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description"Te revoir dans la douceur de l'aube" (PV Sinestra) Empty"Te revoir dans la douceur de l'aube" (PV Sinestra)

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15 Avril de l’an 7 de l’ère d’obsidienne

Ce jour-là, Ilyanth se réveilla dès que les pâles lueurs de l’aube teintèrent délicatement l’horizon. Le Baptistrel fit sa toilette et s’habilla à la hâte, revêtant une tenue sobre et confortable, une tunique jaune safran, afin de se sentir plus à l’aise dans ses mouvements.

Dehors, l’atmosphère printanière était particulièrement agréable, et Neolenn savoura la douce tiédeur qui régnait dans les cimes Elfiques lors de cette saison.
A cette heure matinale, le domaine baptistral était encore nimbé des brumes de la nuit et seuls résonnaient le pépiement des oiseaux et le chant du vent dans les feuillages des arbres.

Neolenn appréciait particulièrement la quiétude et la pure félicité qui régnaient sur les lieux durant ces brefs instants situés entre la fin de la nuit et le lever du jour. Habitué à se lever aux aurores, le Cawr en profitait pour flâner dans les jardins du domaine, rêvassant et admirant la splendeur bigarrée des parterres de fleurs qui s’offraient à sa vue. Rien ne lui procurait davantage de bonheur que de se repaître de la magnificence de la nature et de goûter à la sérénité contemplative que lui procuraient ses rêveries méditatives dans la forêt.

La journée s’annonçait superbe et le firmament d’un bleu presque transparent ne comportait pas l’ombre d’un nuage.

De son pas souple et alerte, le jeune Elfe se dirigea vers l’entrée du domaine, désireux de faire quelques pas dans les bois avant de vaquer à ses activités habituelles.
L’atmosphère embaumait d’effluves fleuris et l’odeur vivifiante de l’humus et de la végétation. Ilyanth respira profondément, emplissant ses poumons de l’air pur de la montagne et souriant de contentement en sentant l’exquise caresse des rayons du soleil sur sa peau dorée.

Alors qu’il venait de franchir l’entrée du domaine et s’apprêtait à s’enfoncer dans les forêts environnantes, le chantefeu aperçut un petit lapin, captif d’un buisson de ronces. L’animal tentait de se dégager de sa prison d’épines, mais ses tentatives demeuraient vaines et ne faisaient que l’entraver davantage.
Le jeune elfe s’avança doucement vers lui, prenant garde de ne pas faire de mouvement brusque afin de pas effrayer le rongeur. Malgré tout, à son approche, le lapin se mit à se débattre avec débattre vigoureusement, risquant de s’entailler avec ses chaines épineuses.

Le Cawr décida d’utiliser un sortilège de magie humaine pour créer une aura apaisante et pouvoir le libérer sans crainte de le blesser.
Une fois cette tâche accomplie, le baptistrel prit l’animal dans ses bras et le caressa délicatement. Ce lapin était encore très jeune et avait probablement perdu sa mère.

- « comme tu es mignon », dit l’elfe à haute voix en le pressant avec douceur contre son cœur.

Soudain, Neolenn perçut une présence, non loin de lui, et un sourire radieux illumina son visage aux traits délicats. Avant même de l’apercevoir, ce dernier avait reconnu l’humaine en question à sa démarche boitillante et à son chant-nom. Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis leur première rencontre, mais il n’avait jamais oublié cette gracile jeune fille, à la peau de marbre, aux cheveux couleur d’ébène et au regard d’acier glacé.

Avec un mouvement gracieux, le chantefeu se tourna dans sa direction et dit de sa voix douce et harmonieuse :

- Bonjour Sinestra, Cela me fait très plaisir de te revoir. Comment vas-tu depuis notre dernière rencontre ?
Citation :
[Défensif] Aura rassurante
Permet d'émettre une aura rassurante invisible mais aux effets bien réels. Très efficace sur les animaux, efficace sur les bipèdes (et dragons) uniquement si leur force mentale est inférieure à celle du lanceur.

Geste clé : écarter légèrement les mains l'une de l'autre, ce geste clé peut se faire de manière très discrète

Sinestra a écrit:
L'aube était enfin là, le domaine rayonnait de quelque chose de presque magique, du bleu, du violet et du rose, un mélange de couleurs qui lui faisait ressentir quelque chose qui ressemblait à du rêve, ce visuel chassait un peu la douleur de son corps, une foule de sensations qui l'apaisaient. C'était typiquement le genre de chose qu'elle appréciait de voir, surtout qu'elle était ici depuis tellement peu de temps, elle avait tant de choses à voir, mais pas depuis la fenêtre de sa chambre..

La jeune humaine avait pris l'habitude d'échapper à la surveillance de ceux chargés de la surveiller pour qu'elle ne fasse pas trop de folie, elle était imprudente, immature et désobéissante, mais ce n'était qu'une enfant, comment pouvait-on lui reprocher ?

Alors bien avant l'aube, au cœur de la nuit, elle décida de se rendre dans le plus grand des secrets au domaine, un endroit qu'elle appréciait tout particulièrement malgré les souvenirs plutôt douloureux et désagréables qui y étaient rattachés, mais elle avait rencontré des gens formidables et à l'écoute qui avait accepté de l'aider sans aucune contrepartie, et ce, sans même la connaître.

Elle notait cette différence comparée à la capitale où elle serait toujours une étrangère, voilà en partie pourquoi le domaine avait quelque chose de spécial à son cœur. Ici, tout le monde était à sa place, elle appréciait beaucoup leur mode de vie, leur manière de fonctionner, même si certains concepts étaient bien obscurs pour elle.

Le chemin n'avait pas été facile, la douleur était toujours présente et elle avait du mal à marcher, mais elle n'abandonnait jamais et ne tenait pas en place, alors seule avec un simple bâton de marche et l'oiseau bleu et noir à ses côtés, elle faisait son chemin, ici, elle se sentait en sécurité plus que n'importe où.

Les bois avaient une odeur qu'elle trouvait agréable, une odeur humide, d'herbes et de plantes, s'accordant un petit soupir détendu, elle aimait vraiment cet endroit, Rivage se posait sur une branche et entonnait l'hymne d'avril, certes ce n'était pas un rossignol, mais c'était agréable.

Et elle fut à peine surprise de voir l'elfe que l'avait repérer avant même qu'elle ne s'aperçoive de sa présence, elle lui accordait un sourire franc et radieux, tout en s'appuyant sur son bâton de marche, elle portait sa simple robe blanche, habituelle ainsi que ses multiples bracelets et elle avait toujours ce maudit bandage à sa patte gauche.

Les soins ordinaires n'avaient pas pu faire quoi que ce soit pour elle, pas plus que la magie, mais elle semblait supporter plutôt facilement cette nouvelle épreuve en dépit de tout ce qu'elle avait vécu jusque-là, subissant avec le sourire cette douleur qui refusait de s'en aller.. L'oiseau se posait non loin et fixant l'elfe de ses yeux rouges, retenant un sifflement, Rivage avait toujours été un oiseau particulièrement jaloux.

Bonjour, je me porte à merveille et vous ? Le plaisir était partagé et comme d'habitude, elle était plutôt polie du haut de ses seize ans. Un plaisir partagé.

Sinestra avait bien du mal à imaginer que l'elfe qui avait l'air si jeune, avait en réalité l'âge d'être un de ses lointains ancêtres et cette pensée étirait son sourire, une des premières rencontres qu'elle avait fait ici, il était difficile de passer à côté de la beauté et la grâce elfique, un peuple qu'elle appréciait bien plus que le sien.


Ilyanth jeta un regard bienveillant à l’adolescente qui se trouvait face à lui, vêtue d’une robe immaculée qui contrastait avec ses cheveux aussi sombre qu’une nuit d’hiver. Cette dernière répondit à son salut en lui disant se porter à merveille et en demandant également de ses nouvelles.

- Je me porte comme un charme et je suis très heureux de savoir que tu vas bien également.

En effet, leur première rencontre ne s’était pas déroulée sous les meilleurs auspices et le baptistrel gardait en mémoire, le souvenir de cette frêle jeune fille boitillante et souffrant le martyr en raison de sa blessure mal soignée à la jambe.

Au cours de ces derniers mois, il avait souvent pensé à elle et s’était questionné sur le sort de cette mystérieuse humaine qui résidait à Estelin, la capitale Elfique. Rares étaient ceux qui décidaient de tout abandonner pour s’installer en terre étrangère, d’autant plus que les elfes ne faisaient pas toujours preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit envers les autres peuples d’Armanda.

Fort heureusement, le domaine Baptistral représentait un havre de paix multiculturel et accueillant envers les étrangers. Le jeune Cawr songea que c’était une bénédiction pour lui d’être né dans ce lieu paisible et serein, plutôt que dans une famille elfique traditionnelle où son tempérament sensible et haut-en couleur n’aurait probablement pas pu s’exprimer.

Il garda ses grands yeux pers rivés sur son interlocutrice, qui dans la douce lumière de l’aurore paraissait encore plus délicate qu’à l’accoutumée. Il émanait de celle-ci une grâce presque enfantine, qui transparaissait derrière un visage diaphane et impassible, comme si elle dissimulait sa sensibilité derrière un masque de glace.

Le jeune Elfe s’avança doucement vers elle, tenant toujours contre son sein le petit lapin qu’il venait de délivrer de sa prison épineuse. Grâce à son sortilège qui l’entourait d’une aura apaisante, il était parvenu à calmer l’animal effrayé qui se tenait sagement dans ses bras.

Neolenn ne manqua pas de remarquer l’oiseau apprivoisé qui accompagnait Sinestra et une lueur de gaieté amusée s’alluma dans ses prunelles scintillantes :

- Cet oiseau est très joli ! Comment s’appelle-t-il ?

Puis Ilyanth jeta un regard tendre au petit lapin et le montra à la jeune fille en le caressant délicatement pour ne pas l’effaroucher.

- Je viens de trouver ce lapin, il était captif d’un buisson de ronces. Il a l’air très jeune et j’ai peur qu’il ne survive pas sans l’aide de sa mère. Du moins de quelqu’un pour s’en occuper. Je suis très occupé au domaine avec les cours que je dispense et j’ignore si j’aurais le temps de m’en charger…

Le visage aux traits fins du chantefeu prit une expression pensive et empreinte de tristesse :

- Pourtant, je trouve que cela serait très regrettable de laisser périr une innocente créature, faute de soins. Cela serait merveilleux si quelqu’un pouvait s’en charger. Est-ce que tu connaîtrais par hasard des personnes intéressées par l’adoption d’un lapereau ?
Les couleurs chatoyantes de l’aube laissaient progressivement place à un firmament d’un bleu céruléen et les rayons du soleil printanier les couvaient de sa chaleur bienfaisante. Sous leur caresse, la chevelure obscure de la jeune artiste paraissait ruisseler d’une lumière ténébreuse.

Elle semblait en bonne santé, ce qui rassura en partie le Baptistrel ; toutefois, celui-ci ne manqua pas de s’inquiéter à propos de sa douleur à la jambe et ses traits arborèrent une expression soucieuse :


- Comment vas ta jambe ? Est-ce que tu as encore très mal ? demanda-t-il d’une voix douce et empathique.

A ses yeux, il était fort dommageable qu’une jeune fille aussi jeune soit forcée d’endurer de telles souffrances pour une blessure mal soignée qui la condamnait à une certaine infirmité. Sans compter que cette dernière avait dû effectuer un long trajet depuis la capitale Elfique afin de gagner le domaine Baptistral.

- Tu dois être fatiguée et ta jambe te fait sans doute souffrir. Est-ce que tu désires que j’utilise un de mes sorts pour te soulager, même si ce n’est que de manière temporaire ? Dit-il d’un ton bienveillant et empli de sollicitude.

Sinestra a écrit:

"Sinestra respectait l'elfe pour la simple et bonne raison que c'était son aîné ainsi qu'un partisan de la paix, un baptistrel et par-dessus tout cela, elle le considérait comme un de ses amis, et même mieux un membre de la petite famille qu'elle avait créé de toute pièce, faute d'en avoir une à elle. C'était histoire de dire qu'elle avait toujours quelque part où rentrer quand tout allait mal.. Et rien que cette pensée était particulièrement rassurante pour une toute jeune fille.

Alors tout va bien. Et elle le gratifiait du genre de sourire radieux dont elle avait le secret.

Sinestra n'abandonnait jamais, elle ne baissait pas les bras, c'est sans doute pourquoi elle était encore en vie en ce jour, c'était une battante cachée sous des traits enfantins, elle était prête à faire une route difficile, seule, rien que pour revoir son ami, malgré la douleur et les risques. Elle prenait sans doute des risques inutiles, elle était sans doute idéaliste et naïve ainsi qu'une grande pacifiste, c'était sans doute pour cela qu'elle appréciait tout particulièrement cet endroit.

Un sentiment de sécurité planait sur l'endroit, elle se sentait rassurée et apaisée bien plus qu'à la capitale elfique, tout ça était quelque chose de très reposant. Même sa jambe se sentait plus légère.

L'oiseau s'autorisait à siffler sur l'elfe tout en ébouriffant ses plumes, plantant ses yeux rouges sur le bipède, il était très jaloux comme oiseau et très exclusif et en l'occurrence, il avait déjà trouvé son bipède.

Elle ajoutait un plus grand sourire quand elle voyait son ami s'occuper d'un lapereau prisonnier d'une prison de ronce, elle trouvait le geste plus qu'admirable.

Il se nomme Rivage, je l'ai récupéré avec une aile cassée peu de temps après être arrivée ici, on a guéri ensemble en quelque sorte, depuis il ne veut plus retourner à la vie sauvage. Et elle sifflait l'oiseau jaloux qui venait se poser sur sa main. Puis elle levait le nez à la proposition de l'elfe. Je pourrais m'en occuper si tu veux, j'ai quelques connaissances. Trop souvent déçue par l'Homme, il n'y a rien d'étonnant qu'elle se tourne vers les animaux, elle récupérait d'ailleurs tous les animaux blessés qu'elle croisait.

Elle regardait ailleurs d'un air gêné, quand elle remarquait qu'il s'inquiétait pour elle, elle n'aimait pas vraiment ça, après tout, elle était quelqu'un sans valeur et sans importance. Elle cherchait un peu ses mots avant de lui répondre d'un ton calme et neutre.

Un peu, mais je commence à m'y habituer, il n'y a plus grand chose à faire. C'est gentil de t'inquiéter pour moi.

Sinestra semblait plutôt perturbée mais agréablement surprise de l'attitude si empathique du jeune homme. Il n'y avait plus grand chose à faire, tout avait été tenté et à présent, il n'y avait plus grand chose à faire. Et même si elle s'appuyait un peu fort sur son bâton de marche, elle refusait poliment la proposition de son ami.

Ne t'en fais pas autant pour moi, maintenant, il faut juste laisser faire la nature. Lui offrant un sourire rassurant.


A côté de l’elfe à la silhouette élancée, Sinestra ressemblait à un petit oiseau, tendre mélange de grâce et de fragilité. La candeur de la jeunesse se lisait sur son visage aux traits fins et, pourtant, l’humaine semblait avoir déjà été durement éprouvé par l’existence, comme en témoignait quelques lueurs de tristesse dans son regard velouté. Elle ressemblait à un bouton de rose meurtri par la vie, qui peut-être un jour s’épanouirait en une fleur à l’éclatante beauté.

Neolenn appréciait cette jeune fille, étrangement réservée, mais qui dissimulait des trésors de sensibilité derrière une carapace de glace. Une douce amitié les liait, bien qu’ils ne se soient pas revus depuis plusieurs mois et l’elfe ressentait une grande joie de la voir revenir au domaine après sa longue absence.

L’humaine le gratifia d’un magnifique sourire qui illumina son visage, comme la lumière lunaire éclaire les ténèbres d’une froide nuit d’hiver. Et Ilyanth lui rendit son sourire, heureux de la savoir bien portante.

Autour d’eux l’oisillon de l’adolescente se mit à siffloter, ébouriffant ses plumes et darda ses yeux rouges sur le Baptistrel. Ce dernier ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant une telle démonstration de possessivité et de jalousie.

Puis, il se tourna en direction de Sinestra et dit avec le regard pétillant de malice.

- J’ai comme l’impression que ton petit compagnon est jaloux. Est-ce qu’il ne serait pas un tantinet possessif avec sa jeune maîtresse ?

Lorsque la brune répondit que l’oiseau en question se nommait Rivage et qu’elle l’avait trouvé avec une aile cassée peu de temps après son arrivée. Les deux éclopés avaient pansé mutuellement leurs plaies et depuis lors ils étaient devenus inséparables.
Le chantefeu sentit un petit pincement au cœur en entendant cette émouvante histoire. Tout comme Sinestra, Rivage était une créature fragile, désormais attaché à un être qui lui avait prodigué des soins et de l’affection.

- Je trouve que Rivage est un très joli nom et qu’il lui va très bien. Mais dis-moi comment t’es venu l’idée d’un tel sobriquet, est-ce qu'il a une symbolique particulière ? Pour ma part, je le trouve très poétique et il me fait penser au rivage de l’océan.

Au moment où le maître barde l’interrogea sur sa blessure à la jambe et si elle désirait qu’il la soulage, l’humaine détourna le regard, visiblement mal à l’aise, craignant peut-être de peiner son ami. Le Cawr préféra ne pas insister et continua à se comporter avec sa chaleur et sa bienveillance habituelle afin de la dérider.

Ce dernier poursuivit de sa voix mélodieuse aux doux accents Elfiques :

- Merci pour ce lapin, je pense qu’il sera très heureux avec toi et je te fais confiance pour bien t’en occuper. Selon moi, il ne pouvait pas mieux tomber.

Neolenn caressa doucement le lapereau avant de le donner délicatement à la jeune fille :

- Il est très mignon tu ne trouves pas ? Comment penses-tu l’appeler ?

A présent, le soleil éclairait l’horizon et ses rayons dorés caressaient leurs visages. Le chantefeu adorait cette sensation de chaleur sur sa peau dorée et contempler la magnificence de la nature au printemps.

- Ce matin j’ai du temps à te consacrer, que dirais tu de nous promener ensemble dans la forêt pour bavarder. Si tu es fatiguée, nous nous arrêterons pour nous reposer et si tu le désires, nous pourrons aussi gagner le domaine. Qu’en penses-tu ? dit-il avec gentillesse en plongeant ses prunelles d’azur et d’émeraudes dans les yeux de la jeune artiste.

Sinestra a écrit:
Sinestra s'était toujours sentie toute petite à côté des elfes, pour la simple et bonne raison qu'ils avaient tous l'habitude d'être démesurément grands, elle se sentait donc bien petite d'autant plus que la majorité la considérait comme une enfant et ça, elle n'aimait pas vraiment, elle savait se débrouiller toute seule.

Mais elle devait tout même avouer qu'elle appréciait qu'on se préoccupe d'elle contrairement à son ancienne vie où elle devait se débrouiller à peu près toute seule, mais sa troupe était à présent partie, la laissant derrière. Elle avait assez mal vécu cet énième abandon, même s'il avait été moins terrible que ce qu'elle avait cru.

La jeune humaine ne voyait pas l'elfe comme un simple ami, mais comme un membre à part entière de la petite famille que l'orpheline s'était créé au fil du temps, et ça lui faisait du bien, au moral surtout.

Elle lâchait un bref éclat de rire devant l'attitude de l'oiseau, il était mignon à ébouriffer ses plumes et à regarder de cette manière son ami. Il lui permettait

Il a toujours été comme ça, j'ai pourtant essayé de le convaincre de reprendre sa liberté, mais il semblerait qu'il préfère ma compagnie à celle de ses semblables. Visiblement aucun des deux ne pouvait véritablement reprendre son envol, ils étaient à présents captifs l'un de l'autre, mais hors de question pour elle de mettre son ami à plumes en cage, c'était une cruauté qu'elle jugeait inutile.

Il valait mieux la faiblesse qui conserve que la force qui détruit, d'après elle, elle vivait selon une ligne de conduite pacifiste, elle n'était pas quelqu'un de violent, elle n'avait aucun intérêt à mettre un oiseau en cage. Elle haussait les épaules à sa question.

C'est ce qui m'est venu naturellement à cause de ses plumes bleues, j'ai toujours eu une facilité à trouver des prénoms pour les animaux que je trouve.

Elle n'aimait pas vraiment que l'on s'inquiète pour elle, elle se sentait comme toujours comme une personne non-aimable et sans mérites, peu digne d'intérêt. Et surtout, elle attirait sans cesse des ennuis à ses amis, en bref, elle se dévalorisait sans cesse. Elle souriait un peu ne voulant pas tendre l'ambiance.

Je m'en occuperais bien, tu n'as aucune crainte à avoir quant à son petit nom.. Que dirais-tu de Thailyn, c'est mignon. Une simple anagramme pour cet ami qui lui était si cher, un hommage en quelque sorte.

Par les esprits, elle appréciait ce genre de moment qui n'appartenaient qu'à eux et avec le soleil qui les réchauffaient, c'était encore mieux, puis elle dansait un peu d'un pied sur l'autre quand il parlait d'avoir un peu de temps, minaudant à peine.

Je me suis encore sauvée. Elle ne savait pas s'empêcher de remuer tout le temps, et le pauvre elfe qui tâchait de la surveiller devait certainement la chercher dans toute la ville. C'était presque devenu un jeu à force.


Ilyanth continuait à fixer la jeune fille avec des yeux doux et bienveillant. Quels lourds secrets pouvait-elle bien dissimuler derrière ses traits angéliques et son regard d’acier glacé ?

Sinestra était tellement secrète qu’il était difficile de lire en elle et de deviner les pensées qui l’habitaient. Pourtant, le jeune Baptistrel, en raison de sa grande empathie et de son intuition éprouvait le sentiment de pouvoir percevoir le cœur sensible et tourmenté qui se dissimulait derrière cette carapace de glace.

L’artiste avait dû traverser de cruelles épreuves et si sa jambe blessée conservait les stigmates d’une ancienne plaie mal cicatrisée, quelles blessures invisibles pouvaient affecter cette jeune âme ?

Lors de leur première rencontre quelques mois auparavant, l’humaine n’avait presque rien évoqué de son passé ; néanmoins, Neolenn devinait que celui-ci devait se révéler très sombre et mélancolique.

Quand la jeune femme avait quitté le domaine et disparu dans la nuit, telle une ombre fugace, une fois sa jambe soignée ; l’elfe s’était demandé à quel moment celui-ci la reverrait. En son for intérieur, une part de son être lui disait qu’un jour Sinestra reviendrait et que ce lien d’amitié qui les unissaient ne se briserait pas si facilement.

Bien souvent, les gens se rencontrent, se quittent puis s’oublient, mais le chantefeu conservait l’intime conviction qu’avec cette frêle créature à la peau d’albâtre et aux yeux de glaciers, les choses seraient différentes. Un jour, leurs routes se recroiseraient à nouveau. Et ce jour était arrivé.

L’artiste éclata de rire devant l’attitude possessive de l’oiseau et répondit qu’il était ainsi depuis toujours et qu’elle n’avait jamais pu le convaincre de reprendre sa liberté ; désormais, l’animal aux plumes d’azur préférait sa compagnie à celles de ses semblables. Ilyanth esquissa un sourire et murmura :

- Je crois que cet oiseau t’aime énormément. On dit parfois que l’amour est la plus solide des chaines et que l’affection qui nous lie à un autre être peut nous retenir plus fort que la plus grande des prisons du monde. J’ai toujours été convaincu que les animaux étaient capables de ressentir ce sentiment aussi fort, sinon plus que créatures dotées de raison que sont les humains, les elfes et les vampires.

Puis le visage exquis de Neolenn arbora une expression pensive et ses prunelles d’émeraude azuré furent traversées par une expression rêveuse.

- C’est sans doute pour cette raison que je les aime tellement et cela depuis ma tendre enfance. J’ai aussi toujours apprécié le calme et la sérénité de la forêt, elle m’apaise, enchante mon âme et m’emplit d’un immense réconfort.

Au moment où le jeune Baptistrel demanda à Sinestra d’où venait ce choix de prénom ; cette dernière répondit que c’était en raison de son plumage bleuté, tout en ajoutant qu’elle avait toujours eu des facilités à trouver des prénoms pour les animaux qu’elle recueillait.

- En tout cas, je le trouve très joli, répondit l’elfe qui tenta de caresser doucement du doigt l’oisillon qui s’envola, hors de sa portée, pour se poser sur l’épaule de l’adolescente à la chevelure couleur d’ébène.

- Je crois qu’il préfère sa maîtresse, dit-il en riant d’un rire cristallin. Tant pis, je ne suis guère rancunier ni particulièrement susceptible.
Après cela, Sinestra dit qu’elle s’occuperait du lapereau et lui proposa de le nommer Thailyn.

- J’aime beaucoup ! Je trouve que ça lui va très bien, répondit le chantefeu avec spontanéité, mais dis-moi, est-ce que ça ne serait pas l’anagramme de mon prénom ?

Cela semblait être le cas et Neolenn se sentit profondément touché par la délicate attention de son amie. Celle-ci devait probablement beaucoup l’apprécié pour donner un prénom dérivé du sien à son petit protégé.

Ensuite Sinestra parut danser d’un pied sur l’autre quand l’elfe parla du temps qu’il pouvait lui consacrer. Le doux soleil printanier caressait ses cheveux de jais et les rendait encore plus brillants que d’ordinaire.

Le jeune Cawr s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule dans un geste affectueux avant de lui demander avec gentillesse et empathie :

- Pourquoi t’es-tu sauvée ? Tu n’es pas obligée d’en parler si cela te mets mal à l’aise, mais j’aimerais mieux te comprendre.


HRP: Désolée pour le retard ! j'ai été fort occupée ces derniers jours. J'espère que ma réponse te plaira.

Sinestra a écrit:
Je pense aussi que les animaux sont capables de ressentir une palette d'émotions aussi grande que la nôtre, mais différemment. Nous les Hommes, on est la seule espèce à tuer autrement que par besoin.. Pour des choses parfois même bien peu importantes.. Futiles. Sinestra considérait toutes les espèces humaines et non-humaines sur un pied d'égalité, c'était en quelques sorte sa vision idéale du monde.

Humains, elfes, dragons, il n'y avait aucune différence pour elle, la seule différence qu'il y avait entre ces espèces et les animaux étaient le libre-arbitre, elle savait juste que les Hommes se battaient pour un oui ou un non, plutôt que de chercher une solution pacifiste, pour certains, c'était LA facilité. L'humaine avait une vision idéale et pacifiste du monde et c'était ce même idéal qui l'avait conduite il y a quelques mois ici.. Elle n'avait pas voulu se méfier.

Les animaux sont si faciles à aimer, et puis.. Ils ne trahissent pas. J'ai été souvent déçue par les Hommes, alors j'ai fini par me réfugier vers les animaux.. C'était bien plus facile pour moi.. Car en effet, elle ne se confiait que très peu finalement, elle préférait se muer d'ordinaire dans un silence presque angoissant. Certains y verraient une tentative de fuir la réalité de ce monde qui était bien pesante.

Après tout, elle n'était qu'une de ces trop nombreux orphelins de guerre, au fond, c'était juste une enfant qui avait été contraire de grandir même si elle n'avait pas la maturité pour, puisqu'elle devait bien vivre. Ce n'était qu'une gamine qui recherchait de l'attention comme elle pouvait et son discours ne faisait qu'accentuer ce fait.

Elle étirait son sourire quand elle écoutait son ami, au moins il ne se vexait pas de l'attitude de l'oiseau, qui se contentait de l'observer du haut de sa branche, prêt à siffler de nouveau son avertissement, bec entrouvert. Il ne laissait que la petite danseuse l'approcher, et les autres et bien.. Il les observait de haut. Jaloux comme il était ce n'était pas étonnant, mais par chance, il n'attaquait personne.

Hm.. Et là voilà qu'elle affichait le même air qu'ont les enfants quand ils sont surpris la main dans la boite à biscuit.

Quand il remarquait qu'il s'agissait d'un simple anagramme elle qui pensait avoir été discrète, elle regard ailleurs d'un air enfantin et gêné, rougissant peut-être même un peu. Elle ne pensait pas que l'elfe remarquerait aussi facilement, mais elle avait oublié qu'il avait vécu au moins une dizaine de fois son âge, alors il n'était pas si facile à berner.

Ils ne veulent pas trop que je me promène comme ce n'est encore pas bien guéri. Et puis la forêt peut s'avérer traitre. Ils se font du souci pour moi, mais je ne supporte plus d'être enfermée.

Elle glissait une petite pensée vers l'elfe qui était chargé de surveiller la jeune humaine, qui devait probablement courir dans toute la capitale pour espérer la retrouver, qui aurait pu croire qu'une fille blessée puisse faire autant de chemin juste pour revoir un ami ? Mais cela lui ressemblait bien, elle préférait le contact des personnes qui étaient chères à son cœur. Surtout au domaine, où malgré qu'elle soit une parfaite inconnue, elle avait reçu plus d'aide que dans toute sa vie..

HS : Pas de soucis. o/


Ilyanth écoutait avec attention les paroles de la jeune humaine dont le visage diaphane paraissait arborer une expression rêveuse. Malgré son jeune âge, cette dernière semblait faire preuve d’une mystérieuse sagesse et d’une grande sensibilité.

En effet, rares étaient ceux qui se préoccupaient des animaux ou de la Nature en général et, hélas, trop d’Hommes voyait en elle un trésor à exploiter ou à dominer. Les Elfes en raison de leur lien particulier avec la faune et la flore éprouvaient une quasi-vénération pour les forêts, qui leur rappelaient leur ancien Royaume. Neolenn demeura silencieux un bref instant, avant de prendre la parole de sa voix aussi mélodieuse que le chant du printemps.

- Je trouve que tes paroles sont d’une grande sagesse et je partage ton opinion. Je pense aussi que les animaux voire les plantes possèdent une intelligence différente mais néanmoins aussi valable et digne d’attention que celles des êtres pensants. En tant que Baptistrel, je peux percevoir les vibrations du monde et son immense beauté.

A mes yeux, la Nature ressemble à une magnifique symphonie et lié à l’élément du feu, je peux sentir en moi son intensité. Je préfère percevoir la création comme une œuvre magnifique, digne de notre respect et de notre admiration.

Les dernières paroles de Sinestra firent naître un peu de tristesse dans le cœur du chantefeu. Elles étaient malheureusement trop vraies. Tellement de guerres et de tueries naissaient pour des motifs futiles tels que la haine ou le goût du pouvoir. Que de déchirements et de sang versé à cause de ceux qui désiraient dominer autrui, alors qu’il lui paraissait si simple de suivre la voie de la paix et de l’harmonie.

Depuis sa plus tendre enfance, le jeune Elfe possédait une grande sensibilité qui le faisait s’émouvoir et compatir aux sorts des plus faibles, envers qui celui-ci se montrait très protecteur. Ayant toujours vécu dans l’écrin enchanteur du domaine Baptistral qui représentait un véritable havre de paix, il avait été glacé par la vision des horreurs qui régnaient dans le monde extérieur…

Toutefois, malgré ses tristesses et ses désillusions, la flamme de l’espoir continuait à embraser son âme et celui-ci était déterminé à faire triompher ses idéaux pacifiques.
Quand la jeune fille expliqua que les animaux étaient si faciles à aimer et qu’elle préférait leur compagnie à celle des humains ; Ilyanth songea que celle-ci ressemblait à une fleur meurtrie, durement éprouvée par l’existence qui recherchait de l’affection auprès d’êtres purs et incapables de trahison.

L’elfe caressa doucement le petit lapin, passant délicatement ses doigts dans son pelage soyeux. Ensuite, il murmura :

- Je trouve que les animaux sont capables d’amour inconditionnel et lorsqu’ils s’attachent à quelqu’un, leur attachement est sincère. Ce sont des qualités que j’apprécie beaucoup…

Le visage du chantefeu prit une expression méditative et il poursuivit d’une voix douce et calme.

- Parfois quand je suis triste, je me réfugie dans la forêt et j’ouvre mon cœur à sa beauté, à celle du vent, du ciel et du soleil. Et cela me permet de me sentir apaisé et rasséréné.

Puis ses lèvres s’étirèrent en un sourire rayonnant et il ajouta :

- J’ai aussi ma jument Lune d’argent avec qui je galope souvent. A mes yeux, elle n’est pas une simple monture, c’est aussi une amie et une confidente à qui je livre les secrets de mon âme. Est-ce que tu veux que je te la présente tout à l’heure ? Elle se trouve dans les écuries du domaine.

Au moment où Neolenn remarqua que le nom du lapin était une anagramme de son propre prénom ; Sinestra afficha l’expression désarçonnée d’un enfant surpris en train de commettre une bêtise et l’elfe s’en amusa intérieurement. Cette adolescente possédait une candeur toute attendrissante qui donnait envie de la protéger, telle un oisillon tombé de son nid et qu’on désirait prendre sous son aile.

Puis, cette dernière répondit qu’elle s’était sauvée, car elle ne supportait pas de mener une vie recluse. Toutefois ses gardiens ne désiraient pas que celle-ci s’aventure à l’extérieur avant qu’elle ne soit entièrement guérie ; sans compter que la forêt pouvait se montrer traître…

- Je vois, je pense comprendre ton sentiment, j’ai aussi beaucoup de mal à rester enfermé trop longtemps, répondit l’elfe avec douceur, se gardant bien de faire la moindre remarque désobligeante ou moralisatrice à l’humaine à ce sujet, bien qu’il ait une petite pensée émue pour son surveillant qui devait être dévoré par l’inquiétude.

Tout en marchant, ils approchèrent d’une cascade et d’une rivière dont les eaux mugissantes étaient recouvertes de reflets argentés. Son murmure cristallin était à la fois apaisant et stimulant. Le chantefeu s’approcha du bord de la rivière, retira ses sandales et marcha un peu dans les flots à la tiédeur agréable.

- L’eau est vraiment agréable, dit-il avec une expression de ravissement. Est-ce que tu as envie d’essayer ?

Disons cela et d’un geste malicieux, l’elfe envoya quelques gouttelettes en direction de Sinestra.

Sinestra a écrit:
Sinestra avait gardé cette sensibilité propre à l'enfance, elle vouait un grand respect et une admiration tout aussi grande au monde qui l'entourait même si elle avait bien du mal à y trouver sa place, mais le calme et la sérénité du royaume elfique lui apportaient quelque chose de rassurant, quelque chose qu'elle n'avait pas trouvé dans les royaumes humains, même si elle n'était pas à l'abri de tous les dangers, elle s'y sentait bien mieux.

Elle vivait dans un idéal antispéciste, ou chaque être vivant serait l'égal de l'Homme, ou chaque créature serait traitée de manière égale à toutes les autres et idéalement dans un monde de paix, un monde idyllique en somme qui appartenait à une enfant bien optimiste qui était à des lieux de la réalité de ce monde. Mais au fond, elle préférait continuer à vivre à l'ombre de son rêve. Même si pendant les années de guerre, elle avait eu beaucoup de mal à nourrir son optimiste, ou du moins, il avait été nourri par les flammes et le sang.

La petite humaine aurait aimé que les guerres n'eurent pas lieu, que tout le monde puisse vivre en paix, mais faute de l'égoïsme naturel de l'homme et de celui du Voleur de Cœur. Un monde en paix était-il seulement possible ? Où n'était-ce qu'un mirage ?

Les animaux font parfois plus preuve de bonté que nous autres, c'est presque inquiétant, ils s'entraident alors que la majorité de nous autres ne lèverons même pas le petit doigt. On a beaucoup de choses à apprendre d'eux. Une légère note de tristesse semblait se trouver dans sa voix. J'aime bien m'occuper des animaux sans rien leur demander en retour.. Je suis responsable d'eux parfois, ils le rendent d'autre fois pas, un amour inconditionnel sans rien attendre en retour.

C'était juste sa manière de voir les choses et puis quand ses amis le souhaitaient, elle leur rendant leur liberté, parfois, ils saisissaient cette chance et parfois, ils restaient avec elle, s'apprivoisant mutuellement. S'occuper des autres était une manière qu'elle avait de se responsabiliser et de se sentir utile. À plumes, à poils ou à écailles qu'importe !

Par la suite, elle écoutait attentivement son interlocuteur de ses yeux aux éclats d'acier, son regard n'était plus vraiment froid, on pouvait même dire qu'il était plutôt doux, pour ainsi dire, elle se retrouvait un peu dans la personne de l'elfe.

Oui, je veux bien la voir ! Ainsi, elle lui accordait un sourire qui agissait comme un véritable rayon de soleil. Et puis avec toi, il ne peut rien m'arriver, non ?

Puis elle le suivait comme le poussin suit sa poule, non sans boitiller un peu, observant avec de grands yeux l'endroit où ils se trouvaient, le regard pétillant, s'approchant un peu de l'eau.

Mh, pourquoi pas. Puis elle grognait d'un air un faussement vexée quand il l'aspergeait, finissant par délaisser son bâton de marche pour venir glisser ses pieds nus dans l'eau. Ce n'est pas très gentil ça. Elle avait un petit sourire mutin pendant qu'elle observait son ami et ça, ça ne disait rien qui vaille.

Puis prestement et simplement en guise de sentence, elle l'aspergeait à grandes eaux d'un air boudeur qui en serait presque mignon.


Ilyanth était à la fois touché et amusé par la tendre innocence de Sinestra. Son instinct protecteur le poussait à couver de manière bienveillante la jeune fille, de la même manière qu’elle recueillait les animaux.

Neolenn avait toujours été un être doux et empathique, soucieux d’autrui et désireux d’apporter son aide et son affection. Son intuition lui permettait de sentir que l’adolescente était affamée de ces marques d’attention et qu’elle n’avait sans doute pas eu beaucoup de chance dans sa vie…

Sinestra n’avait jamais évoqué son passé et Ie Cawr ne lui posait pas de questions à ce sujet, malgré sa curiosité d’en savoir plus sur cette brune mystérieuse, aux yeux de glaciers millénaires. Bien sûr, il aurait pu utiliser son pouvoir de Baptistrel pour lire son chant-nom et découvrir les moindres secrets de son être et de son histoire, mais il estimait qu’il s’agissait d’une intrusion intolérable dans l’intimité de l’adolescente. S’il devait un jour user d’un tel procédé, alors cela serait avec son accord et dans l’unique but de mieux la comprendre et de se rapprocher d’elle.

Le chantefeu désirait approfondir leur relation amicale, mais celui-ci sentait qu’il devait apprivoiser la jeune fille et s’adapter à sa sensibilité à fleur de peau.
Quand cette dernière énonça son opinion concernant les animaux et leur capacité à faire preuve d’une « humanité », d’une empathie qui manquaient aux Hommes ainsi qu’à créer des liens indestructibles.

L’elfe la regarda en souriant et murmura de sa voix pure aux accents Elfiques :

- Tu sembles assez atypique pour une humaine. Je pense que tes idées ne sont pas celles de la majorité de tes semblables. Est-ce la raison pour laquelle tu apprécies de venir au Domaine ?

En effet, le domaine Baptistrel constituait un lieu unique où nulle pensée de haine n’était admise et où chacun se devait de cultiver un esprit de paix et d’harmonie. Elevé dans cet écrin doré, Neolenn avait eu bien des difficultés à s’adapter à la cruauté du monde extérieur, malgré l’intense curiosité qu’il éprouvait pour les autres peuples du continent Armandéen.

Tandis qu’ils poursuivaient leur conversation, le chantefeu remarqua que l’éclat adamantin des prunelles de Sinestra laissa progressivement place à une douceur emplie de chaleur. Comme si derrière la carapace de glace se dissimulait un brasier de sensibilité et de gentillesse prêt à se dévoiler à quiconque savait gagner sa confiance et son amitié.
Au moment où ce dernier évoqua une visite à sa jument Elfique, Lune d’Argent, le visage de la jouvencelle s’illumina de bonheur et elle le gratifia d’un sourire aussi radieux que le plus somptueux des soleils d’été.

- Je suis content de voir que cela te plait. Ne t’inquiète pas, je serais avec toi et Lune d’Argent est une jument très douce et très docile. Je connais un raccourci qui mène aux écuries du domaine et je trouve que le chemin qui y mène est très agréable.

Désireux de lui changer les idées et de profiter gaiement de la fraicheur de cette splendide journée de printemps ; le jeune elfe la mena jusqu’au point d'une rivière qui formait une magnifique cascade. Puis se sentant d’humeur joueuse, le chantefeu lui lança quelques gouttelettes. Amusée, celle-ci afficha un sourire mutin et lui rendit la pareille en l’aspergeant d’eau à son tour.

Neolenn éclata de rire et se prêta au jeu, à tel point qu’au bout de quelques instants, les deux compères se retrouvèrent entièrement trempés. Fort heureusement pour eux, le soleil printanier luisait fort dans le ciel et l’atmosphère était particulièrement chaude, de telle sorte qu’ils ne risquaient pas de s’enrhumer.


- Par le Dracos, dit-il en s’étendant sur l’herbe fraîche, laissant les rayons solaire sécher ses vêtements. Il y a bien longtemps que je n’avais pas ris autant et durant quelques instants j’ai eu le sentiment d’être retombé en enfance.

Le Rhapsodien respira une bouffée d’air limpide et leva les yeux vers le firmament céruléen où se promenaient des nuages immaculés, d’un blanc aussi pur que le sommet d’un glacier.

Ce dernier les contempla d’un air rêveur, en songeant que leurs formes évanescentes et éthérées lui évoquaient des châteaux de brumes.

- Quand j’étais enfant, il m’arrivait souvent de jouer dans les bois et de contempler les nuages en imaginant des animaux, des bâtiments ou des personnages imaginaires dans leurs formes moutonnantes.

Ilyanth désigna l’un des nuages et dit d’un ton amusé :

- Celui-là, là-bas me fait penser au visage d’un vieil homme barbu. Et toi que vois-tu à travers les nuages ?

Sinestra a écrit:
Il était vrai que Sinestra se livrait bien peu, elle ne pleurait pas sur son sort, elle préférait aller de l'avant plutôt que de se morfondre sur son sort, c'était une grande rêveuse et une idéaliste. Enfant, elle avait failli tomber d'une fenêtre en pensant qu'elle allait s'envoler, par chance un servant était arrivé au bon moment. Si elle en serrait morte, elle aurait regretté de ne pas avoir rencontré le cœur d'ambre.

Quand il parlait du domaine, elle réfléchissait un peu, elle se rappelait des tentatives de soin infructueuses et douloureuses, puis vint des moments comme celui-ci où elle profitait d'un moment avec des amis, et cela surpassait la douleur.

- J'apprécie le domaine, parce que.. C'est le seul endroit où je me sens en sécurité, mes souvenirs d'ici ne sont pas tous aussi plaisants, mais je me sens rassurée. C'est un véritable havre de paix que j'aimerais ne jamais quitter. La jeune humaine restait pensive, un petit moment, elle choisissait ses mots avec une attention toute particulière. C'est le seul endroit où personne ne m'a blesser, aux personnes ne m'a regarder de haut. Quand j'étais petite, j'ai toujours vécu dans l'ombre de ma mère, j'ai voulu la forcer à m'aimer égoïstement, mais elle ne me regardait même pas.. Ainsi, elle en profitait pour se livrer un peu, ouvrir ainsi son cœur lui faisait du bien, elle n'était pas pleinement remise. Elle me disait que j'étais bien trop sensible pour être une véritable noble, qu'il fallait que je m'endurcisse.. Mon nom était bien dur à porter pour une toute petite fille, je n'étais pas faîtes pour ça, je ne voulais pas d'une vie de froideur sans émotions.. Mais elle ajoutait quelque chose qui aurait pu paraître horrible pour quelqu'un qui n'avait pas son vécu. C'est triste à dire, mais quand elle s'est fait tuer, je me suis sentie libérée, en fait, je ne m'étais pas senti aussi bien. J'ai regardé cette scène, je n'ai pas pleuré, je n'ai pas hurlé, je me sentais juste bien et pourtant, j'étais orpheline.. Puis il y a eut le contre coup, violent.

Cependant, elle n'était qu'une enfant, elle n'avait qu'à moitié conscience de ce qu'elle disait, et elle était loin d'avoir la maturité de la plupart des enfants de son âge, au fond tout ce qu'elle avait recherché pendant toute son enfance, ce n'était qu'un peu d'affections, et malheureusement, il fallut que sa mère périsse pour qu'elle en trouve.. Ailleurs. La guerre avait fait des ravages, aussi bien physiques que dans le cœur des gens. Et pourtant, elle croyait encore au monde de ses rêves, un monde de paix ou tout le monde se tolère, un monde sans armes et sans larmes. Un monde où personne n'avait à être blessé, où la seule mort possible serait de mourir dans son lit, entouré des siens.

Ce n'était qu'une enfant qui posait ses interrogations à un adulte, sa vision du bien et du mal était aussi immature qu'elle, était-ce mal de ne pas avoir pleuré ? Étaie-ce bien d'avoir refusé une vie qui ne lui convenait pas ? Les doutes l'assaillaient, mais elle laissait le temps à son sage ami de répondre à ses interrogations muettes.

- Ne t'en fais pas, j'ai confiance. Je m'occupe parfois d'une petit destrier elfique, on s'entend plutôt bien et puis il est trop petit pour qu'un elfe soit à l'aise dessus alors l'éleveur me l'a confier. C'était vrai que même pour une humaine, elle était bien petite

La bataille d'eau s'achevait par les deux compères complètement trempés, par chance, il faisait suffisamment bon pour ne pas qu'ils grelottent de froid. Elle venait tranquillement le rejoindre dans l'air, riant. L'avantage de la danseuse était qu'elle ne restait mélancolique jamais bien longtemps, elle se questionnait et quand elle obtenait les réponses qu'elle cherchait, elle passait à autre chose. Elle l'écoutait une nouvelle fois.

- Je n'ai pas envie de quitter l'enfance, grandir, c'est avoir des responsabilités, plus le temps de s'amuser.. Il faut rester un peu enfant, je pense, sinon on est malheureux.

Quand il lui posa la question sur les nuages, elle levait timidement les yeux vers le ciel, quand il lui posait la question. C'était un jeu très subjectif, mais elle semblait s'en amuser.

- Là-bas, je vois un dragon qui déploie ses ailes. A présent, elle affichait un sourire radieux et comblé.


Le visage opalescent de Sinestra arborait une expression méditative et ses prunelles glacées s’emplirent d’une lueur rêveuse lorsqu’elle évoqua le domaine Baptistral. A ses yeux, ce lieu représentait un havre de paix, un écrin de sérénité, dans lequel elle se sentait apaisée et qu’elle désirait ne jamais quitter.

La jeune fille demeura silencieuse un instant, paraissant réfléchir à ses prochaines paroles, avant d’ajouter qu’il s’agissait du seul endroit où nul ne l’avait blessée ou mépriser. Puis vint le moment pour elle de lever le voile sur certaines zones d’ombres de son passé, celles qui ternissaient la douceur de son regard bleuté.

L’adolescente à la chevelure de nuit évoqua la froideur et la sévérité de sa défunte mère. Cette dernière avait toujours rejeté sa propre progéniture et ne lui témoignait aucun intérêt ou affection.

Ilyanth frémit en entendant un tel récit. Ainsi cette frêle humaine, aux traits encore enfantins n’avaient connu jusqu’à présent afin de grandir et de se construire que l’austérité d’une mère au cœur de pierre et la dureté d’un foyer glacé.

La brune poursuivit du même ton impassible que sa mère la jugeait indigne d’être une véritable noble et désirait l’endurcir. Pour parvenir à ses fins, elle alla même jusqu’à doter sa fille d’un nom horrible, synonyme de mélancolie et d’obscurité. Lors de la mort de cette dernière, la jouvencelle assista à toute la scène, ne ressentant aucune peine ni tristesse, juste le soulagement de la délivrance, suivi d’un choc violent…

Neolenn l’écoutait avec sa chaleureuse bienveillance, malgré le chagrin que faisait naître en lui chacun de ses mots. Même quand elle prononça ces paroles terribles concernant la perte de sa mère, l’elfe ne la jugea à aucun moment, comprenant à quel point celle-ci avait dû souffrir de l’attitude de sa génitrice, envers qui elle éprouvait, peut-être, des sentiments très ambivalents.

Le chantefeu avait également comprit à quel point Sinestra était fragile et sensible, en cela si semblable à ses créatures abandonnées, elles-aussi orphelines de foyer et affamées d’amour.

Le jeune Cawr se redressa et se tourna en direction de l’adolescente avant de dire d’une voix emplie de compassion :

- Sinestra, je crois comprendre ce que tu ressens et je trouve ton histoire très triste…Pour être honnête, je soupçonnais que tu avais traversé des épreuves déjà bien difficiles pour quelqu’un d’aussi jeune, comme si la vie ne t’avais pas épargné….J’espère sincèrement que tu pourras trouver le bonheur ainsi que la joie de vivre, malgré les traumatismes du passé. Je suis heureux de t’avoir rencontré et sache que je serais toujours là pour toi et que je t’accueillerai avec le plus grand plaisir dans ce lieu béni. Je ferai également tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre le sourire.

Ensuite l’elfe contempla le firmament céruléen, avec une expression de mélancolie rêveuse sur le visage.

- Pour moi aussi, le domaine représente un havre de paix, un endroit merveilleux où règne le calme et la félicité, loin des horreurs de la guerre…Durant toute mon enfance, je n’ai baigné que dans cette douceur et mes parents, surtout ma mère, me surprotégeait en raison de ma très grande sensibilité. Pendant longtemps, j’ai eu l’impression de vivre dans une sorte de rêve jusqu’à ce que l’existence fasse éclater cette bulle d’insouciance. Ayant connu la destruction du premier domaine et vu de mes propres yeux certaines dures réalités du monde extérieur, j’ai eu le sentiment de perdre un peu de mes illusions….

Soudain une lueur d’optimisme se ralluma dans ses grands yeux pers et il dit d’un ton plus apaisé :

- Pourtant, malgré le traumatisme que m’a causé le fait d’avoir assisté à toutes les horreurs de la bataille de Sandur, je suis déterminé à me battre tant qu’il me restera une parcelle d’énergie, tant qu’une braise brûlera sous la cendre. Plus que tout au monde, je désire contribuer à la création d’un monde meilleur où chacun vivrait en paix.

Le chantefeu avait conscience qu’aux yeux de certains un tel idéal ne pouvait se révélait qu’utopique. Pourtant, suivre ce rêve et cette voie contribuait à donner un sens à son existence et il désirait garder vivace la flamme de la passion qui l’animait.

Son attention se reporta sur la jeune fille, qui de par sa grâce lui évoquait une biche ou un chaton égaré en quête d’attentions. Un doux sourire se dessina sur les lèvres du Baptistrel quand cette dernière expliqua s’occuper parfois d’un petit destrier elfique. Sans doute s’agissait-il d’une monture tout à fait appropriée pour cette humaine, dont la silhouette délicate ne pouvait rivaliser avec la haute stature de la plupart des membres du beau peuple.

Ensuite, tandis que leurs deux corps étaient baignés de la lumière du soleil printanier ; Sinestra confia à son ami qu’elle craignait de quitter le monde de l’enfance et d’endosser les responsabilités de l’âge adulte. Selon elle, la perte de l’insouciance juvénile conduisait aux malheurs…

Le Rhapsodien l’écouta avec attention et répondit de sa voix cristalline :

- Je pense que même si nous ne pouvons arrêter le passage du temps, nous sommes capables, si nous le désirons, de conserver au fond de notre cœur une part de la douceur et de la candeur de l’enfance. Même adultes, nous pouvons nous amuser et garder notre regard émerveillé sur l’existence. D’ailleurs n’est-ce pas un peu ce que nous faisons maintenant ? ajouta-t-il avec espièglerie.

A la question de l’elfe du soleil concernant ce qu’elle voyait dans les nuages, Sinestra répondit que ceux-ci lui rappelaient un dragon ailé.

Le visage de l’adolescente s’illumina d’un grand sourire et Neolenn lui en rendit un en retour.

- Je trouve que c’est une vision très poétique et j’ai toujours aimé les dragons. A mes yeux, ce sont des créatures majestueuses et j’aimerais pouvoir tout comme elles voler librement dans les cieux, tel un prince des nuées.

En disant cela, les prunelles de saphirs et de jade d’Ilyanth s’éclairèrent d’une joie enfantine. Soudain, une idée germa dans son esprit et il se tourna vers l’artiste.

- Je viens de penser à quelque chose, puisque tu disais que ton prénom était bien dur à porter pour une enfant, que dirais tu si je te trouvais un beau surnom en langage commun ou en Elfique ?

Sinestra a écrit:
- Puis j'ai longtemps erré sur les routes, avec une petite troupe d'artistes, c'est à ce moment-là que je me suis sentie vraiment vivante, ne plus avoir d'attaches, nous n'avions qu'à vouloir aller quelque part pour nous y rendre. C'était la belle vie, je me sentais enfin utile, même si j'étais petite et pas spécialement forte, j'ai aimé me rendre utile, alors si je peux aider en apportant un peu de bonheur aux autres, voir des regards s'éclairer quand je chante ou que je danse.

La frêle jeune fille avait une étincelle de franchise qui éclairait son regard, se sentir utile aux autres étaient quelque chose de formidable, elle y œuvrait à toute heure, distribuant un peu de bonheur au gré de ses pérégrinations. Le genre de vie qu'elle préférait vivre plutôt que d'être étouffée dans un carcan de froideur.

- J'ai eu beaucoup de chance, de tomber sur des personnes aussi formidables que toi, au bon moment. Et elle lui offrit un de ses sourires radieux dont elle avait le secret. Je garde espoir puisque je sais que sans nous sommes morts, l'espoir, c'est ce qui m'a empêché de me tuer quand je me suis retrouvée toute seule, c'est ce qui m'a permis d'appeler à l'aide quand on a voulu me tuer. Je pense que c'est pareil pour tout le monde, nous sommes tous Humains après tout.

Sinestra avait cette capacité qu'on bien peu d'enfants de son âge, exprimer son avis sans l'imposer, au final juste dire les choses telles qu'elle les ressentait. Pour au final ne dire rien de plus que son avis, laissant à l'autre de corriger au non son avis. Au moins, elle avait conscience d'être jeune et de savoir finalement bien peu de choses sur la vie, sans doute étaient-ce grâce à ça qu'elle avait réussi à s'intégrer.

- Je crois que j'ai réussi à tenir aussi parce que pour moi il y a encore des choses à sauver dans ce monde, je ne crois pas en l'existence de gens mauvais par nature, juste des personnes immigrées, égarées, qui ont eut des malheurs. Je ne pense pas qu'on puisse naître mauvais, juste que parfois, on peut faire des mauvais choix.. N'importe qui. Ainsi, elle ne parvenait même pas à détester les hommes qui l'avaient blessé, ni même celui qui avait tué sa mère. Je suis prête à mourir si ma mort peut servir à quelque chose, je m'y suis résignée.

Même si elle gardait une innocence tout enfantine, elle avait une manière de penser plutôt mature, et la résignation qu'elle affichait en était presque inquiétante après tout, elle n'avait même pas cherché à se défendre les fois où l'on l'avait attaquée, préféré ainsi la vie des autres à la sienne au point d'en oublier l'instinct de servie pouvait être déroutant.

Depuis longtemps, elle n'avait plus été véritablement triste, c'était même tout le contraire, elle avait ainsi pu guérir dans le calme et la bienveillance, même si sa bienfaitrice étant partie, de même que la troupe avec laquelle elle errait après la mort de sa mère.

- Je suis aussi contente de t'avoir rencontré, tu es un véritable rayon de soleil, un souffle d'air frais. Les elfes d'ordinaire sont si sérieux ! Il n'y avait d'étonnant à ce que cela la perturbe puisque après tout, elle n'était qu'une enfant, et elle appréciait de s'amuser. Et j'aime aussi ton rêve, je veux y croire, je t'aiderais à bâtir le monde que tu désires.

Un monde peut-être utopique, mais elle désirait tant y croire, elle était persuadée qu'un jour, il existerait, un monde parfait où personne n'aura à être blessé, ou personne ne souffrira, un monde où finalement la seule fin possible serait de s'éteindre de vieillesse entourée de l'amour des siens, rien de moins. Elle l'écoutait avec une lueur pleine de rêves quand il parlait d'être un dragon, ce serait merveilleux !

- J'aimerais, dans la langue qui te semblera la plus convenable. Elle n'avait de sombre que sa chevelure, le reste n'était qu'éclatante candeur.


description"Te revoir dans la douceur de l'aube" (PV Sinestra) EmptyRe: "Te revoir dans la douceur de l'aube" (PV Sinestra)

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Ilyanth écoutait interloqué le récit de Sinestra ; celle-ci était si jeune et pourtant déjà tellement marquée par les événements. Toutefois, lorsqu'elle évoquait sa vie d’artiste, ses yeux s’illuminaient et son visage opalescent, rayonnait comme la neige sous la caresse du soleil.

- Je trouve que c’est un but très noble que de vouloir rendre les gens heureux et transmettre du rêve autour de soi. Quelle merveilleuse façon de vivre et d’être utile aux autres.

Le regard azuré de l’elfe se fit rêveur et il poursuivit.

- J’imagine que tu dois être une très bonne artiste, pleine de rêves et de passions et cela me ferait très plaisir de t’admirer à l’occasion. Est-ce que cette vie de bohème et de liberté ne te manque pas trop ? A t’écouter, cela me laisse très rêveur et parfois je me dis que j’aimerais faire un grand voyage sur Armanda afin de découvrir d’autres villes, d’autres cités, d’autres manières de vivre ainsi que soigner les malheureux et les déshérités.

Les magnifiques yeux du Chantefeu se couvrirent d’un voile de tristesse, comme si un nuage venait d’obscurcir la lumière du soleil :

- Il doit exister une multitude d’âmes en peine et en proie à la souffrance à travers le monde. Peut-être que sentir que quelqu’un s’en préoccupe et désire les soigner ou leur rendre la main dans un geste désintéressé pourrait les aider. Quelquefois, mon cœur souffre à cette pensée et elle ternit certains de mes moments de bonheur. Comment être heureux alors que je sais que tant de gens ne le sont pas ? Cependant, je sais aussi qu’en agissant et en soulageant la souffrance partout où elle se trouve, je pourrais me rendre utile et cette pensée m’insuffle la force de poursuivre et de lutter pour mes rêves et mes idéaux.

Tout en discutant, la jeune fille gratifia son ami d’un de ses merveilleux sourires qui éclairait son visage juvénile. Elle évoqua la lueur de l’espoir qui l’avait empêché de se tuer quand celle-ci s’était retrouvée seule et donner la force d’appeler à l’aide au moment où sa vie se trouvait menacée.

- Je suis heureux que tu sois en vie, sinon nous n’aurions pas pu nous rencontrer. Je pense que même dans les moments de douleur et de désespoir, il est possible de trouver la lumière, qui tel un papillon nous guide à travers les ténèbres. Je crois que si tu es toujours là, c’est probablement, car il te reste de grandes choses à accomplir, des gens formidables à rencontrer, des vies à égayer et même à sauver peut-être…Tant que tu es vivante, tant de choses sont possibles.

Puis, Neolenn se tourna vers l’adolescente et avec douceur, il prit sa main dans la sienne et dit :

- Tu es encore jeune, mais tu me fais penser à une chrysalide qui un jour s’ouvrira et donnera naissance à un magnifique papillon.

Le Cawr se sentait touché au plus profond de lui-même par la fragilité et la candeur qui émanait de Sinestra. Cette jeune humaine, aux abords sombres et mélancoliques, se révélait être d’une grande beauté intérieure et d’un idéalisme qui lui rappelait le sien. Elle dégageait même une certaine pureté, tel un diamant d’innocence.
Si cette dernière était bien entourée, choyée et encouragée par des êtres aimants, elle pourrait grandir et s’épanouir afin de devenir ce qu’elle était destinée à être : une jeune femme dotée d’une très belle âme, faisant rayonner ses qualités sur Armanda.

Le maître barde acquiesça aux paroles suivantes de Sinestra :

- Je pense aussi comme toi au sujet de la nature des individus. Selon moi, personne ne naît mauvais, mais en raison du fait de n’avoir pas bénéficié d’un bon environnement ou d’avoir traversé des épreuves difficiles, certains êtres finissent par mal tourner…Peut-être suis-je naïf, mais j’ai tendance à rechercher la lumière et la beauté dans chaque créature qui existe. Je crois que même le pire des Homme possède une part de bonté au fond de son cœur. Malheureusement, il existe beaucoup de préjugés et de sentiments négatifs dans le monde, dès lors certains jugent durement les étrangers, les immigrés, les autres races…Comme si l’Autre était un ennemi, dont le seul crime serait d’être différent…Hélas, mon peuple n’est pas toujours des plus ouvert et cette pensée me désole. Heureusement, le domaine prône une certaine tolérance que je chéris et c’est aussi l’une des luttes que je suis prêt à mener.

En entendant les paroles de l’artiste, disant qu’elle était prête à mourir s’il le fallait, Ilyanth ressentit un pincement au cœur et répondit avec douceur :

- Sinestra, à mes yeux ta vie est précieuse, je serais très triste si tu venais à disparaître, même si je trouve très belle et noble l’idée de se sacrifier pour sauver la vie d’autrui.

Le jeune Elfe était également prêt à donner sa vie pour les autres. Il n’avait d’ailleurs pas hésité un seul instant à participer à de sanglantes batailles, malgré l’horreur que lui inspirait la guerre, afin de soigner les blessés et accompagner les mourants jusqu’à leur dernière demeure.

- Oui, je pense qu’ensemble nous pouvons contribuer à construire un monde meilleur, si chacun y met du sien, un peu chaque jour, je crois que notre rêve deviendra réalité. Après tout, si les esprits ont créé ce monde, c’est certainement pour que nous trouvions la paix. Je n’arrive pas à croire que cela soit uniquement pour qu’il soit empli de souffrance et soit une vallée de larmes…

Concernant un surnom pour Sinestra, Neolenn réfléchissait et plusieurs idées lui virent à l’esprit.

J’hésite entre «Gwilwileth Lim », qui veut dire « papillon de lumière » en Elfique et «alfirin amdir » qui signifie « fleur de l’espoir ». Le papillon de lumière éclaire l’obscurité d’une nuit sans lune et la fleur de l’espoir est la plus belle de toute, car elle parvint à germer, même dans un désert de glace. Qu’est-ce que tu en dis ? Est-ce que l’un d’entre eux te plait ?

Sinestra a écrit:
- Je pense que c'est le minimum que l'on puisse faire, c'est même tout ce qu'on peut faire, parfois il y a pas besoin de plus. Elle n'avait que ses mots d'enfant pour mettre le doigt sur une vérité bien triste.

L'elfe était porteur d'un rêve très beau auquel elle avait envie de croire, un idéal à atteindre et un exemple pour tous, et même si elle n'était rien de plus qu'une enfant, elle se rendait compte de l'importance de la paix qui devait rester intacte. Seul un fou ne s'en rendrait pas compte, d'ailleurs, elle imaginait difficilement qu'on puisse apprécier la guerre.

- Quand je serais remise, je voudrais bien te montrer. Pour l'heure, il était encore hors de question de danser avec une jambe blessée, elle-même en avait confiance. Un peu, parfois, j'ai l'impression d'être un oiseau en cage qui regarde le ciel, mais je suis entourée de gens qui m'aiment alors je n'approuve pas le besoin de repartir. Puis elle l'observait d'un air un peu curieux. Pourquoi tu ne le ferais pas ? Tes responsabilités t'obligent à rester ici ?

La jeune humaine était à des lieux de la majorité des problèmes des adultes, elle-même se contentait de vivre sa vie au jour le jour sans jamais se poser de question, faisant finalement que ce qu'il lui plaisait, pour preuve, elle était ici au lieu de se reposer comme l'on le lui avait conseillé. Elle penchait légèrement la tête sur le côté en voyant le voile de tristesse qui couvrait les yeux de son ami, il n'avait pas des yeux fait pour être triste, il ne méritait que du bonheur, voilà la pensée de l'immigrée.

- Être triste ne sert à rien de mon point de vue, il faut se relever et avancer, puis espérer des jours meilleurs. L'espoir conserve, l'apathie ce n'est bon que pour les morts. Une parole soudainement bien violente pour une jeune fille de son âge, mais cruellement réaliste une nouvelle fois, à croire qu'elle était en permanence entre le réalisme et la naïveté. Même s'il n'y avait aucune trace de froideur, juste beaucoup de sympathie. Il faut avancer et se battre pour ce que l'on croit juste, si toi-même, tu ne le fais pas ? Qui le fera ?

Il n'y avait aucune trace de quoi que ce soit de mauvais dans sa voix ou son attitude, elle ne présentait que la percutante vérité, parfois les enfants pouvaient manquer cruellement de tact.

- Je commence à me pencher un peu plus sur la magie elfique, j'espère y trouver un moyen de plus d'aider les autres. Et ainsi, elle retrouvait la douceur et la bienveillance qui était la sienne. Je suis vraiment heureuse d'avoir pu rencontrer quelqu'un comme toi, ta délicatesse et ton altruisme me fait vraiment beaucoup de bien. Je crois que j'aurais été triste si je ne t'avais pas rencontré.

Elle savait que cette bénévolence était la marque de fabrique de ces artisans de la paix, mais elle devait le souligner, tout comme elle n'imposait jamais son avis aux autres. Puis elle posait de nouveau ses yeux gris sur l'elfe, approuvant son discours au sujet des esprits, elle pense que c'était uniquement l'Humain qui avait fauté.

- J'aime beaucoup alfirin amdir. Elle répétait le surnom parfaitement, ces dernières semaines avaient été consacrées à l'étude de l'elfique et ce n'était pas une des langues des plus faciles à apprendre.


Ilyanth sourit avec bienveillance lorsque Sinestra proposa de lui montrer ses talents de danseuse, une fois rétablie, en raison de sa jambe blessée.

- Bien sûr, rien ne presse, dit-il dans un murmure. Je patienterai jusqu’à là et quand ce moment sera venu, mon plaisir n’en sera plus grand, à la fois de savoir que ta jambe va mieux et de pouvoir admirer la beauté et la sensibilité de ton Art.

Neolenn leva ses prunelles claires vers le firmament d’un bleu intense et la brise de printemps ébouriffa légèrement ses mèches soyeuses :

- Je pense comprendre ton sentiment d’être comme un oiseau en cage, car lorsque je lève le regard vers la voûte céleste, il m’arrive souvent d’éprouver l’envie de m’envoler, tel un oiseau et de fendre les airs, tel un maitre des nuées. Le domaine est un tel havre de paix, un écrin de bonheur éthéré ; pourtant, il me reste tellement de choses à découvrir et de contrées à parcourir. Le monde est si vaste que j’ai le sentiment qu’une vie entière ne suffirait pas à en connaitre tous les secrets et les multiples splendeurs.

Le visage de l’elfe se fit songeur et il ajouta avec douceur:

- Peut-être qu’un jour, tu ressentiras l’envie de repartir au plus profond de toi et que ce désir sera irrépressible. Je pense qu’écouter son cœur et suivre l’élan qui nous anime peut nous aider à faire un choix.

Sentant sur lui le regard intrigué de la jeune humaine, l’elfe se tourna vers elle et répondit :

- Je suis un maître Baptistrel et ma place est ici, c’est un grand honneur de pouvoir enseigner la magie Baptistrale, mais aussi une immense responsabilité. Je dispense mes connaissances à de nombreux élèves et les Enwrs comptent beaucoup pour moi. Je les considère comme mes frères et mes sœurs voire mes enfants. Bien entendu, d’autres professeurs pourraient s’en charger, mais cela me chagrinerait de les abandonner…Toutefois, je ne renonce pas à cette idée de voyage, je la garde dans un coin de mon cœur, en attendant le bon moment, celui où je me sentirai prêt à partir.

Puis le Rhapsodien rit gaiement :

- Qui sait, peut-être que certains de mes Enwrs se joindront à moi pour cette grande et belle aventure.

Le Chantefeu écouta attentivement la suite des paroles de Sinestra, cette fois-ci, l’adolescente était pleine de gravité et ses grands yeux brillèrent d’un éclat adamantin. Elle semblait à la fois emplie de colère et d’une indicible tristesse…Mais malgré cette violence qui transparaissait dans sa voix juvénile, l’artiste demeurait une enfant touchante et fragile, semblable à une fleur meurtrie, à l’âme pure et déchirée.

- Pour ma part, j’ai choisi d’accepter mes émotions et de les prendre comme elles viennent, sans chercher sans cesse à les contenir ou à les refouler. Si je suis triste, je pleure et peu importe si aux yeux de certains ma sensibilité apparaît comme une faiblesse. C’est comme si verser des larmes m’aidait à diminuer un peu l’étendue de mon chagrin. Puis, quand la douleur est passée, je sèche mes yeux au soleil…

Le Cawr lui adressa un regard chaleureux et empli de tendresse :

- On dit qu’après la pluie vient le beau temps et je crois que c’est vrai. Tout comme parfois après la fin d’un violent orage, il est possible d’admirer les couleurs étincelantes d’un arc-en-ciel, qui pour certains est un symbole de renouveau. Quant au fait que si nous ne luttons pas, personne ne le fera à notre place, je pense que nous pouvons trouver des personnes qui partagent nos idéaux et nos valeurs et sont prêts à lutter avec nous pour accomplir notre rêve commun. De même, il est possible de transmettre notre passion et notre enthousiasme à d’autres personnes et de voir germer dans leur cœur les graines que nous y avons planté.

La voix d’Ilyanth se fit plus calme et plus grave :

- Un jour je disparaîtrais, mais cette idée me réconforte, je me dis que même si je ne suis plus là, d’autres poursuivront la lutte que je menai de mon vivant et que bien que je sois mortel, les rêves eux peuvent devenir éternels…

Le jeune Baptistrel continuait à fixer la jeune fille aux cheveux couleur de nuit, avec tolérance et sympathie, malgré l’apparente violence et le cynisme de certains de ses propos. Il y voyait la marque d’une sensibilité blessée et d’une existence trop vite marquée par la cruauté du destin et d’amères désillusions.

Ensuite retrouvant sa gentillesse et sa candeur habituelle, elle lui confia apprendre la magie Elfique afin d’aider des personnes en difficultés.

- Si cela t’intéresse et que tu en éprouves le besoin, sache que je suis là pour toi. J’étudie cette magie depuis ma plus tendre enfance et suis prêt à t’aider dans ce domaine, du moins si tel est ton désir.

Le Baptistrel parlait doucement, d’une voix calme et mélodieuse, semblable au chant du vent de printemps. Celui-ci désirait aider l’humaine, mais sans rien lui imposer, la laissant parfaitement libre de son choix. Mais au moins, elle savait pouvoir compter sur l’aide d’un ami fidèle.

Les joues dorées de Neolenn rougirent légèrement lorsque Sinestra lui confia son bonheur de l’avoir rencontré et ses lèvres délicates esquissèrent un sourire.
Des deux surnoms proposés par l’elfe, l’artiste opta pour Afrin amdir, répétant celui-ci à la perfection.

L’elfe la regarda avec une lueur d’espièglerie dans ses prunelles d’azur et de jade.

- Je trouve qu’il te va comme un gant et si tu veux dorénavant je t’appellerai ainsi. Je suis également admiratif de tes progrès en Elfique, à ce rythme-là tu le parleras bientôt couramment et cet effort mérite d’être salué, car cette langue n’est pas réputée facile à apprendre pour les étrangers.

A présent, les vêtements du maître-barde avaient séché grâce à la chaleur du soleil printanier et il se leva d’un geste souple et gracieux.

- Je pense qu’à présent nous pouvons reprendre notre promenade et partir en direction des écuries du domaine.

Sinestra a écrit:
Puisque danser était la seule chose qu'elle savait faire, elle avait mis toute son âme dans l'apprentissage de cet art qui demandait de rigueur, une concentration et une prestance d'on peu de gens étaient capables, presque l'excellence au final. Et elle avait fini par atteindre un niveau peu commun pour une jeune fille de son âge. Parvenant presque à rendre magique quelque chose qui ne l'était pas, et ainsi, elle avait pu gagner sa vie et vivre plutôt correctement en dépit de son très jeune âge.

- La danse, c'est ce qui m'a permis de me jeter à corps perdu sur les routes, ça n'a pas toujours été facile, je crois que c'est ce que j'ai fait de plus courageux. Je devais avoir quoi.. Dix ans ? C'était la seule manière honnête que j'avais de gagner ma vie, je ne voulais rien faire d'autres. Comme elle se sentait en confiance, elle arrivait à se livrer un peu plus, elle avait cette innocence légère. Je sais que je n'aurais jamais supporté vivre une vie qui ne me plaisait pas, rentré dans un moule, et finalement m'oublier. Je n'aurais jamais pu.

La jeune humaine avait finalement une personnalité très délicate, supportant difficilement la pression et les carcans, mais à côté de cela sa naïveté et son innocence lui causaient autant de torts que de bien, et malgré tout ce qu'elle avait vécu, elle pardonnait, faisait table rase de son passé et continuait d'avancer et tout ça tenait grâce à un seul mot : l'espoir. Même si elle paraissait finalement aussi fragile que du verre, il suffira d'une fois pour la briser.

- Être libre est vraiment quelque chose de formidable, juste le vouloir pour aller quelque part, sans attache et sans frontière. C'est comme ça que j'imagine ce monde, même s'il y a encore tant d'endroits que je n'ai pas eu l'occasion de voir comme DureRoc ou même Fortuna. Elle s'abstenait de mentionner l'ancienne forêt elfique, elle connaissait la douleur des elfes à ce sujet et ne voulait pas le peiner. J'aimerais voyager de partout, voir toutes les cultures d'Armanda, pour apprendre aussi de manière générale.

Elle accordait un nouveau sourire à l'elfe, finalement cette enfant était pleine de rêves, après est-ce qu'elle arriverait à tous les accomplir ? Seul l'avenir le dira.

- Je repartirais un peu quand j'irais mieux, je ne veux pas vivre sur les économies de quelqu'un d'autre, mais je reviendrais. Je ne voudrais pas t'abandonner. La vie sur la route lui avait appris à vivre par ses propres moyens, à aimer le labeur et le travail accompli. Mais elle était tout de même prévenante à l'égard de son ami. Mais maintenant que la troupe est repartie, il faut que je réfléchisse à tout ça.

Puis elle levait un peu les yeux dans sa direction quand il parlait de ses responsabilités, finissant elle-même par lâcher dans un ton enfantin :

- Voilà pourquoi je ne veux pas être grande ! C'est mettre de côté ses rêves et ce qu'on a envie de faire pour le travail. Voilà pourquoi elle préférait danser, ça ne l'empêchait pas de faire ce qui lui plaisait. Et elle disait cela d'une manière presque théâtrale, puisqu'elle comprenait difficilement les enjeux de tout cela. Je préférais avoir des responsabilités quand je serais vieille, si je deviens vieille, mais pas maintenant. Cela pouvait paraitre un peu réducteur comme manière de penser, mais ce n'était qu'une enfant après tout et les enfants aimaient s'amuser par-dessus tout. Propose leur ? Et comme pour tous les enfants, elle faisait dans la simplicité.

Même si elle connaissait l'aspect très studieux des elfes, elle avait du mal à comprendre cette rigidité en quelque sorte, elle avait bien du mal à trouver quelqu'un pour jouer avec elle, elle admirait ce peuple même s'il restait trop sérieux pour une enfant humaine, voilà pourquoi elle s'autorisait quelques escapades au domaine. Pour faire simple : elle ne comprenait pas les adultes, mais comprenait que si chacun faisait ce qui lui plaisait ça serait le chaos.

- Pleurer quand tu es triste, crié quand tu es en colère, rire quand tu es joyeux, c'est ça être vrai. Si tu retiens tout au-dedans de toi, tu finiras par en souffrir, je pense que si les Esprits nous ont accordés les émotions c'est pour que l'on en use, pas pour qu'on les cache. Après tout elle-même était si franche avec ses émotions que ces dernières étaient très faciles à deviner, elle ne mentait pas à ce moment-là. Ses mots pouvaient mentir, mais pas ses émotions. Et encore une fois, elle arrivait à exprimer son avis sans l'imposer, alternant entre une innocence toute enfantine - bien plus jeune que son propre âge - et une maturité déstabilisante propre aux adultes.

Néanmoins, elle trouvait les mots de son cher ami, si beaux, poétiques même, même ça elle pouvait le sentir. L'aspect un peu froid de l'immigré avait fini par s'estomper un peu au fil de la conversation.

- Je pense que les Hommes de manière générale ne sont pas faits pour vivre seuls, nous sommes comme des lapins, la solitude peut nous tuer. Les guerres n'auraient jamais pu être gagnées si un seul homme, c'était dressé, pas même un dragon. Et puis je sais qu'être seul est quelque chose de difficile à supporter. Sa métaphore était plutôt.. Particulière, mais l'idée était là, si bien qu'elle-même tiquait dessus, un pli d'interrogation barrant son front quelques secondes.

Et malgré tout cela, elle n'avait pas l'impression d'avoir été plus malheureuse qu'un autre, en fait, elle vivait tellement au jour le jour que.. Elle ne se disait pas avoir été malheureuse, elle avait certes ses moments de faiblesse puisqu'elle était humaine après tout, mais non, elle n'était pas malheureuse.

- J'aimerais me pencher plus sur les sorts de soin, c'est ce qui est le plus utile. C'était la chose la plus probable puisqu'elle était incapable de blesser les autres.

Elle avait un petit air fier suite à l'annonce de ce nouveau surnom et puis elle se sentait plutôt flattée par ce qui était presque comme un cadeau, une nouvelle identité. Puis elle réfléchissait aux doux mots de l'elfe.

- Je pense que c'est une bonne chose pour m'intégrer, je trouve que c'est aussi une question de respect d'apprendre la langue, les coutumes et là où on souhaite vivre et puis c'est une si belle langue après tout, et j'aime beaucoup apprendre. Voilà toutes ses raisons.

Sinestra se levait un peu difficilement, prenant soin de ne pas s'appuyer sur sa jambe blessée, attrapant au passage son bâton de marche, elle se remettait plutôt bien de sa blessure, même si c'était lent à son goût. Elle semblait plutôt contente de découvrir la monture de son ami, prête à le suivre.


rivés aux écuries, elle lâchait un petit soupir de satisfaction, elle aimait les odeurs d'écuries, celui du foin, des bêtes, du fumier frais, et par-dessus tout ça elle aimait la compagnie de ces quadrupèdes, elle appréciait tout particulièrement les destriers elfiques, ils avaient un petit quelque chose en plus qui lui plaisait tout particulièrement.

L'humaine s'approchait sans aucune timidité, elle avait l'habitude des chevaux et elle savait qu'elle pouvait pleinement avoir confiance en son ami.

- Oui, bien sûr. Coucou toi. Elle savait comment se présenter à un cheval et attendait que la jument fasse le premier pas pour la caresser.[/quote]

Le visage de Sinestra rayonnait de bonheur lorsqu’elle évoquait la force de ses rêves et les sacrifices auxquels elle avait consenti pour les réaliser. En dépit de sa jeunesse, cette dernière était prête à braver une série d’aléas et de dangers, pour mener une vie pleine d’incertitudes sur les routes. Mais cette existence bohème la comblait de bonheur.

- Je ne sais pas comment font ceux qui s’astreignent à mener une vie qui les éloigne de leur passion. Pour ma part, je serais incapable d’oublier mes rêves et de renoncer à ce qui me fait vibrer. Si tel était le cas, j’aurais l’impression de me renier, d’être vide à l’intérieur, un peu comme une sorte de mort-vivant…Pour moi, vivre vraiment ce n’est pas juste réaliser des actes ou accomplir une activité dénué de sens, mais savourer chaque instant, comme si c’était le dernier et ressentir des émotions fortes ainsi qu’une puissante connexion à l’univers. Depuis que je suis tout petit, je savais que je désirais plus que tout sauver le monde et en faire un endroit meilleur. Non pas en devenant un guerrier, car je hais la violence et la guerre, mais en usant d’un pouvoir bénéfique. Ce désir ne m’a jamais quitté et c’est pour cette raison que je voulais devenir Baptistrel et que j’aspire à devenir encore meilleur dans ce domaine afin de pouvoir guérir ceux qui souffrent.

Tandis qu’il prononçait ces paroles, les yeux bleutés d’Ilyanth luisaient d’émotions et le bonheur se lisait sur ses traits. En effet, celui-ci se sentait comblé et privilégié de pouvoir exercer le métier qui correspondait à sa vocation. Malheureusement, tout le monde n’avait pas cette chance et de nombreuses personnes étaient obligées de refouler leurs désirs et d’accomplir des tâches ingrates voire connaissaient une existence de misère, alors que d’autres vivaient dans l’opulence…

Le chantefeu réfléchit un bref instant avant de poursuivre :

- Je me demande qu’est-ce qui fait que de nombreuses personnes oublient ou renoncent à leurs rêves et à vivre de leur passion. La plupart des enfants sont plein d’enthousiasme et d’imagination, mais une fois adultes, une partie d’entre eux décident de rentrer dans un moule et de s’orienter vers une vie bien rangée. Peut-être s’agit-il d’un certain conformisme ou de la quête de la sécurité…Parfois, il est plus simple de choisir une voie déjà tracée que de se lancer dans une existence libre mais pleine de défis…Hélas, dans certaines situations, je crois qu’ils ont difficilement le choix, notamment s’ils sont miséreux et doivent subvenir à leurs besoins...

Ensuite, l’adolescente lui confia son envie de découvrir ce qui se cachait au-delà des océans et ses paroles laissèrent Neolenn songeur :

- Il existe probablement de nombreuses contrées que nous ne connaissons pas, d’autres continents cachés au-delà des mers et Armanda n’est que l’un d’entre eux. D’anciennes légendes Elfiques racontent que notre peuple vient d’une terre nommé le continent Sylvain et qu’il a dû le fuir afin de gagner les rivages Armandéens. C’était il y a si longtemps que nul ne se souvient du chemin emprunté par nos ancêtres et que nous serions sans doute incapable de le retrouver…Je me demande vraiment à quoi celui-ci peut bien ressembler. Il m’arrive de l’imaginer de l’imaginer, telle une contrée vierge et paradisiaque, recouverte d’une superbe végétation et pleine d’oiseaux et d’animaux.

La jeune danseuse ajouta qu’elle aurait aimé partir avec lui et qu'il appartenait presque à sa nouvelle famille, incarnant une sorte de grand frère, tout en lui adressant un sourire étincelant. Le Baptistrel lui lança un regard complice, signifiant qu’il ressentait la même chose et pressa plus fort sa main dans la sienne. Cette humaine éveillait son instinct protecteur, en raison de sa douceur et de l’apparence de fragilité qu’elle dégageait. De même, il ressentit son besoin d’affection et son désir de nouer des liens profonds et authentiques avec des êtres prêts à la chérir.

Puis, ils s’acheminèrent vers les écuries du domaine et Ilyanth présenta Lune d’Argent à Sinestra. Heureuse de recevoir de la visite, la jument hennit de bonheur et pencha doucement la tête vers elle, afin d’être caressée. La jument Elfique, en plus de sa grande beauté, possédant un caractère doux et affectueux et adorait recevoir des marques d’attention.

Neolenn se pencha vers la jeune fille et lui chuchota à l’oreille en lui faisant un clin d’œil :

- Je crois qu’elle t’a déjà adopté et que tu lui plais beaucoup.

Ensuite le jeune Elfe ouvrit la porte du box et entra à l’intérieur. Ses doigts fins et effilés commencèrent à caresser avec délicatesse l’encolure neigeuse de l’animal et il s’empara d’une brosse afin de la panser.

- J’aime venir ici, ce lieu m’apaise et me fait du bien. J’ai toujours aimé les chevaux et les animaux en général depuis ma plus tendre enfance. Je crois que je n’oublierais jamais le jour où j’ai rencontré Lune d’Argent pour la première fois…C’était une jeune pouliche, encore un peu timide qui se trouvait près de sa mère et dès l’instant où mon regard s’est posé sur elle, j’ai ressenti une sorte de coup de foudre. J’ai su qu’entre elle et moi une grande histoire était sur le point de débuter. Je ne la considère pas comme une monture mais comme une confidente et une amie. Souvent, je lui murmure même des secrets à l'oreille...

Lune-d ’Argent poussa un hennissement de plaisir en entendant ces paroles, semblant acquiescer, ce qui fit éclater Ilyanth de rire. Ses yeux se tournèrent vers Sinestra et il lui demanda avec douceur:

- Est-ce que tu aimerais que nous allions faire une promenade à cheval tout à l’heure ? Je crois que Lune d’Argent a besoin de se dégourdir les pattes et tu pourrais emprunter l’un des chevaux qui se trouve ici. Il en a surement un qui te conviendrait.

Sinestra a écrit:
Comment aurait-elle pu en faire autrement ? Elle s'était jetée dans la vie à corps perdu en pleine guerre, elle n'avait plus personne pour veiller sur elle, elle aurait mille fois pu mourir avant d'arriver ici, mais elle avait lutté, sans doute sans même s'en rendre compte, elle avait connu des hauts et des bas, le bonheur, l'abandon, puis encore le bonheur et encore.. Un nombre incalculable de fois. Elle avait fini par s'accrocher au peu de figures sympathiques qu'elle avait rencontré, elle avait souffert ça ne faisait pas l'ombre d'un doute, mais.. Elle préférait vivre au jour le jour, parce que si elle abandonnait maintenant.. Elle allait mourir.

- J'aime vivre, je veux que chacun puisse trouver du bonheur dans ce qu'il fait, que personne ne s'oblige à faire quelque chose qui ne lui convienne pas. Je me moque qu'on rit de moi, c'est comme ça que je veux être, je me moque d'être riche, célèbre ou je ne sais quoi ! Et je continuerais à me battre pour ça. Elle montrait une nouvelle fois sa grande maturité, et cette détermination à toute épreuve.

Ses yeux gris d'orage laissaient transparaître un rayon de soleil, oui, elle aimait ce monde, voilà pourquoi elle ne voulait que le meilleur pour lui, c'était très simple en fin de compte, elle se moquait qu'on lui dise qu'elle était naïve, elle ne restait jamais à genoux devant les critiques. Elle était déterminée à faire de ce monde un monde meilleur.

- Malheureusement, ça c'est quelque chose de personnel, j'ai beau n'être qu'une simple danseuse de taverne ou de place, j'ai toujours bien vécu, pas dans l'opulence, certes. Mais j'ai été heureuse, j'ai eu la volonté de m'en sortir plutôt que de m'adapter à la société. Elle avait un discours plutôt passionné, même si c'était dit de manière plutôt maladroite.

Elle fermait les yeux quelques secondes pour imaginer ce fameux continent qui remontait à si longtemps.. Elle aimait rêver, elle aimait imaginer des choses aussi belles que celles-ci. Croire en quelque chose d'aussi merveilleux n'était-ce pas normal pour une enfant ?

L'humaine lâchait un éclat de rire face à son regard complice, gloussant un peu pour masquer le fait qu'elle avait bien du mal à soutenir les regards qui se portaient sur elle.

Elle affichait un sourire serein en grattouillant la jument, elle s'était toujours bien entendue avec les chevaux, les chevaux étaient tellement porteurs de symboles, significations, c'était des êtres hors-normes, extrêmement fidèle et vaillant. Elle pensait soigneusement à tout ça pendant qu'elle caressait un peu la jument.

- C'était un coup de foudre alors, les chevaux sont très expressifs, ils ne mentent pas, elle t'aime beaucoup et ça se voit. Les chevaux sont vraiment des animaux très spéciaux, j'ai vraiment l'impression qu'ils comprennent tout ce qu'on leur dit. Elle plongeait son regard quelques secondes dans celui de la jument, et elle y devinait facilement inintelligence et la conscience. Ça me ferait très plaisir de me balader avec toi.


Ilyanth appréciait la compagnie de la jeune fille et discuter avec elle l’emplissait de joie et de sérénité. Malgré sa jeunesse, cette dernière faisait preuve d’une grande maturité et portait sur l’univers un regard rêveur et empreint de paix. L’elfe éprouvait le sentiment de retrouver une part de lui-même dans cette jeune âme, à la fois si pure, si passionnée et sensible…Ce dernier s’extasiait de la profondeur des réflexions qui l’habitaient et de sa soif d’absolu qui n’avait rien à envier à la sienne. Sans l’ombre d’un doute, l’artiste était une magnifique personne, capable d’embellir le monde en l’illuminant de ses qualités humaines et créatives.

A ses yeux, leur rencontre constituait une chance inespérée et il se prenait à songer que le destin les avaient peut-être guidés l’un vers l’autre et réunis sous de merveilleux auspices. Il admirait sa fougue et sa candeur ainsi que la fragilité qu’elle dissimulait derrière l’éclat argenté de ses yeux couleur de pluie.

Tandis qu’ils s’acheminaient lentement en direction des écuries du domaine, le jeune Baptistrel avait du mal à contenir son impatience de présenter son amie équine à l’humaine. En son for intérieur, celui-ci n’éprouvait aucun doute sur le bon déroulement de cette première entrevue entre l’adolescente et l’animal. Sa jument Elfique était la douceur incarnée et se montrait toujours très docile et avenante envers les inconnus. Sans compter que Sinestra ressentait énormément d’amour pour les animaux et ceux-ci le lui rendaient bien.

Quand les deux amis pénétrèrent à l’intérieur de l’écurie, Lune d’argent les attendait sagement dans son box et leur fit le plus chaleureux des accueils, en hennissant de bonheur à leur approche.

Après lui avoir dispensé quelques caresses et d’autres marques d’affection, le chantefeu présenta la splendide créature, aussi blanche que la neige la plus pure, à la petite danseuse. Cette dernière s’approcha d’elle et lui parla d’une voix aussi douce que le chant murmurant d’une rivière.

Puis elle lui grattouilla tendrement la tête pendant que Neolenn lui contait le récit de sa rencontre avec sa jument.

- Je crois qu’on peut dire ça, c’était intense et profond et j’ai eu l’impression dès le premier instant que nous étions destinés l’un à l’autre, dit-il en souriant. Quant au fait de comprendre tout ce que nous disons, je suis tout à fait d’accord avec toi, j’ai souvent cette impression et c’est la raison pour laquelle je n’hésite pas à leur parler à haute voix voire à leur confier certaines choses. Je pense que ce sont des animaux très intelligents et qu’ils nous le font comprendre de maintes façons différentes.

Puis comme pour appuyer ses propos, le maître barde ébouriffa la crinière lactescente de sa jument tout en lui disant :

- N’est-ce pas ma belle que tu comprends tout ce que nous disons ?
Paraissant acquiescer, l’animal piaffa joyeusement et secoua la tête, faisant rire le jeune Elfe.
- La journée est si belle que cela serait dommage de ne pas en profiter, surtout que j’adore galoper dans la nature et sentir le souffle du vent sur mon visage. C’est comme si je goutais à la saveur de la liberté. Mais nous devons aussi penser à te choisir une monture pour cette promenade. La plupart n’appartienne à personne en particulier et tu es libre d’emprunter celui que te désires.

Ilyanth prit sa jeune compagne par la main et l’emmena visiter le reste de l’écurie. Dans les rangées de box, se trouvaient différentes races de chevaux, allant du destrier Elfique au destrier humain. Il y avait même quelques poneys qui attendaient que quelqu’un vienne les caresser ou les nourrir d’avoine.

En passant devant les box, le Rhapsodien n’hésitait pas à nommer et à présenter chacun d’entre eux à la fillette aux cheveux ténébreux.

- Lui c’est le vieux tommy, il est très âgé mais encore vigoureux et robuste, dit-il en montrant un petit cheval brun au corps trapu. Un peu plus loin, ils aperçurent une jument à la robe pie, en compagnie d’un poulain.

- Elle s’appelle Lyssa et elle a eu un petit il y a quelques semaines.

Alors que les deux amis continuaient à avancer dans l’écurie, ils arrivèrent devant un box où se tenait un cheval de provenance humaine, assez craintif et dissimulé dans la demi-pénombre. En s’approchant, on pouvait distinguer qu’il avait été amputé d’une de ses oreilles et qu’une large cicatrice lui barrait le front.

Le Cawr s’arrêta et ses prunelles couleur lagon se couvrirent d’un voile de tristesse :

- C’est un cheval blessé que nous avons recueilli, nous l’avons trouvé perdu dans les bois, blessé et affamé. Il portait la marque d’une blessure à la tête, comme si quelqu’un lui avait donné un coup avec une dague ou une épée. Nous l’avons soigné avec douceur et gentillesse, mais il demeure très craintif et méfiant…

Tout en contemplant sa jeune amie, Ilyanth se mit à l’imaginer en train de danser, vive et pleine de grâce, aussi délicate qu’une fleur sauvage. Le moment venu, il pourrait la contempler, mais pour l’heure, elle devait se ménager et veiller à son bon rétablissement.

Neolenn écouta avec beaucoup d’intérêt l’artiste évoquer sa passion pour la danse et les yeux d’acier de cette dernière s’éclairèrent d’une lueur nouvelle.

- Je trouve que c’est une merveilleuse chose que d’avoir une passion qui t’anime et de pouvoir t’investir dedans, corps et âme. Hélas, de nombreuses personnes choisissent une voie toute tracée pour eux ou accomplissent les choses par devoir. Choisir la vie qu’on désire mener, surtout si jeune, selon moi, cela démontre une grande indépendance d’esprit et un tempérament entier qui ne se contente d’aucun compromis.

Sinestra faisait partie de ces êtres passionnés qui s’offraient à la vie, sacrifiant tout à leurs idéaux et à leur quête d’Absolu. Neolenn poursuivit de la voix mélodieuse qui était la sienne :

- A mes yeux, l’Art est une chose magnifique et très précieuse, qui permet de donner du sens à l’existence, de l’embellir, et d’exprimer les sentiments les plus intenses ainsi que la beauté des êtres et de l’univers. Lorsque tu danses, sans doute parviens-tu à transmettre l’émerveillement et la sensibilité qui t’habitent et à toucher, par ce biais, le cœur de nombreuses personnes.

Le regard de l’elfe se fit rêveur et contemplatif, semblant se perdre dans l’azur du firmament.

- Je crois que les individus ont besoin de rêver et aspirent à donner du sens à leurs existences pour trouver le bonheur véritable. Si nos vies se limitaient à naître, boire, manger et à rechercher de simples biens matériels ou des plaisirs éphémères, en attendant de mourir, peut-être seraient elles d’une grande vacuité…Peut-être que de la même façon que nos corps ont besoin d’être nourri pour survivre, nos âmes éprouvent le besoin qu’on les élève et les nourrissent avec nos rêves et nos espoirs.

En écoutant les paroles de la jeune fille sur la liberté, un sourire plein de bienveillance s’afficha sur les lèvres du Baptistrel :

- Je pense que la liberté est un bien précieux et qu’il est indispensable de la chérir. De plus, je crois qu’il existe également plusieurs sortes de liberté : la liberté physique, celle d’aller ou bon nous semble et une autre plus abstraite qui est celle de penser, d’avoir ses propres opinions et de savoir prendre du recul sur les idées de la société dominante, voire de remettre en question certains préjugés.
Puis, ce dernier ajouta avec douceur :

- Tout comme toi, j’aspire à découvrir les splendeurs d’Armanda, les autres peuples et les autres cultures. Pour qui sait le regarder, le monde ressemble à un magnifique jardin.

Quand Sinestra parla de répartir un jour, mais de revenir afin de retrouver son ami ; le jeune Rhapsodien, lui prit délicatement la main et répondit d’un ton rassurant :

- Ne t’inquiète pas, si je sais que tu pars pour accomplir tes rêves, je me sentirais heureux pour toi. Je préfère te savoir épanouie, même si cela signifie ton départ, que malheureuse ici, et je ne désire pas te savoir enchaînée ou prisonnière d’une cage dorée. De plus, même si nous sommes séparés physiquement, notre lien d’amitié ne se brisera pas et nous continuerons à veiller l’un sur l’autre en pensées. Et il ajouta d’un air espiègle. Et puis qui sait, peut-être ferons nous un jour un beau voyage ensemble.
En effet, le Cawr considérait qu’un amour sincère envers quelqu’un impliquait de le laisser libre de ses choix et de suivre son propre chemin. Toutefois, celui-ci se sentait ému par la gentillesse de Sinestra et par son désir de revenir un jour auprès de lui, afin de ne pas l’abandonner.

Ilyanth esquissa un sourire amusé en entendant les paroles pleines de fougue de l’humaine concernant son refus de grandir et d’endosser des responsabilités. Cette dernière était remplie de l’ardeur de la jeunesse, de sincérité et d’authenticité, ne trichant pas avec ses ressentis.

- Même si tu grandis, sans doute, ne tient-il qu’à toi de conserver ton âme d’enfant et de continuer à rêver et à espérer. Au fond, ce n’est pas nécessairement l’âge et les responsabilités qui nous font perdre notre insouciance et notre passion, mais nous qui les oublions, y renonçons et les enterrons dans un coin de notre cœur. J’espère que tu garderas toujours ce tempérament juvénile car trop d’individus perdent leur idéalisme et leur innocence, en raison des épreuves de la vie, dit-il pensif avant de poursuivre. Concernant le fait d’exprimer ses émotions telles qu’on les ressent, je partage ton avis et j’ai choisi d’être vrai, d’être moi-même tout simplement.

La suite des paroles de l’humaine à la chevelure de jais firent réfléchir le maître barde qui répondit d’un ton posé :

- Tout comme toi, je pense que nous ne sommes pas faits pour vivre seuls, nous sommes pour la plupart des êtres sociaux, éprouvant le besoin de soutien, d’amour et d’amitié. Sans doute, avons-nous besoin de ses liens pour grandir et nous épanouir et ressentir une profonde solitude peut s’avérer très douloureux.

Puis celui-ci demeura silencieux un bref instant, arborant un air songeur, avant de poursuivre :
- Je crois qu’il existe différentes sortes de solitude, parfois nous sommes seuls physiquement et nous en souffrons. D’autres fois, nous pouvons nous sentir terriblement seuls alors que nous sommes entourés d’une immense foule. Peut-être que la deuxième est la plus difficile à supporter des deux…

Après que l’artiste ait exprimé son désir d’en apprendre plus sur les sorts de soin pour se rendre utile. Neolenn répondit en la couvant du regard :

- Si tu désires en savoir davantage sur les sortilèges curatifs, alors le domaine est l’endroit idéal. Tu pourras y trouver des professeurs prévenants et compétents ainsi que de nombreuses bibliothèques remplies de grimoires de magie. Sans compter que beaucoup de malades viennent ici, en quête de guérison.

Ensuite, l’adolescente se leva avec précaution, en raison de sa jambe blessée et s’apprêtait à suivre son ami jusqu’aux écuries du domaine. Le chantefeu marchait lentement afin de ne pas la devancer et se tenait à ses côtés, telle une présence, à la fois pleine de force et de bienveillance, prête à la rattraper si par malheur elle trébuchait.

Bientôt les écuries du domaine furent en vue, les bâtiments abritaient une centaine de chevaux piaffant et l’air était empreint de l’odeur de leurs corps, mêlée à celle du foin. Ilyanth marcha jusqu’à l’un des box où se trouvait une magnifique jument Elfique, à la robe d’un blanc aussi opalescent qu’une lune de printemps. En les voyant approcher, l’animal se mit à hennir de plaisir et pencha doucement la tête dans l’attente d’une caresse.

L’elfe posa avec délicatesse sa main sur son chanfrein neigeux et dit à l’attention de Sinestra :

- Alfirin Amdir, je te présente ma jument, elle s’appelle Lune d’argent. Est-ce que tu veux la caresser ?

Sinestra a écrit:
Elle aimait la danse, plus qu'une passion, c'était un véritable exutoire, quand elle dansait, elle oubliait tout, ne se concentrant que sur ses propres émotions, comme si elle était possédée par quelque chose, souvent, elle avait fini en larmes ou par tomber d'épuisement, souvent, elle l'avait détesté pour les raisons qui la poussaient à apprécier cette passion.

- Je ne sais pas vraiment comment certaines personnes font pour vivre sans vivre leurs rêves, tout mettre de côté pour un simple confort, ce n'est pas quelque chose que je conçois. Pour faire simple, elle ne pouvait imaginer une vie sans ces choses qui étaient - de son point de vue - très importantes.

L'humaine avait délaissé une vie facile et convenue préférant le labeur nécessaire pour mener la vie dont elle rêvait depuis sa plus tendre enfance, même si elle s'imposait une vie que bien peu auraient aimés sur l'insécurité des routes, les aléas du climat, au moins elle avait pleinement le sentiment de vivre et surtout en accord avec ses idées.

- Je ne sais pas encore si je fais cela pour moi ou pour les autres, mais il y a une chose dont je suis sûre, c'est que c'est ça que j'ai envie de faire et rien d'autre. Et c'est justement voir cette petite étincelle briller dans le regard des gens qui me pousse à continuer malgré la difficulté, et puis je ne sais rien faire d'autre. Elle n'avait rien d'autre, elle s'accrochait à cela comme l'on s'accroche à la vie, voilà pourquoi elle était toujours là, jamais elle n'avait abandonné.

Elle se moquait bien de ce qui pouvait lui arriver, au moins si elle venait à mourir, elle aurait été heureuse jusqu'au bout.

- J'aime ce monde, si un jour, j'en ai la possibilité, j'aimerais aussi voir ce qu'il se cache par-delà la mer, voir si hormis les peuples qu'on connaît, il n'y en a pas d'autres.. Juste voir comment sont les choses.. Ailleurs.

En disant cela il y avait quelque chose qui ressemblait à du rêve en elle, ce n'était qu'un rêve d'enfant, mais elle semblait y accorder une importance toute particulière, même s'il était finalement très peu probable qu'en jour, il y ait une quelconque expédition en dehors des mers connues (Note : Simple supposition de ma part.) Le rêve pouvait être à peu prêt n'importe quelle émotion positive, la joie, une sensation de liberté, de l'amour, de la fraternité.. Elle avait toujours appelé ça comme ça, le rêve était une émotion puissante et difficilement descriptible. Et c'était ce qu'elle ressentait en ce moment précis, quelque chose qui lui était propre.

Et lorsque l'elfe prenait sa main, elle serrait cette dernière entre ses doigts fins, un contact que certains jugeraient un peu trop franc, mais, elle, elle s'en moquait bien et ils étaient dans un rapport suffisamment cordial pour s'autoriser à oublier un peu l'étiquette.

- J'aurais aimé pouvoir partir avec toi, tu fais presque partie de la famille à présent. Un peu comme un grand frère. Lui accordant un sourire radieux.

Sa famille était dorénavant bien hétéroclite, on y trouvait de tout, chaque personne qui aidait la jeune danseuse, ou qui lui apportait un peu de rêve en faisait partie d'office, rien d'officiel, une famille bien plus précieuse et bien plus véritable que les liens du sang, délaisser le faux au profit du vrai. Et elle n'abandonnait pas sa famille.

- Je ne grandirais jamais alors, pas vraiment en tout cas. Elle semblait réfléchir ensuite à ce qu'il disait, préférant opter pour le silence, s'accordant quelques secondes de réflexion avant d'ajouter : Tout ce que je sais, c'est que je n'aime pas du tout être seule. Elle devenait un peu plus pensive. Je pense que je n'aurais aucun problème à trouver un bon professeur.

Elle parvenait sans mal à le suivre puisqu'il faisait l'effort d'avancer tout doucement et elle appréciait tout particulier le fait qu'il se montre aussi prévenant malgré qu'elle n'ai pas l'impression d'avoir besoin de son aide, l'attention était louable et lui faisait chaud au cœur et ainsi, elle n'était pas obligée de se presser.

Une fois qu'il furent arrivés aux écuries, elle lâchait un petit soupir de satisfaction, elle aimait les odeurs d'écuries, celui du foin, des bêtes, du fumier frais, et par-dessus tout ça elle aimait la compagnie de ces quadrupèdes, elle appréciait tout particulièrement les destriers elfiques, ils avaient un petit quelque chose en plus qui lui plaisait tout particulièrement.

L'humaine s'approchait sans aucune timidité, elle avait l'habitude des chevaux et elle savait qu'elle pouvait pleinement avoir confiance en son ami.

- Oui, bien sûr. Coucou toi. Elle savait comment se présenter à un cheval et attendait que la jument fasse le premier pas pour la caresser.


description"Te revoir dans la douceur de l'aube" (PV Sinestra) EmptyRe: "Te revoir dans la douceur de l'aube" (PV Sinestra)

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Le visage de Sinestra rayonnait de bonheur lorsqu’elle évoquait la force de ses rêves et les sacrifices auxquels elle avait consenti pour les réaliser. En dépit de sa jeunesse, cette dernière était prête à braver une série d’aléas et de dangers, pour mener une vie pleine d’incertitudes sur les routes. Mais cette existence bohème la comblait de bonheur.

- Je ne sais pas comment font ceux qui s’astreignent à mener une vie qui les éloigne de leur passion. Pour ma part, je serais incapable d’oublier mes rêves et de renoncer à ce qui me fait vibrer. Si tel était le cas, j’aurais l’impression de me renier, d’être vide à l’intérieur, un peu comme une sorte de mort-vivant…Pour moi, vivre vraiment ce n’est pas juste réaliser des actes ou accomplir une activité dénué de sens, mais savourer chaque instant, comme si c’était le dernier et ressentir des émotions fortes ainsi qu’une puissante connexion à l’univers. Depuis que je suis tout petit, je savais que je désirais plus que tout sauver le monde et en faire un endroit meilleur. Non pas en devenant un guerrier, car je hais la violence et la guerre, mais en usant d’un pouvoir bénéfique. Ce désir ne m’a jamais quitté et c’est pour cette raison que je voulais devenir Baptistrel et que j’aspire à devenir encore meilleur dans ce domaine afin de pouvoir guérir ceux qui souffrent.

Tandis qu’il prononçait ces paroles, les yeux bleutés d’Ilyanth luisaient d’émotions et le bonheur se lisait sur ses traits. En effet, celui-ci se sentait comblé et privilégié de pouvoir exercer le métier qui correspondait à sa vocation. Malheureusement, tout le monde n’avait pas cette chance et de nombreuses personnes étaient obligées de refouler leurs désirs et d’accomplir des tâches ingrates voire connaissaient une existence de misère, alors que d’autres vivaient dans l’opulence…

Le chantefeu réfléchit un bref instant avant de poursuivre :

- Je me demande qu’est-ce qui fait que de nombreuses personnes oublient ou renoncent à leurs rêves et à vivre de leur passion. La plupart des enfants sont plein d’enthousiasme et d’imagination, mais une fois adultes, une partie d’entre eux décident de rentrer dans un moule et de s’orienter vers une vie bien rangée. Peut-être s’agit-il d’un certain conformisme ou de la quête de la sécurité…Parfois, il est plus simple de choisir une voie déjà tracée que de se lancer dans une existence libre mais pleine de défis…Hélas, dans certaines situations, je crois qu’ils ont difficilement le choix, notamment s’ils sont miséreux et doivent subvenir à leurs besoins...

Ensuite, l’adolescente lui confia son envie de découvrir ce qui se cachait au-delà des océans et ses paroles laissèrent Neolenn songeur :

- Il existe probablement de nombreuses contrées que nous ne connaissons pas, d’autres continents cachés au-delà des mers et Armanda n’est que l’un d’entre eux. D’anciennes légendes Elfiques racontent que notre peuple vient d’une terre nommé le continent Sylvain et qu’il a dû le fuir afin de gagner les rivages Armandéens. C’était il y a si longtemps que nul ne se souvient du chemin emprunté par nos ancêtres et que nous serions sans doute incapable de le retrouver…Je me demande vraiment à quoi celui-ci peut bien ressembler. Il m’arrive de l’imaginer de l’imaginer, telle une contrée vierge et paradisiaque, recouverte d’une superbe végétation et pleine d’oiseaux et d’animaux.

La jeune danseuse ajouta qu’elle aurait aimé partir avec lui et qu'il appartenait presque à sa nouvelle famille, incarnant une sorte de grand frère, tout en lui adressant un sourire étincelant. Le Baptistrel lui lança un regard complice, signifiant qu’il ressentait la même chose et pressa plus fort sa main dans la sienne. Cette humaine éveillait son instinct protecteur, en raison de sa douceur et de l’apparence de fragilité qu’elle dégageait. De même, il ressentit son besoin d’affection et son désir de nouer des liens profonds et authentiques avec des êtres prêts à la chérir.

Puis, ils s’acheminèrent vers les écuries du domaine et Ilyanth présenta Lune d’Argent à Sinestra. Heureuse de recevoir de la visite, la jument hennit de bonheur et pencha doucement la tête vers elle, afin d’être caressée. La jument Elfique, en plus de sa grande beauté, possédant un caractère doux et affectueux et adorait recevoir des marques d’attention.

Neolenn se pencha vers la jeune fille et lui chuchota à l’oreille en lui faisant un clin d’œil :

- Je crois qu’elle t’a déjà adopté et que tu lui plais beaucoup.

Ensuite le jeune Elfe ouvrit la porte du box et entra à l’intérieur. Ses doigts fins et effilés commencèrent à caresser avec délicatesse l’encolure neigeuse de l’animal et il s’empara d’une brosse afin de la panser.

- J’aime venir ici, ce lieu m’apaise et me fait du bien. J’ai toujours aimé les chevaux et les animaux en général depuis ma plus tendre enfance. Je crois que je n’oublierais jamais le jour où j’ai rencontré Lune d’Argent pour la première fois…C’était une jeune pouliche, encore un peu timide qui se trouvait près de sa mère et dès l’instant où mon regard s’est posé sur elle, j’ai ressenti une sorte de coup de foudre. J’ai su qu’entre elle et moi une grande histoire était sur le point de débuter. Je ne la considère pas comme une monture mais comme une confidente et une amie. Souvent, je lui murmure même des secrets à l'oreille...

Lune-d ’Argent poussa un hennissement de plaisir en entendant ces paroles, semblant acquiescer, ce qui fit éclater Ilyanth de rire. Ses yeux se tournèrent vers Sinestra et il lui demanda avec douceur:

- Est-ce que tu aimerais que nous allions faire une promenade à cheval tout à l’heure ? Je crois que Lune d’Argent a besoin de se dégourdir les pattes et tu pourrais emprunter l’un des chevaux qui se trouve ici. Il en a surement un qui te conviendrait.

Sinestra a écrit:
Comment aurait-elle pu en faire autrement ? Elle s'était jetée dans la vie à corps perdu en pleine guerre, elle n'avait plus personne pour veiller sur elle, elle aurait mille fois pu mourir avant d'arriver ici, mais elle avait lutté, sans doute sans même s'en rendre compte, elle avait connu des hauts et des bas, le bonheur, l'abandon, puis encore le bonheur et encore.. Un nombre incalculable de fois. Elle avait fini par s'accrocher au peu de figures sympathiques qu'elle avait rencontré, elle avait souffert ça ne faisait pas l'ombre d'un doute, mais.. Elle préférait vivre au jour le jour, parce que si elle abandonnait maintenant.. Elle allait mourir.

- J'aime vivre, je veux que chacun puisse trouver du bonheur dans ce qu'il fait, que personne ne s'oblige à faire quelque chose qui ne lui convienne pas. Je me moque qu'on rit de moi, c'est comme ça que je veux être, je me moque d'être riche, célèbre ou je ne sais quoi ! Et je continuerais à me battre pour ça. Elle montrait une nouvelle fois sa grande maturité, et cette détermination à toute épreuve.

Ses yeux gris d'orage laissaient transparaître un rayon de soleil, oui, elle aimait ce monde, voilà pourquoi elle ne voulait que le meilleur pour lui, c'était très simple en fin de compte, elle se moquait qu'on lui dise qu'elle était naïve, elle ne restait jamais à genoux devant les critiques. Elle était déterminée à faire de ce monde un monde meilleur.

- Malheureusement, ça c'est quelque chose de personnel, j'ai beau n'être qu'une simple danseuse de taverne ou de place, j'ai toujours bien vécu, pas dans l'opulence, certes. Mais j'ai été heureuse, j'ai eu la volonté de m'en sortir plutôt que de m'adapter à la société. Elle avait un discours plutôt passionné, même si c'était dit de manière plutôt maladroite.

Elle fermait les yeux quelques secondes pour imaginer ce fameux continent qui remontait à si longtemps.. Elle aimait rêver, elle aimait imaginer des choses aussi belles que celles-ci. Croire en quelque chose d'aussi merveilleux n'était-ce pas normal pour une enfant ?

L'humaine lâchait un éclat de rire face à son regard complice, gloussant un peu pour masquer le fait qu'elle avait bien du mal à soutenir les regards qui se portaient sur elle.

Elle affichait un sourire serein en grattouillant la jument, elle s'était toujours bien entendue avec les chevaux, les chevaux étaient tellement porteurs de symboles, significations, c'était des êtres hors-normes, extrêmement fidèle et vaillant. Elle pensait soigneusement à tout ça pendant qu'elle caressait un peu la jument.

- C'était un coup de foudre alors, les chevaux sont très expressifs, ils ne mentent pas, elle t'aime beaucoup et ça se voit. Les chevaux sont vraiment des animaux très spéciaux, j'ai vraiment l'impression qu'ils comprennent tout ce qu'on leur dit. Elle plongeait son regard quelques secondes dans celui de la jument, et elle y devinait facilement inintelligence et la conscience. Ça me ferait très plaisir de me balader avec toi.


Ilyanth appréciait la compagnie de la jeune fille et discuter avec elle l’emplissait de joie et de sérénité. Malgré sa jeunesse, cette dernière faisait preuve d’une grande maturité et portait sur l’univers un regard rêveur et empreint de paix. L’elfe éprouvait le sentiment de retrouver une part de lui-même dans cette jeune âme, à la fois si pure, si passionnée et sensible…Ce dernier s’extasiait de la profondeur des réflexions qui l’habitaient et de sa soif d’absolu qui n’avait rien à envier à la sienne. Sans l’ombre d’un doute, l’artiste était une magnifique personne, capable d’embellir le monde en l’illuminant de ses qualités humaines et créatives.

A ses yeux, leur rencontre constituait une chance inespérée et il se prenait à songer que le destin les avaient peut-être guidés l’un vers l’autre et réunis sous de merveilleux auspices. Il admirait sa fougue et sa candeur ainsi que la fragilité qu’elle dissimulait derrière l’éclat argenté de ses yeux couleur de pluie.

Tandis qu’ils s’acheminaient lentement en direction des écuries du domaine, le jeune Baptistrel avait du mal à contenir son impatience de présenter son amie équine à l’humaine. En son for intérieur, celui-ci n’éprouvait aucun doute sur le bon déroulement de cette première entrevue entre l’adolescente et l’animal. Sa jument Elfique était la douceur incarnée et se montrait toujours très docile et avenante envers les inconnus. Sans compter que Sinestra ressentait énormément d’amour pour les animaux et ceux-ci le lui rendaient bien.

Quand les deux amis pénétrèrent à l’intérieur de l’écurie, Lune d’argent les attendait sagement dans son box et leur fit le plus chaleureux des accueils, en hennissant de bonheur à leur approche.

Après lui avoir dispensé quelques caresses et d’autres marques d’affection, le chantefeu présenta la splendide créature, aussi blanche que la neige la plus pure, à la petite danseuse. Cette dernière s’approcha d’elle et lui parla d’une voix aussi douce que le chant murmurant d’une rivière.

Puis elle lui grattouilla tendrement la tête pendant que Neolenn lui contait le récit de sa rencontre avec sa jument.

- Je crois qu’on peut dire ça, c’était intense et profond et j’ai eu l’impression dès le premier instant que nous étions destinés l’un à l’autre, dit-il en souriant. Quant au fait de comprendre tout ce que nous disons, je suis tout à fait d’accord avec toi, j’ai souvent cette impression et c’est la raison pour laquelle je n’hésite pas à leur parler à haute voix voire à leur confier certaines choses. Je pense que ce sont des animaux très intelligents et qu’ils nous le font comprendre de maintes façons différentes.

Puis comme pour appuyer ses propos, le maître barde ébouriffa la crinière lactescente de sa jument tout en lui disant :

- N’est-ce pas ma belle que tu comprends tout ce que nous disons ?
Paraissant acquiescer, l’animal piaffa joyeusement et secoua la tête, faisant rire le jeune Elfe.
- La journée est si belle que cela serait dommage de ne pas en profiter, surtout que j’adore galoper dans la nature et sentir le souffle du vent sur mon visage. C’est comme si je goutais à la saveur de la liberté. Mais nous devons aussi penser à te choisir une monture pour cette promenade. La plupart n’appartienne à personne en particulier et tu es libre d’emprunter celui que te désires.

Ilyanth prit sa jeune compagne par la main et l’emmena visiter le reste de l’écurie. Dans les rangées de box, se trouvaient différentes races de chevaux, allant du destrier Elfique au destrier humain. Il y avait même quelques poneys qui attendaient que quelqu’un vienne les caresser ou les nourrir d’avoine.

En passant devant les box, le Rhapsodien n’hésitait pas à nommer et à présenter chacun d’entre eux à la fillette aux cheveux ténébreux.

- Lui c’est le vieux tommy, il est très âgé mais encore vigoureux et robuste, dit-il en montrant un petit cheval brun au corps trapu. Un peu plus loin, ils aperçurent une jument à la robe pie, en compagnie d’un poulain.

- Elle s’appelle Lyssa et elle a eu un petit il y a quelques semaines.

Alors que les deux amis continuaient à avancer dans l’écurie, ils arrivèrent devant un box où se tenait un cheval de provenance humaine, assez craintif et dissimulé dans la demi-pénombre. En s’approchant, on pouvait distinguer qu’il avait été amputé d’une de ses oreilles et qu’une large cicatrice lui barrait le front.

Le Cawr s’arrêta et ses prunelles couleur lagon se couvrirent d’un voile de tristesse :

- C’est un cheval blessé que nous avons recueilli, nous l’avons trouvé perdu dans les bois, blessé et affamé. Il portait la marque d’une blessure à la tête, comme si quelqu’un lui avait donné un coup avec une dague ou une épée. Nous l’avons soigné avec douceur et gentillesse, mais il demeure très craintif et méfiant…

Sinestra a écrit:
- Je n'ai aucune honte à rapprocher cela du lien que l'on peut avoir avec un dragon, ce sont des êtres tout autant intelligents et sentient qu'eux. Elle se moquait bien d'être traitée 'hérétique pour cette comparaison, mais elle se contentant d'être en accord avec elle-même, donnant son avis sans l'imposer une seule seconde.

La danseuse comprenait facilement ce lien, elle l'avait éprouvé de nombreuses fois, avec l'oiseau qu'elle avait secouru et à présent avec le poulain dont elle s'occupait, d'ici peut-être un an, elle pourrait le monter, peut-être moins, mais elle avait ressenti quelque chose de semblable, comme s'il comprenait tout et puis s'occuper d'un être vivant lui permettant d'effacer un peu la douleur, de penser à autre chose de manière plus générale.

- J'apprécie aussi ce sentiment de liberté, sans aucune contrainte,
l'impression d'être seul avec sa monture dans une liberté presque totale, sans rien craindre. L'humaine aimait être libre, même si elle s'imposait un certain cadre de vie. Et pour le reste, elle lui faisait confiance sur le choix de la monture qui lui serait la plus adaptée.

Elle avait un air un peu naïf, et innocent et surtout un sourire qui aurait pu en faire pleurer les esprits même, et pourtant dans son regard, on pouvait voir une lueur mature qui ne semblait pas vraiment lui appartenir.

Sinestra observait avec une attention toute particulière les chevaux que son ami lui présentait, finalement chacun avait une particularité bien définie, mais elle s'arrêtait sur ce cheval humain, il attirait toute son attention, non pas par ses différences physiques mais bien par son histoire qui lui faisait lâcher un soupir douloureux et triste.

- La cruauté des hommes n'a malheureusement aucune limite. Cela tranche vraiment beaucoup avec ce qu'on trouve par ici, un animal ne sait pas vraiment se défendre et encore moins face aux humains. C'est comme de s'en prendre à un enfant, il faut être malade pour faire ça. Et malgré le fait qu'elle se cache derrière une certaine froideur de circonstance, on sentait que le sujet la touchait tout particulièrement.

Elle savait très bien que le soleil et les arcs-en-ciel ce n'était pas le monde, il y avait parfois de bien horribles épreuves comme celle-ci, mutiler un être sans défense était une chose horrible qui méritait d'être punie, que c'était bien loin d'être la grande majorité de ce qu'il se passait dans ce monde, en fait, il y avait finalement bien peu de bonheur et toujours quelque chose pour vous remettre les pieds sur terre au moment où tout allait bien. Mais vivre était à ce prix.

- Voilà pourquoi je préfère ces êtres, ils ne mentent pas, ne trahissent pas, et finalement ne blessent jamais sans raison, et parfois même s'ils ne savent pas faire la différence entre le bien et le mal, je me sens bien plus proche d'eux que des miens. Une bien triste réalité, mais qui se confirmait au fil des années.


Le jeune Elfe adressa un sourire à sa jeune amie pleine de fougue et de spontanéité. Sinestra faisait preuve d’une grande franchise, en dévoilant, sans fards ni artifices, la moindre de ses pensées et les sentiments qui habitaient son cœur. Certes, une telle opinion pouvait ressembler à une hérésie dans un univers tel que celui d’Armanda où les dragons étaient considérés comme des créatures sacrées et la source du renouveau de la magie, mais au moins avait-elle le mérite de l’exprimer.

- Certains disent que le lien qui unit un dragonnier à son dragon est le plus fort de tous et que nulle autre relation ne saurait l’égaler en puissance…Pourtant, je ne pense pas que le lien que j’entretiens avec ma jument soit inférieur en valeur à celui d’un dragonnier. A mes yeux, il est précieux et inaltérable et je ne partage pas l’avis de ceux qui considère que l’Amour qu’on voue à un animal soit moins fort que celui qu’on ressent pour un autre être pensant. Finalement, si on y réfléchit, peut-être que le cœur n’a pas de frontières et que c’est notre mental qui nous met des barrières ou des préjugés. Je pense qu’un sentiment fort le demeure, peu importe l’être envers qui il s’exprime. Pour ma part, je suis capable d’aimer toute les créatures et de leur vouer le même respect.

Puis le Baptistrel eut un petit rire et poursuivit avec un air malicieux :

- Et puis qui sait, dans une vie antérieure j’ai peut-être été moi-même un animal ou un végétal. Je crois qu’Humains, Elfes, Vampires, Dragons, animaux ou végétaux nous faisons tous partie d’un grand ensemble et qu’aucune créature ne peut se revendiquer supérieure à une autre. Hélas, dans les veines de certains individus coulent une inextinguible soif de domination et c’est peut-être de là que proviennent d’innombrables malheurs et souffrances…Usant de ce désir de puissance, ils asservissent d’autres créatures afin de servir leurs propres intérêts, oubliant que leurs « esclaves » sont des êtres sensibles et capables de ressentir la souffrance…

Ce dernier hocha doucement la tête en entendant le ressenti de l’artiste concernant la liberté. Apparemment tous deux partageaient la même sensibilité à ce sujet…

- Je pense que la liberté est un bien très précieux et que priver un autre être de sa liberté peut ressembler à un châtiment pire que la mort…Par ailleurs, certains animaux se laissent mourir dès qu’ils sont enfermés…

Ilyanth trouvait adorable que l’adolescente n’ait pas décidé d’emprisonner Rivage et que ce soit l’amour et non une cage qui l’attache à elle. Le petit animal, juché sur l’épaule de sa maitresse, était particulièrement adorable et le cawr lui lança un regard attendri.
Lorsque le Rhapsodien présenta à son amie d’autres chevaux qui se trouvaient dans l’écurie, l’un d’entre eux attira particulièrement son attention…Il s’agissait d’un cheval éclopé et son histoire arracha à la fleur d’espoir un soupir de tristesse.

- Effectivement, je trouve aussi que c’est une bien triste histoire et que ceux qui agissent ainsi, blessant une créature innocente se blessent aussi eux même par la même occasion, même s’ils n’en ont pas conscience. Je crois que nous sommes liés à chaque être qui existe dans l’univers et que faire du mal à autrui c’est en quelque sorte se faire du tort à soi-même. Je ne pense pas qu’il soit possible de trouver la paix et un bonheur durable lorsque notre cœur est en proie à la haine…Pour ce malheureux cheval, j’espère parvenir à force de patience et d’amour à lui redonner un certain équilibre après le traumatisme qu’il a vécu.

Après cela, Neolenn ouvrit la porte du box de l’animal qui, craintif, recula et l’approcha avec douceur en lui murmurant :

- N’aie pas peur, je ne te veux aucun mal…Puis le Cawr lui tendit une gerbe d’avoine avant de se tourner vers l’adolescente à la chevelure d’un noir de jais en souriant :

- Concernant le cheval que tu désires choisir pour notre promenade, je n’ai qu’un conseil à te donner, écoute ton cœur, selon moi il ne peut pas te tromper et si tu ressens un sentiment fort pour un animal en particulier et si tu sens que c’est réciproque alors il s’agira sans doute d’un bon choix.

Le jeune Elfe ne doutait pas du fait que la jeune fille soit capable de choisir par elle-même l’animal qui lui convenait le mieux et que sa grande sensibilité pouvait la guider dans sa tâche. Mais quelle que soit sa décision, il l’approuverait et lui laissait une entière liberté.

Sinestra a écrit:
- Je pense que tous les liens quels qu'ils soient valent la même chose, l'amour, l'amitié, où celui avec un dragon, tout ça se vaut, il n'y a pas de relation vaille moins qu'une autre. Je pense que toutes les créatures de ce monde se valent, il n'y en a pas une valant plus, chacune apporte sa pierre à ce tout qu'est ce monde, même les plus éphémères comme les insectes. Il n'y aura jamais d'égalité entre les Hommes, si l'on construit des barrières comme cela, mais les autres êtres vivants ne seront jamais considérés comme nos égaux si nous ne sommes pas capables de l'être entre nous. Alors je ne peux qu'être d'accord avec toi. Elle parlait finalement bien peu de race, elle faisait juste parfois la différence entre les Hommes et les animaux non-humains.

Et malgré ces jeunes seize années, elle semblait être bien plus tolérante et dotée d'une grande réflexion, elle aurait pu sans doute pu devenir un de ces penseurs qui écrivent les livres, mais elle avait opté pour une vie plus simple, plus naturelle et finalement, elle faisait tout de même ce qu'elle rêvait de faire depuis toujours, et cela, même une blessure ne pourrait lui retirer.

- Le pire étant que si l'on traitait un des nôtres de cette manière beaucoup s'en indigneraient. Je préfère de loin collaborer avec les animaux, proposer sans contraindre, sans rien attendre en retour. Si Rivage ne veut pas venir avec moi soit, s'il ne veut pas rester avec moi, tant pi, peut-être que demain il voudra. Elle ne pouvait qu'approuver le reste. Personne ne supporte la captivité, ils ne sont pas bien différents de nous, voilà pourquoi je ne veux pas de cage, pas de chaînes, rien de tout cela, ils ne nous appartiennent et ne nous doivent rien, le seul devoir que nous avons est de nous en occuper correctement. Je traite tous les êtres vivants comme des amis et non comme des esclaves, et si on est prêt à faire ça, on se rendra compte des amis extraordinaires qu'ils peuvent devenir et du bonheur qu'ils peuvent apporter pour peu qu'on se soit laisser apprivoiser.

Elle souriait en voyant son ami à plumes se poser sur son épaule, flatté de toute cette attention, l'oiseau se décidait à pousser un chant d'été alors que nous étions encore au printemps, puis il ébouriffait son poil tout en observant cette scène d'un air finalement bien curieux.

- Il faudra beaucoup de patience et d'amour désintéressé pour le remettre sur pied, mais ça viendra, ça peut prendre des mois ou des années, mais avec des bons traitements, ça ira. Elle était d'une grande empathie, même si certains auraient dit que ce n'était qu'un cheval, parmi des milliers d'autres.

Sinestra restait un peu à l'écart quand l'elfe rentrait dans le box du cheval, l'animal était craintif, mais ça n'avait rien d'étonnant au vu de son passé, n'importe qui l'aurait été après ça. Puis elle lui rendait son sourire, elle savait faire des choix, et elle avait une grande capacité d'adaptation avec les animaux et elle écoutait toujours pleinement son cœur, alors elle avançait un peu dans l'allée tout en tâchant de ne pas trop s'éloigner. Finissant par s'arrêter devant une des portes, un petit destrier elfique, pas le plus beau, le plus fort ou celui qui avait l'air le plus sympathique juste le choix de son cœur.

- Trouvé ! Elle lâchait tout de même un éclat de rire pendant que le cheval venait la voir.


Ilyanth trouvait les paroles de la jeune fille aux cheveux ténébreux, emplies de sensibilité et sa mentalité relativement atypique pour une humaine. D’où lui venaient une telle philosophie existentielle et un tel amour pour la nature ainsi que la vie animale ? En général, les elfes éprouvaient plus de respect pour la faune et la flore que les autres races, malgré l’existence de certaines exceptions.

Était-ce en raison de son passé douloureux ou de ses longs voyages sur les routes que la brune différait de nombre de ses congénères sur ce point ? Le Baptistrel avait envie d’en apprendre davantage sur la jeune artiste, avec qui il partageait de nombreux traits de personnalité.

- Je trouve que nous partageons la même vision des choses et sans doute une même sensibilité à la beauté de la nature ainsi qu’un attachement à toutes les vies, quel qu’elles soient, dit-il avec un sourire chaleureux.

Ensuite, l’elfe la conduisit auprès d’autres chevaux et les lui présenta, en mentionnant certains détails de leur histoire. Chacun d’entre eux possédait une particularité qui le rendait unique et Neolenn était impatient de savoir sur lequel la fleur de l’espoir jetterait son dévolu.

Néanmoins, le cheval aurait également son mot à dire car le Rhapsodien était fermement convaincu qu’il fallait une attirance réciproque pour qu’une relation harmonieuse s’établisse.

Lorsqu’il la conduisit auprès d’un animal maltraité, Sinestra sembla s’émouvoir de son sort et déplorer la cruauté dont faisait preuve certains individus. Cependant, tous deux conservait l’espérance qu’avec des soins et beaucoup d’affection, celui-ci finirait pas se rétablir, aussi bien physiquement que psychologiquement.

- Je suis un éternel optimiste et j’ai foi en l’avenir de cet animal. En tout cas, je ferais tout ce qui est en mon possible pour qu’il aille mieux et connaisse enfin le bonheur après toutes les souffrances qu’il a enduré.

Au moment de faire son choix, la danseuse gracile s’arrêta devant le box d’un destrier Elfe et elle s’écria « trouvé ! » en éclatant d’un rire cristallin. L’animal en question n’était pas le plus splendide de l’écurie, mais il dégageait une impression de douceur et de gentillesse qui rappelait le tempérament de la jeune Sinestra. Celui-ci possédait un corps souple et gracile et une robe claire, mélange de nacre et d’argent.

Le chantefeu posa sa main sur son épaule et lui murmura à l’oreille, en lui faisant un clin d’œil complice :

- Très bon choix et il t’a choisi aussi en venant vers toi. Je crois que vous êtes faits pour vous entendre. Il s’appelle « promesse de l’aurore » car sa mère l’a mis au monde à l’aube et qu’il paraissait déjà très agréable et prometteur.

Puis Ilyanth alla chercher une selle et une bride pour que l’adolescente puisse monter le destrier Elfique, fort heureusement, celui-ci était de petite taille, ce qui en faisait la monture parfaite pour elle. Le fils du soleil prépara également sa jument et ensemble ils quittèrent les écuries du domaine afin de se rendre dans la forêt alentour.
Les bois qui recouvraient les cimes Elfiques différaient profondément des forêts de l’ancien Royaume du beau peuple. En se promenant dans cet écrin de verdure, le maître barde sentit une profonde nostalgie envahir son cœur en repensant à ces lieux qui avaient bercés son enfance et que les nouvelles générations d’Elfes ne connaîtraient jamais.

- J’aime me promener et galoper dans la forêt qui entoure le domaine, elle est si calme et si paisible et je m'y sens si bien. Au printemps, la vie s’éveille, l’atmosphère se remplit du chant des oiseaux et je peux souvent apercevoir des petits animaux qui se promènent dans les arbres ou se dissimulent derrière des buissons. Pourtant, parfois, la nostalgie s’empare de moi et les souvenirs du passé reviennent s’imposer à mon esprit…Je repense à mon enfance, à l’ancien domaine et à l’antique forêt Elfique, aujourd’hui disparue…Est-ce qu’il t’arrive aussi de repenser à certaines choses qui te tenaient à cœur et que tu as perdues ou de nourrir des regrets à propos du passé ?

Sinestra a écrit:
Elle aimait vraiment cette idée que chaque existence n'appartenaient qu'à la chose qui y était liée, sans barrière ni frein, juste à vire l'existence que cette dernière souhaitait, c'était la manière la plus saine qu'elle avait de voir les choses. Elle ne croyait pas en une idée quelconque de destin, qui imposerait qu'au final, ce que l'on fait n'est pas dicter par une volonté propre.

Le dévolu de la jeune fille c'était porté sur ce petit cheval à l'air doux, Promesse de l'aurore, un très joli nom et qui lui allait bien. Elle avait tout de même été obligée d'utiliser une grosse pierre pour se mettre en selle après avoir harnaché son cheval, à cause de sa jambe. Elle montait avec la même délicatesse qui lui était propre, deux grammes dans chaque main, très peu de mains et de jambes, finalement tout passait par l'assiette. Elle était finalement bien de l'avis de son ami, cette forêt avait vraiment quelque chose de spécial en plus d'être magnifique, c'était un lieu calme et reposant.

Finalement, cette vie de nomade qu'elle s'imposait pour son propre bonheur était à des lieux de tous les projets qui avaient été imaginer pour elle, pas de vie entre quatre murs, pas de mariage arrangés, juste le fait de pouvoir aller là où elle voulait sans rien demander à personne, sans avoir de compte à rendre à son retour. Même si cela avait coûté des vies, notamment celle de sa mère puisque si elle n'était pas morte, elle n'aurait jamais pu vivre une aussi belle aventure.

- Non, je n'ai aucun regret, si tout était à refaire, je ferais exactement la même chose. Je me concentre uniquement sur le présent en me moquant du reste, c'est bien plus facile comme ça. Aucun moyen de savoir si c'était de la peur, de la lâcheté ou juste une absence de quelque chose. J'étouffais dans mon ancienne vie, je ne pouvais rien faire et enfin maintenant, je respire, je ne changerais ça pour rien au monde.

Après tout si elle était arrivée ici et plus ou moins en un seul morceau ce n'était pas pour rien : son manque de prudence, sa naïveté ont failli plusieurs fois lui coûtés la vie, et même bien plus encore et pourtant, elle ne changeait pas. Beaucoup d'autres se seraient méfiés après tout ça.


Ilyanth esquissa un sourire tendre, en voyant Sinestra utiliser une pierre pour se hisser à la hauteur du destrier Elfique afin de pouvoir y prendre place. La jeune fille était très menue, même pour une humaine et évoquait la grâce et la fragilité de l’enfance. Promesse de l’Aurore représentait la monture idéale pour cette dernière et il se félicita intérieurement de ce choix mutuel.

L’animal et l’adolescente possédait en commun ce tempérament plein de douceur et ce calme placide. L’elfe les regardait avec un regard attendri et se senti empli d’un sentiment d’affection toute fraternelle envers la jeune artiste.

Pendant qu’ils se promenaient dans les bois emplis de verdure, savourant la fraîcheur de l’atmosphère printanière et la sérénité qui régnaient en ces lieux, Neolenn sentit naître une profonde nostalgie des forêts qui entouraient l’ancien royaume Elfique.
Après leur destruction, le chantefeu avait ressenti une profonde mélancolie et le sentiment qu’une partie de son enfance était morte avec eux. Pourtant, à bien y réfléchir, le domaine Baptistral et le royaume des Elfes étaient parvenus à renaitre de leurs cendres et à prospérer dans ces montagnes situées au nord d’Armanda. Certes, ces bois n’égalaient pas en splendeur les anciennes forêts du beau peuple, mais ils possédaient un charme indéniable et Ilyanth s’y sentait en paix et empli de bonheur.

Les paroles de la jeune fille le firent réfléchirent et celui-ci répondit d’un ton posé :

- Peut-être que lorsque la vie nous prend quelque chose, elle nous donne autre chose en retour, et que tout n’est que changement. J’ai perdu les forêts paradisiaques de ma jeunesse mais j’ai pu trouver un nouveau foyer à ces lieux et reconstruire mon existence. Ce qui est merveilleux avec le feu, c’est que cet élément n’incarne pas uniquement la destruction mais aussi la renaissance. Même enseveli sous un nuage de cendres, tant qu’il reste une braise, celle-ci peut s’attiser et le brasier peut renaitre. Certains disent que tant qu’il y a de la vie, tous les espoirs sont permis…Je souhaite sincèrement que ton avenir soit radieux et qu’aucun malheur ne te frappe.

Cette pensée pouvait sembler bien naïve car l’existence comportait également son lot de douleurs et de dureté et croire pouvoir être heureux éternellement ressemblait au rêve d’un enfant. Toutefois, le jeune Elfe possédait en lui cette sensibilité et cet idéalisme qui évoquait la candeur de la jeunesse.

Pendant qu’ils se promenaient dans les bois, flânant à travers cet écrin de verdure couleur d’émeraude. Neolenn se tourna vers sa jeune amie et lui dis d’un air espiègle :

- Je trouve que tu te débrouilles très bien en équitation. Est-ce que tu as déjà participé à une compétition équestre ? Il existe une course très réputée dans le royaume Elfique qui s’appelle la voie Royale, est-ce que tu en as déjà entendu parler ? D’ailleurs que dirais tu de faire galoper nos montures dans la nature à toute vitesse ? Je connais certains endroits insolites et enchanteurs que je peux te montrer si tu le désire ?

Sinestra a écrit:
La jeune humaine aimait tout particulièrement errer dans les bois du pays elfiques, elle y trouvait une paix et une sérénité qu'elle n'avait pas ailleurs. Elle avait toujours une volonté de bien faire, d'aller de l'avant, elle vivait presque par procuration tout son plaisir venait des autres.

- Je pense qu'il faut juste parfois accepter ce que les Esprits nous offrent, s'ils nous mettent ainsi à l'épreuve, c'est pour nous permettre de vivre, c'est souffrir beaucoup et souvent, puis parfois dans la souffrance, on trouve un peu de paix, de l'amour de l'amitié, c'est ce qui nous permet de surmonter tout cela, ceux deux choses vont malheureusement ensembles. C'est pour ça que j'ai choisi d'aller de l'avant parce que je crois que si je m'arrête, plus jamais je n'avancerais.

Elle savait bien entendu que les Esprits avaient disparus, mais elle continuait de penser qu'une entité régnait bien sur ce monde, un esprit ou bien autre chose.. C'était une manière propre qu'elle avait de voir ce monde, il ne faisait pas office de vérité. Et elle ne comptait pas imposer sa manière de penser à qui que ce soit.

- Une forêt repousse bien mieux après un incendie, comme un nouveau départ, il suffit juste de glisser sa main sous la cendre une fois froide pour voir qu'il reste encore de la vie. Elle ne voyait pas cela d'une façon contraire mais complémentaire, lui voyait le brasier qui pouvait de remettre à brûler et elle la vie qui luttait tant bien que mal. La renaissance me parait bien adaptée au feu. La double signification du feu m'a toujours intéressé entre destruction et renaissance, s'effondrer pour mieux se relever.

Le feu était sans doute l'élément auquel elle se sentait le plus proche, de par son caractère d'un naturel placide mais finalement peu stable, et de sa propre sensibilité.

Et avant même qu'il n'eut le temps de finir qu'elle lançait son cheval directement du pas, se retournant juste assez pour voir sa réaction, lâchant un éclat de rire.


Ilyanth éprouvait une joie profonde à l’idée de pouvoir chevaucher sa monture en compagnie de la jeune Sinestra et d’admirer cette nature luxuriante. Il était heureux que cette dernière lui ait accordé son amitié et accepte de passer ces moments précieux avec lui. La jeune fille aux cheveux de jais possédait une personnalité mystérieuse et un peu froide en apparence mais dès qu’elle souriait son visage de marbre s’illuminait comme si elle était habitée par la chaleur et la lumière de milliers de soleils.

Lune d’Argent, sa jument Elfique et promesse de l’aurore, le poney que montait l’adolescente, étaient heureux de pouvoir galoper librement et de sentir la brise de printemps souffler sur leurs corps. Lorsque le jeune Elfe demanda à la brune si celle-ci avait des regrets, elle répondit par la négative et que si c’était à refaire elle referait la même chose. Puis cette dernière ajouta qu’elle préférait se concentrer sur le présent plutôt que le passé. Neolenn sourit tout en la regardant avec douceur et bienveillance, admiratif de sa philosophie de vie.

- Je pense également qu’il est bon de vivre intensément et de n’avoir rien à regretter. Peut-être devrions-nous vivre chaque jour comme s’il était le dernier car l’existence est si fragile et demain tout peut s’arrêter. Au fond, peut-être est-ce justement ce côté éphémère qui en fait la beauté.
La liberté représentait aussi une chose précieuse aux yeux du Chantefeu et que chaque être devait pouvoir choisir la vie qu’il désirait. Sinestra avait fait son choix et obtenu ce à quoi son cœur aspirait ardemment, même si pour parvenir à ce but elle avait dû consentir à d’innombrables sacrifices. Mais peut-être que l’existence était faite de choix et de renoncements, de bonheur et de malheurs et que pour chose acquise il y avait un prix à payer.
Qui sait ce que l’avenir leur réserverait à tous les deux ? Ilyanth ne connaissait pas le futur, mais il était heureux de savourer cet instant présent et galoper aux côtés de sa jeune amie.

description"Te revoir dans la douceur de l'aube" (PV Sinestra) EmptyRe: "Te revoir dans la douceur de l'aube" (PV Sinestra)

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