À la source [PV Reynagane & Ilhan]

Le fond de l’air était frais, en mer, mais terre était bientôt en vue. Belethar avait pris son bateau pour quelques jours.

Si d’ordinaire son esprit-lié du pingouin lui suffisait à accomplir ses déplacements personnels, le baptistrel ayant le frisson de l’aventure et voulant explorer également chaque recoin des mers prenait de temps en temps son navire que lui avait si gentiment offert son presque-frère. Mais aujourd’hui, l’aventure n’était pas vraiment la raison de pourquoi le Baptistrel se trouvait sur son navire. Enfin, encore que... pensait-il d’ailleurs . Belethar, en sa qualité de gardien de l’ordre baptistral était attendu ce jour-ci à Tiamat, dans le sanctuaire sacré du Baôli.

Une visite officielle donc, qui exigeait des apparences marquées, et un respect strict du protocole. Et pour cause, il ne faisait pas ce voyage sans raison : c’était une visite préparée conjointement avec Ilhan, son compagnon de toujours, et avec Reynagane, la désormais nouvelle Gardienne du Baôli et … grande amie ? Du Baptistrel. Belethar avait hésité. Les souvenirs de la visite de Reynagane au Domaine étaient encore marqué dans son esprit. Pouvait-on vraiment qualifié « d’amitié » les sentiments qu’il avait eu là-bas, ainsi changé en quelqu’un de leur espèce ? Il avait été fondamentalement la même personne, mais ce qu’il avait senti, c’était comme voir quelqu’un sous un tout autre angle, comme si on avait dévoilé un grand bâtiment caché par un drap.

Belethar secoua la tête. Ça n’était pas vraiment ni le lieu, ni le moment de penser à tout cela. Car en l’occurrence ils n’allaient pas franchement en vacances, tous trois. Ce qu’ils avaient vu a Althaïa, et ce qu’on reportait de ce qu’il s’était passé à Nyn-Tiamat, cela les avaient tous trois bouleversés.

Les Couronnes de Cendre étaient encore empli de mystères. Même si tous trois connaissaient maintenant bien le sujet, des non-dits existaient encore, tout autant que de véritables solutions sur comment aborder les conflits à venir. Alors tous trois, ils avaient décidé d’aller au cœur du problème, là où tout avait commencé, et là où des pistes inexplorées restaient encore.

Il avait été question plusieurs fois d’une personne enfermée dans la glace, dans ce sanctuaire qu’était l’île de Tiamat. Belethar, Reynagane et Ilhan voulaient en apprendre plus sur elle. Qui elle était, si une partie de son héritage subsistait et si des informations pouvaient les aider à vaincre Laalach et ses acolytes.

Ainsi donc, Ilhan et Belethar, en tant qu'étranger non-poilus durent écrire une missive aux deux légions encore influentes sur l’archipel, demandant l’autorisation d’accès à l’île. Un protocole nécessaire, mais les légions n’opposèrent pas vraiment de difficulté : ils étaient tous deux proches de Reynagane, la gardienne, et pour ce qui concernait Belethar, son serment de Baptistrel l’obligeait a une certaine attitude non-violente.

Ainsi donc ils avaient eu leur autorisation d’accès, et voici que les trois compagnons allaient s’aventurer dans un lieu hautement chargé d’histoire pour, peut-être, collecter de précieuses informations leur permettant d’y voir encore plus clair.

Mais pour l’heure, Belethar était encore seul, sur son navire. Enfin seul, pas tout à fait, car son bateau prenait plaisir de temps en temps à répéter sa petite chanson :

« Pipe pipe pipe, pipe et jambe de bois ! »

Chaque fois qu’il poussait la chansonnette, Belethar avait un petit sourire songeur. Il ne savait pas s’il devait maudire de tous les noms Valmys d’avoir inscris ce sortilège sur ce bateau en ne prenant exprès qu’un fragment de chanson rentrant en tête et ne partant qu’après plusieurs jours sans côtoyer ce même navire, ou bien le bénir car malgré tout, cela avait le don de détendre au moins un petit peu l’atmosphère. Car la situation avait beau être grave et leur mission de la plus haute importance, il était amusant de voir que ce bateau qui n’avait qu’un ersatz de conscience pour certaines choses seulement ne prenait absolument pas tout le contexte du voyage en ligne de compte.

Après quelques instants à voguer comme cela seul, Belethar sentit finalement une petite torsion de la trame, qui émanait du pont principal. Le baptistrel relâcha alors la maîtrise du bateau, qu’il faisait par la pensée, et fit signe à un autre navigateur compétent qui se trouva non loin de lui de prendre la barre.

Alors qu’il relâcha le contrôle, la torsion se fit plus grande jusqu’à voir un portail sur son navire. Portail duquel sortirent ses attendus et valeureux compagnons, puis ce dernier se dissipa complètement. Miracle de la magie, Ilhan et Reynagane avait rejoint le Baptistrel en un rien de temps, comme convenu.

Il ne fallu pas plus de temps pour que Belethar fasse une grande accolade à Ilhan, à qui il glissa une salutation typique d’Althaïa. L’Espérancieux savait à quel point ce genre de choses étaient importantes pour lui. Il ne savait pas comment il se sentait, alors peut-être qu’un mot sympathique aiderait à le détendre.

Il s’enquit de savoir comment il allait, et si le processus ne l’avait pas trop fatigué, puis une fois ces réponses apportées, il se tourna vers Reynagane, et lui accorda aussi une grande étreinte sincère. À elle, il lui fit dans un murmure :

« Je suis heureux que tu nous laisses entrer dans le berceau de ta civilisation » pour le côté formel de la chose … Puis il lui fit une petite embrassade, avant d’ajouter « Et je suis heureux que tu sois là, avec nous » pour le côté personnel auquel Belethar tenait.

Belethar n’eut cependant pas le loisir d’aller plus loin dans la discussion, car aussitôt eut-il fini de saluer ses deux compagnons, que son bâteau fit dans un petit cri :

« Terre en vue ! J’espère que cette fois-ci, je ne serais pas à côté de vieux rafiots ! »

Le Baptistrel eut un petit sourire, et regarda aux alentours : effectivement, il voyait que non loin, l’île de Tiamat et son grand volcan caractéristique se dressait devant eux. Il donna ensuite une petite explication à Reynagane sur pourquoi son bateau réagissait ainsi – car son presque frère était l’instigateur de cette farce – :

« Mon bateau … Parle, grâce à la magie. Il n’est pas exactement conscient comme nous, mais parfois il communique des informations, il chante … Et il semble faire une fixation sur le fait qu’il est à côté d’autres de ses congénères bateaux la plupart du temps, au port de Caladon. C’est un peu aléatoire. Mais je n’ai généralement pas de mal à repérer s’il ment, ou pas. »

Belethar eut un petit sourire et un haussement d’épaules : la nature d’un baptistrel était ainsi faite, aucun mensonge ne leur échappait, quand bien même cela devait leur faire mal. Sur ces entrefaites, il regarda Tiamat qui se rapprochait de plus en plus au fur et à mesure de leur discussion. Il prit la patte de Reynagane, avant de dire :

« Je te laisse l’honneur et le privilège de descendre en premier de mon navire ? Tu pourrais nous présenter à la garde comme cela. Pas que je sois timide … Mais je pense que ce sera mieux si tu le fais toi. »

Parce que Reynagane était gardienne. Parce que les Graärhs étaient l’alpha et l’omega de cette situation qu’ils connaissaient depuis plusieurs mois maintenant. Parce qu'il fallait aller chercher le mal à la source.

Reynagane Shäa vérifiait pour une énième fois ses préparatifs. Peu de temps la séparait sa discussion avec Ilhan au sujet du nouveau quartier qui était en train de naître en Caladon et comme il en avait été convenu, il allait bientôt être l'heure de s'en aller pour Tiamat.

Ce voyage était très important aux yeux de la graärh qui allait se retrouver une nouvelle fois en compagnie de ses camarades de longues dates maintenant. Bientôt, dans quelques minutes à peine alors que Seigneur Avente revenait vers elle, ils passeraient un portail et arriveraient si tout ce passait comme prévu à bord de navire de Belethar Espérancieux.

Aujourd'hui, l'heure était à de nouvelles recherches. Beaucoup de choses s'étaient produites depuis sa nomination en tant que Purohit Rakshak. Suite aux révélations d'Udyog et à sa propre découverte du Baôli lorsqu'elle s'y était rendu pour la première fois, Reynagane n'avait de cesse de penser à la graärh des neiges et dernière Couronne qui s'était sacrifiée pour sauver sans aucun doute l'archipel toute entière de l'éruption. L'expédition qui allait débuter plongeait une nouvelle fois la graärh et ses amis dans l'inconnu et sans dire de mots à voix haute, Reynagane avait une grosse pression qui lui écrasait les épaules en ce jour. Nouvelle gardienne du Baôli, elle qui arrivait un peu de nulle part allait pénétrer dans ce lieu aussi sacrée qu'unique pour essayer de creuser ses mystères. Le truc, c'est qu'elle en était la gardienne. Alors si en pénétrant dans le Baôli pour essayer de trouver de nouvelles réponses, elle ne faisait qu'engager un danger mortel au culte, la gardienne deviendrait tout l'inverse de ce qui lui avait été confié. Il y avait de quoi être un poil effrayé à cette idée. Mais les jeux étaient fait, les dérogations et demandes aux graärhs des tribus avaient été accepté, plus personne de pouvais faire marche arrière.

Lâchant un soupir en ajustant une dernière fois sa grande tenue de voyage, deux petites mandibules s'étalèrent au-dessus de son champ de vision. Relevant les yeux, Archaon perché sur le haut de sa tête et prenant une place conséquente lui lançait un regard d'encouragement avec ses multiples petits yeux malicieux.

L'althaïen l'a rejoignit  que peu de temps après et après une nouvelle petite salutation et un sourire déterminé, Ilhan ouvrit un portail et tout deux s'y engagèrent.

Le voyage fut... très déroutant pour la féline. Première fois qu'elle traversait une aussi longue distance en aussi peu de temps et ce n'est que lorsque ses yeux se levèrent vers les voiles du navire que tout prit soudain sens.

Tournant sa tête féline vers Ilhan, Reynagane s'arrêta en chemin sur Belethar, maître du bâtiment sur lequel ils voguaient, qui arrivait pour les saluer. Une torsion au cœur, quelques moustaches frémissantes, la graärh resta malgré cela stoïque quand à la nouvelle vision de son tendre ami. Suivant son étreinte, Reynagane lâcha un léger ronronnement avant de se reculer en entendant le bateau s'exclamer. « Terre en vue ! »

Plissant les yeux en calmant les battements de son cœur qui avait fait une légère envolé face à la surprise. Le baptistrel prit soin  de lui expliquer d'ou provenait la voix. Tournant un regard vers Seigneur Avente d'un air amusé, la graärh ne se gêna pas d'ajouter :

- En commençant à bien vous connaître tout deux, voilà qui ne m'étonnes absolument pas déclara t'elle joyeusement.

Le bateau ajouta sur un ton sarcastique un commentaire et Reynagane se tourna alors vers Tiamat qui se rapprochait à toute vitesse. Son air enjoué s'envola aussitôt et une expression dure s'installa. Archaon qui se tenait à ses pattes se déplaça de sorte de pouvoir admirer lui aussi le volcan dans toute sa splendeur.
Le contact de la main de Belethar dans sa patte la ramena à la réalité. Regardant Belethar lorsqu'il l'invita à descendre la première, la graärh serra un peu plus fort sa main en hochant la tête.

- D'accord. Des Shikarees nous attendent si tout vas bien et son prêt à nous accueillir.

En passant son attention d'Ilhan à Belethar, Reynagane se gonflait d'assurance. Ils étaient là depuis le début. On avait beau dire ce que l'on voulait, le contact qu'elle avait avec le Cawr lui affirmait un peu plus encore la réussite de leur expédition.

- Les graärhs qui nous attendent vont sûrement vous paraître méfiant vous vous en doutez. Moi même, je n'ai eu que peu de temps pour y aller et je ne peux pas dire que la première fois se soit passé dans la meilleures des ambiances. J'ai l'habitude dira t'on. Les félins que nous allons rencontrer sont pour la plupart de valeureux guerriers et nombreux volontaires travaillant d’arrache pattes pour le Baôli. Si je suis la gardienne du Baôli, je pense que l'angoisse que je ressens face à ce voyage doit être aussi important chez les félins de Tiamat, déclara t'elle à ses amis alors que l'île n'était plus qu'à quelques pieds seulement.

Le bateau ralenti, non pas sans dialogue et l'heure de le quitter sonna. Au sein de l'île, la base même des deux Légions graärhs s'étaient étendus en une bases militaires importantes. Tentes de tissus s'élevaient un peu partout et une large population de graärh de différentes ethnie vivaient ici. À regarder le volcan gigantesque au-dessus d'eux, Reynagane sentait son esprit vibrer. Une connexion avec le passé à portée de pattes caché sous la glace. Se dire que Verith de l'Ire avait trouvé Dwëmmer en ce lieu. Se dire que la cinquième Couronne se trouvait peut-être quelque part sur cette île. Se dire que la vie de ses ancêtres s'était joué ici.

Un frisson parcourut l'échine de la femelle qui se força à prendre un air solennel pour descendre du pont. Ses amis étaient derrière, elle n'était plus seule. Renforcée, la graärh s'avança autour de félin venu saluer la gardienne. Leurs regards étaient, comme elle l'avait envisagé méfiant. On pouvait sentir l'incertitude planer dans l'air. S'avançant, en lançant des regards chaleureux et en s'assurant que ses amis l'a suivait, la graärh s'arrêta en face d'une grande femelle au pelage gris et d'une espèce de mastodonte au regard féroce et au pelage doré comme le soleil. Akanza Dyanthesh et Bakugo'nn, deux graärhs volontaires à la direction des travaux et des restaurations.

Les saluant de manières formelles, Reynagane montra ses amis.

- Purohit Rakshak. S'exclama le grand mâle en plaquant son énorme patte contre son cœur.

Akanza Dyanthesh avait un air fin mais également très fermé quand au deux visiteurs inconnus c'est pourquoi Reynagane brisa le silence qui venait de s'installer par les présentations.

- Mes amis, je vous présente Akanza Lune d'Argent et Bakugo'nn. Voici Seigneur Avente, conseiller de Caladon et Belethar Espérancieux le gardien du domaine baptistral. Ces deux personnes ont mon entière confiance s'adressa t'elle aux deux généraux en les regardant dans les yeux, je suis certaine que vous saurez sentir la bienveillance de leur venue en ce lieu.

Laissant ses amis se présenter comme à leur convenance, Reynagane ne reprit la parole qu'une fois que tout semblait être en ordre.

- Commençons.

Des retrouvailles avec des amis proches étaient toujours un événement que Belethar appréciait. Aussi, même si les conditions n’étaient pas des plus idéales, cela réchauffait au moins le cœur de Belethar de voir Ilhan et Reynagane ainsi réunis sur son bateau.

Hélas, ils n’eurent pas tellement de temps que cela pour discuter de la pluie et du beau temps (et d’une façon générale d’autres sujets que de la mission qui les amenaient à être réunis aujourd’hui), car la véloce frégate avait trouvé terre peu de temps après leur arrivée. Tout juste eut-il l’occasion d’écouter les avertissements de sa camarade poilue :

— Les graärhs qui nous attendent vont sûrement vous paraître méfiant vous vous en doutez. Moi-même, je n'ai eu que peu de temps pour y aller et je ne peux pas dire que la première fois se soit passé dans la meilleures des ambiances. J'ai l'habitude dira-t-on. Les félins que nous allons rencontrer sont pour la plupart de valeureux guerriers et nombreux volontaires travaillant d’arrache pattes pour le Baôli. Si je suis la gardienne du Baôli, je pense que l'angoisse que je ressens face à ce voyage doit être aussi important chez les félins de Tiamat.

Elle avait également précisé que des Shikaree seraient prêts à accueillir le trio. Belethar acquiesça, et répondit à Reynagane :

— Très bien. Ne t’en fais pas. Je ne peux pas te garantir qu’on ne touchera à rien une fois à l’intérieur du Baôli, mais je peux en tout cas te certifier que nous ne ferons pas de mal à ceux qui t’aident à surveiller le sanctuaire. Tout ce qu’on veut, c’est nous présenter à cette personne enfermée à la glace, et qu’elle réponde à nos questions.

Belethar eut un petit regard vers l’île qui se rapprochait, et rajouta, d’un ton presque las :

— Enfin si elle est encore en état de parler bien sûr. Non pas que je ne crois aux mythes de ton peuple, mais si tout est comme cette grande forge sur Calastin où tout fonctionnait de façon un peu aléatoire …

Belethar eut un petit rire, se rappelant avec un soupçon de nostalgie de cette aventure. Oh non, il n’espérait pas que tout serait comme ça. Et après tout cet endroit était un lieu sacré, alors y voir un tel déferlement de technologie serait étrange. Ou peut-être pas. Cela pouvait sembler un peu « barbare » pour le baptistrel, mais tout à fait normal pour les graärh d’il y a quelques années …

Leurs cultures semblaient si différentes avec ce qu’ils étaient à présent, qu’il était compliqué pour le baptistrel d’émettre un jugement vraiment clair sur ce que définissait vraiment les valeurs de ce peuple, hormis quelques fondements qu’il avait appris en côtoyant leurs voisins sur Néthéril.

Toujours est-il que ces questions pas franchement pertinentes permettaient de meubler encore quelques instants, laissant le temps aux marins de correctement amarrer la frégate au beau milieu de la petite ville qui s’était construite, là aux pieds du volcan.
Enfin « ville », il fallait rapidement le dire, car les yeux de l’architecte que Belethar eut tôt fait d’analyser tout ce qui se trouvait par ici : un amoncellement de tentes principalement, qui laissait à penser qu’il s’agissait plutôt d’un poste de garde plutôt qu’une véritable ville. Les Graärh ne badinaient pas avec la sécurité de cet endroit, mais après tout le baptistrel trouvait cela normal : eux non-plus ne lésinaient pas sur ces normes-là. Si aucuns gardes ne protégeaient vraiment le domaine, il y avait tout un système de défense, et bien sûr personne ne pouvait y rentrer armé. Normal donc, de trouver des militaires en cet endroit sacré. Ils devaient tous être animés de la foi religieuse de toute façon.

Comme Belethar l’avait prévu, se fut Reynagane qui descendit d’abord du vaisseau, puis L’Espérancieux et Ilhan emboitèrent le pas. Si son amie poilue ne semblait pas des plus rassurées, Belethar lui posa une petite main sur l’épaule, pour faire signe de sa présence et qu’elle pouvait marcher dignement : ils allaient avoir besoin d’elle aujourd’hui, il n’était pas question qu’elle défaille !

Comme Reynagane l’avait envisagé, les Graärhs eurent des regards méfiants envers les sans-poils. Ayant anticiper la question, Belethar s’était arrangé pour passer autour du cou son insigne de Baptistrel : peut-être que certains graärhs qui se trouvaient ici avaient vécu à Nethéril, et serait tout à fait capable de comprendre cet emblème, et ce qu’il signifiait. Un baptistrel n’était pas ici pour faire du mal, et ainsi allait généralement de pair avec le groupe qui l’accompagnait. Si au moins cela pouvait leur garantir qu’on ne fasse pas preuve d’animosité en leur égard …

Deux graärhs vinrent spécialement saluer Reynagane, une femelle et un mâle. Probablement les généraux locaux. L’un d’un pelage gris, l’autre d’un pelage d’or. Belethar se garda pour lui-même toute réflexion quant à la Légion du même nom, ne voulant pas faire mauvais genre, et trouva plutôt la situation amusante. Dans le principe, on aurait presque dis comme cela qu’ils représentaient deux entités opposées, comme le Soleil et la Lune. Et cela se confirma presque quand Reynagane fit les présentations :

— Mes amis, je vous présente Akanza Lune d'Argent et Bakugo'nn. Voici Seigneur Avente, conseiller de Caladon et Belethar Espérancieux le gardien du domaine baptistral. Ces deux personnes ont mon entière confiance. Je suis certaine que vous saurez sentir la bienveillance de leur venue en ce lieu.

Belethar s’inclina légèrement à la suite de ces présentations, et se risqua à prononcer quelques mots en langue Graärh :

— Je … suis … honoré de … vous rencontrer !

Le baptistrel rougit quelque peu. Il estimait qu’il était de bon aloi d’avoir appris ces quelques mots, pour montrer qu’il respectait la culture des personnes surveillant ce temple sacré, et surtout de montrer qu’il était aussi proche des graärhs, tant géographiquement que par la pensée. Sans doute que son presque-frère et Reynagane auraient quelques petites choses à redire quant à l’élocution du baptistrel qui était loin d’être parfaite, mais l’intention était là.

Pour le reste, et une fois qu’Ilhan s’était présenté de son côté, Belethar repris en un commun plus classique, à l’intention d’Akanza, Bakugo’nn et Reynagane :

— Je vous remercie encore d’avoir accepté de nous ouvrir les portes de votre sanctuaire. Vous savez pourquoi nous sommes ici. Nous souhaiterions visiter le Baôli, et particulièrement rencontrer la personne qui … Dormirait ici, dans la glace. Ou tout du moins connaître son histoire. Nous autres combattons tous les Couronnes, et nous estimons que connaître ce fragment de votre passé serait de la plus haute importance pour mener habilement ce combat. Une fois que nous aurons eu nos réponses, nous partirons. Ce sera aussi simple que cela.

Belethar posa une question muette en regardant tous : si tous n’a vaient rien de plus à dire quant à ces remarques, alors ils pourraient avancer. Cela étant, les gardes qui accompagnaient Reynagane semblaient au courant, et acceptaient cela.

Plus qu’une chose à faire dès lors : s’engouffrer dans le baôli, et découvrir ses mystères, ce que le petit groupe fit.

Un léger sourire sur les babines, aussi fugace qu’une brise marine, le visage de Reynagane se durcit par les responsabilités qui les attendaient en tournant son regard vers le volcan. Elle et ses amis attendirent d’avoir le feu vert pour s’avancer sur le sentier qui menait à l’intérieur du Baôli.
Y avait-il une certaine tension dans l’air de l’île ? Comme le sillage d’un navire, visible mais intouchable. La graärh le ressentait au plus profond de ses entrailles, mais elle se tairait. Elle garderait au fond d’elle ses perceptions car l’heure n’était bel et bien plus aux angoisses et peurs.

Encore aujourd’hui, des graärhs s’acharnaient au bon déroulement des travaux et rénovations. Lorsque le groupe pénétra au sein du Baôli, Reynagane sentit ses poils se hérisser légèrement en sachant tout les évènements qui s’étaient déroulé ici par le passé. Tout. Bien piètre mot elle qui ne connaissait en vérité vraiment pas grand-chose.

Reynagane et ses amis avancèrent donc sur le sentier principal menant au coeur du volcan. Encore ici et là, des morceaux de glaces aux scintillements ancestraux gisaient sur les parois. Un souffle glacial ébouriffa la tignasse de la féline lorsqu’ils entrèrent. À l’intérieur, l’environnement tout entier avait littéralement était figé par la glace et de ce fait, par le temps. Des fresques encore intactes ou encore des meubles d’une finesse fantomatique pouvaient être aperçut en train d’être étudier. Reynagane devait tenir. Tenir, de cet air du passé portant une lourde histoire, tenir pour ne pas avoir les larmes lui monter aux yeux. La tension de l’extérieur semblait soudainement s’être dissipé. Seul le bruit des graärhs étudiants les diverses cavités amené un souffle de recueillement. D’une pensée discrète, Reynagane pensa que cette vie aurait été parfaite pour elle. Le sort en avait bien décidé autrement, osa t’elle penser en plaçant un petit sourire en coin.

Le groupe arriva alors au bout du tunnel principal où de là, un vieux graärh semblait les attendre.

« Purohit Rakshak »

Reynagane se hâta de saluer Gastaar Lukin sous le protocole strict en échangeant un regard remplit de chaleur et de respect envers ce dernier. Prenant le temps de présenter ses amis, ses oreilles se pointèrent en avant lorsque Maître Gastaar plongea sa patte dans une sacoche. L’étui qui l’en ressortit était chargée d’une magie puissante qui intrigua rapidement la féline. Au nom de Svarhaadhipati et de l’allusion à  Dwëmmer, Reynagane se saisit avec une certaine angoisse le cylindre. Léger, rempli de secret, Reynagane se demandait bien ce que le Géant de Feu avait à lui transmettre. Saluant le graärh avec grande politesse, plus que se que lui autorisait son nouveau « titre », (vieille habitude), la féline ouvrit l’étui avec grande sûreté.

- Très chaud ?

Et effectivement, en ouvrant l’étui, on avait l’impression qu’un brasier se réveillé à l’intérieur. Cette chaleur provenait d’un parchemin soigneusement enroulé aux émanations magiques très puissantes. Reynagane hésita une seconde avant de prendre le papier entre ses coussinets. Elle se doutait que Verith de l’Ire ne lui avait pas confier un parchemin intouchable au point de se brûler au troisième degrés. Mais c’est quand même très chaud pensa t’elle très fort.

- Que pensez-vous de cela mes amis ?

Reynagane était loin d’être une experte et quel chic, elle avait à ses côtés des personnes bien plus expertes qu’elle en la matière.