait déjà deux semaines que l’enfant de l’orage était réduit à cet état lamentable. Lui, un fier dragon, était aujourd’hui un bipède. Du moins en apparence. Cependant, il lui avait fallu plusieurs jours pour s’en rendre compte. La première semaine avait été éprouvante puisque le colérique s’était plongé dans une profonde torpeur dont même les stimuli extérieurs provoqués par ses proches n’étaient parvenus à l’en tirer que de bref instant. La réalité était difficile à digérer pour celui qui haïssait et méprisait tant les bipèdes. Une réalité d’autant plus perturbée que ses nuits étaient agitées tant par d’éprouvants cauchemars que d’étranges rêves semblables à des souvenirs qui n’étaient pourtant pas les siens. C’est finalement un simple éternuement qui ravivera un semblant d’éclat dans le regard de Verith, une prémices du retour de son feu intérieur. Alors qu’il était allongé sur le sol, fixant le plafond d’un air absent comme si toute vie l’avait abandonné, Shuu’ran, le petit-fils d’Asolraahn, avait eu l’idée de vouloir embêter l’étrange ami amorphe de son grand-père en venant lui titiller les narines à l’aide d’un brin herbe. Et si le dragon n’avait pas réagi dans un premier, les assauts répétés des taquineries du graärhon avaient fini par faire éternuer ce dernier. Et quel éternuement ! Le wigwam du géant d’opale avait manqué de peu de finir en cendres si les voisins n’étaient pas prestement intervenus pour éteindre les flammes.

Verith était devenu un bipède, mais ses flammes, son côté draconique était encore là quelque part, il n’avait pas totalement disparu. Un espoir aussi maigre soit-il, c’est tout ce dont l’esprit du rouge au bord du gouffre avait besoin. Une lumière pour guider ses pas dans l’obscurité, pour lui montrer la voie à suivre. Dans le regard vitreux de l’enfant de l’orage, un semblant de l’éclat y résidant autrefois venait de refaire surface. Une faible braise qui ne demandait qu’à être entretenue. Avec l’aide ses proches, le colérique commençait à remonter la pente, mais il lui faudrait encore du temps, beaucoup de temps.

Pendant ce court laps de temps, Dwëmmer n’était pas restée inactive. Tout comme sa famille, l’araignée mécanique avait une foi inébranlable en celui qui est son lié. Tôt ou tard, le feu intérieur de celui désormais bipède de l’ire brulerait à nouveau et lorsque ce moment serait venu, il aurait besoin d’aide. Apprivoisant ses nouvelles capacités, l’antique artefact graärh avait franchi plus d’une fois le voile séparant les mondes pour passer le seuil du plan astral. Dans la demeure des défunts divins, Dwëmmer avait cherché un élément à même d’aider son lié. Malheureusement, tout seul c’est bien plus difficile qu’à deux et en dépit de l’abandon des palais par leurs propriétaires, les lieux n’en demeurent pas moins dangereux. Une dangerosité liée à une dégradation provoquée par le trépas de leurs maitres. La petite araignée mécanique avait frôlé à plusieurs reprises la désactivation, mais était parvenue à s’extraire d’urgence face à ses situations complexes. Seul, l’artefact graärh n’était parvenu à obtenir aucune réponse. Il était tout juste parvenu à récupérer quelques objets à ajouter sur sa pile de bibelots trouvés et qui peut-être trouveraient une utilité un jour. Quand Verith eut enfin quitté son état léthargique, Dwêmmer lui présenta ce qu’elle avait analysé comme était une armure. Les écailles de son lié n’étaient plus, il n’avait plus qu’une peau nue et fragile. Presque à contrecœur, le colérique l’accepta.  

La deuxième semaine marqua le début d’une renaissance. Bien que son regard demeure presque sans éclat, l’enfant de l’orage était sortie de sa léthargie et s’était remise à bouger. Même s’il lui était difficile de l’admettre, cette apparence diminuée lui permit bien vite de renouer avec le dragon qu’il était autrefois quand il demeurait encore sur le continent sauvage. Plus petit, plus faible, il lui était plus aisé de trouver des adversaires et défis à sa hauteur. Le plaisir de la chasse se renouvela, alors qu’il ne s’agissait plus que d’une simple formalité. Les affres de la dépression commençaient à reculer tant et si bien que Verith finit par se souvenir que son combat n’était pas encore terminé. Bien qu’il ne soit pas sorti indemne de son conflit avec Ther’Zhi, le legs du Tyran Blanc n’était pas son dernier adversaire. Il demeurait encore d’autres menaces planant au-dessus des siens. Dont une que l’enfant de l’orage avait été contraint de reléguer au second plan à plusieurs reprises en raison d’autres, plus pressantes et plus directes : le lien. Aujourd’hui, rien en dehors de son état, ne justifiait que le rouge retarde encore l’échéance. Combattre les menaces les unes après les autres. Résoudre les problèmes les uns après les autres. C’est ainsi que Verith avait progressé ces dix dernières années. Renouer avec cette routine reviendrait à renouer avec celui qu’il était. Il s’était assez reposé, il devait à nouveau emprunter la voie.

« Nous allons quitter cette île aujourd’hui, Dwëmmer. »

L’araignée mécanique qui était en train de s’affairer sur l’entretien d’un des gantelets de son lié vit l’objet lui glisser des pinces face à cette annonce inattendue.

« Lié ? Est-ce vraiment sage ? Je me réjouis à l’idée que vous sortiez enfin de vous-même de cette bâtisse primitive, mais de là à quitter Néthéril. N’est-ce pas prématuré ? »

« N’aie crainte, nous ne serons pas partis longtemps. Il y a trois mois de cela, j’ai dit à une personne qui me tendait la main que j’avais une affaire plus urgente à régler et besoin d’un temps de réflexion. Grâce à toi, Ther’Zhi est aujourd’hui scellé. Et je suis à présent à une intersection. Je vais avoir besoin de plus de lumière pour éclairer le chemin à prendre. »

« Souhaitez-vous que j’ouvre la fenêtre de toile ? »

Le rouge ferma les yeux et soupira. Il était bien trop las pour pouvoir s’énerver.

« C’était métaphorique, Dwëmmer. »

« Ah ! Je vais rassembler nos affaires. Où allons-nous ? »

L’araignée mécanique se saisit du sac, des gants et des bottes de son lié avant de lui apporter. Verith saisit les objets en maugréant, n’ayant aucun plaisir à être forcé de recourir des affaires bipèdes. Il enfila les bottes, puis fit de même pour les gants, venant au passage faire cliqueter les griffes métalliques de ceux-ci comme il aurait pu le faire à l’époque avec les siennes. Le rouge se saisit de la sacoche de manufacture graärh et vint l’attacher à sa taille, cette dernière était déjà dans un piteux état, la dernière chasse s’étant révélée plus féroce que prévu. Il lui faudrait la changer, mais au vu du peu d’attachement du colérique aux objets bipèdes, ça ne serait pas demain la veille. Lorsqu’il eut fini, l’enfant de l’orage vint s’accroupir, posant une main contre son ombre.

« On va sur Nyn-Tiamat. Visiblement c’est là-bas que se trouve la personne que je souhaite rencontrer. Viens Dwëmmer, accroches-toi à moi. »

L’artefact félidé se rapprocha de son lié et vient saisir l’une de ses mains avec ses pinces. Autour du colérique, la magie s’activa. Verith avait beaucoup perdu, mais la trame était toujours avec lui. Très vite, le dragon devenu bipède et l’araignée de métal vinrent s’enfoncer dans les ombres avant de disparaitre, ne laissant plus que dans le wigwam de Néthéril le vide et le silence.

De l’autre côté, l’endroit était plongé dans la pénombre. La lumière du soleil était masquée par d’épais nuages et la canopée d’une profonde forêt. Le vent serpentait entre les troncs, provoquant un bruyant sifflement. Une tempête de neige faisait rage sur Nyn-Tiamat, comme très souvent en automne. Heureusement les arbres de la forêt offraient une protection quasi suffisante face à cette intempérie. Verith et Dwëmmer surgirent bientôt du sol, depuis les ombres. Lors de leur dernière rencontre, le colérique s’était saisi d’un fragment de l’ombre du dragonnier répondant au nom d’Aldaron. Dès lors, il était aisé pour le rouge de se transporter jusqu’à lui. Cependant, il ne remarqua pas à la présence du bipède. Il faut dire que sous cette nouvelle forme, il ne bénéficiait plus de ses sens draconique. L’enfant de l’orage avait l’impression d’avoir constamment un voile devant les yeux, ainsi que du coton dans les oreilles et dans le nez. Un frisson ne tarda pas à s’échapper de Verith. La température n’était pas du tout la même que sur Néthéril. Maugréant, il arracha une branche à l’arbre le plus proche et souffla dessus, venant l’enflammer. Brandissant cette nouvelle source de chaleur et de lumière, Verith perça la pénombre à la recherche du bipède qu’il était venu trouver. Mais en se retournant, il ne constata nul bipède. Face à lui se dressait un grand cheval aux crocs effilés dont une corne trônait fièrement au centre de son front. Que signifiait cela ? Et où était Aldaron. Fronçant les sourcils, le colérique projeta son esprit contre la créature avec l’intention de l’intimité. Bien qu’il n’ait jamais rencontré personnellement de telle créature, il avait beaucoup entendu parler d’elles et avait ressenti leur puissance du temps où il se trouvait sur Nyn-Tiamat en ayant encore sa forme draconique. Mais aux yeux du dragon, elles n’en demeuraient pas moins des animaux.

Au dernier moment, l’enfant de l’orage retint son geste quand son esprit entra en contact de la bête. Celui-ci lui était étrangement familier. Était-ce seulement possible ? Il s’était transporté ici en pensant parvenir jusqu’au dragonnier, mais sur place tout ce qu’il trouvait c’était cet animal.

« Aldaron ? »

« Verith ? »

De concert, les deux êtres s’interpelèrent avec surprises, le nom de chacun répondant dans l’esprit de l’autre.

« Eh mais, je reconnais ces signaux spirituels ! Ce sont les mêmes que ceux du bipède de l’autre fois. Lié, vous pensez que cette bête l’a mangé ? »

« Vous êtes une licorne ? »

« Vous êtes un bipède ? »

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Le bruit des sabots sur le sol et celui du vent dans les arbres. La forêt se faisait silencieuse. Nul animal ne s’approchait d’une licorne. Leur instinct les poussait à fuir avant qu’il ne soit trop tard. De ces animaux, Aldaron ne voyait que des empreintes dans la neige, ici et là, petites et grandes, capturées dans la poudreuse. Ephémères, elles s’estompaient et s’effaçaient aux premiers flocons qui se glissaient entre les épines des hauts pins. C’était calme et s’il n’appréciait ni sa situation, ni son état, le Prince Noir devait avouer que Caladon ou Cendre-Terre avaient étaient des endroits plus agités pour un deuil. Il s’estimait chanceux de cela, bien qu’il doutât que la chance l’ait particulièrement choisi. Disons qu’il était alors… Moins malheureux ? oui, c’était cela. Moins malheureux. C’était du moins ce qu’il se disait. En tout et pour tout, il ne courrait plus après le bonheur. Morneflamme lui avait ôté cette opportunité à tout jamais. Mais en toutes choses, il veillait à être moins malheureux.

La forêt de Licorok semblait assez disposée à panser ses plaies, dans tous les sens du terme. La blessure que l’Esprit-Lié de la Lucane était pénible à porter, mais le corps de la Licorne se montrait d’une résistance remarquable alors que la magie de l’Arbre-Songe, et du dragon qui y habitait, comblait la blessure d’un baume réparateur. Il lui faudrait du temps, pour guérir, mais il guérirait et serait à nouveau un soldat sur le grand échiquier de l’univers. Un pion, ni plus ni moins. Les rois étaient tombés depuis bien longtemps mais la partie continuait de se jouer, comme si une force les poussait à s’entretuer, quoiqu’il arrive et quoiqu’il en coûte. Ses yeux rouges se fermaient alors qu’il s’arrêtait. L’écho de ses pas résonna une dernière fois et il n’y avait plus que le cri du vent, dans la pénombre d’un automne au froid mordant. Il en était arrivé là. Après le déni, la colère, il y avait cette accalmie. Le silence aidait pour beaucoup, bien qu’il ait profondément envie de combler ce vide par un hurlement. Qui l’aurait entendu ? ET sous cette forme, qui l’aurait reconnu ?

Mais il n’hurlait pas. La tempête restait en lui, grondante. Il relevait la tête, se tenant sur ses sabots avec plus de noblesse qu’à ses débuts. Au moins, présent, il savait marcher sans s’emmêler ses longues pattes d’un blanc boueux. Il sentit le craquement de magie, se demandant quel créature était assez inconsciente pour se téléporter ainsi, si prêt d’une licorne. Sa corne acérée s’était dangereusement pointé sur l’imposteur, mais l’esprit qui était venu s’appuyer sur le sien l’en dissuada, parce qu’il le connaissait. Et pour être tout à fait honnête, son cerveau vrilla car ses sens magiques et ses sens physiques ne percevaient pas du tout la même chose. Ses sens magiques attendaient un immense dragon rouge et ronchon. Ses sens physiques s’attendaient à un esprit bipède apeuré devant la créature qu’il était. Rien de tout cela ne concordait.

« Verith ? » Sa voix télépathique, prononçant son nom, lui confirma qu’il s’agissait bien, en dépits des apparence, du dragon de l’ire. L’intonation souligna promptement que Verith était tout aussi surpris de sa propre forme. « Vous êtes un bipède ? » Et lui une licorne. S’il n’avait pas été endeuillé, peut-être aurait-il ri autant que sa Liée, à l’instant même. Mais le rire ne lui effleura pas même l’esprit, ce fut même l’horreur. Ils allaient avoir un bataille contre les Couronnes de Cendres et leur plus gros cracheur de feu était… Réduit à moins de deux mètres de haut. Ils étaient foutus. Complètement foutus. La mâchoire lui tomba, révélant un gueule pleine de dents acérées. Il tenait encore sur ses sabots par un pur miracle tant il était, psychologiquement, sur le derrière. « Q-Que… » En d’autres circonstances, il lui aurait lâché un elfique ‘cheh’ pour celui qui méprisait tant les bipèdes et en était aujourd’hui un… mais dans ces yeux rougeoyants, il n’y avait qu’un profond désespoir devant la situation : « Dites-moi que vous pouvez reprendre votre forme draconique, ce n’est vraiment pas le moment. On a une guerre qui va nous tomber dessus... Vous pouvez reprendre une forme draconique, n’est-ce pas ? » La voix horrible de la licorne, télépathique, s’était terminée en supplique.

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¤ Quiproquo ¤

S’extirpant des ombres, l’enfant de l’orage venait de passer de l’île de l’été à celle de l’éternel hiver. La brise glaciale de Nyn-Tiamat venait déjà caresser son être, tout juste couvert par l’épaisse forêt dans laquelle il venait d’apparaitre, le faisant frissonner. Sous ses pieds et les pattes de Dwëmmer, la neige craquait. Ce son était agréable aux oreilles du dragon bipédisé, et s’était bien le seul élément qu’il appréciait des contrées gelées. Brisant une branche, allumant un peu à l’aide de son souffle retrouvé, l’homme à la chevelure de feu vint éclairer les ténèbres de ce lieu pour tomber nez à nez avec une licorne qui n’en était pas vraiment une. La surprise put se lire sans mal sur les nouveaux traits de Verith alors qu’il dévisageait Aldaron qui lui faisait face. Le vampire qui n’en était plus un était tout aussi surpris que lui, et il y avait de quoi. La dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés, l’un comme l’autre avaient une autre forme, une forme normale. L’un était un dragon et l’autre un bipède. Désormais, l’un était un bipède et l’autre un cheval. Mais le ton surpris de la voix télépathique de la licorne ne demeura guère longtemps. C’est la peur et le désespoir qui bientôt parvinrent aux sens spirituels du colérique

« Dites-moi que vous pouvez reprendre votre forme draconique, ce n’est vraiment pas le moment. On a une guerre qui va nous tomber dessus … Vous pouvez reprendre une forme draconique, n’est-ce pas ? »

Le désespoir du prince noir se transforma bientôt en supplique adressée à l’enfant de l’orage. Verith demeura silencieux un instant, continuant d’observer ce qu’il avait devant lui. Il enregistrait l’information, l’ironie de la situation, mais cherchait également à comprendre ce qu’il avait sous les yeux.

« Croyez bien que si j’en étais capable, je ne serais pas venu à votre rencontre sous cette forme, héritier de larme d’argent. »

L’araignée mécanique leva ses pinces en direction de la créature, les faisant claquer dans l’air.

« J’ai appris auprès des graärh une mixture particulièrement écœurante qu’ils utilisent pour soigner certains maux. Je suis sûr que si on le met sous les naseaux de cette bête on peut lui faire recracher le bipède qu’elle a mangé. »

Les idioties de l’artefact antique extirpèrent Verith de son observation de l’état du vampire. Il vint poser sa main sur l’une des pinces de Dwëmmer, autant pour le faire arrêter de cliqueter que pour faire taire celui-ci.

« Il ne s’est pas fait manger Dwëmmer, il est cette créature … inexplicablement. Mais comment ? »

« Lié, d’après ma base de données, seul Ther’Zhi a les pouvoirs d’altérer à ce point ce qui existe. »

L’espace d’un instant, une explication logique apparut dans l’esprit de l’enfant de l’orage. Il pensait avoir suffisamment gardé à l’œil de legs du Tyran, mais ce dernier était parvenu à outrepasser sa surveillance pour semer le malheur. Oui cela pouvait faire sens, entre l’apparence équine de ce vampire, son désespoir et sa crainte de guerre.

« Ne vous inquiétez pas héritier de larme d’argent. Il n’y aura pas de guerre. Je ne sais pas sous quelle forme il s’est présenté à vous, mais cela ne se reproduira pas. C’est une longue histoire, mais sachez qu’il a été vaincu une nouvelle fois, grâce à l’ingéniosité de Dwëmmer et au prix de certaines blessures. »

Le colérique tourna son regard en direction de l’araignée mécanique qui observait par des yeux invisibles la curieuse créature face à lui.

« Dwëmmer, analyse-le. On peut peut-être parvenir à défaire sa magie. On sait déjà que sa corruption relève d’une forme du flux d’altération. Avec un peu de temps, on devrait être en mesure de mettre au point un contre sort. Ou alors on pourra identifier le point de nexus de la malfaisance qui l’imprègne. Je pourrais peut-être faire quelque chose avec une méthode détournée. »

L’artefact graärh s’approcha de la licorne, écartant ses mandibules mécaniques, avant de s’immobiliser face à celle-ci pendant quelques instants.

« Analyse. Erreur. Lié, je ne ressens pas la moindre trace de la magie du legs du Tyran Blanc chez cet être. Conclusion. Son état est provoqué par un autre phénomène. Analyse. J’en perçois des émanations semblables dans les environs. »

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Le vampire avait espéré une autre réponse de la part de Verith. Il n’était pas seulement déçu, il était effrayé par cette perspective, bien que Keetech ou Nahui à sa taille maximale pourraient être assez imposantes, face aux Couronnes de Cendres. Sa tête recula un peu lorsque l’araignée agita ses pinces en proposant de le faire… Recracher le bipède ? il fut dommage qu’en forme licorne, il n’ait pas de sourcils, car il en aurait probablement arqué un, voire deux. « Ther’Zhi ? » demanda Aldaron, lorsqu’il entendit ce nom de la part de l’araignée. Cela ne lui évoquait rien, au contraire du Tyran Blanc, dont le nom lui arracha quelques frissons.

S’il avait eu des sourcils, il en aurait probablement haussé 18 tant ces deux êtres, le bipède et la machine, étaient partis dans un délire psychotique des plus remarquablement effrayant. « Sans offense, Verith… Pensez-vous qu’il soit possible que votre transformation en bipède ait altéré vos capacités cognitives ? » C’était l’explication la plus probable. Après tout : forme bipède, cerveau de bipède. C’était logique. Une autre possibilité lui vint à l’esprit : « Est-ce que vous avez consommé ce petit champignon avec des points d’un bleu pâle sur le bas de chapeau ? Ils peuvent être assez toxiques… Pour… Eh bien… La réflexion. »

C’était malaisant, en vérité. Il ne savait pas vraiment comment démêler l’imbroglio de ces inepties si ce n’était en lui trouvant des excuses, car d’ordinaire, Verith était assez intelligent, lorsqu’il n’était pas influencé par son ire ou ses préjugés. Il ne savait pas vraiment s’il devait prendre des pincettes pour comprendre ce qui se passait ou y aller avec un peu plus de… Franchise. « C’est l’Arbre-Songe qui est à l’origine de cette forme. Elle devrait être provisoire… Mon corps est en réparation en son sein. Il faudra quelques temps et de la patience pour le retrouver. Il a été transpercé par un Esprit-Lié. J’aurais dû mourir. » Il serra les dents. Oui, mourir avec ses enfants, manqua-t-il de dire, refreinant l’élan de peine qui l’assaillait.

Il se trouva vers l’immense arbre et concentra sa magie pour éclairer les lieux, quelques secondes pour laisser à Verith le temps de voir l’immense arbre et le charnier à ses pieds. « Cet arbre est ce qu’il reste d’un dragon plurimillénaire de jadis. Et si la magie d’une dragonne comme votre mère a pu aller chercher Achroma dans les limbes où il était allé, le tirer hors de la réincarnation, reforger son corps, lui donner un fragment de son propre cœur… Alors imaginez un dragon plus ancien encore. Je ne dois ma survis qu’à ses soins, et à un pacte. » Allait-il perdre Verith s’il lui racontait tout ? Il n’y avait qu’un moyen de savoir si son cerveau pouvait suivre.

« Les déesses ont forgé la création puis les Esprits-Liés pour protéger la création. L’un d’eux était le gardien du monde des rêves. Tel le plan astral où étaient les chimères et où elles ont été renvoyées, le monde des rêves est perméable au nôtre, et bien plus que le plan astral, indéniablement. Tout un chacun peut y accéder, il suffit simplement… De dormir. Toutes nos espérances prennent vie en rêve. Et certains rêves deviennent réalité. Ces deux mondes communiquent mais ne le devraient. Les rêves des uns peuvent être les cauchemars des autres et… Les peurs créent des monstres dans le monde des rêves qu’il vaudrait mieux ne pas voir émerger ici, tout comme ils ne devraient pas rester là-bas car si le monde des rêves était envahi par nos monstres et nos cauchemars, plus personne ne pourrait connaître le sommeil réparateur. »

« Un esprit-lié était alors chargé de nettoyer le monde des rêves pour qu’il ne soit qu’un terrain pour déverser provisoirement nos frustrations ou nos désirs et non pas le terreau fertile qui donne naissance à des monstres dévastateurs pour notre monde. Imaginez que nous fassions un mauvais rêve du Tyran Blanc… Cela lui permettrait de revenir. Imaginez à présent que nous soyons des centaines à faire ce cauchemar, combien de ces Vraorg se retrouveraient à piétiner nos terres ? Nous sommes alors notre propre danger et cet Esprit-Lié est celui qui nous protégeait de nous-même. En vérité, tout aurait pu très bien se passer si cet esprit-lié ne s’était pas mis en tête de vouloir régler le problème à la source et de nous protéger nous des dangers et des horreurs qui donnent vie à nos cauchemars. Je trouve personnellement ce raisonnement stupide car pour venir dans notre monde… Il serait devenu mortel en plus d’abandonner son poste et de laisser les cauchemars nous envahir. Si un seul mortel pouvait sauver le monde, nous n’aurions pas besoin de lui, seulement d’un héros parmi nous, mais il a dû croire puérilement être le messie dont nous avions besoin. »


La licorne roula des yeux sans s’en cacher. « Fort heureusement, l’Esprit-Lié de l’Axolotl a repris ses fonctions pendant son absence… Au moins un qui a la tête sur les épaules. Pour ce qui est du premier, il a recherché l’aide de son ami, le dragon dont je vous parlais pour ouvrir un portail entre le monde des Esprits-Liés et le nôtre. Et devinez quoi ? Le monde savait que son projet était un échec vu d’avance et le hasard a fait que sa traversée a été un échec. Vous connaissez les légendes graärh ? Ils disent descendre des smilodons et les smilodons descendre des étoiles. Et bien… C’est vrai. L’esprit-lié est tombé du ciel, et a créé, sur Néthéril, les graärh. Quant au dragon, sa carcasse et son cœur de magie repose au centre de cet archipel, plus connu sous le nom de Tiamat ou puits sacré du Baoli. Son esprit, quant à lui, s’est accroché au cœur de l’esprit-lié et s’est enraciné dans un arbre. Cet arbre. »

« Dans le cercle des Esprits-Liés, certains approuvaient le geste de l’andouille qui est venu ici se suicider. D’autres non, et le conflit a émergé quand certains graärh plus connus aujourd’hui sous le nom de Couronnes de Cendres, ont compris d’où ils venaient et ont voulu, je pense, retourner à leur état originel d’étoile. Certains esprits-liés soutenaient cette idée et d’autres pas et d’immenses bouleversements se sont enchainés sur Tiamaranta, jusqu’à ce que les couronnes de cendres soient défaites, j’ignore comment, et que les graärh se referment sur une vie humble loin d’un désir de côtoyer les étoiles. Les Couronnes de Cendre sont revenues et je pense que leur objectif est de s’emparer du cœur de l’esprit-lié que gardent l’Arbre-Songe et les Licornes. J’ai fait un pacte avec cet arbre et j’en suis l’un des gardiens à mon tour. Il m’a chargé de mettre les couronnes de cendres à l’épreuve. Il y aura bel et bien une guerre, Verith… »

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¤ Révélation ¤

L’enfant de l’orage aux traits de bipèdes observait avec une surprise non dissimulée le vampire aux traits d’équidé. Qu’avait-il bien pu se passer ? Verith s’était tenu à l’écart du reste de l’archipel pendant de longs mois, alternant entre le plan astral et Néthéril tantôt pour offrir sa protection aux graärh, tantôt pour contenir Ther’Zhi et tantôt pour trouver un moyen de venir définitivement à bout des chimères. Sa transformation en bipède était un marqueur de la résolution du second problème, mais avait par la même occasion sonné le glas du premier. La protection qu’il avait promise au peuple félidé était désormais fort limitée. Heureusement qu’il pouvait compter sur sa fille et sa femme pour l’aider dans l’accomplissement de cette obligation. Et si Verith espérait pouvoir enchainer avec la résolution de l’éternelle difficulté que représentait le lien, comptant dessus pour remonter la pente que lui imposait son nouvel état, voilà qu’un obstacle se mettait à nouveau sur sa route : le mal qui frappait Aldaron, héritier de larmes d’argent. Un mal que l’enfant de l’orage attribua directement à Ther’Zhi. Il connaissait les pouvoirs de l’albinos et ne voyait que lui pour transformer, pour ne pas dire déformer ou même dénaturer, une créature vivante à ce point. Sans attendre Verith en tirait les conclusions qui à ses yeux semblaient les plus évidentes, créant sans le savoir un profond quiproquo, et demandant à Dwëmmer d’analyser sans attendre l’état du vampire-licorne. La réponse de l’araignée mécanique laissa cependant perplexe le colérique. Ther’Zhi n’était pas à l’origine de la transformation physique du prince noir ? S’il ne s’agissait point du Tyran Blanc, qui pouvait bien en être responsable ? Qu’est-ce qui avait bien pu se passer sur l’archipel pendant qu’il gérait ses urgences ?

« Sans offense, Verith … Pensez-vous qu’il soit possible que votre transformation en bipède ait altéré vos capacités cognitives ? »

Si en temps normal le dragon rouge aurait été froissé d’une telle remarque, c’est encore une fois la surprise qui se lisait sur son visage bipède. Ther’Zhi n’avait donc rien à voir avec tout cela ? Mais alors … qui ? La surprise disparut du visage du colérique quand il sentit les énergies de Dwëmmer se diriger vers lui, venant l’analyse suite à la remarque du vampire-licorne. Verith fronça les sourcils à l’attention de l’artéfact graärh qui arrêta aussitôt son analyse face à la réprobation de son lié.

« Est-ce que vous avez consommé ce petit champignon avec des points d’un bleu pâle sur le bas du chapeau ? Ils peuvent être assez toxiques … Pour … Eh bien … La réflexion. »

« Lié, je crois bien qu’il y avait un champignon dans le potage que vous ont préparé les graärh la dernière fois. Mais il n’était pas bleu. »

L’enfant de l’orage ne parvint pas à se retenir de lever les yeux aux ciels face à la remarque de l’araignée mécanique qui décidément n’en loupait pas une.

« Il est évident que le problème est plus profond qu’un simple champignon Dwëmmer. »

C’est alors qu’Aldaron prit la parole pour tenter de démêler la situation. C’est qu’un torrent d’informations déferla aux oreilles du dragon. D’importants évènements étaient survenus à travers l’archipel pendant qu’il était concentré sur d’autres préoccupations. Ainsi l’hypothèse, ou plutôt la crainte, de Verith fut balayée. Ther’Zhi n’était pas responsable de l’état d’Aldaron. Et il ne s’agissait pas là d’un méfait. Ce corps de licorne était plus un corps d’emprunt … non, plus un cocon. Et ce fait, pour ne pas dire miracle, avait pour origine une créature insoupçonnée : Un arbre. Oui, un arbre, mais pas n’importe lequel. Verith tourna son regard vers le végétal en question. Au milieu d’un charnier nauséabond, mais qui ne froissait nullement les narines de dragon-bipède, dû tant au fait qu’il était habitué à pire que parce que son nouveau corps avait des sens grandement amoindris, se dressait un arbre aux proportions grotesques. Instinctivement, lorsqu’Aldaron mentionna le fait que cet arbre était tout ce qui restait d’un dragon plurimillénaire, Verith étendit son esprit en direction de celui-ci et ordonna télépathiquement à Dwëmmer de faire de même. Tout en s’abreuvant de ce que le vampire-licorne lui racontait, le dragon rouge cherchait des éléments concrets à l’histoire de fous qu’on était en train de lui raconter. Si son enveloppe physique s’était affaiblie, son esprit, lui demeurait le même. Le colérique ne décelait aucun mensonge dans les propos du vampire, mais face à ce torrent de nouvelles, il lui fallait quelque chose à quoi se raccrocher. Ce quelque chose, Verith crut bien le trouver. Il y avait dans cet arbre un esprit qui cherchait à se dérober à lui. Mais il y avait aussi autre chose. Ses oreilles endolories par le froid hivernal et son manque de confiance en ses sens physiques amoindris avaient fait qu’il était passé à côté. Une formidable énergie magique se dégageait de cet arbre, une énergie qui semblait pulsée à la manière … à la manière … . Ce fut Dwëmmer qui lui apporta cette réponse quand l’araignée mécanique sentit dans ses protocoles que les conditions d’activation de la magie du Tyran étaient réunies : « A la manière d’un cœur ».

La surprise disparut du faciès bipédique du dragon rouge, ses traits devenant infiniment sérieux alors qu’il tournait à nouveau son visage vers le vampire-licorne. L’héritier de larmes d’argent avait toute son attention désormais. Le vampire attisa la curiosité du dragon rouge en lui révélant le mécanisme reliant le monde physique et le monde des rêves. La création des divinités révélait une fois de plus son infinie complexité. Lorsqu’il fut fait mention de Vraorg, Verith jeta un coup œil en direction de Dwëmmer et l’araignée mécanique fit également de même en pivotant légèrement sur le côté. Ces mouvements ressemblaient à s’y méprendre à un échange de regards complices.

L’enfant de l’orage demeura silencieux, laissant Aldaron poursuivre son explication, le laissant raconter son histoire, mais également lui partager son avis sur tout ceci. Vint enfin la conclusion de toutes ses révélations : les couronnes de cendre. Leur objectif venait peut-être de se dévoiler. Encore des êtres qui souhaitaient s’élever pensa tout d’abord Verith … à la différence près que, contrairement au Tyran Blanc, celles-ci souhaitaient retrouver la place qui était la leur à l’origine. Le rouge ne pouvait être que mitigé.

« Il y aura bel et bien une guerre, Verith … »

Le colérique garda le silence. Il planta sa branche enflammée dans le sol puis tourna le dos à la licorne. Le bipède à la chevelure de feu libéra un souffle de feu en direction du sol, venant faire fondre la neige et créer une zone où le sol était chaud. Puis, toujours sans un bruit, le père de trois dragonnets vint s’asseoir en tailleur avant de prendre son menton dans l’un ses doigts, l’air pensif. Après un long silence, un léger ricanement finit par s’échapper du dragon-bipède.

« Décidément, les graärh et leurs histoires sont fascinants. Dire que le Baôli était loin d’être le plus important secret que leurs légendes, volontairement parcellaires, dissimulaient. Très bien, je comprends la situation … mais j’en ai une analyse différente. Cela va paraitre étonnant venant de moi, mais je vais avoir du mal à jeter la pierre et à être aussi catégorique que toi.

Commençons par les Couronnes de Cendre. Si tu supposes à raison que leur objectif est de s’emparer du cœur de l’esprit-lié que garde l’Arbre-Songe. Alors pourquoi le font-elles ? Est-ce par soif de pouvoir ? Est-ce par désir de récupérer ce qui initialement appartient à leur race ? Est-ce par volonté de réparer ce que tu décris comme l’erreur de cet esprit-lié ? Ou est-ce pour retrouver la place qui est initialement celle des graärh commet tu le penses ? J’ai fait la promesse à Sa’hila, ancienne Aaleeshaan de la légion de Vat’Aan’Ruda, de protéger le Baôli de tous ceux qui trahiraient sa sacralité en succombant à l’avidité du pouvoir, y compris ceux de son propre peuple. Parce qu’ils sont liés à cette histoire, et parce que nous avons déjà vu ce que peut donner un cœur renfermant une grande puissance entre de mauvaises mains, je suis prêt à faire cette même promesse. Toutefois, je ne commettrais pas la même erreur que mes ancêtres en me laissant embarquer dans une guerre qui ne concernerait pas la protection des miens. De ce je sais pour le moment, cette affaire semble bien plus être un problème interne aux graärh et il est regrettable que des non-graärh aient été entrainés dedans. Si l’objectif des Couronnes en récupérant ce cœur venait à ne pas créer de tort aux miens, d’une manière ou d’une autre, directement ou indirectement, je vois difficilement pour quelles raisons je devrais m’en mêler.

Poursuivons sur les Esprits-liés. Quel que soit l’objectif réel des Couronnes de cendre, tu dis que certains Esprit-liés soutiennent les graärh cendrés tandis que d’autres non. Pourquoi une telle division ? Ceux qui soutiennent les Couronnes de cendre le font-ils parce qu’ils souhaitent revoir les graärh reprendre la place qui est la leur ? Parce qu’il y aurait un problème dans la gestion intérimaire de l’Axolotl qui ferait planer un quelconque danger ? Ou pour une autre raison ? Et concernant ceux qui s’opposent aux Couronnes de cendre, le font-ils par respect envers la volonté du père de tous les graärh ? Parce qu’un retour ou tentative de retour de celui-ci entrainerait des conséquences pouvant représenter un danger pour eux, ou pour nous ? Ou pour une autre raison ?

Maintenant, regardons ce que nous avons. Premièrement, un cœur d’esprit-lié et des graärh. Ces deux éléments sont liés à l’esprit-lié ayant décidé de descendre ici-bas. Cela ne nous apprend pas grand-chose en dehors du fait que celui-ci s’est scindé en deux. D’un côté son corps, de l’autre côté, son cœur. Si on compare avec ce qui a déjà été rencontré, son cœur contient son essence, ses pouvoirs. C’est peut-être ce qu’il y a le plus à craindre ici. Deuxièmement, le Baôli. Quand tu dis qu’il s’agit là du cœur de magie du dragon, je pense qu’il s’agit même plus que cela. Et je pense pouvoir théoriser ce qui s’est produit. J’ai passé de longs moments auprès du Baôli, à observer ses profondeurs, à chercher à le cerner, à le comprendre. Les dragons sont un lien entre ce plan et le plan astral. Nous apportons la magie en ce lieu, mais nous pouvons faire bien plus. Nous pouvons être un chemin entre ce plan et le plan astral. Une voie empruntable pour aller et venir. Mais, nous ne pouvons le faire seul. Edwyn … »


Le visage de Verith se déforma l’espace d’un instant, reflétant une haine et une colère profondes à l’égard du Tarenth.

« … me l’a appris lorsque je me suis rendu pour la première fois sur le plan astral. Il faut un dragon et un Tarenth pour ouvrir ce chemin. C’est à cette condition qu’un chemin peut s’ouvrir. Dès lors, deux théories sont possible : l’esprit-lié et le dragon ont reçu l’aide d’un Tarenth ou le dragon est parvenu je ne sais comment à ouvrir … non je dirais forcer, l’ouverture du chemin. Mais si cela a échoué, c’est soit que le Tarenth a fermé l’accès, soit que le dragon n’a pas tenu et est mort … ou non, c’est déchiré … oh … cela expliquerait le Baôli. Un trou entre ce plan et le plan astral … mh … non. Le Baôli laisse uniquement passer la magie et rien d’autre, comme le ferait de base un dragon. Mh … et si en partant de ton postulat que les Couronnes de cendres veulent retrouver leur place parmi les étoiles, alors peut-être que ce procédé leur ferait emprunter le chemin qu’est le Baôli au risque de provoquer une instabilité. Si c’est ça, ça pourrait effectivement représenter un danger. »

Verith finit sa phrase en un marmonnement psychique, semblant plus parler pour lui-même qu’à quelqu’un d’autre. Il revint néanmoins à lui, car il y avait un dernier point qu’il n’avait pas abordé.

« Il est enfin un ultime point que je n’ai pas abordé. Il est également une des raisons pour lesquelles je vais avoir du mal à jeter la pierre et à être aussi catégorique que toi. Tu dis que cet esprit-lié en se détournant de sa mission originelle avait pour objectif de régler les problèmes à la source. C’est vrai, il n’avait pas à le faire, car là n’était pas mission. Mais il n’aurait pas eu besoin de le faire si ceux responsables de régler les problèmes cataclysmiques n’avaient pas tourné le dos à leur responsabilité. Je ne parle pas de vos guerres bipèdes, mais bien des horreurs que nous avons traversées et qui ne seraient pas arrivées. J’accuse bien sur des Déesses suite à la faute d’Edwyn. Si Edwyn n’avait pas fauté. Si les Déesses avaient joué leur rôle en n’abandonnant pas Ambarhùna à son sort après le bannissement du Tarenth, en ne scellant pas une partie de la mémoire des miens pour dissimuler leur lâcheté, tous les évènements que nous avons connus sur Ambarhùna et ceux qui nous ont contraints à fuir jusqu’à Tiamaranta ne se seraient jamais produit. Cet esprit-lié a fait une erreur, c’est vrai. Mais il me semble que l’a au moins fait pour les bonnes raisons … et il y a aussi autre chose … »

Verith se redressa et posa deux doigts de sa main gauche sur son avant-bras droit. Le dragon-bipède fit un petit geste de la main et l’illusion recouvrant sa tenue se dissipa. Une armure collant sa peau et épousant celle-ci comme s’il ne portait en réalité rien du tout se révéla alors. En effectuant un nouveau geste de la main, l’armure au niveau de son buste sembla se mettre à fondre, devenant liquide, et se mit à ruisseler jusqu’à la partie basse de son corps, révélant dès lors la peau nue du torse du colérique. L’avant de son buste était parcouru d’une large cicatrice de laquelle s’échappaient de multiples veinules pulsant d’une lumière dorée au rythme d’un battement de cœur.

« Tu as été honnête avec moi, héritier de larmes d’argent, alors je vais l’être aussi. Cependant tu comprendras que ce que je vais te révéler, je te demanderais de le garder pour toi, par mesure de sécurité pour l’ensemble de l’archipel et bien au-delà.

J’ai récemment combattu un ennemi. Un ennemi redoutable. Lorsque j’ai vu ton état, je pensais qu’il en était responsable. D’où mon trouble et l’incompréhension qui en a résulté. Bien qu’il se soit présenté sous un nom différent, celui de Ther’Zhi, bien qu’il ait changé, l’esprit de cet ennemi était en tout point semblable à celui que je connais, que tu connais et qu’aucun autres Ambarhùniens ne pourra jamais oublier. Il a utilisé l’armure qu’il m’a imposée à l’époque comme un phylactère pour y dissimuler une partie de son essence et tromper tout le monde comme à son habitude. Héritier de larmes d’argent, tu n’étais pas loin de la vérité tout à l’heure au travers de ton exemple, mais cet être atroce n’a pas besoin d’aide pour revenir. Il est assez intelligent et rusé, plus qu’aucun ne le pense, pour y parvenir de lui-même. Je le savais puissant, mais j’ai tout de même réussi à le sous-estimer malgré cela. Je doute être en mesure de le vaincre un jour … c’est pour cela que ce n’est pas moi qui l’ai fait. Seul Dwëmmer en était capable, même si pour cela il m’a fallu sacrifier ce que ma chair possédait de plus inestimable.

Dwëmmer, montre-le-lui. »


L’araignée mécanique s’avança en direction du vampire-licorne et vint tendre une pince en direction de celui-ci. Lorsqu’elle en reçut l’autorisation, elle toucha Aldaron créant une fenêtre sur une geôle de laquelle on pouvait sentir émaner toute la rage et la malveillance du Tyran Blanc.

« Il est emprisonné, Dwëmmer est devenue sa geôle et moi son geôlier. Nous le serons jusqu’à la fin de toute chose, s’il le faut. Mais sans Dwëmmer, rien de tout cela n’aurait été possible. Sans cet héritage graärh, il serait en ce moment toujours libre de commettre les pires actes. Pour cette raison, je ne peux juger trop sévèrement l’étoile qui s’est détournée de son chemin pour nous venir en aide là où toutes les autres ont fui leurs devoirs. Mais je comprends ton opinion, car c’est avec cette même sévérité que je juge l’action des Déesses. »

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Pas de problèmes cognitifs et pas de champignon. La licorne prit alors cela pour de la folie passagère (Après tout, cela ne voulait rien dire Ther’zhi : Verith avait peut-être simplement essayé d’éternuer en même temps qu’il parlait) et tâcha d’expliquer sa situation, en espérant que le dragon en fasse de même pour… Son état était inexplicable aux yeux d’Aldaron. De mémoire, il n’y eu qu’un seul dragon qui fut capable de prendre forme humaine et ce ne fut pas un dragon que le Prince Noir avait dans son cœur, bien au contraire. Il espérait ne plus jamais croiser la route d’un être comme le Tyran Blanc.

Il laissa le nouveau bipède à la chevelure rouge se poser tant physiquement que dans ses réflexions. N’ayant que peu de maîtrise sur son corps à sabots, Aldaron préféra rester là où il était. C’était bien, debout, droit comme un piquet. Il était à peu près stable, il n’allait pas prendre le risque de se vautrer à nouveau. Même si, pour être honnête, il devrait bien bouger un moment ou un autre, au risque de finir avec une crampe qui rendrait le tout bien pire. Mais cela n’allait pas arriver, n’est-ce pas ?

De toutes évidences, ce que l’ast n’avait pas prévu… C’était que ce serait long. Très long.

Très très long.

Cela avait commencé par un petit picotement dans le sabot avant droit lorsque Verith parla de la raison qui poussaient les Couronnes de Cendres à vouloir reprendre ce cœur. Ça n’était pas trop un problème, il ne le sentait qu’à peine. Du moins, à ce moment-là. Mais rétrospectivement, il plaçait le début de ses regrets à ce moment-là. Il aurait pu lever la jambe, faire un petit pas sur le côté, histoire de se dégourdir les gambettes et s’éviter ce qui allait s’en suivre, mais il était trop absorbé dans son écoute. Il avait dit Sa’Hila ? Il frissonna de dégoût. Il avait vraiment un problème avec les graärh. En vérité, c’étaient peut-être les graärh qui avaient un problème avec lui. Une part de lui avait envie d’interroger le pragmatisme de l’araignée mécanique quant à l’efficacité d’un savon à base d’herbe à chat pour arriver à se faire des liens positifs avec le peuple autochtone. Mais ça lui échappa, car il préférait écouter ce que Verith lui transmettait.

Ou l’interrogeait. L’Ast n’avait pas d’idée quant à ce qui pouvait déchirer à ce point les Esprits-Liés dans un tel désaccord. Il avait accepté de se dire qu’ils pouvaient avoir des avis et des intérêts divergents, tout simplement, en fonction de la manière dont ils se voyaient et dont ils voyaient le monde, à l’instar d’une foule qui aurait ouvert un débat sur le moment où on versait le lait dans son bol au petit-déjeuner : avant ou après les céréales ? En vérité, le pour quoi existait peut-être, et il s’agissait de préférences et de penchants personnels, de caractères. Mais il ne le saurait probablement jamais vu que les Esprits-Liés avaient décidé de garder un silence paternaliste et condescendant. Grand bien leur fasse, dans leur idée, mais s’ils ne voulaient échanger, Aldaron aurait cure de leur avis. Il agirait avec les informations qu’il avait, dusse-t-il faire un mauvais choix mal guidé par ceux qui devaient être ses protecteurs.

Le picotement à son sabot s’était étendu à toute sa jambe, n’est-ce pas ? Et là, encore, il n’eut pas la présence d’esprit de secouer la patte pour dissiper promptement cela à la racine. Il avait patienté, croyant peut-être que cela disparaitrait de lui-même… Mais non. L’ast s’en rendit compte lorsqu’il tendit ladite patte vers Dwëmmer qui devait lui montrer quelque chose. Non seulement la crampe physique vint le saisir d’une raideur pénible mais l’image que lui transmis l’artefact graärh manqua de le faire vriller psychologiquement. A deux doigts de vomir (il se demanda si les chevaux pouvaient vomir ?), il reposa sa jambes et la crampe irradia de tout son être. Il ferma les yeux, pour garder un semblant de dignité, mais lorsque Verith acheva de parler, l’équidé essaya de marcher sur trois pattes (ayant visiblement mal à la quatrième) en poussant des jurons en elfique. Il finit par trébucher et se vautrer au sol, non sans avoir manquer d’écraser Verith au passage et d’embrocher l’araignée mécanique avec sa corne.

Il se crispa, le temps de la douleur passe et ne bougea pas. Là, allongé sur le flanc, il vint poser son museau d’équidé sur les jambes de Verith, soufflant par ses naseaux tout le désespoir que lui inspirait son état. Adieu la dignité, bonjour le lamentable. « Je me satisfais de savoir que vous avez réussi votre œuvre avec le Tyran Blanc. Votre échec aurait été un désastre, à plus forte raison que nous aurions tous été surpris de son retour. Et dévastés. » Cela n’était pas très prudent d’avoir laissé cette situation se gérer dans le silence, à plus forte raison qu’ils auraient pu unir leur forces pour aider l’araignée. Cela s’était bien fini, mais cela aurait pu mal tourner. Son museau flaira le cœur palpitant de magie qu’il discernait aisément, tout mage qu’il était. « Il est en revanche malsain que vous possédiez un tel cœur. Je ne doute pas de vous, mais l’appel du Pouvoir en a détourné plus d’un de leur droit chemin. Vous risquez fort de vous attribuer les foudre de Naal du Néant, de surcroît, et la peur soulève des peuples. Almara s’est déjà dressée une fois. »

Et elle ne s’était pas arrêtée. Les tueurs de dragons sévissaient encore et certains portaient une couronne. « Je ne révélerai pas cela, mais j’ignore si vous pourrez le garder secret. Les mages sentent la magie et l’énergie de Néant, nombre d’Ambarhuniens l’ont côtoyée. De plus… Votre capacité à vous transformer en bipède est assez similaire à celle du Tyran Blanc. Cela pourrait paraitre comme un mauvais présage et certains verront en cette forme une capacité à vous mêler aux bipèdes, pour y faire de la politique, par exemple, ou réclamer une couronne. Tant que votre haine des bipèdes vous éloignait des affaires de notre monde, vous étiez en relative tranquillité. Maintenant… Vous êtes un hommes parmi d’autres. Fragile. Vous pourriez être pris pour cible. » Il poussa un soupir, ce qui fit trembler ses babines : « Vous pouvez compter sur la protection de mon Clan, néanmoins, si d’aventure vous veniez à Cendre-Terre. Il me faudra convoquer les dirigeants de l’archipel pour les informer du danger que représente les Couronnes de Cendres : j’aimerais que vous soyez présent. Chacun prendra ensuite ses positions quant à la guerre à venir. Parfois, il ne faut pas attendre que les nôtres soient touchés pour intervenir. Vous le savez très bien puisque vous avez décidé d’intervenir dans le combat qui oppose les graärh à la Confrérie. Pourtant, ça n’est pas votre combat. Et cela ne mettait pas les vôtres en péril. »

Il posa son regard sur l’araignée, priant pour que l’artefact ne relâche jamais, même par erreur, ce qu’elle contenait. « J’ignore ce qui motive les Esprits-Liés. Leur condescendance et leur paternalisme ne me poussent pas à connaître les motivations qui sont les leurs. Ils suivent leurs lois et y dérogent quand ça leur chante et créent des secrets de polichinelle qui nous mettent en danger ou dans l’incapacité de prendre une décision éclairée. Ils prétendent ne pas pouvoir agir sur notre monde mais le font. Ils ne valent pas mieux que les déesses, Verith. La chute de cet Esprits-Lié remonte à des millénaires : il ne pouvait pas savoir que les déesses échoueraient et que cela déclencherait les cataclysmes que nous avons connus il y a quinze ans. Quant à se détourner de son chemin pour venir en aide… ? Quelle aide ? Il savait, qu’en venant ici, il deviendrait mortel. S’il suffisait d’un mortel pour enrayer les cataclysmes, que l’un d’entre nous se lève et agisse. Ça n’est pas venir en aide : c’est abandonner une situation, peut-être bancale et complexe, pour venir, sans espoir, vivre comme mortel sur ces terres dans le meilleur des cas, et se suicider dans le pire. J’ai cure des intentions qu’il avait. Les bonnes intentions, on pourrait en paver le monde que ça n’en ferait pas forcément un bon endroit. Les conséquences, en revanche, de ses fameuses bonnes intentions sont une guerre entre les Esprits-Liés, une croisade dévastatrice des Couronnes de Cendres et un puits de magie comme tentation à ceux qui sont en quête de pouvoir ou d’un rêve fou capable de détruire notre univers. De bonnes intentions… Ne font pas tout. Je ne juge pas trop sévèrement cette étoile, Verith. Je juge ses actes et ce à quoi ils ont conduit avec pragmatisme et honnêteté. »

Il leva ses yeux rougeoyant sur Verith : « L’aide en elle-même, si elle avait réussi, aurait été un fiasco par la nature même de la solution trouvée… Car venir parmi nous comme mortel n’est pas une solution. Ou alors, expliquez-moi ? En quoi cela aurait aidé ? A quel moment ça a pu lui venir comme si cela allait radicalement changer la face de l’avenir ? Même si ça avait réussi, son projet, cela n’aurait pas servi. Et dans sa folie, il l’a quand même fait. Il a abandonné son poste, son travail, ses obligations. Il a fui son devoir, tout comme les déesses. Et il a pris le risque dangereux que cela comportait… Risque dont nous payons le prix aujourd’hui. Je ne comprends pas votre clémence. Ça ne fait aucun sens. »

« Quant aux couronnes de cendres, ce qu’elles recherchent, je pense que les contacter pour leur demander serait… Le plus sensé. Savoir ce qui les motive et comment nous pourrions arriver à un compromis. Qu’en pensez-vous ? Croyez-vous qu’il existe un compromis possible, autre que par la guerre ? »

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¤ Ballon ¤

Verith écoutait avec attention les révélations qu’Aldaron était en train de lui faire et lorsque celui-ci eut fini, le dragon rouge, peut-être tant par honnêteté que par similarité du sort actuel de leur condition physique, lui fit à son tour des révélations. À mesure que le bipède à la chevelure d’ombre et de feu parlait, il pouvait sentir l’esprit de son interlocuteur se raidir. Le colérique mit cela sur le compte des informations qu’il lui partageait et non sur la condition physique de ce dernier. Ce n’est qu’au moment où Aldaron s’effondra en avant que Verith comprit que ce qu’il captait dans la psyché de la licorne n’était pas entièrement dû à ce qu’il était en train de lui dire. Étendant son ombre, il força Dwëmmer à pousser de toutes ses forces sur ses nombreuses pattes afin de bondir sur le côté et esquiver l’assaut involontaire d’un Aldaron s’effondrant. Lui-même encore malhabile dans ce nouveau corps n’eut pas le temps d’esquiver et se retrouva au sol recouvert d’un canasson qui pesait bien son poids. Grommelant, Verith usa de sa force pour soulever Aldaron juste assez afin de pouvoir s’extirper. Il s’apprêtait à lui demander comment il allait quand il remarqua les muscles crispés de la créature et comprit que celui-ci venait de lui faire défaut, le faisant défaillir. Toujours sur les fesses, l’héritier de larmes d’argent profita que son interlocuteur soit toujours au sol pour venir poser sa tête équine sur les jambes du dragon-bipède. Le colérique s’immobilisa, écoutant la réponse que le prince sombre avait à lui dire suite à ces révélations.

« Ce n’est pas de gaité de cœur, sans mauvais jeu de mots, que je le sens battre en moi. Encore plus au vu de l’état auquel il m’a réduit. Je récupèrerai bien le mien, si cela est possible, mais j’ignore bien où il est. J’ai eu l’occasion de voir Ther’Zhi usé de sa puissance impie, mais le cœur revenait toujours à son propriétaire. J’ignore si son non-retour est lié à mon inexpérience dans l’utilisation de cette force, ou si c’est parce que j’ai usé de mon propre cœur pour l’utiliser. »

Un soupir s’échappa de la bouche du bipède au teint hâlé.

« Ma capacité … j’ignore encore si c’est seulement possible de reprendre l’apparence d’un dragon. J’espère ne pas être bloqué définitivement sous cette forme écœurante ou pire que l’attrait du pouvoir, je pourrais tout simplement perdre la raison. Sois assuré, Héritier de larmes d’argent, que je n’ai nullement l’intention de me mêler des affaires des humains, des vampires, des elfes et de Sainnûr ou même des graärh. Je n’avais déjà pas l’attention de prendre vos races par la patte quand j’avais encore l’apparence d’un dragon, et mon état ni changera rien. Cette responsabilité ne m’incombe pas et je n’ai pas envie de réparer les erreurs des divins et des Tarenth en les suppléants. J’ai retenu les leçons de l’histoire et il ne fait pas bon pour un dragon de s’impliquer dans les affaires des autres races. »

Voyant qu’Aldaron ne bougeait toujours pas ou ne parvenait toujours pas à se relever, Verith tenta de commencer à rassembler sa magie pour voir s’il était en mesure de remédier à cela.

« Garder le secret est une sage décision. Je n’ai pas l’intention d’ébruiter cette histoire si je n’y suis pas forcé. Je vais mettre en œuvre le nécessaire afin de dissimuler les énergies qui se dégagent de moi. J’apprécie la proposition, mais même si je n’ai peut-être plus l’apparence physique d’un dragon, je n’ai pas été pour autant entièrement désarmé. Mon esprit demeure le même que celui de ma noble race et suffira à châtier ceux qui pensent pouvoir profiter de ma faiblesse. D’autant plus que j’ai toujours des engagements envers Néthéril à tenir. Heureusement, je peux compter sur ma douce Keetech pour poursuivre la protection de l’île. Il faudra tout de même que je trouve un moyen de remédier à ma pseudo-disparition … il faut dire que ma taille me rendait difficilement inaperçu. »

Sans surprise, la magie de la trame réagit au dragon rouge, même devenu bipède, mais il demeurait encore difficile de parvenir à la manipuler d’une manière dont le colérique n’avait pas l’habitude.

« Une assemblée ? Pourquoi pas. Il est vrai que vos races parviennent à tenir tête à de puissants adversaires quand elles cessent de se taper dessus entre elles. Je veux bien y assister, mais ma participation risque d’être complexe au vu de mon état et des réactions que cela pourrait engendrer. »

L’esprit du colérique fit trembler la trame aux alentours sous un éclat de rire.

« Il manquerait plus que je me présente comme le dragonnier de Keetech. »

L’atmosphère retrouve son calme alors que l’hilarité du bipède à la chevelure d’ombre et de feu face à cette idée saugrenue se dissipait.

« J’entends ce que vous dites Héritier de larmes d’argent et je ne le rejette pas. Cette étoile a fauté, il est vrai, et les raisons l’ayant poussée à cette faute ne changent en rien la gravité de son acte. Mais peut-être que je le juge avec plus de clémence que vous, car justement ce problème dont nous ne sommes pas l’origine, auquel nous nous retrouvons confrontés et que nous allons devoir une fois encore régler a été commis, pour une fois, en raison de bonne intention. Edwyn a agi par soif de pouvoir, les Déesses ont délaissé leurs obligations par dépit, Vraorg n’était que pure malveillance, Néant était devenu fou, les Chimères souhaitaient s’emparer ce qu’elles jugeaient leur. Mais ce jugement clément ne veut pas pour autant signifier que je pardonne ou ne condamne pas celui par la faute duquel je vais être encore obligé de participer à régler un problème, car il peut mettre en danger les miens. »

Verith parvint enfin à tisser la toile comme il le désirait, ou presque, autour d’Aldaron afin de lui venir en aide dans la situation qu’il rencontrait.

« Connaitre les motivations de son adversaire est en effet quelque chose de sensé. Les contacter est donc une bonne idée. Cela permettra de mettre les choses au clair. Ainsi, on pourra peut-être savoir contre quoi on se bat très exactement et si cela en vaut vraiment la peine ou non. Je n’ai à ma connaissance pas de grief à l’encontre de ces couronnes de cendre. De plus, il s’agit de graärh. N’ayant aucun grief à l’encontre de cette race, je n’ai pas de raison de me mettre par principe en travers de leur route. Tout dépendra donc du danger que représentent leurs motivations. Mais avant cela, faisons en sorte de te remettre debout. »

Le colérique cligna des yeux et activa la magie qu’il s’était employée à tisser à l’aide de la trame en usant du cœur de Claudius. C’est ainsi que, lentement, la licorne qui était couchée au sol se mit lentement à s’élever. Verith se releva enfin et vint retirer la terre et la neige qui s’était accumulée sur lui en se secouant comme il l’aurait fait du temps où il était un dragon. Sauf que le rendu ne fut bien sûr pas le même. Pendant qu’il était en train de faire, le colérique ne remarqua pas qu’Aldaron, lui, était toujours en train de s’élever, et que tout ce qui ne se trouvait pas agrippé au sol, à l’exception de lui et Dwëmmer, était également en train de s’élever en direction de la canopée. L’araignée mécanique fut la première remarquée la situation de la licorne.

« Lié, la licorne s’envole ! »

Dwëmmer couru à l’aide de ses multiples pattes puis sauta afin de saisir l’un des sabots d’Aldaron dans l’espoir de parvenir à le ramener au sol. Malheureusement, l’action n’eut pas l’effet escompté puisqu’elle se retrouve elle-même à flotter dans les airs, suspendus au vampire.

« Lié, je m’envole ! »

Le rouge se retourna après avoir chassé les dernières neiges sur lui et prit connaissance de la situation. Prestement il tendit le bras afin de saisir l’une des pattes de Dwëmmer et tira dessus pour la faire redescendre ainsi que la licorne. Malheureusement, si l’araignée mécanique put rejoindre le sol, Aldaron lui demeurait suspendu dans les airs tel un ballon et s’il ne s’élevait pas davantage c’est uniquement parce que Verith le tenait fermement par le sabot.

« Je dois avouer que ce n’est pas ce que j’espérais. Moi qui souhaitais simplement alléger le poids de ton enveloppe physiquement pour aider. Tenter de manipuler la trame à votre manière est complexe. C’est comme si devait allumer un feu de camp avec un souffle de dragon, difficile de ne pas le surcharger de flamme. »

Le bipède à la chevelure d’ombre et de feu se mit à détricoter lentement le sort qu’il avait lié à Aldaron, lui faisant petit à petit perdre de sa puissance. Bientôt tout ce qui flottait retourna au sol, mais le lieu demeurait sous l’effet d’une gravité affaiblie.

« As-tu une idée pour contacter les couronnes ? Sait-on seulement où elles se trouvent ? »

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