Il l’écouta attentivement, les premières réponses l’énervèrent, lui à son âge, et même bien après, il était la fille exemplaire de sa mère et la suivait où qu’elle allait. Cependant, il était vrai que sa vie était bien plus mouvementée, la famille Dalis était à l’origine des nomades, changeant fréquemment de location et ne se posant jamais véritablement, avec lui cette “tradition” avait radicalement changé, les Dalis étaient sédentaires et exerçaient une influence sur le lieu où ils avaient jetés leurs dévolus. Pour lui, c’était une évolution logique pour que la famille survive l’ère des vampires errants et solitaires était désormais révolu et avait fait place à celle de l’unité. Pour Toryné, sa fille avec donc tord, même s’il n’approuvait pas toutes les lois (ironique pour un membre du gouvernement vampirique), la nature des vampires n’ai qu’à ses yeux celle de survivre, par tous les moyens… les vieilles traditions ne les mèneraient qu’à la ruine, d’une manière ou d’une autre.
Il était au point de l’incendier, de lui rappeler son âge par rapport au sien, de tout ce qu’il avait fait pour elle et toutes leurs famille, du respect qu’elle lui devait, mais il n’en fit rien. Les dernières paroles de sa fille le stoppèrent nette, un étrange frisson parcourait son corps, elle ne pouvait pas ? N’importe qui n’y aurait vu qu’un signe de défiance envers l’autorité parentale qu’il présentait, mais Toryné était bien plus intelligent que ça, c’était par la sournoiserie qu’il s’était élevé, il savait écouté, déchiffré, analysé et emmètre des prédictions en fonction des informations qu’il récoltait. Durant l’ère du Tyran blanc, c’est ainsi qu’il vendait les secrets d’un camp à un autre et qu’il avait encore une fois assuré sa survie, c’est également ainsi qu’il avait su se faire des relations dans l’armée vampirique en faisant office de taupe pour ses supérieurs… Alors non, les paroles de sa fille n’étaient pas “naturelles” pour lui.
Son visage afficha d’avantage d’émotion, une certaine inquiétude, mais également une pincée de colère, il s’approcha doucement de sa fille, son regard analysant tous son être. Elle avait chez les elfes, elle était partie pendant trois ans, elle avait affirmé de vouloir partir de quelque jour… Rapidement Toryné commençait à comprendre ce qui avait dû probablement se produire… la seule explication rationnel à cette affaire était également le pire scénario auquel il n’avait pas pensé. Une fois devant elle, cela ne fit aucun doute, il saisit son bras gauche et le tira brusquement, la douce mère n’était plus là… Même si désormais, il n’avait aucun doute sur la vérité derrière cette affaire, il eu la preuve visuelle qu’il lui fallait.
“Azshara” murmurra t'il.
Cette fois-ci, son visage n’afficha que la colère, il hurla de rage, jamais il n’avait eu pareille réaction dans ses trois siècles d’existence, la haine déformait presque sa beauté si douce. Ce n’était pas sans raison, Azshara était une vieille connaissance, une ennemie mortelle de longue date, une grande rivale… Il l’avait quelque peu oublié avec le départ de l’ancien continent et maintenant, il payait sa négligence.
-Tu n’es qu’une putain ! Tu n’avais pas le droit de la toucher ELLE ! Il hurlait comme si l’ancestral pouvait l’entendre, mais au fond de lui, il savait qu’il était le seul et unique responsable et que d’autant plus, à la place de son ennemi, il aurait sûrement fait la même chose.
Beaucoup trop d’images lui venait à l’esprit, lui qui se moquait de la fidélité, le simple fait d’imaginer Azshara avec sa fille le mettait hors de lui, si son Graarh avait été là… sûrement serait-il mort. La pression de cette colère fut-elle qu’il donna presque l’impression de défaillir en s’appuyant sur son bureau. Des larmes noires coulèrent de ses joues, humiliées et blessé, le vampire afficha cette ultime faiblesse.
-Pardonne moi… Il leva les yeux vers son portrait, il se sentait honteux, sur l’instant présent il ne voyait plus cette grandeur qu’il estimait être inhérent à sa personne, il s’était montré faible, il s’était reposé sur sa vie facile et ses acquis… S’excusait-il auprès de sa fille pour ne pas l’avoir protégé ou bien envers lui-même pour s’être montré aussi piètre chef de famille ? Même lui devait l’ignorer.
-Qu’a-t-elle… qu’a-t-elle fait d’autre ? Finit-il finalement par dire.