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descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyTumulte. [Pv. Aurore]

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Tumulte.   Ft. Aurore


Je devais bien avouer ne pas trop savoir où j’étais. J’avais pris la route depuis Calastin, sans réel but ou objectif, comme à mon habitude. Il fallait avouer que, depuis la dissolution de la Caste, je n’avais plus de comptes à rendre et j’avais retrouvé cette liberté qui m’était autrefois si chère. Pourtant, cette dernière avait un goût amer. A bien y réfléchir, je ne la souhaitais pas plus que ça. Avoir pu vivre aux côtés des dragonniers et des serviteurs de la Caste, dont beaucoup avaient fini par être mes amis, m’avait montré une facette de l’existence que je n’avais pas connu jusqu’alors, et dans laquelle, plus jeune, je n’aurais jamais pensé me retrouver et me complaire un jour.

Pourtant, c’était à nouveau fini. Je me retrouvais de nouveau seul, sur les routes, à errer sur les chemins. Les premiers mois furent difficiles, car l’acceptation avait mis du temps à arriver, mais l’appel du nouveau monde et de l’aventure avait fini par l’emporter. Pourtant, contrairement à ce que j’aurais pu croire, rien n’était comme avant. J’avais vécu temps de choses extraordinaires sur Ambarhùna. Grâce à Lewyn, et Aramis, j’étais devenu plus fort, et grâce à Aurore, et aux autres, j’étais devenu plus humain. La compagnie avait même tendance à me manquer, parfois, ce qui n’avais jamais été le cas lors de mes jeunes pérégrinations.

J’avançais alors sur l’une des innombrables routes présentes sur l’île humaine, suivant instinctivement un chemin que je ne connaissais encore pas. D’ordinaire, j’avais tendance à ne suivre ces axes routiers que de loin, n’ayant toujours pas une confiance absolue dans les divers mercenaires qui l’arpentaient parfois. Pourtant, aujourd’hui, je n’y avais pas fait attention. De toute façon, l’endroit était désert. En effet, le gros temps n’était pas loin, et j’imaginais que les voyageurs devaient avoir remis leurs départs ou leurs pèlerinages à un jour où la météo serait plus clémente. Sentant alors poindre l’orage, je rabattais ma capuche blanche au-dessus de ma tête, remontant le col de ma veste jusqu’à mon nez pour me protéger du vent qui s’intensifiait. D’ailleurs, je n’avais pas vraiment fait attention, mais la nuit commençait à tomber doucement. J’allais donc devoir trouver rapidement un abri pour attendre jusqu’au lendemain. Poussant un léger soupir, et progressant toujours sur le chemin légèrement boueux, je me mis à regarder autour de moi pour déceler une éventuelle cachette de fortune.

Je me mis alors à repenser à l’impression que pourrait donner un grand voyageur encapuchonné, dont on ne pouvait apercevoir que les yeux, sur un chemin tel que celui-ci. Mon apparence avait certes bien changé depuis que j’avais intégré la caste, puisque mon armure et ma cape étaient désormais blanches et non noires, mais je me doutais qu’elle puisse tout de même rendre inquiet d’éventuels voyageurs qui, comme moi, se seraient mis en tête de braver la tempête. Par sécurité, je fis un petit mouvement d’épaule pour vérifier qu’Ahavarion, Fenris et Gel étaient toujours accrochés à mon curieux fourreau. Je n’avais aucune envie de me battre, mais, dans un monde encore inconnu, il valait mieux se montrer prudent.

La tempête ne tarda pas à se déclencher. Une pluie torrentielle s’abattit alors sur moi, et la route était balayée par d’épaisses rafales de vent, rendant ma progression beaucoup plus compliquée. Heureusement que mon équipement était de bonne facture, et fait pour résister aux pires des intempéries, sans quoi je me serais rapidement retrouvé trempé. Pour couronner le tout, l’orage commença à gronder, proche de nous. Ce n’était décidément pas mon jour, mais je n’avais pas d’autres choix que de continuer à avancer, espérant trouver une auberge ou un refuge le plus tôt possible.

Je ne pouvais pas vraiment dire combien de temps j’avais passé à marcher. Je ne m’inquiétais pas outre mesure, car ce genre de météo était malheureusement monnaie courante lors de mes voyages, mais j’avais tout de même hâte d’y échapper. Je vis alors, sortie de la tempête, quelques lumières qui progressaient vers moi. Elles s’épaissirent pour dévoiler une sorte de grande caravane de carriole qui avançait tant bien que mal sur la route. Ils s’étaient visiblement, eux aussi, retrouvé piégés par la tempête, et avaient décidé de continuer. Une décision logique, puisqu’ils n’auraient pas été en meilleure sécurité en s’arrêtant.

L’un des hommes qui conduisait la tête de la caravane m’aperçut alors. Il cria quelque chose à travers la tempête que je n’entendis pas, puis, plus rien. Je recommençais alors à avancer, me préparant à m’écarter de leur route, mais je n’en eu pas le temps. Une dizaine de guerriers en armes approchèrent de moi, m’encerclant rapidement. Ils n’avaient pas l’air particulièrement agressifs, mais je compris rapidement que le chef de la caravane avait dû me prendre pour un bandit. Il fallait bien avouer que, dans la tempête, mon épaisse silhouette encapuchonnée n’avait rien pour inspirer la confiance. Dans tous les cas, les guerriers qui m’entouraient avaient tous l’air particulièrement jeunes, mais pas effrayés ou maladroits pour autant. Un homme plus vieux brisa alors les rangs, vraisemblablement le responsable de la petite troupe, et s’adressa à moi en criant, pour couvrir la tempête.

« Halte ! Je ne sais pas qui vous êtes, ni quelles sont vos intentions, mais je ne peux pas laisser un voyageur armé s’approcher trop prêt de la caravane que je protège. Si vous n’avez aucunes mauvaises intentions, vous comprendrez que je vous demande de vous écarter le temps que nous passions ! » Me dit-il, d’une voix assurée. J’étais plutôt surpris de le voir s’exprimer sans aucune forme d’animosité, et sa proposition était parfaitement censée. Je hochais alors la tête, m’apprêtant simplement à lui répondre.

« Je-… » Je n’eus que le temps de commencer que je vis une silhouette orangée foncer directement sur moi, venant de la forêt. Je me mis dans une garde défensive, comme par réflexe, avant de porter la main à mon fourreau, surpris par la soudaine attaque. Mais mon attitude fut très mal perçue par le groupe armé, qui prit sans doute ça pour une volonté d’attaque de ma part. Leurs lames pointèrent bientôt toutes vers moi, y compris celle du responsable de la troupe.

L’animal brisa leur rang, se faufilant entre les jambes des guerriers, pour se planter devant moi. Il était trempé, mais, à ma grande surprise, ses mouvements de queue et son attitude bondissante me laissèrent à penser qu’il était simplement heureux de me voir, ce que je ne comprenais absolument pas. J’étais certes un elfe, et j’avais une certaine affinité avec la forêt, mais de là à ce qu’un animal sorte délibérément de son terrier en pleine tempête pour me saluer, il y avait quand même un monde.

Avant que je n’aie vraiment eu le temps de réagir, le goupil se retourna vers les hommes armés, montrant agressivement les crocs, et se postant délibérément entre moi et eux, faisant quelques tours avec cette attitude menaçante, comme s’il voulait simplement me protéger. Son comportement sembla perturber les soldats autant que moi, mais je devais rapidement reprendre mon esprit avant qu’ils ne croient que cet animal était dressé et que j’allais l’utiliser pour les combattre. J’ôtais alors l’un de mes gants en cuir blanchi, m’accroupissant avant de poser la mais sur la tête de l’animal en colère. Mon geste sembla l’apaiser, et il resta alors collé à moi. Cependant, je pus observer que les soldats n’étaient en rien rassurés, et qu’il ne faudrait qu’un seul geste déplacé ou suspect pour qu’ils ne se jettent sur moi.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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Voyager au sein d’une caravane est très agréable. Entre les colons qui partaient s’installer dans les terres sauvages et les marchands voulant accumuler de nouvelles richesse, l’ambiance était très bonne enfant, d’autant que les mercenaires recrutés pour nous escorter n’avait rien à voir avec leur semblable. Très courtois, posés et réfléchis, les Chiens, comme ils se font appeler, s’étaient spécialisés dans la protection de convois et dans la sécurisation de régions pour permettre aux colons de s’installer paisiblement et aux marchands de voyager en paix. Ils expliquaient qu’ils faisaient partis d’une organisation bien plus ramifiée, et récente. La plupart des guerriers étaient très jeunes et seuls quelques officiers semblaient expérimentés. Mais ça n’empêcher pas de se sentir protégé, surtout après les avoir vu s’entrainer.

Le voyage se passait rapidement, car durant la journée, il y avait toujours un peu d’action, entre les familles qui se chamaillent pour un rien à cause de la fatigue, les bêtises et les blessures des enfants, les blagues et les histoires des marchands. Je ne me suis jamais autant senti baptistrelle que dans cet environnement. Au bout de quelques jours, les autres voyageurs avaient pris l’habitude de se tourner vers moi pour régler les conflits, voir les empêcher avant qu’ils n’éclatent. Ils disaient que ma douceur et ma gentillesse les aidaient à surpasser leur différent et à réfléchir. Les Chiens, quant à eux, se montraient distants avec tout le monde lorsqu’ils voyageaient ou étaient de gardes lors des pauses, mais n’hésitaient pas à se joindre à nous pendant leur repos. Ils étaient tous de fabuleux compagnons, venant de tous les horizons, certains un peu triste car ils avaient tout perdu, famille et biens, d’autres plus heureux, cherchant l’aventure et la gloire, d’autres, très peu nombreux, disaient vouloir rejoindre le Loup Solitaire et sa Meute. J’ai entendu des rumeurs à son propos mais rien qui puisse mener à une telle admiration.

La caravane avance sans heurts à travers les terres encore sauvages, sur une route parfois en mauvaise état à cause de la rapidité avec laquelle elle fut faite. Ce n’est pas grave, ça s’améliorera avec le temps. Le soir, lorsque la caravane s’arrête pour la nuit, on se rassemble par petits groupes autour de feu pour chanter ou se raconter des histoires. Puis je pars rejoindre le renard, qui n’ose pas s’approcher de tant d’humains. Nous passons un peu de temps ensemble, à grimper aux arbres, à jouer. Je sais qu’il n’est jamais très loin, je peux presque sentir sa présence.

Aujourd’hui, la pluie tombe abondamment sur notre groupe, les voyageurs se serrent et grommelle sous leur cape, maudissant la pluie pour certains. Ce n’est pas mon cas, car j’aime l’eau et par conséquence la pluie. D’autant qu’il ne fait pas si froid que ça et que je ne crains pas d’attraper le mal car le cas échéant, j’ai ce qu’il faut pour me remettre sur pied en moins de temps qu’il faut pour le dire. Je marche donc un temps sous la pluie, savourant la douceur des caresses des gouttes sur mon visage, sentant mes cheveux se coller dans mon dos alors qu’ils sont détachés. Je remarque les regards envieux des enfants, coincés par leurs parents et le regard soucieux voir désapprobateurs de ces derniers. Je décide donc d’aller m’abrite un peu dans les bois et de marcher avec le renard.

La bête est trempée mais ne semble pas s’en soucier, tout comme moi. Je pense qu’elle sera bien contente de me suivre exceptionnellement ce soir, pour se réchauffer dans mes bras et près du feu. L’odeur de la pluie mêlée à celle de la forêt est un vrai délice, et j’hésite même à retirer mes bottes pour marcher pieds nus sur l’humus mouillé. Soudain, le renard se fige et dresse les oreilles, hume l’air juste avant de se précipiter vers la caravane. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Je le suis tout de suite en courant, me faisant distancer car je suis bien moins rapide et la végétation me gêne. Heureusement, il n’y a pas loin à aller pour rejoindre la caravane. Je surgis du sous-bois à temps pour voir le renard se faufiler entre les Chiens qui semblent encercler un individu que je n’arrive pas à distinguer à cause des soldats qui me bouchent la vue.

J’arrive toutefois en courant et me faufile entre les mailles du cercle comme le renard pour le voir en train de grogner envers les soldats. Les hommes semblent interloqués, ils ont dû reconnaitre le renard et se demande pourquoi il agit ainsi. Moi aussi, car l’animal n’est pas de caractère agressif et n’agit ainsi que pour protéger quelqu’un qu’il apprécie ou sa nourriture. Alors qui peut bien mériter une telle faveur. Sans m’arrêter, surprenant les soldats qui ne m’avaient pas entendu venir, je regarde l’individu qui se trouve sous la protection du renard.

Une grande silhouette encapuchonnée, malgré une tenue blanche, la pluie lui rendait son allure sombre et terrifiante. Une position absolument pas agressive, presque l’air de s’excuser, un regard doux, des cicatrices. Mon visage s’illumine en reconnaissant l’elfe. Seö ! Et sous le regard médusé des Chiens, j’accélère pour me jeter au cou de l’elfe, manquant de le faire tomber à la renverse. Malgré ma grande taille pour une femme, je me dois me mettre sur la pointe des pieds pour enfouir mon visage dans son cou et l’enserrer.

Je me souviens de la joie que j’avais ressenti lorsque j’avais retrouvé Artane sur le bateau, celle que j’avais ressenti lorsqu’Aramis m’avait offert de devenir sa sœur et d’étudier au Domaine. Celle que je ressens et beaucoup plus grande. Je ne sais pas pourquoi la vue de l’elfe qui semble si réserver m’emplit autant de joie, mais je suis tellement heureuse de le revoir. Pourquoi un tel engouement pour cette retrouvaille, alors que je le connais à peine ? Qu’importe, l’important c’est qu’il soit là. Je sais contre ma cuisse, la patte du renard qui doit sûrement lui aussi réclamer sa dose de caresse de ma part et de celle de Seö mais je serai égoïste pour cette fois et ne veut pas relâcher mon étreinte.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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Alors que la pluie martèle brutalement mon visage, fouettée par les puissantes bourrasques de vent, je garde la main posée sur le pelage trempé du goupil, réfléchissant à toute vitesse. La situation est complexe, et peu dégénérer à tout moment. J’analyse alors mes options, en un éclair, estimant mes chances de m’en sortir.

Première option, le combat. Risquée. Trop risquée. J’ai beau être un bon combattant, et un elfe de surcroît, je ne sais rien de mes adversaires ni de leur niveau. En vaincre une dizaine est donc une possibilité mais, puisque je n’initierais jamais le combat, je perdrais forcément l’avantage de l’initiative. De plus, pour des mercenaires et des gardes du corps, je devais bien avouer que leur attitude était tout à fait exemplaire. Ils ne faisaient rien de mal et avaient réagi d’une façon parfaitement censée pour protéger les gens de la caravane. Je n’avais donc aucune envie qu’ils s’en prennent à moi ou moi à eux.

La seconde option, la fuite. Plus facile. J’étais rapide et possédais quelques enchantements qui pouvaient m’aider. Mais la pluie et la tempête pouvaient aisément compliquer la situation, et je n’avais aucune envie de me faire une réputation de brigand auprès des caravanes qui sillonnaient l’île. Il ne restait finalement que la dernière solution, avant d’en venir aux deux premières. Essayer de les raisonner, de les rassurer, afin de désamorcer le malentendu. J’allais alors prendre la parole, pour essayer de m’expliquer, mais une nouvelle ombre traversa la ligne de soldat, sous leurs regards médusés, criant mon nom en se précipitant vers moi.

Je la reconnus en une fraction de seconde, une chaleur envahissant alors brutalement ma poitrine, alors que le surprise me faisait oublier tout ce qui se passait autour de moi. « Au-Aurore ? » Parvins-je à balbutier, avant de recevoir la jeune femme trempée dans mes bras. L’impact failli me faire chavirer vers l’arrière, mais je réussissais à reprendre rapidement mon équilibre alors que, blottie contre moi, l’apprentie baptistrelle nichait sa tête dans mon cou, sur la pointe des pieds. Je refermais alors mes bras sur son dos, l’étreignant à mon tour, sous les yeux totalement déboussolés des soldats qui, visiblement, ne comprenaient plus rien à ce qu’il se passait devant eux.

Je profitais alors de cet instant, savourant le plaisir de retrouver quelqu’un qui m’était cher. Je n’avais eu aucun doute sur le fait qu’elle ait pu fuir Ambarhùna, mais je la pensais au domaine baptistral, avec les autres. Pourtant, elle était là, voyageant avec les marchands et les pèlerins. Elle semblait avoir pris un peu plus d’assurance, de confiance en elle. Il fallait dire que nous ne nous étions pas vus durant deux années, et que, chacun à notre manière, nous devions avoir un peu changé.

Pourtant, ce n’était pas ça qui m’importait sur le moment. Ce qui comptait, c’était simplement sa présence et la joie de l’avoir retrouvée, même si c’était un hasard. Une simple coïncidence que d’autres auraient facilement pu apeller la destinée. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire à cette idée que je pensais pourtant fausse, même si elle me plaisait bien, pour le coup. Peu importait, de toute façon.

Nous nous étreignîmes un moment qui me parut bien trop court, puis, sans cesser de l’enlacer, je me reculais un peu pour baisser mes yeux vers elle. La surprise n’avait pas totalement disparue, et je lui glissais simplement.

« Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Je te pensais au domaine des Baptistrels avec les autres. » Le sourire dessiné sur mes lèvres en disait toutefois long. J’étais heureux que ça ne soit pas le cas, ce qui me fit totalement oublier l’allure apocalyptique du décors qui nous entourait alors.

Les soldats n’osaient, eux, plus bouger. Même si elle était alors venue de la forêt, leurs regards me firent comprendre qu’ils connaissaient l’apprentie baptistrelle et qu’elle voyageait avec eux, étant du même coup sous leur protection. Leurs yeux se tournèrent alors vers leur capitaine, ou du moins leur supérieur, avec un air interrogateur. Ce dernier se gratta la tête, un peu désemparé, glissant simplement.

« Si quelqu’un comprend, je veux bien qu’il m’explique… »

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Mon cœur s’emballe lorsque je l’entends balbutier mon nom. Il se souvient de moi, malgré le temps et les distances qui nous ont séparées. Le voilà bien moins terrifiant qu’à notre première rencontre. C’est d’ailleurs exactement l’inverse qui se produit. La première fois j’ai voulu fuir, tant j’avais peur qu’il ne s’approche. Aujourd’hui, je ne veux pas le lâcher. Je veux qu’il me raconte ce qu’il a vécu pendant notre séparation, comment il a fait pendant l’invasion des chimères. Je ne sais pas en fait vraiment ce que je veux. Tout ce que je sais c’est que je suis heureuse qu’il soit là.

Il me serre à son tour dans ses bras. Je souris et ferme les yeux, savourant cet instant, oubliant tout du monde. Il n’y a rien d’autre qui existe à part Seö, le renard et moi. Après quelques minutes d’étreinte, l’elfe dessert légèrement les bras et s’éloigne légèrement. Nos visages ne sont qu’à quelques centimètres. Il a vraiment d’étranges cicatrices sur son visage. D’où peuvent-elles venir ? Est-ce à cause d’elles qu’il est si réservé ? Le sourire qu’il me renvoie et le même que celui que je lui offre. Il est heureux de me revoir. Je me blotti contre sa poitrine. Sa question me surprend mais en réalité, elle n’est pas dénuée d’intérêt.

Le monde est neuf, il y a tout à découvrir. Il faut bien que quelqu’un trouve du savoir et le ramène au Domaine. Et puis, les gens ont encore besoin d’aide pour l’instant. Et toi ? La caste n’existe plus. Que fais-tu pour vivre ? Je relâche mon étreinte pour le regarder droit dans les yeux. Il y a tant de douceur dans le regard de l’elfe. L’eau qui ruisselle sur sa cape me fait penser que je dois avoir la même allure que le renard, qui essaye toujours d’avoir une caresse de ma part ou de celle de Seö, mais il attendra. Je rigole légèrement en m’imaginant, complètement trempé. Je suis presque surprise de ne pas voir dans le regard de l’elfe, ce que beaucoup gens n’hésite pas à montrer. De l’indulgence envers une jeune fille simple, gentille qui ne se soucie que des autres. Même Aramis, que j’aime comme ma mère, a souvent se regard indulgent face à mon expérience. Ce n’est pas méchant, mais il y a ce jugement, que je ne retrouve pas ça dans le regard de Seö. Il est juste heureux et surpris de me voir là. C’est pour ça qu’il est différent des autres. Il ne se demande pas pourquoi est-ce que je suis simplement en robe sous la pluie.

La question du Capitaine me fit rire. Un rire joyeux, bien plus que celui qu’ils ont l’habitude d’entendre ce qui les surprend. J’ai toujours le rire facile et clair, mais celui-là transpire le bonheur. Capitaine, laissez-moi vous présenter Seö Wënmimeril. C’est mon ami, et il n’y a aucune raison de le craindre. Il est ce qu’il a de plus éloigner d’un bandit… Après vous et vos compagnies, bien sûr. Ma remarque fait ricaner quelques un des Chiens. Seö, celui qui t’a interpelé et qui est en charge de la protection de cette caravane est le Capitaine Omalley, il dirige la Compagnie des Chiens. Ce sont des mercenaires spécialisés dans l’escorte et la sécurisation de régions. Je ne me suis pas trompée Capitaine ? C’est presque un sans-faute, jeune Fille de l’Ondée. Mais Sir Wenmimeril, je ne suis le Capitaine d’une des compagnies de Chiens. Mais sinon c’est à peu près exact. Veuillez m’excuser pour mon excès de zèles. Je sais bien que la paranoïa n’est pas une bonne amie, mais en territoire inconnu, on apprend vite qu’on ne peut compter que sur ses seuls camarades. Je… Vous… Hum… Et bien nous allons continuer notre route. Vous pouvez dispos… Enfin, euh… Aurore, nous te laissons avec ton ami. Le sourire et le ton de la dernière phrase du Capitaine sous-entendaient quelque chose mais je ne comprenais pas quoi. La façon dont il avait le mot ami surtout, paraissait avoir un double sens. Je me tourne vers Seö avec un air interrogateur pour voir s’il avait remarqué ou saisi le sous-entendu mais mon expression change presque immédiatement en le regardant, laissant place à un sourire comblé.

Les Chiens et le convoi se remettent en route et commencent à défiler devant nous. Je prends la main de l’elfe et l’entraine avec moi, à la suite de la caravane avant de m’arrêter. Viens ! Tu as plein de chose à me raconter. Et moi aussi. Tu nous accompagnes dis ? Ou tu vas quelque part ? Je peux t’accompagner ? Si c’est non, il te faudra de bons arguments car je ne vais pas te lancer disparaitre de nouveau comme ça. Regarde, même le renard est heureux de te voir et ne veut pas te laisser. En effet le renard se frotte la tête contre Seö. S’il ne peut pas avoir de caresse, alors il va en donner. Je connais bien cette attitude car il me le fait souvent, lorsque je suis en train d’écrire, dessiner ou sculpter. Comme je ne peux pas le caresser, il passe sa tête sous mon coude droit pour ne pas me gêner ou contre mes jambes. C’est ça façon de montrer son affection. Ça et aussi les léchouilles. Je pense que Seö n’y échappera pas si nous restons ensemble. Et c’est bien ce qui va arriver.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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Alors que je m’étais écarté d’elle quelques instants pour l’interroger sur sa présence au sein du convoi, la jeune femme replongea son visage contre mon torse protégé par mon armure de cuir blanc, n’en ayant visiblement pas encore fini avec son étreinte. Le renard à nos pieds se mit à japper, toujours sous l’ondée, mais nous n’en avions cure sur le moment, profitant encore quelques instants du bonheur que nous procurent nos retrouvailles, ne prêtant pas non plus davantage à l’averse tonnant autour de nous. Curieusement, la pluie semblait ajouter une petite note de douceur sur notre rencontre, lui conférant un caractère presque magique.

J’écoutais alors la réponse d’Aurore, aussi simple que censée. Il y avait effectivement encore beaucoup à découvrir de ce nouveau continent, et nos compétences respectives n’en étaient que meilleurs si nous les mettions à profit de voyages comme celui que semblait avoir entamé la jeune femme. A voir les visages étonnés, mais finalement assez soulagés des soldats qui nous entouraient, je compris bien vite que la place qu’occupait l’apprentie baptistrelle au sein de la caravane n’avait rien d’anodine. Ce qui semblait logique, si elle suscitait chez eux les mêmes sentiments qu’elle suscitait en moi. Être à ses côtés avait quelque chose d’apaisant, et cet aspect paraissait embrumé de mystères. A bien y repenser, je ne savais pas vraiment moi-même définir le sentiment qui m’avait envahi et m’envahissait dès que la jeune humaine était à mes côtés. Mon amie toujours blottie contre moi, je lui répondais.

« Tu as raison, et je crois que je n’ai pas vraiment pu résister à l’appel de l’aventure moi non plus. » Dis-je simplement, avant de poursuivre, un petit sourire amusé sur le visage. « Quant à ce que je fais pour vivre, maintenant que la Caste n’existe plus, je dirais tout simplement que j’ai repris mon ancienne vie. Je voyage, je travaille çà et là en élaborant quelques glyphes, et je découvre le monde comme je le faisais avant. » Je m’en satisfaisais bien, pourtant, il y avait une pointe de nostalgie dans ma voix. Mais pour le moment, peut importait.

Alors qu’Aurore se reculait, je pris conscience que la jeune humaine était littéralement trempée des pieds à la tête. Pourtant, elle ne semble même pas y prêter attention. A l’inverse même, elle rayonnait davantage. L’élément aqueux devait décidément être le sien, et sa douceur s’unifiait parfaitement à celle de l’apprentie baptistrelle. Alors que, pour la première fois depuis bien longtemps, je la détaillais légèrement, une douce chaleur envahit ma poitrine. Je n’eut pas vraiment le temps d’analyser ce sentiment nouveau qui s’était emparé de moi, car la jeune femme avait d’ores et déjà pris le relai pour expliquer la situation au capitaine légèrement désemparé, arrachant quelques rires aux soldats qui nous entouraient. Alors qu’il finissait de s’excuser, je détournais, difficilement, mon attention d’Aurore pour quelques instants, la reportant sur l’homme qui se tenait devant moi. Je profitais alors d’avoir enlevé mon gant pour lui serrer la main, le rassurant immédiatement.

« Je vous assure, toute cette situation n’est qu’un malentendu. A vrai dire, j’ai été surpris par l’arrivée du renard et j’ai eu un réflexe malheureux, et je ne vais certainement pas tenir rigueur de la réaction de vos hommes, qui était parfaitement justifiée. Vous protégez remarquablement bien votre caravane, et je le pense sincèrement. Je suis d’ailleurs rassuré qu’Aurore soit entre de si bonnes mains. Même si tel est le nom de votre compagnie, je ne pense pas que le terme « Chiens » rende réellement hommage au comportement exemplaire de vos hommes, ainsi qu’au votre. » Pour ceux qui connaissaient mon ancienne vie, il pouvait être plutôt étonnant de me voir parler avec autant de facilité et de diplomatie. Il fallait dire que la vie dans la Caste m’avait considérablement fait progresser de ce côté-là.

Le capitaine n’eut pas le temps de répondre que déjà Aurore m’avait pris par la main, après m’avoir jeté un coup d’œil interrogateur que je ne compris pas. Je la suivais alors, sans trop savoir où elle voulait m’emmener, à la suite de la caravane. L’enthousiasme de la jeune femme raviva une nouvelle fois cette curieuse chaleur dans ma poitrine, alors que je l’écoutais m’inonder de diverses questions. Lorsqu’elle eut finit, je m’accroupis rapidement pour soulever délicatement le renard dans mes bras. Ce dernier me lécha alors joyeusement et copieusement le visage. Pour un elfe, il était un poids plume, alors le garder ainsi, alors que je répondais à Aurore, ne me posa aucun problème. Je reportais alors mon attention sur la jeune humaine, lui offrant un doux sourire, légèrement malicieux.

« Et bien, ça fait beaucoup de questions d’un coup. Et ne t’en fais pas, j’aurais le temps de tout te raconter et de tout écouter de nos histoires, car je ne vais pas te quitter si vite après t’avoir retrouvée. » Lui répondis-je simplement, un sourire en coin, alors que je flattais toujours le pelage du goupil. « En ce qui concerne ma destination, je n’en ai pas vraiment, je voyage un peu au gré du temps, donc je dois t’avouer que l’idée de t’accompagner est sans doute l’une des plus engageante que j’ai pu avoir depuis que je suis arrivé sur ces terres. » Mon ton était doux, mais j’étais sincère. Errer sans but allait bien un temps, mais la perspective de passer du temps avec la jeune femme paraissait bien plus motivante.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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Alors que nous marchons côte à côte derrière la caravane, je souris à l’elfe qui semble étonner de ma faculté à poser des questions. Il est vrai que peu de gens arrivent à s’y habituer et malgré mes efforts, je n’arrive toujours pas à refreiner ma curiosité. Et puis, bien que je me sente très proche de lui, ce n’est que la deuxième fois que nous nous voyons. Alors pourquoi cette joie si intense ? Je suis toujours heureuse de revoir des gens que j’ai déjà croisé, mais cette fois c’était plus fort. Peut-être parce que… Je ne sais pas, parce que c’est un elfe, parce qu’après m’avoir terrorisé, nous avons passé un bon moment, parce que le renard qui me suit partout est là en grande partie grâce à lui. Parce qu’il est gentil et doux ? Le mystère est complet, mais peu importe car je suis comblée.

Mon cœur s’accélère encore lorsqu’il m’annonce son désir de rester avec moi, car sans destination, peu lui importe tant qu’il avait ma compagnie. C’est du moins ce que mon esprit traduit. Je rougis violement lorsqu’il me fait la remarque, que voyager à mes côtés est la plus engageante des idées. Je pense qu’il n’a pas réfléchi beaucoup pour dire une bêtise dans le genre. Je suis sûre qu’on peut trouver beaucoup de choses bien mieux à faire que voyager à mes côtés sur ce continent. Rien ne me vient à l’idée toutefois lorsque j’essaye de me mettre à la place de Seö. Non, je crois que je préfèrerais voyager à ces côtés et écouter ses histoires.

Nous restons silencieux côte à côte pendant un instant. Seö porte le renard qui se laisse faire sans se débattre. Quand je pense à temps qu’il a fallu pour que l’animal me laisse le prendre dans les bras. Jouer tout ce que vous voulez, mais jamais porté. Et avec l’elfe, il n’a pas hésité. L’habitude je suppose. Ou alors il préfère Seö. C’est tout à fait possible. Nous ferons qui il suit lorsque nos chemins devront se séparer, s’ils se séparent un jour. Ça me fera un peu de mal si le renard décide de choisir Seö mais peu importe, il est sauvage et libre. Et je pense que la séparation avec l’elfe sera beaucoup plus douloureuse. Mais ne parlons pas de malheur.

La pluie se calme légèrement et ne tombe plus qu’en fine goutte. Malgré l’humidité de l’air, la température est clémente, et il ne fait pas encore froid, mais ça ne saurait tarder. On pourrait se réchauffer à l’un des foyers chauffant l’intérieur des chariots. Je plaints toutefois les Chiens, qui n’ont pas le loisir de se mettre à l’abri. Je me tourne vers l’elfe. Je suis contente que tu sois là. Le monde a tellement changé. Regarde les gens avec qui nous voyageons. Certains s’en vont fonder une nouvelle ville, sans noble parmi eux. Toute la politique des royaumes doit être reconstruite autour de ces nouveaux villages autonomes, indépendants et isolés. Si dans le passé, ce genre de villages étaient minoritaires, maintenant ils seront la norme. C’est fou comme un évènement peu bouleversé la structure même des sociétés. Toutefois, il y a des choses qui ne bouge pas. Le Domaine reste toujours le même, à son architecture près.

En disant ces mots, je me rappelle que Seö a perdu son travail à la Caste des Dragons puisque celle-ci n’existe plus. Tu aimes beaucoup travailler à la caste ? Qu’est-ce que tu y faisais ? Pourquoi ne rejoindrais-tu pas les Chiens, toi qui aime voyager ? Ils voient du pays. Quoi que je ne te vois pas en guerrier en armure. Ils ont parlé d’une autre branche de leur compagnie. Comment s’appelle-t-elle ? Ce sont des explorateurs et des cartographes. Oh, je suis bête en parlant de branches, ce sont les Aigles je crois. Eux pour le coup voyage énormément. Mais c’est dangereux, car les zones où ils vont sont plus que sauvages. Ils rapportent généralement des choses au Domaine, comme des plantes, des roches. Je pense d’ailleurs qu’il va falloir que j’y retourne. Je suis libre de mes mouvements, mais si je veux continuer à apprendre parmi eux. Je repartirai en voyage plus tard. Si tu rejoins les Aigles tu passerais sûrement souvent au Domaine, et on pourra se voir plus facilement non ?

Cette idée me plait. Je ne sais pas pourquoi. Elle m’inquiète aussi. Beaucoup de rumeurs racontent que les nouveaux continents ne sont pas sûrs et que des dangers inconnus n’attendent que les explorateurs trop curieux. Mais je sens que Seö pour se plaire avec les hommes du Loup Solitaire. Et puis s’il pouvait venir me voir plus souvent ainsi.

En passant près d’un chariot, je vois le regard de plusieurs enfants fixés sur nous. Je sais déjà ce qu’ils se disent avant de les entendre. Les enfants sont tous les mêmes. Je souris lorsque leur parole nous parvienne. … que c’est son amoureux. Tu as entendu, je suis sûr qu’elle la protégeait de Omalley. Regarde c’est un elfe. – Il est beau. T’as raison c’est son amoureux c’est sûr. – Eh regardez le renard, il est trop mignon… Je rougis en sentant l’attention des enfants sur nous mais le chariot s’éloigne rapidement. Le suivant est celui d’un marchand qui nous hèle de son abri et nous invite à le rejoindre. Je regarde Seö puis le renard, puis prenant l’elfe par la main, entre dans la douce chaleur du chariot.

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Alors que je marchais tranquillement aux côtés d’Aurore, le goupil calmement installé dans mes bras, je surpris la couleur vive des joues de mon amie. Sans dire un mot, je tâchais alors de réfléchir à ce qui avait bien pu causer une telle gêne chez elle.  Je me mis donc à repenser à mes paroles, et ce fut à mon tour de sentir mes joues s’embraser. C’était une sensation bien particulière à laquelle j’étais bien loin d’être habitué. Mais je ne tâchais pas vraiment de dissiper le malentendu, car, à y regarder de plus près, il n’y en avait pas vraiment. Je pensais sincèrement ce que j’avais dit à Aurore. Je chassais ses pensées de ma tête, du moins du mieux que je pouvais, reportant mon attention sur la jeune femme. Au même instant, la pluie torrentielle sembla se calmer, ne laissant place qu’à une ondée plus légère et apaisante. Bien protégé par mon armure et ma cape, et surtout au chaud, je n’avais pas vraiment conscience de la température extérieure, mais je m’inquiétais pour Aurore. Même si elle appréciait la pluie, le froid était une autre histoire. Et elle n’allait pas tarder à le ressentir avec la nuit tombante. J’espérais simplement qu’elle ne se force pas à rester dehors pour marcher à mes côtés et, même si j’avais parfaitement confiance en ses talents d’herboriste, le fait qu’elle tombe malade durant nos retrouvailles n’était pas une idée très séduisante.

Je me mis alors à écouter ses pensées sur le nouveau monde que nous étions en train de découvrir. Ce qu’elle disait faisait sens, et c’était même la raison qui avait ravivé la flamme de l’aventure dans ma poitrine. S’il était vrai que ces nouvelles terres étaient plus sauvages et dangereuses que jamais, et qu’un monde à ce point libre était souvent plus instable qu’un autre, je devais bien avouer m’y plaire davantage. Il y avait quelque chose de beau dans tout ça, et seuls de longs périples pourraient m’aider à comprendre ce sentiment. Je souriais donc à Aurore avant de lui répondre.

« Je dois bien avouer que toute cette nouveauté a été plutôt compliquée à avaler, au début. Disons que je m’étais fait à la Caste et que voir tout ça changer n’a pas été très facile. » Lui lançais-je, un peu nostalgique. « Mais, comme beaucoup de gens, nous avons tous notre place à trouver dans ces nouvelles terres ! En quelque sorte, un nouveau départ, et une nouvelle chance pour certains. Qui sait ce que l’avenir peut bien nous réserver après tout. » Cette pensée me fit sourire davantage. Si j’avais cru avoir, un temps, trouvé ma place dans la Caste, en final, ça n’avait pas été le cas. Et je n’avais pas nécessairement mis tant de temps à tourner la page. Je retrouverais bien assez tôt un endroit, ou un groupe, dans lequel je me sentirais de nouveau chez moi. Curieusement, l’idée de rester avec Aurore était ce qui, pour moi, ressemblait le plus à ce sentiment. Un sentiment que je n’avais d’ailleurs plus eu depuis bien des années, car ça ne ressemblait pas le moins du monde à ce que j’avais pu ressentir à l’idée d’intégrer la Caste des Dragonniers.

Je l’écoutais alors à nouveau me parler d’un tout autre sujet, embrayant sur ma vie au sein de la caste. J’avais l’impression qu’elle essayait subtilement de me faire passer un message, ou de simplement m’aider à retrouver ce que j’avais perdu avec la dissolution de l’ordre. Je lui faisais suffisamment confiance pour savoir que, si elle m’en parlait, c’était qu’il s’agissait de quelque chose de suffisamment spécial pour valoir le coup, même si, pour l’instant, je ne pouvais pas vraiment lui promettre de tenter ma chance là-bas.

« Ce que je faisais au sein de la Caste ? Et bien… C’est plutôt difficile à définir puisque ça dépendait des situations mais… Je dois bien t’avouer que j’ai surtout combattu, ces dernières années. Il fallait protéger la flotte qui allait nous servir pour l’exil donc, puisque nous faisions partie des forces militaires, nous nous sommes battus. Ce n’est clairement pas ce que je préfère, mais il n’y avait pas vraiment le choix. » j’eu un petit sourire triste en repensant à ce qu’était le continent, mais je me repris bien vite, arborant un ton plus léger. « Et pour ce qui est de la Meute, enfin si toutefois c’est bien ça le nom du groupe, je te promets de me renseigner. Et puis, tu as raison, l’idée d’explorer et de dessiner des cartes est loin de me déplaire. » Je replongeais alors mon regard dans le sien. « Et bien sûr, je viendrais te rendre visite. Enfin, cela dit, ce serait également valable si je voyageais seul. »

Ma dernière phrase était sortie bien plus naturellement que je ne l’aurais voulu, m’embrasant de nouveau les joues un court instant. Je notais toutefois dans un coin de ma tête que mon amie ne m’accompagnerait sûrement pas dans toutes mes pérégrinations. Je n’étais pas déçu, car il était parfaitement normal qu’elle doive suivre l’enseignement baptistral. C’était sa priorité après tout, et le monde allait surement avoir besoin de son ordre dans les années à venir.

Je fus tiré de mes pensées par des voix d’enfants qui s’élevaient d’une cariole passant à proximité. Visiblement, les enfants de la caravane avaient assisté à la scène et ne paraissait surtout pas bien habitués à la présence d’un elfe parmi eux. Décidément, cette journée ne cessait pas de me surprendre, car leur discussion me fit rougir une troisième fois, sans que je sache réellement pourquoi. Je décidais de ne pas y prêter plus d’attention, et leurs voix furent rapidement cachées par la pluie et le bruit des attelages suivants.

Alors qu’Aurore prenait de nouveau ma main, elle m’emmena à l’abris d’une cariole. Ne plus sentir le poids de la pluie contre ma longue cape de voyage me fit du bien, mais j’étais également soulagé que mon amie puisse se mettre à l’abris du froid. Je profitais de la chaleur du convoyage pour détacher ma cape, la pliant soigneusement et la laissant à l’entrée de la caravane, pour ne pas tremper davantage le plancher. Je souriais alors à l’homme qui nous avais accueilli. Il devait avoir un peu plus d’une quarantaine d’année, avec un petit embonpoint mais surtout un visage des plus chaleureux et accueillant.

« Merci pour votre hospitalité. Je m’appelle Seö Wënmimeril. » Dis-je en lui souriant, lui tendant une main qu’il serra en guise de salutations. Posant les yeux sur une pile de couvertures en fourrures, je lui demandais. « Vous permettez ? » L’homme me fit un sourire, avant de me répondre.

« Bien sûr, faites comme chez vous. La nuit va être froide vu ce qui est tombé. » Je le remerciais, et, pendant que je me saisissais de la couverture qui était si confortable au toucher, il en profita pour se présenter.

« Amont Bauval, Marchand et, comme j’aime à m’appeler, aventurier amateur. C’est un plaisir de faire votre connaissance, Sire Wënmimeril. Et je connais d’ores et déjà mademoiselle Lapsida, ici présente. » Il la salua alors avec un petit mouvement de tête.

J’en profitais alors pour mettre la couverture autour des épaules de mon amie, avant de reporter mon attention sur le marchand, bercé par les cahots de la route si boueuse. Il reprit la parole en premier, un sourire malicieux aux lèvres.

« Je dois dire que je suis surpris que la baptistrelle qui nous accompagne nous ait caché une idylle aussi harmonieuse. Vous vous êtes connus sur Ambarhùna ? » Lança-t-il sans le moindre tact.

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Je suis pris d’une grande appréhension lorsque Seö me parle de ce qu’il faisait à la Caste. Il s’est battu, il aurait pu mourir. Mais je me raisonne. Tout le monde s’est battu, et beaucoup de gens ont perdu la vie. Ce n’est pas son cas, et mieux encore il n’est pas blessé gravement ni trop changer. Il est toujours l’elfe que j’ai rencontré, bien que comme moi, il a… est-ce qu’on peut dire grandi ou vieilli pour un elfe ? Je ne sais pas. En tout cas, j’arrive à calmer la fugace inquiétude à l’idée de le voir se battre. D’un autre côté, l’inviter à rejoindre les Aigles n’est peut-être pas une bonne idée. Là aussi il risquerait sa vie et je préfèrerai qu’il me suive au domaine. Mais c’est impossible, je ne peux pas le forcer. Au moins, il passera me voir, j’espère. Mais pour l’instant, laissons l’avenir à plus tard et profitons de l’instant. Que dirais-tu, une fois la caravane arrivée à bon port, de continuer à voyager avec moi ? Je rougis devant ma propre proposition. Pourquoi je ressens tant de gêne ? Ce n’est qu’une proposition pour ne pas voyager seule. Mais s’il disait non, ou s’il se sentait obligé de dire oui. Ce n’est qu’une proposition, ne te sens obligé de rien. Viens allons-nous montre à l’abri.

Une fois à l’abri de la pluie et à la chaleur du petit brasero de la grosse cariole, je me rends compte que je commençais à avoir froid. J’essore mes cheveux pour éviter de mettre de l’eau partout. Avoir les cheveux longs n’a pas beaucoup d’avantages et mais c’est ainsi que je les aime. Le marchand nous offre une place sur une banquette près du feu et Seö dépose sur mes épaules une fourrure. Elle est douce et je me réchauffe rapidement. Amont Bauval aime jouer son hôte important, et tous les soirs, il abreuve les enfants d’histoires d’aventures, dont il est bien sûr le héros ou alors partie prenante. Bien peu sont vraie et pour celles qui le sont, le conteur s’éloigne tellement de la vérité qu’elles sonnent encore plus irréalistes que les fausses. Mais il a un certain don pour captiver un auditoire et ses histoires sont toujours extraordinaires et superbes.

Quand il parle de mon idylle avec Seö, je sens le rouge, la gêne monter en moi en même temps que j’ouvre de grands yeux surpris. Mon regard se pose sur le marchand, puis sur l’elfe avant de se fixer sur le marchand. Celui-ci éclate de son rire, grave et chaleureux. J’ouvre la bouche puis la referme, regarde Seö encore une fois pour revenir sur le marchand, rouvre la bouche mais je ne trouve toujours rien à dire. Voyons mademoiselle Aurore, il n’y a pas de mal, vous avez le droit d’avoir vos secrets. Et puis il semble être un jeune garçon doux et aussi gentil que vous. En y pensant, je pense que Seö est plus âgé que Amont.

Maître Bauval, je n’ai rien à cacher. Seö m’est très cher et l’avoir à mes côtés me ravi, mais… Je ne sais pas me justifier. Nous nous sommes croisés dans une forêt sur Ambarhùna en effet, nous avons rencontré le renard ensemble. Mais c’est tout ce que nous avons partagé, un moment inoubliable. Le marchand fait un sourire indulgent, comme entendu. J’ai l’impression qu’il se dit que je lui cache quelque chose, pourtant, je ne peux pas lui mentir et il le sait. Ne prenait cet air surpris, je vous taquine bien sûr. D’ailleurs, il faudrait trouver un nom à ce renard. Vous l’appelez toujours le renard, mais c’est très impersonnel. Mais bon, c’est vous qui voyez. J’ai pensé par exemple à Vifrouge, ou quelque chose dans le genre. Après je n’y ai pas encore trop réfléchi. Mais ce serait vraiment intéressant comme histoire : la Fille de l’Ondée et le Renard de Feu. Il se tourne vers le renard et comme pour lui gratter le menton, mais le renard grogne et claque des mâchoire devant ses doigts. Amont retire sa main précipitament avec une mine mi effrayée mi outragée. Il s’apprête à reprendre mais je l’interromps pour éviter qu’il ne parte dans trop de tribulations, surtout sur les aventures d’une supposée moi, ce qui me mettrait mal à l’aise. D’un air chaleureux, gentil je lui réponds. Il s’appelle renard, parce que c’est un renard et que c’est ainsi qu’il se reconnait. Pas besoin d’un autre nom. Surtout que ce n’est pas un animal domestique, il est encore très sauvage. Lui donner un nom serait essayer de lui voler sa liberté.

Amont me regarde d’un air incrédule et hausse les épaules. Si vous le dîtes, après tout, c’est votre compagnon. Dommage, ça aurait fait une bonne histoire. Mais passons. Et vous, maître Wenmireril ? Si ce n’est la demoiselle Aurore, avez-vous quelqu’un dans votre vie ? Ou combien de personnes ? J’ai cru comprendre qui vous voyagez beaucoup. Avez-vous trouvé la perle rare ? Ou peut-être que… Il hausse des sourcils d’un air évocateur en alternant son regard entre moi et l’elfe avec un sourire entendu. C’est… gênant. Je rougis encore, ne sachant pas trop où me mettre. Je connais assez le marchand pour savoir qu’il ne fait ça que pour nous embêter. Maître Bauval, veuillez cesser séant ses sottises insensées. Vous allez nous incommoder. Il me sourit d’un air moqueur mais amical. Je lui ai confirmé que son objectif était atteint et je me rends compte que ça ne va pas le calmer. Le marchand apprécie les jeux avec les mots et mon allitération risque de le déchainer. J’éclate de rire devant son air d’enfant devant une grande perspective de bêtises. Navré Demoiselle. Mais c’est non. Alors, jeune elfe, racontez-moi tout. Cela frôlait l’impertinence et je me tourne vers Seö avec un air désolé et un sourire contrit, haussant les épaules.

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La proposition d’Aurore me réchauffa le cœur. J’avais cru comprendre, au début, que la jeune femme devait impérativement faire bientôt son retour parmi les siens, au domaine. Je pensais que c’était d’ailleurs pour ça qu’elle m’avait proposé de rejoindre les Aigles mais, visiblement, du moins pour le moment, ses intentions étaient toutes autre, et je ne parvenais pas vraiment à mettre de mots sur le sentiment qui m’habitait. Les allures de mes voyages risquaient de drastiquement changer avec Aurore à mes côtés, et c’était bien plus qu’une simple joie que je ressentais à ce moment précis. Je n’eus pas le temps de répondre que la jeune femme me conduisait à l’intérieur de la Cariole pour que nous nous mettions au sec. Une fois à l’intérieur, la jeune femme sécha ses cheveux avant de s’installer. Après lui avoir installé la douce couverture sur le dos, je reportais mon attention sur l’homme qui nous accueillait avec bienveillance.

La question sur mon Idylle avec Aurore me déstabilisa. Je ne m’attendais absolument pas à une remarque aussi directe, mais si cela semblait tout de même être parfaitement le genre d’homme à aimer taquiner ces pairs. Je ne trouvais pas vraiment quoi répondre à cette taquinerie d’ailleurs, dans la même impasse qu’Aurore. Ressentir de la gêne n’était pas dans mes habitudes, et j’étais bien démuni face à la situation. Voyant qu’il avait fait mouche, l’homme poursuivit sur sa lancée, m’oubliant visiblement quelques instants pour porter ces amicales « attaques » sur mon amie. Cette dernière parvint rapidement à retrouver en grande partie ses esprits. Son compliment atteint une nouvelle fois ma poitrine, de manière assez incompréhensible. Enfin, il était évident que je tenais à la jeune femme autant qu’elle tenait à moi, pourtant, l’entendre de sa bouche ne faisait absolument pas le même effet. Je tâchais de me reprendre en me concentrant sur les dernières paroles de l’homme. Il était toujours assez étrange d’entendre un humain parler de jeunesse pour un elfe, car, en termes mathématiques, la comparaison était sans appel : Je devais surement être au moins quatre ou cinq fois plus vieux que lui. Même si cette affirmation me fit sourire, je ne pouvais me sortir de la tête les propos d’Aurore. Je décidais donc de continuer silencieusement à suivre la conversation, la jeune femme se défendant comme elle pouvait face aux plaisanteries de l’homme assis devant nous.

C’est ainsi que j’appris le surnom d’Aurore. La fille de l’ondée. Le nom était aussi poétique que la jeune femme et lui allait à ravir. Il fallait bien avouer que, vu les circonstances de nos retrouvailles pluvieuses, je ne pouvais qu’approuver ce titre. Il était empli de mystères, tout comme elle l’était. Non pas que je pensais qu’elle puisse me mentir, ou quoique ce soit de cet acabit, mais la jeune humaine était intriguante, insaisissable et, surtout, mes sentiments à son propos restaient une énigmatiques. Je n’en connaissais pour l’instant ni l’origine ni même le sens, et je devais bien avouer avoir parfois pensé à elle sur Ambarhùna. Elle était peut-être la personne de qui je me sentais le plus proche, alors que nous ne nous étions rencontrés qu’à une seule reprise sur l’ancien continent. Perdu dans mes pensées, j’avais écouté d’une oreille distraite Aurore parler du renard qui la suivait maintenant, et qui paraissait bien peu enclin à laisser Amont s’approcher.

L’attention de l’homme s’était de nouveau posée sur moi, voyant qu’Aurore peinait à lui livrer les informations qu’il devait probablement convoiter pour alimenter les potins le lendemain. Les questions étaient particulièrement personnelles, et surtout dirigées dans un but bien précis. Je tâchais alors tant bien que mal de cacher ma légère gêne et le feu qui me montait aux joues lorsqu’il nous jeta un regard lourd de suppositions. Aurore intervint avec une belle allitération pour tenter de calmer les ardeurs du marchand, ce qui n’eut pour effet que de montrer qu’il touchait au but. Son attitude enfantine sembla beaucoup amuser mon amie. Visiblement, elle savait à qui elle avait à faire, et abandonnait l’idée de lui faire changer d’avis. Je savais que je n’aurais probablement pas plus de succès que la jeune femme, aussi, je me résignais à lui répondre, arborant tout de même un sourire amusé.

« Je… » Commençais-je, ne sachant pas trop comment me débrouiller. J’étais moi-même surpris d’avoir du mal à parler de ces sujets-là. Je pris alors mon courage à deux mains et je poursuivais. « Non… Enfin, disons qu’effectivement, je voyage beaucoup et que, non, je n’ai personne d’autre dans ma vie qu’Aurore. » Je compris rapidement que mes mots avaient dépassé ma pensée, et je tentais de rattraper le coup. « Non, je vous arrête tout de suite, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Disons qu’étant un serviteur de la Caste, sur Ambarhùna, et ayant longtemps voyagé seul, je n’ai pas vraiment de points d’attaches quelque part. Du moins, avant ce soir, je n’en avais pas. Mais ne vous méprenez pas, Sire Bauval, même si je tiens énormément à Aurore, comme elle vous l’a dit, nous nous sommes rencontrés une fois seulement. » Je grattais l’arrière de ma chevelure blanche, particulièrement gêné.

Toutefois, le mal était fait, car Amont revenait à la charge avec un sourire en coin. « Et bien… Je pensais que les elfes, grâce à leur longévité légendaire, aimaient prendre leur temps… Mais je vois que vous êtes une exception dans votre genre ! » Son humour était presque le même que celui de mes compagnons de la Caste, mais c’était la première fois que j’en étais la cible, et j’avais bien du mal à trouver de quoi m’en sortir. Heureusement, Amont semblait s’être calmé un peu.

« En tout cas, merci pour votre courte mais ravissante histoire, jeunes gens. Dites, je dois avoir un excellent vin pour fêter vos retrouvailles, vous accepteriez d’en boire un verre avec moi ? » Dit-il joyeusement. Il ne prit pas le temps d’entendre notre réponse qu’il enfilait un manteau pour sauter dehors, nous laissant seuls, allant probablement chercher ladite bouteille dans une autre de ses carioles. Je m’aperçus alors que je n’avais pas encore répondu à Aurore sur la proposition qu’elle m’avait faite avant que nous nous mettions à l’abris. Je tournais alors la tête vers elle, lui souriant doucement.

« Excuse-moi, mais je ne t’ai pas répondu tout à l’heure. Si toutefois tu en doutais, ma réponse est bien évidemment positive. Je serais ravi de continuer à voyager à tes côtés. » Mes joues s’embrasèrent de nouveau, car, sans que je ne comprenne réellement pourquoi, cette réponse avait été bien plus difficile à prononcer que je n’aurais pu l’imaginer.

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Seö est aussi gêné que moi par les questions et ses réponses sont très maladroites. Malgré ces maladresses, je trouve touchant ses réponses et bien plus que le brasero et la fourrure, elles me réchauffent et répandent en moi une drôle de sensation. Du bonheur sans doute, car je compte autant pour lui qu’il compte pour moi, ce qui est étrange puisque nous ne nous sommes rencontrés qu’une seule fois, au détour d’une forêt, bien que ce fut un moment… Agréable certes, mais ce n’était pas plus extraordinaire. Alors pourquoi sa présence me ravi tant ? Toujours cette question, mais pour une fois, est-ce que la réponse est importante ? Puis une pointe de tristesse m’enserre un peu le cœur. Est-ce que Seö n’a vraiment personne d’autre ? Refuse-t-il de s’attacher à d’autre ou les a-t-il perdus ? A notre rencontre, il avait l’air très réservé mais de là à ne pas avoir de point d’attache. La Caste devait être son chez lui probablement. Mais il semble dire qu’à partir de maintenant, il restera près de moi. Je ne sais pas tout ce que cela implique mais rien ne me ferait plus plaisir que de l’avoir à mes côtés. Encore une réflexion étrange car je le pense sincèrement.

Amont soulève lui-même un point essentiel. Les elfes ont une longévité bien supérieure aux humains. Une idylle, comme le dit si bien le marchand, serait compliquée. L’elfe serait encore un enfant pour son peuple que l’humain aurait eu le temps de vivre deux vies. Et puis, si une telle chose devait arriver, ne serait-ce pas mieux justement que l’elfe ne prenne pas son temps pour profiter pleinement de son amour. Je regarde discrètement Seö avec un autre regard. Est-ce que ce genre de relation peut vraiment exister et fonctionner ? Je ne sais pas, mais j’aimerai connaitre la réponse. De même, est-ce qu’en devenant vampire, on retrouve les sentiments pour les personnes qu’on aimait ? Notre personnalité disparait-elle vraiment ?

L’homme disparait à l’extérieur, allant chercher une bouteille dans un autre chariot. Amont possède trois chariots dans la caravane, il est difficile de savoir où il range quoi, je doute même que lui-même le sache. Je me retrouve donc seule avec Seö. L’elfe se tourne vers moi et me sourit. Quoi qu’il ait pu vivre, son sourire est toujours le même. A notre première rencontre toutefois, il était assez rare de le voir fleurir sur le visage de Seö, mais il était déjà empreint de douceur, et maintenant il semble teinté de confiance en plus. Mais cela ne le change pas vraiment. La chaleur de la caravane, la quiétude provoquée par les cahots presque régulier du chariot et la présence de l’elfe à mes côtés, tous ces détails me laissent penser que tout ira bien.

Un sentiment qui ne fait que s’accentuer lorsque l’elfe répond enfin à ma question. Tu crois que tu arrives à me suivre, à tenir la route ? Parce que, je dois t’avouer que tu vas devoir t’accrocher. Car que je voyage, ça ne va pas très vite. Nous serons probablement loin de ta vitesse de déplacement habituel. Je ferais des efforts pour ne pas m’émerveiller devant chaque fleur ou les papillons. Je rigole un peu en lui fournissant ces informations, mais nous ne sommes pas si loin de la vérité. J’ai tendance à prendre mon temps, beaucoup de temps et quand je croise une nouvelle plante, de bien prendre le temps de l’inspecter et de prendre des échantillons, faire des dessins. Mais, si Seö veut voyager autrement, je suis prête à laisser de côté cette accumulation de savoir pour qu’il veuille rester auprès de moi.

Cette pensée me trouble car je n’aurai jamais cru un jour quelque chose que je trouverai plus important qu’une opportunité d’apprendre. Enfin si, il y a la nécessité d’aider les autres, mais ça reste toujours instructif puisque c’est un exercice. Voyager avec Seö en acceptant de passer outre certains détails du voyage est quelque chose que je ne savais pas prête à faire et pourtant, sans hésitation, je le ferais. Ne va pas penser qu’on va passer notre temps à s’extasier devant les arbres. C’est juste que jusqu’à présent, comme je voyageais seule, je n’ai jamais fait attention au temps de voyage. A la destination oui, mais pas au chemin pris pour la rejoindre. Mais si tu veux bien m’accompagner, alors ça veut dire que je t’accompagnerai aussi. Donc j’irai où tu iras. Enfin… J’ai l’impression que mes paroles n’ont pas beaucoup de sens, se répètent aussi. Généralement, cela m’arrive lorsque je suis gênée mais là, en présence de l’elfe je ne ressens pas de gêne. C’est étrange. Il faut que j’essaye de reprendre de la contenance pour… Je ne sais pas, je n’arriva pas à réfléchir.

Je ne t’ai pas raconté comme le renard s’est retrouvé ici. Vois-tu, quand nous nous sommes séparés, je l’ai laissé reprendre sa vie dans les bois, après tout, c’est un animal sauvage, il n’avait pas besoin de moi pour vivre. Je ne pouvais pas et ne voulais pas le priver de sa liberté et de sa nature. Un renard n’a rien à faire dans le monde des hommes. J’ai attendu le retour d’Aramis à Aldaria, étudiant dans les nombreuses bibliothèques et explorant les environs sans jamais le revoir. Quand Aramis est revenue de la guerre, elle m’a emmenée avec elle au domaine Baptistrel pour que je puisse suivre son enseignement. J’y ai reçu de nombreux présents de sa part, comme se bracelet et une jument elfique magnifique. Ce dernier présent n’était pas anodin, puisque ma nouvelle sœur et moi alloins participer à une course hippique, chez les vampires. Les ténèbres et les choses que j’ai rencontrés là-bas auraient dû me terrifier mais l’adrénaline et la tension de le course ont eu raison de mes peurs. Sans que je comprenne vraiment comment j’ai fini en deuxième position. En y réfléchissant, je ne suis pas sûre de vouloir retenter l’expérience de sitôt. Nous sommes alors repartis en bateau, comme à l’aller. Oui, le bateau. Je trouve cela merveilleux de se déplacer ainsi. Et l’océan… C’est si beau. Tous ces jeux de lumières, pareils à des milliers d’oiseaux répondant silencieusement aux mouettes. Le mouvement lent de l’embarcation qui semble vouloir nous bercer ou bien au contraire, nous envoyer rejoindre les tréfonds. Toute cette eau comme animée par un seul esprit et pourtant semblant possédée des milliards de volontés propres. Une unité aux multiples facettes. Une mère douce mais sévère sans mauvais jeu de mots. Enfin bref, le voyage fut merveilleux. De retour au domaine, nous avons été accueillies par une nuée de disciples venue retrouver leur sœur et maître et me rencontrer. Mais rapidement, sans être timide, je me suis senti un peu mal à l’aise devant autant d’attention et tous ces inconnus, alors je me suis éclipsée discrètement. Partant explorer le domaine, je m’engage d’un sous-bois. Soudain, un buisson bouge doucement. Intriguée, je m’en approche lentement, silencieusement et avec précaution. Je ne fais pas deux pas qu’une tête triangulaire rousse surgit du feuillage, vite suivie par le reste du corps. Le Renard se précipite sur moi et me fait une fête. Depuis, il ne m’a plus quittée, et nous passons beaucoup de temps ensemble, à jouer essentiellement car il reste très jeune étrangement et aime encore beaucoup jouer, ce qui me plait beaucoup. Parfois, nous chassons. Enfin plutôt, nous traquons ensemble des proies, puis il décide ou non d’essayer de les attraper.

En regardant Seö et en reprenant mon souffle, je me rends compte que je viens de parler d’une traite, sans vraiment prendre ma respiration, comme si l’elfe allait s’enfuir d’un moment à l’autre.


HRP : Désolé pour le retard :S

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Je gardais un fin sourire lorsque j’entendais les propos d’Aurore, qui semblait plutôt heureuse de ma réponse. Il était vrai que, lors de notre première rencontre, j’avais pu montrer ma tendance à voyager plutôt vite. Pourtant, l’idée de prendre mon temps à ses côtés ne me dérangeait nullement, bien au contraire. Et puis, la notion de temps, pour un elfe, était assez éhontée. Du temps, j’en avais déjà à revendre, et, sans vraiment arriver à déceler pourquoi, c’était avec Aurore que je voulais le dépenser. Si je voyais vite, à l’accoutumée, c’est parce que je n’avais rien à partager durant mes errances. Or, là, ce serait différent. Tellement différent. Je lui répondais alors, sans perdre mon sourire.

« Tu sais, le temps, c’est pas ça qui me manque, alors ne change pas tes habitudes pour moi. Je préfère mille fois découvrir le monde à tes côtés, patiemment, plutôt que de le parcourir de long en large en solitaire. Et je te rappelle que je suis un elfe, la nature est mon élément, donc quel que soit la durée de notre voyage, je m’y sentirais à l’aise, quoi qu’il arrive. » Dis-je simplement, caressant le renard qui s’était parfaitement calmé. Ce dernier remonta alors sur les genoux d’Aurore, trop heureux de profiter, lui aussi, du confort de la chaude couverture de la jeune femme.

Cette dernière semblait, sous l’effet d’une joie qui me flattait et réchauffait mon cœur, perdre légèrement ses mots. Quelles que puissent être ses envies au cours du trajet, je n’allais pas changer d’avis. Pour la première fois depuis très longtemps, je me sentais un peu plus apaisé et, surtout, d’avoir retrouvé un but. Ce qui était assez étrange, puisque ce dernier n’était pas vraiment palpable.  Pourtant, je retrouvais cette sérénité qui m’avait étreint durant mes années passées à la Caste. Non, c’était différent. Plus ancien peut être, me remémorant partiellement des souvenirs que je pensais effacés de ma mémoire. Mais ce n’était pas ça non plus. Cette sensation me plongeait dans la confusion. Elle ressemblait à tellement d’autres sans être complètement la même. Elle paraissait, plus complète, plus forte que ce que j’avais pu connaitre. De toute manière, puisque je resterais aux côtés d’Aurore, j’allais avoir tout le loisir de mieux comprendre ces sentiments.

Je me mis alors à écouter avec attention l’histoire de la jeune femme, racontée indirectement à travers celle du renard. Elle semblait tellement dénoter avec la mienne, bien que cela ne me surprenne pas. Après tout, il m’avait bien semblait l’avoir aperçue durant cette fameuse course qui nous avait servie de couverture pour pénétrer l’ancien domaine vampirique. Et puis, il était vrai qu’aux côtés d’Artémis, et surtout au domaine, elle n’avait pas vraiment eu à craindre. Je m’amusais ensuite intérieurement de l’affinité affichée de la jeune femme avec l’élément aqueux. Que ce soit la pluie, ou bien la mer, Aurore semblait parfaitement en adéquation avec l’eau. Une future Chantepluie peut être. Dans tous les cas, c’était quelque chose qui lui allait parfaitement bien. En revanche, je n’aurais jamais pu imaginer que le renard ait pu la suivre jusqu’ici. Visiblement elle avait développée un lien plutôt puissant avec lui la dernière fois où nous avions chanté ensembles, ce qui était impressionnant, surtout pour une humaine qui pratiquait un chant elfique pour la première fois. Même moi, Elfe, ayant pourtant une affinité forte avec la nature, je n’y étais jamais parvenu.

Lorsqu’elle finit son discours, elle reprit sa respiration. Elle avait parlé franchement, d’une seule traite, et j’étais plutôt heureux que son cheminement jusque l’archipel ait été aussi paisible. Je repris alors la parole. Elle avait réussi à résumer deux ans de sa vie, et serait sans doute intéressée que je fasse de même.

« Donc il t’a suivie jusqu’ici. C’est plutôt surprenant qu’un renard soit allé jusqu’à prendre la mer pour suivre quelqu’un. Tu as dû développer un lien plutôt fort avec lui lors de ton chant. » Lui dis-je, avec un petit sourire en coin, avant de poursuivre. « Pour ma part, après que nous nous soyons quittés, j’ai rejoint Lewyn à Caladon, puis je suis parti au royaume vampirique moi aussi. Et il me semblait bien t’avoir aperçu sur la ligne de départ de la course d’ailleurs. En revanche, j’ignorais que tu étais arrivée deuxième, donc toutes mes félicitations ! » Lui dis-je, en lui lançant un sourire, avant de poursuivre. «   Donc, la mission consistait à profiter de la course comme une diversion pour pénétrer, avec un petit groupe, dans l’ancien domaine vampirique. Il fallait trouver ce qu’ils appelaient la « Prison de l’éternité », et qui se trouvait être l’ancienne prison du Tyran Blanc. Le but était de trouver ce fameux matériaux qui servirait à la construction de l’édifice supposé repousser les chimère. Enfin, mais si nous avons réussi, tu sais comme moi que ça n’a pas vraiment fonctionné. Donc, durant les mois qui ont suivi, j’ai aidé la Caste à préparer notre départ d’Ambarhùna. C’est difficile de vraiment définir tout ce qui s’est passé parce que, sur le moment, c’était un peu le chaos mais, même si nous avons perdu beaucoup d’hommes, nous avons tout de même réussi à temporiser suffisamment de temps, avec les autres forces armées, pour assurer l’exode. Les membres de la Caste restants et moi-même avons pratiquement quitté Ambarhùna les derniers, une fois que nous avons été sûrs qu’il ne restait plus que nous. Et après… Le voyage a été relativement serein, enfin par rapport à ce qui s’était passé sur notre ancienne terre. Une fois arrivé, et surtout la Caste dissoute, j’ai décidé de reprendre mes pèlerinages, comme je le faisais avant. Et c’est à peu près tout. » Finis-je tranquillement, toujours souriant. Ce n’était pas facile de parler de tout ce que nous avions laissé derrière nous, et je ne voulais pas entacher nos retrouvailles par une note trop terne. Après tout, ce n’était que du passé, et, même s’il pouvait être sombre, notre avenir semblait, lui, absolument radieux.

Je continuais alors de caresser le goupil, visiblement endormi, roulé en boule sur les genoux de la jeune femme. A le voir ainsi, il était bien difficile de croire qu’il pouvait être sauvage. Ma main toucha alors malencontreusement celle d’Aurore, et, étrangement, je sentis de légères flammes sur mes joues, alors que nous détournions le regard. Une attitude d’autant plus curieuse que le contact n’avait pas été désagréable, très loin de là. Notre hôte choisi alors ce moment pour revenir parmi nous.

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Il est vrai que les elfes ne manquaient pas de temps, même si comme pour les humains, il était limité. Mais au contraire de nous, il pouvait se permettre de le perdre en lente pérégrination. Je les enviais fortement pour cette longévité, et regrettais souvent de n’avoir qu’une vie dans ce corps et avec cet esprit pour découvrir le monde. Il y avait tant à faire et tant à vivre. Alors, même si ce n’est pas ce qui lui manquait, le fait que Seö accepte de voyager avec moi et de prendre le temps de vivre à ma manière. La façon dont il le dit aurait pu me faire penser que cela n’avait donc aucune importance pour lui, mais il avait aussi dit quelque chose qui me réchauffe le cœur. Il préférait perdre son temps avec moi. Je ne préfère pas essayer de voir plus loin, il veut être avec moi et ça me suffit.

Le renard quitte les bras de Seö pour se mettre sur mes genoux et dans un comportement que je ne lui connaissant pas me fait comprendre qu’il souhaite se coller à moi sous les couvertures. Malgré son poil mouillé et l’odeur qui accompagne son humidité, je l’enserre dans la fourrure, savourant la douce chaleur qu’il dégage pour me réchauffer un peu plus. Le monde semble parfait sur l’instant. La pluie dehors, sonnait comme une douce musique, calme et reposante, que la douce chaleur qui envahit nos membres mouillés, séchant l’eau et nous enivrant d’une douce mélopée, appelant au sommeil et au repos. Nous sommes tous les deux, côte à côte, nous racontons nos vies passées sans l’autre. Cet instant pourrait durer éternellement.

Sans le quitter des yeux, les yeux rivaient dans les siens, je l’écoute à son tour m’expliquer ce qu’il s’est passé depuis notre séparation. Je souris timidement quand il me félicite pour la course, je regrette seulement de ne pas l’avoir vu et qu’on est pas eu l’occasion de se revoir de nouveau. Ce sentiment qui m’étreint en sa présence est très étrange. Nous nous connaissons à peine et pourtant, c’est comme s’il avait toujours été là et que je n’attendais que lui. C’est ridicule, une histoire de roman, et même si je crois à l’équilibre du monde, je ne pense pas qu’il y ait de coup de foudre, mon esprit est trop rationnel pour ça. Et pourtant…

Son histoire me trouble car, pendant que je m’épanouissais dans la joie, en dehors de la guerre, et toujours loin des combats, Seö a dû se battre, travailler dur pour nous permettre de partir. Il a risqué sa vie, et à vue ses camarades tomber à ses côtés. Il a tenu, contre des vagues incessantes de monstres. Ce qui me rassure, c’est qu’il n’était pas seul, mais c’est aussi ce qui m’attriste. Il s’est battu pour nous, et maintenant, il est de nouveau seul. Plus maintenant en fait, je suis là. Pour un temps, et puis, s’il rejoint les Aigles, il se retrouvera un nouveau groupe, de nouveaux amis. Il parait que l’esprit de la guilde est proche de celui d’une meute. Un peu comme au Domaine Baptistrel, sauf que ce sont des guerriers.

Il me sourit comme pour ne pas tacher ce moment, notre moment, de sombre nuage, ceux du passé. Il a raison, mais je ne vois pas ce qui pourrait gâcher un moment pareil. A la fin de son histoire, nous ne nous quittons pas des yeux. Je caresse le renard distraitement, dans le silence, seulement perturbé par le bruit de la pluie. Il n’y a rien à rajouter. L’absence de parole n’est pas une gêne. Puis je sens ma main toucher la sienne. Ce contact est doux, intense et me fait monter le rouge aux joues. Sans le vouloir, je détourne le regard en retirant précipitamment la main. Pourquoi cette gêne soudaine ? Ce n’est pas le premier contact que l’on a, et la sensation était plutôt agréable. Est-ce justement cette sensation ? Cette surprise qui m’emplit de gêne ? Et pourtant, je voudrais retoucher à ce contact, je voudrais regoûter à cette fugace volupté, cet envol et cet infini. Comme hésitant mon regard revient vers l’elfe et ma main vers la sienne, comme si je risquai de me brûler.

C’est à ce moment-là qu’Amont revint l’objet de sa quête à la main. Il ouvrit la porte avec une certaine brusquerie qui contrastait avec la douce quiétude qui nous avait tant enivrés, Seö et moi. La surprise me fit sursautée. Le renard bondit de mes genoux, puis se précipita vers la porte, bousculant presque le marchand et disparaissant dans les bois. Je me suis levée précipitamment presque coupable en voyant le marchand revenir. Pourquoi ? Nous ne faisions rien de mal. Je m’apprête à bredouiller quelque chose mais je me retiens. A quoi bon avec Amont.

Ca y est je l’ai enfin trouvée. La coquine s’était bien cachée, mais finalement je l’ai trouvée. Rien ne m’échappe. Alors trois verres ? Remarquant mon air rouge et gêné, son regard fait des va et vient entre l’elfe et moi. Un sourire en coin apparait sur son visage. J’interromps quelque chose peut-être. Une idylle naissante ? Son clin d’œil me met mal à l’aise. Maître, je pense que nous n’allons pas vous déranger plus longtemps, il se fait tard et Seö n’a nulle part où dormir. C’est très aimable à vous mais… Mon regard se pose sur Seö comme un appel à l’aide.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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L’arrivée légèrement tonitruante d’Amont dans la caravane mit fin à mon trouble. Non, plutôt, il venait d’arrêter un instant qui revêtait une saveur toute particulière à mes yeux. Je m’étais perdu dans le regard azuré d’Aurore, alors qu’elle approchait doucement sa main, tremblante, de la mienne. Je n’osais pas esquisser le moindre mouvement, car, d’une part, je ne voulais en rien prendre le risque qu’Aurore ne puisse détacher son regard du mien, mais surtout car aucune fibre de mon corps ne répondait. Le tumulte qui habitait mon âme et mon cœur m’empêchait de faire quoi que ce soit d’autre que de me plonger dans les yeux bleus de la jeune baptistrelle. Mais tout sembla retomber brutalement, alors que je peinais à reprendre mes esprits.

Amont nous regardait avec un air plutôt amusé sur les lèvres. Sa brusque entrée avait fait fuir le renard et levé la jeune femme, qui, surprise par son attitude et ses paroles, ne semblait plus vraiment comment réagir. Sa réaction semblait avoir mis la puce à l’oreille de l’homme qui devait maintenant être persuadé qu’il se passait bel et bien quelque chose entre nous. Si cela avait été quelqu’un d’autre, j’aurais surement réussi à penser de manière logique et à en arriver aux mêmes conclusions seulement… Seulement je n’arrivais pas à penser rationnellement, pas aux côtés d’Aurore. Il m’était désormais impossible de penser à autre chose que de ce léger contact, de ce regard échangé et de cette pluvieuse étreinte que nous avions partagée lors de nos retrouvailles, un peu plus tôt dans la nuit. Depuis que j’avais retrouvé la jeune femme, tout me paraissait un peu plus clair, voir même limpide. Mes errances, mes découvertes futures et mes aventures me paraissaient d’un seul coup bien plus ternes que la simple présence de la jeune baptistrelle.

Je secouais alors la tête, tâchant tant bien que mal de sortir de mes pensées. Aurore me jetait un regard désespéré, signifiant qu’elle était sans doute trop gênée pour rester en la compagnie de l’homme. Ce dernier, comme bien des voyageurs, et surtout comme bien des hommes, avait un humour assez discutable, surtout en la présence d’une jeune femme. Toutefois, et c’était tout de même à son honneur, il n’était, ni méchant, ni vulgaire. Simplement trop insistant. Afin de ne pas le blesser plus que de raison par notre départ qui tenait tant à mon amie, je me levais également, me voutant légèrement pour ne pas me cogner contre l’une des étagères. J’oubliais souvent que ma grande taille, dans un environnement comme celui-ci, avait tendance à me jouer des tour. Une fois debout, aux côtés d’Aurore, je pris la parole.

« Je vous remercie sincèrement pour votre Accueil, Amont, sincèrement, mais Aurore dit juste, il se fait tard. » Dis-je, sur un ton amical. « Navré de vous avoir fait chercher cette bouteille pour rien, mais je dois bien avouer être épuisé par mon voyage. Même avec l’habitude, marcher par une pareille tempête est loin d’être de tout repos. » Une vérité qui dissimulé tout de même une légère cachotterie. Je n’avais pas vraiment envie que la soirée puisse se terminer maintenant. Notre hôte paru déçu un instant, puis il nous adressa un grand sourire.

« Je comprends, ne vous en faite pas. Passez une bonne nuit, tous les deux. » Dit-il sur un ton volontairement taquin que je ne remarquais pour le coup pas le moins du monde. J’ouvris alors la toile de la caravane, constatant que, s’il pleuvait toujours, la tempête était sur le point de cesser. Je sautais donc souplement sur le sol trempé par l’ondée, puis j’aidais Aurore, dont la robe gênait tout de même les mouvements, à descendre. Dans mes bras, elle ne pesait absolument rien, mais le simple contact de mes mains sur ses hanches embrasa mes joues. Je la reposais doucement au sol, puis je la regardais dans les yeux, un sourire se dessinant toujours sur mes lèvres.

« Tu n’avais pas tort, je n’y ai pas réfléchi, mais je ne sais pas du tout où dormir. » Dis-je, sur un ton amusé, tâchant d’oublier mes joues en feu. « Je suppose que vos gardes se regroupent à un endroit également pour se reposer, et, s’il reste de la place, ça fera amplement l’affaire. » Lançais-je simplement. Cette information n’avait pas vraiment d’importance en réalité, car même l’idée de dormir appuyer contre le montant d’un chariot ne me changerait pas vraiment dans mes habitudes. J’avais de quoi me protéger de la pluie et, surtout, j’étais en compagnie d’un être cher à mon cœur. Je n’aurais jamais pu rêver mieux. Je remarquais alors que le renard paraissait nous attendre patiemment à la lisière de la forêt. Sans vraiment savoir pourquoi j’hésitais tant à poser ma question, je finis par reprendre la parole.

« Si tu n’as pas trop froid, et que tu n’es pas trop fatiguée, j’ai l’impression que notre ami a envie que nous le suivions. » Lui dis-je, lui souriant.

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Seö répond à mes espérances et à mon appel à l’aide peu discret. Le marchand avait toujours été aimable et gentil, mais il avait bien souvent la sale manie de se comporter comme un pitbull : quand il avait trouvé une cible, une histoire ou une blague, il la creusait jusqu’à l’outrance, ce qui en faisait parfois un compagnon très désagréable. Qu’il trouve une phobie chez quelqu’un, et il s’amusera un temps à lui faire peur en simulant cette phobie. Qu’il trouve une histoire qui a fait rire son monde, et il la répétera à outrance, énervant le monde qu’il voulait divertir. En réalité, l’homme ne sait tout simplement pas s’arrêter. Comme en cet instant. Si insistance et ses sous-entendus me mettent plus que mal à l’aise. Je n’arrive pas à définir ce que je ressens pour Seö mais la pression qu’il met sur nos retrouvailles m’empêche de réfléchir sur mes sentiments. Et je crains que cela ne fasse peur à l’elfe. Et s’il ne ressentait pas la même chose que moi ? Pourtant, ce moment que nous venons de vivre avant l’arrivée d’Amont, était merveilleux, comme une communion. Ce contact accidentel, ce besoin de lui reprendre la main. Mais cet instant est parti, quoi, passés pour jamais, tout entier perdu. Une tristesse profonde m’envahit pour un court instant.

Mais la voix de Seö, sa douceur et sa tendresse naturelle la fait disparaitre immédiatement. Ses paroles sereines m’apaisent et me rassurent, sans savoir pourquoi. Je me dis qu’avec lui à mes côtés, rien ne peut m’arriver et Amont nous laissera sûrement tranquilles, au moins pour la soir. Je souris à l’elfe, les joues légèrement rosies. Pourquoi tant de gênes entre nous ? Il n’y avait pas ça à notre première rencontre, juste… une profonde communion, une vision des choses pas si différentes et un grand moment partagé. Et depuis nos retrouvailles, je vois bien que cela m’a fortement manqué, et que le renard m’a toujours rappelé cet elfe rencontré au détour d’une forêt. Ce soir nous voilà réuni et nous allons partir ensemble sur les routes, comme si ça a toujours été ce que nous faisions et que nous devions faire.

Nous prenons congé du marchand, qui nous glisse encore un sous-entendu sur notre nuit. Cette remarque m’hérisse le poil, mais je dissimule ma gêne devant tant d’insistance grossière et sors sous la pluie à la suite de l’elfe. Ses mains se pose sur mes hanches et il me soulève comme si je ne pèse rien. Ce contact, cette étreinte a sur moi l’effet d’un doux foyer, réchauffant mon cœur de l’intérieur et je sens mon cœur s’accélérer alors que je détourne timidement les yeux de l’elfe, dissimulant mon rougissement. Atterrissant, je rive mon regard dans le sien, des gouttes glissant déjà sur son visage, et ses cheveux trempés. La lueur des lanternes et le jeu de l’eau donne à ses cicatrices des allures d’arabesques fantaisistes, offrant à son visage une apparence d’un autre monde. Mais son regard est toujours le même et je réponds à son sourire.

Mon excuse pour sortir ne semble pas gêner Seö, mais il se pose tout de même la question. Bien sûr, il pourrait s’installait avec les Chiens. Les guerriers ne le rejetteraient certainement pas et lui trouveraient certainement une place parmi eux. Selon l’heure, peut-être essuierait-il quelque railleries et allusions, mais surtout un abri. Ou alors…. Sinon, tu pourrais… partager mon chariot. Amont, encore lui en a plusieurs, l’un est assez bien aménagé pour faire dormir deux personnes. Je rougis et baisse les yeux devant mon audace. Mais je comprendrai très bien que tu ne veuilles pas, à cause de… Je ne sais pas à cause de quoi. Les dires des autres ne m’ont jamais gênée. Mais est-ce que j’ai peur des autres ou d’autres choses ? Peur de ses sentiments qui me font bégayer et sentir toute chose aux côtés de l’elfe. Ce doit être ça. Mais alors pourquoi ai-je peur de mes sentiments ? Peur qu’ils ne soient pas partagés ? N’y pense plus, savoure l’instant

Sous la pluie, après la douce chaleur du chariot du marchand, je frissonne légèrement et ai envie de me blottir contre Seö pour partager sa chaleur et le contact de ses bras autour de moi. D’où me vient cet envie ? Ca ne me ressemble pas. Et pourtant, il n’y a rien que je voudrais plus que de rester contre lui, à écouter sa respiration. Rester sous la pluie, sentir la caresse de l’eau en sachant que rien ne peut m’arriver puisque Seö est là.

Le regard de l’elfe quitte le mien pour aller en direction de la forêt, le renard est là et semble nous attendre pour une balade nocturne. Il est vrai que d’habitude, je cours avec lui dans la forêt. Cette fois, il voudra certainement profiter de la présence de l’elfe pour courir avec lui. La dernière fois, Seö ne s’était pas montré joueur avec l’animal, mais il était plus timide aussi. Ce soir, comme la première fois, nous sommes tous les trois réunis par un lien plus fort que la magie. Quoi que puisse en penser l’elfe, et bien que s’eut été un enclencheur, le renard et moi ne sommes pas lié par la magie du chant elfique, nous nous sommes juste trouvés, comme Seö et moi nous sommes trouvés. Je le regarde en souriant, la gorge trop serrée pour répondre à sa proposition. Mon sourire est éclatant et je lui prends la main, avec une légère hésitation juste avant le contact, puis me met à courir en direction des bois, tirant l’elfe derrière moi en début avant qu’il ne se mette à son tour en route. Le contact avec sa main est doux et me donne envie de rire de plaisir. C’est une réaction hystérique de bonheur.

Nous voyant arrivé en courant le renard fait demi-tour, lui aussi en courant, disparaissant en un éclair roux dans les fourrées. Nous le suivons avant que je me rende compte que ma robe n’est pas des plus adaptés pour courir dans les bois, surtout de nuit. Je lâche avec regret la main de mon compagnon pour remonter un peu ma robe. Cela ne change pas grand-chose à part que maintenant je trébuche moins dans l’obscurité. Ne voyant pas plus que des ombres surgir devant moi, je suis obligée de ralentir pour ne pas me blesser. De temps en temps, le renard réapparait pour voir si nous suivons et nous montrer le chemin. Au bout d’une dizaine de minute, nous arrivons dans une clairière, éclairé par la blanche clarté de la lune. La pluie semble avoir cessé ici, le bruit des gouttes laissant place à celui de la vie nocturne. Le vent dans les branche siffle une complainte nostalgique, tandis qu’au loin, loup appelé ses frères et sœurs.

Le renard est assis face à nous, devant un buisson d’où émane une entêtante odeur. Je reconnais l’arbuste. Regarde Seö, comme à notre première rencontre, le renard nous a amené à un buisson de fleur élémentaire. Je m’agenouille et cueille doucement une fleur, après avoir vérifié que la plante n’en pâtirait pas. Puis je la tends à Seö. Tu m’en avais offert une ce jour-là. Cette nuit, c’est mon tour. Alors qu’il la prend, je sers de ma sacoche, un bocal. Dedans, repose une fleur, semblable à celle que tient l’elfe. Les multiples couleurs de ses pétales aux reflets irisés brillent toujours du même éclat qu’au premier jour. Je l’ai conservé à l’abri des intempéries. Ces fleurs ne périssent jamais si elles sont protégées. Et pour éviter que son parfum n’atteigne mes remèdes, ce bocal fait l’affaire à la fois de protection pour elle et mes affaires. Ainsi, même si je l’avais voulu, je n’aurai pas pu t’oublier. Tu m’as toujours accompagnée à travers cette fleur. Le renard vint se lover contre moi, quémander, fait rare, des caresses.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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La proposition d’Aurore embrasa mes joues. Je fus soulagé qu’elle détourne un instant les yeux, même si j’aurais préféré rester plongé dans son regard, puisqu’elle ne put ainsi pas constater ma gêne. En réalité, si j’espérais inconsciemment cette réponse, l’idée de dormir aux côtés de la jeune femme me rendait confus autant qu’elle me plaisait, sans que je ne comprenne réellement le pourquoi de ce sentiment. Si elle ne m’avait pas proposé de partager son chariot, dormir avec les chiens aurait été amplement suffisant. Le simple fait de me trouver près d’elle, même si nous ne partagions pas, en tant qu’amis, la même couche, me suffisait. Mais dans ce cas, pourquoi cette impression si confuse ? Pourquoi le simple fait d’imaginer Aurore, endormi, à mes côtés suscitait en moi cette sensation à cheval entre le bonheur extatique et le doute profond ? L’image s’était, bien contre toute volonté, imprégnée dans mon esprit, et j’eus bien du mal à m’en détacher pour répondre à la baptistrelle.

« Je… » Commençais-je, balbutiant peut être autant qu’elle n’osait pas relever les yeux pour les plonger dans les miens. Que pouvais-je bien lui répondre ? Je n’allais pas refuser son offre, il en était hors de question, mais je n’arrivais pas à formuler ma réponse affirmative de manière intelligible. A présent que l’image était ancrée dans mon esprit, je n’arrivais plus à concevoir dormir avec les soldats, ni même ailleurs qu’aux côtés de la jeune femme. Et il allait bien falloir que je trouve les mots pour lui répondre, je ne voulais pas risquer qu’elle puisse prendre mon mutisme comme une hésitation ou un refus, puisque ce n’était nullement le cas.

Son frisson me tira de mes pensées, alors que je remarquais que j’étais resté, muet, le regard rivé sur elle. Je le détournais rapidement, les joues toujours rougissantes, du visage angélique de la jeune femme, avant d’y revenir, comme instinctivement. J’eu alors l’étrange envie, ou plutôt le besoin, d’à nouveau la serrer contre moi. Pas simplement pour la réchauffer et la protéger de la fraicheur de l’ondée qui tombait autour de nous, mais parce que j’avais envie de la tenir à nouveau contre moi, et de sentir son corps lové contre le mien, tout comme lorsque nous nous étions retrouvés. De sentir sa poitrine se soulever au rythme de ses respirations, et de sentir son souffle sur la mienne. Tenir mon amie contre moi avait était l’une des sensations les plus puissantes que je n’avais jamais ressenti, comme si je me retrouvais moi-même, et il m’était bien difficile de résister à la tentation d’y goûter à nouveau. Mais pourquoi y résistais-je, d’ailleurs ? Etais-ce parce que le geste aurait pu paraitre déplacé, ou simplement parce que j’avais l’impression que l’étreindre était comme mettre un pied dans un vide abyssal, d’où il était impossible d’entrevoir ne serait-ce qu’une clarté, une lueur rassurante ou simplement connue. C’était avancer dans l’inconnu, sans repères ni possibilité de faire marche arrière. Mais ça n’était pourtant qu’une étreinte.

Le contact de la main d’Aurore dans la mienne me surprit et me tira de ma torpeur alors que je plongeais mon regard ambré dans ses yeux azurs, alors qu’un flot de sentiments se déversaient dans ma poitrine. Son sourire me fit reprendre contenance, et je lui rendais instinctivement. Perdre mon temps dans mes pensées était bien futile. La baptistrelle était là, et c’était les instants à ses côtés dont je voulais profiter. Alors qu’elle s’élançait à la suite de notre compagnon animal, je prenais rapidement sa suite, sa main toujours dans la mienne. Je modérais mon allure, calquant mes pas sur ceux de mon amie, observant du coin de l’œil les branchages gorgés d’eau qui ployaient sous le poids des innombrables gouttes qui tombaient du ciel. Je me sentais plus libre que je ne l’avais jamais été, profitant pour la première fois depuis bien longtemps d’une sérénité retrouvée. La main d’Aurore glissa lentement de la mienne, finissant par l’échapper. Même si notre contact physique était rompu, notre lien n’en demeurait pas moins fort, et ce dernier m’ancra alors dans la réalité. J’observais avec un œil empreint d’un léger amusement Aurore relever légèrement sa robe afin de diminuer la gêne que pouvait lui occasionner cette dernière. J’avais oublié, le temps d’un instant, que la jeune femme était toujours dans sa robe trempée. Le tissu, empreint de l’ondée, collait à présent à sa peau, ce qui ne devait pas rendre facile sa rapide progression. Pourtant, elle ne paraissait pas le moins du monde s’en soucier, vivant, comme je le faisais, simplement l’instant présent.

Alors que je suivais Aurore, et, elle notre compagnon au poil roux, nous arrivâmes dans une clairière. L’endroit était hors du temps, et me ramena à des souvenirs nostalgiques du vieux continent. Nos nouvelles terres étaient certes différentes sur beaucoup de points, les forêts restaient les mêmes, comme si le temps n’avait, et n’aurait jamais d’emprise sur leur beauté sauvage. Le goupil était assis devant nous, nous regardant avec un air satisfait. Grâce à la lumière de l’astre lunaire, je parvins rapidement à comprendre pourquoi il nous avait emmenés ici. L’un des rares bosquets de fleurs élémentaires de Tiamaranta se trouvait devant nous, son odeur entêtante embaumant la clairière. J’étais surpris d’en voir un ici. Mon esprit cartésien me soufflait que ce n’était que le simple fruit du hasard, mais, pourtant, ce n’était pas ce que clamait mon être.

La voix d’Aurore me tira une fois de plus de mes pensées, me raccrochant à la réalité avec douceur. Le fait qu’elle se souvienne en détail de notre première rencontre réchauffa mon cœur. Je ne l’avais pas non plus oubliée, mais je n’aurais jamais pu imaginer qu’elle comptait également à ce point pour la jeune femme. Je la regardais alors saisir avec délicatesse la fleur aux pétales iridescents, et me la tendre, comme scellant un pacte que nous avions débuté quelques années plus tôt. La suite m’engouffra à nouveau dans le tourbillon de sentiments que provoquait la proximité de la jeune femme, alors qu’elle sortait de son sac la même fleur que je lui avais offerte sur le vieux continent. Cette dernière, à l’image de la jeune humaine, n’avait en rien perdu sa splendeur. Elle semblait scintiller comme au premier jour, et les paroles de la baptistrelle empourprèrent à nouveau mes joues. Il me sembla alors ne plus savoir raisonner, à mesure que je prenais conscience de l’importance qu’accordait la jeune femme à notre première rencontre.

Agissant par instinct, les joues toujours rosies, je lui ôtais délicatement le bocal des mains. Je le dévissais, l’espace d’un instant, y glissant alors la fleur fraichement coupée aux côtés de sa jumelle. Cette dernière glissa lentement contre le verre avant de se déposer au fond, et je pris soin de refermer le bocal, le rendant à Aurore, plongeant mon regard dans le sien, et lui offrant un sourire sincère.

« Je te remercie pour le cadeau. » Dis-je simplement avec douceur. « Mais, comme pour nous, ces deux âmes n’ont pas à être séparées. Je t’en confie donc la garde, puisque je ne me trouverais jamais plus si loin de toi. » Prenant conscience de la force que pouvaient avoir mes paroles, mes joues rougirent davantage, et je détournais un instant le regard, avant de le replonger dans celui d’Aurore. Je me relevais alors, prenant sa main, une fois qu’elle eut rangé le bocal, pour l’aider à faire de même. J’avais du mal à mettre en ordre toutes les pensées qui me traversaient l’esprit, et j’avais besoin d’air, de courir tout simplement, afin de rafraîchir mes idées. L’une d’entre elle, plus malicieuse, germa soudain.

« Est-ce que tu as envie de ressentir, et de voir ce que je vois quand je voyage ? » Lui demandais-je simplement, une fois qu’elle eut récupérer son sac. Je mis alors un genou à terre, l’invitant à grimper tout simplement sur mon dos. Mon attitude était assez cavalière, mais, comme pour la fleur, je laissais mon instinct parler. J’avais envie de courir, sans me soucier d’où je pouvais aller, comme lors de mes premiers voyages. Mais cette fois, j’avais simplement envie de partager ce moment avec la baptistrelle, et lui montrer comment le monde pouvait prendre une autre tournure. Une fois qu’elle fut sur mon dos, je la maintenais en place en posant délicatement mes mains sur ses cuisses couvertes par la robe gorgée d’eau. Le contact me fit à nouveau rougir, mais je me relevais, tendant les muscles de mes jambes. La jeune femme ne pesait rien sur mes épaules. Je lui jetais alors un regard en coin, un léger sourire aux lèvres.

« Prête ? » Lui lançais-je simplement. Je tapais ensuite mon premier talon contre le second, activant l’enchantement unique apposé sur mes bottes. Ces dernières drainaient alors lentement mon énergie, dégageant curieusement une étrange sensation de bien-être, mais aussi augmentant mon adrénaline. Prenant un solidement appui, je me propulsais en avant, prenant rapidement de la vitesse. A cette allure, tout défilait rapidement devant moi, et je retrouvais mes sensations d’antan. La vitesse naturelle des elfes couplée à la glyphe était presque celle d’un cheval au galop, l’agilité en plus. J’oubliais rapidement le monde qui m’entourait, me contentant de profiter de l’instant, sans réfléchir où je me dirigeais. Tantôt Bondissant d’arbre en arbre, tantôt me déplaçant au sol, bien aidé par mon armure et l’agilité qu’elle me procurait, je veillais simplement à la sécurité d’Aurore, mettant de côté tout le reste.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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J’ai toujours aimé lire. Que ce soit des traités pour apprendre de nouvelles choses, ou des romans d’aventures, historique ou d’amour. Et alors que Seö prend la fleur que je lui tends, nos doigts se frôlent rapidement. Les livres parlent souvent de ce jour de situation, mais ils sont bien loin de réussir à décrire les sensations qui nous embrassent dans ce moment. Cette sensation fugace et intense, ce frisson de froid alors qu’une grande chaleur émane de ce contact éphémère, et qui se répand à travers notre corps. Le rouge ne me monte pas aux joues cette fois, elles ne prennent qu’une teinte rosée. J’aimerai que ce contact dure plus longtemps, sans vraiment savoir pourquoi. Aucun homme ne s’est jamais approché de moi comme ça, tout en douceur et en gentillesse. A part Lewyn, mais son corps ne transmettait aucune chaleur puisque c’était un vampire. Peut-être parce que c’est le premier homme avec qui j’ai une vraie proximité et que cette expérience nouvelle me plait. Instinctivement, je sais que ce n’est pas ça et pourtant, j’ai l’impression que c’est ce dont j’essaye de me convaincre.

Un nouveau contact me ravit un sourire alors que Seö me ravit le flacon. Ce nouveau contact m’empêche de m’interroger sur le pourquoi il me prend le bocal. Je ne résiste pas, laissant l’objet glissait de mes doigts, mes yeux rivaient dans ceux de Seö. Du coin du regard je le vois ouvrir le bocal. Mon regard se tourne alors sur vers ses mains, un sourcil se levant de façon perplexe. Il glisse la rose avec sa jumelle. Qu’est-ce que cela signifie ? Il refuse mon présent. Mon cœur se serre, et une boule se forme dans ma gorge. Je ne comprends pas ce qu’il fait. J’ai l’impression qu’il ne veut rien garder de moi, que ce que je ressens n’est pas réciproque. J’essaye de retenir les larmes qui me montent aux yeux. Pourquoi est-ce que je réagis comme ça ?

Il me rend le bocal en souriant. La tempête de sentiment qui bouleverse mon cœur s’amplifie. Son sourire est sincère et magnifique. En le voyant je ne peux que lui rendre pourtant une partie de moi se dit qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je prends le bocal, les yeux larmoyants, détournant légèrement le regard pour qu’il ne voit pas mon trouble. Le contact de ses doigts à un goût amer. Malgré mes doutes et le rejet de mon présent, cet instant enflamme mon âme, déchirant encore plus mon coeur. J’enrage de mon incompréhension et de la situation. Je te remercie pour le cadeau. MaisTu ne peux, pas, ne veux pas l’accepter, ne l’apprécie pas, le trouve ridicule. Je n’ai jamais craint d’être ridicule excepté maintenant, aux yeux de Seö.

Mais, comme pour nous, ces deux âmes n’ont pas à être séparées. Je t’en confie donc la garde, puisque je ne me trouverais jamais plus si loin de toi.Il me faut un petit moment pour comprendre ce qu’il venait de dire. Je laisse échapper un petit rire nerveux et le regarde de nouveau dans les yeux, lui offrant un grand sourire. J’essuie mes larmes naissantes d’un revers de la manche. Je lui prends la main et me relève. Nos corps ne sont séparés que d’une dizaine de centimètres, et je dois lever les yeux pour continuer à le voir, ma main toujours dans la sienne.

Je finis par détourner le regard pour ranger le bocal dans ma sacoche. Je voulais lui faire un cadeau et il a su le retourner contre moi. Je me retrouve donc avec deux fleurs et une douce promesse. Cette soirée ne pourrait pas mieux se passer. Je ne sais pas ce qui va se passer maintenant mais je m’en moque. Je frissonne légèrement à cause du froid. Avec la nuit tombée, l’air est plus frais et la pluie et mes vêtements mouillés ne m’aident pas à me réchauffer. Mais je le cache à Seö, car je ne veux pas qu’il s’inquiète ou que ce moment s’arrête.

Sa proposition de me faire ressentir comme il voyage me plait énormément. Je suis aussi curieuse de savoir comment il compte me le faire partager. Aurait-il un glyphe ? Une vision partagée ? Ma perplexité était augmentée lorsque je le vois mettre un genou à terre. Puis je comprends qu’il veut que je monte sur son dos. C’est assez surprenant comme proposition et mon premier réflexe est de refuser mais je me rappelle que les elfes sont bien plus puissants que les humains. Timidement, je me rapproche de Seö, remonte ma robe pour que ce soit plus confortable et enlace son cou. Ses mains se déposent sur mes cuisses et malgré la présence de ma robe, je peux sentir la chaleur de ses mains réchauffé mon cœur.

Je lui dis dans un souffle que je suis prête. Je suis quelque peu inquiète de la suite des évènements. Je lui rends son sourire plus timidement et avec moins d’assurance que lui. Je ressers ma prise quand il se relève, glissa mon menton par-dessus son épaule, me retrouvant joue contre joue avec l’elfe. Quand il démarre, je sens mon estomac, mon cœur et mes poumons rester sur place, alors que la vitesse impressionnante de déplacement de l’elfe fait voler mes cheveux derrière nous. Je vois la clairière s’éloignait derrière nous et le renard qui essaye de suivre mais qui lui aussi ne fait pas le poids aussi.

Les arbres passent à nos côtés à une vitesse délirante. Seö se déplace avec une agilité incroyable. Je retrouve les sensations de la course hippique avec une plus grande liberté encore. L’elfe alterne les courses dans les arbres, et au sol, avec une facilité déconcertante. Je savoure le vent dans mes cheveux, le contact des mains de l’elfe sur les cuisses, l’étreinte de mes bras autour de son cou. L’instant est grisant, malgré les petits picotements quand mes cheveux se prennent dans des branches. Ils sont trop longs et peu pratiques.

D’un seul coup je me sens tirée en arrière. Je ne sais pas ce que c’est, mais une force m’arrache du dos de Seö et une vive douleur me pend la tête et la poitrine. Je ferme les yeux et percute un arbre de mon dos. Mes cheveux me tirent, et je m’étrangle avec la sangles de ma sacoche. Mon bras gauche est levé par la sangle, mais, alors que j’essaye de l’enlever, ma manche semble s’être coincée dedans. Je vois que mes cheveux et mon sac se sont accrochés à des branches. J’essaye de respirer mais la semble presse ma gorge. Du bout des pieds j’essaye de prendre appuis sur quelque chose, mais tout glisse et se dérobe sous moi. Je n’arrive pas à réfléchir, la panique me fait bouger dans les sens.

Finalement, mon menton se libère de la sangle, et ma manche se déchire avec ma chute. Mes cheveux arrachent les petites branches que les avaient coincés. Je tombe durement sur le sol en poussant un petit cri de douleurs. Des larmes montent d’elles-mêmes, alors que je masse les zones de mon corps endolori.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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J’avais toujours rêvé de retrouver les sensations qui m’étreignait le cœur lorsque je voyageais, à mes débuts, et que chaque parcelle du monde qui m’entourait était une nouvelle aventure. Je n’avais, depuis lors, rien connu de réellement comparable à ce sentiment de liberté totale, et bonheur et d’adrénaline qui, mêlés ensembles formaient un bouquet à la saveur inégalée. Et ce n’était pas ça que je ressentais en transportant la jeune humaine sur mon dos. C’était beaucoup plus fort que ça. Un sentiment incompréhensible, un mélange d’exaltation, de liberté qui embrasait ma poitrine à chacun de mes pas. A mes yeux, il n’existait à cet instant que le souffle de la jeune femme contre ma joue, sa poitrine et son corps pressé contre mon dos et la sensation que, peu importe ce qu’il pouvait se passer, l’avenir en la compagnie de la baptistrelle ne pourrait être que radieux. Je lâchais donc prise avec la réalité, ivre de ce sentiment qui naissait en moi, me contentant simplement de courir sans savoir où je me dirigeais.

Mais soudain, je me sentis brutalement délesté du contact de la jeune femme, ce qui mit un terme à mon avancée onirique. J’avais été imprudent, et je n’avais pas pensé au fait que les longs cheveux d’or de la jeune femme pouvaient poser problème, ni que sa sacoche ne puisse s’accrocher à une branche. Je stoppais immédiatement ma course, l’âme terrassée à l’idée d’avoir pu causer une quelconque douleur à la baptistrelle. Cette dernière était, par le biais de sa sacoche, de sa manche, et de ses cheveux, restée bloquée plus haut, dans un arbre. Elle avait finalement réussi à se délier du piège de fortune qui s’était refermé sur elle, et était tombée au sol. Au premier regard, elle n’avait pas l’air d’être particulièrement blessée, mais la vue de ses larmes naissantes me fendit le cœur. C’était indéniablement ma faute, et je venais de gâcher un moment qui aurait dû rester gravé dans ma mémoire comme un instant absolument parfait. Mais je me moquais de ces états d’âmes, ce qui m’atteignait le plus, c’était l’idée que la jeune femme puisse connaitre la douleur, qu’elle soit physique ou mentale. C’était sans doute idiot de ma part d’avoir de telles pensées, et surtout, très peu rationnel, mais je n’arrivais pas à raisonner autrement. Je m’approchais donc d’elle, m’accroupissant, et l’inspectant rapidement sous toutes ses coutures. Une petite vague de soulagement déferla en moi. Il y avait plus de peur que de mal, mais cet accident mettait un terme à cette merveilleuse soirée.

La robe de la jeune femme était trempée, et, avec ses petites blessures, il était plus que temps de rentrer pour profiter d’un repos bien mérité. Je me relevais, récupérant, d’un bon agile, sa sacoche restée dans un arbre. Je l’accrochais cette fois à mes propres épaules, puis, dans un mouvement doux, et maitrisé, je pris la baptistrelle dans mes bras, ce qui ralluma le feu qui semblait tant survenir ce soir au niveau de mes joues. Une nouvelle vague de chaleur envahit ma poitrine alors que le corps d’Aurore était pressé contre le mien, et c’était d’un pas plus serein que je repris la direction du campement. Même si Aurore pouvait sans doute marcher jusque-là, la tentation, et la sensation que me procurait sa proximité était bien trop douce et puissante à la fois pour que je ne desserre cette légère étreinte. Nous marchâmes un moment dans le silence, seuls êtres semblant exister à des lieux à la ronde, comme perdus dans un lieu dont nous serions pourtant les maitres. Mais la tentation d’entendre à nouveau sa voix fut trop forte, et je cédais aux appels de mon cœur.

« Je… » Commençais-je en rougissant, gêné par ce que mon étourderie avait causé. « Je suis désolé, pour ta chute… Et pour ta robe aussi. C’était ma faute, j’aurais dû faire attention. » Dis-je, cherchant toujours mes mots avec difficulté, comme redoutant que la jeune femme ne m’en veuille suffisamment pour faire fit de notre promesse. « Je… » Balbutiais-je, à nouveau. « Je… Cette robe t’allait bien. » Finis-je en rougissant davantage, n’ayant trouvé que ça à dire. De bien piètres excuses, mais je n’étais pas parvenu à omettre cette pensée, perdu dans un flot de sentiments contradictoires et logiques à la fois.

Nous arrivâmes sans mal à notre destination, et revint une question que nous avions jusqu’alors éludée. Die que l’idée de dormir aux côtés de la baptistrelle me plaisait était un doux euphémisme, mais je n’osais pas, ou plutôt, je n’arrivais pas à cerner la raison qui à la fois me poussait à accepter, et à la fois m’empêchait de répondre favorable à sa proposition. Et puis, après ce qu’il s’était passé, il y avait des chances pour que l’accident ait légèrement occulté son bonheur de me revoir. Maudissant ma maladresse et mon indécision latente, je continuais toutefois à avancer en direction de la caravane de la jeune femme, redoutant à chaque pas un peu plus le moment où il me faudrait lui répondre. La silhouette de l’édifice de fortune, fait de bois et de toile, se dessina de plus en plus clairement devant nous, et lorsque nous fûmes devant, je déposais délicatement la baptistrelle au sol.

Mais cette légère étreinte ne pris pas immédiatement fin pour autant. Nous restâmes quelques secondes face à face, le regard plongé dans celui de l’autre. La réponse me vint alors naturellement. Je ne pouvais, cette nuit, envisager un autre dénouement que de celui de reposer aux côtés de l’humaine qui m’avait tant manqué. Bien que j’hésitais toujours sur la façon dont de lui répondre, ce fait était désormais on ne pouvait plus clair. Ma seule réponse, muette, fut instinctive. Mes mains étaient toujours posées sur les hanches de la jeune femme, et, j’approchais, millimètre par millimètre, mon visage et mes lèvres de celles de la jeune femme. Mais qu’est-ce que j’étais en train de faire ? C’était la seule question qui traversa mon esprit à cet instant. Tout le reste n’était que tumulte.

Soudain, l’arrivée intempestive du capitaine des mercenaires qui protégeaient la caravane me sorti de ma torpeur, et, nous reculâmes promptement l’un de l’autre, les joues en feu. Ce dernier ne semblait pas nous avoir surpris, mais je baissais instinctivement la tête, honteux et gêné de mon attitude cavalière. Ce dernier s’arrêta devant nous, semblant faire fit du fait que nous soyons tous les deux seuls, en pleine nuit, devant la caravane qui abritait la baptistrelle.

« Ah ! Sire Seö, je vous cherchais justement ! Mes hommes voulaient se faire pardonner de leur attitude à votre égard, et ils aimeraient beaucoup partager avec vous quelques vivres. Et puis, nous pourrions vous trouver une place et un couchage. Il ne fait pas vraiment bon dormir à la belle étoile par ce temps. Allez, suivez-moi, je vais vous montrer où nous résidons. » Me lança-t-il d’un temps enjoué, avant de porter son attention vers Aurore. « Mettez-vous à l’abri, jeune demoiselle, je vous jure de bien m’occuper de votre ami. » Après l’avoir saluée, et sans attendre la moindre réponse de ma part, il me prit par les épaules et commença à m’entrainer plus loin dans la caravane. Je jetais un dernier regard à la baptistrelle qui restait devant son chariot aménagé, une lueur d’excuse et de regret dans les yeux.

Suivant le capitaine, je m’installais alors parmi ses hommes, qui, jeunes pour la plupart, me posèrent une multitude de questions sur ma vie, et sur les coutumes de ma race. Je me prêtais alors à leur petit jeu, alors que mon esprit vagabondait, lui, bien ailleurs. L’instant que j’avais redouté ce soir me manquais à présent. Terriblement. Mais au moins, l’air frais avait réussi à apaiser le tumulte qui grondait en moi lorsque j’étais en compagnie d’Aurore.

descriptionTumulte. [Pv. Aurore] EmptyRe: Tumulte. [Pv. Aurore]

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Seo s’arrête un peu plus loin. Je le vois revenir vers moi avec une mine inquiète. Je ne veux pas qu’il s’inquiète, car il n’y a pas de raisons. J’essaye de faire disparaitre ce début de larmes de mes yeux. Je ne veux pas qu’il me croit blessée, et qu’il culpabilise. Je vais bien Seö. Tout va bien, j’ai juste été surprise. J’aurais dû penser à attacher mes cheveux et tenir ma sacoche. Tout va bien. Tout va bien. Ma voix devient un souffle, un murmure  alors que Seö s’approche de moi. Il est si proche de moi, je peux sentir son odeur, c’est étrange. Il a l’air tellement désolé. Il est tellement beau, son regard est merveilleux, si plein de douceur, de tendresse. L’avoir si près de moi en cet instant me fit oublier la mauvaise surprise de notre cavalcade pour la remplacer par ce souvenir grisant du vent dans mes cheveux.

Son visage est si proche, je sens son souffle sur ma joue mais il s’éloigne déjà en s’excusant. La magie de cet instant cesse mais je lui souris, les yeux brillants. Tout va bien. Tu n’y es pour rien plus de peur que de mal. Et puis la robe, j’en ai d’autres. Ce n’est pas grave. Il récupère ma sacoche et me prends dans ses bras. Tout en douceur, une douceur qui contraste avec l’adrénaline de notre course mais qui me ravit. Je souris béatement. Ses bras sont chauds et me réchauffe, je sens la chaleur traverser ma robe mouillée. Je me colle contre son torse, glissant ma tête contre son coup. Je me sens bien contre ses bras, il marche tranquillement, ses pas me bercent et j’entre dans une tendre somnolence, bercé par les mouvements de ses pas.

Arrivés au campement, il me repose doucement. Je reste, un instant, collée à lui, savourant ce contacte et sa chaleur. Ce moment aurait pu durer éternellement. Je ne sais pas ce que je ressens, je ne comprends pas ce qui m’embrase le cœur. C’est si fort, si puissant. Je réalise pour la première fois le vide qu’avait laissé l’absence de cet ami, de Seö. C’est plus qu’un ami. Mais je ne suis pas sûre de ce qu’il représente pour moi. Ou alors je n’arrive pas encore à l’accepter tant c’est grand. Nous nous regardons droit dans les yeux, nos visages sont si proches. On pourrait presque…

La voix du Capitaine des Chien me fait sursauter et m’éloigner de Seö. Je rougis brusquement, mais il semblerait qu’il n’ait rien remarqué, du moins en donne-t-il l’image. Sans m’en rendre compte, j’ai attrapé la main de l’elfe en m’éloignant comme si perdre son contact m’était trop dur. Je la lâche doucement. L’invitation du Capitaine est trop correcte pour que l’elfe la refuse. Je suis déçue, mais je comprends qu’il préfère rester avec les soldats. S’eut été étrange en plus s’il venait partager mon lit, alors que nous ne sommes même pas… Mon regard se pose sur le visage de l’elfe. Il n’est pas aussi beau que ce dont les jeunes filles rêvent en pensant un à un elfe, mais à mes yeux, il est tout ce qu'il y a de plus merveilleux. Je ne lui trouve aucun défaut, rien qui fasse de lui autre chose qu’un être magnifique. Je reporte mon attention sur le capitaine. Et lui souris.Merci capitaine. Je vous fais absolument confiance là-dessus, votre réputation d’homme de parole et d’honneur n’est plus à faire, ni la vôtre ni celle de vos hommes. Je vais donc pouvoir dormir en paix, sachant Seö entre de bonnes mains. Et près de moi, près mais pourtant si loin. Comme j’aimerai l’avoir avec moi cette nuit.

Seö et le guerrier s’éloigne, je les regarde un instant puis repars vers mon couchage, à la fois heureuse de cette soirée et déçu. Je me couche et je sors le bocal. Les deux fleurs semblent s’enlacer amoureusement. Je m’endors en serrant le flacon contre moi.

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