Juillet 1762
Le soleil tapait fort aujourd'hui. Pourtant, la chaleur ne se ressentait que si on était à couvert, hors de portée du vent. Car ce dernier était suffisant pour pousser une fière petite goélette, dont l'étrave fendait la surface mer comme un cétacé au corps fuselé. Elle suivait avec grâce le mouvement des vagues, tout en se propulsant dessus. Les marins qui étaient dessus vaquaient à des occupations qui importaient beaucoup pour la bonne marche du petit navire. Et sa barre, se tenait le capitaine, qui souriait par moment quand il appréciait presque de sentir la proue de la Rosée du Matin piquer un peu en descendant une vague plus haute que les autres. La mer n'était pas vraiment sereine ; elle faisait le gros dos. Mais le ciel était dégagé, l'air chaud et le vent suffisant pour bien naviguer.
Artane tenait fermement la barre, veillant à diriger son navire dès la moindre variation de vent pour maintenir sa vitesse. Aucune terre ne se profilait à l'horizon, mais plus vite il arriverait à destination et mieux sa cargaison se revendrait vite. Et quelle cargaison : des citrons !
Cela pourrait paraître futile de vouloir se presser, mais les citrons étaient des fruits importants pour bon nombre de vertues, autant gustatives que vitales. Et Artane avait su mettre la main sur une cargaison des plus fraîches et il était certain de bien les revendre à des équipages qui se préparaient à prendre la mer durant des semaines. On avait vite compris que le mal qu'on nommait le scorbut frappait vite quand on ne mangeait pas des produits frais depuis longtemps. Et les agrumes paraissaient aider à ne pas subir ce mal trop rapidement durant de longues traversées. Et comme il restait bien des choses à explorer.
Avec de la chance, leur voyage durerait quelques jours, au mieux une semaine. Avec l'expérience qu'ils avaient acquis grâce à Soreïn et son équipage y a pas longtemps, ils étaient plus experts de la mer.