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10 Avril, 1762.

Elle traînait bien loin des villes, elle avait laissé un peu son compagnon à l'écart pour vagabonder - ou plutôt elle avait prestement échapper à la vigilance de l'ancien lieutenant. La vie était douce à l'époque, elle profitait de ses maigres permissions pour explorer avec celui qui était l'homme de sa vie ses terres encore toutes nouvelles, elle s'était apaisée, elle parvenait mieux à se contrôler et à présent le Fléau Rouge n'était plus murmurer que sur les champs de bataille, comme le nom d'une époque à présent révolue, vestige d'un passé que tous préféraient oublier. Ils erraient, parcouraient les terres de ces nouvelles îles sur leurs montures, la jument noire - Louve - fidèle à elle-même et au caractère ombrageux.

La gamine rousse avait profité du soleil une partie de la matinée, sur une pierre, elle aimait le soleil sans vraiment savoir d'où cette fascination lui venait, sans doute son totem ? Le chat était un animal paresseux qui aimait la chaleur après tout, ça n'avait pas grand chose d'étonnant.

Aphaia avait repéré un navire qui accostait sur un semblant de petit port, loin de tout, et son côté chapardeuse se mettait doucement en route, elle s'approchait à pas de loup, sa curiosité maladive l'obligeait à se faufiler dans toute sorte d'endroit plus interdit et étranges les uns que les autres. Et elle devait bien avouer qu'elle détestait ces énormes bateaux, et puis tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à l'eau en général.

Une fois à bord, discrète et profitant du fait que personne ne l'ai remarquée, et par-dessus tout, l'humeur taquine, elle ne comptait rien voler, juste égayer cette morne journée, semblable à toutes les autres, elle déplaçait soigneusement et discrètement quelques objets - en tant qu'enfant elle savait se satisfaire de choses simples -. Et se cachait derrière une caisse en attendant que quelqu'un remarque son méfait.

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"Toujours la nuit excite l'imagination, et enivre l'espoir du doux poison des rêves" Stefan Zweig


L’expédition de l’Hermione sur la pointe sud du Calastin s'était déroulée sans véritable encombre. La missive qu’avait reçu l’amiral Fitzaald lui demandait de faire une mission de repérage pour pouvoir assurer la sécurité d’une bourgade qui allait certainement voir ses ambitions portuaires se réaliser. La mission consistait surtout à trouver les points susceptibles d’abriter des écumeurs ou les lieux où les courants étaient quelques peu trop agités pour des navires de commerces. Puis il ne fallait pas oublier les récifs…

A plusieurs reprises, les matelots possédant peu d'expérience avaient pris peur lors de moments périlleux, néanmoins, les capacités de l’amiral en terme de navigation n’étaient plus à prouver. Les ordres qu’elle intimait à son équipage étaient suivis à la lettre et malgré quelques réticences et doutes de la part de ces jeunots, ils surent calmer les ardeurs de leurs scepticismes pour le bien commun.

Néanmoins même une expédition “facile” n’en restait pas moins éprouvante et la vue de la terre provoquait toujours un sentiment de liesse dans les équipages. Cela signifiait la fin du rationnement, la fin des alcools infects, des biscuits à se briser les chicots ainsi qu’une échappatoire à quelque chose d'impossible à tempérer: les mers.  L’arrivée d’une tempête arrivait si vite.Les conditions climatiques pouvaient très rapidement changer, les flots aisément gronder, la coque céder… Et qui pourrait se souviendrait de vous si vous couliez en mer?

Quoiqu’il en fut, l’Hermione venait de s'amarrer. Les personnes qui resteraient de garde sur le navire avaient été désignées pendant la traversée et cette fois-ci, Kaithiel allait rester sur le navire avec six autres marins. Certainement allaient-ils profiter de ce moment de répit pour festoyer entre eux à leur manière. Comme d’habitude, certains membres d’équipages allaient leur apporter en douce quelques petites gourmandises et surtout de l’alcool. Toutefois la dame de fer s'autorisait à fermer les yeux tant qu’il n’y avait pas d’abus. Après tout chacun avait besoin de se détendre à sa manière.

Comme à son habitude, la maîtresse du navire allait s’installer dans sa cabine où une lanterne posait sur son bureau éclairait la pièce en fonction de la mouvance de la flammèche de la bougie. Sur les murs de la cabine se dessinait l’ombre de l’amiral qui écrivait sur son journal de bord avec une fine plume. Avec le plus grand soin, elle trempait délicatement sa plume dans l’encrier et prenait le temps d’écrire ce qu’elle avait à noter en prenant certaines libertés artistiques pour la calligraphie. Pour Kate, il était hors de question que l’écriture de ces rapports journaliers soit un fardeau au contraire, elle prenait cette exercice comme un moyen de se détendre.

Tandis qu’elle poursuivait sa tâche, un bruit alerta son ouïe. Des bruits de bois qui craque se firent entendre devant la porte de sa cabine. Elle leva un sourcil et se leva délicatement de sa chaise afin de s’approcher de la porte et de l’ouvrir. Cette dernière grinça doucement. Elle jette des regards à droite et à gauche. Rien. Certainement avait-elle dû rêver. Elle s’attarda à observer le ciel nuageux pendant quelques instants puis referma la porte. Certainement serait-elle rester plus longtemps dehors si les étoiles avaient souhaitées faire acte de présences.

Néanmoins, à peine l’endroit clos, de nouveau le bruit se fit entendre de nouveau. Elle ouvrit promptement la porte et cette fois-ci sortit pour observer les alentours. Au loin, les matelots festoyaient sur l’avant du navire. Ils étaient donc hors de cause. Pourtant elle aurait juré entendre des bruits de pas. Peut être était-ce l’un de ses maudits matous qui partait à la chasse aux rats lorsque les navires étaient à quai. Il ne restait plus qu’à espérer qu’il descende avant le départ le lendemain matin. Kate remarqua néanmoins qu’une longue-vue se trouvait à six pas d’elle. Étrange…

Elle jeta un oeil à sa cabine, son long manteau était sur le dossier de la chaise tandis que la plume trempait dans l’encrier. Un frisson, causé par la fraîcheur de la nuit, parcouru son échine. Elle hésita à aller le récupérer, puis décida finalement de fermer la porte de sa cabine, de prendre la longue-vue et de la ramener au poste de la vigie. Une désagréable sensation s’éprenait de la dame de fer, celle d’être observait. Ses yeux sondaient l’obscurité de la nuit. Petit à petit, ils s'adaptaient aux conditions de visibilité que lui imposait la nuit ce qui lui permettait de discerner grossièrement des formes pour enfin remarquer quelques détails grossier. Une fois la tâche accomplie, elle s’en retourna à sa cabine et trouva la porte ouverte...

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Il fallait qu'elle se repose une dernière question, toujours la même, qu'est-ce qui l'avait décider à grimper dans ce bateau ? Était-ce la curiosité ? L'ennui ? Retrouver le frisson qu'elle n'avait plus eu depuis des lustres ? Elle aimait se battre, elle aimait le sentiment de peur, le stress avant la bataille, c'était ça qui la faisait vibrer, elle piaffait d'impatience avant chaque bataille, sans que jamais son trop-plein d'ardeur ne l'épuise, à partir du moment où un combat se profilait et qu'elle était sur sa monture ou avec son épée en main, c'était toujours une bonne journée qui s'annonçait. Elle qui avait vécu par et pour la guerre, ressentait une exaltation morbide à chaque poussée d'adrénaline. Elle qui avait été déchirée et n'avait été qu'une enfant pleureuse pendant toute cette enfance, le sang était devenu son seul moyen d'atteindre ses objectifs et tout allait bien quand elle avait Stratia en main, fidèle amie, un esprit lié qu'à son épée, pas d'émotion.. Pas de question.. Pas de réponse.. Pourquoi les hommes se complaisent-ils uniquement dans des activités sanglantes ?

Des héros elle en avait tuer, un bon héros est un héros mort comme on dit, elle avait fait des ravages durant la théocratie, elle avait coulé des rivières de sang d'innocents. Mais si la lumière devenait trop lumineuse, les ténèbres se devaient d'être encore plus épaisses, c'était ainsi que ses sœurs avaient atteints leur seuil de paroxysme dans une violence extrême. Et elle-même n'avait pas été épargnée. Et après ça ? Avait-elle était punie ? Non. Jugée ? Non. Traitée comme une criminelle de guerre ? Non plus. Pourtant, des crimes de guerre, il y en avait eu.. Mais elle restait un soldat utile, dévoué à son pays, et par-dessus tout, fidèle à la chaîne qu'on lui imposait.

Qu'est-ce qui l'avait transformé ? La justice ? Une vengeance ? Rien de tout cela. Sa rédemption avait été construite dans l'amour, la délicatesse. Le bonheur pour sauver le monstre qu'elle était, trouver dans un de ses anciens lieutenants bien avant l'ère du Tyran Blanc. Mais par-dessus tout la débâcle causée par l'échec de l'expédition punitive, mais plus tard, après la bataille, elle retrouva une de ses sœurs ainées qui lui infligea le prix de la trahison, et encore aujourd'hui elle en gardait les cicatrices et parfois la douleur.

Ainsi, elle cherchait une excitation dans sa vie, en jetant un pavé dans la mare des jours qui passaient et ce pavé se résumait à chercher une innocente préoccupation et sans verser la moindre goutte de sang, alors elle profitait de la sortie du capitaine pour entrer dans son bureau, changer de place de quelques objets et retourner sa cacher dans l'ombre grâce à sa cape près du coin de la porte. Attendant que la femme ne rentre, que la tension monte. Et une fois que cette dernière avait atteint son paroxysme, elle bondissant devant la femme en lâchant un grand : BOUH ! Tonitruant et de sa voix enfantine si caractéristique.

L'enfant en question faisait à peine un petit mètre quarante, d'environs douze ans, des cheveux d'un roux flamboyant et des yeux bleu acier. Elle ne portait rien de plus qu'une veste en cuir fourré et bien trop grand pour elle ainsi qu'une cape en laine d'un bleu azur. Parfaitement inoffensive en somme.

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“Dans chaque cri d'effroi d'un enfant, j'entends les chaînes forgées par l'esprit.” William Blake

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Si sa première envie fut de rentrer à toute vitesse dans sa cabine, elle n’en fit rien bien au contraire. Elle jeta dans un premier temps un regard vers les marins restés sur le navire avant de poser la main sur la poignée de son épée qu’elle n’avait pas prise. Si ce n’était pas l’un d’eux qui cela pouvait être? L’un des hommes sous son commandement partit dans une taverne? Peu probable, ils devaient déjà tous être saoul d’autant plus qu’ils savaient pertinemment qu’il ne fallait pas jouer au cul rouge avec la dame de fer. Et même si certains marins étaient de fortes têtes il lui semblait improbable que l’un d’eux essaye de lui jouer pareil tour. Entrer sans autorisation dans la cabine du capitaine était un acte lourd de conséquences et la punition de ce genre de délit pouvait être lourd. Si, l’un de ces hommes avait pénétré dans la cabine, elle lui ferait amèrement regretter.

La seconde hypothèse plus logique mais d’autant plus inquiétante serait qu’un passager clandestin se soit introduit sur le navire. Dans ce cas-ci, Kate sermonnerait, à sa manière bien à elle, l’équipage de garde. La question restait donc de savoir qui. Un vagabond, un habitant du village? Pourquoi? Pour fuir un danger? Pour piller le navire? Il existait tant de genre de personnages et de raisons pour lesquels ils se rendraient sur un navire à la tombée de la nuit.Toutefois, peut-être le vagabond était-il déjà partit… Ou peut-être était-il encore à l’intérieur…  Prudemment, la dame de fer faisait un pas après l’autre. Ses talons faisaient doucement craquer le bois qui travaillait encore. Le bruit du vent se mêlait à la douce symphonie des flots qui venaient s’écraser sur la coque de l’Hermione.

Les manches retroussées de Kaithiel laissaient entrevoir sur ces avant-bras, des fins poils bruns dressaient en réponse à la fraîcheur nocturne. Puis par un phénomène naturel des plus banales, les rayons lunaires atteignirent le vaisseau qui mouillait. Ceci ne dura que quelques secondes avant que de nouveau, les sombres nuages ne recouvrent cette mystérieuse chose glaciale qui remplaçait chaque nuit le soleil.

L’amiral finit par atteindre l’entrée de sa cabine, le regard furtif cherchant la moindre trace d’une présence autre que la sienne. Elle apposa sa main sur le cadre en bois de la porte avant de faire le premier pas pour pénétrer dans sa cabine, les sens en alertes. Elle tentait assez vainement de ne pas créer de bruits intempestifs qui viendraient gêner son ouïe.  Il ne lui fallut que peu de temps pour remarquer que certaines choses avaient bougées alors qu’elle se trouvait sur le pas de la porte.

Son encrier se trouvait désormais sur le petit banc qui se trouvait près des carreaux de l’arrière de l’Hermione. Ce lieu lui servait de substitut à son lit. En effet, elle l’avait modestement aménagé, en ajoutant deux cousins et ce qu’il semblait être une fine couette parfaitement pliée en carré, pour rester en ces lieux au calme à écouter et observer le navire qui transcendait la mer et ses vagues. D’une certaine manière, elle avait l’impression en étant ici de continuer à être proche de ces immensités d’eau salée. Les douces ondulations de la “grande bleue” la berçaient lorsqu’elle posait sa tête sur le bois tandis que lorsque cette dernière grondait, elle se réveillait pour quitter son innocente torpeur et guider l’Hermione. Ce phénomène était tel, que désormais, elle avait du mal à dormir sur des lits plus “classiques”... et il était pour elle un calvaire de dormir sur la terre ferme au milieu de la dysharmonie des sons de la ville.

Son manteau de cuir brun, compagnon de toujours, c’était quant à lui retrouver sur le dossier de sa chaise et mis de telle sorte que le coupable avait dû penser qu’il ne s’agissait que d’une simple chiffonnière. Pour une personne maniaque comme Kaithiel, cela la dérangeait fortement et en perdit presque son objectif de vue. Toujours avec prudence, elle s’avança vers ledit objet afin de le placer de manière plus convenable en trois mouvements rapides. Avant de faire un tour sur elle-même afin de ne pas se faire surprendre par quelqu’un. Elle balaya la pièce du regard puis continuant à observer son bureau, elle recula pour aller fermer la porte à taton.

Elle se demandait si ce n’était pas un Kablautermann, petit elfe des navires, qui lui jouait un sale tour. Selon les légendes qu’elle avait pu lire, ces créatures représentaient les âmes des navires et pouvaient être aussi bien bénéfiques que maléfiques. Mais dans ce cas là pourquoi ne se manifester que maintenant… s’ils existaient…

De sa main gauche Kaithiel tâtonna pour attraper la porte, qui était toujours dos à elle et commença à la refermer. Une fois ceci fait, un cri pour le moins tonitruant et fluet se fit entendre:


“BOUHH”

La dame de fer tenta promptement de se retourner, néanmoins sous l’effet d’une soudaine montée d’adrénaline, son corps ne put prévoir le moyen d'atterrir sur le plancher sans chuter. Ainsi cette dernière finit par se retrouver sur le sol, une montée acide se fit ressentir et tenta de remonter son oesophage, néanmoins, elle parvint à la contrôler. L’intensité du cri combiné à la peur firent siffler ses oreilles pendant quelques instants tandis que son coeur qui battait la chamade résonnait dans sa tête. Néanmoins si son corps trahissait ses émois, son visage quant à lui resta presque figé, ou presque… certainement avait-il montré une forte inquiétude toutefois, celle-ci ne dura que trop pour être véritablement perçus et il ne fallut que peu de temps à son regard pour se durcir et observer la jeune fille qui se tenait devant elle.

Il ne fallut que peu de temps pour que des bruits de pas se firent entendre sur le pont. Certainement était-ce ses hommes qui accouraient. Continuant à observer la bouille juvénile de l’intruse elle entendit tambouriner à la porte:


- Amiral Fitzaald, vous allez bien? Amiral?

Elle tenta de balbutier quelque chose toutefois rien de bien intelligible. Elle se pinça rapidement la paume de sa main gauche pour chasser le déluge de pensées contraires de son esprit par la douleur et se concentrer.

- Amiral je rentre.

D’un geste rapide, elle enleva sa botte et la lança sur la porte qui était en train d’être ouverte:

- Vous ai-je autorisé à rentrer non d’une écrevisse des plaines je vais bien!

- Bi-bien Amiral…
bafouillait-il. Il 'excusa tout aussi rapidement qu'il était venu et lui et ceux qui l'accompagnèrent rejoignirent leurs postes... ou presque...

Le lancer de la botte n’était pas aléatoire et elle savait que ce n’était pas fini. Certains marins savaient ce que cela voulait dire… Elle se releva promptement, ouvrit la porte et d’un coup sec, en fermant le poing frappa le haut de la caboche de Frederik.

-On joue les voyeurs comme cela!  Allez me récurer les cales, si à l’aube elles ne sont pas nettoyées vous ne retournerez pas sur la terre ferme avant un moment. D’une voix plus forte elle poursuivit: Et dites aux trois capons qui vous accompagnaient et qui croient que je ne l'ai vois pas s'enfuir, de vous aider où je me chargerai personnellement de leurs sentences.

Elle referma la porte calmement puis se tourna vers la jeune demoiselle qui devait avoir dans les alentours d’une dizaine d’années. La première chose que remarqua Kate, se sont ses yeux bleus qui nuançaient sa chevelure rousse. Son visage paraissait presque angélique. Certainement était-ce une vagabonde au vu de son trop long manteau de cuir qu’elle portait néanmoins quelque chose gênait la capitaine de l’Hermione. Un pressentiment, une drôle de sensation qu’elle ne parvenait à expliquer. Comme si, elle essayait de garder l’eau fuyante dans les paumes de ses mains.

Si en temps normal Kaithiel n’aurait absolument pas hésité à envoyer valdinguer le passager clandestin à coup de pied hors de son bâtiment de guerre, elle n’allait pas pouvoir traiter une enfant de cette manière… aussi polissonne soit-elle...


- On ne vous a jamais appris à ne pas pas monter sur un navire sans la permission jeune fille?

Kate fronça les sourcils, non pas qu’elle était particulièrement en colère contre l’enfant mais plutôt qu’elle était désappointée par son introduction qui était pour le moins ratée. Elle observa la chérubine quelques brefs instants avant de tenter d’adoucir les traits de son visage avant de reprendre:

- Je suis la capitaine de l’Hermione, Kaithiel Fitzaald. Tu te trouves actuellement sur ce même navire qui appartient à la marine de guerre, de fait, les civils non nullement le droit de monter à bord de celui-ci. Mais j’en oublie la politesse. Comment t’appelles-tu et d’où viens-tu comme cela?

L’Amiral affichait un léger sourire et tendit sa main à ce qui semblait être une simplette jeune fille.

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La vampire était une enfant, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'elle cache un esprit espiègle, une certaine innocence et méprisait parfois le sérieux des adultes, elle n'était pas en service et donc pouvait se permettre d'être moins sérieuse, sans pour autant sans pour autant le faire au détriment des autres. Elle ramassait le chapeau de la dame et le posait avec un geste plutôt mécanique sur sa propre tête, se cachant un peu dessous par la même occasion lui donnant un air désolé. Elle lâchait néanmoins un éclat de rire lumineux quand elle envoyait sa chaussure dans la porte, et au moins autant pour l'insulte lancée sur le pauvre homme.

- Pas vraiment, mes parents sont morts à la guerre. Quelque chose qui aurait pu être vrai, même si elle n'en était pas sûre et n'en avait cure, ou du moins ça l'était il y a des dizaines d'années. Avant le cataclysme, je n'avais jamais vraiment voyagé en bateau, je n'aime pas vraiment l'eau.

Est-ce à cause de son totem ? Elle aimait la chaleur, les pierres qui chauffait sous le soleil, les prés remplis de renoncules et les étendues sauvages qu'elle pouvait parcourir seule ou avec sa monture et à son grand malheur l'eau n'en faisait pas parti. Pourtant, elle ne pouvait pas mourir noyée ou de froid dans l'eau, mais l'eau avait quelque chose de particulièrement inquiétant.

À la question de la femme l'insolente aux cheveux de feu se contentait de hausser les épaules non sans ajouter du ton typique de ces enfants qui ne veulent pas être ennuyé et que les plus obtus adultes prenaient pour de l'insolence :

- Juste Aphaia. Le fait d'être sur un bateau de la marine ne la dérangeait pas vraiment.À la question de la femme l'insolente aux cheveux de feu se contentait de hausser les épaules non sans ajouter du ton typique de ces enfants qui ne veulent pas être ennuyé et que les plus obtus adultes prenaient pour de l'insolence : Je ne suis pas une civile. Ainsi, la jeune fille lui offrait seulement la vérité, mais sans plus de détail, jouant la carte du mystère.

Elle acceptait néanmoins de serrer la main de la femme, sa main gauche, gantée. Minaudant de manière si naturelle pour baisser la garde de la femme, puisque parfois, elle aimait vivre sa vie de simple enfant. ~

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La guerre, c'est comme la chasse, sauf qu'à la guerre les lapins tirent. Charles de Gaulle


L’amiral commençait à se baisser pour remettre sa botte, lorsque la passagère clandestine prit enfin parole. Elle continuait à l’observer tandis qu’elle remettait son soulier et remarqua qu’elle avait pris son chapeau pour se le mettre sur la tête, ce qui faisait sourire intérieurement la capitaine. La trop large coiffe donnait un air ridicule à l’enfant qui s’essayer à jouer les adultes. Ces derniers se tardaient de grandir le plus rapidement possible tandis qu’à l’inverse, nombre de personnes adultes enviaient l’innocence et l’insouciance des enfants…

La nouvelle de la mort des parents fit lâcher à l’amiral un air de sympathie:


- Je suis désolée… contait-elle avant de se relever.  

Elle n’avait pas compté le nombre d’enfants orphelins pendant la traversée, mais elle était certaine qu’il y en avait beaucoup trop… Les guerres successives avaient volé de nombreuses vies. Le sang appelle le sang, la haine appelle la haine, et toute l’énergie des combats avait pénétré le sol laissant une marque écarlate. Au final, ce n’était peut-être qu’un moindre mal d’avoir quitté l’ancien continent et ses sanguinaires vestiges.

La jeune demoiselle donna néanmoins un indice à la dame de fer quant à son âge. Selon ses dires, ses parents seraient morts il y a une dizaine d’années ce qui coïnciderait avec la période où la magie s’est de nouveau faite plus forte et où les vampires commencèrent leurs assauts sur les terres de l’Empire Kohan... la première guerre d’une longue série…. Kate en avait occis plusieurs et elle les redoutait sans doute. Leurs raids sur des innocents avaient profondément bouleversé la jeune capitaine Fitzaald et leur traîtrise légendaire avait rendu la dame de fer extrêmement méfiante vis-à-vis des membres de cette race. Par ailleurs, ce manque de confiance généralisable à l’espèce humaine s’était fait ressentir à la fois pendant l’avènement du Tyran Blanc et particulièrement lors de l’arrivée des chimères rendant toute manoeuvre commune difficile à effectuer. Et à vrai dire, si Kate n’avait pas rencontrait Orfraie Ataliel, certainement aurait-elle conservé un avis extrêmement négatif de ces êtres moralement répugnants.  

La capitaine de l’Hermione ne fut pas vraiment surprise lorsque la jeune pousse lui indiqua qu’elle n’appréciait pas particulièrement l’eau et les bateaux. C’était le cas d’une majorité de personnes et ceci malgré le fait est qu’aujourd’hui les trois habitaient dans un archipel. Les mers représentaient un tout que les races ne pouvaient décemment contrôler. Ainsi celles-ci et peut-être même les dragons étaient remis à leurs places par ces immensités d’eau qui n’en finissait pas. L’orgueil était véritablement l’élément qui avait entraîné une suite tragique d’évènement. L'amiral en venait même à se questionner  sur le fait est que les chimères n’étaient après tout plausiblement qu’une simple punition.

L’enfant déclina son identité par suite ou du moins partiellement. Aphaia, un joli prénom pensait la capitaine de l’Hermione. De nouveau elle se tût avant laissant planer le silence. Les deux dames se faisaient face dans un étrange silence. Alors que Kate s'apprêtait à prendre, Aphaia reprit la parole… paroles qui glacèrent le sang de la dame de fer.

Un lointain souvenir remontait dans la mémoire de Kaithiel, l’un de ceux que vous cherchiez à effacer en vain. Ce dernier appartenait à la nuit de la bataille de Tyamarente, lorsque les vampires organisaient des raids nocturnes pour reprendre le contrôle des campagnes sur le territoire impérial. Ladite nuit, alors que les combats faisaient rage dans la modeste ville fortifiée plusieurs des hommes sous le commandement de la dame de fer furent tués par une vampire ayant les traits d’une personne ayant de quelques années. Cette dernière finit par se retrouver avec la lame de la capitaine de l’armée de terre dans la tête, néanmoins, l’épisode fut assez traumatisant puisque les apparences enfantines de certains ennemis avaient entraîné de graves erreurs et condamnées de nombreux hommes…

Ce phénomène avait montré à quel point les vampires étaient des créatures vicieuses capables de mettre aux points d’immondes stratagèmes touchant la sensibilité des plus braves gaillards. Kaithiel leur imputait la faute d’avoir déshumanisé les hommes pour en faire de véritables bêtes sanguinaires qui causèrent tant de dommages lors des guerres suivantes… Si les vampires pour un prétexte des plus sots n’avaient pas tenté de prendre le contrôle, les choses auraient pu drastiquement différentes… mais avec des “si” l’on pouvait refaire l’Histoire.

Kate empoigna de manière ferme la main de l’enfant, certainement avait-elle l’habitude de serrer assez fortement la main de ses officiers qui la défiait sans cesse. Toutefois, si cette gamine était une vampire comme elle l’hypothésait, elle ne devrait rien sentir… au contraire c’est plutôt Kate qui aurait mal. Cet acte assez fou était guidé par une certaine logique. En effet, si la prétendue vampire avait voulu la tuer, elle l’aurait déjà fait. De plus en combat singulier, il était certain que l’amiral n’aurait aucune chance. Même si elle ne portait pas d’arme apparente, avec un peu de malchance, il s’agissait de l’une des magiciennes… Et dire que son épée se trouvait juste derrière elle… Sa maîtrise de la rapière aurait peut-être tendu à rendre l’éventuel combat plus équilibré, néanmoins, fallait-il encore l’attraper. Et ce n’était pas avec une demi-douzaine de matelots saouls que la dame de fer abattrait un vampire.

De nouveau son visage se durcit et son regard plongea dans celui de la prétendue enfant:


- Vous n’êtes pas humaine j’imagine. Vous faites partie de ces personnes qui ont étaient empoisonnés par les créatures de la nuit durant les premiers raids n’est ce pas? Les armées humaines et elfiques n’emploient nullement d’enfants tandis que les flibustiers sont bien trop couards pour s’en prendre directement à la marine impériale.

L’amiral conservait un air neutre et ne laissait nullement paraître trace d’inquiétude. Si certes, elle était intérieurement inquiète, elle était d’une certaine manière préparait à mourir.... même si elle aurait aimé que cette date soit plus tard. De plus, l’antagoniste en face d’elle n’avait nullement fait preuve d'agressivité… mais cela signifiait assez peu au final. La dame de fer réfléchissait à un moyen de pouvoir prévenir ses hommes de telle sorte qu’ils soient obligés de faire fuir le navire au cas où les choses tourneraient mal… ses pensées se dirigèrent vers la bougie avant de revenir sur l’antagoniste qui lui faisait face:

- Votre inopinée visite serait-elle le fruit du hasard ou avez vous une raison à m’offrir pour votre venue s’il vous plaits de répondre.

Si cette vampire attaquait, elle provoquerait certainement le retour de la guerre, et pour Kate, il en était tout bonnement hors de questions. Il fallait ouvrir le dialogue malgré ses négatifs émois vis-à-vis des créatures de la nuit.... toutefois, elle n’avait aucunement le libre arbitre sur ce qui allait se passer par la suite...

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L'air empathique de l'amiral tirait une moue à la vampire.

- Je n'ai jamais vraiment pu les connaître. Elle haussait les épaules pour montrer qu'au final ça n'avait pas vraiment d'importance.

N'était-ce pas ces gens-là qui l'avaient jeter dans les pattes de son géniteur pour mieux sauver leur vie ? Mais là, il s'agissait uniquement de la version du dit géniteur et faute de mieux elle avait appris à s'en contenter. La vérité n'était pas ce qu'elle cherchait.

- En effet, je ne suis pas humaine, mais je n'ai pas été transformée au cours d'un raid. Le ton était soudainement plus mature, même si elle plissait le front, réfléchissant. C'est une belle déduction en tout cas, je suis surprise, d'ordinaire les gens n'imaginent pas qu'il existe des enfants vampires, souvent, je suis traitée avec pitié ou pire comme une aberration !

Elle aurait pu lui broyer la main si elle l'aurait voulu, mais elle n'en avait ni l'envie ni même la force, ça aurait été d'une gratuité dont elle n'était plus capable. Elle se contentait d'essayer de se tirer vainement de cette étreinte presque douloureuse, fixant quelques secondes cette main qui la piégeait.

- Le hasard, mais ne t'en fait pas, je ne vais pas te faire de mal. J'étais juste curieuse de voir ce qu'un bateau aussi grand venait faire par ici. On ressentait facilement qu'elle était une enfant dans le choix de ses mots et son attitude. Elle répondait ainsi instinctivement et il n'y avait aucun mensonge dans sa voix.

L'enfant décidait néanmoins, de se présenter dans des termes plus complets puisque la femme l'avait fait, par simple respect et soucis d'égalité, le savoir étant primordial pour savoir à qui l'on avait affaire.

- Aphaia Makhaira, commandante de première ligne. Le ton accompagné de son plus beau salut militaire, comme le valait la tradition. Je sais que votre navire appartient à la flotte du prince Kohan, il ne devrait pas m'en tenir rigueur. Après tout n'avait-elle pas sauvé le prince alors qu'il était encore bien jeune ?

Elle alternait un sérieux déroutant avec la candeur propre aux enfants, mais la chose aurait pu être attendrissante si la personne qu'elle prétendait être n'était pas connu autant en bien qu'en mal, redoutable Fléau Rouge qui semait la mort sur son passage. Mais peu de gens connaissait son véritable nom, mais la commandante, elle, était bien connue. D'autant plus que le nom était porteur de mauvaises choses : rapt d'enfants, meurtre, chasse sauvage. Sept vampires aux corps d'enfants, obéissant à un vampire vieux d'au moins six siècles.

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“Notre passé et notre avenir sont solidaires. Nous vivons dans notre race et notre race vit en nous.” Gérard de Nerval  

La vampire répondit par l’affirmative à la première question de l’amiral. Toutefois, celle-ci s’était trompée sur la raison de la vampirisation de la demoiselle… Ainsi, il était désormais impossible pour la capitaine de l’Hermione de pouvoir estimer approximativement l’âge de son interlocutrice puisque les vampires ne vieillissaient pas. La vampire poursuivit en affublant la déduction de Kate d’un qualificatif positif qui n’émoustilla nullement l’ego de la dame de fer trop occupée à chercher vainement un moyen de solver le bourbier dans lequel elle se trouvait.

Toutefois, la suite des paroles de la passagère clandestine laissa Kaithiel dans une certaine incompréhension. Pitié ou horreur… deux choses que Kate avait connu en tant que femme servant dans l’armée… toutefois la nuance résidait cette fois-ci dans le fait que la discrimination n’était pas faite entre genres mais entre races… ce qui dans les deux cas dérangeaient profondément la capitaine. Néanmoins, elle ne pouvait le nier, elle ressentait un certain sentiment de peur voire même de rejet vis-à-vis de l’étrangère.

Ses premières “vraies” campagnes, elle les avaient faite contre les vampires… et les douloureux souvenirs de la bataille de Fort-Espérance et la trahison des vampires… cela était difficilement passer chez celle qui était devenue la première femme amiral. Malgré tous les désastres qui suivirent cette trahison et les grandes coalitions, les tensions étaient restées… pour le meilleur et surtout le pire!

Le fil des pensées de la dame de fer fut brisé lorsque la vampiresse reprit la parole. Elle expliquait désormais les raisons de sa présence qui semblait avoir été dictée par une juvénile curiosité. Le ton de la jeune dame qui était devenu plus sérieux retomba dans les limbes d’une innocente jeunesse. Ce phénomène laissa Kaithiel dubitative et pensive. La rousse se présenta comme Aphaia Makhaira, une commandante des armées vampirique tout en lui offrant un salut militaire des plus classiques. Elle poursuivit sur sa lancée en contant qu’elle avait connaissance de l'affiliation de l’Hermione tout en arguant que l’Empereur ne lui en tiendrait pas rigueur… ce qui induisait donc que la rousse et l’Empereur se connaissaient. Néanmoins, si elle ne mentait pas, ce n’était pas lui qui l’avait convié à aller sur l’Hermione.

Le fait qu’elle soit une haute gradée dans l’armée raviva la flamme de l’inquiétude chez Kaithiel. Qui plus était, qu’elle connaissait les manières des vampires de diriger leurs troupes… Cependant, elle n’avait affirmé ne pas lui vouloir du mal… Mais était-ce seulement la vérité? Ou comptait-elle la laisser en vie et tuer son équipage? Les vampires étaient si doués pour jouer sur les mots… Kate commença à chercher dans sa tête si elle ne pouvait faire un rapprochement entre les informations que lui avaient donné son invité improvisé et un quelconque vampire dont elle aurait entendu parler.

Elle décida cependant d’abandonner tout moyen de recherche pour acculer la vampire, puisque dans tout le cas, Kate trinquerait… autant le faire avec de l’alcool! Puis peut-être ressentirait-elle moins la douleur si elle venait à l’attaquer et la blesser. Après tout, la mort n’était-elle pas le quotidien du soldat?

Kate se dirigea vers la commode en décidant délibérément de ne pas garder un oeil sur la vampire. Elle se baissa et resta quelques secondes avant de sortir une bouteille de verre et deux verres de bois et de métal avant de fermer avec sa jambe gauche la porte de la petite commode.


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- Plaisir secret, dit-elle avec un petit sourire tout en posant les verres sur la table. Elle ouvrait la bouteille en regardant la vampire dans les yeux non comme signe de défi mais plutôt pour lui témoigner de la sincérité: Je vous dois des excuses je pense, certainement vous ai-je un peu trop traitée avec une compassion que vous appelez pitié.

Elle se servit un verre et  alla se diriger sur la banquette improvisée, posant l’un de ses pieds dessus, l’autre dans le vide. Elle posa son dos sur le bois et tourne de nouveau son visage vers Aphaia:

- Servez-vous si vous le souhaitez. Faites-vous donc plaisir je vous prie. Tout à l’heure, vous narriez que l’Empereur Kohan ne vous tiendrait rigueur d’être entrée dans un bâtiment de guerre. Vous vous connaissez si je ne me m’abuse? Quel est la nature de vos relations, après tout, il est rare de voir un humain et un vampire s'acoquiner.

Son regard se perdit dans la boisson que contenait son verre, elle pensa pendant quelques instants à Orfraie avant de porter le gobelet à sa bouche et de faire descendre le bourbon dans sa gorge.

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Elle n'était pas sans ignorer l'inquiétude de la femme, les battements de son coeur étaient un signe des plus simples à saisir même pour elle, mais elle préférait faire mine de ne rien remarqué.

La fille rousse se faufilait jusqu'à la table, attrapant - en sourcillant un peu - un des verres que la femme avait poser quelques secondes plus tôt, trempant rapidement ses lèvres dans le liquide ambré, non sans frémir de manière théâtrale, et en tirant la langue, surprise par le goût de cette curieuse boisson.

- C'est amer.

Puis elle recentrait son attention sur l'amirale, redevenant soudainement moins candide et beaucoup plus sérieuse, la question méritait d'être posée en tout cas.

- Il se pourrait que je lui ai sauvé la vie une ou deux fois à l'époque où il était encore un enfant arrogant et moi une simple capitaine délaissée par l'armée. Il avait eu la bonne idée de se promener dans les plaines seul et en pleine nuit. Il est tombé sur des bandits et je l'ai vaillamment sauvée du haut de ma monture.

Elle disait cela comme s'il était tout simplement partit acheter des pommes, avec sans doute l'exagération propre aux enfants. Avant de lâcher d'un ton particulièrement cynique :

- Non en fait on s'est fait capturer par des renégats comme deux bleus et on a mis deux jours à s'en sortir.

Et elle finissait cul sec son verre, comme si de rien était, et regardait ailleurs d'un air particulièrement gêné, en tout cas la situation avait de quoi faire rire les gens, l'énième fois où elle prouvait son inutilité. Une bien longue aventure, mais qui lui avait permis d'en apprendre un peu plus sur le petite prince. Les choses étaient toujours bien plus compliquées qu'à première vue. On pourrait même dire qu'elle boude un peu.

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“Quand on vit enfin, on ne réfléchit pas sur ce qu'on vit : on en profite tout simplement. Le questionnement vient après, une fois que le corps s'est délesté de sa fureur de vivre.”Victor-Lévy Beaulieu

L’amiral observa non sans un regard quelque peu amusé la vampiresse s’approcher de la table pour attraper le gobelet. Certainement ne devait-elle pas être habituée à ce genre de rafraîchissement étant donné la tête qu’elle tirait. Une rapide et innocente esquisse d’un sourire traversa le visage de la dame de fer. La créature, ou l’individue, en face d’elle avait véritablement l'habitude d’une enfant ce qui rendait la scène encore bien plus terrifiante. Combien de personnes avait-elle trompé sous ses airs innocents?

- Question de point de vue et surtout de goût je présume répondit du tac-au-tac Kaithiel à la rousse à propos de la boisson. Vous n’êtes pas obligez de finir si vous n’appréciez pas.

De nouveau le visage enfantin de son interlocutrice se referma, laissant place à quelque chose de plus sombre… Toutefois, l’amiral ne parvenait pas à savoir ce qui se cachait derrière cette obscurité. Elle écouta attentivement l’histoire qu’on lui narrait néanmoins, elle avait bien du mal à penser qu’il s’agissait d’autre chose qu’une pièce burlesque. Le plus terrible, c’était qu’en plus de parler de faits extravagants, la candeur des propos propre à l’innocence des enfants rendaient le tout étrangement réaliste. A vrai dire, la dame posée sur son divan improvisé ne savait pas vraiment quoi penser. Ce genre de fait n’était nullement vérifiable facilement. Surtout lorsqu’il était embarassant.

La méconnaissance presque complète de la dame de fer sur l’Empereur rendait dès lors impossible tout possibilité de raisonner sur la tangibilité des dires de la passagère clandestine. Toutefois, si elle disait vrai cela montrait deux choses de sa personnalité. La première était qu’elle érait modeste et la seconde qu’elle n’était pas imbus de pouvoir ou provocatrice de chaos.

Puis peut-être par défi à la phrase qu'avait lancé l’amiral, la vampire fit cul-sec de son verre avant de reprendre un air enfantin ce qui ne manqua pas de raviver chez l’amiral un vieux souvenir… celui de sa fille la première fois qu’elle l’avait surprise en train de boire secrètement de l’alcool pour faire comme “maman”. L’amiral lâcha un petit soupir… cela ne la rajeunissait pas bien au contraire… toutefois ce n’était pas le moment de se laisser aller à ce genre d’émois. Elle prit deux gorgées de son mélange et se tourna face à son interlocutrice qui lui tournait partiellement le dos… ou du moins, qui selon l’amiral, tenter d’éviter de croiser son regard.


- Si, et je dis bien si,  en partant du postulat que ce que vous dites est la vérité, vous pouvez vous félicitez de mieux connaître l’Empereur Kohan que l’une de ses théoriques proches collaboratrices et prenez proches avec des pincettes. Mais bon j’imagine aisément que ce genre d’histoire ne vous intéresse pas. Puis j’imagine que vous devez en avoir des choses à raconter si vous êtes immortel. Même si cela ne vous empêche pas de gaspiller de l’alcool finisait-elle sur une pointe d’humour.

L’amiral se leva de son dossier pour s’approcher de la demoiselle qui semblait faire une légère moue, peut-être avait-elle était contrariée par les propos ou était-ce l’énumération de ce bref moment d’histoire qui avait fait surgir des émotions néfastes? Kate ne savait véritablement comment se positionner vis-à-vis de la jeune enfant et tenta hasardeusement de relancer la conversation après qu’un certain faible mais non moins existant malaise se soit installé:

- Etant donné votre situation, je me permet de fournir l’hypothèse que vous soit vous êtes une itinérante, soit vous n’aimez guère le froid soit les deux. Ainsi je me permet donc de vous posez cette question indirecte… même si je pense qu’il est peu appréciable de se voir questionner de la sorte… l’amiral était clairement hésitante, si vous le souhaitez, vous pouvez esquiver la question en m’en posant une? j’essayerai d’y répondre avec le plus d’honnêteté possible.

Kaithiel avait bien du mal à trouver sa place sur son propre navire. Devait-elle lui parlait comme à une adulte? une enfant? Comment réagirait-elle si tel ou tel chose allait se produire? Fallait-il nouer une relation amicale? Briser la glace? Ou bien tout simplement la jeter hors du navire? Pour le moment les faits semblaient engager l’amiral sur la tentative de continuer d’échanger des propos avec cette inconnue.

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L'enfant portait son regard interrogatif sur la femme. Elle ignorait énormément de chose sur les vivants et encore plus sur ce monde. Elle aimait en découvrir des parties, petit à petit, elle voulait autre chose que le noir et blanc manichéen que lui donnaient son travail, ses ordres, ses supérieurs.

- ça change du sang, ça me réchaufferait presque.

Elle avait sorti sa plus petite voix pour dire ça, la chaleur, c'était quelque chose de tellement agréable quand on était gelé depuis des siècles, la chaleur, le soleil, le genre de chose qui faisait du bien à celle qui avait de plus en plus de mal avec sa nature de vampire, elle était jugée, critiquée sans cesse, elle ne serait pas gradée ni même un vampire - juste une petite fille en somme.

Et longtemps après cette catastrophe, ils avaient continué à se parler, s'envoyant des lettres auxquelles elle prenait grand plaisir à répondre, ça lui permettait de déconnecter de son travail qui demandait une absence d'empathie, et une rigueur difficile à tenir, pour de si petites épaules.

- Nous en sommes rester assez proches, en dépit de nos différences, ce n'était qu'un enfant et moi aussi à l'époque - bien que j'étais déjà capitaine à l'époque. J'étais agressive, perdue, je ne parvenais pas à me débarrasser des affres de la théocratie, ni à surmonter ma réputation. Il a su en quelques sortes m'apprivoiser. Même si au début, je ne voyais en lui qu'un gamin capricieux et immature, mais son sang-froid m'a déstabilisé.

Ils n'avaient été que deux gamins, pris au piège dans une situation stressante et particulièrement difficile, forcément que ça n'aurait pu que raffermir leur lien, ils avaient été obligés de mettre leurs différences de côtés pour s'aider à se sortir de là. Finalement, tout était possible, le prince rêveur et l'ancienne capitaine théocrate, avec un peu de bonne volonté tout était possible.

- J'aime voyager, surtout avec mon compagnon sur les routes et pourquoi pas à cheval. Et je déteste le froid, vous avez donc juste, néanmoins le plus gros de mon temps restera de gérer mes troupes sur le sol vampirique, j'aime m'enfuir quand j'en ai le temps, la paix ne durera pas. Du moins, j'en ai l'impression.

Certains auraient pu s'indigner du terme compagnon, dans une bouche aussi jeune, mais elle était une vampire.. Et aussi jeune que pouvait être son corps cela ne lui interdisait nullement l'amour, comment aurait-elle pu vivre aussi longtemps sans une once d'amour sous prétexte qu'elle était une enfant ? Elle semblait alterner réflexion et passage plus enfantin, contrebalançant d'une manière assez maladroite le manque d'émotions des vampires.

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La petite voix enfantine qu’avait pris la vampiresse pour dire une phrase aussi cinglante -sanglante?- provoquait un frisson dans le dos de l’amiral qui partit du bas du dos pour remonter dans son échine. Le presque rendait le tout bien plus terrifiant. Kaithiel ne devait pas oublier que sous son apparence enfantine, elle avait en face d’elle une buveuse de sang peut-être agé de plusieurs centenaires. Néanmoins elle ne pouvait qu’écouter avec attention les paroles de la rousse.

La relation qu'entretenait Nolan Kohan et Aphaïa semblait loufoque pourtant la simplicité des dires rendait difficile tout moyen de pouvoir déceler une faiblesse dans ses propos, induisant ainsi qu’il n’y avait que peu de chance qu’elle soit une menteuse. Après tout les menteurs appréciaient bien souvent enjoliver les choses et donner des détails superflus. L’amiral glana au passage le rang dans l’armée de l’enfant à la chevelure chatoyante… capitaine… rien de bien rassurant.

Etrangement, les faits qu’Aphaïa énumérait sur l’Empereur étaient les craintes de la dame de fer quand à son sujet à savoir l’immaturité ce qui en des temps aussi compliqués étaient une menace à ne surtout pas négliger. La jeunesse de Nolan Kohan était autant une faiblesse qu’un atout et il valait mieux que cela n’aille pas dans le mauvais sens. Quoiqu’il en était il était certain que les deux ensembles devait pour le moins former un duo hétérogène et surtout atypique…

Passant du coq à l’âne, la rousse énuméra brièvement sa passion pour les voyages ainsi que la personne et la monture qui l’accompagnaient durant ces périples. Elle termina par une phrase qui ressemblait voir à une maxime de devoir pour prendre la direction des troupes en vus des évènements qui se préparaient. La dernière phrase de la vampiresse n’était guère réjouissante non plus, néanmoins là aussi c’était un point commun entre les vampires et les hommes peut-être.

-Nous avons déjà un point commun toutes les deux, l’envie du voyage, de découvrir de nouveaux lieux. Echapper d’une certaine manière à une existence morne, loin de la monotonie des jours qui ne cessent de s’écouler sans que nous puissions y interférer.

L’amiral prit trois gorgée de son breuvage avant de reprendre:

-Essayons de ne pas partir pessimiste. il est de notre devoir de tenter de reconstruire une paix. On a bien les ravages de la guerre et ses piteux résultats. A moins d’une totale extermination, ce qui serait totalement impossible tant aujourd’hui les races sont dispersés, nous ne ferions que nourrir le cercle de la haine. Le sang appellera le sang et encore une fois des gens mourront. Et pourquoi au final? Pour rien. Je pense qu’aujourd’hui, le rôle de soldat ne doit plus se cantonner au simple rôle de défendre un emblème mais de devenir des éléments majeurs de la construction de la paix. La seule guerre qui vaille est celle contre les chimères.

L’amiral ria à ces propos avant de finir son verre:

-Vous devez certainement me prendre pour une utopiste. Et avec un peu de chance, vous avez assez de bouteille pour savoir qu’ils est dans la nature des races de sa battre à cause de leurs différences… et cela n’est pas prêt de changer je présume… cette défiance mutuelle… elle finira par nous tuer si nous n’agissons pas… Mais cela ne sert à rien de présumer de faits à venir n’est-ce pas?

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L'enfant plongeait son regard dans le liquide ambré, réfléchissant, les paroles de l'humaine étaient parfaites, le pessimisme n'arrangeait rien, et ça la vampire en était parfaitement convaincue. Elle attendait depuis une éternité cette paix, mais elle ne durait jamais et maintenant elle avait beaucoup à y perdre, maintenant qu'elle relativisait sur elle-même et le monde qui l'entourait et par-dessus tout, les gens qu'elle aimait et qu'elle ne voulait pas voir souffrir.

- Après l'échec cuisant de l'expédition punitive, j'ai appris à relativiser, les chimères sont des êtres contre lesquels on ne peut pas encore lutter, si elles reviennent nous nous feront balayer comme de la paille, nous n'avons plus la force défensive que nous avions sur l'ancien continent. Mais les races mortelles sont plus déterminées que jamais, je sais que vous êtes capables de beaucoup de choses grâce à votre folle envie de vivre, vous avez une volonté de survivre que nous n'avons pas. C'est bien pour ça que j'admire votre espèce, l'éternité rend les vampires cyniques surtout sur la fin.

Elle finissait ensuite son verre d'une seule traite, comme s'il aurait s'agit de sang - elle le posait ensuite dans un bruit mat sur le bureau de la femme, elle n'était pas tellement une enfant, ses pensées étaient celles d'une adulte, avec les rêves et les désirs qui allaient avec. Elle aurait pu en venir à l'envier, mais à présent elle aimait suffisamment sa propre vie pour ne pas jalouser celle des autres.

- La guerre ne sert pas les gens qui la font, mais ceux qui la décident, et ceux-là, on ne les voit pas sur le champ de bataille. On ne demande pas aux soldats de réfléchir ou d'approuver, on leur demande de tuer un maximum. Pendant la théocratie, c'était la course à qui causera le plus d'atrocités, tuer une centaine de soldats dans la boue d'un champ de bataille ou le même nombre de civils dans une grange à laquelle tu auras mis le feu, quelle différence ? J'ai mis du temps à le comprendre. Ce qui change juste c'est là où tu veux être, tu peux être là avec le bourreau ou dans cette grange qui flambe avec le bétail de ce jeu malsain. Tuer ou être tué, c'est le signe d'un retour à la bestialité primaire du genre humain, et contrairement à ce que je croyais ce n'était pas quelque chose qu'on ne trouve que chez les vampires.

Ces quelques phrases avaient été prononcées avec une distance qui lui était propre, comme si ça appartenait à un passé lointain, peu digne d'intérêt, comme si ça n'avait plus aucune importance, elle ne se posait pas de question et n'exigeait aucune réponse.

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“La paix n'a pas de frontières.”Yitzhak Rabin

La dame de fer se rendant compte que son verre était presque vide alla se resservir et pour le moins généreusement. L’apparente jeune rousse qui se trouvait devant elle semblait pour le moins quelque peu perdue dans ses pensées. La mine de son interlocutrice était devenue déconfite et il n’était guère difficile pour l’amiral de ne pas voir la mélancolie qui assombrissait le visage d’Aphaia.

L’amiral écoutait attentivement les dires tout en réfléchissant de son côté. Les chimères, ces effroyables créatures qui avaient à jamais bouleverser l’Histoire, avec un grand H, et failli exterminer toute trace d’existence. Combien de personnes Kate avait perdu sous son commandement? combien de proches étaient morts durant les différentes guerres? Combien de larmes versés en secret? de perles de sueurs qui ont coulaient? combien de litres de sang avaient abreuvés les sols?

La dame de fer avait bien du mal à comprendre la position dans laquelle se trouvait la vampire. Elle ne pouvait que comprendre que partiellement les émois de la solitude de la rousse. Cependant, et il n’est pas moindre, il est certain que l’immortalité faisait horreur à l’amiral. Non pas à cause des vampires spécifiquement mais plutôt car la l’existence n’aurait plus aucun sens. Quelle serait la raison d’être lorsque l’on… tout le temps que l’on veut? Quel défi à relever contre l'implacable écoulement du temps qui touchait les humains et à moindre mesure les elfes?

Que faire face à l’éternité? Quelle attente avoir? Voir ses proches disparaitres les uns après les autres… Puis quoi? Accumuler le savoir, la richesse, le pouvoir? Pour quel but au final? Se soumettre à la débauche? Laisser son coeur devenir charnier avec la fatalisme temporel?  Le choc du verre avec la table sortit l’amiral de ses pensées.

Les paroles qui suivirent touchèrent droit au coeur l’amiral Fitzaald. Une idée digne de de vestiges et contre laquelle elle s’était ardemment battue tout du long de sa carrière et qu’elle combattrait jusqu’à sa mort très certainement. Un soldat n’était pas une simple poupée de chiffon avec laquelle on s’amusait à faire mumuse. Chaque être conscient était doué de raison. Raison qui mise en pratique devait permettre d’éviter les catastrophes majeurs telles que la décennie précédente en a connu.

Bien évidemment la vampire n’avait pas tort et certains hommes étaient capables de se montrer bien plus avides et cruelles que n’importe quelle créature sortit des pires cauchemars. Toutefois, il ne fallait pas faire une généralité d’une très mince minorité qui manipulaient le commun pour en faire des créatures sanguinaires. La folie était après tout très contagieuse surtout lorsqu’on l'affublait du qualificatif de sanguinaire.  


-N’essayez pas de vous dérober à de tels sujets Aphaia. Vous ne trompez que vous en souhaitant prendre une fausse distance. Et même si je suis plus jeune que vous, permettez moi de vous offrir un conseil. Ne cherchez pas à fuir votre passé. Cela ne vous fera que souffrir croyez-moi.

L’amiral se doutait bien que la vampire devait déjà être au courant de toute ceci, néanmoins parfois il fallait répéter certaines choses pour que cela rentre… et parfois il fallait laisser le temps s’écouler… Kate ne s’attarda pas sur une leçon de moral et repartit à l’assaut du sujet:

-Les guerriers sont en effet manipulés sans vergogne pour faire ceux que les dirigeants souhaitent. Toutefois, j’oppose le fait que chacun est doué d’une raison. Il est toujours difficile de savoir résister à la propagande de certains ou encore aux menaces qui pèsent sur nous et surtout sur nos proches.

L’amiral s’arrêta net, fit tourner la bague sur doigt, la retira, l’observa pendant quelques brefs instant et la remit.

-J’avouerai moi-même avoir trahi mes principes et ce que me dictait ma raison pour le choix de l’émotion et du coeur. Néanmoins, il était hors de question que je laisse autrui choisir ma voie et la personne qui a osé me mettre dans un tel dilemme n’est plus là pour en parler. Il est également vrai qu’à plusieurs reprises je me suis laissée aller à l’orgueil, la colère et même la vengeance d’un certaine façon… et ceci ne m’a amené que des tracas. Nous sommes tous, elfes, vampires, graarh, humains, altérables. Toutefois, en combattant nos ténèbres et en ne nous laissant pas aller à la faciliter nous donnons le meilleur de nous-même.

L’amiral prit une gorgée et repris aussitôt:

-Vous dites que c’est manger ou être mangé. Laissez-moi vous affirmez qu’il est venue temps de foutre une bonne fois pour toute cette théorie au placard. Oeil pour oeil, dent pour dent? Oui et pour quoi faire?  Tuer plus que son prochain? Quelle utilité? Survivre? Allez dire cela à un mort. Nous ne sommes pas des bêtes! Les folies peuvent être arrêtées avec un effort commun. Certes cela demande de se battre sans cesse. De se prendre des coups… de souffrir peut-être. Mais le résultat est là, même si parfois il peut sembler infiniment ridicule. En se battant pour une cause juste, vous arriverez à attirer à vous une personne, puis deux puis trois… et face à l’obscurantisme qui régnait en maître, des lumières apparaitront et chasseront l’ignorance que nous impose la société actuelle. Alors que nous étions centrés sur nous-même et que notre monde chuta nous avons découvert un monde nouveau que nul ne connaissait pas même les dieux! Il a brisé nos croyances et préjugés sur ce que nous pensions savoir. S’il est plein d’espoir il pourrait aussi être synonyme de malheur.

L’amiral reprit une gorgée et d’une voix encore plus déterminée poursuivit:

-Si nous commençons pessimiste et perdant dans les batailles à venir, il n’y a aucune chance que nous triomphons des déferlantes qui s'approchent. Abandonner avant même que la vraie guerre ne commence voilà le véritable soucis. Beaucoup craignent la singularité, la différence. Pourtant quel est le mal à avoir une vision idéaliste? Pourquoi devrais-je taire mes envies de voir un monde sans guerre? Où la noblesse deviendrait éclairé et non despotique? Cela entraîne la raillerie et alors? Cela empêche t’il d’avancer? S’il ne faut pas se laisser aller à la morosité en visant haut, chaque petit pas en avant doit nous procurer un petit plaisir et nous pousser à en faire un autre. Toutes nos croyances se sont effondrées et aujourd’hui il ne nous reste qu’un monde à reconstruire avec des possibilités qui ne se limitent qu'à notre imagination. Ne trouvez-vous pas cela suffisant? Autrefois les chimères nous ont vaincu car nous étions bornés à des limites qui n’avaient pas lieu d’être. Frontières qui désormais n’existent plus…

L’amiral finit par se rapprocher de la jeune demoiselle et reprit parole avec un ton plus calme:

-Puis nous devons au moins cela à ceux que nous avons perdus n’est-ce pas?

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Elle tâchait d'avoir un air charmant, pour rassurer l'humaine, elle n'était plus se monstre que les histoires de soldat répandaient, elle n'était plus le fléau rouge, ce n'était pas elle, c'était une petite partie d'elle-même, mais pas l'intégralité d'elle-même.

- Je ne fuis pas mon passé, au contraire, j'ai fait des erreurs et ces mêmes erreurs ont bâti ce que je suis aujourd'hui. Si un jour il y a des procès, je serais la première à l'accepter.

Aphaia ne cherchait certainement pas à échapper à son passé, elle avait commis des actes innommables, en regrettait certainement énormément, mais ça serait fuir, et elle n'était pas quelqu'un de lâche.

- J'ai toujours eu un caractère sauvage, assez antipathique, j'ai été élevée dans l'idée que les races mortelles n'étaient que des proies, faciles à abattre. Je dois avouer que ma vision à plutôt changer avec les dernières guerres. Je n'ai toujours été qu'un chien qui obéissait aux ordres, jusqu'à que j'apprenne à penser par mes propres moyens, et je n'aurais jamais cru que le libre-arbitre était quelque chose d'aussi.. Difficile. Se prendre ses erreurs et ses actes en pleine figure, soudainement se préoccuper de ce que les autres pensent de toi, te poussant à te haïr encore plus que les critiques.

Elle montrait finalement une manière de penser plutôt mature en dépit de son apparence, elle énumérait simplement les faits sans les enjoliver, une manière juste et très terre-à-terre, elle n'avait aucune raison de lui mentir. Et se contentait de scruter la femme humaine avec un air félin, appréhendant presque ses réponses.

- Et puis j'ai découvert les autres choses de ce monde, les fleurs, le soleil, la paix. Même si je sais que rien ne changera ce que j'ai pu faire, j'essaye de me ranger du côté le plus juste, je n'ai pas la prétention d'être pardonnée ou quoi que ce soit d'autre. Mais je n'ai jamais perdu quelqu'un à qui je tenais, tous sont vivants, ou sans importance..

La jeune vampire se levait, se dirigeait vers une des fenêtres, dirigée vers la terre, elle l'ouvrait - sur la pointe des pieds - et lâchait un sifflement sonore, et elle ne tardait pas à attendre le galop, furieux, du destrier approché rapidement du bateau. Un frisson parcourait son corps, ça lui rappelait leur passé commun de soldat.

La jument voyant que sa cavalière l'avait feintée, elle se cabrait non loin du bateau et lâchait une ruade agacée dans la direction de l'édifice. L'animal était impressionnant physiquement une montagne de muscles, plus d'un mètre quatre-vingts au garrot, une aura de force se dégageant de l'équidé et encore plus dissimulée sous son armure intégrale de sombre-acier. Le destrier vampirique tentait néanmoins, de poser un sabot sur la passerelle, mais peu confiante devant le manque de stabilité, elle reculait rapidement et lâchait un hennissement rauque sur le bateau, ronflant et secouant l'encolure.

- Sauf cette bête-là et Caleb bien entendu. Mais maintenant je me rends compte que j'ai des choses à protéger, plus que ma propre vie. L'humanité à même rendu aussi barbare qu'elle-même les créatures les plus pacifiques de ces terres. Je devrais peut-être la rejoindre avant qu'elle décide de démonter ton bateau, moi-même, je n'y suis pas vraiment à l'aise, toute cette eau, brr.

Elle avait dit cela dans un rire, avant de refermer la fenêtre et de se diriger vers la porte. Le cheval dans son armure entièrement noire semblait déterminé à combattre ce monstre sur les eaux, grattant le sol d'un air agressif, queue fouaillant de haut en bas. Et son agressivité décuplait quand elle remarquait les bipèdes sur l'édifice, mais semblait s'apaiser en voyant la tignasse rousse de sa cavalière.

Néanmoins elle apercevait au loin la silhouette de l'homme qu'elle aimait sur sa monture, les amusements étaient terminés et elle devait y aller à présent, montée sur la jument noire.

- Aurevoir, madame.

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