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descriptionLa guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron] EmptyLa guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron]

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Le Prince Noir avait conseillé à Vex’Hylia de rentrer à Cendre-Terre, mais lors qu’il se retourna, dos à elle, le son de ses chausses sur le sol lui indiqua qu’elle n’avait pas été écouté. Comprenait-elle que c’était pour son bien qu’il eût réclamé qu’elle ne reste pas dans les parages ? L’endroit grouillait de nouveau-nés et l’odeur du sang, issu du massacre, les rendaient instables. Souhait-elle connaître les mêmes affres que son mari, Siel ? Il n’était pas sûr qu’elle survive, toute mage qu’elle était. Les nouveau-nés avaient quelque chose de particulier : ce n’était pas pour rien qu’il les gardait loin de Cendre-Terre. Il craignait pour elle, là où elle ne semblait pas s’en soucier.

Les choses n’étaient pas ce qu’elles paraissaient être ? Qu’avait-elle en tête ? Que les graärh étaient ici par hasard ? Que les nouveau-nés s’étaient entretués ? Que c’étaient les graärh les pauvres victimes ? Il en doutait, pas seulement parce que ses relations avec la légion étaient problématiques, mais parce qu’il le sentait instinctivement. Sa couronne lui offrait les souvenirs des vampires trépassés, probablement était-il influencé bien qu’il n’ait pas visualisé en détail chaque scène. Il le sentait, autant qu’il sentit son bras être retenu alors qu’il attachait ses épées à sa ceinture. Il s’arrêta et se tourna vers elle. De son visage fermé et dur, il croisa son regard tandis que dans ses prunelles, un éclat rougeoyant soulignait que la licorne s’impatientait de voir couler le sang. Il la jugulait, mais elle était là.

Il écouta sa proposition, sans perdre de ses mires froides, captant ses intention en surface, notamment celle de s’opposer à lui s’il les tuait sans sommation. « Ce que tu veux, Vex’Hylia, passe après mon devoir de dirigeant. » Sa voix était grave, mais le ton ne suintait ni de colère ni de haine. Il affirmait quelque chose de pragmatique. Il aimait sa présence et était prêt à entendre de ses conseils, à bien des égards, mais elle ne pouvait pas agir de la sorte, en le retenant ou, comme il en sentait son intention, en s’opposant à un châtiment qu’il s’apprêterait à exécuter. « Le peuple de la Nuit est intransigeant et je suis son meneur. Et toi, tu es sélénienne. » Ce n’était ni bon pour sa survie à elle, ni bon pour sa crédibilité à lui. Si on en venait à penser qu’une sélénienne influençait le Prince Noir, ce serait compromettant.

Il lui rappelait des faits et il ne doutait pas qu’elle fasse les liens par elle-même et comprenne que leur connivence pourrait être malaisée à gérer. « Tu ne sortiras pas vivante d’un affrontement avec moi et crois-moi, je n’ai pas envie d’en arriver là. Tu es sur mes terres, alors tu te plies à mes lois. Tu ne peux pas en faire qu’à ton cœur… Et moi au mien. » Sa main était venue caresser sa joue, peut-être un peu rudement, et peut-être un peu furtivement, mais le geste d’affection était là tout de même. « Investigue si tu le souhaites. Moi je vais interroger les vivants. »

Il se détourna d’elle, avançant vers les siens et les graärh ligotés. Amlach, le fils de Liz, était parmi eux, peinant à contenir sa Faim. Il se jugulait du mieux qu’il pouvait, mais il ne doutait pas que la vue du sang n’aidait aucunement. Il le prit dans ses bras, lorsque l’ancien elfe s’y jeta, dans des embrassades courtes mais sincères. « Amlach, prends les nouveau-nés avec toi. Allez dans la forêt, en direction de la côte. Longez la lisière. L’éloignement du sang les apaisera. Innel, Bawlder, accompagnez-les. SOLDATS ! » appela-t-il d’une voix forte et puissante et tout le peuple des antiques, elfes sauvés de la peste de corail par la Nuit, aux longues oreilles pointues se rassemblèrent, quittant les maisonnées suspendues dans les arbres. Ils se mirent en formation, en ligne de 15, peinant à se contenir et tremblant de Faim pour certains, mais se tenant au garde à vous. Il fallut à peine une à deux minutes pour que tous entrent dans le rang.

Voilà ce qu’il restait du beau peuple. 800 hommes et femmes déracinés mais unis sous la bannière des Erlië. « Vous êtes sous le commandement de Bawlder, Innel et Amlach pour une évacuation de la ville. » Il tourna le regard vers les deux anciens qui épauleraient Amlach. « Entourez-vous bien, prenez d’autres anciens avec vous. Ils risquent de perdre le contrôle facilement. Partez maintenant. » Ils s’exécutèrent et l’Ast s’apprêta à aller vers les graärh quand un ‘grand-père ?’ d’Amalach le détourna de son but. « Les rumeurs disent-elles vrai, pour ma mère ? » Liz. Les rumeurs la disaient morte. Il s’agissait bien plus que de rumeurs. Amlach savait ce qu’il en était et Aldaron ne pourrait que lui confirmer. « Oui, hélas. » fit-il sombrement : « Pars, Amlach. Maintenant. Nous nous reverrons. » Car ce n’était pas le moment à ses yeux.

Son petit-fils fila, la gorge serrée. Et lui s’avança vers l’un de ses Généraux. « Au rapport. » « 28 morts parmi les nouveau-nés, Aldaron. Les graärh les ont pris par surprise et ont fait un massacre. Les sentinelles avaient repéré plus de graärh qu’à l’ordinaire dans les environs. Nous ne pensions pas qu’ils passeraient à l’assaut : nous étions plus nombreux, c’était du suicide. » Mais ils l’avaient fait et le massacre était là. « Ils étaient 12. 10 sont morts. » Son regard se posa sur les deux qui avaient survécu, pleines de sang. La plus âgée lui adressait un regard haineux. La plus jeune baissait les yeux et tremblait de peur sous le regard écœurée de l’aînée qui prenait cela pour de la lâcheté et de la faiblesse. Il posa son regard sur Vex’Hylia : « Alors ? » lui demanda-t-il pour connaître le fruit de ses investigations.

Dernière édition par Aldaron Elusis le Sam 10 Sep 2022 - 15:32, édité 1 fois

descriptionLa guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron] EmptyRe: La guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron]

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Je refusais de tourner le dos au danger. Je l'avais trop fait, jadis, que je m'en retrouvais incapable aujourd'hui, à cet instant précis. Le pied à terre, je suivais donc Aldaron. Je le rattrapais et l'enjoignait d'attente. De retenir son bras. De me laisser une chance. J'aurais dû savoir que ce n'était pas une bonne idée.

Je reculais d'un pas lorsque je croisais son regard. C'était donc cela, le visage du Prince Noir. Rien à voir avec l'homme de tout à l'heure, pensais-je, avant de secouer la tête. Non, c'était la même personne, mais j'avais face à moi une facette différente de sa personnalité. À bien y penser, je l'avais déjà vue. J'avais même tenté de la frapper de toutes mes forces.

Mais il n'empêchait, qu'après ce que nous venions de partager, la rencontre avec ce mur glacial était douloureuse. Malgré moi, comme un mécanisme d'autodéfense, je sentais mes traits se fermer à l'image des siens. Je ne cherchais pas à me rapprocher, alors que je m'étais reculée sous la surprise. Et il y avait cet éclat rougeoyant et mauvais, au fond de ses mires, qui m'incitait à garder une distance. J'en frissonnais, alors que je n'avais pas froid.

Pour côtoyer l'Empereur Sélénien de près, je comprenais ses paroles. Je les acceptais même si cela me dérangeait. J'aurais aimé qu'il en soit autrement, en cet instant précis. Alors, d'un simplement hochement de tête, je lui fis comprendre que je ne comptais pas entraver ses prochains mouvements, ni m'y opposer d'une quelconque façon. Je restais également de marbre lorsqu'il évoqua mon incapacité à lui tenir tête en cas de besoin. Mon amour propre s'en trouvait blessé et sans doute pouvait-il le sentir, tout télépathe qu'il était. Avais-je l'air si faible pour qu'il se montre si sûr de lui ? Tiendrait-il encore ce discours si nous devions vraiment en arriver là ?

Je laissais ses doigts entrer en contact avec ma peau, j'en appréciais la caresse, mais je ne rendais pas le geste. Autant par fierté que pour ne pas voir ma main écarter de son faciès, de peur que l'un de ses sujets s'aperçoive de notre soudaine proximité. Puis je m'éloignais sans un mot alors qu'il se détournait vers les siens.

J'avais mal à la tête alors que j'entendais les Graärh morts rugir leur colère et leur haine. Du coin de l'oeil, je les apercevais aussi bien qu'eux pouvaient encore me voir. J'étais le dernier visage avec qui ils pouvaient s'exprimer avant de tomber dans la roue de la réincarnation. Mais ils ne le souhaitaient pas, préférant m'invectiver de toute part, jusqu'à ce que je repousse au loin leurs âmes en colère. Le soudain silence était aussi assourdissant que leurs cris. Je posais alors la paume de ma main gauche contre mon front le temps que les bâtiments de mon coeur, que je sentais jusque dans mes tempes, se calment enfin.

La voix puissante d'Aldaron ne manqua pas de me faire sursauter lorsqu'elle retentit. Brièvement, je tournais mes prunelles dans sa direction. Je reconnaissais dans ces traits délicats ce qu'il devait rester des Elfes de Keet-Tiamat, alors que le Prince Noir donnait ses ordres. Directives dont je me détournais après avoir invoqué mon armure à même ma peau. Simple précaution dans le cas d'une seconde attaque ou si l'un des nouveaux-nés échappait au contrôle des plus âgé. Une seconde peau d'un cuir brin vert qui couvrait l'ensemble de mon corps, là où le mithril en forme d'écailles venait protéger mes épaules et mon buste. Orfraie m'avait dit qu'elle-même avait porté une armure semblable de son vivant.

Refermant les pans de ma cape autour de moi, tel un cocon protecteur, je levais le bras droit et plaçais ma main gauche sous Palantir. Je sentais le regard de l'un des Graärh se poser furtivement sur moi, mais c'était Aldaron qui recevait toute sa haine.

— Les Graärh ont-ils attaqués les premiers ? Demandais-je aux esprits.

Le pendule mis un instant à me renvoyer un oui. Je soupirais. Je n'avais pas besoin de poser la question pour connaître les raisons d'une telle vindicte. Elles étaient évidentes et je ne pouvais que les comprendre. N'avions nous pas fait la même chose, jadis ?

Mais au moins avions nous finis par trouver une façon de nous entendre, aidé en cela par un adversaire commun.

— Hurle-Vent sera t-elle encore attaquée ? Continuais-je, m'attirant le regard des deux Graärh prisonniers.

Encore une fois, j'obtenais un oui très franc.

— Cendre-Terre sera t-elle attaquée ?

Encore un oui.

— Dans les prochains jours ?

Cette fois-ci, Palantir commença à se balancer verticalement. C'était un ‘peut-être'. Ma question était sans doute trop imprécise, aussi retentais-je.

— Cendre Terre sera t-elle attaquée dans les deux prochaines semaines par les Graärh de Nyn-Tiamat ?

J'attendis un instant, puis le pendule commença à tourner dans le sens horaire. De toute évidence, une attaque ne pouvait pas avoir lieu en passant par Licorock. La toundra restait le chemin le plus praticable pour mener un tel assaut.

— Hurle-Vent sera t-elle attaquée dans les deux prochaines semaines par les Graärh de Nyn-Tiamat ?

De nouveau, c'était un oui.

— Hurle-Vent va t-elle être attaquée dans les prochains trois jours ? Retentais-je, souhaitant ici savoir si nous étions en danger immédiat.

Palantir resta immobile quelques secondes, puis se mit doucement à tourner dans le sens anti-horaire. Nous étions donc en sécurité, au moins le temps de quelques heures. Le parfum de la guerre me fit froncer le nez tandis qu'Aldaron surgissait derrière moi, m'invitant à lui faire part de mes résultats. Je me tournais vers lui, levant légèrement le regard pour capter le sien.

— Ceci est un pendule, commençais-je d'un ton neutre en indiquant la chainette en argent et la pierre taillée qui y était suspendue. Il me permet d'entrer en contact avec les esprits de l'archipel. Esprit-liés, fantômes, esprits de la nature… Je peux leur poser une question fermée et obtenir une réponse qui est forcément vraie au moment où je la pose.

L'explication était succincte, mais me semblais nécessaire. Sans elle, c'était comme si je sortais mes informations de mon chapeau.

— Les esprits ont confirmé que les Graärh avaient attaqués en premier aujourd'hui, mais j'ai entendu l'une de tes sentinelles te le dire, repris-je. Ils m'ont ensuite confirmé qu'il va y avoir d'autres attaques, que ce soit sur Hurle-Vent ou Cendre-Terre. Il m'est un peu plus compliqué d'obtenir une date précise, mais je peux te dire que cela aura lieu dans les prochains quatorze jours. Compte à Hurle-Vent, il ne se passera rien pour les prochains trois jours.

Je détournais mon regard de son faciès. Il me semblait, alors, taillé dans le marbre. À la place, mes prunelles se posèrent sur les deux Graärh. L'un nous observait avec haine, mais l'autre tremblait et regardait le sol.

— Il est plus aisé d'obtenir des réponses concernant le passé que l'avenir, car lui est en constant mouvement, préférais-je l'avertir. Puis, indiquant les deux félins du menton, je changeais légèrement de sujet. Si tu comptes les interroger, sache que je comprends et parle leur langue.

Inutile de lui dire que le plus jeune semblait être le plus à même de donner quelques réponses. Peut-être, par ailleurs, comprenaient-il la langue commune de l'ancien continent. Mais utiliser leur propre langage me semblait plus adéquat.

descriptionLa guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron] EmptyRe: La guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron]

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L’immaculé sentit l’amour propre qu’il avait blessé, par ses mots et son comportement. Il la savait assez brillante pour comprendre qu’il n’avait pas d’autres choix que cette apparente fermeté et assurance. Il en avait exposé les arguments et elle comprendrait, il l’espérait, que ça n’était pas dirigé contre elle. Quant à son affirmation qu’elle ne serait pas capable de lui tenir tête, il était sincère… Bien qu’il n’ait jamais dit qu’il n’en baverait pas en chemin à la défaire. Pragmatique, il savait avoir en ses mains un pouvoir qu’elle n'avait pas et qui s’en trouvait être la magie de l’âme couplé à sa couronne. Il n’usait de ce pouvoir à tord et à travers, car il le considérait précieux… mais il n’avait qu’à graver dans son âme que son cœur n'avait plus le droit de battre ou ses poumons de respirer pour qu’elle soit incapable, d’elle-même, de réécrire sur sa propre âme pour se libérer. Il pouvait tuer un dragon tel que Verith de la sorte.

Un seul sort, que personne en ce monde n’était capable de contrer, excepté peut-être les baptistrels. Même Rog qui avait vu ses liens avec ses Esprits-Liés être rompus de ce fait. Il pourrait user à outrance de cette magie que les Dragons Libres considéraient comme impie et il pourrait réécrire toutes ces vies, autour de lui, au sein même de leur âme. Il pouvait les soumettre, les obliger à lui obéir ou à mourir. Sa seule limite était sa raison, celle qui lui disait de ne pas se servir de la magie du Lien comme d’une arme. Il avait du respect pour cette magie, autant qu’il en avait pour les vies qui l’entouraient. Il n’était pas cet homme-là, mais il le pouvait. Du reste, elle était une sélénienne en terres ennemies, avec, en cette ville, près d’un millier de soldats Erlië. Rien qu’avec cela, il n’était pas difficile d’imaginer qu’elle n’en sortirait, de toutes façons, pas indemne d’un combat contre leur Prince Noir.

La caresse fut le signe de sa compassion, mais il ne fit davantage. Il ne le pouvait pas vraiment. Il se détourna vers les siens, la laissant investiguer de son côté, non sans garder un œil sur elle, de temps à autre. Puis lorsqu’il revint vers elle, elle lui présenta le pendule, ainsi que ses pouvoirs. Les mires d’émeraude du Prince Noir se posèrent sur le quart d’un vert clair et translucide, qui pendait au bout de la chaine en argent, avant de se relever et croiser le regard de la mage, pendant qu’elle énonçait les informations obtenues par ce moyen. Elle finit par détourner son regard vers les graärh tandis qu’il la couvrait toujours du sien, malgré un visage impassible. Lorsqu’elle lui proposa de servir d’interprète, il n’avait pas changé de posture. Ses mires se perdaient sur la ligne délicate de son nez et de ses lèvres : en vérité, il semblait perdu dans ses réflexions… Ou semblait entretenir une conversation parallèle et silencieuse avec la licorne.

« Ils n’arriveront pas à Cendre-Terre s’ils ont à traverser la forêt. » Mais  ils n’en avaient pas besoin. Il leur suffisait de contourner par la toundra. Raison pour laquelle Cendre-Terre risquait une attaque de la légion nordique. « La forêt a déjà grandi, quand les licornes ont eu besoin de protéger leur territoire. Aujourd’hui, ce territoire est le mien et Licorok recouvrira tous les accès vers Cendre-Terre… » A l’exception de la mer, mais il doutait que les graärh soient capable d’affronter la flotte de la Confrérie. Seul Délimar pouvait avoir cette audace. On entendit plusieurs hennissement de licornes à travers la forêt. « Les licornes vont s’en charger, dans les prochains jours. » L’affirmation était ferme et l’ordre donné.

« Licornes… Obéir… Vous ? » demanda la plus jeune des deux graärh, dans une langue commune qui peinait à être formulée correctement. Le sainur posa son regard sur la petite prisonnière. « Oui. » fit-il d’une voix grave avant de s’approcher d’elle et de poursuivre : « J’ai été choisi par la forêt pour être son gardien. » La surprise se lisait dans son regard et il sentait une admiration naissante grandir dans son esprit. « Je ne mens pas lorsque je dis que ce territoire est mien. Cette île est mon domaine : Illidim n'est qu’un imposteur, à présent, et je vais lui faire comprendre. » Il leva le regard vers Vex’Hylia pour l’inviter silencieusement à traduire ses mots et la réaction de la graärh plus âgée se fit rapidement sentir lorsqu’elle prononça, dans sa langue natale un : « Vous êtes les seuls imposteurs sur cette île. Vous avez été accueillis et vous avez attaqué nos villages, tué les nôtres, brûlé vos maisons. Vous vous êtes alliés aux pirates. Vous êtes incapables de respecter un accord que nous avions toléré pour vous permettre de vivre ici. Vous avez exploré nos terres et dérobé notre histoire, nos trésors. Vous n’avez rien d’un élu, vous êtes un usurpateur et un fléau. »

La Prince Noir attendit que Vex’Hylia traduise, jaugeant par lui-même de si elle arrondissait les angles ou non… Car il parlait et comprenait très bien la langue des graärh. Il trouvait simplement amusant de faire croire le contraire. « Je regrette que les miens vous aient causé du tort, avant mon règne. Vous semblez oublier que nous avons tenté un grand nombre de démarches auprès d’Illidim pour nous conformer à vos traditions et obtenir votre pardon. Nous lui avons également demandé un élargissement de vos terres pour accueillir les séléniens et les elfes qui ont rencontré la Nuit car pour la sécurité de tous, il était préférable qu’ils soient à l’écart de la capitale, devenue par ailleurs trop petite pour les accueillir. Comment étais-je censé loger mon peuple ? En construisant des tours qui grattent le ciel ? »

C’était ridicule. Illidim les avait contraints soit à s’entasser à Cendre-Terre, dans des conditions où les nouveau-nés auraient été ingérables, soit à enfreindre un accord. C’était comme les humains et leur Marché Ecarlate lamentable. Les Séléniens avaient réclamé du peuple de la nuit la fin de la guerre et de l’esclavagisme, les condamnant petit à petit à la famine et à la ruine. La bataille des Cendres n’était qu’une réaction à laquelle les vampires avaient été contraints, pas seulement de la folie de la part d’Achroma. Tout ce que retenait le peuple humain n’était que l’indigne famine que leur avait infligé le Marché Noir… Omettant de dire qu’il s’agissait d’une réponse drastique à la dette vampirique accumulée par un accord de paix.  

Il laissa Vex’Hylia traduire à nouveau, se laissant bercer par sa voix tout en se doutant qu’il ne convaincrait pas la graärh butée. Son regard s’était posé sur la plus jeune. Il laissa la plus âgée vociférer ses reproches et ses insultes, écoutant à peine la traduction que lui faisait la mage sélénienne. « Combien des miens as-tu tué ? » demanda-t-il à la petite. « Un seul. » fit-elle. La graärh la plus âgée cracha et feula sur sa congénère, par dégoût, affirmant qu’elle devait avoir honte de sa faiblesse et de sa peur. « Tu n’as pas à avoir peur de moi : je ne te ferai pas de mal. » Il invita un soldat à la détacher, ne faisant qu’accroître les vociférations haineuse de la seconde. « Tu vas nous aider à rassembler les dépouilles et à monter des bûchers, pour tes frères d’armes et les siens. Es-tu d’accord ? » La graärh accepta, plus qu’heureuse d’avoir la vie sauve, non sans détourner son regard plein de honte. « Emmenez-la vous aider et garder la à l’œil. Je crois qu’elle n’était pas très engagée dans ses actes à notre encontre. Peut-être aura-t-elle droit à ma clémence. »

Quant à l’autre… Ses vociférations s’achevèrent lorsque le Prince Noir roula des yeux et lui trancha la tête sans plus de cérémonie. Il ferma les yeux, appréciant le silence revenu et inspira profondément l’air dans un soupir. Il essuya sa lame blanche et la rangea dans son fourreau. Il laissa les siens et invita Vex’Hylia à la suivre d’un signe de tête alors qu’il se dirigeait vers l’une des maisons suspendues dans les arbres. Il désigna une échelle et l’invita à passer devant : « Après toi. » Et il monta effectivement à sa suite. La ville était devenue silencieuse. Seul le pas de l’armée qui s’éloignait et de ceux qui étaient restés pour s’assurer de mettre sur un bûcher les cadavres venaient perturber le calme.

Depuis le balcon de la maisonnée, en hauteur d’une quinzaine de mètres par rapport au sol, il surplombait la marre de sans et les dépouilles avec un visage assombri par la peine. « Je n’ai pas envie d’une guerre, mais je ne pense pas avoir le choix. Illidim ne s’arrêtera pas. » L’idée d’envoyer les siens sur le champ de bataille ne l’enchantait pas vraiment, à plus forte raison qu’il ne savait pas quand les Couronnes de Cendres frapperaient : ce n’était pas le moment d’être distrait. Il entra dans sa maison. Elle n’était pas très grande mais considérant le peu de temps qu’il pouvait passer ici, c’était suffisant. Il alluma un feu dans l’âtre abrité du petit poêle. Il se massa l’arrête du nez et tendit son autre main vers elle, pour qu’elle approche : « Je ne tenais pas à te froisser tout à l’heure. Je suis navré de t’avoir blessée. Je ne fais pas toujours ce que j’ai envie de faire, contrairement à ce qu’on pourrait croire d’une personne qui dirige un peuple. Il n’en demeure pas moins vrai que j’en suis désolé. »

descriptionLa guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron] EmptyRe: La guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron]

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Je glissais un œil vers Aldaron. Une œillade rapide, avant de reporter mon attention sur les deux Graärh. L'écoutant d'une oreille, j'apprenais de sa bouche que la forêt se mouvait selon la volonté de ses gardiennes, les licornes. Par conséquent, le Prince Noir était en possession d'une nouvelle arme redoutable, à même re repousser les grands félins encore plus au nord tout en les empêchant d'approcher des cités Erlië. Il restait bien la mer, mais les autochtones n'étaient guère connus pour leur talent de navigateur. Je les voyais mal s'essayer à une telle stratégie, même en dernier recours.

Mais il ne fallait pas les sous-estimer pour autant.

L'annonce du Prince Noir, dans une langue commune que les Graärh étaient en mesure de comprendre, fit réagir la plus jeune. Malgré sa difficulté à articuler notre langage, ses propos étaient compréhensibles. Quant à sa stupeur, elle se lisait au fond de ses prunelles.

Tandis qu'Aldaron lui répondait, j'observais la plus âgée. L'incompréhension s'était frayée un passage jusque dans son regard. Elle n'avait pas compris un traître mort de ce que le Prince Noir venait de dire. Son acolyte, elle, semblait peinait également.

Tournant alors mes prunelles vers le nouvel immaculé, je clignai doucement des yeux puis entreprit de faire la traduction. Mon Graärh n'était pas parfait, loin de là, mais à la façon dont les oreilles des deux autochtones s'étaient dressées, j'en déduisais qu'elles comprenaient et étaient attentives.

Les réactions ne se firent guère attendre. La plus jeune baissa le regard alors que la plus âgée éructa violemment, tirant sur ses liens. Son regard n'était que haine tandis qu'elle crachait son venin. J'en perdis quelques mots car elle parlait vite, mais l'essentiel était compris. Vint ensuite le moment de traduire. Adepte de la vérité, je glissais mes prunelles vers Aldaron et entrepris de lui transmettre mot pour mot ce que la guerrière avait dit. Sa vie, de toute façon, ne lui appartenait déjà plus. Il n'y avait aucun avantage à amoindrir ses insultes.

Ou la réponse du Prince Noir. Celle-ci provoqua une nouvelle réaction violente et, l'espace d'un instant, j'eus craint que ses liens ne tiennent pas. Fort heureusement, un soldat abattit lourdement sa main sur l'épaule de cette dernière, la clouant sur place.

Ce qu'elle dit ensuite n'était qu'insultes et colère. En voyant Aldaron s'adresser à l'autre Graärh, j'abandonnais l'idée de lui offrir une traduction et préférais garder le silence. Écouter la conversation n'était pas aisé de par les éructations de la plus âgée des prisonnières.

Comptait-il être magnanime en apprenant combien de vampires étaient morts sous ses griffes ? Un seul, répondit-elle. Et de façon honnête, à en juger par son museau baissé et les cris de sa congénère.

Avec un certain soulagement, j'observais Aldaron libérer la féline. Celle-ci ne se redressa pas immédiatement, frottant ses poignets meurtris. Son regard était encore chargé de honte, mais un profond soulagement s'y lisait. Qu'allait-il advenir d'elle ? Je me questionnais tout en la regardant s'éloigner sous bonne garde. Quant à sa congénère, le bruit très distinct d'une épée que l'on sort du fourreau me fit frissonner. Devais-je regarder ? Devais-je détourner le regard ? Fermant brièvement les yeux, je préférais finalement affronter les choses en face. En posant mes prunelles sur Aldaron, je le vis décrire un arc de cercle de bas en haut. Trancher une tête n'était pas chose aisée contrairement à ce que beaucoup pensait. Les muscles, la chair, le gras, les tendons… Autant de choses à sectionner avant de parvenir à l'os, lui aussi particulièrement résistant. J'avais déjà vu des bourreaux peu expérimenter devoir s'y reprendre à trois fois avant de réussir leur œuvre. Et dans ces cas-là, la mort était loin d'être rapide et sans douleur.

Mais Aldaron avait la force surnaturelle des Sainnûr. La tête de la féline roula dans la neige bien assez tôt. Compte à son corps, il resta à genoux deux secondes avant de s'écrouler. Malgré le froid, le sang était encore à la température du corps et s'écoulait sur la neige. Il se mélangeait à la boue, tachant la blancheur d'une teinte marron. L'odeur du sang arriva rapidement jusqu'à mes sens. C'était un parfum que je connaissais bien. Trop bien.

Suivant Aldaron, nous nous dirigeâmes vers les maisons suspendues. Elles me rappelaient ma propre demeure, quoi qu'en beaucoup plus spartiate. L'échelle fut rapidement grimpée après avoir métamorphosé mon bâton et, tout en attendant que le Prince Noir me rejoigne, je faisais disparaître mon armure.

Les épaules plus légères, je tournais mes prunelles volcaniques vers Aldaron tandis que ce dernier jetait un coup d'œil en bas. Sa peine semblait réelle. Pas celle d'avoir tué cette Graärh, devinais-je, mais celle d'entrer bientôt en guerre. Il ne le voulait pas, me dit-il comme s'il avait lu dans mes pensées.

Gardant le silence pour le moment, je suivais l'homme à l'intérieur. L'endroit n'était pas très grand, ni aussi confortable que ce dont j'avais eu l'habitude dernièrement. Mais cela m'allait parfaitement.

Puis, avisant sa main depuis l'autre côté du poêle, je m'approchais doucement. Je saisis sa dextre et refermais les miennes dessus, l'attirant contre mon ventre.

— Ce n'est rien, répondis-je finalement, après quelques instants.

Le regard perdu dans les flammes naissantes, il glissa finalement sur le visage du prince. Ce dernier s'était penché pour allumer ce qui nous servirait de chauffage. Et pour la première fois, j'étais à l'initiative d'un court baiser en me penchant vers lui.

— Et cela aussi est la vérité, ajoutais-je pour faire taire tout doute.

Relâchant ses doigts, j'approchais deux chaises près du feu. J'avais besoin d'en sentir la chaleur sur ma peau, raison pour laquelle j'étendais les mains vers le poêle.

— Il y a bien une façon d'éviter la guerre avec les Graärh, commençais-je en songeant aux paroles prononcées par Aldaron un instant plus tôt. Tu peux défier L'Aaleeshaan Illidim en combat singulier. Je posais mes prunelles sur Aldaron, joignant mes mains ensembles tout en posant mes coudes sur mes genoux. Un combat de chefs. Tu n'es pas un Graärh, mais ils ne sont pas assez bêtes pour ne pas te reconnaître le droit de provoquer Illidim en duel.

Tendant la main vers le feu, je commençais à faire danser une flamme au bout de mes doigts, puis au creux de ma paume. Elle prenait de l'ampleur au fil des secondes. C'était l'image de ce qu'il pouvait arriver si la situation s'envenimait avec les Trands.

— Refuser ta provocation couvrirait Illidim de honte et la rendrait indigne de diriger, ce n'est donc pas une option envisageable pour elle.

La flamme s'éteignit avant de devenir trop importante lorsque je refermais mes doigts sur elle.

— Il te suffit de la vaincre en combat singulier. Quelque chose que je sais à ta portée.

descriptionLa guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron] EmptyRe: La guerre est au bout du chemin [Vex & Aldaron]

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La sainnûr lui pardonnait et Aldaron lui rendait son baiser sincèrement, bien que son esprit fût préoccupé par la problématique que lui posaient les graärh. Il avait l’air dans ses pensées, présent sans l’être complétement et allumer le feu de la cheminée lui donnait l’air presque vivant. Cela lui occupait les mains, machinalement, tandis qu’il écoutait Vex’Hylia lui soumettre l’idée de défier Illidim en duel. A dire vrai, il y avait déjà songé, puisqu’il avait prévenu Nessraya et lui avait demandé si elle souhaitait être présente ce jour-là. Plus qu’un duel pour résoudre le conflit, c’était aussi une question de place. A défier une Kamda Aaleeshaan, il serait légitime pour régner sur la terre gelée. Les natifs qui voudraient rester devraient ployer le genou devant sa couronne. Certain le feraient probablement, car au fond, il était élu par l’Arbre-Songe et que les Licornes étaient sous son commandement. D’autres le refuseraient et il devrait se montrer ferme en les expulsant.

L’ancien vampire vint s’asseoir sur la seconde chaise que Vex’Hylia avait rapportée. Elle était de bon conseil et il trouvait plaisant qu’elle ait songé à cette solution. On disait souvent que les grands esprits se rencontraient : il fallait croire que leur esprits faisaient bien plus que se frôler. Il était impressionné, et dans un même temps, la sagesse elfique ne surprenait plus vraiment, bien qu’elle soit parfois très conservatrice. « J’avais prévu de m’y rendre avec Nahui et Nessraya, la graärh qui protège mes enfants. Elle a perdu son fils et la légion ne lui a pas laissé son deuil. Elle est partie et a marché jusqu’à Cendre-Terre quand Achroma régnait encore, les ossements de son petit portés dans son dos. Je lui avais promis qu’un jour viendrait où elle pourrait voir Illidim trépasser et montrer à ceux qui furent les siens qu’ici, elle a le droit d’être celle qu’elle est : une femme protectrice envers ses enfants. Je ne pensai pas, à ce moment-là, que cela se réaliserait véritablement un jour… » Il n'avait été, à l’époque, que l’époux silencieux du Prince Noir qui tranchait des têtes pour rendre la justice en son nom. « Ni que cela arriverait si tôt. »

Il se leva de sa chaise pour venir se placer dans le dos de la sainnûr et de poser ses deux mains sur ses épaules. Il dégagea ses cheveux roux de l’une d’elle pour caresser du regard sa nuque. « Voudras-tu venir avec moi ? » lui demanda-t-il. « Pas en tant que sélénienne, bien sûr… A visage caché, cela te préservera toi et la relation diplomatique de ton peuple avec les autochtones. Tu porteras ma cape, mon blason. » Il eut un furtif sourire en coin, en songeant à cela, se disant que Mme Doubtfire y verrait la marque d’un mariage. Au fond, c’était ainsi que lui-même avait reçu cet emblème sur son dos. L’Arbre de Vie était l’emblème des Elusis, d’Achroma. Lorsqu’il s’était marié, l’ancien millénaire avait posé sur ses épaules une cape avec son blason. Aujourd’hui, Aldaron s’en servait souvent en symbole de protection à ceux à qui il offrait sa cape mais il n’oubliait pas que cet emblème était celui d’un mariage.

« Même si ce duel est à ma portée, et que Nahui sera à mes côtés, je me satisferai d’une soigneuse, à mes côtés, lorsque cela sera fini. Et un peu plus qu’une soigneuse, en vérité. » Une amie, une amante, quelqu’un pour lui rappeler que malgré le sang, il avait fait le bon choix et ne s’était pas perdu en chemin. S’était-il perdu ? Il se pencha pour déposer un baiser dans son cou, délicatement : « Tu es libre de refuser. Tu vas déjà avoir beaucoup à faire, avec le sérum. Et ce n’est pas vraiment l’excursion la plus romantique qu’on puisse proposer à une femme mais… Jusqu’à ce que les Couronnes de Cendres soient défaites ou atteignent leur objectif, ma vie risque d’être une succession de champs de bataille… »

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Peut-être avait-il déjà songé à cette option pensa Vex'Hylia en caressant le profil d'Aldaron de ses prunelles volcaniques. Sans doute, se convainquit t-elle en l'observant s'asseoir sur la seconde chaise. Appréciait-il la chaleur du poêle à présent qu'il pouvait réellement la sentir sur sa peau ? Quant à cette confrontation, qu'en disait-il ?

De son côté, Vex'Hylia n'ignorait pas le rapprochement entre les Graärh de Néthéril et l'Empire qu'elle servait. Elle savait qu'il était préférable pour elle de ne pas être aperçu à ce duel s'il y avait lieu. Par mesure de précaution. Toutefois, elle souhaitait en être témoin si c'était cette solution qu'Aldaron décidait de choisir. Surtout par curiosité, elle se l'avouait sans gêne. Ce combat était l'occasion d'apercevoir les capacités d'Aldaron, lui qui lui avait dit un peu plus tôt qu'elle n'était certainement pas à la hauteur pour rivaliser. Illidim le pouvait-elle, dans ce cas ? Une autre raison était l'occasion de vivre l'Histoire. Et enfin, la dernière était sans doute la plus puérile des trois… Mais elle s'inquiétait pour lut, encore plus après le rapprochement qui avait eu lieu dans la forêt.

Le suspens prit fin lorsque le Prince Noir indiqua qu'il avait déjà décidé d'agir de la sorte et d'être accompagné par Nahui et Nessraya. La dragonne n'était certainement pas inconnue à Vex'Hylia… encore moins après leur petite discussion. Quant à la Graärh, son nom n'était pas inconnu à l'immaculée. Son visage, en revanche, l'était. La guérisseuse n'avait jamais eu l'occasion de croiser la gardienne lors de ses quelques passages en la demeure d'Aldaron, ces derniers temps. Ce qui, en y pensant, était tout de même assez surprenant.

— S'occuper des petits n'est pas dans l'habitude des femelles, chez les Graärh. Je comprends que cela ait posé problème auprès de la Légion lorsqu'ils ont péri.

Comment n'était pas la question. Quant à ces quelques propos, ils démontraient une fois de plus que Vex'Hylia s'était intéressée aux autochtones et à leurs coutumes. Enfin, en tant que mère, elle arrivait à se mettre aisément à la place de Nessraya et compatissait à sa douleur. La Sainnûr ne pouvait pas imaginer la douleur que la perte de Kyla pourrait engendrer.

— Pauvre mère…

Ce n'était qu'un souffle, mais à lui seul il démontrait que Vex ne restait pas insensible à la douleur de cette personne que, pourtant, elle ne connaissait pas. Si ses propos précédents avaient été dénués de tact et énoncés sur un ton égale, il n'en était rien concernant ces deux mots.

— S'il y a une chose que j'ai bien apprise depuis que je foule les terres de cet archipel, c'est que nos plans se déroulent rarement comme nous l'avions prévu ou imaginé de prime abord…

Disant cela, elle leva son bras gauche pour venir chercher la main d'Aldaron qui reposait sur son épaule. Elle l'avait laissé se glisser derrière elle sans crainte. Quant à ce qu'elle sous-entendait, cela pouvait être plusieurs choses. Comme se remettre - plus rapidement qu'elle l'avait escompté - de la disparition du Siel qu'elle avait épousé. Elle refusait de dire qu'il était mort… Même si, d'un certain point de vue, c'était le cas. Son rapprochement avec Aldaron découlait de ce fait. Ou alors, c'était sa guérison qui découlait de cela ?

Peut-être un peu des deux, finalement.

Revenant au présent, Vex prit conscience de sa nuque exposée au regard d'Aldaron. Elle frissonna tandis qu'il l'invitait à venir. C'était exactement ce qu'elle avait espérait et, pourtant, un léger sentiment d'appréhension venait de s'emparer d'elle.. Mais, plutôt que d'acquiescer immédiatement, la Sainnûr prit le temps de serrer doucement les doigts qu'elle tenait toujours entre les siens. Ce geste laissa au Prince Noir l'occasion de poursuivre et de préciser qu'elle ne pouvait venir à visage découvert. Sans le savoir, il rejoignait ici les pensées que Vex'Hylia avait eues précédemment.

En revanche, elle ne s'était pas attendue à ce qu'il la prenne sous sa protection. Sous son emblème. Pour Vex, qui venait aussi d'une famille noble, laisser un autre arborer le blason des Aërendhyl avait toute une symbolique. Et de cela, elle était pleinement consciente. Peut-être Aldaron n'y prêtait pas autant d'importance qu'elle. Ou peut-être que si et, alors, s'en amusait-il.

Troublée, elle fut obligée de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.

— Je comprends que cela est une protection… Mais ce geste ne rêvait-il que cela ? Si je devais placer le blason Aërendhyl sur tes propres épaules, cela ne serait pas sans une profonde signification… Ni conséquences. Est-ce bien sage ? Si cela s'apprend…

Son ton ne revêtait aucune peur… Seulement de l'inquiétude. Pour elle comme pour lui. Aldaron devait bien avoir des détracteurs au sein de son royaume… Des gens prêt à utiliser n'importe quel geste un peu déplacé du Prince Noir pour le retourner contre ce dernier. Et puisqu'elle était proche de Claudius, c'était une occasion à ne pas manquer.

Elle pouvait encore y aller sous les traits que le Canidae pouvait lui prêter… Mais cela était que temporaire.

Et avait-il, un jour, songé à prendre un autre nom ? Elusis était celui d'Achroma, pas le sien. Que se passerait-il si, un jour, il se mariait à nouveau ?

— Je viendrai, lui répondit-elle alors qu'il glissait ses lèvres contre son cou.

Les paupières closes, elle pencha légèrement la tête pour lui offrir un meilleur accès à sa gorge. En même temps, elle sentit une agréable chaleur se répandre dans son ventre. C'était autant agréable pour son corps que son esprit et, à cet instant, elle ne songea pas une seule fois à se dégager. Au contraire, elle en voulait plus. Même si cela n'était pas raisonnable, il était si bon de se sentir en vie.

— Je ne suis pas aussi superficielle, lui dit-elle dans un murmure lorsqu'il déplora le manque de romantisme de sa demande. J'apprécie les balades au clair de lune, mais…

Elle tourna la tête et croisa ses prunelles verdoyantes.

— Je chéris davantage la confiance que tu places en moi en me demandant d'être à tes côtés.

Elle esquissa un sourire, puis se pencha. De ses lèvres, elle effleura les siennes. Au même moment, Vex délaissa la main d'Aldadon pour guider celle-ci vers son visage et caresser doucement sa joue. Elle le couva d'une douce œillade.

— La vie est un combat de tous les instants. J'aime que tu sois homme à demander de l'aide lorsque cela est nécessaire. Cela en dit long sur quel genre de personne tu es.

Glissant ses doigts jusque dans ses longs cheveux, elle détourna le regard et lui offrit de nouveau son cou. L'invitation était claire et la verbalisait aurait sans doute gâcher l'instant.

— Que sais-tu d'Illidim ? À ta magie exceptionnelle, elle opposera sans doute les pouvoirs tout aussi redoutables d'au moins trois esprits liés. Et sans aucun doute est-elle aussi bonne guerrière que toi. Elle sera également sur son terrain… Mieux préparer au froid glacial que tu l'es désormais… Mais tu es sans doute plus futé et tu ne manques pas de ressources.

La préparation allait être particulièrement importante. Il n'y avait pas vraiment place à l'erreur. L'improvisation devait intervenir pendant le duel, mais Aldaron devait mettre toutes les chances de son côté en se préparant adéquatement au préalable. Quant à Vex, elle était prête à l'aider à songer à une stratégie. Elle n'avait rien contre les Graärh - ou Illidim elle-même - mais elle ne voulait pas voir Aldaron perdre et, forcément, périr. Même si elle n'était pas une Erlië, ce peuple était composé des derniers Elfes et Sainnûr ayant vécue sur Keet-Tiamat. D'un certain point de vue, ils étaient aussi son peuple.

Vex'Hylia se trouvait au départ d'une pente bien raide…

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