Habituellement, il refermait la porte de pierre derrière lui. Ce passage devenait alors secret et scellé. Il n'en avait pas eu envie, cette nuit.
Le Domaine était encore neuf, et chacun était libre d'ériger, construire, et embellir les lieux, se les approprier. Ce devait être leur nouvelle maison, tout ce qui pouvait agir en ce sens était bienvenu. Les jours s'écoulant voyaient les bas-reliefs se créer et s'affiner, les piliers et arches s'embellissaient, les créations florales se glissaient le long des pierres. À l'opposé du lac interne au Mont qui les protégeaient, cachée dans les ombres et reliefs de la roche, il y avait le passage secret qui menait aux créations de Valmys, à ses tentatives de se créer un chez-lui.
Cette nuit, une lueur l'indiquait.
Valmys avait eu besoin d'un sanctuaire au sein de son sanctuaire. Un endroit connu de lui seul, différent de sa chambre. Il avait eu beaucoup de mal à se ré-habituer à l'idée qu'une chambre puisse être un lieu de repos pour l'âme, l'esprit et le corps. Il avait eu besoin de solitude, d'un endroit spécifique voué entièrement à sa convalescence. Alors il avait ré-investi cet endroit, dans lequel il avait jadis caché l'un de ses biens les plus précieux.
Une odeur d'encens embaumait désormais les lieux. Des plantes nouvelles, au parfum frais. La fumée montait d'un brûloir posé à même le sol, non-loin de plusieurs bocaux et fioles de plantes ou de liquides, jusqu'à ce point près du plafond où un fin courant d'air la dispersait. Là-haut, contre la pierre, de minuscules plantes, aux branches semblables à celles d'un flocon de neige, s'étalaient comme les astres sur un ciel nocturne, luisant faiblement. Le long des murs, des bris de verre, colorés, avaient été incrustés. Ils reflétaient les lumières selon un motif abstrait.
Valmys avait mis beaucoup de temps à sculpter cette pseudo-grotte pour qu'elle donnât l'impression de contenir un arbre, tortueux, qui dessinait une spirale sur lui-même, contre une paroi de ce micro-habitat. La magie avait beaucoup aidé, mais le travail n'était pas encore achevé. Par endroits, l'écorce et les feuilles de l'arbre étaient très finement précisées, jusqu'aux veinules et grains, tandis qu'ailleurs la pierre était encore brute, attendant qu'on la travaille. Il s'en occupait, de temps à autre, quand sa concentration vagabondait. Le plus surprenant restait la chaleur qui se dégageait de la pierre, en posant la main dessus.
C'était le cas, cette nuit-là. Valmys était alors ce petit elfe aux oreilles rondes qui s'était blotti au centre de la spirale de son arbre. Sa tunique, grossière, avait une couleur proche de celle de sa peau, de ses cheveux, proche de la couleur de son environnement. Il aurait pu s'y fondre, passer pour une sculpture comme les autres, si sa respiration n'avait pas calmement soulevé ses épaules et sa poitrine. Près de lui, une sphère de lumière flottait, paisiblement, éclairant sa lecture, projetant... Lecture qu'il avait stoppée. Son regard d'ambre s'était tourné, songeur, vers une branche d'arbre que sa magie déformait, étirait, y dessinant des branches et du relief. Ses lèvres remuaient, un chant très faible guidait la sculpture.
Le chant était même si faible qu'il ne couvrit pas l'entrée d'une personne supplémentaire au sein du sanctuaire. La musique cessa. Valmys offrit à la nouvelle venue un regard où pétillait une joie tranquille, tandis qu'un léger sourire étirait ses lèvres. D'un signe de main, il invita la jeune femme à se rapprocher. Elle pouvait aller où elle voulait: sur l'arbre, ou à terre. Elle était invitée.
"- Tu es Enwr aussi, n'est-ce pas ? Tu as un peu de temps, devant toi ?"
Il n'avait pas bougé de son perchoir. Il était mieux placé que quiconque pour savoir qu'un rapprochement trop brusque pouvait passer pour une agression.
"- Fais comme chez toi, installe-toi... Je n'ai pas grand-chose à te proposer. J'ai un peu de menthe, si tu veux... Et de l'eau."
Près de lui, dans une gourde, bien fermée. Une fontaine aurait volontier enjolivé les lieux. Mais il n'était pas encore prêt à accueillir de l'eau ici.
"- Je ne te veux pas de mal." Le serment obligeait cette déclaration à être sincère. "Tu peux m'appeler Valmys. Cela fait peu de temps que je suis de retour au Domaine... Je ne connais pas encore tout le monde."
Une invitation presque subtile à se présenter. Il n'avait aucune idée de son nom, de son maître, ou de ses passions.
Le Domaine était encore neuf, et chacun était libre d'ériger, construire, et embellir les lieux, se les approprier. Ce devait être leur nouvelle maison, tout ce qui pouvait agir en ce sens était bienvenu. Les jours s'écoulant voyaient les bas-reliefs se créer et s'affiner, les piliers et arches s'embellissaient, les créations florales se glissaient le long des pierres. À l'opposé du lac interne au Mont qui les protégeaient, cachée dans les ombres et reliefs de la roche, il y avait le passage secret qui menait aux créations de Valmys, à ses tentatives de se créer un chez-lui.
Cette nuit, une lueur l'indiquait.
Valmys avait eu besoin d'un sanctuaire au sein de son sanctuaire. Un endroit connu de lui seul, différent de sa chambre. Il avait eu beaucoup de mal à se ré-habituer à l'idée qu'une chambre puisse être un lieu de repos pour l'âme, l'esprit et le corps. Il avait eu besoin de solitude, d'un endroit spécifique voué entièrement à sa convalescence. Alors il avait ré-investi cet endroit, dans lequel il avait jadis caché l'un de ses biens les plus précieux.
Une odeur d'encens embaumait désormais les lieux. Des plantes nouvelles, au parfum frais. La fumée montait d'un brûloir posé à même le sol, non-loin de plusieurs bocaux et fioles de plantes ou de liquides, jusqu'à ce point près du plafond où un fin courant d'air la dispersait. Là-haut, contre la pierre, de minuscules plantes, aux branches semblables à celles d'un flocon de neige, s'étalaient comme les astres sur un ciel nocturne, luisant faiblement. Le long des murs, des bris de verre, colorés, avaient été incrustés. Ils reflétaient les lumières selon un motif abstrait.
Valmys avait mis beaucoup de temps à sculpter cette pseudo-grotte pour qu'elle donnât l'impression de contenir un arbre, tortueux, qui dessinait une spirale sur lui-même, contre une paroi de ce micro-habitat. La magie avait beaucoup aidé, mais le travail n'était pas encore achevé. Par endroits, l'écorce et les feuilles de l'arbre étaient très finement précisées, jusqu'aux veinules et grains, tandis qu'ailleurs la pierre était encore brute, attendant qu'on la travaille. Il s'en occupait, de temps à autre, quand sa concentration vagabondait. Le plus surprenant restait la chaleur qui se dégageait de la pierre, en posant la main dessus.
C'était le cas, cette nuit-là. Valmys était alors ce petit elfe aux oreilles rondes qui s'était blotti au centre de la spirale de son arbre. Sa tunique, grossière, avait une couleur proche de celle de sa peau, de ses cheveux, proche de la couleur de son environnement. Il aurait pu s'y fondre, passer pour une sculpture comme les autres, si sa respiration n'avait pas calmement soulevé ses épaules et sa poitrine. Près de lui, une sphère de lumière flottait, paisiblement, éclairant sa lecture, projetant... Lecture qu'il avait stoppée. Son regard d'ambre s'était tourné, songeur, vers une branche d'arbre que sa magie déformait, étirait, y dessinant des branches et du relief. Ses lèvres remuaient, un chant très faible guidait la sculpture.
Le chant était même si faible qu'il ne couvrit pas l'entrée d'une personne supplémentaire au sein du sanctuaire. La musique cessa. Valmys offrit à la nouvelle venue un regard où pétillait une joie tranquille, tandis qu'un léger sourire étirait ses lèvres. D'un signe de main, il invita la jeune femme à se rapprocher. Elle pouvait aller où elle voulait: sur l'arbre, ou à terre. Elle était invitée.
"- Tu es Enwr aussi, n'est-ce pas ? Tu as un peu de temps, devant toi ?"
Il n'avait pas bougé de son perchoir. Il était mieux placé que quiconque pour savoir qu'un rapprochement trop brusque pouvait passer pour une agression.
"- Fais comme chez toi, installe-toi... Je n'ai pas grand-chose à te proposer. J'ai un peu de menthe, si tu veux... Et de l'eau."
Près de lui, dans une gourde, bien fermée. Une fontaine aurait volontier enjolivé les lieux. Mais il n'était pas encore prêt à accueillir de l'eau ici.
"- Je ne te veux pas de mal." Le serment obligeait cette déclaration à être sincère. "Tu peux m'appeler Valmys. Cela fait peu de temps que je suis de retour au Domaine... Je ne connais pas encore tout le monde."
Une invitation presque subtile à se présenter. Il n'avait aucune idée de son nom, de son maître, ou de ses passions.