15 Avril de l’an 7 de l’ère d’obsidienne
Ce jour-là, Ilyanth se réveilla dès que les pâles lueurs de l’aube teintèrent délicatement l’horizon. Le Baptistrel fit sa toilette et s’habilla à la hâte, revêtant une tenue sobre et confortable, une tunique jaune safran, afin de se sentir plus à l’aise dans ses mouvements.
Dehors, l’atmosphère printanière était particulièrement agréable, et Neolenn savoura la douce tiédeur qui régnait dans les cimes Elfiques lors de cette saison.
A cette heure matinale, le domaine baptistral était encore nimbé des brumes de la nuit et seuls résonnaient le pépiement des oiseaux et le chant du vent dans les feuillages des arbres.
Neolenn appréciait particulièrement la quiétude et la pure félicité qui régnaient sur les lieux durant ces brefs instants situés entre la fin de la nuit et le lever du jour. Habitué à se lever aux aurores, le Cawr en profitait pour flâner dans les jardins du domaine, rêvassant et admirant la splendeur bigarrée des parterres de fleurs qui s’offraient à sa vue. Rien ne lui procurait davantage de bonheur que de se repaître de la magnificence de la nature et de goûter à la sérénité contemplative que lui procuraient ses rêveries méditatives dans la forêt.
La journée s’annonçait superbe et le firmament d’un bleu presque transparent ne comportait pas l’ombre d’un nuage.
De son pas souple et alerte, le jeune Elfe se dirigea vers l’entrée du domaine, désireux de faire quelques pas dans les bois avant de vaquer à ses activités habituelles.
L’atmosphère embaumait d’effluves fleuris et l’odeur vivifiante de l’humus et de la végétation. Ilyanth respira profondément, emplissant ses poumons de l’air pur de la montagne et souriant de contentement en sentant l’exquise caresse des rayons du soleil sur sa peau dorée.
Alors qu’il venait de franchir l’entrée du domaine et s’apprêtait à s’enfoncer dans les forêts environnantes, le chantefeu aperçut un petit lapin, captif d’un buisson de ronces. L’animal tentait de se dégager de sa prison d’épines, mais ses tentatives demeuraient vaines et ne faisaient que l’entraver davantage.
Le jeune elfe s’avança doucement vers lui, prenant garde de ne pas faire de mouvement brusque afin de pas effrayer le rongeur. Malgré tout, à son approche, le lapin se mit à se débattre avec débattre vigoureusement, risquant de s’entailler avec ses chaines épineuses.
Le Cawr décida d’utiliser un sortilège de magie humaine pour créer une aura apaisante et pouvoir le libérer sans crainte de le blesser.
Une fois cette tâche accomplie, le baptistrel prit l’animal dans ses bras et le caressa délicatement. Ce lapin était encore très jeune et avait probablement perdu sa mère.
- « comme tu es mignon », dit l’elfe à haute voix en le pressant avec douceur contre son cœur.
Soudain, Neolenn perçut une présence, non loin de lui, et un sourire radieux illumina son visage aux traits délicats. Avant même de l’apercevoir, ce dernier avait reconnu l’humaine en question à sa démarche boitillante et à son chant-nom. Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis leur première rencontre, mais il n’avait jamais oublié cette gracile jeune fille, à la peau de marbre, aux cheveux couleur d’ébène et au regard d’acier glacé.
Avec un mouvement gracieux, le chantefeu se tourna dans sa direction et dit de sa voix douce et harmonieuse :
- Bonjour Sinestra, Cela me fait très plaisir de te revoir. Comment vas-tu depuis notre dernière rencontre ?
Citation :
[Défensif] Aura rassurante
Permet d'émettre une aura rassurante invisible mais aux effets bien réels. Très efficace sur les animaux, efficace sur les bipèdes (et dragons) uniquement si leur force mentale est inférieure à celle du lanceur.
Geste clé : écarter légèrement les mains l'une de l'autre, ce geste clé peut se faire de manière très discrète
Ilyanth jeta un regard bienveillant à l’adolescente qui se trouvait face à lui, vêtue d’une robe immaculée qui contrastait avec ses cheveux aussi sombre qu’une nuit d’hiver. Cette dernière répondit à son salut en lui disant se porter à merveille et en demandant également de ses nouvelles.
- Je me porte comme un charme et je suis très heureux de savoir que tu vas bien également.
En effet, leur première rencontre ne s’était pas déroulée sous les meilleurs auspices et le baptistrel gardait en mémoire, le souvenir de cette frêle jeune fille boitillante et souffrant le martyr en raison de sa blessure mal soignée à la jambe.
Au cours de ces derniers mois, il avait souvent pensé à elle et s’était questionné sur le sort de cette mystérieuse humaine qui résidait à Estelin, la capitale Elfique. Rares étaient ceux qui décidaient de tout abandonner pour s’installer en terre étrangère, d’autant plus que les elfes ne faisaient pas toujours preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit envers les autres peuples d’Armanda.
Fort heureusement, le domaine Baptistral représentait un havre de paix multiculturel et accueillant envers les étrangers. Le jeune Cawr songea que c’était une bénédiction pour lui d’être né dans ce lieu paisible et serein, plutôt que dans une famille elfique traditionnelle où son tempérament sensible et haut-en couleur n’aurait probablement pas pu s’exprimer.
Il garda ses grands yeux pers rivés sur son interlocutrice, qui dans la douce lumière de l’aurore paraissait encore plus délicate qu’à l’accoutumée. Il émanait de celle-ci une grâce presque enfantine, qui transparaissait derrière un visage diaphane et impassible, comme si elle dissimulait sa sensibilité derrière un masque de glace.
Le jeune Elfe s’avança doucement vers elle, tenant toujours contre son sein le petit lapin qu’il venait de délivrer de sa prison épineuse. Grâce à son sortilège qui l’entourait d’une aura apaisante, il était parvenu à calmer l’animal effrayé qui se tenait sagement dans ses bras.
Neolenn ne manqua pas de remarquer l’oiseau apprivoisé qui accompagnait Sinestra et une lueur de gaieté amusée s’alluma dans ses prunelles scintillantes :
- Cet oiseau est très joli ! Comment s’appelle-t-il ?
Puis Ilyanth jeta un regard tendre au petit lapin et le montra à la jeune fille en le caressant délicatement pour ne pas l’effaroucher.
- Je viens de trouver ce lapin, il était captif d’un buisson de ronces. Il a l’air très jeune et j’ai peur qu’il ne survive pas sans l’aide de sa mère. Du moins de quelqu’un pour s’en occuper. Je suis très occupé au domaine avec les cours que je dispense et j’ignore si j’aurais le temps de m’en charger…
Le visage aux traits fins du chantefeu prit une expression pensive et empreinte de tristesse :
- Pourtant, je trouve que cela serait très regrettable de laisser périr une innocente créature, faute de soins. Cela serait merveilleux si quelqu’un pouvait s’en charger. Est-ce que tu connaîtrais par hasard des personnes intéressées par l’adoption d’un lapereau ?
Les couleurs chatoyantes de l’aube laissaient progressivement place à un firmament d’un bleu céruléen et les rayons du soleil printanier les couvaient de sa chaleur bienfaisante. Sous leur caresse, la chevelure obscure de la jeune artiste paraissait ruisseler d’une lumière ténébreuse.
Elle semblait en bonne santé, ce qui rassura en partie le Baptistrel ; toutefois, celui-ci ne manqua pas de s’inquiéter à propos de sa douleur à la jambe et ses traits arborèrent une expression soucieuse :
- Comment vas ta jambe ? Est-ce que tu as encore très mal ? demanda-t-il d’une voix douce et empathique.
A ses yeux, il était fort dommageable qu’une jeune fille aussi jeune soit forcée d’endurer de telles souffrances pour une blessure mal soignée qui la condamnait à une certaine infirmité. Sans compter que cette dernière avait dû effectuer un long trajet depuis la capitale Elfique afin de gagner le domaine Baptistral.
- Tu dois être fatiguée et ta jambe te fait sans doute souffrir. Est-ce que tu désires que j’utilise un de mes sorts pour te soulager, même si ce n’est que de manière temporaire ? Dit-il d’un ton bienveillant et empli de sollicitude.
A côté de l’elfe à la silhouette élancée, Sinestra ressemblait à un petit oiseau, tendre mélange de grâce et de fragilité. La candeur de la jeunesse se lisait sur son visage aux traits fins et, pourtant, l’humaine semblait avoir déjà été durement éprouvé par l’existence, comme en témoignait quelques lueurs de tristesse dans son regard velouté. Elle ressemblait à un bouton de rose meurtri par la vie, qui peut-être un jour s’épanouirait en une fleur à l’éclatante beauté.
Neolenn appréciait cette jeune fille, étrangement réservée, mais qui dissimulait des trésors de sensibilité derrière une carapace de glace. Une douce amitié les liait, bien qu’ils ne se soient pas revus depuis plusieurs mois et l’elfe ressentait une grande joie de la voir revenir au domaine après sa longue absence.
L’humaine le gratifia d’un magnifique sourire qui illumina son visage, comme la lumière lunaire éclaire les ténèbres d’une froide nuit d’hiver. Et Ilyanth lui rendit son sourire, heureux de la savoir bien portante.
Autour d’eux l’oisillon de l’adolescente se mit à siffloter, ébouriffant ses plumes et darda ses yeux rouges sur le Baptistrel. Ce dernier ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant une telle démonstration de possessivité et de jalousie.
Puis, il se tourna en direction de Sinestra et dit avec le regard pétillant de malice.
- J’ai comme l’impression que ton petit compagnon est jaloux. Est-ce qu’il ne serait pas un tantinet possessif avec sa jeune maîtresse ?
Lorsque la brune répondit que l’oiseau en question se nommait Rivage et qu’elle l’avait trouvé avec une aile cassée peu de temps après son arrivée. Les deux éclopés avaient pansé mutuellement leurs plaies et depuis lors ils étaient devenus inséparables.
Le chantefeu sentit un petit pincement au cœur en entendant cette émouvante histoire. Tout comme Sinestra, Rivage était une créature fragile, désormais attaché à un être qui lui avait prodigué des soins et de l’affection.
- Je trouve que Rivage est un très joli nom et qu’il lui va très bien. Mais dis-moi comment t’es venu l’idée d’un tel sobriquet, est-ce qu'il a une symbolique particulière ? Pour ma part, je le trouve très poétique et il me fait penser au rivage de l’océan.
Au moment où le maître barde l’interrogea sur sa blessure à la jambe et si elle désirait qu’il la soulage, l’humaine détourna le regard, visiblement mal à l’aise, craignant peut-être de peiner son ami. Le Cawr préféra ne pas insister et continua à se comporter avec sa chaleur et sa bienveillance habituelle afin de la dérider.
Ce dernier poursuivit de sa voix mélodieuse aux doux accents Elfiques :
- Merci pour ce lapin, je pense qu’il sera très heureux avec toi et je te fais confiance pour bien t’en occuper. Selon moi, il ne pouvait pas mieux tomber.
Neolenn caressa doucement le lapereau avant de le donner délicatement à la jeune fille :
- Il est très mignon tu ne trouves pas ? Comment penses-tu l’appeler ?
A présent, le soleil éclairait l’horizon et ses rayons dorés caressaient leurs visages. Le chantefeu adorait cette sensation de chaleur sur sa peau dorée et contempler la magnificence de la nature au printemps.
- Ce matin j’ai du temps à te consacrer, que dirais tu de nous promener ensemble dans la forêt pour bavarder. Si tu es fatiguée, nous nous arrêterons pour nous reposer et si tu le désires, nous pourrons aussi gagner le domaine. Qu’en penses-tu ? dit-il avec gentillesse en plongeant ses prunelles d’azur et d’émeraudes dans les yeux de la jeune artiste.
Ilyanth continuait à fixer la jeune fille avec des yeux doux et bienveillant. Quels lourds secrets pouvait-elle bien dissimuler derrière ses traits angéliques et son regard d’acier glacé ?
Sinestra était tellement secrète qu’il était difficile de lire en elle et de deviner les pensées qui l’habitaient. Pourtant, le jeune Baptistrel, en raison de sa grande empathie et de son intuition éprouvait le sentiment de pouvoir percevoir le cœur sensible et tourmenté qui se dissimulait derrière cette carapace de glace.
L’artiste avait dû traverser de cruelles épreuves et si sa jambe blessée conservait les stigmates d’une ancienne plaie mal cicatrisée, quelles blessures invisibles pouvaient affecter cette jeune âme ?
Lors de leur première rencontre quelques mois auparavant, l’humaine n’avait presque rien évoqué de son passé ; néanmoins, Neolenn devinait que celui-ci devait se révéler très sombre et mélancolique.
Quand la jeune femme avait quitté le domaine et disparu dans la nuit, telle une ombre fugace, une fois sa jambe soignée ; l’elfe s’était demandé à quel moment celui-ci la reverrait. En son for intérieur, une part de son être lui disait qu’un jour Sinestra reviendrait et que ce lien d’amitié qui les unissaient ne se briserait pas si facilement.
Bien souvent, les gens se rencontrent, se quittent puis s’oublient, mais le chantefeu conservait l’intime conviction qu’avec cette frêle créature à la peau d’albâtre et aux yeux de glaciers, les choses seraient différentes. Un jour, leurs routes se recroiseraient à nouveau. Et ce jour était arrivé.
L’artiste éclata de rire devant l’attitude possessive de l’oiseau et répondit qu’il était ainsi depuis toujours et qu’elle n’avait jamais pu le convaincre de reprendre sa liberté ; désormais, l’animal aux plumes d’azur préférait sa compagnie à celles de ses semblables. Ilyanth esquissa un sourire et murmura :
- Je crois que cet oiseau t’aime énormément. On dit parfois que l’amour est la plus solide des chaines et que l’affection qui nous lie à un autre être peut nous retenir plus fort que la plus grande des prisons du monde. J’ai toujours été convaincu que les animaux étaient capables de ressentir ce sentiment aussi fort, sinon plus que créatures dotées de raison que sont les humains, les elfes et les vampires.
Puis le visage exquis de Neolenn arbora une expression pensive et ses prunelles d’émeraude azuré furent traversées par une expression rêveuse.
- C’est sans doute pour cette raison que je les aime tellement et cela depuis ma tendre enfance. J’ai aussi toujours apprécié le calme et la sérénité de la forêt, elle m’apaise, enchante mon âme et m’emplit d’un immense réconfort.
Au moment où le jeune Baptistrel demanda à Sinestra d’où venait ce choix de prénom ; cette dernière répondit que c’était en raison de son plumage bleuté, tout en ajoutant qu’elle avait toujours eu des facilités à trouver des prénoms pour les animaux qu’elle recueillait.
- En tout cas, je le trouve très joli, répondit l’elfe qui tenta de caresser doucement du doigt l’oisillon qui s’envola, hors de sa portée, pour se poser sur l’épaule de l’adolescente à la chevelure couleur d’ébène.
- Je crois qu’il préfère sa maîtresse, dit-il en riant d’un rire cristallin. Tant pis, je ne suis guère rancunier ni particulièrement susceptible.
Après cela, Sinestra dit qu’elle s’occuperait du lapereau et lui proposa de le nommer Thailyn.
- J’aime beaucoup ! Je trouve que ça lui va très bien, répondit le chantefeu avec spontanéité, mais dis-moi, est-ce que ça ne serait pas l’anagramme de mon prénom ?
Cela semblait être le cas et Neolenn se sentit profondément touché par la délicate attention de son amie. Celle-ci devait probablement beaucoup l’apprécié pour donner un prénom dérivé du sien à son petit protégé.
Ensuite Sinestra parut danser d’un pied sur l’autre quand l’elfe parla du temps qu’il pouvait lui consacrer. Le doux soleil printanier caressait ses cheveux de jais et les rendait encore plus brillants que d’ordinaire.
Le jeune Cawr s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule dans un geste affectueux avant de lui demander avec gentillesse et empathie :
- Pourquoi t’es-tu sauvée ? Tu n’es pas obligée d’en parler si cela te mets mal à l’aise, mais j’aimerais mieux te comprendre.
HRP: Désolée pour le retard ! j'ai été fort occupée ces derniers jours. J'espère que ma réponse te plaira.
Ilyanth écoutait avec attention les paroles de la jeune humaine dont le visage diaphane paraissait arborer une expression rêveuse. Malgré son jeune âge, cette dernière semblait faire preuve d’une mystérieuse sagesse et d’une grande sensibilité.
En effet, rares étaient ceux qui se préoccupaient des animaux ou de la Nature en général et, hélas, trop d’Hommes voyait en elle un trésor à exploiter ou à dominer. Les Elfes en raison de leur lien particulier avec la faune et la flore éprouvaient une quasi-vénération pour les forêts, qui leur rappelaient leur ancien Royaume. Neolenn demeura silencieux un bref instant, avant de prendre la parole de sa voix aussi mélodieuse que le chant du printemps.
- Je trouve que tes paroles sont d’une grande sagesse et je partage ton opinion. Je pense aussi que les animaux voire les plantes possèdent une intelligence différente mais néanmoins aussi valable et digne d’attention que celles des êtres pensants. En tant que Baptistrel, je peux percevoir les vibrations du monde et son immense beauté.
A mes yeux, la Nature ressemble à une magnifique symphonie et lié à l’élément du feu, je peux sentir en moi son intensité. Je préfère percevoir la création comme une œuvre magnifique, digne de notre respect et de notre admiration.
Les dernières paroles de Sinestra firent naître un peu de tristesse dans le cœur du chantefeu. Elles étaient malheureusement trop vraies. Tellement de guerres et de tueries naissaient pour des motifs futiles tels que la haine ou le goût du pouvoir. Que de déchirements et de sang versé à cause de ceux qui désiraient dominer autrui, alors qu’il lui paraissait si simple de suivre la voie de la paix et de l’harmonie.
Depuis sa plus tendre enfance, le jeune Elfe possédait une grande sensibilité qui le faisait s’émouvoir et compatir aux sorts des plus faibles, envers qui celui-ci se montrait très protecteur. Ayant toujours vécu dans l’écrin enchanteur du domaine Baptistral qui représentait un véritable havre de paix, il avait été glacé par la vision des horreurs qui régnaient dans le monde extérieur…
Toutefois, malgré ses tristesses et ses désillusions, la flamme de l’espoir continuait à embraser son âme et celui-ci était déterminé à faire triompher ses idéaux pacifiques.
Quand la jeune fille expliqua que les animaux étaient si faciles à aimer et qu’elle préférait leur compagnie à celle des humains ; Ilyanth songea que celle-ci ressemblait à une fleur meurtrie, durement éprouvée par l’existence qui recherchait de l’affection auprès d’êtres purs et incapables de trahison.
L’elfe caressa doucement le petit lapin, passant délicatement ses doigts dans son pelage soyeux. Ensuite, il murmura :
- Je trouve que les animaux sont capables d’amour inconditionnel et lorsqu’ils s’attachent à quelqu’un, leur attachement est sincère. Ce sont des qualités que j’apprécie beaucoup…
Le visage du chantefeu prit une expression méditative et il poursuivit d’une voix douce et calme.
- Parfois quand je suis triste, je me réfugie dans la forêt et j’ouvre mon cœur à sa beauté, à celle du vent, du ciel et du soleil. Et cela me permet de me sentir apaisé et rasséréné.
Puis ses lèvres s’étirèrent en un sourire rayonnant et il ajouta :
- J’ai aussi ma jument Lune d’argent avec qui je galope souvent. A mes yeux, elle n’est pas une simple monture, c’est aussi une amie et une confidente à qui je livre les secrets de mon âme. Est-ce que tu veux que je te la présente tout à l’heure ? Elle se trouve dans les écuries du domaine.
Au moment où Neolenn remarqua que le nom du lapin était une anagramme de son propre prénom ; Sinestra afficha l’expression désarçonnée d’un enfant surpris en train de commettre une bêtise et l’elfe s’en amusa intérieurement. Cette adolescente possédait une candeur toute attendrissante qui donnait envie de la protéger, telle un oisillon tombé de son nid et qu’on désirait prendre sous son aile.
Puis, cette dernière répondit qu’elle s’était sauvée, car elle ne supportait pas de mener une vie recluse. Toutefois ses gardiens ne désiraient pas que celle-ci s’aventure à l’extérieur avant qu’elle ne soit entièrement guérie ; sans compter que la forêt pouvait se montrer traître…
- Je vois, je pense comprendre ton sentiment, j’ai aussi beaucoup de mal à rester enfermé trop longtemps, répondit l’elfe avec douceur, se gardant bien de faire la moindre remarque désobligeante ou moralisatrice à l’humaine à ce sujet, bien qu’il ait une petite pensée émue pour son surveillant qui devait être dévoré par l’inquiétude.
Tout en marchant, ils approchèrent d’une cascade et d’une rivière dont les eaux mugissantes étaient recouvertes de reflets argentés. Son murmure cristallin était à la fois apaisant et stimulant. Le chantefeu s’approcha du bord de la rivière, retira ses sandales et marcha un peu dans les flots à la tiédeur agréable.
- L’eau est vraiment agréable, dit-il avec une expression de ravissement. Est-ce que tu as envie d’essayer ?
Disons cela et d’un geste malicieux, l’elfe envoya quelques gouttelettes en direction de Sinestra.
Ilyanth était à la fois touché et amusé par la tendre innocence de Sinestra. Son instinct protecteur le poussait à couver de manière bienveillante la jeune fille, de la même manière qu’elle recueillait les animaux.
Neolenn avait toujours été un être doux et empathique, soucieux d’autrui et désireux d’apporter son aide et son affection. Son intuition lui permettait de sentir que l’adolescente était affamée de ces marques d’attention et qu’elle n’avait sans doute pas eu beaucoup de chance dans sa vie…
Sinestra n’avait jamais évoqué son passé et Ie Cawr ne lui posait pas de questions à ce sujet, malgré sa curiosité d’en savoir plus sur cette brune mystérieuse, aux yeux de glaciers millénaires. Bien sûr, il aurait pu utiliser son pouvoir de Baptistrel pour lire son chant-nom et découvrir les moindres secrets de son être et de son histoire, mais il estimait qu’il s’agissait d’une intrusion intolérable dans l’intimité de l’adolescente. S’il devait un jour user d’un tel procédé, alors cela serait avec son accord et dans l’unique but de mieux la comprendre et de se rapprocher d’elle.
Le chantefeu désirait approfondir leur relation amicale, mais celui-ci sentait qu’il devait apprivoiser la jeune fille et s’adapter à sa sensibilité à fleur de peau.
Quand cette dernière énonça son opinion concernant les animaux et leur capacité à faire preuve d’une « humanité », d’une empathie qui manquaient aux Hommes ainsi qu’à créer des liens indestructibles.
L’elfe la regarda en souriant et murmura de sa voix pure aux accents Elfiques :
- Tu sembles assez atypique pour une humaine. Je pense que tes idées ne sont pas celles de la majorité de tes semblables. Est-ce la raison pour laquelle tu apprécies de venir au Domaine ?
En effet, le domaine Baptistrel constituait un lieu unique où nulle pensée de haine n’était admise et où chacun se devait de cultiver un esprit de paix et d’harmonie. Elevé dans cet écrin doré, Neolenn avait eu bien des difficultés à s’adapter à la cruauté du monde extérieur, malgré l’intense curiosité qu’il éprouvait pour les autres peuples du continent Armandéen.
Tandis qu’ils poursuivaient leur conversation, le chantefeu remarqua que l’éclat adamantin des prunelles de Sinestra laissa progressivement place à une douceur emplie de chaleur. Comme si derrière la carapace de glace se dissimulait un brasier de sensibilité et de gentillesse prêt à se dévoiler à quiconque savait gagner sa confiance et son amitié.
Au moment où ce dernier évoqua une visite à sa jument Elfique, Lune d’Argent, le visage de la jouvencelle s’illumina de bonheur et elle le gratifia d’un sourire aussi radieux que le plus somptueux des soleils d’été.
- Je suis content de voir que cela te plait. Ne t’inquiète pas, je serais avec toi et Lune d’Argent est une jument très douce et très docile. Je connais un raccourci qui mène aux écuries du domaine et je trouve que le chemin qui y mène est très agréable.
Désireux de lui changer les idées et de profiter gaiement de la fraicheur de cette splendide journée de printemps ; le jeune elfe la mena jusqu’au point d'une rivière qui formait une magnifique cascade. Puis se sentant d’humeur joueuse, le chantefeu lui lança quelques gouttelettes. Amusée, celle-ci afficha un sourire mutin et lui rendit la pareille en l’aspergeant d’eau à son tour.
Neolenn éclata de rire et se prêta au jeu, à tel point qu’au bout de quelques instants, les deux compères se retrouvèrent entièrement trempés. Fort heureusement pour eux, le soleil printanier luisait fort dans le ciel et l’atmosphère était particulièrement chaude, de telle sorte qu’ils ne risquaient pas de s’enrhumer.
- Par le Dracos, dit-il en s’étendant sur l’herbe fraîche, laissant les rayons solaire sécher ses vêtements. Il y a bien longtemps que je n’avais pas ris autant et durant quelques instants j’ai eu le sentiment d’être retombé en enfance.
Le Rhapsodien respira une bouffée d’air limpide et leva les yeux vers le firmament céruléen où se promenaient des nuages immaculés, d’un blanc aussi pur que le sommet d’un glacier.
Ce dernier les contempla d’un air rêveur, en songeant que leurs formes évanescentes et éthérées lui évoquaient des châteaux de brumes.
- Quand j’étais enfant, il m’arrivait souvent de jouer dans les bois et de contempler les nuages en imaginant des animaux, des bâtiments ou des personnages imaginaires dans leurs formes moutonnantes.
Ilyanth désigna l’un des nuages et dit d’un ton amusé :
- Celui-là, là-bas me fait penser au visage d’un vieil homme barbu. Et toi que vois-tu à travers les nuages ?
Le visage opalescent de Sinestra arborait une expression méditative et ses prunelles glacées s’emplirent d’une lueur rêveuse lorsqu’elle évoqua le domaine Baptistral. A ses yeux, ce lieu représentait un havre de paix, un écrin de sérénité, dans lequel elle se sentait apaisée et qu’elle désirait ne jamais quitter.
La jeune fille demeura silencieuse un instant, paraissant réfléchir à ses prochaines paroles, avant d’ajouter qu’il s’agissait du seul endroit où nul ne l’avait blessée ou mépriser. Puis vint le moment pour elle de lever le voile sur certaines zones d’ombres de son passé, celles qui ternissaient la douceur de son regard bleuté.
L’adolescente à la chevelure de nuit évoqua la froideur et la sévérité de sa défunte mère. Cette dernière avait toujours rejeté sa propre progéniture et ne lui témoignait aucun intérêt ou affection.
Ilyanth frémit en entendant un tel récit. Ainsi cette frêle humaine, aux traits encore enfantins n’avaient connu jusqu’à présent afin de grandir et de se construire que l’austérité d’une mère au cœur de pierre et la dureté d’un foyer glacé.
La brune poursuivit du même ton impassible que sa mère la jugeait indigne d’être une véritable noble et désirait l’endurcir. Pour parvenir à ses fins, elle alla même jusqu’à doter sa fille d’un nom horrible, synonyme de mélancolie et d’obscurité. Lors de la mort de cette dernière, la jouvencelle assista à toute la scène, ne ressentant aucune peine ni tristesse, juste le soulagement de la délivrance, suivi d’un choc violent…
Neolenn l’écoutait avec sa chaleureuse bienveillance, malgré le chagrin que faisait naître en lui chacun de ses mots. Même quand elle prononça ces paroles terribles concernant la perte de sa mère, l’elfe ne la jugea à aucun moment, comprenant à quel point celle-ci avait dû souffrir de l’attitude de sa génitrice, envers qui elle éprouvait, peut-être, des sentiments très ambivalents.
Le chantefeu avait également comprit à quel point Sinestra était fragile et sensible, en cela si semblable à ses créatures abandonnées, elles-aussi orphelines de foyer et affamées d’amour.
Le jeune Cawr se redressa et se tourna en direction de l’adolescente avant de dire d’une voix emplie de compassion :
- Sinestra, je crois comprendre ce que tu ressens et je trouve ton histoire très triste…Pour être honnête, je soupçonnais que tu avais traversé des épreuves déjà bien difficiles pour quelqu’un d’aussi jeune, comme si la vie ne t’avais pas épargné….J’espère sincèrement que tu pourras trouver le bonheur ainsi que la joie de vivre, malgré les traumatismes du passé. Je suis heureux de t’avoir rencontré et sache que je serais toujours là pour toi et que je t’accueillerai avec le plus grand plaisir dans ce lieu béni. Je ferai également tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre le sourire.
Ensuite l’elfe contempla le firmament céruléen, avec une expression de mélancolie rêveuse sur le visage.
- Pour moi aussi, le domaine représente un havre de paix, un endroit merveilleux où règne le calme et la félicité, loin des horreurs de la guerre…Durant toute mon enfance, je n’ai baigné que dans cette douceur et mes parents, surtout ma mère, me surprotégeait en raison de ma très grande sensibilité. Pendant longtemps, j’ai eu l’impression de vivre dans une sorte de rêve jusqu’à ce que l’existence fasse éclater cette bulle d’insouciance. Ayant connu la destruction du premier domaine et vu de mes propres yeux certaines dures réalités du monde extérieur, j’ai eu le sentiment de perdre un peu de mes illusions….
Soudain une lueur d’optimisme se ralluma dans ses grands yeux pers et il dit d’un ton plus apaisé :
- Pourtant, malgré le traumatisme que m’a causé le fait d’avoir assisté à toutes les horreurs de la bataille de Sandur, je suis déterminé à me battre tant qu’il me restera une parcelle d’énergie, tant qu’une braise brûlera sous la cendre. Plus que tout au monde, je désire contribuer à la création d’un monde meilleur où chacun vivrait en paix.
Le chantefeu avait conscience qu’aux yeux de certains un tel idéal ne pouvait se révélait qu’utopique. Pourtant, suivre ce rêve et cette voie contribuait à donner un sens à son existence et il désirait garder vivace la flamme de la passion qui l’animait.
Son attention se reporta sur la jeune fille, qui de par sa grâce lui évoquait une biche ou un chaton égaré en quête d’attentions. Un doux sourire se dessina sur les lèvres du Baptistrel quand cette dernière expliqua s’occuper parfois d’un petit destrier elfique. Sans doute s’agissait-il d’une monture tout à fait appropriée pour cette humaine, dont la silhouette délicate ne pouvait rivaliser avec la haute stature de la plupart des membres du beau peuple.
Ensuite, tandis que leurs deux corps étaient baignés de la lumière du soleil printanier ; Sinestra confia à son ami qu’elle craignait de quitter le monde de l’enfance et d’endosser les responsabilités de l’âge adulte. Selon elle, la perte de l’insouciance juvénile conduisait aux malheurs…
Le Rhapsodien l’écouta avec attention et répondit de sa voix cristalline :
- Je pense que même si nous ne pouvons arrêter le passage du temps, nous sommes capables, si nous le désirons, de conserver au fond de notre cœur une part de la douceur et de la candeur de l’enfance. Même adultes, nous pouvons nous amuser et garder notre regard émerveillé sur l’existence. D’ailleurs n’est-ce pas un peu ce que nous faisons maintenant ? ajouta-t-il avec espièglerie.
A la question de l’elfe du soleil concernant ce qu’elle voyait dans les nuages, Sinestra répondit que ceux-ci lui rappelaient un dragon ailé.
Le visage de l’adolescente s’illumina d’un grand sourire et Neolenn lui en rendit un en retour.
- Je trouve que c’est une vision très poétique et j’ai toujours aimé les dragons. A mes yeux, ce sont des créatures majestueuses et j’aimerais pouvoir tout comme elles voler librement dans les cieux, tel un prince des nuées.
En disant cela, les prunelles de saphirs et de jade d’Ilyanth s’éclairèrent d’une joie enfantine. Soudain, une idée germa dans son esprit et il se tourna vers l’artiste.
- Je viens de penser à quelque chose, puisque tu disais que ton prénom était bien dur à porter pour une enfant, que dirais tu si je te trouvais un beau surnom en langage commun ou en Elfique ?
Ce jour-là, Ilyanth se réveilla dès que les pâles lueurs de l’aube teintèrent délicatement l’horizon. Le Baptistrel fit sa toilette et s’habilla à la hâte, revêtant une tenue sobre et confortable, une tunique jaune safran, afin de se sentir plus à l’aise dans ses mouvements.
Dehors, l’atmosphère printanière était particulièrement agréable, et Neolenn savoura la douce tiédeur qui régnait dans les cimes Elfiques lors de cette saison.
A cette heure matinale, le domaine baptistral était encore nimbé des brumes de la nuit et seuls résonnaient le pépiement des oiseaux et le chant du vent dans les feuillages des arbres.
Neolenn appréciait particulièrement la quiétude et la pure félicité qui régnaient sur les lieux durant ces brefs instants situés entre la fin de la nuit et le lever du jour. Habitué à se lever aux aurores, le Cawr en profitait pour flâner dans les jardins du domaine, rêvassant et admirant la splendeur bigarrée des parterres de fleurs qui s’offraient à sa vue. Rien ne lui procurait davantage de bonheur que de se repaître de la magnificence de la nature et de goûter à la sérénité contemplative que lui procuraient ses rêveries méditatives dans la forêt.
La journée s’annonçait superbe et le firmament d’un bleu presque transparent ne comportait pas l’ombre d’un nuage.
De son pas souple et alerte, le jeune Elfe se dirigea vers l’entrée du domaine, désireux de faire quelques pas dans les bois avant de vaquer à ses activités habituelles.
L’atmosphère embaumait d’effluves fleuris et l’odeur vivifiante de l’humus et de la végétation. Ilyanth respira profondément, emplissant ses poumons de l’air pur de la montagne et souriant de contentement en sentant l’exquise caresse des rayons du soleil sur sa peau dorée.
Alors qu’il venait de franchir l’entrée du domaine et s’apprêtait à s’enfoncer dans les forêts environnantes, le chantefeu aperçut un petit lapin, captif d’un buisson de ronces. L’animal tentait de se dégager de sa prison d’épines, mais ses tentatives demeuraient vaines et ne faisaient que l’entraver davantage.
Le jeune elfe s’avança doucement vers lui, prenant garde de ne pas faire de mouvement brusque afin de pas effrayer le rongeur. Malgré tout, à son approche, le lapin se mit à se débattre avec débattre vigoureusement, risquant de s’entailler avec ses chaines épineuses.
Le Cawr décida d’utiliser un sortilège de magie humaine pour créer une aura apaisante et pouvoir le libérer sans crainte de le blesser.
Une fois cette tâche accomplie, le baptistrel prit l’animal dans ses bras et le caressa délicatement. Ce lapin était encore très jeune et avait probablement perdu sa mère.
- « comme tu es mignon », dit l’elfe à haute voix en le pressant avec douceur contre son cœur.
Soudain, Neolenn perçut une présence, non loin de lui, et un sourire radieux illumina son visage aux traits délicats. Avant même de l’apercevoir, ce dernier avait reconnu l’humaine en question à sa démarche boitillante et à son chant-nom. Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis leur première rencontre, mais il n’avait jamais oublié cette gracile jeune fille, à la peau de marbre, aux cheveux couleur d’ébène et au regard d’acier glacé.
Avec un mouvement gracieux, le chantefeu se tourna dans sa direction et dit de sa voix douce et harmonieuse :
- Bonjour Sinestra, Cela me fait très plaisir de te revoir. Comment vas-tu depuis notre dernière rencontre ?
Citation :
[Défensif] Aura rassurante
Permet d'émettre une aura rassurante invisible mais aux effets bien réels. Très efficace sur les animaux, efficace sur les bipèdes (et dragons) uniquement si leur force mentale est inférieure à celle du lanceur.
Geste clé : écarter légèrement les mains l'une de l'autre, ce geste clé peut se faire de manière très discrète
Sinestra a écrit:L'aube était enfin là, le domaine rayonnait de quelque chose de presque magique, du bleu, du violet et du rose, un mélange de couleurs qui lui faisait ressentir quelque chose qui ressemblait à du rêve, ce visuel chassait un peu la douleur de son corps, une foule de sensations qui l'apaisaient. C'était typiquement le genre de chose qu'elle appréciait de voir, surtout qu'elle était ici depuis tellement peu de temps, elle avait tant de choses à voir, mais pas depuis la fenêtre de sa chambre..
La jeune humaine avait pris l'habitude d'échapper à la surveillance de ceux chargés de la surveiller pour qu'elle ne fasse pas trop de folie, elle était imprudente, immature et désobéissante, mais ce n'était qu'une enfant, comment pouvait-on lui reprocher ?
Alors bien avant l'aube, au cœur de la nuit, elle décida de se rendre dans le plus grand des secrets au domaine, un endroit qu'elle appréciait tout particulièrement malgré les souvenirs plutôt douloureux et désagréables qui y étaient rattachés, mais elle avait rencontré des gens formidables et à l'écoute qui avait accepté de l'aider sans aucune contrepartie, et ce, sans même la connaître.
Elle notait cette différence comparée à la capitale où elle serait toujours une étrangère, voilà en partie pourquoi le domaine avait quelque chose de spécial à son cœur. Ici, tout le monde était à sa place, elle appréciait beaucoup leur mode de vie, leur manière de fonctionner, même si certains concepts étaient bien obscurs pour elle.
Le chemin n'avait pas été facile, la douleur était toujours présente et elle avait du mal à marcher, mais elle n'abandonnait jamais et ne tenait pas en place, alors seule avec un simple bâton de marche et l'oiseau bleu et noir à ses côtés, elle faisait son chemin, ici, elle se sentait en sécurité plus que n'importe où.
Les bois avaient une odeur qu'elle trouvait agréable, une odeur humide, d'herbes et de plantes, s'accordant un petit soupir détendu, elle aimait vraiment cet endroit, Rivage se posait sur une branche et entonnait l'hymne d'avril, certes ce n'était pas un rossignol, mais c'était agréable.
Et elle fut à peine surprise de voir l'elfe que l'avait repérer avant même qu'elle ne s'aperçoive de sa présence, elle lui accordait un sourire franc et radieux, tout en s'appuyant sur son bâton de marche, elle portait sa simple robe blanche, habituelle ainsi que ses multiples bracelets et elle avait toujours ce maudit bandage à sa patte gauche.
Les soins ordinaires n'avaient pas pu faire quoi que ce soit pour elle, pas plus que la magie, mais elle semblait supporter plutôt facilement cette nouvelle épreuve en dépit de tout ce qu'elle avait vécu jusque-là, subissant avec le sourire cette douleur qui refusait de s'en aller.. L'oiseau se posait non loin et fixant l'elfe de ses yeux rouges, retenant un sifflement, Rivage avait toujours été un oiseau particulièrement jaloux.
Bonjour, je me porte à merveille et vous ? Le plaisir était partagé et comme d'habitude, elle était plutôt polie du haut de ses seize ans. Un plaisir partagé.
Sinestra avait bien du mal à imaginer que l'elfe qui avait l'air si jeune, avait en réalité l'âge d'être un de ses lointains ancêtres et cette pensée étirait son sourire, une des premières rencontres qu'elle avait fait ici, il était difficile de passer à côté de la beauté et la grâce elfique, un peuple qu'elle appréciait bien plus que le sien.
Ilyanth jeta un regard bienveillant à l’adolescente qui se trouvait face à lui, vêtue d’une robe immaculée qui contrastait avec ses cheveux aussi sombre qu’une nuit d’hiver. Cette dernière répondit à son salut en lui disant se porter à merveille et en demandant également de ses nouvelles.
- Je me porte comme un charme et je suis très heureux de savoir que tu vas bien également.
En effet, leur première rencontre ne s’était pas déroulée sous les meilleurs auspices et le baptistrel gardait en mémoire, le souvenir de cette frêle jeune fille boitillante et souffrant le martyr en raison de sa blessure mal soignée à la jambe.
Au cours de ces derniers mois, il avait souvent pensé à elle et s’était questionné sur le sort de cette mystérieuse humaine qui résidait à Estelin, la capitale Elfique. Rares étaient ceux qui décidaient de tout abandonner pour s’installer en terre étrangère, d’autant plus que les elfes ne faisaient pas toujours preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit envers les autres peuples d’Armanda.
Fort heureusement, le domaine Baptistral représentait un havre de paix multiculturel et accueillant envers les étrangers. Le jeune Cawr songea que c’était une bénédiction pour lui d’être né dans ce lieu paisible et serein, plutôt que dans une famille elfique traditionnelle où son tempérament sensible et haut-en couleur n’aurait probablement pas pu s’exprimer.
Il garda ses grands yeux pers rivés sur son interlocutrice, qui dans la douce lumière de l’aurore paraissait encore plus délicate qu’à l’accoutumée. Il émanait de celle-ci une grâce presque enfantine, qui transparaissait derrière un visage diaphane et impassible, comme si elle dissimulait sa sensibilité derrière un masque de glace.
Le jeune Elfe s’avança doucement vers elle, tenant toujours contre son sein le petit lapin qu’il venait de délivrer de sa prison épineuse. Grâce à son sortilège qui l’entourait d’une aura apaisante, il était parvenu à calmer l’animal effrayé qui se tenait sagement dans ses bras.
Neolenn ne manqua pas de remarquer l’oiseau apprivoisé qui accompagnait Sinestra et une lueur de gaieté amusée s’alluma dans ses prunelles scintillantes :
- Cet oiseau est très joli ! Comment s’appelle-t-il ?
Puis Ilyanth jeta un regard tendre au petit lapin et le montra à la jeune fille en le caressant délicatement pour ne pas l’effaroucher.
- Je viens de trouver ce lapin, il était captif d’un buisson de ronces. Il a l’air très jeune et j’ai peur qu’il ne survive pas sans l’aide de sa mère. Du moins de quelqu’un pour s’en occuper. Je suis très occupé au domaine avec les cours que je dispense et j’ignore si j’aurais le temps de m’en charger…
Le visage aux traits fins du chantefeu prit une expression pensive et empreinte de tristesse :
- Pourtant, je trouve que cela serait très regrettable de laisser périr une innocente créature, faute de soins. Cela serait merveilleux si quelqu’un pouvait s’en charger. Est-ce que tu connaîtrais par hasard des personnes intéressées par l’adoption d’un lapereau ?
Les couleurs chatoyantes de l’aube laissaient progressivement place à un firmament d’un bleu céruléen et les rayons du soleil printanier les couvaient de sa chaleur bienfaisante. Sous leur caresse, la chevelure obscure de la jeune artiste paraissait ruisseler d’une lumière ténébreuse.
Elle semblait en bonne santé, ce qui rassura en partie le Baptistrel ; toutefois, celui-ci ne manqua pas de s’inquiéter à propos de sa douleur à la jambe et ses traits arborèrent une expression soucieuse :
- Comment vas ta jambe ? Est-ce que tu as encore très mal ? demanda-t-il d’une voix douce et empathique.
A ses yeux, il était fort dommageable qu’une jeune fille aussi jeune soit forcée d’endurer de telles souffrances pour une blessure mal soignée qui la condamnait à une certaine infirmité. Sans compter que cette dernière avait dû effectuer un long trajet depuis la capitale Elfique afin de gagner le domaine Baptistral.
- Tu dois être fatiguée et ta jambe te fait sans doute souffrir. Est-ce que tu désires que j’utilise un de mes sorts pour te soulager, même si ce n’est que de manière temporaire ? Dit-il d’un ton bienveillant et empli de sollicitude.
Sinestra a écrit:
"Sinestra respectait l'elfe pour la simple et bonne raison que c'était son aîné ainsi qu'un partisan de la paix, un baptistrel et par-dessus tout cela, elle le considérait comme un de ses amis, et même mieux un membre de la petite famille qu'elle avait créé de toute pièce, faute d'en avoir une à elle. C'était histoire de dire qu'elle avait toujours quelque part où rentrer quand tout allait mal.. Et rien que cette pensée était particulièrement rassurante pour une toute jeune fille.
Alors tout va bien. Et elle le gratifiait du genre de sourire radieux dont elle avait le secret.
Sinestra n'abandonnait jamais, elle ne baissait pas les bras, c'est sans doute pourquoi elle était encore en vie en ce jour, c'était une battante cachée sous des traits enfantins, elle était prête à faire une route difficile, seule, rien que pour revoir son ami, malgré la douleur et les risques. Elle prenait sans doute des risques inutiles, elle était sans doute idéaliste et naïve ainsi qu'une grande pacifiste, c'était sans doute pour cela qu'elle appréciait tout particulièrement cet endroit.
Un sentiment de sécurité planait sur l'endroit, elle se sentait rassurée et apaisée bien plus qu'à la capitale elfique, tout ça était quelque chose de très reposant. Même sa jambe se sentait plus légère.
L'oiseau s'autorisait à siffler sur l'elfe tout en ébouriffant ses plumes, plantant ses yeux rouges sur le bipède, il était très jaloux comme oiseau et très exclusif et en l'occurrence, il avait déjà trouvé son bipède.
Elle ajoutait un plus grand sourire quand elle voyait son ami s'occuper d'un lapereau prisonnier d'une prison de ronce, elle trouvait le geste plus qu'admirable.
Il se nomme Rivage, je l'ai récupéré avec une aile cassée peu de temps après être arrivée ici, on a guéri ensemble en quelque sorte, depuis il ne veut plus retourner à la vie sauvage. Et elle sifflait l'oiseau jaloux qui venait se poser sur sa main. Puis elle levait le nez à la proposition de l'elfe. Je pourrais m'en occuper si tu veux, j'ai quelques connaissances. Trop souvent déçue par l'Homme, il n'y a rien d'étonnant qu'elle se tourne vers les animaux, elle récupérait d'ailleurs tous les animaux blessés qu'elle croisait.
Elle regardait ailleurs d'un air gêné, quand elle remarquait qu'il s'inquiétait pour elle, elle n'aimait pas vraiment ça, après tout, elle était quelqu'un sans valeur et sans importance. Elle cherchait un peu ses mots avant de lui répondre d'un ton calme et neutre.
Un peu, mais je commence à m'y habituer, il n'y a plus grand chose à faire. C'est gentil de t'inquiéter pour moi.
Sinestra semblait plutôt perturbée mais agréablement surprise de l'attitude si empathique du jeune homme. Il n'y avait plus grand chose à faire, tout avait été tenté et à présent, il n'y avait plus grand chose à faire. Et même si elle s'appuyait un peu fort sur son bâton de marche, elle refusait poliment la proposition de son ami.
Ne t'en fais pas autant pour moi, maintenant, il faut juste laisser faire la nature. Lui offrant un sourire rassurant.
A côté de l’elfe à la silhouette élancée, Sinestra ressemblait à un petit oiseau, tendre mélange de grâce et de fragilité. La candeur de la jeunesse se lisait sur son visage aux traits fins et, pourtant, l’humaine semblait avoir déjà été durement éprouvé par l’existence, comme en témoignait quelques lueurs de tristesse dans son regard velouté. Elle ressemblait à un bouton de rose meurtri par la vie, qui peut-être un jour s’épanouirait en une fleur à l’éclatante beauté.
Neolenn appréciait cette jeune fille, étrangement réservée, mais qui dissimulait des trésors de sensibilité derrière une carapace de glace. Une douce amitié les liait, bien qu’ils ne se soient pas revus depuis plusieurs mois et l’elfe ressentait une grande joie de la voir revenir au domaine après sa longue absence.
L’humaine le gratifia d’un magnifique sourire qui illumina son visage, comme la lumière lunaire éclaire les ténèbres d’une froide nuit d’hiver. Et Ilyanth lui rendit son sourire, heureux de la savoir bien portante.
Autour d’eux l’oisillon de l’adolescente se mit à siffloter, ébouriffant ses plumes et darda ses yeux rouges sur le Baptistrel. Ce dernier ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant une telle démonstration de possessivité et de jalousie.
Puis, il se tourna en direction de Sinestra et dit avec le regard pétillant de malice.
- J’ai comme l’impression que ton petit compagnon est jaloux. Est-ce qu’il ne serait pas un tantinet possessif avec sa jeune maîtresse ?
Lorsque la brune répondit que l’oiseau en question se nommait Rivage et qu’elle l’avait trouvé avec une aile cassée peu de temps après son arrivée. Les deux éclopés avaient pansé mutuellement leurs plaies et depuis lors ils étaient devenus inséparables.
Le chantefeu sentit un petit pincement au cœur en entendant cette émouvante histoire. Tout comme Sinestra, Rivage était une créature fragile, désormais attaché à un être qui lui avait prodigué des soins et de l’affection.
- Je trouve que Rivage est un très joli nom et qu’il lui va très bien. Mais dis-moi comment t’es venu l’idée d’un tel sobriquet, est-ce qu'il a une symbolique particulière ? Pour ma part, je le trouve très poétique et il me fait penser au rivage de l’océan.
Au moment où le maître barde l’interrogea sur sa blessure à la jambe et si elle désirait qu’il la soulage, l’humaine détourna le regard, visiblement mal à l’aise, craignant peut-être de peiner son ami. Le Cawr préféra ne pas insister et continua à se comporter avec sa chaleur et sa bienveillance habituelle afin de la dérider.
Ce dernier poursuivit de sa voix mélodieuse aux doux accents Elfiques :
- Merci pour ce lapin, je pense qu’il sera très heureux avec toi et je te fais confiance pour bien t’en occuper. Selon moi, il ne pouvait pas mieux tomber.
Neolenn caressa doucement le lapereau avant de le donner délicatement à la jeune fille :
- Il est très mignon tu ne trouves pas ? Comment penses-tu l’appeler ?
A présent, le soleil éclairait l’horizon et ses rayons dorés caressaient leurs visages. Le chantefeu adorait cette sensation de chaleur sur sa peau dorée et contempler la magnificence de la nature au printemps.
- Ce matin j’ai du temps à te consacrer, que dirais tu de nous promener ensemble dans la forêt pour bavarder. Si tu es fatiguée, nous nous arrêterons pour nous reposer et si tu le désires, nous pourrons aussi gagner le domaine. Qu’en penses-tu ? dit-il avec gentillesse en plongeant ses prunelles d’azur et d’émeraudes dans les yeux de la jeune artiste.
Sinestra a écrit:Sinestra s'était toujours sentie toute petite à côté des elfes, pour la simple et bonne raison qu'ils avaient tous l'habitude d'être démesurément grands, elle se sentait donc bien petite d'autant plus que la majorité la considérait comme une enfant et ça, elle n'aimait pas vraiment, elle savait se débrouiller toute seule.
Mais elle devait tout même avouer qu'elle appréciait qu'on se préoccupe d'elle contrairement à son ancienne vie où elle devait se débrouiller à peu près toute seule, mais sa troupe était à présent partie, la laissant derrière. Elle avait assez mal vécu cet énième abandon, même s'il avait été moins terrible que ce qu'elle avait cru.
La jeune humaine ne voyait pas l'elfe comme un simple ami, mais comme un membre à part entière de la petite famille que l'orpheline s'était créé au fil du temps, et ça lui faisait du bien, au moral surtout.
Elle lâchait un bref éclat de rire devant l'attitude de l'oiseau, il était mignon à ébouriffer ses plumes et à regarder de cette manière son ami. Il lui permettait
Il a toujours été comme ça, j'ai pourtant essayé de le convaincre de reprendre sa liberté, mais il semblerait qu'il préfère ma compagnie à celle de ses semblables. Visiblement aucun des deux ne pouvait véritablement reprendre son envol, ils étaient à présents captifs l'un de l'autre, mais hors de question pour elle de mettre son ami à plumes en cage, c'était une cruauté qu'elle jugeait inutile.
Il valait mieux la faiblesse qui conserve que la force qui détruit, d'après elle, elle vivait selon une ligne de conduite pacifiste, elle n'était pas quelqu'un de violent, elle n'avait aucun intérêt à mettre un oiseau en cage. Elle haussait les épaules à sa question.
C'est ce qui m'est venu naturellement à cause de ses plumes bleues, j'ai toujours eu une facilité à trouver des prénoms pour les animaux que je trouve.
Elle n'aimait pas vraiment que l'on s'inquiète pour elle, elle se sentait comme toujours comme une personne non-aimable et sans mérites, peu digne d'intérêt. Et surtout, elle attirait sans cesse des ennuis à ses amis, en bref, elle se dévalorisait sans cesse. Elle souriait un peu ne voulant pas tendre l'ambiance.
Je m'en occuperais bien, tu n'as aucune crainte à avoir quant à son petit nom.. Que dirais-tu de Thailyn, c'est mignon. Une simple anagramme pour cet ami qui lui était si cher, un hommage en quelque sorte.
Par les esprits, elle appréciait ce genre de moment qui n'appartenaient qu'à eux et avec le soleil qui les réchauffaient, c'était encore mieux, puis elle dansait un peu d'un pied sur l'autre quand il parlait d'avoir un peu de temps, minaudant à peine.
Je me suis encore sauvée. Elle ne savait pas s'empêcher de remuer tout le temps, et le pauvre elfe qui tâchait de la surveiller devait certainement la chercher dans toute la ville. C'était presque devenu un jeu à force.
Ilyanth continuait à fixer la jeune fille avec des yeux doux et bienveillant. Quels lourds secrets pouvait-elle bien dissimuler derrière ses traits angéliques et son regard d’acier glacé ?
Sinestra était tellement secrète qu’il était difficile de lire en elle et de deviner les pensées qui l’habitaient. Pourtant, le jeune Baptistrel, en raison de sa grande empathie et de son intuition éprouvait le sentiment de pouvoir percevoir le cœur sensible et tourmenté qui se dissimulait derrière cette carapace de glace.
L’artiste avait dû traverser de cruelles épreuves et si sa jambe blessée conservait les stigmates d’une ancienne plaie mal cicatrisée, quelles blessures invisibles pouvaient affecter cette jeune âme ?
Lors de leur première rencontre quelques mois auparavant, l’humaine n’avait presque rien évoqué de son passé ; néanmoins, Neolenn devinait que celui-ci devait se révéler très sombre et mélancolique.
Quand la jeune femme avait quitté le domaine et disparu dans la nuit, telle une ombre fugace, une fois sa jambe soignée ; l’elfe s’était demandé à quel moment celui-ci la reverrait. En son for intérieur, une part de son être lui disait qu’un jour Sinestra reviendrait et que ce lien d’amitié qui les unissaient ne se briserait pas si facilement.
Bien souvent, les gens se rencontrent, se quittent puis s’oublient, mais le chantefeu conservait l’intime conviction qu’avec cette frêle créature à la peau d’albâtre et aux yeux de glaciers, les choses seraient différentes. Un jour, leurs routes se recroiseraient à nouveau. Et ce jour était arrivé.
L’artiste éclata de rire devant l’attitude possessive de l’oiseau et répondit qu’il était ainsi depuis toujours et qu’elle n’avait jamais pu le convaincre de reprendre sa liberté ; désormais, l’animal aux plumes d’azur préférait sa compagnie à celles de ses semblables. Ilyanth esquissa un sourire et murmura :
- Je crois que cet oiseau t’aime énormément. On dit parfois que l’amour est la plus solide des chaines et que l’affection qui nous lie à un autre être peut nous retenir plus fort que la plus grande des prisons du monde. J’ai toujours été convaincu que les animaux étaient capables de ressentir ce sentiment aussi fort, sinon plus que créatures dotées de raison que sont les humains, les elfes et les vampires.
Puis le visage exquis de Neolenn arbora une expression pensive et ses prunelles d’émeraude azuré furent traversées par une expression rêveuse.
- C’est sans doute pour cette raison que je les aime tellement et cela depuis ma tendre enfance. J’ai aussi toujours apprécié le calme et la sérénité de la forêt, elle m’apaise, enchante mon âme et m’emplit d’un immense réconfort.
Au moment où le jeune Baptistrel demanda à Sinestra d’où venait ce choix de prénom ; cette dernière répondit que c’était en raison de son plumage bleuté, tout en ajoutant qu’elle avait toujours eu des facilités à trouver des prénoms pour les animaux qu’elle recueillait.
- En tout cas, je le trouve très joli, répondit l’elfe qui tenta de caresser doucement du doigt l’oisillon qui s’envola, hors de sa portée, pour se poser sur l’épaule de l’adolescente à la chevelure couleur d’ébène.
- Je crois qu’il préfère sa maîtresse, dit-il en riant d’un rire cristallin. Tant pis, je ne suis guère rancunier ni particulièrement susceptible.
Après cela, Sinestra dit qu’elle s’occuperait du lapereau et lui proposa de le nommer Thailyn.
- J’aime beaucoup ! Je trouve que ça lui va très bien, répondit le chantefeu avec spontanéité, mais dis-moi, est-ce que ça ne serait pas l’anagramme de mon prénom ?
Cela semblait être le cas et Neolenn se sentit profondément touché par la délicate attention de son amie. Celle-ci devait probablement beaucoup l’apprécié pour donner un prénom dérivé du sien à son petit protégé.
Ensuite Sinestra parut danser d’un pied sur l’autre quand l’elfe parla du temps qu’il pouvait lui consacrer. Le doux soleil printanier caressait ses cheveux de jais et les rendait encore plus brillants que d’ordinaire.
Le jeune Cawr s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule dans un geste affectueux avant de lui demander avec gentillesse et empathie :
- Pourquoi t’es-tu sauvée ? Tu n’es pas obligée d’en parler si cela te mets mal à l’aise, mais j’aimerais mieux te comprendre.
HRP: Désolée pour le retard ! j'ai été fort occupée ces derniers jours. J'espère que ma réponse te plaira.
Sinestra a écrit:Je pense aussi que les animaux sont capables de ressentir une palette d'émotions aussi grande que la nôtre, mais différemment. Nous les Hommes, on est la seule espèce à tuer autrement que par besoin.. Pour des choses parfois même bien peu importantes.. Futiles. Sinestra considérait toutes les espèces humaines et non-humaines sur un pied d'égalité, c'était en quelques sorte sa vision idéale du monde.
Humains, elfes, dragons, il n'y avait aucune différence pour elle, la seule différence qu'il y avait entre ces espèces et les animaux étaient le libre-arbitre, elle savait juste que les Hommes se battaient pour un oui ou un non, plutôt que de chercher une solution pacifiste, pour certains, c'était LA facilité. L'humaine avait une vision idéale et pacifiste du monde et c'était ce même idéal qui l'avait conduite il y a quelques mois ici.. Elle n'avait pas voulu se méfier.
Les animaux sont si faciles à aimer, et puis.. Ils ne trahissent pas. J'ai été souvent déçue par les Hommes, alors j'ai fini par me réfugier vers les animaux.. C'était bien plus facile pour moi.. Car en effet, elle ne se confiait que très peu finalement, elle préférait se muer d'ordinaire dans un silence presque angoissant. Certains y verraient une tentative de fuir la réalité de ce monde qui était bien pesante.
Après tout, elle n'était qu'une de ces trop nombreux orphelins de guerre, au fond, c'était juste une enfant qui avait été contraire de grandir même si elle n'avait pas la maturité pour, puisqu'elle devait bien vivre. Ce n'était qu'une gamine qui recherchait de l'attention comme elle pouvait et son discours ne faisait qu'accentuer ce fait.
Elle étirait son sourire quand elle écoutait son ami, au moins il ne se vexait pas de l'attitude de l'oiseau, qui se contentait de l'observer du haut de sa branche, prêt à siffler de nouveau son avertissement, bec entrouvert. Il ne laissait que la petite danseuse l'approcher, et les autres et bien.. Il les observait de haut. Jaloux comme il était ce n'était pas étonnant, mais par chance, il n'attaquait personne.
Hm.. Et là voilà qu'elle affichait le même air qu'ont les enfants quand ils sont surpris la main dans la boite à biscuit.
Quand il remarquait qu'il s'agissait d'un simple anagramme elle qui pensait avoir été discrète, elle regard ailleurs d'un air enfantin et gêné, rougissant peut-être même un peu. Elle ne pensait pas que l'elfe remarquerait aussi facilement, mais elle avait oublié qu'il avait vécu au moins une dizaine de fois son âge, alors il n'était pas si facile à berner.
Ils ne veulent pas trop que je me promène comme ce n'est encore pas bien guéri. Et puis la forêt peut s'avérer traitre. Ils se font du souci pour moi, mais je ne supporte plus d'être enfermée.
Elle glissait une petite pensée vers l'elfe qui était chargé de surveiller la jeune humaine, qui devait probablement courir dans toute la capitale pour espérer la retrouver, qui aurait pu croire qu'une fille blessée puisse faire autant de chemin juste pour revoir un ami ? Mais cela lui ressemblait bien, elle préférait le contact des personnes qui étaient chères à son cœur. Surtout au domaine, où malgré qu'elle soit une parfaite inconnue, elle avait reçu plus d'aide que dans toute sa vie..
HS : Pas de soucis. o/
Ilyanth écoutait avec attention les paroles de la jeune humaine dont le visage diaphane paraissait arborer une expression rêveuse. Malgré son jeune âge, cette dernière semblait faire preuve d’une mystérieuse sagesse et d’une grande sensibilité.
En effet, rares étaient ceux qui se préoccupaient des animaux ou de la Nature en général et, hélas, trop d’Hommes voyait en elle un trésor à exploiter ou à dominer. Les Elfes en raison de leur lien particulier avec la faune et la flore éprouvaient une quasi-vénération pour les forêts, qui leur rappelaient leur ancien Royaume. Neolenn demeura silencieux un bref instant, avant de prendre la parole de sa voix aussi mélodieuse que le chant du printemps.
- Je trouve que tes paroles sont d’une grande sagesse et je partage ton opinion. Je pense aussi que les animaux voire les plantes possèdent une intelligence différente mais néanmoins aussi valable et digne d’attention que celles des êtres pensants. En tant que Baptistrel, je peux percevoir les vibrations du monde et son immense beauté.
A mes yeux, la Nature ressemble à une magnifique symphonie et lié à l’élément du feu, je peux sentir en moi son intensité. Je préfère percevoir la création comme une œuvre magnifique, digne de notre respect et de notre admiration.
Les dernières paroles de Sinestra firent naître un peu de tristesse dans le cœur du chantefeu. Elles étaient malheureusement trop vraies. Tellement de guerres et de tueries naissaient pour des motifs futiles tels que la haine ou le goût du pouvoir. Que de déchirements et de sang versé à cause de ceux qui désiraient dominer autrui, alors qu’il lui paraissait si simple de suivre la voie de la paix et de l’harmonie.
Depuis sa plus tendre enfance, le jeune Elfe possédait une grande sensibilité qui le faisait s’émouvoir et compatir aux sorts des plus faibles, envers qui celui-ci se montrait très protecteur. Ayant toujours vécu dans l’écrin enchanteur du domaine Baptistral qui représentait un véritable havre de paix, il avait été glacé par la vision des horreurs qui régnaient dans le monde extérieur…
Toutefois, malgré ses tristesses et ses désillusions, la flamme de l’espoir continuait à embraser son âme et celui-ci était déterminé à faire triompher ses idéaux pacifiques.
Quand la jeune fille expliqua que les animaux étaient si faciles à aimer et qu’elle préférait leur compagnie à celle des humains ; Ilyanth songea que celle-ci ressemblait à une fleur meurtrie, durement éprouvée par l’existence qui recherchait de l’affection auprès d’êtres purs et incapables de trahison.
L’elfe caressa doucement le petit lapin, passant délicatement ses doigts dans son pelage soyeux. Ensuite, il murmura :
- Je trouve que les animaux sont capables d’amour inconditionnel et lorsqu’ils s’attachent à quelqu’un, leur attachement est sincère. Ce sont des qualités que j’apprécie beaucoup…
Le visage du chantefeu prit une expression méditative et il poursuivit d’une voix douce et calme.
- Parfois quand je suis triste, je me réfugie dans la forêt et j’ouvre mon cœur à sa beauté, à celle du vent, du ciel et du soleil. Et cela me permet de me sentir apaisé et rasséréné.
Puis ses lèvres s’étirèrent en un sourire rayonnant et il ajouta :
- J’ai aussi ma jument Lune d’argent avec qui je galope souvent. A mes yeux, elle n’est pas une simple monture, c’est aussi une amie et une confidente à qui je livre les secrets de mon âme. Est-ce que tu veux que je te la présente tout à l’heure ? Elle se trouve dans les écuries du domaine.
Au moment où Neolenn remarqua que le nom du lapin était une anagramme de son propre prénom ; Sinestra afficha l’expression désarçonnée d’un enfant surpris en train de commettre une bêtise et l’elfe s’en amusa intérieurement. Cette adolescente possédait une candeur toute attendrissante qui donnait envie de la protéger, telle un oisillon tombé de son nid et qu’on désirait prendre sous son aile.
Puis, cette dernière répondit qu’elle s’était sauvée, car elle ne supportait pas de mener une vie recluse. Toutefois ses gardiens ne désiraient pas que celle-ci s’aventure à l’extérieur avant qu’elle ne soit entièrement guérie ; sans compter que la forêt pouvait se montrer traître…
- Je vois, je pense comprendre ton sentiment, j’ai aussi beaucoup de mal à rester enfermé trop longtemps, répondit l’elfe avec douceur, se gardant bien de faire la moindre remarque désobligeante ou moralisatrice à l’humaine à ce sujet, bien qu’il ait une petite pensée émue pour son surveillant qui devait être dévoré par l’inquiétude.
Tout en marchant, ils approchèrent d’une cascade et d’une rivière dont les eaux mugissantes étaient recouvertes de reflets argentés. Son murmure cristallin était à la fois apaisant et stimulant. Le chantefeu s’approcha du bord de la rivière, retira ses sandales et marcha un peu dans les flots à la tiédeur agréable.
- L’eau est vraiment agréable, dit-il avec une expression de ravissement. Est-ce que tu as envie d’essayer ?
Disons cela et d’un geste malicieux, l’elfe envoya quelques gouttelettes en direction de Sinestra.
Sinestra a écrit:Sinestra avait gardé cette sensibilité propre à l'enfance, elle vouait un grand respect et une admiration tout aussi grande au monde qui l'entourait même si elle avait bien du mal à y trouver sa place, mais le calme et la sérénité du royaume elfique lui apportaient quelque chose de rassurant, quelque chose qu'elle n'avait pas trouvé dans les royaumes humains, même si elle n'était pas à l'abri de tous les dangers, elle s'y sentait bien mieux.
Elle vivait dans un idéal antispéciste, ou chaque être vivant serait l'égal de l'Homme, ou chaque créature serait traitée de manière égale à toutes les autres et idéalement dans un monde de paix, un monde idyllique en somme qui appartenait à une enfant bien optimiste qui était à des lieux de la réalité de ce monde. Mais au fond, elle préférait continuer à vivre à l'ombre de son rêve. Même si pendant les années de guerre, elle avait eu beaucoup de mal à nourrir son optimiste, ou du moins, il avait été nourri par les flammes et le sang.
La petite humaine aurait aimé que les guerres n'eurent pas lieu, que tout le monde puisse vivre en paix, mais faute de l'égoïsme naturel de l'homme et de celui du Voleur de Cœur. Un monde en paix était-il seulement possible ? Où n'était-ce qu'un mirage ?
Les animaux font parfois plus preuve de bonté que nous autres, c'est presque inquiétant, ils s'entraident alors que la majorité de nous autres ne lèverons même pas le petit doigt. On a beaucoup de choses à apprendre d'eux. Une légère note de tristesse semblait se trouver dans sa voix. J'aime bien m'occuper des animaux sans rien leur demander en retour.. Je suis responsable d'eux parfois, ils le rendent d'autre fois pas, un amour inconditionnel sans rien attendre en retour.
C'était juste sa manière de voir les choses et puis quand ses amis le souhaitaient, elle leur rendant leur liberté, parfois, ils saisissaient cette chance et parfois, ils restaient avec elle, s'apprivoisant mutuellement. S'occuper des autres était une manière qu'elle avait de se responsabiliser et de se sentir utile. À plumes, à poils ou à écailles qu'importe !
Par la suite, elle écoutait attentivement son interlocuteur de ses yeux aux éclats d'acier, son regard n'était plus vraiment froid, on pouvait même dire qu'il était plutôt doux, pour ainsi dire, elle se retrouvait un peu dans la personne de l'elfe.
Oui, je veux bien la voir ! Ainsi, elle lui accordait un sourire qui agissait comme un véritable rayon de soleil. Et puis avec toi, il ne peut rien m'arriver, non ?
Puis elle le suivait comme le poussin suit sa poule, non sans boitiller un peu, observant avec de grands yeux l'endroit où ils se trouvaient, le regard pétillant, s'approchant un peu de l'eau.
Mh, pourquoi pas. Puis elle grognait d'un air un faussement vexée quand il l'aspergeait, finissant par délaisser son bâton de marche pour venir glisser ses pieds nus dans l'eau. Ce n'est pas très gentil ça. Elle avait un petit sourire mutin pendant qu'elle observait son ami et ça, ça ne disait rien qui vaille.
Puis prestement et simplement en guise de sentence, elle l'aspergeait à grandes eaux d'un air boudeur qui en serait presque mignon.
Ilyanth était à la fois touché et amusé par la tendre innocence de Sinestra. Son instinct protecteur le poussait à couver de manière bienveillante la jeune fille, de la même manière qu’elle recueillait les animaux.
Neolenn avait toujours été un être doux et empathique, soucieux d’autrui et désireux d’apporter son aide et son affection. Son intuition lui permettait de sentir que l’adolescente était affamée de ces marques d’attention et qu’elle n’avait sans doute pas eu beaucoup de chance dans sa vie…
Sinestra n’avait jamais évoqué son passé et Ie Cawr ne lui posait pas de questions à ce sujet, malgré sa curiosité d’en savoir plus sur cette brune mystérieuse, aux yeux de glaciers millénaires. Bien sûr, il aurait pu utiliser son pouvoir de Baptistrel pour lire son chant-nom et découvrir les moindres secrets de son être et de son histoire, mais il estimait qu’il s’agissait d’une intrusion intolérable dans l’intimité de l’adolescente. S’il devait un jour user d’un tel procédé, alors cela serait avec son accord et dans l’unique but de mieux la comprendre et de se rapprocher d’elle.
Le chantefeu désirait approfondir leur relation amicale, mais celui-ci sentait qu’il devait apprivoiser la jeune fille et s’adapter à sa sensibilité à fleur de peau.
Quand cette dernière énonça son opinion concernant les animaux et leur capacité à faire preuve d’une « humanité », d’une empathie qui manquaient aux Hommes ainsi qu’à créer des liens indestructibles.
L’elfe la regarda en souriant et murmura de sa voix pure aux accents Elfiques :
- Tu sembles assez atypique pour une humaine. Je pense que tes idées ne sont pas celles de la majorité de tes semblables. Est-ce la raison pour laquelle tu apprécies de venir au Domaine ?
En effet, le domaine Baptistrel constituait un lieu unique où nulle pensée de haine n’était admise et où chacun se devait de cultiver un esprit de paix et d’harmonie. Elevé dans cet écrin doré, Neolenn avait eu bien des difficultés à s’adapter à la cruauté du monde extérieur, malgré l’intense curiosité qu’il éprouvait pour les autres peuples du continent Armandéen.
Tandis qu’ils poursuivaient leur conversation, le chantefeu remarqua que l’éclat adamantin des prunelles de Sinestra laissa progressivement place à une douceur emplie de chaleur. Comme si derrière la carapace de glace se dissimulait un brasier de sensibilité et de gentillesse prêt à se dévoiler à quiconque savait gagner sa confiance et son amitié.
Au moment où ce dernier évoqua une visite à sa jument Elfique, Lune d’Argent, le visage de la jouvencelle s’illumina de bonheur et elle le gratifia d’un sourire aussi radieux que le plus somptueux des soleils d’été.
- Je suis content de voir que cela te plait. Ne t’inquiète pas, je serais avec toi et Lune d’Argent est une jument très douce et très docile. Je connais un raccourci qui mène aux écuries du domaine et je trouve que le chemin qui y mène est très agréable.
Désireux de lui changer les idées et de profiter gaiement de la fraicheur de cette splendide journée de printemps ; le jeune elfe la mena jusqu’au point d'une rivière qui formait une magnifique cascade. Puis se sentant d’humeur joueuse, le chantefeu lui lança quelques gouttelettes. Amusée, celle-ci afficha un sourire mutin et lui rendit la pareille en l’aspergeant d’eau à son tour.
Neolenn éclata de rire et se prêta au jeu, à tel point qu’au bout de quelques instants, les deux compères se retrouvèrent entièrement trempés. Fort heureusement pour eux, le soleil printanier luisait fort dans le ciel et l’atmosphère était particulièrement chaude, de telle sorte qu’ils ne risquaient pas de s’enrhumer.
- Par le Dracos, dit-il en s’étendant sur l’herbe fraîche, laissant les rayons solaire sécher ses vêtements. Il y a bien longtemps que je n’avais pas ris autant et durant quelques instants j’ai eu le sentiment d’être retombé en enfance.
Le Rhapsodien respira une bouffée d’air limpide et leva les yeux vers le firmament céruléen où se promenaient des nuages immaculés, d’un blanc aussi pur que le sommet d’un glacier.
Ce dernier les contempla d’un air rêveur, en songeant que leurs formes évanescentes et éthérées lui évoquaient des châteaux de brumes.
- Quand j’étais enfant, il m’arrivait souvent de jouer dans les bois et de contempler les nuages en imaginant des animaux, des bâtiments ou des personnages imaginaires dans leurs formes moutonnantes.
Ilyanth désigna l’un des nuages et dit d’un ton amusé :
- Celui-là, là-bas me fait penser au visage d’un vieil homme barbu. Et toi que vois-tu à travers les nuages ?
Sinestra a écrit:Il était vrai que Sinestra se livrait bien peu, elle ne pleurait pas sur son sort, elle préférait aller de l'avant plutôt que de se morfondre sur son sort, c'était une grande rêveuse et une idéaliste. Enfant, elle avait failli tomber d'une fenêtre en pensant qu'elle allait s'envoler, par chance un servant était arrivé au bon moment. Si elle en serrait morte, elle aurait regretté de ne pas avoir rencontré le cœur d'ambre.
Quand il parlait du domaine, elle réfléchissait un peu, elle se rappelait des tentatives de soin infructueuses et douloureuses, puis vint des moments comme celui-ci où elle profitait d'un moment avec des amis, et cela surpassait la douleur.
- J'apprécie le domaine, parce que.. C'est le seul endroit où je me sens en sécurité, mes souvenirs d'ici ne sont pas tous aussi plaisants, mais je me sens rassurée. C'est un véritable havre de paix que j'aimerais ne jamais quitter. La jeune humaine restait pensive, un petit moment, elle choisissait ses mots avec une attention toute particulière. C'est le seul endroit où personne ne m'a blesser, aux personnes ne m'a regarder de haut. Quand j'étais petite, j'ai toujours vécu dans l'ombre de ma mère, j'ai voulu la forcer à m'aimer égoïstement, mais elle ne me regardait même pas.. Ainsi, elle en profitait pour se livrer un peu, ouvrir ainsi son cœur lui faisait du bien, elle n'était pas pleinement remise. Elle me disait que j'étais bien trop sensible pour être une véritable noble, qu'il fallait que je m'endurcisse.. Mon nom était bien dur à porter pour une toute petite fille, je n'étais pas faîtes pour ça, je ne voulais pas d'une vie de froideur sans émotions.. Mais elle ajoutait quelque chose qui aurait pu paraître horrible pour quelqu'un qui n'avait pas son vécu. C'est triste à dire, mais quand elle s'est fait tuer, je me suis sentie libérée, en fait, je ne m'étais pas senti aussi bien. J'ai regardé cette scène, je n'ai pas pleuré, je n'ai pas hurlé, je me sentais juste bien et pourtant, j'étais orpheline.. Puis il y a eut le contre coup, violent.
Cependant, elle n'était qu'une enfant, elle n'avait qu'à moitié conscience de ce qu'elle disait, et elle était loin d'avoir la maturité de la plupart des enfants de son âge, au fond tout ce qu'elle avait recherché pendant toute son enfance, ce n'était qu'un peu d'affections, et malheureusement, il fallut que sa mère périsse pour qu'elle en trouve.. Ailleurs. La guerre avait fait des ravages, aussi bien physiques que dans le cœur des gens. Et pourtant, elle croyait encore au monde de ses rêves, un monde de paix ou tout le monde se tolère, un monde sans armes et sans larmes. Un monde où personne n'avait à être blessé, où la seule mort possible serait de mourir dans son lit, entouré des siens.
Ce n'était qu'une enfant qui posait ses interrogations à un adulte, sa vision du bien et du mal était aussi immature qu'elle, était-ce mal de ne pas avoir pleuré ? Étaie-ce bien d'avoir refusé une vie qui ne lui convenait pas ? Les doutes l'assaillaient, mais elle laissait le temps à son sage ami de répondre à ses interrogations muettes.
- Ne t'en fais pas, j'ai confiance. Je m'occupe parfois d'une petit destrier elfique, on s'entend plutôt bien et puis il est trop petit pour qu'un elfe soit à l'aise dessus alors l'éleveur me l'a confier. C'était vrai que même pour une humaine, elle était bien petite
La bataille d'eau s'achevait par les deux compères complètement trempés, par chance, il faisait suffisamment bon pour ne pas qu'ils grelottent de froid. Elle venait tranquillement le rejoindre dans l'air, riant. L'avantage de la danseuse était qu'elle ne restait mélancolique jamais bien longtemps, elle se questionnait et quand elle obtenait les réponses qu'elle cherchait, elle passait à autre chose. Elle l'écoutait une nouvelle fois.
- Je n'ai pas envie de quitter l'enfance, grandir, c'est avoir des responsabilités, plus le temps de s'amuser.. Il faut rester un peu enfant, je pense, sinon on est malheureux.
Quand il lui posa la question sur les nuages, elle levait timidement les yeux vers le ciel, quand il lui posait la question. C'était un jeu très subjectif, mais elle semblait s'en amuser.
- Là-bas, je vois un dragon qui déploie ses ailes. A présent, elle affichait un sourire radieux et comblé.
Le visage opalescent de Sinestra arborait une expression méditative et ses prunelles glacées s’emplirent d’une lueur rêveuse lorsqu’elle évoqua le domaine Baptistral. A ses yeux, ce lieu représentait un havre de paix, un écrin de sérénité, dans lequel elle se sentait apaisée et qu’elle désirait ne jamais quitter.
La jeune fille demeura silencieuse un instant, paraissant réfléchir à ses prochaines paroles, avant d’ajouter qu’il s’agissait du seul endroit où nul ne l’avait blessée ou mépriser. Puis vint le moment pour elle de lever le voile sur certaines zones d’ombres de son passé, celles qui ternissaient la douceur de son regard bleuté.
L’adolescente à la chevelure de nuit évoqua la froideur et la sévérité de sa défunte mère. Cette dernière avait toujours rejeté sa propre progéniture et ne lui témoignait aucun intérêt ou affection.
Ilyanth frémit en entendant un tel récit. Ainsi cette frêle humaine, aux traits encore enfantins n’avaient connu jusqu’à présent afin de grandir et de se construire que l’austérité d’une mère au cœur de pierre et la dureté d’un foyer glacé.
La brune poursuivit du même ton impassible que sa mère la jugeait indigne d’être une véritable noble et désirait l’endurcir. Pour parvenir à ses fins, elle alla même jusqu’à doter sa fille d’un nom horrible, synonyme de mélancolie et d’obscurité. Lors de la mort de cette dernière, la jouvencelle assista à toute la scène, ne ressentant aucune peine ni tristesse, juste le soulagement de la délivrance, suivi d’un choc violent…
Neolenn l’écoutait avec sa chaleureuse bienveillance, malgré le chagrin que faisait naître en lui chacun de ses mots. Même quand elle prononça ces paroles terribles concernant la perte de sa mère, l’elfe ne la jugea à aucun moment, comprenant à quel point celle-ci avait dû souffrir de l’attitude de sa génitrice, envers qui elle éprouvait, peut-être, des sentiments très ambivalents.
Le chantefeu avait également comprit à quel point Sinestra était fragile et sensible, en cela si semblable à ses créatures abandonnées, elles-aussi orphelines de foyer et affamées d’amour.
Le jeune Cawr se redressa et se tourna en direction de l’adolescente avant de dire d’une voix emplie de compassion :
- Sinestra, je crois comprendre ce que tu ressens et je trouve ton histoire très triste…Pour être honnête, je soupçonnais que tu avais traversé des épreuves déjà bien difficiles pour quelqu’un d’aussi jeune, comme si la vie ne t’avais pas épargné….J’espère sincèrement que tu pourras trouver le bonheur ainsi que la joie de vivre, malgré les traumatismes du passé. Je suis heureux de t’avoir rencontré et sache que je serais toujours là pour toi et que je t’accueillerai avec le plus grand plaisir dans ce lieu béni. Je ferai également tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre le sourire.
Ensuite l’elfe contempla le firmament céruléen, avec une expression de mélancolie rêveuse sur le visage.
- Pour moi aussi, le domaine représente un havre de paix, un endroit merveilleux où règne le calme et la félicité, loin des horreurs de la guerre…Durant toute mon enfance, je n’ai baigné que dans cette douceur et mes parents, surtout ma mère, me surprotégeait en raison de ma très grande sensibilité. Pendant longtemps, j’ai eu l’impression de vivre dans une sorte de rêve jusqu’à ce que l’existence fasse éclater cette bulle d’insouciance. Ayant connu la destruction du premier domaine et vu de mes propres yeux certaines dures réalités du monde extérieur, j’ai eu le sentiment de perdre un peu de mes illusions….
Soudain une lueur d’optimisme se ralluma dans ses grands yeux pers et il dit d’un ton plus apaisé :
- Pourtant, malgré le traumatisme que m’a causé le fait d’avoir assisté à toutes les horreurs de la bataille de Sandur, je suis déterminé à me battre tant qu’il me restera une parcelle d’énergie, tant qu’une braise brûlera sous la cendre. Plus que tout au monde, je désire contribuer à la création d’un monde meilleur où chacun vivrait en paix.
Le chantefeu avait conscience qu’aux yeux de certains un tel idéal ne pouvait se révélait qu’utopique. Pourtant, suivre ce rêve et cette voie contribuait à donner un sens à son existence et il désirait garder vivace la flamme de la passion qui l’animait.
Son attention se reporta sur la jeune fille, qui de par sa grâce lui évoquait une biche ou un chaton égaré en quête d’attentions. Un doux sourire se dessina sur les lèvres du Baptistrel quand cette dernière expliqua s’occuper parfois d’un petit destrier elfique. Sans doute s’agissait-il d’une monture tout à fait appropriée pour cette humaine, dont la silhouette délicate ne pouvait rivaliser avec la haute stature de la plupart des membres du beau peuple.
Ensuite, tandis que leurs deux corps étaient baignés de la lumière du soleil printanier ; Sinestra confia à son ami qu’elle craignait de quitter le monde de l’enfance et d’endosser les responsabilités de l’âge adulte. Selon elle, la perte de l’insouciance juvénile conduisait aux malheurs…
Le Rhapsodien l’écouta avec attention et répondit de sa voix cristalline :
- Je pense que même si nous ne pouvons arrêter le passage du temps, nous sommes capables, si nous le désirons, de conserver au fond de notre cœur une part de la douceur et de la candeur de l’enfance. Même adultes, nous pouvons nous amuser et garder notre regard émerveillé sur l’existence. D’ailleurs n’est-ce pas un peu ce que nous faisons maintenant ? ajouta-t-il avec espièglerie.
A la question de l’elfe du soleil concernant ce qu’elle voyait dans les nuages, Sinestra répondit que ceux-ci lui rappelaient un dragon ailé.
Le visage de l’adolescente s’illumina d’un grand sourire et Neolenn lui en rendit un en retour.
- Je trouve que c’est une vision très poétique et j’ai toujours aimé les dragons. A mes yeux, ce sont des créatures majestueuses et j’aimerais pouvoir tout comme elles voler librement dans les cieux, tel un prince des nuées.
En disant cela, les prunelles de saphirs et de jade d’Ilyanth s’éclairèrent d’une joie enfantine. Soudain, une idée germa dans son esprit et il se tourna vers l’artiste.
- Je viens de penser à quelque chose, puisque tu disais que ton prénom était bien dur à porter pour une enfant, que dirais tu si je te trouvais un beau surnom en langage commun ou en Elfique ?
Sinestra a écrit:- Puis j'ai longtemps erré sur les routes, avec une petite troupe d'artistes, c'est à ce moment-là que je me suis sentie vraiment vivante, ne plus avoir d'attaches, nous n'avions qu'à vouloir aller quelque part pour nous y rendre. C'était la belle vie, je me sentais enfin utile, même si j'étais petite et pas spécialement forte, j'ai aimé me rendre utile, alors si je peux aider en apportant un peu de bonheur aux autres, voir des regards s'éclairer quand je chante ou que je danse.
La frêle jeune fille avait une étincelle de franchise qui éclairait son regard, se sentir utile aux autres étaient quelque chose de formidable, elle y œuvrait à toute heure, distribuant un peu de bonheur au gré de ses pérégrinations. Le genre de vie qu'elle préférait vivre plutôt que d'être étouffée dans un carcan de froideur.
- J'ai eu beaucoup de chance, de tomber sur des personnes aussi formidables que toi, au bon moment. Et elle lui offrit un de ses sourires radieux dont elle avait le secret. Je garde espoir puisque je sais que sans nous sommes morts, l'espoir, c'est ce qui m'a empêché de me tuer quand je me suis retrouvée toute seule, c'est ce qui m'a permis d'appeler à l'aide quand on a voulu me tuer. Je pense que c'est pareil pour tout le monde, nous sommes tous Humains après tout.
Sinestra avait cette capacité qu'on bien peu d'enfants de son âge, exprimer son avis sans l'imposer, au final juste dire les choses telles qu'elle les ressentait. Pour au final ne dire rien de plus que son avis, laissant à l'autre de corriger au non son avis. Au moins, elle avait conscience d'être jeune et de savoir finalement bien peu de choses sur la vie, sans doute étaient-ce grâce à ça qu'elle avait réussi à s'intégrer.
- Je crois que j'ai réussi à tenir aussi parce que pour moi il y a encore des choses à sauver dans ce monde, je ne crois pas en l'existence de gens mauvais par nature, juste des personnes immigrées, égarées, qui ont eut des malheurs. Je ne pense pas qu'on puisse naître mauvais, juste que parfois, on peut faire des mauvais choix.. N'importe qui. Ainsi, elle ne parvenait même pas à détester les hommes qui l'avaient blessé, ni même celui qui avait tué sa mère. Je suis prête à mourir si ma mort peut servir à quelque chose, je m'y suis résignée.
Même si elle gardait une innocence tout enfantine, elle avait une manière de penser plutôt mature, et la résignation qu'elle affichait en était presque inquiétante après tout, elle n'avait même pas cherché à se défendre les fois où l'on l'avait attaquée, préféré ainsi la vie des autres à la sienne au point d'en oublier l'instinct de servie pouvait être déroutant.
Depuis longtemps, elle n'avait plus été véritablement triste, c'était même tout le contraire, elle avait ainsi pu guérir dans le calme et la bienveillance, même si sa bienfaitrice étant partie, de même que la troupe avec laquelle elle errait après la mort de sa mère.
- Je suis aussi contente de t'avoir rencontré, tu es un véritable rayon de soleil, un souffle d'air frais. Les elfes d'ordinaire sont si sérieux ! Il n'y avait d'étonnant à ce que cela la perturbe puisque après tout, elle n'était qu'une enfant, et elle appréciait de s'amuser. Et j'aime aussi ton rêve, je veux y croire, je t'aiderais à bâtir le monde que tu désires.
Un monde peut-être utopique, mais elle désirait tant y croire, elle était persuadée qu'un jour, il existerait, un monde parfait où personne n'aura à être blessé, ou personne ne souffrira, un monde où finalement la seule fin possible serait de s'éteindre de vieillesse entourée de l'amour des siens, rien de moins. Elle l'écoutait avec une lueur pleine de rêves quand il parlait d'être un dragon, ce serait merveilleux !
- J'aimerais, dans la langue qui te semblera la plus convenable. Elle n'avait de sombre que sa chevelure, le reste n'était qu'éclatante candeur.