Lunytis

Il était une fois, sur une  île gigantesque où reposait un large désert, se trouvaient deux individus intimement liés. Ils ne pouvaient pas vivre l’un sans l’autre et il ne s’agissait pas qu’une question d’amour. Ce qui les unissait était bien plus fort que cela, mais tout aussi indescriptible. Une personne qui n’avait pas touché au Lien ne pouvait s’imaginer réellement ce que c’était. L’un des liés était une jeune femme à la chevelure d’or tandis l’autre lié était un jeune dragon aux écailles qui reluisaient de leur jolie couleur cuivrée sous les rayons de la lune. Ils étaient ensemble en ce lieu tranquille, loin de toute civilisation et à des kilomètres éloignés de la cité elfique. Le cours d’eau du Tampocuilë glapissait à leur côté. C’était le seul bruit qui venait briser le silence. Ça… et quelques ronflements…

En effet, les liés de cuivre dormaient paisiblement ensemble. L’ancienne régente avait sa tête posée sur ses écailles et des pattes entouraient doucement son corps comme si elle était la peluche d’Alkhytis. Même qu’une aile recouvrait Luna telle une couverture. S’il y avait eu des témoins, ils auraient nécessairement trouvé la scène mignonne. Mais heureusement, il n’y avait personne pour déranger le couple cuivré. Personne pour les observer à l’exception des étoiles et de la lune disparaissant sous le ciel qui s’éclaircissait.

Luna et Alkhytis s’étaient rapidement endormi lorsque le soleil avait disparu à l’horizon. Leur journée précédente avait été quelque peu épuisante, journée où ils avaient décidé de partir en exploration. Suivre le long fleuve surnommé « le puits de vie », pourquoi pas? L’idée leur était apparue amusante de sortir de l’Endëaerumë, de quitter la civilisation et la routine. Mais surtout, qu’être tous les deux!
Et leur prochaine journée, elle risquait d’être épuisante, mais tellement amusante aussi !

Toujours ensemble, jamais séparés, quelles que soient les épreuves, les deux Liées ne pouvaient pas connaître le malheur. Ils se soutenaient l'un l'autre constamment, parvenaient à avancer, même si tout n'avait pas été facile à vivre ou à oublier. Comme tout avait changé… le monde, leurs existences, tout avait été bouleversé. Depuis l'exil, ils en avaient connu des joies et des peines. Pourtant, blottis l'un contre l'autre, ronflant paisiblement, on aurait pu croire qu'ils n'avaient jamais connu le moindre tourment et qu'ils vivaient dans une parfaite insouciance. C'était parfois le cas pour les deux joyeux lurons.

Rien ne semblait capable de troubler leur sommeil, d'ailleurs ils avaient trouvé un coin un peu en repli, bordé de quelques cailloux pour être un peu plus tranquilles. La présence imposante du jeune dragon suffisait à faire fuir la plupart des créatures vivantes et pour le reste, qui aurait bien pu vouloir leur faire du mal ?
Luna était parfaitement protégée, glissée entre les pattes et les ailes de son grand cuivré et instinctivement, celui-ci ne bougeait ni ne la serrait trop fort, désireux de la réchauffer sans lui faire le moindre mal. Il était loin le temps où, encore minuscule, il pouvait se hisser en haut de la tête de sa merveilleuse Liée ! Bientôt, ce serait elle qui pourrait s'essayer à ce genre d'acrobaties. Il s'y était habitué progressivement, mesurant un peu plus ses grands mouvements maladroits pour éviter de briser trop de choses, mais ça ne l'empêchait jamais de faire encore un tas de bêtises.

Peu à peu, les premiers rayons du soleil firent leur apparition dans le ciel, le colorant de mille et une couleurs. C'était un spectacle magnifique qui ne cessait d'étonner le jeune cuivré et lorsque celui-ci entrouvrit ses grands yeux ambrés, il prit un instant pour observer ce spectacle avant de poser son regard empli d'amour sur sa Liée encore endormie. Comme elle était mignonne ainsi ! On aurait dit une jolie princesse, mais dans ce conte-ci, le dragon ne l'avait pas enlevée et ne cherchait pas à l'enfermer, non il l'accompagnait simplement dans ses voyages, pour partager chacun de ses souvenirs et bon nombre de folles émotions !

D'un petit coup de museau, il vint frotter ses écailles contre sa joue, la poussant doucement pour la sortir de son sommeil. « C'est le matiiiiin. ♫ » Chantonna-t-il gaiement.

Il savait bien que la journée précédente avait été relativement épuisante, mais ils n'allaient tout de même pas passer celle-ci à roupiller ! Fidèle à lui-même, Alkhytis n'avait pas besoin de beaucoup d'heures pour dormir et il bouillonnait déjà d'énergie. Si Luna voulait dormir encore un peu plus, elle aurait l'occasion de le faire lorsqu'ils reprendraient la route en montant sur son dos, son poids étant devenu aussi léger qu'une plume depuis longtemps.
En attendant, il mourait presque de faim !

Sans trop brusquer sa Liée-Dorée, Alkhytis se dégagea pour la poser délicatement sur le sol et fit ensuite quelques pas pour se dégourdir les pattes.


Et ni une ni deux, il attrapa leur sac de voyage et commença à fouiller dedans à l'aide de ses crocs.

C’est une voix qui chantonnait qui extirpa Luna de son sommeil. Elle battit plusieurs fois ses paupières afin de chasser la brume qui s’y était glissée puis enlaça son tendre lié. Elle avait encore sommeil, mais elle ressentait toute l’énergie que possédait Alkhytis et cette dernière lui était contagieuse. Elle se redressa sur ses pas et s’étira les bras. Se décrochant la mâchoire d’un bâillement, un sourire amusé se dessina ensuite sur ses lèvres en voyant le Cuivré fouiller dans le sac de voyage. Quel ventre sur pattes !

- Attention à ne pas le déchirer, Alkhychou! Le prévint-elle d’une voix douce. Tes grandes dents gagneront certainement la bataille.

La jeune femme s’approcha et la première chose qu’elle fit fut de le serrer contre elle.

- Alors, que mangeons-nous? Demanda-t-elle. Elle savait pourtant ce que recelait son sac et elle s’empara d’un fruit qu’elle lança à son lié. J’espère que tu ne te lasseras jamais de pommes! Dit-elle en s’emparant de son fruit préféré et de mordre dedans. ♫♪Pomme entière, pomme entière. Je te croque, je te croque. Ah ! Que tu es bonne, ah ! Que tu es bonne. Miam ! Miam ! ♪♫ Chantonna-t-elle.

Elle ne se gênait pas avec son Éclat-Cuivré, elle savait qu’il aimait quand elle chantait et c’était tout aussi réciproque. La vie était tellement plus simple à ses côtés. Elle sortit des noix qu’elle lui offrit également.

- Tu ne seras jamais rassasié avec tout ça, non?! S’exclama-t-elle. C’était beau des fruits et tous ces produits que les elfes mangeraient sans soucis, mais ça ne lui apporterait jamais suffisamment d’énergie. Entre lui et un trou noir dont elle ne connaissait l’existence, c’était sûrement Alkhy qui gagnerait à la question de qui pouvait engloutir le plus. C’était de l’exagération! Oui… En effet. Mais le point est qu’il allait avoir encore faim dans cinq minutes. Et si on attrapait du poisson? Demanda-t-elle.

En effet, ils étaient à proximité du plus long, et du seul, fleuve de l’île. Ce dernier regorgeait de poisson. Il fallait juste les pêcher ou pas… car la technique du jour de Luna ne consistait pas à lancer une ligne.

- Tu es prêt à en attraper le plus possible? Prépare-toi! Trois… Deux… Un… Et un éclair vint fendre le ciel pour s’abattre dans l’eau. Non, Luna ne faisait pas dans la finesse. C’est parti! S’exclama-t-elle.

Le sac laissait échapper une odeur délicieuse et Alkhytis avait déjà mis la langue sur quelques morceaux de viande fort appétissants. Bien évidemment, comme à son habitude, le jeune dragon n’était pas très délicat et il avait transpercé à plusieurs endroits la pauvre besace qui n’avait pourtant pas demandé un tel traitement. La voix de sa Liée-Dorée le rappela à l’ordre et lui fit prendre conscience de ses bêtises. Cependant, tel un malfrat prit sur le fait, il nia farouchement.


Néanmoins, il était assez sage pour réparer ses bêtises et du bout du museau, il vint trouver les endroits qu’il avait maltraités, effaçant de sa magie toute trace de maltraitance. Ni vu, ni connu ; pas vu, pas pris, comme on dit !

Il laissa donc la place à Luna, plus aguerrie à ce genre d’expédition et celle-ci sortit quelques délicieuses pommes qu’il s’empressa d’avaler goulûment. « Comme si c’était possible de ne pas aimer les pommes ! » S’exclama-t-il d’un air indigné.

Pour sa Liée, il serait bien grimpé à tous les pommiers pour lui en apporter autant que possible tant il savait qu’elle les aimait et ses goûts semblaient être contagieux, car il appréciait lui aussi ces fruits sucrés. Puis, il hocha la tête pour répondre à sa proposition. C’était vrai que son appétit devenait de plus en plus impressionnant et il aurait tôt fait de dévorer toutes leurs provisions s’ils n’allaient pas chercher un peu de nourriture ailleurs. Le poisson était une très bonne idée puisqu’ils se trouvaient non loin d’une rivière. Voilà une source infinie de nourriture qui pourrait bien les occuper un moment.

Ni une, ni deux, Luna avait déjà fait avec sa magie un sacré carnage ! L’éclair s’était diffusé dans l’eau et avait électrocuté un sacré nombre de poissons. Avec ça, la pêche était on ne peut plus rapide.


Sans plus attendre, il se jeta à l’eau et vint gober les premiers poissons qui flottaient à portée de crocs.


Paf ! Il bondit brusquement dans sa direction, l’attrapa et plouf ! Dans la rivière la Luna ! Le cuivré vint se frotter tout contre elle avant de retourner dévorer quelques nouveaux poissons. Miam, qu’est-ce qu’ils étaient délicieux !


Remplissant sa gueule de poissons supplémentaires, il plongea sous l’eau et glissa jusque sous sa Liée pour remonter à la surface, lui permettant ainsi de le chevaucher très facilement.

L’éclair provoqué par Luna avait causé un bruit assourdissant, mais il avait fonctionné comme la jeune femme l’avait prévu. Frappant l’eau de plein fouet, les malheureux poissons se trouvant à proximité de l’onde de choc avaient été étourdis et il ne restait plus qu’à les ramasser. C’était le travail d’Alkhytis, du moins, Luna comptait sur son tendre lié pour s’en occuper.

- Oh! C’est bien vrai que ce n’est pas aussi drôle… Qu’est-ce qu’elle est vilaine cette Luna pour te faciliter la vie! S’exclama-t-elle sur un ton moqueur.

Elle regarda avec plaisir Alkhytis se jeter à l’eau et engloutir son petit déjeuner. Elle s’était d’ailleurs approchée du fleuve pour mieux l’observer. Quelle mauvaise idée…

- Ahhhh ! Lâcha-t-elle.

Il l’avait pris par surprise. Elle aurait dû deviner ses intentions mesquines, mais trop tard, ses pieds touchaient déjà l’eau et son corps en fut recouverte. Elle battit vigoureusement des bras et des jambes pour ne pas se retrouver au fond.

- Oh secouuurs! Ooohh secours! Une demoiselle en détresse à la mer! Prononça-t-elle lorsqu’elle sortit sa tête de l’eau.

Elle ne put s’empêcher d’éclater de rire face à la situation. Jamais elle ne serait fâchée contre son lié. Il s’amusait. Elle s’amusait. Ils s’amusaient. Un point, c’est tout. Pas besoin d’en faire tout un plat ou de se vexer parce qu’elle était désormais trempe de la tête aux pieds. Ils se jouaient mutuellement des tours.

- Hey! Mais c’est pas vrai. Je ne pue pas ! Dit-elle d’une voix faussement offusquée.

La princesse des lumières monta volontiers sur son dos, lui permettant ainsi de chevaucher facilement le fleuve. Elle le caressa d’une étreinte mentale tandis qu’elle collait ses lèvres à ses écailles cuivrées. Comme elle l’aimait!

- On est les maîtres de l’eau ! s’écria-t-elle.

D’un geste de la main, elle fit parvenir son sac resté sur le sable jusqu’à elle et l’enfila en bandoulière.

- On apportera quelques poissons pour la route. Pour l’instant, les pommes m’ont bien remplie. Débuta-t-elle. Que dirais-tu qu’on poursuive notre exploration par le fleuve!  Proposa-t-elle. En avant toute, dragon des mers !

Heureusement que le soleil était chaud dans le ciel pour cette nouvelle aventure.

- Je ne suis pas trop lourde? Demanda-t-elle.

La Liée-Dorée ne voulait pas qu’Alkhytis soit inconfortable. C’était vraiment agréable en tout cas de braver les flots sur dos draconique, bien mieux que sur bateau! Quoique c’était plus mouillé aussi… Ils étaient les maîtres du  Tampocuilë! Les poissons se poussaient rapidement dès qu’ils le pouvaient, mais ils n’étaient pas tous assez rapides pour la gueule du Cuivré.

- Faisons une petite pause. Je commence à avoir faim. Tu as encore faim aussi, Alkhychou? Tu veux autre chose que du poisson?

S’était-il lassé du poisson avec tous ceux qu’il avait englouti? En tout cas, il faudra qu’il s’arrête et qu’ils fassent un feu pour cuire le poisson de Luna… et pour la sécher par la même occasion!

Comme toujours dans ce genre de situation, il était impossible de fâcher sa Liée-Dorée. Quelles que soient ses pitreries, ça la faisait rire, quelles que soient ses bêtises, elle y prenait part avec plaisir. Rien que tous les deux, loin de la cour et de ses principes étriqués, ils pouvaient agir librement, comme ils aimaient faire et cela faisait vraiment un bien fou. Ici, tout était plus facile, tout était plus simple. Ils n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre, même si, aussi bavards l’un que l’autre, ils aimaient bien ce moyen de communication.

Inventer des petits jeux comme ça, il aurait pu le faire pendant toute la journée et, à bien y réfléchir, c’était peut-être ce qu’il allait faire ! Le maître de la rivière se mit donc à exécuter brusquement un certain nombre de zigzags, réduisant sa vitesse au profit d’un peu plus d’amusement et de sensations. Sa merveilleuse cavalière avait de toute façon l’habitude de sa perpétuelle agitation et elle s’accrochait bien à lui. Bientôt, elle allait devenir plus douée que jamais en rodéo grâce à son entraînement de tous les jours !
Le sac récupéré via la fabuleuse magie de Luna, ils étaient parés pour reprendre la route et découvrir un tas de nouvelles choses.


Par moments, il n’hésitait même pas à plonger un peu plus profondément dans l’eau, sans pour autant immerger totalement sa Liée.


Et à nouveau, il exécuta quelques petites pirouettes aquatiques, sans danger pour sa précieuse compagne, bien sûr.


Naturellement, ils suivaient le sens du courant et celui-ci, sans être trop rapide, offrait de quoi faire un peu d’exercice au jeune cuivré. Il aimait beaucoup nager, que ce soit en restant à la surface, en tourbillonnant sous l’eau ou même en fouillant les fonds pour trouver quelque trésor laissé là, rien que pour lui.
Cependant, Luna finit par vouloir s’arrêter dans la balade pour poursuivre le petit déjeuner. Alkhytis continua d’avancer un peu pour attraper quelques nouveaux poissons dans sa gueule avant de s’exécuter et de les ramener jusqu’à la rive. Une fois sur la terre ferme, il laissa tomber les poissons encore frétillants sur le sol et après s’être un peu éloigné pour s’ébrouer et faire partir l’eau de ses écailles, il s’empressa de revenir jusqu’à sa Liée pour l’aider à se sécher avec son souffle chaud.

Il fallait encore entasser le bois pour qu’il puisse allumer le feu puis faire griller les poissons, mais pour ça, il avait besoin de laisser sa Liée faire.

- Woooohooooooooooooouuuu ! s’exclama Luna.

C’était trop bien de chevaucher les eaux avec Alkhytis qui savait lui donner des sensations fortes. Il ne savait peut-être pas très bien voler, mais le Cuivré semblait être dans son élément à se mouvoir aussi aisément dans l’eau. Après un long moment, la jeune femme quitta son dos pour nager par elle-même, mais elle se ravisa en voyant comment elle était lente comparativement. Elle avait adoré sa chevauchée aquatique et en redemanda encore.

Mais il vint un temps où le ventre de la princesse des lumières gronda et réclamait de la nourriture. La pause fut donc énoncée, les derniers poissons ramassés et les deux liés retournèrent sur la rive.

- Malheureusement… Je n’avais que des pommes dans mon sac. J’en ai encore, si tu en veux, Alkhychou. Proposa-t-elle.

Elle chercha du bois pour faire un feu puis l’empila en rond, l’entourant également avec des pierres. Elle fit des beaux yeux à son lié pour qu’il veuille bien l’allumer avec douceur. Par la suite, l’ancienne Régente embrocha les poissons et les fit tenir afin qu’ils grillent. Fouillant dans son sac, elle lança une pomme à son Lié-Rayonnant.

- J’ai des noix et de la viande sèche aussi. Mais je pense que le poisson reste la meilleure option. Ça commence déjà à sentir bon. Dit-elle.

Il ne fallait pas grand-chose pour contenter la dragonnière de cuivre. Ce n’est certainement pas tous les nobles qui aimeraient l’odeur de poissons et de fumée.

- Peux-tu vérifier s’il y a des gens aux alentours? Demanda-t-elle gentiment.

Une fois que son dragon lui eut assuré qu’ils étaient seuls, Luna commença à se dévêtir. Bah quoi! Ses vêtements étaient trempes et il n’y avait pas de quoi être gêné avec son lié, non? Elle enfila une tunique longue de couleur bleutée et mit ses autres vêtements à sécher. Elle vint s’asseoir à ses côtés, appuyant sa tête contre ses écailles.

- Je t’aime tellement, Alkhytis. Murmura-t-elle.

Deux petites créatures (des voltyls) d’une trentaine de centimètres se faufilèrent sur le sable près des poissons qui grillaient. Ils ressemblaient à des lézards. L’un d’eux avait une couleur verdâtre tandis que l’autre tirait plutôt sur le turquoise.

Il n’y avait pas vraiment de surprise dans le sac de Luna puisque Alkhytis l’avait déjà fouillé et qu’il pouvait sentir l’odeur de la nourriture qui s’en échappait, mais il avait tout de même tenté sa chance. Des pommes ? Voilà qui devrait lui convenir parfaitement, étant donné qu’il avait pris l’habitude de manger ces fruits depuis qu’il était tout bébé dragon. Comment se passer désormais des délicieuses pommes offertes par Luna ?


Rodée à cet exercice, sa Liée-Dorée ne mit pas longtemps pour trouver du bois et l’empiler de manière à démarrer un petit feu de camp. Ce n’était pas leur première évasion et ils savaient désormais parfaitement faire les préparatifs ensemble. Luna n’avait pas donc besoin de lui faire d’aussi jolis yeux pour qu’il se charge de démarrer le feu et ainsi, il la gratifia d’un petit frottement de museau. Sa maîtrise du feu s’était largement développée et il était loin le temps où il brûlait les alentours parce qu’il avait voulu trop bien faire ou juste trouvé ça rigolo. Un souffle très léger vint donc embraser le bois sec, ne tardant pas à faire naître une belle flambée.
L’odeur du poisson qui grillait vint alors envahir ses narines. Miam ! Ça sentait super bon et le goût allait sans doute l’être tout autant.


C’est qu’il préférait tout de même manger quelque chose de frais. Il se mit ensuite à gambader en cercles autour de leur campement, tâchant de faire fuir les animaux et de repérer s’il y avait d’autres êtres vivants dans le coin. Dans un lieu aussi déserté qu’ici, comme prévu, il n’y avait personne.


Lorsqu’il revint vers sa Liée, celle-ci avait revêtu une très belle tunique bleue. Il la laissa venir se blottir contre lui et l’enveloppa de son aile.


Pourtant, l’attention du dragon de cuivre fut attirée par d’étranges créatures similaires à de petits lézards, mais leurs corps laissaient par moments s’échapper de l’électricité.


Qui disait nouveau continent disait forcément nouvelles découvertes et depuis qu’ils étaient arrivés sur les terres de Tiamaranta, on pouvait dire qu’ils étaient servis !


Lentement, il relâcha un peu son étreinte avec Luna pour venir coller sa tête contre le sol et avancer un tout petit peu dans leur direction. Il ne faisait aucun geste brusque et ne manifestait pas d’agressivité. Les bestioles avaient l’air assez tendues, du genre à fuir à la première occasion et sans doute assez rapides pour disparaître de leurs regards.

L’attention de Luna fut portée sur les deux petites créatures qui s’étaient jointes à leur campement provisoire. Ce devait être l’odeur du poisson qui avait dû attirer ce qui ressemblait à des lézards. Elles se promenaient autour du rond de feu et avaient cessé de bouger momentanément.

- Tu crois qu’on est assez rapide pour mettre notre main dessus? Demanda-t-elle.

La princesse des lumières échangea un regard avec son lié. Il avait certainement su y lire la malice et le plaisir au jeu. Car oui, la réponse n’était nulle autre qu’ils allaient essayer de les attraper. Ce n’était même pas nécessaire de prononcer les mots. Le dragon de cuivre était déjà prêt. Il avançait doucement dans leur direction.

* Je vais leur bloquer le chemin de l’autre côté. * Lui signifia-t-elle par la pensée.

Ce moyen de communication était des plusieurs pratiques. Aucun son n’était nécessaire pour que les Liés se comprennent et bien que les mots étaient rarement nécessaires en réalité, se les partager par télépathie était une aide de plus.

Elle se releva doucement et commença à faire quelques pas dans la direction qu’elle croyait que les lézards partiraient lorsqu’Alkhytis voudrait les attraper. Il fallait faire le moins de bruit possible et éviter de faire vibrer le sol… Les deux créatures étaient aveugles à leur plan et continuait d’avancer vers le poisson.

* Tu es prêt? Prépare-toi… Maintenant! * Lança-t-elle.

Tandis que le Lié-Rayonnant bondissait pour attraper les proies, Luna bloqua leur retraite. L’un d’eux parvint quand même à se faufiler entre ses jambes tandis que le deuxième rebroussa chemin pour se retrouver à nouveau face au dragon. Mais soudainement, le corps du voltyl fut parcouru par de petites lumières.

- Attention, Alkhytis ! s’écria-t-elle.

La vue des éclairs sur le lézard ne lui annonçait rien de bon. Si son Lié le touchait, il risquait de se faire mal. À quel point? Elle n’avait pas envie de le découvrir.

- Ne le touche surtout pas! L’avertit-elle.

Était-ce la fin du jeu et Alkhytis laisserait partir le voltyl? Ou il tenterait quand même de l’attraper?

La question avait été plutôt rhétorique. Bien sûr qu’ils allaient essayer de les attraper ! Oh ce n’était pas pour leur faire de mal ni les manger, juste par curiosité, pour en découvrir un petit peu plus sur les bestioles fabuleuses que l’on pouvait trouver dans le désert. Alkhytis et Luna étaient toujours avides de connaissances et de découvertes, si bien que l’un était toujours inspiré pour embarquer l’autre dans telle ou telle aventure. Quelle joie que d’être des explorateurs ! Libérés des contraintes du palais ou de rôles de bipèdes un peu trop barbants, ils pouvaient désormais s’amuser autant qu’ils le voulaient !

Luna avait immédiatement compris que les petits lézards n’étaient pas venus juste pour leur rendre visite : les bons poissons semblaient plus que tous les intéresser et cela formait un parfait appât pour les deux chasseurs. Aussi discrètement que possible, ils se placèrent chacun d’un côté dans le but de les encercler. Bien sûr, il y avait des trous assez grossiers dans leur filet et ceux qui gagneraient seraient certainement ceux qui sauraient être les plus rapides ou les plus astucieux.
Lorsqu’ils furent tous les deux prêts, sans avoir besoin d’un signe, Alkhytis bondit en direction des deux lézards. L’objectif n’était bien sûr pas de les attraper du premier coup, mais de les acculer du côté de Luna pour ensuite restreindre le rayon de plus en plus jusqu’à parvenir à les capturer. Naturellement, les deux bestioles étaient très rapides et les liés ne s’obstinèrent pas à vouloir retenir les deux, en capturer une seul serait déjà pas mal !

Pourtant, quelque chose de surprenant se produit : en plus de se tétaniser, voyant qu’il n’avait guère d’issue à sa disposition, le lézard se mit à briller, son corps parcouru de minuscules éclairs. C’était… un lézard électrique ? Comme cela lui paraissait amusant ! Et surtout encore plus intéressant !
Alkhytis resta immobile à son tour, écoutant la mise en garde de sa Liée-Dorée. Étant donné la taille de la créature, les éclairs devaient davantage piquer qu’électrocuter, mais mieux valait rester prudent et ne pas sauter dans le piège museau baissé. Leur proie elle aussi avait eu l’air de comprendre que son simple mécanisme de défense ne suffirait pas pour qu’elle puisse se frayer un passage vers sa liberté, aussi n’avait-elle initié encore aucun mouvement, attendant peut-être que ses deux agresseurs soient effrayés et la laissent tranquille.

« D’accord. Voilà ce qu’on pourrait essayer de faire : je retiens autant que possible la petite bestiole et tu trouves un moyen magique de désactiver les éclairs ou peut-être de la sonner ? Je pense que je suis assez grand pour l’impressionner et l’empêcher de filer, mais je ne peux pas faire grand-chose pour les éclairs si ce n’est la griller avec mon feu. »

Et ce n’était pas vraiment le but escompté, ils voulaient la capturer et non la cuire ! Un coup de patte aurait aussi sûrement été de trop, il ignorait tout de sa résistance.

« Est-ce que tu as des sorts à disposition pour ça ? »

Alkhytis ne connaissait pas encore très bien l’étendue des capacités magiques de sa Liée, mais ce qu’il savait, c’était qu’elle ne manquait jamais d’idées.

« Oh, tu crois que tu pourrais fabriquer un piège ? Genre une petite cage avec euh… des lianes ? » C’était possible en magie ça ?

Pauvre petite créature prise entre entre une jeune humaine et un grand dragon. Le lézard avait peur et le démontrait par les éclairs lumineux qui parcouraient son corps. Sa réaction était parfaitement compréhensible. Malheureusement pour lui, Luna et Alkhytis étaient trop curieux de savoir ce qu’il était et ce qu’il faisait pour le laisser tranquille.

- Des lianes ! s’exclama-t-elle. J’ai une idée !

Le principe désiré était de capturer l’animal sans lui faire de mal. Si le but avait plutôt été de l’anéantir, cela aurait été bien facile et les choix n’auraient pas manqué: griffes ou pattes d’Alkhytis ou encore un quelconque sort d’attaque. Pour l’immobiliser et le capturer, c’était un peu plus compliqué et il fallait ménager sa puissance. L’utilisation du sort “éclair” était possible pour paralyser ou sonner quelqu’un… Mais sur une si petite créature, cela ne risquait-il pas de le griller tout de même? L’idée des lianes de son Liée était parfaite et Luna avait exactement ce qu’il fallait. Se concentrant sur son bracelet, elle activa le glyphe d’enchevêtrement. Il ne s’agirait pas d’une cage toutefois car les lianes qui apparurent s’enroulèrent autour du corps du lézard. Il tenta de s’enfuir, mais en vain. Il était pris et son électricité n’affectait pas les plantes.

- Pauvre petite chose. Murmura Luna.

En effet, elle n’aimait pas la vue de la créature affolée qui ne pouvait plus bouger. S’approchant du lézard, elle fit apparaître par magie une fleur dans sa main qu’elle dépose devant l’animal.

- Alkhy, ne respire pas le parfum de la fleur!

Il s’agissait d’un parfum aux propriétés soporifiques. Cela fonctionnerait-il? La réponse vint quelques minutes plus tard lorsque le voltyl s’effondra, apporté dans les méandres du sommeil.

- Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant...? Je sais pas pendant combien de temps il va rester endormi. On devrait lui faire une cage… avec des branches ! Dépêchons-nous! dit-elle.

Ils n’avaient pas beaucoup de ressources sous la main pour faire une bonne cage, mais ils avaient assez d’ingéniosité pour former quelque chose qui tiendrait le coup. Le dragon fut dédié à ramener des branches tandis que la princesse des lumières s’attelait à les agencer avec les lianes et de la corde pour former ce qui deviendrait les barreaux du lézard.

- Tu penses qu’on pourrait le garder et qu'il finirait par nous aimer? Demanda-t-elle.

Sans doute que sa Majesté le chat ne l'aimerait pas comme nouveau compagnie. Quoique... on sait jamais?

Les deux comparses n’étaient pas liés pour rien. Débordant chacun de malice et d’idées, il ne leur fallut pas longtemps pour trouver une bonne solution pour capturer le petit être. La cage qu’ils allaient fabriquer leur permettrait d’étudier autant qu’ils le voulaient cette petite bestiole, il suffisait juste de l’attraper. Pour cela, rien de plus facile : Luna avait à sa disposition toutes sortes de moyens magiques, c’en était presque fascinant.
Suivant la mise en garde de sa Liée, Alkhytis se recula un peu et retint sa respiration pendant un instant. Naturellement, il savait déjà ce qu’elle avait en tête et ce qui allait se passer. Sans surprise, le petit lézard ne se méfia pas et il s’endormit très rapidement, son petit corps ne lui offrant qu’une maigre résistance face à ce genre d’attaque.

Ni une, ni deux, le jeune dragon s’élança à la recherche de matériaux. Même si la bestiole avait l’air d’être tombée dans un sommeil profond, ils ne pouvaient pas vraiment prévoir quand elle se réveillerait. Il n’était pas question de laisser passer leur chance ! Comme à son habitude, il ne manquait pas d’énergie, sautillant en tous sens, gambadant à pleine vitesse pour amener sans cesse branchages, végétation, cailloux, n’importe quoi qui passait sous ses griffes et qu’il pouvait emporter avec ses crocs.
Ensemble, ils chantonnaient joyeusement, témoignant si facilement de leur infaillible complicité. Oh, comme ils s’amusaient ! Comme il aimait la présence de sa Liée-Dorée, avec qui il pouvait se distraire d’un rien, avec qui tout se transformait un bonheur, même dans ces tous petits moments de la vie !

L’habilité de Luna parvint à faire des miracles avec le peu de moyens qu’ils avaient à leur disposition – le désert n’étant pas très généreux – et elle donna naissance à une belle cage, pas vraiment très solide, mais suffisamment pour retenir une créature aussi petite. Les matériaux n’auvaient rien à craindre de ses éclairs et ça l’empêcherait de s’enfuir.
Une fois la bestiole mise dans sa nouvelle maison, les deux se rapprochèrent davantage pour l’observer au plus près. Ce petit lézard était drôlement mignon, différent bien sûr de ce qu’ils connaissaient et c’était de là que venait toute leur curiosité et leur fascination !

« Ooh, je pense que oui ! Du moins, s’il n’a pas l’air trop malheureux. Il va falloir qu’on lui fasse une véritable maison ! Toute confortable, douillette, comme il l’aimera ! »

Déjà enjoué à cette suggestion, mille idées venaient tourbillonner dans sa tête. Peut-être pourrait-il s’accommoder à leur présence et jouer avec eux ? Peut-être pourrait-il même apprendre quelques tours, comme on le voyait avec certains animaux qui se montraient alors capables de choses merveilleuses !

« Déjà, pour qu’il nous aime bien, on devrait lui donner quelques morceaux de ce poisson qui lui faisait tant envie ! Il l’a bien mérité. Et puis surtout, il faut qu’on lui donne un nom ! Mmmmh... »

Il se mit à réfléchir intensément. Sa Liée n’aurait-elle pas une idée par hasard ? Il fallait… quelque chose qui évoque le lézard et puis la foudre aussi et… Volty-quelque chose… Fulgur-quoi donc… Lézino-machin… ?

« Oh, regarde ! Voilà qu’il se réveille. » S’écria-t-il soudainement, coupé en plein dans sa réflexion par l’observation de leur nouveau compagnon qui, bien vivace, partait déjà à la découverte de cet étrange territoire.

La cage du lézard électrique n’était pas parfaite et était loin de l’être. Mais elle faisait l’affaire, même si elle n’était pas symétrique ni très solide. Les bouts de bois qui la composaient résisteraient aux chocs de la bête, c’était le but principal, puis l’espace entre chaque « barreau » l’empêcherait d’en sortir. En tout cas, s’il désirait sortir de sa cage, il devra forcer sa sortie.

- Il est mignon quand il dort. Prononça Luna doucement.

Satisfaite de leur travail, la jeune femme sourit et envoya une vague d’amour à son lié pour le féliciter de son bon travail. Elle s’était ensuite mise sur le sol, ventre à plat, afin de pouvoir mieux observer la créature. À bien y penser, ce n’était peut-être pas l’idéal pour son lié, lui qui était plus grand.

- J’aimerais bien le garder. On verra bien comment il réagit. Je ne veux pas qu’il soit malheureux, mais si on peut l’apprivoiser… Il faudra qu’on lui fasse une meilleure maison. Il doit aimer la chaleur pour pouvoir vivre dans le désert. Quoique les nuits sont assez froides dans le désert aussi… Prononça-t-elle.

La Liée de Cuivre ne s’y connaissait pas trop en lézards. Est-ce que des gens en gardaient comme animal de compagnie généralement? Elle ne pensait pas aux lézards électriques, mais à tous ces animaux écailleux qu’on retrouvait dans le temps dans le désert des Protégés et les plaines aux alentours.

- Il doit y avoir des connaisseurs. On se renseignera sur le sujet ! Mais tu as raison, commençons par le nourrir. Comme on dit : ventre plein, cœur content. Dit-elle. Mais attend, avant, je vais le déplacer pour que tu puisses mieux le voir.

Faisant appel à la magie, Luna débuta un chant elfique et se concentra sur une grosse roche ronde près d’eux. Le but du sort était de l’aplatir de façon bien droite pour y poser la cage et c’est ce qu’elle fit délicatement lorsqu’elle fut satisfaite du résultat.

- Oh non! J’ai dû le réveiller avec le mouvement ! s’exclama-t-elle suite aux propos d’Alkhytis.

En effet, la petite bête se réveillait de son sommeil forcé. L’ancienne régente le regarda d’un air passionné tandis qu’il s’étirait. Les petites ondes électriques se mirent à parcourir son corps verdâtre à la vue de grands yeux dorés et azurés le fixant.

-  Nous n’allons pas te faire de mal, petit lézard. Murmura-t-elle doucement. Surveille-le, Alkhy. Lui demanda-t-elle ensuite.

C’était sa mission alors que sa Liée retournait près du feu qu’ils avaient fait plus tôt afin de s’emparer de quelques poissons. Pendant ce temps, le lézard électrique prenait le plus de distance qu’il pouvait avec le dragon. Il cogna contre les barreaux de bois et tenta de s’y faufiler, en vain. Ramassant sa sacoche avec le reste, la jeune femme revint rejoindre les deux créatures écailleuses. Elle défit en morceaux le poisson qu’elle glissa à l’intérieur de la cage. Elle ajouta quelques quartiers de pommes. Peut-être qu’il aimait les fruits également? Luna glissa également le bouchon de son outre rempli d’eau.

- Quel nom devrait-on lui donner. C’est vraiment une bonne question, Alkhychou. Foudrazard? Élect? Zappy?  Hmm… Zappy, c’est mignon. Tu en penses quoi? Tu as d’autres idées? Demanda-t-elle en continuant d’observer le Voltyl. Il avait arrêté d’émettre de l’électricité et d’essayer de vouloir sortir. Il fixait désormais la nourriture.

Tant de questions venaient assaillir leurs esprits… il n’était pas évident de savoir comment bien s’y prendre, ni ce qu’il fallait vraiment faire. D’un autre côté, tous deux ne manquaient pas de motivation et même s’ils avaient pour le moment enfermé le petit être, ils ne voulaient ni lui faire du mal, ni le rendre malheureux. C’était bien pour cela qu’ils allaient s’arranger pour améliorer son confort en lui créant un nid douillet et en le nourrissant bien.
La manipulation de Luna pour qu’il puisse mieux voir leur nouveau compagnon avait réveillé le petit être, mais ce n’était pas très grave. Alkhytis se disait qu’il valait mieux qu’il ne reste pas endormi trop longtemps, ce n’était sans doute pas très bon pour lui. Bien évidemment, la petite créature était apeurée et après avoir constaté qu’elle n’avait pas d’échappatoire, elle s’était mise à l’opposé d’eux.

« Ne t’inquiète pas, on ne va pas te faire de mal. » Expliqua-t-il, désireux de communiquer avec cette drôle de créature.

Cela n’eut pas grand effet. Naturellement, Alkhytis avait choisi de se reculer suffisamment pour que sa présence imposante ne paraisse pas être une énorme menace. Avec le temps, il allait s’habituer à sa taille, mais pour le moment, il ne fallait pas le brusquer ! Ainsi, tout en le conservant dans son champ de vision, il se trouvait assez loin, tapis sur le sol pour perdre aussi de sa hauteur.
Il n’y avait pas grand-chose à surveiller puisqu’ils avaient fait du bon travail, mais Luna ne fut pas longue à revenir de toute façon. Elle apportait avec elle de bonnes vivres – à la taille du petit lézard – ainsi que de l’eau. Une fois qu’elle eut glissé tout ça dans la cage, elle s’éloigna à son tour. Il fallait lui laisser du temps et leur présence trop proche ne l’aiderait pas à comprendre qu’ils ne lui voulaient que du bien.

Sa Liée-Dorée se mit alors à chercher à son tour un nom pour leur nouveau compagnon et elle ne manquait pas d’idées ! Comme s’ils étaient munis d’un unique esprit, leurs goûts étaient les mêmes.

« Oh, j’aime beaucoup Zappy ! Et je trouve que ça lui irait bien ! Alors c’est décidé, tu t’appelleras Zappy ! »

La petite bête ne se préoccupait pourtant pas de ce qu’ils pouvaient raconter. Son attention s’était portée sur les mets à l’intérieur de sa cage. Eh oui ! Il n’était pas venu jusqu’à eux pour rien et il n’avait pas oublié sa faim, maintenant que ses frayeurs étaient passées.

« Oooh ! Regarde ! » Chuchota-t-il soudainement.

Zappy s’était peu à peu approché, méfiant, mais constatant qu’aucun danger ne semblait surgir au fil de ses pas, ni que la nourriture allait se faire la malle. Finalement, au bout d’un temps qui lui parut assez long, il se mit à grignoter les morceaux de poisson.

« Comme il est mignon ! »

Les pommes ne semblaient pas trop l’intéresser pour le moment, mais Alkhytis était persuadé que ce n’était qu’une question d’habitude. Il était certain qu’ici, ce ne devait pas être très commun, mais qu’il saurait vite apprécier leur goût particulier.

« Il a mangé tout le poisson ! On devrait peut-être lui en redonner un peu, car il a besoin de reprendre un paquet de forces après tous ces événements. Qu’en penses-tu ? Et puis, je me dis qu’on devrait le laisser un peu tranquille, pour qu’il s’habitue, sans qu’on s’éloigne trop non plus. On pourrait… Oh ! On pourrait lui chanter nos chansons ! Je suis sûr que ça lui plairait ! »

- Zappy ! C’est officiel alors! S’exclama-t-elle.

Luna sourit au lézard qui faisait désormais partie de la famille. C’était ça se faire donner un nom, non? Il était vraiment mignon et la jeune femme espérait pouvoir le garder longtemps. Mais pour l’instant, il semblait être qu’une créature effrayée et elle souhaitait que cela passerait rapidement.

- Oh! S’exclama-t-elle lorsqu’Alkhytis lui dit de regarder. Elle mit sa main sur sa propre bouche pour éviter de faire plus de bruits. Elle ne voulait pas effrayer l’animal.

Après de longues minutes à être observé intensément, le voltyl sembla se calmer. Son attention passa clairement sur la nourriture qu’elle avait glissée dans sa cage. Il devait avoir beaucoup faim pour avoir été attiré par l’odeur du poisson qui cuisait et pour s’être approché d’inconnus. Ça ne devait pas être évident de trouver de quoi se nourrir dans ce grand désir, quoiqu’il y avait quand même une végétation variée qui poussait aux alentours du grand fleuve. Le lézard s’était approché des morceaux de poisson, y en avait goûté un avec un air suspect puis avait englouti le reste lorsqu’il avait réalisé que rien de mal ne lui arriverait. Il alla aussi étancher sa soif en buvant de l’eau dans le bouchon.

- Il a tout mangé! Chuchota-t-elle et par tout, Luna entendait le poisson. Il n’avait pas du tout touché aux pommes. Était-ce parce que c’était nouveau et qu’il appréhendait ou qu’il n’aimait vraiment pas les fruits? Penses-tu qu’il est seulement carnivore? Demanda-t-elle. Peut-être que ces petites bêtes se nourrissaient seulement de viandes et peut-être aussi d’insectes. En tout cas, il devait avoir encore faim! Donnons-lui encore du poisson. Il semble affamé. Pauvre Zappy. Je te promets que tu ne connaitras plus jamais la grande faim! Lui dit-elle.

La princesse des lumières retourna près du rond de feu pour ramasser un poisson qui restait. Elle revint auprès de son Lié qui avait gardé un œil sur le lézard. Elle défit le poisson en morceaux et les glissa dans la cage.

- Bonne idée. Donnons-lui un peu de tranquillité. Penses-tu que ta grande taille l’intimide? Veux-tu diminuer ta taille? Lui demanda-t-elle. Il avait un glyphe qui le lui permettait après tout. Viens, retournons près du feu. Quand j’y pense, avec tout ça, on n’a pas mangé!

Ils avaient été déconcentrés dans leur activité par les deux petits voltyls. Ils avaient eux aussi du poisson à manger et tout était prêt quoique même un peu trop cuit… Tant pis, ce n’était pas tant grave!

[color:bab9=orchid.]- Tu voudrais bien éteindre le feu, Alkhy? Lui demanda-t-elle.

Il faisait déjà assez chaud comme ça et ils n’en avaient plus besoin maintenant que tout était cuit.

♫♪Montre-leur ce que tu peux faire. C'est parti vas-y montre leur. Mais tu n'as pas à faire tout ça tout seul. Tous tes amis sont là pour ton bonheur. Chantonna-t-elle en s’asseyant et en attrapant un poisson grillé sur une tige. Elle le tendit à son tendre Lié. Nous sommes là, avec toi, nous sommes plus forts ensemble ! Continua-t-elle de chanter. Elle gardait un œil sur Zappy afin de voir comment il réagissait à son chant.  Parfois tu te sens dévasté, les nuages sont sombres et gris. Balaye-les et laisse le soleil briller. C'est peut-être effrayant, mais compte sur nous aussi. Tes amis seront toujours là pour t'aider. Nous sommes là, avec toi, nous sommes plus forts ensemble ! ♫♪