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La Dame des Cendres
.. Prologue.


Qu'est-ce qu'il y avait d'agréable à errer dans les bois, une nuit avec une lune pâle ? Elle était un esprit nocturne et la nuit éveillait en elle le besoin primaire des vampires : le sang. Et quel plaisir il y avait à traquer les voyageurs imprudents ? Bon nombre, par simple amusement plus que par faim. Malgré qu'elle soit plus paisible qu'un nouveau-né elle avait encore aisément le goût du sang.

Elle les traités dans tout ça ? Elle s'en moquait tout simplement et il en avait toujours été ainsi, elle était bien trop individualiste pour s'en faire à ce sujet, le traité n'avait pas été fait de sa main et dans un but unique de priver et de tromper les vampires cela faisait donc au moins deux bonnes raisons de ne pas le respecter. Et quand bien même qui irait lui reprocher ? Les morts qu'elle laissait dans son sillage ? Un éventuel témoin qui n'aurait rien vu ? Une justice restrictive ? Aucun de tout cela, personne n'était en mesure de diriger elle qui était née des cendres.

La pâle lueur de la lune se reflétait dans ses yeux qui agissait comme deux miroirs dans la pénombre du sous-bois, elle s'était installée sur une branche d'un arbre, au-dessus d'un chemin qui lui semblait assez fréquenté, elle attendait là, une jambe dans le vide, son arbalète dans sa main droite, son bras pendant aussi dans le vide, sa tête reposant sur le tronc de l'arbre centenaire.

En bonne prédatrice, elle savait se montrer patiente et rester à l'affût d'une proie, et elle pouvait bien attendre une bonne partie de la nuit s'il le fallait. Les années lui avaient fait comprendre à quel point les races mortelles étaient fragiles et limités, les vampires eux étaient pratiquement privé des choses vitales aux vivants, pas de faim, pas de sommeil, et l'éternité.

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La Fille de l’Ondée Les Pionners

La nuit est belle ce soir. Dans la pénombre, la forêt étrangère ne semble pas différente des forêt d’Ambuhra. Les bruits qui y résonnent toutefois sont forts étranges aux oreilles des étrangers que nous sommes. La caravane que j’ai rejoint est importante et très spéciale. Certains des voyageurs se déplacent à bord de chariots solides, couverts et remplis de marchandises. Ce sont des marchands, pressés d’exploiter les nouveaux marchés de ce monde aussi neuf aux yeux des hommes. Mais parmi eux, se trouve des chariots moins fortunés, remplis de meubles, d’outils, de vivres. Ces colons veulent vivre libres, loin du passé et de ce qu’il y avait de mauvais dans l’ancien temps. Ensemble, ils veulent construire un monde plus beau. Il y a des hommes, des femmes et des enfants, prêt à construire un village dans une terre sauvage et la plier à leur volonté. Est-ce bien ou mal ? Ce monde est encore vierge de notre présence et nous commençons déjà à nous répandre comme une maladie. Allons-nous briser l’harmonie de ce monde ? Ou est-ce dans l’ordre des choses, est-ce accepter par la nature que l’espèce humaine se doit de se répandre et conquérir le monde ? Le mystère est complet et restera insoluble peut-être pour toujours.

Je me suis jointe à ce convoi dans l’espoir de découvrir un peu ce monde nouveau. Le renard qui me suit partout depuis longtemps m’accompagne mais il préfère rester au couvert des arbres. Il ne s’est toujours pas habitué à la présence des humains, hormis la mienne, et les Chiens le terrorisent plus que tout. Pourtant les mercenaires sont très aimables et polis, bien plus que les guerriers habituels. Ils m’ont expliqué que cela faisait partie de leur code de l’honneur, qu’y déroger serait synonyme de renvoi immédiat. Les mercenaires spécialisés dans l’escorte et la protection de colons était des hommes polis et jeunes pour la plupart. Très jeunes même. Seuls quelques officiers étaient plus vieux que quarante ans. La guerre avait prélevé son tribut, mais aussi l’opportunité d’un emploi et de contrarier une destinée peu enviable pour devenir un soldat reconnu avait encouragé de nombreux jeunes hommes et femmes à rejoindre ces nouvelles compagnies. Et malgré leur jeunesse, tous ces soldats semblaient savoir se débrouiller avec leurs armes. Suffisamment en tout cas pour avoir réussi toutes leurs missions et commençaient à se forger une renommée certaine.

En cette douce nuit, comme chaque soir, je m’éloigne un peu du camp pour retrouver mon ami sauvage. Je n’ai pas besoin de le nourrir, il sait très bien chaparder sa nourriture ou la chasser. Il est toujours au rendez-vous, généralement c’est lui qui me trouve, me surprenant toujours, bien que je tende l’oreille et reste sur mes gardes. Je n’ai jamais à faire plus de cinquante mètres pour qu’il me retrouve. Nous jouons un peu, je le monte dans un arbre pour observer le ciel depuis les cimes. Les premières fois que j’ai escaladé avec lui dans mes bras furent laborieuses tant il me gênait et il se mettait à bouger quand il se rendait compte de notre ascension. Maintenant, je peux le poser sur les grosses branches et il peut tenir et parfois se déplacer dans l’arbre sans trop trembler. J’avais des toutes sur le bien-fondé de pareilles tortures mais maintenant, c’est lui-même qui glapit en regardant les arbres pour que nous réalisions notre grimpette nocturne.

Toutefois, cette nuit, il ne vient pas. Je suis inquiète, car il ne manque jamais de rendez-vous. Je sais qu’il est sauvage et que peut-être ses instincts l’on poussait vers d’autres rivages, car il a bien grandi depuis que je l’ai rencontré avec Seö, mais tout de même, mon cœur se serre en l’imaginant entre les griffes d’un plus gros prédateurs que lui. J’ai beau essayé de me convaincre qu’il est assez intelligent pour esquiver les nombreux pièges tendus sur son chemin, rien n’y fait. Je me mets à sa recherche, pleine d’espoir. Je suis convaincue qu’il me fait une farce et me tend un piège. Mais je cherche et ne le trouve pas. Je m’éloigne donc du camp, m’enfonçant un peu plus dans les bois.

Ce n’est pas raisonnable comme acte. Surtout que je ne fais pas dans la discrétion. Je ne suis pas chausseuse et ma robe bleue se prend dans quelques branches d’arbres mais je n’en ai que faire. Je l’appelle en chuchotant, ce qui est ridicule puisqu’avec le bruit que je fais, il m’attendra arriver avant d’entendre mes appels. J’aurai pu me déplacer sans bruit aucun, papa m’a appris à le faire et ça aurait été la chose la plus intelligente à faire. Je ne sais pas ce qui rode dans la forêt et je suis hors de vue de la caravane. N’importe quoi pourrait m’arriver et personne ne le saurait jamais. Mais l’inquiétude est plus forte que la raison et quand je me rends compte de mon comportement, je comprends que le traumatisme de la guerre et de la fuite n’est pas passé et qu’il a laissé des séquelles insoupçonnées dans mon esprit. Il me faudra y réfléchir et travailler dessus une fois de retour au domaine. Peut-être auprès d’Aramis, si elle est revenue.

Je retrouve finalement le renard. Tapis dans un buisson, il lève brusquement la tête à mon approche et pousse un glapissement inquiet dans ma direction. Les enfants dont je me suis occupée, ces orphelins ou perdus, étaient convaincus que je pouvais parler et comprendre le renard. Malgré mes tentatives pour leur expliquer que non, j’interprétais juste certaines de ces expressions et comportements. Et ce soir, je ne comprends pas pourquoi il se comporte ainsi. Voyant que je ne bouge pas, il disparait dans les buissons en courant. Je l’apprête à lui courir après, mais j’ai comme un mauvais pressentiment et regarde l’arbre que mon compagnon animal fixait anxieux.

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La nocturne avait la nuit devant elle et au petit jour elle filerait plus profondément dans les bois, pour passer la journée, sa nature de jeune vampire la rendant assez sensible au soleil. Et quand elle entendit un bruissement dae derrière les buissons elle étirait un sourire satisfait que nul pouvait voir, elle n'aura finalement pas attendu bien longtemps avant qu'une proie ne se présente, nul doute que ce n'était pas un animal avec cette délicatesse et cette discrétion dignes d'un buffle.

Elle retenait un grondement en entendant le glapissement d'un animal, renard sans doute, ce n'était guère étonnant avec le bruit que faisait l'être qui s'approchait, ça fleurait bon l'humain et quelque chose lui disait qu'elle ne perdrait pas sa nuit, elle aurait pu l'abattre à distance, proprement, et elle n'aurait pas souffert, mais son instinct de prédation était le plus fort, car si celle qu'elle sentait comme étant une femme n'était pas une chasseuse, Sintharia, elle, était une traqueuse habile et elle aimait particulièrement la chasse. En tant que vampire, elle y voyait très clair même dans la quasi-obscurité des bois et elle sentait tout un tas d'informations.

Cependant, la véritable menace n'était pas son arbalète, ça aurait été trop visible, mais reposait dans un mécanisme plus pervers, elle n'était pas une archère, du moins pas vraiment, elle préférait se servir de ses dagues, après avoir ralenti sa cible d'un carreau bien placé. Si les choses étaient trop simples, cela perdait de son intérêt, non ?

La créature de la nuit sautait sans mal de sa branche dans un éclair d'argent grâce à la faible lumière qui perçait la voûte nocturne qui se reflétait sur les pièces d'argent de sa tenue, atterrissant avec souplesse et sans mal sur le sol et se relevant immédiatement après, une prouesse qu'un simple humain n'aurait pas pu faire sans se casser quelque chose, d'autant plus que son geste avait été pratiquement silencieux. Elle s'approchait d'une démarche qui incitait à la méfiance, souple et assurée, mais il y avait quelque chose d'insidieux et de prédateur dedans. D'autant plus qu'elle était armée et elle n'avait pas lâcher son arbalète.

- Il semblerait que vous vous soyez égarée, jeune demoiselle. Le ton était naturellement calme, un peu séducteur et finalement bien froid. Même si la voix était douce aux accents sucrés bien qu'un peu sèche. Vous vous êtes bien trop éloigné du sentier, en pleine nuit ce n'est pas très prudent, vous pourriez tomber sur une personne qui vous voudrait du mal.

Sa tête était recouverte de la capuche de sa cape, elle ne laissait rien deviner d'autre que quelques longues mèches de cheveux et un œil qui semblait luire dans la pénombre dont-il captait la lumière. En s'adressant à elle, elle avait montré sa nature de femme, sans doute cela la mettrait en confiance ? Ou du moins plus facilement.

Elle était ainsi, manipulatrice, et elle s'exprimait comme son géniteur lui avait appris, cependant elle n'avait pas son sens du spectacle, car même si les mots étaient bien choisis, la menace qui planait derrière elle était bien réelle et à peine dissimulée derrière le miel de sa voix, elle ne supportait pas le commerce écarlate et préférait se servir à la source. Sa nature de vampire était tellement évidente qu'elle ne s'en cachait même pas. Sa proie n'aurait que quelques secondes pour la désintéresser d'elle, où elle pourrait bien s'en mordre les doigts.

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Une silhouette de ténèbres saute élégamment de la branche que je regardais. Une ombre dans les ombres. Eclair argenté dans la nuit, alors que la lumière de la Lune filtre à travers les branchages. Qu’est-ce donc ? Je fais un pas en arrière d’instinct et par méfiance. Dans le noir, sans lumière, un individu qui surgit d’un arbre n’est pas rassurant du tout. Tel un prédateur, la silhouette atterrit délicatement sur le sol, presque de façon sensuelle, ce qui ne fait qu’augmenter mon inquiétude, qui n’est pas loin de se muer en peur. Qui est donc cette créature pour faire autant peur au renard ?

Sa démarche féline finit de me terrifier alors qu’elle s’approche de moi. J’ai définitivement peur maintenant, mais je n’arrive pas à courir, je n’arrive même pas à bouger, c’est tout juste si je peux réfléchir. La terreur peut se lire sur mon visage. Je n’arrive pas à distinguer si c’est un homme, une femme, ou autre chose. La forme reste vague, cachée sous une cape. Est-ce seulement une cape ? N’est-ce pas une brume de nuit qui enveloppe un monstre ? Non, il faut rester rationnelle, il faut se reprendre. J’aperçois une arme, une arbalète au bout d’un bras. Il n’y a aucun doute pour moi que cette chose me veut du mal. Je ne juge jamais sur les apparences, mais là, tout transpire la malveillance.

Dans un geste de peur, ma main gauche attrape mon pendentif. La perle tenue par le phoque sculpté éclaire la silhouette en même temps que la lueur m’apaise. J’arrive à réfléchir un peu mieux. J’ai toujours aussi peur, peut-être même un peu plus. Non, j’ai carrément plus peur qu’avant. Mais j’arrive à maintenir mon calme et à me redresser. Fuir ne servirait à rien puisque l’inconnue était équipée d’une arbalète. Je me tiens donc prête à utiliser la magie comme me l’a appris Aramis. J’essaye de prendre un air moins terrifié, mais mon cœur semble vouloir sortir de ma poitrine.

La silhouette parle. C’est une femme, à n’en plus douter. Sa voix est glaciale, me fait frissonner comme si la température avait chuté. Ne pas céder à la panique est de plus en plus dure. Les paroles auraient pu être rassurante, si l’ambiance, la nuit, la personne et le ton n’était pas aussi terrifiant. Tout pousse à l’horreur, à la crainte. Alors qu’elle me fait remarquer que je me suis éloignée du sentier, je me retiens de jeter un regard en arrière. J’ai été plus qu’imprudente pour retrouver le renard. J’ai fait du bruit, ce que je ne fais d’habitude pas et je me suis peut-être perdue. Me voilà isolée face à une femme menaçante et qui ne me veut probablement pas du bien.

Je… Je… Je cherchais juste mon compagnon. Je ne voulais pas vous déranger. Je me suis peut-être égarée dans le noir. Mais vous allez m’aider n’est-ce pas ? Vous n’allez pas me faire du mal ? Malgré l’apaisement et mon courage, je ne peux m’empêcher de reculer à l’approche de la femme. Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous me voulez ? En reculant, ma robe se bloque dans une branche et une bouffée de panique me prend, me faisant perdre l’équilibre. Je tombe à la renverse, atterrissant sur les fesses. Je ne sais pas si je me suis fait mal car mon esprit s’affole. Mon cœur bat à tout rompre tandis que la terreur prend possession de mon être.

Je me raccroche au sol objet que j’ai à porter de main, ma sacoche. Tout en reculant au sol, je sers ma sacoche contre ma poitrine. La lumière de mon pendentif rend la scène encore plus fantomatique. Je sens quelque chose de dure dans mon dos. C’est un arbre, je vais de me coincer toute seule. Dos à l’écorce, je me relève en faisant face à l’apparition. Laissez-moi tranquille. Ma voix n’est qu’un souffle, un murmure.

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Elle est sérieuse à se jeter par terre comme ça ?.. Elle restait assez interloquée de l'attitude de l'humaine, à moins qu'elle espérait lui échapper en rampant, mais dans les deux cas ça serait inutile et surtout stupide. Une chose était sûre la vampire avait perdu toute envie d'abattre cette proie, mais il restait encore quelques possibilités.. Elle aimait jouer, elle aimait s'amuser longuement avec quelqu'un avant de s'en débarrasser avec un certain mépris, elle était ainsi, capricieuse. Elle retenait un éclat de rire à cause de la situation.

- Calmez-vous, demoiselle, je ne vous veux aucun mal. La voilà bien arrangée, la donzelle avait pris peur et elle devait la rassurer. Je n'ai aucun intérêt à vous en faire.. Une seule vérité dans ce lot de mensonge, elle serait inintéressante à tuer, et elle ne tenait pas à salir son honneur en tuant une cible déjà à terre. Je ne suis qu'une simple chasseuse, je traque les bandits vivant dans ces bois. Un pieu mensonge, mais qui paraissait totalement logiques au vu de la situation.

Bon en réalité.. Elle était une jeune vampire et par conséquent ses appétits pouvaient se montrer parfois un peu grossier et elle n'était guère habituée à la faim, mais là, ce n'était pas la faim qui la motivait juste une envie d'amusement, l'ennui était ce qui tuait généralement les vampires ou les poussaient à agir de manière inconsidérée, ainsi en cherchant toujours l'amusement et l'inattendu elle esquivait une mort précoce, elle espérait avoir encore de longs siècles devant elle.

Elle se contentait de l'approcher, d'une démarche moins féline et plus amicale, finissant par lui tendre sa main libre qui était gantée dans un geste purement amicale histoire que la blonde se décroche de son arbre au risque de s'écorcher dessus, un joli brin de femme si elle pouvait se permettre, peut-être juste trop naïve pour elle, néanmoins elle n'était pas totalement indigne d''intérêt et se trouvait être parfaitement au goût de la vampire.. En bref, elle essayait de paraître sympathique comme disent les mortels.

- Je m'appelle Cendre et toi ? De part son père, elle avait appris à manipuler de manière habile, elle ne dissimulait pas sa nature, mais uniquement ses intentions. Que faites vous au milieu de ces bois par une nuit pareille ?

Ce geste n'était pas un piège, si l'humaine prenait sa main elle la trouverait chaude et pas froide, grâce au bijou qu'elle portait sur sa peau, sa nature de vampire était difficile à deviner et souvent ça causait la perte de ceux qui se laissaient avoir.

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Elle ne me veut aucun mal ? Ce serait… surprenant vu tout le mal qu’elle s’est donnée pour être terrifiante. Qui est donc cette personne qui sort de la nuit, comme ça, tout de noire vêtue. Et puis me calmer après la peur qu’elle m’a faite ? Ce sera compliqué je pense. Entre le renard qui s’enfuit, une ombre tueuse qui me tombe presque dessus. Mais c’est vrai ça, est-elle vraiment tueuse ? Ce ne serait pas la première fois qu’une mauvaise impression me terrifie et m’induit en erreur. Seö en est le parfait exemple. Et maintenant, l’absence de l’elfe me manque. Peut-être que cette femme n’est pas différente de lui.

Si. Je me fais des illusions. Tout en elle transpire des instincts meurtriers. Même sa voix est sans chaleur, et la séduction mise avec rend l’ensemble sinistre. Tout en elle montre des désirs qu’elle essaye de me cacher. Des intentions qui ne sont pas pour me plaire. Mais peut-être la femme est ainsi faite, incapable de se montrer franche ou donnant toujours l’impression de cacher quelque chose. Il est vrai que tout autour de moi, l’obscurité, la solitude, son apparition soudaine, tout est fait pour lui donner de mauvaise intention. Toutefois, pourquoi me faudrait-elle du mal ? Il y a bien quelques esprits cassés, aimant répandre la douleur par pur plaisir, mais elle peut ne pas en faire partie. Comme elle peut en faire partie, cet argument est valable dans les deux sens.

Elle dit être une chasseuse de bandit. Sa tenue ne la contredit pas. Mais les Chiens n’ont pas parlé de bandits dans le coin. Ils disaient que la zone était pacifiée par la Loups, une autre compagnie et que en cas de recrudescence, les Renards seraient au courant. Comme c’est étrange, le nom de leur compagnie. Elles sont toutes liées à un animal et à ses capacités. Mais pourquoi je pense à moi maintenant ?

Elle s’approche de moi, toujours féline et prédatrice mais moins terrifiante que tout à l’heure, comme si elle s’était rendue compte qu’elle m’avait terrifiée par son approche brutale et obscure et qu’elle voulait se faire pardonner. Je l’ai probablement mal jugée comme je l’ai fait avec Seö. La femme ne doit pas avoir l’habitude de sociabiliser, ce qui pourrait se comprendre quand on vit de la chasse. Je me détends légèrement mais reste agripper au pied de l’arbre, toujours crispé. C’est le moment des présentations, donc si elle me voulait du mal, elle ne s’en prendrait pas la peine. A moins qu’elle soit particulièrement perverse.

Cendre. Quel drôle de nom. Enfin pas plus que le mien. Pourquoi s’appelait comme le début de la journée serait moins étrange qu’un nom fondé sur les restes d’un feu ? C’est d’ailleurs très joli, comme nom, Cendre. Toujours tremblante, je bégaye une réponse et mon nom. Je m’app… m’appelle Aurore. Je ne suis toujours pas rassurée. Tout est encore trop sombre, trop ténébreux. Si le renard était là, je me sentirais bien mieux. Le mieux serait d’avoir Aramis, ou Seö. Ou Christan. Eux sauraient me protéger. Quoi que je sache me protéger, c’est juste que je ne sais pas s’il y a danger ou non. Eux pourraient me le dire.

Je cherchais mon compagnon. Mais vous l’avez terrifié et il est parti. C’est aussi pour ça que j’ai eu si peur. Et que je suis toujours terrorisée. Ma voix est tremblante et hésitante. Toutefois, malgré ma terreur, j’accepte la main qu’elle me tend pour m’aide à me relever. Pour une chasseuse, elle a la main douce et chaude, presque agréable au toucher. Sentir un contact physique me rassura presque. Elle n’était pas un mauvais esprit, et sa prise ne fut pas brutale ni agressive. C’était rassurant.

Dernière édition par Aurore Lapsida le Dim 17 Sep 2017 - 18:25, édité 1 fois

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Cendre, venait du fait qu'elle était née des cendres littéralement, mais ça personne ne le savait, ni les autres ni elle-même, c'était un véritable mystère, et nul n'en connaissait la réponse, sans doute que ça relevait plus du mythe que de la réalité, en tant que vampire les pans de sa vie qui n'avait pas été révélée par son géniteur formaient des désagréables trous dans sa mémoire, mais elle n'en tenait pas rigueur. La vie d'un vampire était ainsi faite.

Elle rangeait son arbalète, soigneusement dans son dos, avant de replonger son attention sur son interlocutrice, l'observant de ses yeux argentés. Elle trouvait la situation assez ironique, la lumière contre les ténèbres, une lutte aussi vieille que l'univers.

La femme acceptait de se saisir de sa main - ce fut une erreur -, alors Sintharia l'attirait à elle, jusqu'à ce que leur souffle se mêlèrent. Ainsi, elle pouvait observer plus attentivement le visage de l'humaine, elle connaissait son inquiétude, mais l'aide de la créature de la nuit n'était pas gratuite alors elle s'autorisait à lui voler un baiser en guise de paiement et elle savourait chaque instant de ce moment, sans doute cela perturberait tant la blonde qu'elle en oublierait le danger, néanmoins elle s'exécutait sans aucune violence, se contentant de glisser ses bras autour de son cou pour l'empêcher de fuir trop tôt.

- Ta peur va attirer les monstres, Aurore, il ne faut pas faire trop de bruit, c'est sans doute ça qui a effrayer ton ami. Elle jouait tranquillement avec une mèche de cheveux de la jeune femme, pressant avec une certaine délicatesse sa main sur la bouche de l'humaine, pour l'empêcher de crier. Mais dans le silence qu'elle contraignait, on entendait un pas lourd, elle ne l'avait sans doute pas entendu parce que les sens humains étaient guère développés.. Un golem, il va falloir nous éloigner d'ici, les gros sont particulièrement dangereux et territoriaux.

Et une fois qu'elle s'assurait que l'humaine ait compris, elle la libérait. Elle se prenait petit à petit d'affection pour cette peureuse humaine, mais elle était ainsi, chaque nouveauté suscitait en elle un vif intérêt. Elle lui prenait la main et ensuite la conduisait à l'opposé de la créature.


- Comment est-ce que tu fais pour te promener en pleine nuit sur une terre dont tu ignores tout ? C'était sans doute la seule vérité qu'elle avait prononcée.

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La stupeur remplace la peur pour un court instant. Alors que Cendre m’aide à me relever, sans brusquerie, mais avec une grande célérité, ses bras enlacent mon cou et avant que je ne puisse esquisser le moindre mouvement, ses lèvres se posent sur les miennes. Une de ses mains presse l’arrière de mon crane pour m’empêcher de reculer. Mais je suis incapable de bouger à cause de la surprise bien plus qu’à cause de ses bras. Le contact de ses lèvres est tiède contre les miennes. Et sans que je m’en rende vraiment compte, je me détends un peu à ce contact nouveau, sans pour autant y répondre. Je n’ai jamais été embrassée sur la bouche. Et ce soir, une inconnue qui me terrifie se permet un pareil acte.

Cette révélation me fait prendre la mesure de la réalité. Qu’est-ce qu’elle va vouloir après ça ? J’essaye de me reculer mais elle est terriblement forte et m’empêche de bouger la tête. Heureusement, elle se recule d’elle-même presque à ce moment-là, sans pour autant desserrer son emprise. Une main se pose sur ma bouche, ramenant la panique à son paroxysme. Mon regard trahit ma terreur. Elle me tient si fermement que c’est à peine si je peux respirer, quant à émettre un bruit, c’est inimaginable. Je suis complètement à sa merci. Si seulement je pouvais me concentrer, me détendre, je pourrais essayer de l’éblouir et prendre la fuite. Mais la peur coule dans mes veines, je ne peux pas briser ses chaines.

Ma peur va attirer les monstres ? J’ai bien l’impression d’en avoir déjà attirer un et d’être prise dans sa toile. Le renard grognait dans sa direction, c’est de lui qu’il avait peur. Il a essayé de me prévenir, mais je ne l’ai pas compris. Au moins, il est libre et vivant. Une larme commence à couler le long de mon œil gauche. La peur est trop grande et doit sortir. Je vais peut-être mourir, sans avoir revu mes parents, ni Aramis ou Christan. Et sans dire adieu à Seö. Imaginer ne plus le revoir accentue la triste qui se même à la peur. Non, je dois être forte. Je ne suis pas sans défense. J’ai plus d’un tour dans mon sac.

Mais dans le silence, j’entends comme un pas lourd. Quelque chose approchait lentement. C’est donc ça qu’elle essaye d’entendre, en me bâillonnant. Il semblerait que je l’ai à moitié mal jugée. Son baisée n’avait pas lieu d’être. A moins que ce ne soit une façon maladroite d’éviter que je fasse du bruit ? Je ne sais pas. Ce personnage est très étrange, alternant part d’ombre et côté très humain. Je ne la comprends pas. Est-elle mauvaise ou essaye-t-elle de m’aider.

Je reconnais le bruit avant même qu’elle n’énonce le bruit de la bête. Un golem. Les Chiens en parlaient et craignaient que l’une de ses créatures ne les attaquent. Pour ma part, j’avais lu des récits d’explorateur décrivant ces bêtes. Et je n’ai vraiment pas envie d’en rencontrer une. L’étreinte de Cendre se desserre et je peux respirer de nouveau normalement. Sa main saisit la mienne et elle m’entraine à travers les arbres, à l’opposé du campement, mais je n’ai pas le temps de protester. Dans l’obscurité, je ne vois même pas où je pose mes pieds, me tordant la cheville régulièrement. Cendre n’a pas l’air de se rendre compte qu’elle se déplace très rapidement. D’ailleurs comment fait-elle ? Elle ne semble fournir aucun effort et pourtant elle me traine à grande vitesse et sans difficulté derrière elle. Je dois rester concentrer autant que possible pour ne pas tomber, mais je ne cesse de trébucher, ma robe se prenant dans les ronces, les branches basses me fouettant le visage. Je retiens à chaque fois un gémissement, de peur d’attirer le golem. Où allons-nous ?

Alors que j’avance avec difficulté, Cendre me pose une question, sans même paraitre essoufflée. J’essaye d’y rependre, haletante. Je te l’ai dit… Je cherche mon compagnon… Je suis avec une caravane… qui campe un peu plus loin… Mais de l’autre côté… Et je n’ignore rien… de cette terre… Et… Je suis loin d’être… sans défense… Je… Je décide d’arrêter de parler car un point de côté commence un poindre. J’ai du mal à tenir le rythme que Cendre m’impose. J’aimerai bien lui poser aussi des questions, mais j’ai le souffle trop court pour cela. Que fait-elle ici alors qu’il n’y a pas de bandit ? Pourquoi se tenait-elle à l’affut dans l’arbre ? D’où venait-elle ? Pourquoi m’avait-elle embrassée ? Mais elles devront attendre qu’on s’arrête.

Soudain, mon pied droit se pose sur une racine saillante et glisse. Je trébuche et dans ma chute, je sens mon poids se mettre sur ma cheville. Une violente douleur se répand dans toute ma jambe. Je lâche un petit couinement en tombant et essaye de me remettre debout, toujours en courant car Cendre me tire toujours. Mais quand je reprends appuis sur ma jambe droite, une nouvelle douleur fulgurante me faut m’écrouler. Ma chute libère ma main de celle de Cendre. En m’écrasant, je lâche un petit gémissement et m’écorche sur les branches et cailloux qui gisent sur le sol. Je me mets à quatre pattes et me tiens la cheville. Je crois qu’elle est tordue. Quand je relève les yeux, je vois l’ombre de Cendre se découper dans les ténèbres. Mes yeux s’écarquillent devant cette vision d’horreur. Si je pouvais, j’essayerais de partir dans l’autre sens. Mais je suis paralysée par la terreur et par la douleur. Puis fuir serait voué à l’échec d’autant qu’il y a probablement un golem juste derrière nous. Au loin, pourtant j'entends comme quelque chose de familier, rassurant.

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Cela faisait quelques jours que j’avais rejoint la caravane en compagnie d’Aurore. L’avoir revu avait en quelque sorte mit fin à l’errance que je m’imposais depuis mon arrivée dans l’archipel. Cette dernière n’était même pas liée à un quelconque malheur, bien qu’il y eût des raisons de le penser, mais elle était tout simplement née de la curiosité que j’éprouvais envers ce nouveau monde. Cependant, il fallait l’avouer, les années passer aux côtés de la Caste me manquaient, ainsi que la compagnie en général. Avoir retrouvé la jeune humaine avait donc réussi à combler ce manque, et bien plus encore, si bien que j’avais décidé, du moins pour un temps, de la suivre dans ses pérégrinations.

Et il y avait fort à faire, au sein de la Caravane. Si Aurore parvenait avec aisance à apaiser les cœurs et les tensions, j’avais décidé de ne pas rester de mon côté non plus. Ainsi, j’utilisais mon savoir sur les glyphes pour rendre divers services, ou bien je prêtais tout simplement ma force physique aux différents pèlerins pour porter des sacs de victuailles, ou encore toute sorte de chose. Ces quelques jours étaient passés particulièrement vite, alors que je retrouvais le plaisir de la vie en collectivité.

Ce soir-là, la nuit était calme et douce. Je finissais de poser un glyphe utilitaire pour solidifier la roue cassée d’un chariot, car nous n’avions pas de quoi effectuer des réparations dignes de ce nom. Lorsque j’eu finis, je tâchais de retrouver Aurore que je ne vis nulle part. Je me souvins alors que la jeune humaine aimait particulièrement se balader dans les bois à la tombée de la nuit, afin de passer quelques instants de quiétude en compagnie de son animal lié. Je savais les chiens suffisamment professionnels pour l’en avoir empêchée s’il y avait eu le moindre danger, et j’avais tout de même suffisamment confiance en elle pour savoir qu’elle ne prendrait de toute façon pas de risques inutiles. Décidant donc de profiter de cette soirée solitaire, je pris une dizaine de minutes pour enfiler mon équipement et l’ajuster. Suite à ça, je pris moi aussi la direction de la forêt, espérant trouver, à tout hasard, un arbre sur lequel je pourrais récolter cette sève si particulière qui me servait à créer des glyphes.

Je marchais donc d’un pas tranquille, profitant du silence et de la lumière de l’astre lunaire qui filtrait à travers le feuillage des grands arbres autour de moi, donnant à mon périple une allure d’autre monde. A vrai dire, la seule balade me suffisait bien, et je ne m’attendais même presque pas à réellement tomber sur l’ingrédient que je convoitais. Cette solitude allait me permettre de me vider un peu l’esprit car, même si la vie au sein de la caravane était loin de me déplaire, ce petit pèlerinage allait m’aider à reposer un peu le fil de mes pensées, qui étaient, en ce moment, bien occupées.

Alors que je m’approchais d’un arbre curieusement susceptible de contenir la sève magique, mes sens d’elfe se mirent en alerte. Le sol, non loin de moi, tremblait. Il ne pouvait s’agir que d’une chose dans cette région, que les soldats redoutaient particulièrement : Des golems. Fort heureusement, ils n’étaient pas vraiment proches de moi pour le moment, aussi, le plus discrètement possible, j’entrepris de rebrousser chemin.

Mon trajet retour fut coupé par une boule de poils orangés qui se précipitait dans ma direction. Le goupil, lié de mon ami, s’arrêta lorsqu’il me vit, jappant et sautant dans tous les sens. Je fronçais les sourcils, car son attitude avait tout de déconcertante. Il semblait légèrement paniqué, et jetais des fréquents coups d’œil dans la direction d’où il était venu. J’essayais alors de le calmer, même si je sentais bien qu’il y avait un danger imminent. Aurore s’était-elle retrouvée bloquée par les-dis Golems ? Dans tous les cas, la situation était urgente. Je décidais alors de gagner du temps, et ôtais ma main de mon gant, avant de la poser sur le renard en fermant les yeux.

Je me concentrais alors, utilisant la magie elfique, sur les visions du jeune goupil. Bien sûr, elles étaient assez floues, mais je parvins tout de même à identifier clairement Aurore, aux prises d’une jeune femme, à priori humaine elle aussi. L’une des scènes que je vis par les yeux du renard me surpris davantage, lorsque je vis les lèvres des deux humaines s’entremêler. Mais il n’était guère le temps de s’y attarder, et j’essayais alors de définir leur direction. Lorsque ce fut le cas, je claquais mes talons l’un contre l’autre, activant le glyphe sous mes pieds pour me mouvoir plus rapidement.

Je me mis alors à courir dans la direction que j’avais réussi à définir grâce au compagnon d’Aurore. L’apparence de la jeune femme qui l’accompagnait ne me disait rien qui vaille, et j’avais un mauvais pressentiment. Cependant, malgré mes bottes, la végétation était plutôt dense au sol, ralentissant considérablement ma progression. Je décidais alors de grimper dans l’arbre le plus proche, bien aidé par l’agilité que me procurait Nurtalëhir, mon armure de cuir. Je posais à nouveau ma main sur le tronc de l’arbre, fermant les yeux. Je me rapprochais, et j’étais dans la bonne direction. Je repris alors ma progression, aérienne cette fois, sans me soucier de rester discret ou non. Je devais arriver le plus rapidement possible pour tirer Aurore de ce mauvais pas.

Après quelques minutes, je les aperçu enfin. J’utilisais alors mon acuité raciale pour mieux les distinguer à travers le feuillage. La jeune fille avait pris les devants, trainant presque Aurore par la main derrière elle. Cette dernière semblait avoir de plus en plus de mal à suivre, ce qui paraissait normal au vu de sa tenue et du terrain, mais ça ne paraissait pas inquiéter outre mesure sa partenaire qui avançait à un rythme effréné. Si effréné que même moi, avec mes bottes enchantées, je peinais à les suivre.

Je vis alors Aurore s’écrouler au sol, vraisemblablement épuisée, lâchant alors la main de l’inconnue pour la porter vers sa cheville. Cette dernière avait mis quelques mètres pour s’arrêter. C’était ma chance. Je sautais alors de la branche proche de l’arbre vers lequel avait chutée la jeune baptistrelle, atterrissant près d’elle, la cachant de ma silhouette aux yeux de l’inconnue à laquelle je faisais face. J’entendis le goupil s’approcher, jappant tristement vers sa liée, mais je ne quittais pas des yeux l’humaine si particulière qui se tenait devant moi. D’un geste rapide, je dégainais Gel, l’un de mes bâtons, que je pointais au sol, dessinant alors une sorte de ligne entre elle et moi, à l’aide d’une pluie d’éclats gelés.

Je plongeais alors mon regard dans le sien, Aurore toujours dans mon dos, avant de prendre la parole.

« Je ne vous connais pas, mais la règle est simple. Vous avez deux options. Rester au-delà de cette ligne, faire demi-tour, et partir, ou essayer de la franchir, et mourir. » Dis-je, simplement, découvrant un trait de caractère que je ne me connaissais pas le moins du monde. Je rengainais alors mon bâton, croisant simplement les bras, sans armes, attendant la réponse de la jeune femme face à moi.

Je m’en faisais bien sûr pour Aurore, mais elle n’avait pas l’air grièvement blessée, et la priorité restait de neutraliser un potentiel danger. A en voir le visage de mon amie, elle avait eu la peur de sa vie, et c’était quelque chose que je n’étais pas prêt à pardonner à l’inconnu, même si je conservais, pour l’instant, une attitude résolument calme. Puisque mon adversaire était une humaine, il y avait fort à parier qu’elle se délaisserait de sa proie, et, même si ce n’était pas le cas, son attaque serait suffisamment lente pour que je parviennes à l’esquiver sans trop de problèmes. Mes armes étaient, elles, de toute manière, à portée de main.

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Elle ignorait si la femme serait capable de tenir longtemps son rythme de course, mais elle ne voulait pas rester dans cette zone, une de ses erreurs.

- Je pourrais t"y conduire plus tard, pour l'heure il vaudrait mieux s'enfuir, je n'ai pas de quoi affronter cette créature. C'était une autre vérité, et elle tiendrait sans doute parole.

Et voilà que l'innocente trébuchait et se vautrait - encore une fois -, elle refrénait un grondement. Sintharia s'arrêtait brusquement, elle n'avait pas forcément pris conscience de sa vitesse, mais maintenant cette homme lui barrait la route, elle était assez perplexe de cette arrivée fracassante et ne comprenait pas pourquoi elle s'était faite interrompre de la sorte, peut être que la proie qu'elle visait appartenait à ce dernier, dans ce cas là elle lui laissait bien volontiers. Elle faisait tout de même l'effort de souffler un coup, histoire de se mettre au diapason de la belle blonde et ne pas paraître un peu trop fraiche et dispo après cette course effrénée.

Sans doute l'empressement lui avait fait commettre certaines erreurs, elle avait été sans doute trop rapide mais ça encore c'était plausible, par contre rien expliquait le fait qu'elle ait pu se guider aussi aisément dans une forêt en pleine nuit, mais les humains avec l'adrénaline était capable de tout, mais s'il l'avait vraiment vu il devait sans doute se méfier et elle avait tout intérêt à ne pas faire d'autres erreurs. Elle aurait pu en profiter pour frapper le gêneur mais ça aurait été trop risquer.

Elle observait l'homme, tracer une ligne, elle observait cette dernière quelques secondes, puis relevait sa tête en direction de l'homme, ce qu'il faisait semblait plutôt la perturber, il sentait l'elfe et ça suffisait a éveiller en elle une certaine méfiance, l'homme avait été rapide, et comme elle ne s'était toujours pas nourri elle n'était pas au mieux de sa forme. Elle se contentait de lever ses bras dans une signe de paix, ses armes étaient dans son dos, ses dagues dissimulées habilement et elle avait les mains libres qui aurait pu se méfier d'une jeune femme comme elle ?

La jeune femme se décidait de rassembler du bois pour allumer un feu, elle n'en avait pas vraiment besoin, elle voyait parfaitement dans la nuit la plus noire, mais c'était pour rendre son mensonge un peu plus réaliste, en quelques minutes il fut allumé, cela permettait d'en dévoiler un peu plus sur elle. Elle n'était finalement pas si impressionnante que ça avec un peu de lumière. Elle était plus petite qu'eux deux et semblait ne pas être encore totalement dans l'âge adulte.

- Je ne suis qu'une simple chasseuse, j'ai pas vraiment envie de retomber sur ce golem. Elle même laissait tomber sa capuche en signe de confiance, elle dévoilait un visage bien juvénile, dans les dix-sept ans, des cheveux noirs et des yeux argentés perçant. Elle jetait ainsi un regard résolu dans leur direction, restant soigneusement à distance. Je n'ai pas non plus envie de mourir, alors je vais en rester là. Elle s'accroupissait près du feu, et tendait ses mains en direction du feu, il ne faisait pas forcément froid mais un feu avait quelque chose de rassurant.

Il était vrai qu'on ne pouvait pas vraiment l'imaginer mener un combat, elle était plutôt fine et d'une constitution assez faible, néanmoins elle était assez curieuse, elle n'avait jamais vraiment connu de personne pouvant égaler sa course. En fait elle comptait sur la naïveté de l'humaine pour proclamer son innocence ainsi elle n'aurait pas à réfléchir plus que ça.

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La douleur me permet de me focaliser sur autre chose que ma peur. Elle est toujours vivace, mais mon esprit arrive à l’isoler pour qu’une partie puisse diagnostique mon mal. Ma cheville semble comme bloquer, ralentit et chaque mouvement fait surgir une douleur sourde. La poser sur le sol est assez douloureux mais supportable ce qui n’est pas le cas si j’essaye de prendre appui dessus. J’arrive à juguler mon instinct que me dis de me lever et fuir, courir loin de cette femme, retourner au camp aussi vite que possible. Mon cœur bat à toute vitesse, je suis essoufflée et terrifiée, les larmes me mettent aux yeux autant à cause de la douleur que de la peur.

Les deux mains sur la cheville blessée, je ferme les yeux pour essayer de faire remonter les sorts de soins que j’ai appris. L’un d’entre me vient à l’esprit, je m’en suis déjà servi plusieurs mais je ne suis pas sûre que cela fonctionne sur une cheville foulée. Avant que je pu commencer à me concentrer une immense silhouette se dresse entre moi et Cendre. La tenue, clair, la silhouette. Seö ! L’elfe était venu à mon secours. Comment avait-il su que j’étais en danger ? M’a-t-il suivi jusqu’ici ? Un autre éclair dans l’obscurité que je devine roux vient se place tout contre moi, se frottant le museau sous mon bras avant de se placer à côté de Seö. C’est donc le renard qui a conduit l’elfe jusqu’ici. L’animal est donc bien plus rusé que ne le disent les contes. Le soulagement fait couler des larmes silencieuses.

Rassénérée par la présence de mes deux amis, je me concentre, plaçant les mains de part et d’autre de ma cheville blessée, libère l’énergie qui est en moi. Une douce lumière illumine le lieu où nous nous sommes arrêtés et je peux sentir le flux d’énergie quitter mon corps pour aller dans la lésion. Une douce chaleur enveloppe mon pied et l’engourdissement disparait. Je n’ai plus mal et pendant un instant, la satisfaction remplace la peur. Puis les ténèbres reviennent alors que mes mains cessent d’émettre de la lumière et l’horreur de ma situation me revient. Je suis prise de quelques vertiges. Malgré mes entrainements, ce soin m’a fatiguée, sans doute parce que la blessure était plus grande que

Seö est apparu pour me sauver, une apparition inespérée. C’est la première fois que je le vois utiliser ses bâtons et surtout, le ton qu’il emploie me surprend. Il semble si déterminer, si prêt à se battre. Je n’arrive pas à m’imaginer Seö sur un champ de bataille, mais le voir en duelliste chevaleresque me parait presque naturel. Dans l’obscurité, il me rassure et je sens la peur reculer. Mon cerveau recommence à avoir un fonctionnement rationnel et à mieux appréhender l’environnement.

Devant la menace de Seö, Cendre semble se calmer. Enfin plutôt accepter de ne plus s’occuper de moi. A la place elle fit un feu avec une grande facilité. Elle sembla refuser le combat, à mon grand soulagement. La perte de son attention fait remonter le souvenir de son baiser. En y repensant, cette sensation n’était pas agréable, dépourvu de chaleur, tout comme son étreinte. C’était loin de la sensation que je ressens lorsque j’ai enlacé Seö ou Artane ou encore Aramis. Comme si la chaleur de sa peau n’était qu’un artifice. D’un autre côté, la vitesse et la facilité avec laquelle elle courait en me tirant me gêne un peu. Elle cache quelque chose, des facultés inhumaines. Mais pourquoi ai-je ce sentiment ?

Je me relève doucement, essuie mes larmes d’un revers de la main, caresse la tête du renard. Je vacille un peu, la fatigue et l’émotion m’ayant épuisé. D’une voix faible, je m’adresse à Seö Merci d’être fini me sauver. Je me tais pour tendre l’oreille. Le pas lourd est plus proche. Il vient de derrière. Le renard se met à grogner, dans notre dos. Je me retourne et essaye de distinguer les ombres dans le sous-bois. Soudain, un râle caverneux résonne dans la clairière et un golem de trois mètres charge de la lumière. Malgré sa taille, il se déplace assez rapidement et aurait pu nous surprendre. Le renard s’éloigne de sa trajectoire.

Malheureusement Seö semble être sa cible. Je n’aurai pas le temps, ni la force de le pousser hors de la trajectoire de la bête et je crains qu’il ne puisse esquiver, malgré ses capacités elfiques. Il lui tourne le dos et parait surveiller Cendre. Une seule solution m’apparait pour le protéger à mon tour. Je me place contre le dos de l’elfe et tendant le bras gauche paume vers le bas puis la retourne et remonte le bras. Je me concentre sur la pluie, les ruisseaux, l’océan que nous avons traversé pour arriver jusqu’ici, tire dans mes forces, l’énergie nécessaire à l’application du sort. De mon torse vers le bout de mes doigts, je sens la magie affluer et jaillir sur la forme d’un puissant jet d’eau. Un puissant geyser surgit de sous les pieds du Golem qui se retrouve déséquilibrer et vole en arrière de quelques centimètres. Sur le dos, la créature ne va pas tarder à se relever. Je n’ai pas le temps de réfléchir. Je ne sais pas si ça va marcher, mais je libère la puissance qui dort dans mon bracelet. Je sens l’aura de bienveillance se libérer autour de moi, englobant le renard, Seö, Cendre et enfin le golem. Aramis m’a expliqué qu’avec cet enchantement, les gens se calmeront et me feront confiance, m’écouteront et n’oseront plus attaquer.

Le golem se relève et repart à l’attaque, mais plus lentement. Ca n’a pas marcher visiblement. Je ne pourrais plus le renverser par mon sortilège, il est trop lourd et mieux sur ses appuis. Là, je suis dans le pétrin, mais je me prépare à activer un bouclier de pierre au moment de l’impact. Tout ce que je veux, c’est que Seö ait le temps de se mettre à l’abri. Mais d’ailleurs, combien de temps l’action a-t-elle duré ? Tout est allé très vite, et pourtant.

équipement :

sorts utilisés :

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A mon grand soulagement, ma réplique semblait avoir considérablement calmé la jeune femme à l’allure si vive. Elle qui paraissait tant omnibulée par Aurore paraissait à présent bien moins encline à continuer sur le même temps. Elle m’observait même avec une certaine méfiance, me dévisageant comme je le faisais, dans le plus grand des silences. Moi, je ne bougeais pas, gardant les bras croisés devant mon torse, ne la lâchant pas du regard, ayant toujours une sorte de mauvais pressentiment à son sujet. Cependant, elle m’étonna, puisqu’elle alluma tranquillement un feu, et assez rapidement d’ailleurs, avant de s’y réchauffer. Son attitude contrastait définitivement avec ce que j’avais pu voir jusqu’alors, mais elle eut au moins le mérite, de m’apaiser un peu.

Je m’autorisais donc un bref coup d’œil vers mon amie, toujours assise au sol. Des larmes coulaient le long de ses joues mais, au moins, elle paraissait bien moins inquiète que lorsque je l’avais vu à travers les yeux du goupil, qui se tenait alors près d’elle. La jugeant sous bonne garde, je lui fis un doux sourire, avant de reporter mon attention sur la troisième protagoniste, et, sans doute, l’élément perturbateur de la soirée. Je n’avais rien répondu à son annonce, mais voir son visage me rassura un peu plus. Elle n’était qu’une jeune humaine, à peine adulte, et ne semblait plus si menaçante que ça. Je détendais donc légèrement mes muscles, ne jugeant plus le danger si important pour le moment. Je sens alors, derrière moi, Aurore qui se relevait, avant de me remercier de ma venue. Sa voix était faible, mais sans doute étais-ce à cause du sort de soin qu’elle venait d’utiliser. J’oubliais parfois qu’elle était après tout une Baptistrelle, ou du moins qu’elle allait le devenir prochainement, et que, par ce fait là, elle était très loin d’être sans défense. Au-delà de ça, même, l’avoir à mes côtés avait quelque chose d’assez rassurant. Je tournais simplement la tête vers elle, ne voulant pas totalement relâcher ma vigilance non plus, et lui fit avec un petit sourire.

« Il n’y a pas de quoi. » Des paroles simples, pour une situation qui l’était tout autant. Je n’éprouvais pas le besoin d’obtenir des remerciements, car je l’avais simplement fait par instinct, et parce que j’en avais envie. Je ne doutais pas d’ailleurs que, dans la mesure de son possible, mon amie fasse la même chose pour moi.

Ragaillardi, je me reportais mon regard sur la jeune humaine si suspecte, ne pouvant pas m’empêcher de réfléchir. Quelque chose, dans la situation, clochait. Le fait qu’elle ait cette apparence et surtout le besoin de se réchauffer près du feu ne me rassurait pas tant, à y repenser. Elle était certes une humaine, mais elle était loin d’être ordinaire. Battre un elfe à la course, ou du moins l’égaler, n’était pas donner à n’importe qui. De plus, malgré sa petite taille, elle avait réussi à trainer une femme plus grande qu’elle à travers la forêt, sans paraitre pour autant particulièrement essoufflée. Ce n’était définitivement pas normal, et mon cerveau avait beau tourner à cent à l’heure, je ne parvenais pas à mettre le doigt sur ce qui clochait chez elle.

Je sentis soudain le contact du dos d’Aurore contre le mien. J’eu comme un léger frisson qui me parcourait l’échine, alors que je sortais brutalement de ma réflexion. Je compris soudain la raison de sa présence et, alors que je me retournais, je me rendis compte que j’avais oublié un élément du décor qui aurait bien pu m’être fatal si Aurore n’était pas intervenue. J’eu simplement le temps de voir une grande trombe d’eau déséquilibrer la charge d’un Golem de plus de trois mètres, et de sentir la magie qui émanait de mon amie. Sa prouesse était impressionnante, car arriver à renverser un tel monstre ne devait pas être donné à tout le monde. Je n’eus pas le temps de la remercier, car tout s’enchaina plutôt très vite.

En me retournant, j’avais baissé ma garde, et étais devenu vulnérable à une éventuelle attaque de la jeune humaine qui ne paraissait pas si innocente que ça. Alors que le Golem tombe sur le dos, je me prépare à encaisser une attaque du flanc, rassuré toutefois par la nature raciale de mon éventuelle adversaire. J’aurais surement le temps de me préparer à parer son coup. Mais, visiblement, Aurore me sauva une fois de plus la mise. Une puissante Aura se dégagea d’elle, englobant la zone dans laquelle tout le monde se trouvait, paraissant suspendre l’espace et le temps. Je ne sus pourquoi, mais un puissant sentiment naquit dans ma poitrine. En regardant l’apprentie baptistrelle, une seule pensée me traversa l’esprit. Je n’allais pas la laisser mourir, ni même être blessée. Pas tant que je pourrais encore bouger. De plus, la jeune humaine venait de me sauver la vie par deux fois. Elle me semblait réussi à changer tout en restant fondamentalement la même. Alors que le Golem se relevait pour nous charger à nouveau, j’étais plus confiant. Confiant de savoir mon amie à mes côtés, et persuadé, qu’à deux, nous pouvions réussir.

La vitesse de la charge du Golem augmenta drastiquement, alors qu’il fonçait à nouveau vers nous. J’avais bien un plan, mais Aurore risquait de ne pas aimer. Toutefois, il était absolument hors de question que je la laisse se battre seule après tout ce qu’elle venait de faire pour moi. Je réfléchissais alors à toute vitesse. Les golems étaient des créatures territoriales, mais pas pour autant particulièrement intelligentes. Ahavarion ne me servirait à rien dans la situation actuelle, aussi, j’oubliais cette option. Aurore avait une magie plus puissante que la mienne, et n’était pas non plus arrivée à venir à bout de la montagne mobile. La seule idée qui me restait était celle qui consistait à détourner son attention. Ce ne serait pas forcément une victoire totale, mais, au moins, nous pouvions en sortir indemnes. Le Golem était presque sur nous, et, de toute façon, je n’avais plus trop le choix.

J’enlaçais alors Aurore, la prenant dans mes bras. Je lui jetais alors un regard, avec un sourire qui se voulait rassurant. Elle ne pesait, comme je m’y attendais, absolument rien du tout. Je lui soufflais alors. « Merci. » En toute simplicité. Elle m’avait sauvé deux fois la vie, et, surtout, avait réussi à gagner suffisamment de temps pour que je puisse réagir. Si nous arrivions à triompher, ce serait indéniablement grâce à elle. Sans plus de cérémonie, alors que le Golem allait nous percutait, je la lançais brusquement dans les airs, au moment où le poing du colosse s’abattait sur moi, la mettant alors momentanément hors de sa portée.

Je fléchis alors les genoux, préparant l’énergie magique de mes bottes et tendant mes muscles, puis, au dernier moment, je pris une puissante impulsion, allant littéralement à la rencontre de la frappe de la montagne mobile. Cette dernière sembla alors littéralement me pulvériser, mais ce n’était pas le cas, même si j’espérais qu’il le croit. Sous ma forme brumeuse, je le traversais alors, récupérant au vol Aurore avant qu’elle ne tombe par terre. Une cascade improvisée plutôt réussie compte tenu de la situation. Cependant, comme elle plus tôt, je titubais légèrement. Le glyphe nécessitait beaucoup d’énergie pour fonctionner, ce qui pouvait se comprendre. Je me repris bien vite, car me contexte l’exigeait. J’aidais alors Aurore à grimper dans l’arbre, alors que le Golem semblait regarder ses mains d’un air surpris. Nous avions peu de temps, et elle devait disparaitre à sa vue.

« Grimpe ! Je vais avoir besoin de toi, et il ne faut pas que le Golem puisse te voir ! » J’espérais qu’elle comprendrait rapidement où je voulais en venir. Elle avait déjà utilisé de puissants sorts, et je ne voulais pas qu’elle se vide de son énergie, surtout que je ne savais pas vraiment quel serait le degré de réussite de mon plan. Si j’étais blessé, je lui faisais confiance pour pouvoir me soigner ou encore me protéger au besoin.

Utilisant mes bottes enchantées, je retournais rapidement me camper face au Golem. La manœuvre allait être serrée, et même plus que ça, mais c’était la seule solution qui s’imposait à moi. Une fois que je fus sûr qu’Aurore était hors du champ de vision de la créature, je me préparais à la combattre, toujours sans la moindre Arme dans les mains. De toute façon, je n’avais rien qui était vraiment susceptible de blesser le bloc de pierre mouvant. Ce dernier était plutôt lent, mais ses attaques étaient colossales. Une seule erreur de ma part, et c’était terminé. Comme si je maniais Ahavarion, j’utilisais les techniques d’esquives dansantes qu’Aramis m’avaient enseignées. Je n’eus pas trop de peine à esquiver les coups de la créature qui n’était pas bien agile, temporisant seulement le fait d’avoir suffisamment d’énergie pour activer ma glyphe une nouvelle fois.

Tout se passait bien, jusqu’à ce que mon pied glisse légèrement en arrière sur la mousse humide de la forêt, perturbant considérablement ma garde. Comme une réponse, le poing de la créature de pierre s’abattit alors sur moi. Je n’avais pas suffisamment d’appui pour l’esquiver totalement, même si je n’allais pas le prendre de plein fouet. Je sentis alors la frappe toucher mon flanc gauche. La douleur fut intense, et je serais les dents en grimaçant, sachant pertinemment que quelques-unes de mes côtes s’étaient brisées sous l’impact. La puissance du coup m’envoya voler plus loin, et je retombais brutalement sur le sol. J’essayais alors de retrouver mon souffle, main sur ma blessure, tâchant tant bien que mal de me relever. J’étais à peine à genoux lorsque je vis le Colosse me charger de nouveau, bien décidé à en finir avec l’intru qui avait pénétré son territoire. Il fallait que je tente le coup, je n’avais pas d’autre choix. Je fermais alors les yeux, me concentrant sur les pas lourds et puissants de la créature. Comme la première fois, je pris mon impulsion au moment donné ou sa frappe explosait la terre derrière moi. Le glyphe avait marché de nouveau, et j’étais à présent juste derrière le Golem. Avant de réattérir, je dégainais le sceptre de Fenris accroché dans mon dos. A l’aide de l’extrémité, je dessinais un léger cercle dans les airs. Comme sortant d’une dimension parallèle, un énorme loup aux griffes glacées bondit, atterrissant devant le Golem. Je lui ordonnais mentalement de le provoquer et de prendre la fuite, ce qu’il fit. Le plan sembla fonctionner, puisque l’imposante masse de pierre se mit à suivre le nouveau prédateur, chargeant à travers la forêt, et nous oublia presque instantanément.

L’atterrissage fut dur, et mes côtes cassées me faisaient un mal de chien. Pour ne pas inquiéter Aurore plus que de raison, je choisi de les ignorer, aidant mon amie à redescendre de l’arbre. Lorsqu’elle fut de nouveau à terre, je lui adressais un sourire reconnaissant.

« Je crois que je te dois des remerciements. Si tu n’avais pas été là, mon chemin se serait sans doute terminé cette nuit. » Dis-je, sincèrement, en la regardant dans les yeux.

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Et voilà que le golem resurgissait de nulle part, décidément ce n'était pas la journée de la jeune vampire.

Cela commence à se gâter, Sintharia. Et dans un élan de provocation, elle embrassait le bout de ses doigts et leur envoyait dans un souffle, elle se dévoilait et puisqu'il l'avait menacé, il ne saurait compter sur son aide pour se tirer de ce mauvais pas, elle se fondait ensuite dans les ombres en reculant grâce à sa cape et s'éloignait du lieu de l'affrontement, les laissant avec l'immense créature de pierre. Mourir dans un combat qui ne la concernait pas serait assez décevant..

La marque sur son bras, la brûlait, ce n'était pas la chose la plus agréable, mais à présent elle savait ce qui l'avait conduit ici, elle avait un contrat à remplir, et ainsi sur lequel des deux la lumière des lumières avait jeter son dévolu ? Sans doute pas la femme puisque la marque ne s'était pas manifestée auparavant. l'homme était donc sa cible, la douleur faisait office d'ordre, elle souhaitait en finir rapidement.

Elle n'avait que quelques secondes pour agir, elle préparait son arbalète, et s'avançait en direction de l'étrange couple, dissimulée par la pénombre des arbres, elle avait son arbalète chargée dans une main et son arme magique qui était soigneusement dissimulée comme une simple décoration, elle se mettait en place, contre un arbre utilisait son esprit lié pour ralentir le temps durant quelques secondes, le temps de viser et elle tirait, le trait magique, d'un violet pâle légèrement lumineux attirait suffisamment l'attention pour qu'on ne fasse pas attention à son carreau plus basique,
elle désactivait ensuite la cape des ombres, viser un ennemi de dos était pour certain une grande preuve de lâcheté, mais n'était-elle pas une assassin ? Elle veillait toujours à laisser que peu de chance à ses adversaires, la traîtrise était sa force après tout..

La traîtresse avait toucher par deux fois, elle ignorait les dégâts causé par ses armes, mais vu l'état de l'elfe il ne représentait pas vraiment une grande menace, et au pire, elle avait toujours Ombre-Crocs prête à agir, et une de ses dagues au besoin. Elle laissait cependant son arbalète plus classique là où elle se trouvait.

- Quel sens du sacrifice, ton héroïsme te perdra, elfe. Elle s'avançait, ombre-crocs de nouveau à sa position de simple décoration, lui offrant au moins la possibilité de voir quelque chose de beau avant de mourir ou au moins le visage de la personne qui mettrait fin à sa vie. Là, elle avait vraiment l'air prédatrice, mais une attitude naturelle non sans être dénuée d'élégance. Mais ne t'en fait pas, ta petite copine ne devrait pas tarder à te rejoindre, mais n'y voyez rien de personnel. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'elle trouve quelque chose de gênant en ce témoin. Désolé.

Sans doute une des rares choses franches qu'elle avait dit depuis le début de leur rencontre, bon elle n'était pas vraiment une chasseuse, du moins pas dans le sens le plus commun, mais en effet elle n'avait aucun grief contre eux, et elle n'avait d'autres choix. Au moins elle espérait qu'ils ne la referaient pas courir, d'autant plus qu'elle n'avait toujours pas manger avec ça.

Il lui avait tourné le dos et pire, il avait osé la menacer, ça avait été ses deux erreurs, mais comme elle avait disparu qui aurait cru qu'elle reviendrait sur ses pas pour commettre un acte d'une lâcheté évidente ? Elle avait la rancune facile, mais l'elfe avait commis une erreur en volant au secours de sa blonde, et ça, c'était d'une telle ironie qu'elle en riait intérieurement. Ne jamais oublier quelqu'un de louche, c'est pourtant la base de toute chose.

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La créature ne sembla pas calmer par la douche et sa chute. Bien au contraire, elle accéléra pour me rentrer dedans. Elle était suffisamment grosse pour m’empêcher de sauter sur le côté. Je m’apprête donc à la stopper à l’aide d’un dôme de pierre, qui pourra retenir le Golem pendant quelques secondes. J’étais déterminée lorsqu’à ma grande surprise, je sentis des bras m’enlacer. Je reconnais le contact de Seö, un contact qui me réchauffe le cœur. Mais ce n’est pas le moment pour des démonstration d’amitié. Serait-ce un effet secondaire de mon bracelet ? Il pousse les gens qui me sont proche à faire montrer d’une affection forte au mauvais moment. Je tourne la tête vers lui et lui lance un regard surpris, en même temps qu’il me dit merci. Et juste avant qu’il ne me lance dans les airs comme si je n’étais qu’une balle pour enfant. La surprise m’empêche de pousser le moindre cri alors que je vois l’elfe traverser le Golem.

Il me rattrape du coup opposé, et je m’agrippe à lui par réflexe et pour être sûre qu’il ne me refasse pas un coup pareil. Je lui lance un regard ahuri pendant qu’il m’aide à monter à un arbre. Je suis encore trop secouée pour résister. Je remarque que Cendre a disparu. Mais mon attention revient rapidement sur le combat entre Seö et le Golem. Il joue à un jeu dangereux et l’inquiétude me prend les tripes. Toutefois je retiens de faire le moindre bruit, de crainte de le déconcentrer. Je mets la main devant la bouffe en un cri étouffé lorsqu’il reçoit un coup. Mais son plan finit par marcher. Il se retrouve derrière le Golem, et fait apparaitre un loup qui fit une diversion fort réussie et s’enfuit suivi du monstre.

A peine la créature disparut, je commence à descendre de l’arbre, vite aidée par Seö. Je l’enlace, soulagée de le savoir envie et de nous savoir en sécurité. Puis je m’écarte, lui rendant son regard, je lui souris avant de lui assène un petit coup de point sur son épaule. Puis je prends un air faussement sévère Ne me refais plus jamais ça. Tu as été complètement fou. Et si ça n’avait pas marcher qu’est-ce qu’il… Je m’interromps en voyant que Cendre est revenue. Sa vitesse est impressionnante. L’horreur me saisit lorsque je reconnais une arbalète dans sa main. Je n’ai pas le temps de bouger que deux carreaux partent. Ils se figent dans le dos de l'elfe, profondément. Seö a le dos qui se cabre et son souffle est coupé pour le choc.

Un puissant non sort de ma bouche alors que je rattrape le corps de Seö pour amortir sa chute. Je jette un regard noir à Cendre. Je savais qu’elle avait un mauvais fond. Pourquoi veut-elle nous tuer ? Je ne sais pas et je n’en ai cure. Je ne comprends pas sa méchanceté, mais dans un univers d’équilibre, je serais son opposé. Elle veut que je rejoigne Seö, elle veut aussi se débarrasser de moi. Dans tes rêves. Tu vas regretter ce que tu as fait. Mes yeux sont embués de larmes de rage. Je ne veux pas lui faire de mal, mais c’est une question de vie ou de mort. Ma vie ne compte pas, mais je veux sauver Seö.

Je me redresse, les cheveux en bataille. Je n’ai jamais ressenti ce sentiment. Est-ce cela la colère ? La rage ? C’est un horrible sentiment, une envie de destruction que j’essaye malgré tout de refreiner. Je vais la mettre hors d’état de nuire, puis je m’occuperais de Seö après. Je n’ai pas le temps d’évaluer sa blessure, je dois me débarrasser de Cendre le plus vite possible. Je tends la main gauche, la paume ouverte le pouce replié, poussant de l’énergie magique et faisant apparaitre un puissant éclat de lumière pour aveugler la femme. A peine finit de le lancer, ma main droite remonte au bout de mon bras tendu, la paume vers le haut pendant que je libère ma magie à travers le sol. Comme avec le golem, une puissante trombe d’eau surgi sous la position de Cendre. La puissance se déchaine en libérant l’eau vers le ciel. Ne jamais réveiller l’eau qui dort. La lumière disparait. Je ne sais pas si j’ai atteint ma cible, mais je sais la lassitude envahir mes membres. L’adrénaline me maintient debout et me permet d’utiliser des ressources insoupçonnées, mais le prix a payé sera terrible et si j’use toutes mes forces contre la femme, je ne pourrais pas soigner Seö. Le résultat de mon attaque m’apparait...

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Une fois que j’eus aidé Aurore à regagner le sol, elle me prit une nouvelle fois, en quelques jours, de court avec son étreinte. Je profitais alors de la sentir contre moi en profitant de son contact quelques instants, et je ne pus m’empêcher de sourire lorsqu’elle fit mine de s’énerver contre mon imprudence. Je ne pouvais, de toute façon, pas vraiment lui donner tort. La stratégie avait été risquée, et je m’étais délibérément mis en danger pour faire fuir la montagne mobile. Même si j’avais eu, sur le moment, confiance en mes capacités et en mes glyphes, je devais bien avouer que, si c’était à refaire, j’y réfléchirais sûrement à deux fois avant de recommencer quelque chose d’aussi inconscient. Cela dit, nous étions tous les deux en vie, ce qui était déjà une bonne chose. La jeune femme semblait s’être volatilisée, elle aussi, profitant sûrement de l’ombre de la nuit pour battre en retraire. C’était donc une histoire terminée sans grandes blessures ce qui, compte tenu du contexte, relevait presque du miracle.

Alors qu’Aurore avait pris la parole, je vis soudain le beau visage de la jeune femme afficher une expression bien moins réconfortante. Je fronçais alors les sourcils, ne comprenant que trop tard que le danger venait bel et bien dans mon dos. Je n’eus le temps que de faire un quart de tour, mon regard n’arrivant à agripper qu’une fraction de seconde l’arbalète qui venait de tirer deux traits dans les airs. Même si j’avais eu le temps, je n’aurais pas pu bouger. Si j’avais esquivé, ou même utilisé une nouvelle fois Nurtalëhir, l’attaque aurait atteint la jeune baptistrelle de plein fouet. Les deux traits me percutèrent, me coupant le souffle. J’écarquillais les yeux, baissant mon regard vers mon torse et le bout de ce qui semblait être un carreau magique qui en ressortait. Il me parut soudain difficile de rester debout, et je sentis un liquide ferreux envahir ma bouche. Je portais la main, par instinct, sur ma blessure, alors que je ne ressentais pourtant aucune douleur. C’était une sensation bien étrange, que je n’avais ressentie qu’une fois auparavant. Mes jambes ne répondirent bientôt plus, et je m’écroulais sur Aurore qui me rattrapa tant bien que mal. Mon cerveau avait beau hurler des ordres à mes muscles, et leur ordonner de se réactiver, ils n’en firent rien. Tout allait vraiment se terminer ici, aussi facilement. Je ne savais pas vraiment quoi en penser. Mon regard et mon esprit s’embrumèrent, et je fermais les yeux, doucement. C’était ça, il fallait que je me repose, que je reprenne mes forces. Je n’allais pas laisser Aurore se débrouiller toute seule, et tout irait mieux après quelques minutes de repos. Je me laissais donc glisser, lentement, dans les bras d’un sommeil qui paraissait tant réparateur.

J’aperçu soudain un visage qui me rappela un vieux souvenir. Une situation presque identique à celle que nous vivions. Comme une apparition, Laurelin était passée à l’offensive, utilisant curieusement une magie humaine furieusement puissante. Serrant les dents, je me forçais à lever les yeux, tâchant de remettre mes idées en place. Nous n’étions pas à Aigue Royale, ni même sur le continent d’Ambarhùna. Je posais alors mon regard sur une Aurore à la magie déchainée, qui avait pris le relai sur mon combat. Elle tâchait de me protéger, mais je savais que ce déferlement risquait de l’affaiblir. Mais qu’est-ce que je faisais, au juste ? J’allais rester là, laissant l’histoire se répéter une fois de plus ? Je rassemblais alors l’énergie qu’il me restait, grognant de douleur. L’adrénaline n’avait plus lieux d’être et les sévères blessures qui parsemaient mon corps me faisaient incroyablement souffrir. Alors qu’Aurore combattait, j’arrivais à me mettre à genou, m’appuyant sur Ahavarion. Je fis alors un court calcul, estimant mais chances. Cette estimation m’arracha un sourire crispé. Ce n’était pas glorieux. Manier mon arme était possible, mais je ne pourrais jamais rivaliser avec la jeune humaine qui était incroyablement rapide. La magie, il fallait oublier, je n’avais plus assez de ressource pour utiliser ou mes enchantements, ou n’importe quel sort elfique. Pourtant, je ne pouvais pas vraiment me résoudre à abandonner Aurore. Je la connaissais, et je savais qu’elle allait surement vouloir s’économiser pour tenter de me porter secours dès que l’occasion se présenterait. J’étais loin de pouvoir rivaliser avec l’humaine à l’arbalète, mais je pouvais au moins faire gagner du temps à mon amie.

M’appuyant toujours sur ma lance si étrange, je rassemblais ce qu’il me restait de force pour me relever. La blessure sur mon torse saignait abondamment, comme en attestait la flaque de liquide rouge qui s’était formée à mes pieds. Pourtant, l’heure n’était pas à la réflexion et, s’il me restait un tant soit peu de forces, je devais les mettre à profit. Je finis alors par me relever complètement, avec grande difficulté. Je n’aurais jamais cru Aurore si puissante, et elle rivalisait avec son adversaire. Je mis alors un pied devant moi, arrachant Ahavarion du sol où je l’avais planté, et j’avançais d’un pas, me mettant du mieux que je pouvais en garde. J’étais encore dans le dos d’Aurore, mais je me tenais prêt. Je n’allais certainement pas laisser notre adversaire lui faire du mal sans réagir.

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Elle avait pourtant dit que ça n'avait rien de personnel, pourquoi les gens prenaient aussi mal le fait de mourir, sérieusement ? La vampire était encore très jeune certaines subtilités ne l'atteignaient pas vraiment. Elle levait les yeux au ciel dans la pénombre, les bras levés en guise de supplique, elle n'avait rien contre eux, mais ils étaient des témoins gênants.

Un vampire ça ne rêve pas, ma cocotte. Elle trouvait amusait ce soudain déferlement de haine à son encontre, elle s'apprêtait à frapper une nouvelle fois quand l'humaine enchaînait les actes stupides, elle laissait déferler sa magie, s'épuisant pour finalement ne pas parvenir à ne serait-ce qu'effleurer sa cible. Elle trouvait cela d'un pathétique, mais ça lui donnait l'occasion de reculer et de récupérer son arbalète qu'elle avait laisser en arrière. Elle en profitait pour la recharger sans aucune difficulté, juste au cas où.

Elle grondait en observant l'homme tenter de se relever, elle avait l'air d'être en colère, elle avait dépassé sa pitié et son racisme pour laisser place à de la colère ?.. C'était une bien drôle de réaction venant de la part d'un assassin et plus encore de la part d'elle-même, elle trouvait qu'il se comportait mal, qu'il devrait juste accepter son sort sans se débattre, que ce n'était pas une manière digne de mourir ?

- Tu vas te vider de ton sang, idiot. Au fond, trouvait-elle que c'était du gaspillage, pas vraiment les elfes non-immunisés étaient rares et il lui paraissait assez jeune et son odeur ne lui plaisait pas. La fille ne m'intéresse pas, je peux la laisser partir, mais arrête de te ridiculiser. Ainsi, on ne pourrait pas lui dire qu'elle n'essayait pas de trouver un arrangement.

Sintharia grimpait sans aucune difficulté au premier arbre qui venait, s'installait sur sa branche aussi confortablement que possible et calait son arbalète avec son bras libre, les mettant en joue, tout simplement.

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Je sens un mouvement derrière moi. Qu’est-ce que c’est ? Je ne sais pas si je dois me retourner pour voir ce que c’est. Et si c’était Cendre ? Non elle était devant moi il y a quelques instants, on ne peut pas se déplacer aussi vite. Un autre danger alors ? Impossible, ce serait de l’acharnement. Mais peut-être que le bruit et la lumière ont attiré des créatures sauvages. Un autre golem ? J’espère que non. Je tente tout de même un rapide coup d’œil pour voir qu’il s’agit en réalité de Seö. L’elfe est complètement fou d’essayer de se relever, avec ses blessures. Il ne va faire qu’aggraver son cas et il sera plus difficile à soigner. La colère que je ressens pour Cendre déteint légèrement sur le comportement de l’elfe mais je me ressaisis. Il ne veut sûrement que me protéger, comme il l’a fait contre le Golem. Mais je ne peux tolérer ça. C’est à mon tour de protéger les autres. Aujourd’hui, je ne demande aucune protection.

La femme pense la même chose que moi, il va se vider de son sang. Mais je ne sais pour quelle raison, elle veut la mort de Seö. Peu importe, il est hors de question que mon compagnon ne meurt. Laisse le tranquille. Je ne partirai pas sans lui. Alors, laisse-nous en paix. Ma propre voix me surprend. Elle est pleine de véhémence, de hargne. Le son me rappelle la fois où pendant une ballade, j’ai croisé une mère blaireau qui m’avait grondé et feulé dessus pour que je m’éloigne de ses petits. Je doute qu’aujourd’hui, ceci suffira. Elle veut tuer Seö, et je veux qu’il vive. Il ne peut y avoir qu’une issue à se problème.

Le temps qu’elle grimpe à l’arbre, je me tourne vers Seö, de profil pour ne pas perdre de vue la chasseuse. Les leçons de mon père me reviennent. Face à un prédateur, ne jamais lui tourner le dos. Je prends la main de Seö et lui murmure doucement. Merci. Je concentre la magie, mon énergie au bout de mes poings, prête à manipuler la terre qui nous entoure. Puis j’entonne un chant elfique. Je n’ai pas le temps ni la concentration pour le faire résonner correctement, ni dans le rythme lent qu’il faudrait. Les paroles coulent tout de même de mes lèvres, et je sens la magie elfique se pliait à ma demande. L’elfe tombe de sommeil mais je le retiens comme je peux, un œil fixé sur l’ennemi. Ennemi, un mot que je n’aurai jamais cru utiliser, mais quiconque s’attaque à ce qui m’est cher, ne peut être considéré autrement.

L’elfe est lourd pour ma faible force. Et mon énergie est de plus en plus basse. Je ne peux pas protéger Seö, affronter Cendre et puis le soigner et le ramener au camp. Ce sera au-dessus de mes forces. Fuir est impossible aussi, car je serais obligée d’abandonner Seö. Ce n’est pas acceptable. A Moins que… Je me tourne vers Cendre, vacillant légèrement sur mes jambes et lui fait face. Les sorts m’ont bien plus épuisée que je ne le pensais. J’espère juste avoir encore assez de force pour accomplir ce qui doit être fait. Je me pince les bras, concentrant la magie, tout ce qu’il me reste ou presque, une partie dans mes poings, prête à parer à tout éventualité, le reste dans tout mon corps. Le sort prendra un certain temps avant d’être efficace, il faut que j’en gagne.

Qui es-tu réellement ? Que veux-tu et pourquoi tu fais ça ? Nous ne t’avons rien fais. Laisse nous tranquille. S’il te plait. Ma voix devient suppliante sans que je le veuille. L’obscurité et les larmes me brouillent un peu la vue. La fatigue aussi. La peur remplace la colère. Et si je n’y arrivais pas. Si Seö mourait par ma faute. Car cette situation est ma faute. Entièrement ma faute. Si je ne m’étais pas aventurée seule dans la forêt, si je n’avais pas paniqué et sut repousser cette femme. Si j’avais su me montrer forte. J’ai passé trop de temps à l’abri, protéger par d’autres. La violence ne résout rien, j’en suis persuadée. Mais laisser les autres se battre pour soi est pire que tout. Je ne peux plus me contenter de soigner les autres pour les blessures dont je suis la cause.

La détermination remplace la peur. La fermeté chasse la supplication de ma voix. En quelques secondes mes résolutions m’ont changée. L’urgence de la situation a modifié mon comportement plus que toutes mes expériences passées. Je te le demande une dernière fois. Pars maintenant, ou payes en le prix. Je ne te tuerai pas, mais je te mettrai hors d’état de nuire. Alors range ton arme et disparait. Je préfère mourir que te laisser blesser ou tuer Seö. S’il le faut, je me viderai entièrement de mon énergie pour la chasser. Je sais que le renard est parti chercher du renfort. Les Chiens retrouveront Seö et le soigneront. A la seule condition que je résiste ou réussisse à fuir avec lui. Je sens d’ailleurs l’effet de la magie agir sur mon corps. Encore un peu de temps.

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J’avais bien du mal à rester debout, car tenir sur mes deux jambes nécessitait une vitalité colossale. A vrai dire, je n’avais presque aucune idée de ce que je faisais sur l’instant. J’agissais d’une manière purement instinctive, et déraisonnée, cherchant simplement à finir ce combat qu’Aurore avait commencé. Et il fallait dire que la plupart de mes sens ne répondaient plus, ou, lorsqu’ils arrivaient à fonctionner, ils répondaient mal. Ma vue était trouble, ce qui n’aidait pas vraiment pour mon équilibre. Mais ce n’était pas le seul sens qui me faisait défaut. Mon ouïe semblait être endommagée également, car, bien que je voie à peu près les lèvres des deux femmes bouger, je n’entendais presque rien, comme si tout résonnait autour de moi. Le poitrail de mon armure de cuir blanc était imbibé d’un liquide de couleur rouge. Chancelant, je m’appuyais alors brutalement sur mon arme que je plantais dans le sol. Non, définitivement, je ne pourrais pas me battre ainsi.

Même si l’hémorragie avait été moins grande, mes chances auraient été plutôt maigres. Il ne fallait pas que j’oublie non plus que j’avais quelques côtes qui s’étaient précédemment brisées sous les coups du Golem. Manier une lame aussi complexe et nécessiteuse qu’Ahavarion devenait rapidement une réelle épreuve et, si la jeune femme était réellement une vampire, elle n’aurait surement eu aucun problème à parvenir à me mettre à terre. Je ne pus m’empêcher d’émettre un petit sourire sarcastique, même si, à cause de ma faiblesse, il devait être bien difficile de le discerner. Moi qui me prétendais maitriser l’art des glyphes, je n’avais même pas pensé à trouver quelque chose pour prévenir ce genre de blessures ou bien pour me maintenir en vie. Je posais alors la main sur la plaie béante pour en contenir le flux, relevant les yeux.

Aurore se tenait toujours devant moi, et je pouvais remarquer une caractéristique protectrice que je ne lui connaissais pas. A en voir ses capacités, elle semblait déjà être une grande magicienne, tenant même tête à un vampire même si, pour l’instant, elle ne l’atteignait pas directement. Le renard, lui, n’était plus là. La bête était intelligente et je n’avais aucun doute quant au fait qu’il puisse rapidement retrouver la caravane et rameuter la garde, comme il était d’ailleurs venu me trouver la première fois. Il fallait simplement tenir le coup jusqu’à l’arrivée des renforts, autant pour moi que pour Aurore, même si, pour l’instant, je ne lui servais pas vraiment à grand-chose.

Sans que je m’en rende compte, Aurore était arrivée près de moi, me prenant doucement la main. Elle murmura quelque chose que je ne compris pas, mais sa présence avait quelque chose d’apaisant. N’étais-ce finalement pas une belle nuit pour rendre l’âme ? Les circonstances laissaient certes à désirer, mais j’étais au moins accompagné de la seule personne qui était chère à mes yeux sur ce continent. Et puis, je commençais à être si fatigué… Cette fin ne me paraissait plus si terrifiante, finalement, elle était une simple délivrance.

Sentir la magie d’Aurore envahir mon être me tira de ma torpeur. Mais qu’est-ce que je disais ? Qu’est-ce que j’imaginais ? Je n’avais pas le droit de trépasser ici. Je reconnus la magie qu’essayait de m’insuffler la jeune humaine. Un sort elfique qu’Aramis devait avoir pris soin de lui apprendre. J’aurais voulu protester, mais elle faisait le bon choix. Un choix logique. La fatigue qui m’envahissait se fit alors plus pesante, et je ne parvins pas à garder mon équilibre. Ma chute vu amortie par Aurore qui m’accompagna au sol. Je connaissais ce sort, et, vu la vitesse à laquelle la jeune femme avait du l’exécuter, je ne dormais pas comme prévu. Mais comment la blâmer. Si nous étions encore en vie tous les deux, c’était indéniablement de son seul fait. Et je ne pouvais pas l’aider de cent manières différentes. Tâchant de rester un minimum conscient, je me mis à continuer son chant. Un souffle, un murmure. Je devais me reposer, récupérer, pour espérer voir l’aube. Juste finir le sort, fermer les yeux, et compter sur Aurore et les mercenaires pour la suite.

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Elle le toisait du haut de son promontoire, elle trouvait les races mortelles à la fois fascinantes et ridiculement tragiques, comme si leurs courtes vies leur permettait de construire quelque chose d'assez solide pour ne pas vouloir juste s'en aller, comme si leur faiblesse était un point de plus pour se raccrocher à la vie comme une catin s'accroche à un client. En tant que jeune vampire elle avait bien du mal à comprendre toutes leurs émotions, comme elle-même agissait uniquement à l'instinct ou à la haine.

Sintharia observait tout particulièrement l'humaine, elle luttait avec la force du désespoir et c'était quelque chose de louable, mais de foncièrement inutile du point de vue de la vampire.

- Qui je suis ? Rien de plus qu'une ombre, ou plutôt un bras destiné à servir qui est capable de me payer. Ce n'est pas vraiment personnelle, tu devrais plutôt de poser la question : qui a-t-il bien pu fâcher pour que cette personne veuille sa mort ? En réalité, elle se taisait bien sur le sceau magique qui la contraignait à céder à cet odieux chantage entre elle et l'ancestrale. Comme je l'ai déjà dit ça n'a rien de personnel, j'ai une famille à nourrir.

Oui, elle avait bien une famille qui l'attendait quelque part, mais était-ce vraiment pour cette dernière qu'elle accomplissait un à un les contrats de la lumière des lumières ? Uniquement pour conquérir sa liberté et retourner auprès d'eux ? Mais suis-je suis disposée à vous laisser vous enfuir, même si ça me met dans l'embarras. Et elle espérait bientôt être libre. Mais cette partie de chasse ne l'amusant déjà plus, elle n'avait d'autre choix que de les laisser filer.

- Mais soit je suis disposée à m'en aller, avec si possible quelque chose qui porte l'odeur de ton homme, comme gage de mon travail. Il était après tout hors de question qu'elle se mette en danger pour un couple. C'est là tout ce que je vous demanderais.

Elle n'avait aucune envie de se faire malmener lorsqu'elle reviendrait Endëaerumë, ce qui arriverait sans doute si elle avait le malheur de revenir sans preuve de son méfait.

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Après un court silence, pendant lequel je sentis le regard de Cendre sur moi, j’ai ma réponse. Elle est si froide, distante, comme si la vie n’avait que peu de valeur à ses yeux. Son comportement, sa force, son allure, tout en elle, corrigent ma première idée sur sa véritable identité. La chaleur de sa peau, et sa force bien supérieur à la mienne, ou celle d’un humain standard, me faisait penser qu’elle était une elfe. Mais maintenant, je me rends compte que je me suis trompé. Ou alors est-ce encore une illusion qui va tomber ce soir ? Non, je ne peux pas croire que le peuple, le même que celui d’Aramis et de Seö puisse avoir des individus aussi froids. Ces pensées me traversent l’esprit très rapidement alors que je sens mes forces magiques diminuer. Si je veux pouvoir m’enfuir avec Seö, je dois arrêter l’un des sorts. La magie au bout de mes bras recul doucement tandis que la force de mes muscles décuple. Je me mets un peu plus sur mes appuis, et fait les exercices de concentrations que j’ai appris auprès des Baptistrels. Plus la situation empire, plus j’ai l’impression de la maîtriser. Enfin, de me maîtriser.

Tu es une vampire c’est ça ? Tu utilises un sortilège, non, un enchantement pour dissimuler ta nature vampirique. C’est pour ça que la vie n’a aucune importance pour toi. Tu as dit que tu étais chasseuse. Maintenant je comprends mieux ce que tu voulais dire. Je parle d’un ton bravache car la détermination a remplacé la peur. Mais le doutes s’immiscent dans mon esprit aux dires Cendre. Seö n’a rien fait qui puisse pousser quiconque à vouloir sa mort. Et quand bien même, la mort finit par venir à tous, même aux elfes. Tuer pour tuer est une action que ni mon éducation et mes croyances, ni mon statut de baptistrelle ne peuvent approuver.

Je la défis aussi du regard, comme si ça pouvait faire la différence. Mais par une étrange réflexion, ou inspiration, la vampire est prête à nous laisser partir vivant. Peut-être pense-t-elle que Seö ne survivra pas. C’est très mal me connaitre. Toujours est-il que je me sens soulager mais je cache un soupir, gardant un air sévère. Quelque chose qui porte l’odeur de Seö ? Pour gage de son travail ? Si quelqu’un en voulait vraiment à Seö, peut-être le croirait-il vraiment mort alors et l’elfe serait en paix. Mais non, c’est absurde, puisqu’il n’est pas recherché, ce n’est pas un criminel. Pas lui. Je ne dois pas laisser le venin de cette femme m’empoisonner l’esprit. Mais je vais lui donner ce qu’elle demande et profiter de cette diversion pour m’enfuir.

Si tu veux quelque chose qui a son odeur, alors tu l’auras. Mais tu nous laisseras vraiment partir. Sans nous suivre, ni essayer de revenir pour finir ta tâche abjecte. Je pose un genou au sol, doucement, sans la quitter des yeux. Je note position de l’arme de Seö, et je détache la cape de l’elfe. Je reste toujours sur mes gardes. Mais il me faut un moyen de nous échapper sans qu’elle nous poursuive. Peut-être qu’une démarche franche suffira.

Je jette la cape au pied de l’arbre. Prend ça et laisse nous. Toujours accroupie, je saisis Seö avec douceur, après avoir ramené son arme. Je le soulève tendrement. Le sort fait son effet en augmentant ma force, mais celle-ci n’était pas grande de base. L’elfe est assez grand et son équipement lourd mais l’adrénaline et ma volonté suffisent à le soulever. Portant mon compagnon dans mes bras comme une mère son petit, je recule, toujours en faisant face à Cendre. Une fois sûre de ne plus être en vue, je me retourne et court. Mes yeux habitués à l’obscurité me fait revenir sur le chemin, à la caravane où les Chiens me voit surgir surpris. Le Renard est là aussi et glapit depuis semble-t-il un bon moment, sous le regard plein d’incompréhension du capitaine. Quand il me voit, Seö dans les bras, il se précipite. Les Chiens les plus proche arrive juste à temps pour me rattrape lorsque je m’écroule. L’un rattrape Seö, l’autre me soutient. J’éclate en sanglot. Je ne veux plus qu’une seule chose… Soigner Seö.

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- En effet, je suis bien une vampire, ne te trompe pas sur moi, je ne dois avoir que quelques années de plus que toi, et je n'ai menti à aucun moment. Tu pars sur de mauvais aprioris, car tu as cru que j'étais humaine. M'aurais-tu traitée autrement si je t'avais dit directement que j'étais une vampire ? La question méritait de se poser, mais elle y mettait fin bien rapidement. Pas le temps pour ça, il est en train de mourir.

Elle restait pensive quelques secondes, sans vraiment les observer.

- Cependant, je vais t'adresser un conseil, de femme à femme, tes sentiments sont purs, mais ils t'aveuglent, tes idéaux le sont aussi, mais le temps t'apprendre à faire preuve de mesure dans l'exercice de tes fonctions. Elle-même avait une fille qui l'attendait depuis plus d'un an. Je me contenterais de dire qu'il ne faut parfois pas faire grand chose pour froisser d'autres personnes, évitez le royaume elfique quelque temps, je peux dire qu'il est mort, mais ça ne durera qu'un temps.

Elle descendait de l'arbre, avec sa souplesse et dans le silence, qui faisait parti d'elle-même, elle fixait de ses yeux argentés l'étrange couple de son regard si particulier, elle semblait être bien plus calme maintenant qu'elle avait accepter de déposer les armes, au moins pour quelques instants qui seraient salutaire à tout le monde.

- Un morceau me suffira, il ne faudrait pas qu'il meure d'hypothermie à cause de l'hémorragie. Elle arrachait une fine bande avant de relancer la cape à la baptistrelle. Un seul de mes carreaux a touché, hâte toi d'aller le soigner, ou tu auras fait tout ça pour rien.

Puis elle reculait, se fondant dans le royaume des ombres grâce à sa cape, ce monde qui était son domaine, il lui restait sans doute d'autres contrats à accomplir.

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