Nolan Kohan a écrit:Début avril de l’an 7
Le soleil brillait dans le firmament Azzuré faisant régner une atmosphère de printemps sur la cité marchande de Caladon. Nolan flânait dans les rues, sous la protection d’une escorte de gardes, comme l’exigeait le protocole, afin de se rendre chez l’un ou l’autre marchand à la renommée prestigieuse. Cette magnifique ville devait sa réputation et sa prospérité à son commerce qui était florissant, grâce aux puissantes guildes marchandes, ainsi qu’à sa multiculturalité. En effet, en ce lieu, les vampires, les elfes et les humains vivaient côte à côte dans le respect des droits et des différences de chacun et la plus complète tolérance.
Caladon était une belle ville, bien qu’elle ne soit pas capable d’égaler Aldaria ou Gloria en splendeur et le petit prince se prenait à rêvasser en contemplant les échoppes des marchands bien achalandées. Décidément, il semblait possible d’y trouver n’importe quelle marchandise, allant de la plus vile camelote à l’antiquité la plus rare qui soit.
L’adolescent s’intéressait particulièrement aux armes, surtout les épées, les griffes de pugilistes et les arbalètes, qui étaient ses instruments de prédilection. Pourtant, bien qu’il parcourut le marché et les galeries marchandes de combles en combles, celui-ci ne trouva aucun objet qui vaille la peine d’être acheté ou retienne quelque peu son attention. Après tout, le jeune Kohan était très riche et son palais regorgeait d’innombrables richesses, donc faire un choix s’avérait particulièrement difficile.
Lorsqu’on possédait déjà tout que pouvait-on désirer d’autre ? Pour susciter chez ce dernier la moindre lueur d’intérêt, il fallait véritablement lui proposer une trouvaille rare et dotée d’une certaine singularité. Car peu importe la plus belle des lames, Nolan était presque certain de trouver aussi bien, sinon mieux, à Aldaria…
La journée de visite et d’emplettes lui parut donc ennuyeuse et c’est avec soulagement qu’il regagna la luxueuse auberge où il devait loger, pour la nuit, avec ses hommes. Le gamin se rendit dans sa chambre, soupa, prit un bain et s’apprêtait à dormir mais il ne parvenait pas à trouver le sommeil...
Celui-ci se tourna et se retourna dans son lit, avant de décider d’envoyer valser son oreiller à travers la pièce. Puis, il se leva et s’habilla à la hâte…
Une idée venait de germer dans son esprit et l’adolescent impétueux était bien décidé à la mettre à exécution. Caladon se trouvait à la frontière du royaume vampirique et il serait très aisé de s’y rendre à cheval, donc pourquoi ne pas tenter l’aventure ? Bien entendu, le jeune prince devait semer ses gardes, sinon ils décideraient de l’accompagner ou pire, l’empêcheraient de s’y rendre…
Mais le futur héritier s’ennuyait terriblement et la nuit lui semblait interminable…Donc autant tenter de s’amuser un peu et de profiter du voyage pour se rendre un lieu autrement plus « excitant » que cette ville, un peu trop sage à son goût.
Nolan sourit en songeant à la petite escapade qu’il était sur le point de faire et enfila une longue cape, au-dessus de son armure, avant d’entrouvrir doucement la porte de sa chambre pour jeter un coup d’œil dans le couloir…
Ce dernier grimaça en apercevant plusieurs gardes postés à proximité de sa chambre dans le but de veiller sur sa sécurité…Voilà qui n’arrangeait guère ses affaires ! Pourtant, l’Aldarien ne comptait pas renoncer à sa virée nocturne, gardes du corps ou pas ! Quand celui-ci avait une idée en tête, il était pratiquement impossible de le faire changer d’avis…
Il ouvrit la fenêtre de sa chambre, qui se trouvait au premier étage et observa les gardes qui faisaient leur ronde autour de l’auberge, à intervalles réguliers. Si Nolan se montrait suffisamment habile et discret, il pourrait utiliser cette issue et se parvenir à se faufiler très rapidement pour échapper à leur vigilance. Toutefois, celui-ci devait jouer finement et probablement utiliser la magie pour ne pas se faire surprendre.
Le jeune garçon se concentra et effectua le geste clé d’un sortilège de magie humaine.
[Autre] Cape des ombres
Une chape d'ombre et de silence tombe sur le lanceur, il ne produit plus de bruit et son corps dévie la lumière, le rendant presque invisible ( mais pas totalement )
Geste clé : S'enlacer soit même
Une fois cette tâche accomplie, ce dernier profita de la relève de la garde pour sauter par la fenêtre, et se fondre dans les ombres nocturnes.
Ensuite, avec rapidité et discrétion, il se rendit jusqu’à l’écurie de l’auberge pour prendre « étoile du soir », son fidèle destrier et filer en douce en direction des plaines sauvages ! L’aventure pouvait enfin débuter, d’autant plus que de nombreuses légendes et rumeurs évoquaient le ténébreux royaume des enfants de la nuit.
Le petit prince galopa, une partie de la nuit, ivre de liberté et le cœur empli d’une ardeur toute juvénile. Et quand la fatigue commença à se faire sentir, ce dernier s’arrêta quelques instants pour se reposer, avant de reprendre la route et d’explorer davantage le pays des sang-froid.
Soudain, celui-ci crût discerner à travers l’obscurité nocturne, une forme sombre à l’horizon, ressemblant à un destrier fuligineux, monté par une silhouette gracile, à l’allure presque enfantine, mais dont il ne parvenait pas à distinguer les traits en raison de la distance.
Aphaïa Makhaïra a écrit:La paix, qu'est-ce que c'était la paix au juste ? Quand la guerre cessait ou quand les esprits étaient apaisés, les morts trouvant le repos ? Ou juste l'absence de vie, plus de bruits d'armes s'entrechoquant, les bruits d'os qui se brisent, le sang qui se répand sur la terre battue. La paix, c'était l'absence de tout, pas d'odeur, pas de bruit, pas d'action et ce calme l'angoissait.
Cette épée avait été là depuis toujours, offerte par son père, elle ne s'en était jamais séparé, reforgée dans l'abîme lors de l'avènement de Vraorg, elle absorbait toute émotion positive et créait la peur dans le cœur des gens, mais les choses que l'on possède finissent tôt ou tard par nous posséder, cette épée ne faisait pas exception à la règle. Son esprit était uniquement lié à cette épée impitoyable, cette épée qui s'était levée tant de fois pour écraser ses ennemis.. Pas d'émotion.. Pas de question.. Pas de réponse.. Tout était beaucoup plus simple comme ça.
Mais elle n'avait plus rien à défendre, pas de vampire qui voulait sortir son peuple de l'ombre, pas d'un ennemi venant d'une autre contrée qui voulait écraser ce monde, pas de dragon voulant conquérir et assouvir son envie de domination. Cette épée lui avait été offerte pour défendre des choses, et sans rien pour le faire, elle se sentait étrangement perdue, elle était recluse dans une sorte de mélancolie combative depuis l'annonce de la paix. Elle n'avait plus aucune raison de vivre, pourquoi est-ce qu'elle se complaisait uniquement dans des activités sanglantes ? Parce qu'elle n'avait connu que cela ?
Le Fléau rouge avait longtemps cherché un adversaire à sa mesure, pour mourir, ou peut-être juste pour trouver un sens nouveau à sa vie ? Le fait était qu'elle était de retour dans le royaume vampirique et qu'elle n'avait donc trouvé personne et pourtant, ce n'était pas les adversaires qui avaient manqué.
Les clapotements des sabots ferrés de sa monture la tiraient de ses pensées nébuleuses, son esprit s'éveillait quand elle sentait une odeur, une odeur qu'elle connaissait entre milles, l'odeur caractéristique d'une proie, pas d'un sang-noir. À cette heure-là de la nuit ?! Avec les dangers que représentaient les plaines ?! Alors elle éperonnait sa monture qui était comme à son habitude dans son armure complète, il n'y avait eu qu'une odeur un humain avec un cheval, pas de sang. Elle avait des sens particulièrement aiguisés.
Elle avait été en simple patrouille, elle s'était un peu éloigné de son groupe, comme à l'ordinaire pour méditer, la paix faisant qu'il n'y avait pas grand chose à faire et généralement, les nuits étaient plutôt longues.. Pour l'heure, elle s'était contenté de se planter devant l'homme qui s'avérait être rien de plus qu'un gamin et un cheval qui visiblement avait fait pas mal de route. Sa propre monture peinait à tenir en place, elle jetait même un antérieur très haut devant elle à l'égard de l'animal, tout en lâchant un hennissement aigu typique des juments qui n'aiment pas être ennuyées. Elle portait son armure, l'ancien uniforme des vampires, qui ne laissait rien paraître d'elle, pas même ses yeux jusqu'à qu'elle parle dévoilant une voix presque.. Enfantine.
- Es-tu un soldat ? Le ton était froid, typique des personnes qui avaient l'habitude d'être obéie.
En dépit de l'image effroyable que cette petite cavalière donnait quand elle montait cette jument noire, entièrement en armure, les bords de l'armure complète peints en rouge de l'esthétisme alayien le tout renforcer de pointes pour être encore plus mortel, comme parées pour guerroyer.
Nolan Kohan a écrit:Le souffle du vent résonnait dans les plaines sauvages et faisait onduler les herbes rases. Cet endroit était sinistre, vide et privé de vie, à l’image des sang-froid qui peuplaient ces terres désertes. Sans doute était-ce la raison pour laquelle les vampires en avaient fait leur sanctuaire. Un voile d’obscurité l’enveloppait et celui-ci décida d’arrêter sa monture pour se reposer, avant de reprendre sa route dans ce vaste désert de ténèbres. Ce lieu, à l’atmosphère horrifique, possédait le sombre attrait des choses interdites et effrayantes. Et en franchir la frontière ressemblait à une transgression.
Le petit prince, en raison de son existence trop cloitrée, aspirait à découvrir d’autres choses et allait même au-devant du danger afin de se sentir vivant et vibrer de l’intérieur. Alors que son destrier nommé « étoile du soir » était occupé à brouter quelques herbes rares, il aperçut dans le lointain la forme sombre d’un destrier, encaparaçonné dans une armure et surmonté d’une silhouette juvénile.
Sa tenue ne laissait rien transparaître de son visage, pas même l’éclat de son regard et seule résonna une voix aiguë et fluette…comme celle d’une petite fille. « Es-tu un soldat ? ». Le ton était froid et autoritaire, pas particulièrement hostile mais nullement amical non plus.
Les pensées se bousculaient dans l’esprit du jeune prince : Était-ce une enfant ? Et si oui que faisait-elle seule au milieu de ce lieu de déperdition ?
Il jeta un coup d’œil au destrier, dont l’armure sombre évoquait la fureur des batailles, et un doute s’insinua dans son esprit : « un cheval de guerre » ? Une monture vampirique ?
- Je ne suis pas un soldat, dit-il d’un ton qui se voulait calme et assuré. Et toi qui es-tu et que fais-tu ici ? Ces plaines sont dangereuses…mais tu sembles vêtue comme pour partir à la guerre…Serais-tu une guerrière ?
Puis Nolan hésita avant de darder ses prunelles mordorées sur la petite créature :
- Bien que ton uniforme masque les traits de ton visage…Je devine ta jeunesse, tu sembles à peine plus grande et âgée qu’un enfant…Comment est-ce possible ?
Le gamin était dérouté par cette étrange situation et intrigué par celle qui se dissimulait derrière le masque de cet uniforme. Il demeurait vigilant, tous les sens en alerte, prêt à réagir si cette dernière se montrait hostile, bien que celui-ci ne désirait pas voir cette rencontre dégénérer en hostilités. Pour l’heure sa curiosité était la plus forte et il désirait en apprendre davantage sur la mystérieuse inconnue, dont la silhouette barricadée derrière une chape d’acier, semblait trop frêle pour une si grande monture.
Aphaïa Makhaïra a écrit:La vampire semblait dévisagé longuement le petit humain, ce n'était qu'un gamin, et il avait tout l'air du gosse de riche qui avait fuguer pour attirer une maigre attention sur lui, ou peut-être qu'il cherchait à mourir et dans ce cas les choses auraient été bien plus simple pour elle, il était hors de question qu'elle le laisse bivouaquer n'importe où et encore plus de le laisser ici au risque qu'il se fasse tuer qu'on le luit reproche, même si en réalité elle n'avait aucune raison d'être ici mais elle avait ce genre de devoir qui lui disaient de s'arranger pour que personne ne meurt sous ses yeux.
- Alors tu es un imbécile. Il n'y a que les soldats et les imbéciles qui épuisent leurs montures. Le ton avait été particulièrement sec, comme un sermon en fait. Elle semblait faire parfaitement abstraction du reste et des question de celui qui n'était finalement qu'un gamin. Je vais t'escorter un lieu sûr, tu aurais pu tomber sur quelqu'un de bien moins sympathique.. Ou même pire.
Puis elle tournait sa monture, dans la continuité de la direction qu'elle avait prise pour le trouver, elle allait faire ce qu'elle ferait de mieux dans ce genre de cas, gentiment le raccompagner à la frontière et ensuite son sort ne la concernera plus.
Même si elle avait une certaine confiance en elle, elle restait aux aguets dans les plaines sauvages, elles n'étaient pas sûres et encore plus la nuit, c'était rester une terre sauvage et particulièrement inhospitalière et elle-même n'était finalement pas très sereine, même si elle ne laissait rien y paraître. Et une fois en haut d'une petite bute, là où elle pouvait user parfaitement de ses sens, elle s'intéressait enfin à ce petit blond qui attirait sa curiosité, tout en gardant son regard sur l'horizon.
- Je suis capitaine et j'étais en patrouille, quant aux restes ce n'est que mon uniforme. C'était la simple et unique vérité, elle n'avait pas pour habitude d'arrondir les angles ou de mentir. Puis elle répondait tout simplement à son autre interrogation : Je suis une vampire. Suis-moi maintenant.
Bon ça sonnait un peu comme une évidence, quelle armée autre que celle-ci embaucherait des gamines de tout juste douze ans pour guerroyer ? Les elfes tenaient bien trop à leur marmots et les humains étaient déjà faibles à l'âge adulte alors un enfant et une fille de surcroit ! Ce n'était même pas la peine d'y réfléchir !
- Ne soit pas aussi tendu, si j'aurais voulu te tuer ça aurait été fait depuis longtemps, j'entends les battements de ton cœur d'ici. Son expérience parlait, elle savait qu'elle était à la fois déroutante et effrayante juchée sur son destrier tout en armure, et à la fois tellement enfantine même si elle avait tout d'une petite fille, d'on la voix même si elle essayait d'en sortir une plus mature, mais sans grand succès.
Nolan Kohan a écrit:Nolan continuait à fixer Alphaia, dissimulée derrière son uniforme et haussa un sourcil interrogatif. Par Dracos, quelle idée saugrenue que de se camoufler derrière un tel attirail. Sans compter qu’on devait étouffer là-dessous ! Le gamin appréciait trop de sentir le vent sauvage sur son visage pour s’infliger une telle torture.HRP: désolée pour le retard
L’adolescent afficha une boue boudeuse lorsque la nouvelle venue le traita d’imbécile pour avoir épuisé son cheval, car selon les dires seuls les soldats ou les imbéciles agissaient de la sorte.
Le petit prince se mordit les lèvres, retenant l’agacement qu’il sentait sourdre en lui ; pourtant, il tenta de le dissimuler derrière une attitude pleine de désinvolture et un petit air moqueur.
- Alors s’il n’y a que les soldats et les imbéciles qui épuisent leurs montures, je suis l’exception qui confirme la règle car je ne suis ni l’un ni l’autre.
Aux paroles suivantes de la rouquine, le jeunot se mit à rire et haussa les épaules.
- M’escorter en lieu sûr ?
Il n’était pas venu jusqu’ici pour se faire raccompagner comme un malpropre à la frontière, du reste si l’envie lui en prenait de rentrer, celui-ci saurait bien retrouver sa route seul.
- N’aie crainte, dès que mon cheval aura repris quelques forces, je rentrerai de moi-même à Caladon. Puis en lui lançant un regard espiègle, il ajouta en croisant les bras sur sa poitrine :
- A dire vrai, j’imaginais que les plaines sauvages était un lieu passionnant, propice à l’aventure et à l’exaltation, mais je n’ai rien croisé d’intéressant sur ma route. Vraiment, c’est presque une promenade de santé et même ma grand-mère se serait ennuyée.
Ensuite la fillette déclina son grade de capitaine et expliqua qu’elle était un vampire, avant de lui ordonner de le suivre d’un ton autoritaire.
- Une capitaine vraiment ? Demanda le jeune Kohan avec une lueur de curiosité dans ses prunelles dorées. Dans ce cas-là, j’imagine que tu sais très bien te battre. Quelle est ton arme de prédilection ? Si du moins tu en as une.
En dépit de sa jeunesse, Nolan était maitre à l’épée et possédait certaines aptitudes dans le domaine du combat à mains nues, bien qu’il n’ait pas encore eu l’occasion de participer à de véritables batailles. Cependant, ce dernier avait hâte de pouvoir faire ses preuves dans le domaine martial et d’échapper au carcan surprotégé du palais.
- Quant au fait que tu sois une vampire, je m’en serais douté car j’imagine mal une petite fille humaine se balader seule dans les parages. Ne te vexes pas mais tu sembles….si jeune. Du moins à en juger par ta taille et ta voix…Mais si tu me dévoilais ton visage, je me ferais une meilleure idée de la personne que j’ai en face de moi…Bien que j’imagine que c’est un visage d’enfant qui se cache derrière cet uniforme.
Puis le regard de l’Aldarien se fit pensif et empreint d’une gravité soudaine.
- Je n’ai jamais rencontré de vampire enfant auparavant…Je suppose que c’est une rareté parmi les tiens et que celui ou celle qui t’a fait ça, l’a certainement fait intentionnellement…Et pour ce qui est de te suivre, tu l’as souligné toi-même, mon cheval est fatigué et a besoin de repos avant de reprendre la route. J’y tiens beaucoup trop pour l’abandonner ici !
L’héritier de la couronne dévisagea la monture amurée d’Alphaia et grimaça avant de répondre :
- Et il est hors de question que je monte sur ton cheval ! Pas la peine d'insister, je repartirais sur le mien.
Après cela, il s’asseya sur le sol et arbora un petit sourire malicieux, tout en fixant la capitaine :
- Je crois que tu vas devoir attendre un peu. Mais vois le bon côté des choses, ça te permettra de me tenir à l’œil si tu as peur que je te file entre les doigts ou de me protéger contre des personnes moins sympas qui rôdent dans les plaines.
Puis balaya les lieux du regard et feignant d'être effrayé il s'écria :
- « bouh » ! imagine si un grand méchant vampire menaçait de nous attraper.
Aphaïa Makhaïra a écrit:L'air désinvolte du gamin amusait au moins autant qu'il énervait la jeune vampire, et elle devait bien avouer que ça apportait un peu de fraîcheur dans cette morne journée. Il se comportait comme un enfant, elle allait donc le traiter en tant que tel et elle avait senti son agacement quand elle avait lancé sa pique.
- Je vais tout de même m'assurer que tu arrives à bon port. Et tout laissait croire qu'elle ne lui laissait pas vraiment le choix. Et non les plaines sauvages ne sont pas un lieu de balade, et tu as bien eu de la chance de ne pas te faire attaquer, personne n'est à l'abris pas même les troupes. Et pour le reste, je me débrouille assez bien à l'épée.
Elle voulait se prêter au jeu en l'entendant, presque, il lui aurait demandé de montrer son visage, et puis ce n'était qu'un enfant qu'est-ce qu'elle aurait pu craindre ? Il était finalement assez lambda et ne lui paraissait pas bien noble même s'il se comportait en parfait enfant gâté, et il avait dit venir de Caladon et elle n'y mettait jamais les pieds. Alors elle retirait son heaume de sa main gauche, dévoilant une mine bien plus enfantine que ce qu'on aurait pu penser, ses cheveux roux attachés dans un chignon plat pour ne pas la gêner. Elle avait beau avoir un visage très enfantin, elle n'en gardait pas moins un regard aussi dur et froid que l'acier, elle restait un soldat avant tout et elle restait d'une certaine froideur, arborant un certain calme loin de se démonter à cause de l'attitude du blond.
- Vous satisfaire est notre priorité. Le ton avait été un poil piquant et moqueur même si elle cédait, lui renvoyant un peu son attitude même si elle-même se détendait un peu sur sa monture. Très rare et mal vu surtout.
En fait, elle était même un oiseau rare dans son genre puisqu'à sa connaissance, il n'y avait pas d'autres enfants-soldats dans l'armée, quant aux enfants vampires de base ça ne courait pas tellement les rues. Mais elle ne semblait pas du tout souffrir de sa condition et ne relevait même pas l'avis du jeunot à ce sujet, c'était comme tout, elle avait appris à faire avec.
- J'ai l'éternité devant moi, toi un peu moins. Et elle restait ainsi à fixer l'horizon, la nuit n'était pas un problème pour elle, tout n'était qu'une question d'habitude. La jument restait au moins aussi immobile que sa petite cavalière. Et je ne te prendrais pas non plus sur son dos.
La jument n'y tolérait pas grand monde après tout et tout juste la petite sœur de sa cavalière, c'était une bête farouche et particulièrement ombrageuse ayant même parfois du mal à tolérer sa propre cavalière et l'envoyait régulièrement paître.
- Tu peux avoir confiance, je le sentirais avant qu'il ne s'approche de trop. Et elle guettait, elle ne voulait pas tomber dans un traquenard et elle était finalement assez difficile à tromper, mais rien ne lui disait que le gamin n'avait pas éveillé quelque chose en errant comme ça au hasard.
Nolan Kohan a écrit:La petite créature, juchée sur sa monture, intriguait l’adolescent et il se demandait quels lourds secrets se dissimulaient derrière ce masque impassible qui donnait l’impression qu’elle était faite de fer et de sang.
Son ton conservait des intonations froides et polies mais il n’y décelait aucune forme d’hostilité. Nolan éprouvait l’envie de la provoquer ou de lui lancer des piques, probablement pour la faire sortir de sa réserve.
La militaire répondit qu’elle allait s’assurer que l’adolescent arrive à bon port, tout en ajoutant que ce dernier avait de la chance de ne pas s’être fait attaquer en chemin car les plaines sauvages représentaient un lieu plein de danger, même protégé par une troupe. Par ailleurs, la soldate paraissait posséder quelques aptitudes au maniement de l’épée, tout comme le blond qui était maître dans ce domaine.
Effectivement, les terres de l’ombre n’étaient guère un endroit propice à une promenade et encore moins un terrain de jeu pour un enfant. Le jeune Kohan le savait mais celui-ci avait une fâcheuse tendance à se mettre dans le pétrin ou à agir de manière inconsidérée.
- C’est très sympathique de ta part, j’imagine que je devrais me sentir comblé de pouvoir voyager dans les plaines sauvages en si agréable compagnie, dit-il avec un sourire moqueur, en dardant ses prunelles mordorées sur la capitaine. Je me débrouille également assez bien à l’épée. Je t’aurais bien proposé un petit duel pour passer le temps mais comme tu es un vampire et moi un humain, il est impossible que je puisse l’emporter.
Puis quand ce dernier lui demanda de montrer son visage, désirant savoir à quoi ressemblait son interlocutrice, celle-ci s’exécuta, dévoilant un minois enfantin, d’une blancheur opalescente, encadré par une cascade de cheveux couleur de feu.
Le jeune garçon ne put s’empêcher de se sentir troublé à sa vue et demeura bouche-bée. Elle était si jeune mais l’expression de dureté et l’éclat adamantin contrastait avec son aspect juvénile. La vampiresse était peut-être plusieurs fois centenaire et son apparence d’enfant ne représentait plus que le dernier vestige d’un passé révolu…
Sans doute l’innocence de la jeunesse avait-elle déserté à jamais son cœur mort et que ses sentiments resteraient à jamais prisonniers d’une armure d’acier infrangible.
Après avoir dévoilé ses traits, la rousse lança une nouvelle pique et admit que les très jeunes vampires constituaient une rareté et n’étaient guère très bien considérés…
En contemplant cette mystérieuse fillette, ressemblant à une poupée de porcelaine mais capable d’ôter une vie à l’aide de ses crocs ou à la pointe de son épée, le prince se demanda qui avait pu commettre un tel acte ? Qui pouvait avoir l’esprit assez tortueux pour transformer sciemment une créature innocence en un prédateur avide de sang ? Était-ce un accident ou alors désirait-on faire d’elle un enfant soldat, une arme de guerre parfaite ?
Les interrogations se bousculaient dans l’esprit de Nolan et ses lèvres brûlaient de lui poser la question.
- Ta mère ou ton père vampirique t’a-t-il changé volontairement en vampire à un âge si précoce ou est-ce un accident ?
Le gamin désirait comprendre ce qui à ses yeux demeurait une véritable énigme, car c’était la première fois qu’il se retrouvait face à un tel être.
Bien entendu, ce n’était guère la première fois qu’il rencontrait un vampire ; Caladon en abritait un certain nombre en raison de sa multiculturalité ainsi qu’Aldaria, mais jamais il n’en avait croisé d’aussi jeune.
A la remarque suivante de la gamine, l’humain eut un petit rire et ses prunelles dorées se mirent à luire d’une lueur espiègle :
- Je ne t’envie pas, l’éternité c’est très long, surtout sur la fin.
Malgré cette phrase humoristique, ce dernier pensait en toute sincérité que vivre éternellement pouvait se révéler un véritable cadeau empoisonné et engendrer une incommensurable souffrance, d’autant plus dure à supporter qu’elle ne devait jamais connaitre d’issue…
La rouquine ajouta qu’elle ne le prendrait pas sur le dos de sa monture et l’adolescent feignit de pousser un soupir de soulagement :
- Ouf me voilà bien rassuré, à un moment, j’ai eu un peu peur que tu n’envisages de me ligoter et de me jeter sur son dos, comme un sac à patates, pour me ramener de force à Caladon.
Puis, il acquiesça de la tête au reste de ses propos et répondit avec un petit sourire en coin :
- Je te crois sur parole, vous les vampires possédez des sens sur-aiguisés…
Et ce don pouvait se révéler fort appréciable, celui-ci était forcé de l’admettre.
Son regard se porta sur les plaines, balayées par un vent glacé, et auréolées d’un halo de brume.
- On raconte que les plaines sauvages sont remplies de brigands, de vampires renégats qui ne respectent pas les lois et d’âmes damnées…Certaines rumeurs disent même que les désespérés et ceux qui n’ont plus foi en rien y vont pour mourir ou disparaître pour que nul ne puisse les retrouver. On y trouverait également certains lieux interdits, comme l’ancien royaume qui se trouve près du lac noir et des zones inconnues…Tu en as peut-être entendu parler ?
Aphaia Makhaira a écrit:- Je pourrais te laisser aux fauves. Quant au reste la technique l'emporte sur le reste, tu peux être un vampire, mais te battre comme un pied, tous ne sont pas des machines de guerre, j'en ai déjà vu se faire tuer par excès de confiance ou parce qu'ils avaient fait des erreurs que même un écuyer humain n'aurait pas fait.
Comment savait-elle tout cela ? Déjà en tant que capitaine à coordonner son escadron et à ne pas pardonner ce genre d'erreurs, et des erreurs qu'elle-même avait déjà faites par le passé, elle avait un côté un peu élitiste dans ce qu'elle choisissait pour ses hommes et ce qu'elle pardonnait ou non.
Elle observait d'un air froid l'enfant qui la dévisageait, oui son visage enfantin faisait toujours un choc la première fois, personne ne s'attend à trouver une gamine de tout juste douze ans derrière le Fléau Rouge, ou même tout simplement dans cette armure, la réaction du garçon était donc tout à fait normale de son point de vue, à voir s'il décidait de prendre ce paramètre léger en compte ou non. Mais devant l'attitude du blondinet, elle se contentait de lâcher un : mais, d'une voix peut-être un peu trop aiguë, mais qui ne faisait qu'accentuer ce côté très enfantin.
- Ne fait pas cette tête, toi aussi t'es un gamin ! Et je ne te dévisage pas ! Elle levait les yeux au ciel dans un geste de supplique lui aussi n'allait pas lui faire le coup. Et pour le coup, elle évoquait une vérité aussi cruelle qu'une gifle. Puis elle éloignait un peu sa monture d'un air fermé, semblant même plutôt vexée.
Qu'est-ce que paraître étrange et être un oiseau rare l'agaçait parfois, les gens avaient parfois des réactions qui lui donnaient l'impression d'être une bizarrerie de la nature ou quelque chose comme ça, et elle n'aimait pas du tout ça. D'autant plus que la jeune vampire était dans une phase où elle se cherchait avec l'impression d'être dans une impasse.
- Ce n'était pas un accident et on me l'a imposé. Une réponse courte, mais qui en disait assez long pour que ça soit parfaitement limpide. Et elle n'ajoutait rien de plus à ce sujet.
Ce corps enfantin n'était pas vraiment un problème pour elle, s'étant faite à l'idée d'être une enfant éternellement jeune et de surcroît, une vampire ! Le problème venait toujours des autres, soit par leur pitié qu'elle ne supportait plus, soit parce qu'ils avaient tendance à ne plus la prendre au sérieux en voyant son apparence. Son propre avait fini par s'y faire, mais les autres, c'était encore à travailler.
Néanmoins en dépit de la froideur qu'elle s'obligeait à montrer et cette supériorité non dissimulée, elle n'était pas totalement une adulte, elle aimait l'extérieur et les fleurs et s'amuser, même si elle révélait cette partie d'elle-même qu'à une certaine élite.
- Je pourrais te bâillonner aussi avant de te mettre sur mon cheval, j'ai horreur des gens qui parlent trop.
Elle lui faisait face avec son cheval, la jument n'ayant pas arrêté son comportement ombrageux, plaçait immédiatement ses oreilles sur sa nuque et fixant le petit humain d'un air peu amical.
- Une partie de ce que l'on t'as dit est vrai, malgré tout nos efforts ça reste une zone de non-lieu, nous sommes trop peu et ne pouvons pas être de partout, et les bandits et les renégats l'ont bien compris, quant aux âmes damnées je n'en ai jamais croisé en plus d'un siècle à parcourir ces terres. Et pour l'ancien royaume, peut-être.. ~