Début Juin
Dernière édition par Valmys Neolenn le Lun 30 Oct 2017 - 17:29, édité 1 fois
Les étoiles s'éparpillaient sur un ciel d'encre et de cobalt. Les accès au ciel du Domaine laissaient également entrevoir les nuages, lesquels rappelaient la saison des pluies passées. Juin avançait, de son pas serein, sur les terres de l'été.
Valmys avait un souvenir très distinct de sa dernière venue en ces lieux. Il se souvenait très bien du sentiment grisant d'être chez lui, en un lieu où sa place était évidente dans sa logique et son aura de sécurité. Ç'avait été le sentiment le plus naturel du monde. Ne pas le ressentir à nouveau était comme le symptôme d'une maladie. Il lui semblait que quelque barrière invisible l'empêchait de se croire hors de danger, ou qu'il aille.
Par les bons soins des autres membres de l'Ordre, l'elfe aux oreilles arrondies avait retrouvé quelques forces. Son endurance d'antan ne lui était pas revenue, loin s'en fallait. Mais il pouvait à nouveau marcher sans finir par s'effondrer. Il considérait cela comme un progrès.
Sa silhouette malhabile, légèrement vacillante, s'était vêtue d'une étoffe brune grossièrement cousue. Il travaillait encore à se faire des habits, mais se refusait à trop découvrir sa peau à nouveau. Son visage et ses mains étaient à découverts. Sous ses bottes, la végétation et les pierres crissaient ou roulaient, dans le calme relatif de ces heures tardives. Au loin, il y avait le son du lac. Par là-bas, le chant d'oiseaux qu'il n'aurait su identifier. Des insectes, aussi. Il y avait une forte odeur de pierre humide, une forte aura de bipèdes se reposant, ou étudiant. Il y avait une musique, à la flûte, aussi précieuse que le diamant d'eau au creux des dunes.
L'Enwr aurait aimé se mêler aux bipèdes des lieux. Il aurait aimé les prendre dans ses bras et essayer de les faire sourire. Il n'osait. Jamais il n'aurait osé ne serait-ce que penser le mot adéquat. Pourtant, il était présent en lui, aussi sincère que les autres mots qui le formaient. Il avait peur. Peur de tout, mais surtout des bipèdes. Les eaux du lac ne le mettaient pas à l'aise. La présence d'autres êtres l'inquiétait. Il ne parvenait plus à distinguer en eux autre chose qu'une probable agression. Ce n'était pas raisonnable, et il le savait. Il ne le contrôlait pas.
La situation était inconfortable et, surtout exécrable à vivre. Il avait fantasmé son retour en ces lieux. Au final, il ne pouvait le savourer. Il s'était imaginé pouvoir enfin souffler, il n'y arrivait pas totalement. Grande était sa culpabilité lorsque face aux siens, il ne pouvait leur offrir les vibrations emplies d'affection qu'ils méritaient tous.
Dans une tentative de se soigner, Valmys était sorti. Moins de monde, moins d'agitation, il espérait pouvoir s'habituer plus aisément, ré-apprendre à relacher sa vigilance. Le choix de l'heure aurait fait fuir d'autres êtres, ceux qui n'avaient jamais connu le Domaine de nuit. Valmys l'avait connu. Il comptait sur ce souvenir pour l'aider à avancer.
Comme n'importe qui aurait pu le prévoir, cela n'avait pas fonctionné. Comme n'importe qui aurait pu l'imaginer, il s'était retourné sur des bruits à l'existence parfois questionnable, sur des ombres qui parfois ne tenaient qu'aux défauts de sa vision. Il avait essayé de s'assoir un peu, respirer, et se laisser bercer par la musique de cette flûte.
Elle lui avait fait un effet étrange. Elle ne l'avait pas rassuré totalement, elle n'avait pas écarté les ombres, n'avait pas effacé les souvenirs et la fatigue. Mais on aurait dit qu'elle avait suggéré comme une idée, qu'elle avait réussi à s'insinuer comme le lézard dans une fissure du mur d'angoisses du petit elfe. Ce petit lézard s'était ensuite glissé jusque dans son coeur, pour lui murmurer une hypothèse face à laquelle il n'y avait plus de défense. La musique était amicale. Celui qui en jouait ne pouvait être terrifiant. Lui, il saurait le soigner. Il fallait le rejoindre.
Ainsi Valmys avait repris sa route, se laissant guider par la musique. Sa concentration lui donnait l'air un peu hagard, son réflexe de se retourner tous les trois pas lui donnait l'air stupide. Il respirait fort, commençant à fatiguer de son escapade. Il se présenta devantle joueur de flûte, essoufflé, avec la mine perdue du malade qui s'amène à son sauveur.
Il ne pouvait s'empêcher de placer un ultime espoir dans ce concept déraisonné, cette logique fiévreuse. Il ne pouvait empêcher son coeur de s'inquiéter à nouveau devant cet être bipède, elfique, et dôté des meilleurs outils pour le blesser à nouveau. Face à ces volontés contraires, Valmys amassa son courage. L'être pâle face à lui, il croyait le connaître, pour avoir hérité de son prénom par un chanteciel. Il aurait pu l'aborder, directement. Mais qui aurait-il pu prétendre être s'il avait brisé la musique d'un Cawr ?
Lentement, Valmys s'assit, reposant ses membres encore fragiles, s'empêchant par le fait de pouvoir s'enfuir trop vite si l'envie lui prenait. La peur le hantait, encore. Il se la reprochait. Elle ne devait pas être le meilleur des présents à offrir à Amaury, pour ce qui devait être, si ce n'était leur première rencontre, la première où ils pourraient parler ainsi seuls à seuls. Mais puisqu'il n'y avait que lui pour l'aider, et que Valmys savait que partir signifiait tuer l'instant, il ne pouvait protéger le maître de son chant-nom.
Il attendit, sagement, que le chantebrise fasse attention à lui.
Valmys avait un souvenir très distinct de sa dernière venue en ces lieux. Il se souvenait très bien du sentiment grisant d'être chez lui, en un lieu où sa place était évidente dans sa logique et son aura de sécurité. Ç'avait été le sentiment le plus naturel du monde. Ne pas le ressentir à nouveau était comme le symptôme d'une maladie. Il lui semblait que quelque barrière invisible l'empêchait de se croire hors de danger, ou qu'il aille.
Par les bons soins des autres membres de l'Ordre, l'elfe aux oreilles arrondies avait retrouvé quelques forces. Son endurance d'antan ne lui était pas revenue, loin s'en fallait. Mais il pouvait à nouveau marcher sans finir par s'effondrer. Il considérait cela comme un progrès.
Sa silhouette malhabile, légèrement vacillante, s'était vêtue d'une étoffe brune grossièrement cousue. Il travaillait encore à se faire des habits, mais se refusait à trop découvrir sa peau à nouveau. Son visage et ses mains étaient à découverts. Sous ses bottes, la végétation et les pierres crissaient ou roulaient, dans le calme relatif de ces heures tardives. Au loin, il y avait le son du lac. Par là-bas, le chant d'oiseaux qu'il n'aurait su identifier. Des insectes, aussi. Il y avait une forte odeur de pierre humide, une forte aura de bipèdes se reposant, ou étudiant. Il y avait une musique, à la flûte, aussi précieuse que le diamant d'eau au creux des dunes.
L'Enwr aurait aimé se mêler aux bipèdes des lieux. Il aurait aimé les prendre dans ses bras et essayer de les faire sourire. Il n'osait. Jamais il n'aurait osé ne serait-ce que penser le mot adéquat. Pourtant, il était présent en lui, aussi sincère que les autres mots qui le formaient. Il avait peur. Peur de tout, mais surtout des bipèdes. Les eaux du lac ne le mettaient pas à l'aise. La présence d'autres êtres l'inquiétait. Il ne parvenait plus à distinguer en eux autre chose qu'une probable agression. Ce n'était pas raisonnable, et il le savait. Il ne le contrôlait pas.
La situation était inconfortable et, surtout exécrable à vivre. Il avait fantasmé son retour en ces lieux. Au final, il ne pouvait le savourer. Il s'était imaginé pouvoir enfin souffler, il n'y arrivait pas totalement. Grande était sa culpabilité lorsque face aux siens, il ne pouvait leur offrir les vibrations emplies d'affection qu'ils méritaient tous.
Dans une tentative de se soigner, Valmys était sorti. Moins de monde, moins d'agitation, il espérait pouvoir s'habituer plus aisément, ré-apprendre à relacher sa vigilance. Le choix de l'heure aurait fait fuir d'autres êtres, ceux qui n'avaient jamais connu le Domaine de nuit. Valmys l'avait connu. Il comptait sur ce souvenir pour l'aider à avancer.
Comme n'importe qui aurait pu le prévoir, cela n'avait pas fonctionné. Comme n'importe qui aurait pu l'imaginer, il s'était retourné sur des bruits à l'existence parfois questionnable, sur des ombres qui parfois ne tenaient qu'aux défauts de sa vision. Il avait essayé de s'assoir un peu, respirer, et se laisser bercer par la musique de cette flûte.
Elle lui avait fait un effet étrange. Elle ne l'avait pas rassuré totalement, elle n'avait pas écarté les ombres, n'avait pas effacé les souvenirs et la fatigue. Mais on aurait dit qu'elle avait suggéré comme une idée, qu'elle avait réussi à s'insinuer comme le lézard dans une fissure du mur d'angoisses du petit elfe. Ce petit lézard s'était ensuite glissé jusque dans son coeur, pour lui murmurer une hypothèse face à laquelle il n'y avait plus de défense. La musique était amicale. Celui qui en jouait ne pouvait être terrifiant. Lui, il saurait le soigner. Il fallait le rejoindre.
Ainsi Valmys avait repris sa route, se laissant guider par la musique. Sa concentration lui donnait l'air un peu hagard, son réflexe de se retourner tous les trois pas lui donnait l'air stupide. Il respirait fort, commençant à fatiguer de son escapade. Il se présenta devantle joueur de flûte, essoufflé, avec la mine perdue du malade qui s'amène à son sauveur.
Il ne pouvait s'empêcher de placer un ultime espoir dans ce concept déraisonné, cette logique fiévreuse. Il ne pouvait empêcher son coeur de s'inquiéter à nouveau devant cet être bipède, elfique, et dôté des meilleurs outils pour le blesser à nouveau. Face à ces volontés contraires, Valmys amassa son courage. L'être pâle face à lui, il croyait le connaître, pour avoir hérité de son prénom par un chanteciel. Il aurait pu l'aborder, directement. Mais qui aurait-il pu prétendre être s'il avait brisé la musique d'un Cawr ?
Lentement, Valmys s'assit, reposant ses membres encore fragiles, s'empêchant par le fait de pouvoir s'enfuir trop vite si l'envie lui prenait. La peur le hantait, encore. Il se la reprochait. Elle ne devait pas être le meilleur des présents à offrir à Amaury, pour ce qui devait être, si ce n'était leur première rencontre, la première où ils pourraient parler ainsi seuls à seuls. Mais puisqu'il n'y avait que lui pour l'aider, et que Valmys savait que partir signifiait tuer l'instant, il ne pouvait protéger le maître de son chant-nom.
Il attendit, sagement, que le chantebrise fasse attention à lui.
Dernière édition par Valmys Neolenn le Lun 30 Oct 2017 - 17:29, édité 1 fois